Esaïe LV, 3: « Prêtez l'oreille et venez à moi ! Écoutez et votre âme vivra ! »
Nous devons non seulement prêter
l'oreille, mais venir, tendre toute notre personne
vers la voix que nous entendons, pour bien
l'écouter. Le meilleur moyen d'attirer un
homme d'un certain côté, c'est de le
faire écouter ; aussi Dieu qui veut
faire de nous des gens qui entendent ce qui vient
du ciel, nous exhorte à prêter
l'oreille ; et il promet à ceux qui
l'écouteront que leur âme vivra. En
Israël on comprenait la parole :
« Prêtez l'oreille et venez
à moi ! Écoutez et votre
âme vivra ! » Car le peuple
d'Israël se souvenait de ses
expériences. Les Israélites pieux
entendaient encore la voix du Sinaï, ils
voyaient l'ange venir vers Abraham, ils se
souvenaient des paroles adressées à
Samuel et aux prophètes. Ils comprenaient ce
que cela veut dire : « Prêtez
l'oreille, afin que votre âme vive !
C'est l'Éternel qui parle ! »
Par toute l'organisation religieuse d'Israël, le
culte
du temple, le ministère des prêtres,
les âmes pieuses pouvaient entendre bien des
choses, et plus d'une fois Dieu leur
répondit par la voix du prêtre ;
ce fut le cas pour Hanna par exemple, et pour bien
d'autres encore. Mais plus tard aussi, quand la
voix de Dieu ne se fit plus entendre dans le
temple, des paroles divines furent transmises au
peuple par les prophètes, et à
certaines époques ces paroles furent
très fréquentes. Souvent quand le
peuple se détournait de Dieu, et que Dieu
semblait se retirer de lui, il y eut, par les
prophètes, une vraie richesse de paroles
divines. Des hommes sanctifiés se levaient,
et les Israélites pieux comprenaient :
« C'est Dieu qui parle ! »
Ils entendaient l'exhortation :
« Prêtez l'oreille et venez
à moi ! » Et c'était
une chose très douce de venir à Dieu
de plain-pied pour ainsi dire, car on ne voyait
plus le lieu ni la personne, on n'avait qu'une
pensée : « Dieu parle
ici ! »
C'est parce que Dieu a parlé
que nous avons la Bible, l'Ancien comme le Nouveau
Testament. Par Jésus-Christ et les
apôtres Dieu a parlé dans celui-ci
bien plus encore que dans l'Ancien, car il se
mettait, pour ainsi dire, au niveau des
hommes.
Dans la Bible il est resté
sur la terre une voix que nous pouvons
écouter. L'entendre n'est pas difficile,
pourvu que nos sentiments soient semblables
à ceux des Israélites pieux, que nous
ayons les mêmes rapports avec Dieu, car la
Bible seule, sans la révélation
personnelle, ne donne pas une impression
complète, Elle est toujours le plus beau
livre, le plus saisissant, le plus auguste, le plus
vrai, mais elle doit être
plus que cela, elle doit créer un lien entre
nous et le Dieu dont elle renferme les
paroles ; nous aussi nous devons venir de
plain-pied non à la Bible, mais à
Dieu ; avoir cette impression :
« Dieu a parlé !
« La prédication a le même
but que la Bible, et il me semble que dans notre
fête aussi il y a la voix de Dieu, qu'il a
quelque chose à nous dire. Si nous sentons
cela dans nos coeurs, si nous entendons la voix de
la conscience et la voix de l'Esprit qui nous
appelle à un renouveau de foi,
d'espérance, de patience, de bienveillance,
qui veut nous rendre plus assurés en
Jésus-Christ, il nous sera permis de
penser : « C'est Dieu qui parle,
c'est le Sauveur ! » Je suis
convaincu que d'une manière ou d'une autre,
chacun entendra, pendant ces journées, un
appel du Seigneur. Ce n'est pas à nous, aux
prédicateurs, qu'il appartient de vous faire
ce don, c'est notre Sauveur qui s'adresse à
chaque âme individuellement, comme à
nous tous ensemble. Il sait nous faire sentir que
c'est lui-même qui parle et il se
révèle ainsi véritablement
à nos coeurs. Oh ! croyez-le, et que
chacun aide un peu à ce que ces
journées soient pour nous tous une source
nouvelle de force, d'aide, de consolation, de
liberté, de douceur, d'humilité, de
fidélité à notre vocation
céleste.
Oui, c'est lui-même, le
Sauveur, qui veut nous parler, il ne veut pas que
nous nous contentions d'avoir une certaine
religiosité, les formes extérieures
lui importent peu. Croyez-moi, l'obéissance
à la loi ne lui suffit pas. Notre droiture
ne fait que préparer nos coeurs à
écouter la voix du Sauveur, afin qu'elle nous guide,
que nous
soyons gouvernés par les choses du ciel
auxquelles nous prêtons l'oreille. Ce que
nous entendons ainsi est plus beau que le plus beau
voyage, le plus beau concert, le plus bel
oratorium, le plus beau sermon. Celui qui
prête l'oreille goûte la joie
divine : « Bienheureux ceux qui
entendent la parole de Dieu et la
gardent. » Lorsque nous écoutons,
nous sommes attirés tout entiers vers la
voix qui parle ; quelqu'un qui s'entend
appeler par son nom, se retourne pour voir qui
l'appelle, et si c'est un ami, il se hâte
à sa rencontre. Il doit en être ainsi
quand une voix du ciel nous parvient, et il faut
que cette voix nous parvienne, qu'elle
pénètre dans notre coeur, afin que
tout le long du jour nous ne cessions pas de
regarder vers le Sauveur, notre meilleur ami, que
nous sachions toujours le trouver, que tous nos pas
soient dirigés de manière à ce
que nous entendions sa voix, et qu'en toutes nos
actions nous obéissions à cette
voix.
Alors notre âme vivra. Cela ne
s'applique pas à notre salut éternel,
l'Écriture n'en parle pas beaucoup, il va de
soi qu'un disciple fidèle du Sauveur n'ira
pas en enfer. Mais ce qui importe davantage, c'est
qu'en ce monde notre âme soit vivante, car
c'est ici-bas que nous devons être les
témoins et les représentants du
Sauveur, pour que la vie éternelle se
répande de plus en plus sur la terre
où sont si nombreux ceux qui vivent sans
foi, qui sont encore enfoncés dans le mal.
C'est là qu'est le défaut. Je serais
tenté de dire que tous ceux qui vivent au
ciel ne nous sont pas très utiles pour le présent ;
c'est sur
la
terre que nous avons besoin de gens vivants, et
c'est pourquoi je vous supplie tous : soyez
des gens qui écoutent, afin d'être des
vivants. Vous en particulier, chères
diaconesses de cette ville, soyez vivantes, que par
vous on perçoive le rayonnement de la vie
éternelle. Alors nous posséderons la
vie et la joie véritables, nous pourrons
dire : « Louange à
Dieu ! le Sauveur vit et par lui nous avons
part à la vie éternelle, nous ne
craignons plus les tribulations, ni même la
mort, car même en mourant nous vivrons, au
sein de la plus profonde nuit nous restons
lumière, car notre âme
vit. »
Oh ! mes bien-aimés,
prions le Seigneur de faire entendre son appel
à nos coeurs, d'ouvrir notre oreille pour
qu'elle entende et reçoive ce qui vient du
ciel, que nous vivions en ce monde de la vie
céleste, libres, sans entraves, pleins de
bienveillance envers tous ; qu'en nous on ne
trouve ni raideur, ni dissimulation, ni hypocrisie.
Apprenons du Sauveur la sainte liberté, ne
soyons jamais amers, ni durs, que notre
piété n'ait pas un visage morose,
aimons et soyons vivants. Le Seigneur veuille nous
accorder cela, afin que nous ayons
véritablement la vie.
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