Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

V - Alors.

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Voici, toutes choses sont devenues nouvelles. (II Cor. V, 17).
Seigneur, que veux-tu que je fasse ? (Actes IX, 6)
Quand nous avons cédé à la tendre sollicitation du Seigneur de lui livrer nos corps, quand nous avons reconnu son droit absolu sur nous, quand la conviction de péché et la lutte ont été suivies d'une décision, qu'arrive-t-il alors ?


1. La plénitude de l'Esprit
Y aura-t-il manifestation de la plénitude de l'Esprit quand nous lui aurons livré nos vies ? Serons-nous conscients d'un grand changement intérieur ? Y aura-t-il une transformation consciente, un nouveau degré conscient de l'expérience chrétienne ? Voici notre réponse :
Est-ce que le fleuve indolent se rend compte de ce qui arrive quand les eaux de la mer se précipitent dans son embouchure et que l'élan et le choc des vagues le purifient ? Est-ce que le vieux château sombre et isolé sent l'air frais envahir ses salles, quand on les ouvre tout à coup aux courants du dehors ? Est-ce que les yeux voilés par les ténèbres pendant des années, sont conscients de la brillante lumière du jour quand, pour la première fois, ils s'ouvrent à elle ? De même, il y a une manifestation consciente pour l'âme qui s'est donnée à Dieu complètement et pour toujours. Il y aura un changement, une expérience de la présence du Saint-Esprit à un degré auparavant Inconnu, le sentiment que la grande crise de la vie spirituelle s'est opérée.

Peu importe que cette manifestation fasse irruption en nous avec l'éclat du soleil qui jaillit soudain à travers les nuages sombres, ou qu'elle s'établisse doucement comme la clarté du crépuscule du matin, C'est assez de savoir qu'une telle manifestation se produit, que l'Esprit se révèle par une plénitude, une puissance et une bénédiction jusqu'alors ignorées. Ses supplications pour que nous lui consacrions notre être ont atteint leur but, et notre consécration n'a pas été une démarche vaine. Sa promesse s'est accomplie.

« Je me manifesterai à vous comme je ne me manifeste pas au monde. » Dès lors, il y a une hauteur et une profondeur, une paix, une puissance, une joie et une bénédiction, une communion et une utilité, des prières et des actions de grâces, que le passé n'avait jamais réalisées. L'âme qui se donne à Dieu pleinement est transformée au delà de ses espérances les plus avides ; les bienfaits de la vie abondante s'accroissent en richesse et en plénitude de jour en jour ; Dieu fait « infiniment plus que tout ce que nous pouvons demander et penser. » Nous sommes « fortifiés puissamment par son Esprit dans l'homme intérieur » ; remplis de toute la plénitude de Dieu, et de cette plénitude découlent service, témoignage et bénédiction pour tout notre entourage. (Triple Secret du Saint-Esprit, pages 66 et 67).

N'allons pas en conclure que la consécration soit un acte méritoire par lequel on gagne la plénitude de l'Esprit, c'est seulement un acte dont l'accomplissement permet à l'Esprit de se communiquer pleinement. Dieu ne submerge pas notre être sous les vagues puissantes de la vie spirituelle sans que notre liberté ait dit un mot. Il ne saisit pas des hommes et des femmes pour les transporter aux sommets d'une vie chrétienne et bénie sans égard pour leur choix ou leur résistance. La méthode du Saint-Esprit semble être, au contraire, de convaincre d'abord de la plénitude de Dieu et de la pauvreté de l'âme, puis de solliciter un pas dans l'obéissance, qui donnera au Dieu tout prêt à bénir, l'occasion d'accorder l'abondance de la vie et de la bénédiction. La révélation et la conviction de la vérité ; l'obéissance de la foi à cette vérité reconnue ; la bénédiction, conséquence de cette obéissance ; voilà L'ordre sans doute invariable du travail du Saint-Esprit dans l'âme. C'est dans cet ordre divin que la consécration est à sa vraie place, et que Paul s'écrie : « Donnez-vous vous-mêmes à Dieu. » La consécration ne gagne ni n'achète la grâce de Dieu, elle lui donne seulement l'occasion d'agir. Elle ne construit pas le réservoir de la vie abondante, mais elle ouvre le canal par lequel cette vie « est répandue dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné. » Christ déclare « que des fleuves d'eau vive découleront de notre sein. » Il disait cela de l'Esprit qui est en ceux qui croient en lui. Or, la consécration n'est pas autre chose qu'une forme élevée de la foi. C'est, en 'effet, une forme élevée de la foi que de confier toute notre vie à la garde de Dieu en faisant sa volonté et en nous soumettant à lui. Voilà pourquoi nous pouvons nous attendre à trouver la plénitude de la vie de l'Esprit après cette consécration absolue qui a fait le sujet de cette étude. Car Dieu ne manque jamais de répondre aux actes de foi de ses enfants, et la foi qui a reçu l'Esprit à la conversion ne peut manquer de connaître la plénitude bénie de ce même Esprit, quand elle se livre d'une manière complète à celui qu'elle a déjà reçu.


2. La lumière de la vie
La Parole dit de Christ : « En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes » (Jean 1, 1). Christ aussi dit de lui-même : « Celui qui me suit aura la lumière de la vie » (Jean VIII, 12). Cette phrase si frappante, « la lumière de la vie », nous montre comme seconde conséquence de notre consécration la lumière qui envahit l'âme par la vie abondante de l'Esprit. Les pâles rayons de la lune dans la nuit tombent froids et sans vie sur la terre. Mais la lumière du soleil réchauffe et vivifie cette même terre et fait grandir toutes les plantes qu'atteignent ses rayons bienfaisants. Ce n'est pas seulement de la lumière, mais c'est la lumière de la vie, une lumière spéciale, une lumière issue d'un corps vivifiant, qui agit, travaille et engendre la vie par son rayonnement. C'est cette lumière spéciale qui est répandue dans le coeur d'un enfant de Dieu consacré. Elle diffère de la connaissance. C'est bien plus que la lumière pâle et superficielle que nous recevons par le moyen de l'intelligence. C'est la lumière de la vie, c'est la lumière qui rayonna de l'Esprit de vie qui est en Christ. Nulle autre lumière n'illumine et ne nous révèle la vérité comme elle. L'homme consacré voit les choses tout autrement qu'auparavant.

La Parole de Dieu devient pour lui un livre nouveau. Elle le travaille, elle le pénètre ; elle le convainc de péché et lui montre sa dissemblance avec Christ ; elle cherche et met à nu les dernières profondeurs de l'âme ; elle dévoile la sainteté de Dieu ; elle stimule la croissance ; elle fait naître de nouvelles aspirations ; elle pousse au zèle dans le service de Dieu d'une manière inconnue auparavant. Ne nous étonnons pas de cela ; car ce livre n'est autre que le livre de l'Esprit de vie, dont les pages sont remplies de la lumière de la vie pour celui qui cherche l'abondance de la vie de Christ. L'âme aussi est remplie de cette nouvelle lumière, non seulement par la Parole de Dieu, mais par le moyen des dispensations providentielles de Dieu et des avertissements intérieurs de son Esprit. Ainsi illuminée, elle commence à comprendre le secret des directions divines. Le passé se voit sous un jour nouveau. Des événements qui semblaient n'avoir aucun rapport entre eux se présentent à nous comme des anneaux dans la chaîne de la Providence. Des impressions que nous avions reçues sans les comprendre se dévoilent comme des mouvements et des indications de l'Esprit de Dieu en nous. Nous reconnaissons maintenant la volonté divine dans les épreuves et les châtiments de la vie aussi bien que dans ses joies et ses bénédictions, et l'expérience ineffable de la croissance de l'oeuvre de Dieu dans notre vie est une preuve certaine que la lumière de la vie illumine notre être intérieur de la clarté de ses rayons.


3. Purification
C'est là encore une phase importante succédant à la consécration. Quand nous nous livrons à Dieu en sacrifice vivant, bien que notre offrande soit sainte et agréable par le fait de notre union avec Christ, nous sommes loin de posséder une sainteté qui nous soit propre. Et cependant, ce n'est qu'en proportion de la sainteté de notre vie et de nos progrès en lui que Dieu peut réaliser sa volonté par nous, ses instruments. Ce que nous sommes devient la mesure de ce que nous pouvons faire, ou plutôt de ce que Dieu peut faire par nous. Il nous faut ressembler à Christ dans notre vie intérieure, si nous voulons lui ressembler dans le travail extérieur.

Un Dieu saint a besoin d'un instrument saint dans lequel il puisse reproduire sa vie sainte. Tout ce qui reste en nous de nous-mêmes empêche la manifestation de Christ en nous. Nous pouvons donc nous attendre à ce que Dieu, qui a besoin d'un instrument saint à son service, travaille à notre purification dès que nous nous livrerons à lui. « Le Seigneur châtie celui qu'il aime » (littéralement « fait son éducation »). Quand nous nous sommes consacrés à lui, il met ses mains sur nous, non pas dans l'esprit de la loi, mais dans sa grâce, non pour punir, mais pour purifier, non à la façon du juge, mais dans l'amour d'un père. Le plaisir qu'il trouve en son Fils premier-né est si grand qu'il voudrait nous transformer tous à son image. Celui qui nous châtie, c'est un père soucieux de voir son enfant atteindre le degré le plus élevé de la ressemblance avec Christ. Notre souffrance est un affinage pareil à celui que subit le métal. Et nous pouvons aider ou empêcher cette oeuvre de Dieu en nous. Que nos volontés soient dociles et soumises, l'oeuvre bénie se poursuivra promptement, tandis que si elles sont rebelles, notre purification ne se fera que lentement et incomplètement. « Sanctifie-les par ta vérité, ta Parole est la vérité, » priait Jésus. Et c'est exactement ainsi que le Père fait notre éducation. L'Esprit de vérité révèle la stérilité, la pauvreté et la difformité de notre vie propre, la richesse, la plénitude et la beauté de la vie de Christ en nous. C'est au moyen de la révélation de ces vérités que l'Esprit cherche à gagner l'assentiment de notre volonté pour mettre fin à l'une et faire naître l'autre de ces vies ; et c'est dans la mesure où nous nous y prêterons volontairement qu'il lui sera possible de produire dans notre coeur et dans notre marche spirituelle cette sanctification qui déjà est complète dans notre union en Jésus-Christ.


4. Séparation
« La même lumière qui nous montre le péché, nous fera voir aussi le chemin pour en sortir, » dit Andrew Murray. L'Esprit qui nous révèle le péché est aussi celui qui nous conduira à nous séparer de lui et des choses qui l'entretiennent. Et l'enfant de Dieu consacré sera bientôt conduit dans le chemin de cette séparation. Des choses qui paraissaient douteuses auparavant, se montrent aujourd'hui comme coupables. Bien des plaisirs dont nous jouissions doivent être maintenant abandonnés, parce qu'ils n'apportent plus la joie, mais la condamnation. Une foule de choses soi-disant innocentes se révèlent comme néfastes à celui qui ne veut plus faire sa propre volonté, mais celle de celui qui l'a envoyé. « Le changement de but intervenu dans notre vie (« vous ne vous appartenez pas à vous-mêmes ») ne tarde pas à produire un changement d'opinion quant à l'emploi légitime du temps, des talents et de la fortune confiés à notre administration. Nous renonçons de plein gré à bien des choses que nous nous accordions ou que nous recherchions, parce que nous les voyons sous un jour entièrement nouveau, étonnés d'avoir pu les envisager autrement et surpris que d'autres puissent avoir une autre manière de voir à leur sujet. Alors la séparation d'avec les choses nous conduit à un certain isolement des hommes. La différence des désirs élève des barrières aussi sûrement que leur similitude fait naître l'accord. Quand la communauté d'intérêts disparaît, on voit combien l'amitié en dépendait.
L'homme consacré sera le dernier à s'éloigner de ses semblables parce qu'il se croirait plus saint qu'eux ; au contraire, il cherchera plus que jamais l'affection de tous ; il est rempli d'amour au delà de toute expérience antérieure. Mais le milieu change, les amis se dispersent et un sentiment d'isolement se glisse dans le coeur. Une partie du sacrifice que nécessite la volonté arrêtée de gravir les plus hauts sommets de la consécration et de la communion avec Dieu, consiste dans la perte de la compagnie de ceux qui ne veulent pas venir avec nous. La dépense paraît élevée, mais comme elle est nécessaire pour gagner le prix, il vaut la peine de la payer. Mieux vaut mille fois la séparation d'avec le monde que celle d'avec Dieu. Sachons préférer l'isolement d'Énoch à l'entourage de Lot. Il y a souvent un grand danger à ce qu'une fausse conception du « tout à tous » nous empêche d'être quoi que ce soit pour personne. La séparation, c'est l'isolement, mais l'isolement est une puissance dans la sphère spirituelle. Les coeurs qui cherchent aide et lumière ne les cherchent pas auprès de ceux qui sont à leur niveau, mais auprès de ceux qui marchent sur les sommets de la vie chrétienne. Si l'isolement est la part de la vie consacrée parce qu'elle marche consciencieusement près de Dieu, qu'il soit le bienvenu. Il en résultera une communion plus intime avec le grand Isolé qui a été le seul aide véritable que le monde ait connu.


5. Souffrance
À la purification et à l'isolement, est liée la souffrance. Il y en aura plus ou moins dans toute vie livrée. Tandis que l'homme nouveau demeure dans les lieux célestes, le vieil homme est mis en croix et doit y rester. La vie livrée a donc un double aspect. Elle est liée au Christ ressuscité d'une part, au Christ crucifié de l'autre, en sorte que notre expérience a un double caractère. Dans le progrès constant de notre communion au Christ, Dieu juge bon de s'occuper de notre vieux moi aussi bien que de Christ qui vit en nous. Crucifixion d'un côté, résurrection de l'autre. Nous portons à la fois sa croix et son joug. Nous éprouvons la souffrance de la première aussi bien que la douceur du second. Le joug de l'obéissance est aisé quand le moi est en croix. Mais avant tout le moi souffre d'être crucifié, et il faut qu'il en soit ainsi. Au temps de la souffrance, quand Dieu agit en nous par la croix, restons patients, car assurément après l'épreuve une plus grande puissance sera manifestée dans notre vie de ressuscités avec Christ. Souvenons-nous toujours que nous portons partout avec nous le vieil homme à la place qui lui est due, la croix, et que cette place où il meurt doit nécessairement être pour lui un endroit de souffrance. Quelle mesure de souffrance faudra-t-il pour le bien de chacun d'entre nous ? Dieu seul le sait et en décide. À mesure que nous approchons davantage du point culminant de notre communion avec le Ressuscité, des mouvements subtils de notre vie propre nous sont révélés dont Dieu attend que nous les soumettions à la croix. Ce fait même nous donne l'assurance qu'à mesure « que nous portons toujours avec nous la mort (acte de mourir) du Seigneur Jésus, la vie de Jésus sera aussi manifestée dans notre corps mortel » (II Cor. IV, 10).

 

6. Service
Dieu ne manque pas d'appeler à son service la vie qui lui est livrée. Ce service est notre suprême privilège ici-bas. Quand nous nous livrons au Seigneur, nous nous mettons à sa disposition et dorénavant « nous sommes ses serviteurs ». Il serait bien étrange de devenir serviteur sans trouver de service. Si donc nous attendons avec patience, il nous fera sûrement trouver l'oeuvre qui nous a été préparée. Car nous sommes membres de son corps et il désire réaliser par nous sa volonté envers un monde perdu. Ce ne sera peut-être pas le service actif que nous nous étions proposé. Peut-être a-t-il pour nous un ministère de prière, de patience et de souffrance en son nom. Mais la forme de service la plus élevée sera celle qu'il aura choisie, quoi qu'elle puisse être pour nous. Certainement l'éternité révélera, si le temps ne le fait pas, qu'en agissant ainsi nous avons glorifié Dieu d'une manière parfaite.
L'enfant de Dieu consacré peut donc en toute confiance attendre que Dieu lui révèle l'oeuvre de sa vie et l'y conduise. Sa force sera dans le repos et la confiance, il ne sera pas confus. Le ministère que Dieu lui a choisi de toute éternité en Christ lui sera peut-être révélé brusquement comme un éclair, ou bien pas à pas, d'une manière progressive, par l'élargissement insensible d'un travail accompli dans l'humilité jusqu'au moment où l'oeuvre de sa vie se trouve devant lui. Par la joie qu'il trouve à ce ministère, par la manière dont il s'adapte à ses facultés, par le mouvement de ses pensées qui s'y reportent sans cesse, par le sceau de succès que Dieu y appose et le sentiment toujours plus précis que Dieu l'y appelle, l'Esprit lui donne l'assurance qu'il est bien à la place voulue de Dieu. Bienheureux celui qui, ayant entendu la voix de Jésus lui dire : « Voilà le chemin, marches-y », se charge joyeusement de son joug pour aller avec lui jusqu'à ce qu'il puisse dire, lui aussi : « J'ai fini l'oeuvre que tu m'avais donnée à faire. » Séparé de Dieu, il ressemble à un vaisseau abandonné sur l'Océan, flottant sans pilote, n'ayant ni port ni but. Mais une fois livré à Dieu et après avoir trouvé la place qui lui est préparée, il avance comme un vaisseau bien chargé, muni de sa boussole, poussé par un vent régulier, ayant sa route bien tracée et voguant vers un port connu où la voix aimée de son Maître réjouira son coeur par un : « Cela va bien... tu as été fidèle... je t'établirai sur beaucoup. »

Je puis attendre tout cela de Dieu après m'être livré à lui. Mais qu'est-ce que Dieu est en droit d'attendre de ma part dès que je suis son serviteur consacré ?

a. Une marche fidèle dans la foi
Je dois cesser de dépendre de moi-même, pour me confier dorénavant en Dieu et me reposer sur le Christ qui habite en moi. J'ai appris qu'il n'y a pas un atome de vie spirituelle en moi et que l'unique source de la vie est dans le Fils de Dieu qui habite en moi par l'Esprit. En dehors du Christ qui habite en moi, je suis un indigent au point de vue spirituel. Le seul grand axiome de ma vie nouvelle doit être : Confie-toi au Christ qui est en toi. Il est ma sagesse, ma vie, ma lumière. Il m'affirme que l'Esprit qui habite en moi a pris charge de ma personne. L'Esprit guidera ; l'Esprit enseignera ; il purifiera ; il révélera Christ ; il me rendra capable de servir ; il parlera par moi ; il accomplira par moi les oeuvres de Dieu. Il fera en tous temps tout ce dont ma vie a besoin pour croître en Christ. Pendant mon ancienne vie, j'élaborais plans et projets et je me tourmentais dans mon travail journalier. Dans ma vie nouvelle, je remets tout à Christ. Dans l'ancienne vie, je me fiais à ma force, à mon jugement, à ma sagesse. Dans la nouvelle, c'est à sa force, à son jugement et à sa sagesse que je me confie, je me repose en lui. C'est lui qui a maintenant toute la charge. Les rênes sont entre ses mains. Il est le maître, je suis l'écolier : il est l'ouvrier, je suis l'instrument ; il est le potier, je suis l'argile. Je serai donc maintenant en la possession et sous la direction de l'Esprit dans une mesure qui m'était inconnue avant que j'eusse renoncé à la possession de moi-même. J'ai à présent devant moi la plus grande leçon de l'école de la foi, celle de me défier constamment de moi-même en regardant toujours à Jésus. Je ne compte plus sur moi pour rien, mais sur lui pour tout. Je ne suis plus seulement justifié par la foi, mais j'apprends à réaliser que « le juste vit par la foi ». Jésus-Christ dit : « Je suis la vie ». C'est pourquoi je regarde constamment à lui, je m'attends à lui toujours, je vis en lui par la foi.
Le pécheur justifié dit : « J'ai eu confiance et j'ai reçu la vie par toi » ; celui qui s'est livré dit : « J'ai confiance et je compte constamment sur ta vie en moi. » À sa déclaration « je suis la vie », correspond la mienne : « Seigneur, je vis par la foi en toi. » Même la vie qui anime les cieux est une vie de dépendance, « un fleuve d'eau vive sortait du trône de Dieu et de l'Agneau » (Apoc. XXII, 1). Si telle a été la vie du Fils de Dieu, et que telle doive être la vie des rachetés dans les cieux, combien plus sera-ce ma vie à moi, son faible enfant, sur la terre. Il faut que mon Guide patient m'enseigne ligne par ligne et paragraphe par paragraphe la leçon si difficile de me défier constamment de ma chair pour me confier constamment au Christ qui est en moi. Il le fera à travers bien des fautes et des bévues de ma part, mais il n'est jamais las d'enseigner, et par sa grâce je parviendrai certainement à apprendre et à connaître quelque chose de l'expérience bénie de l'homme de Tarse, révélant son grand secret : « Je vis dans la foi » (Gal. II, 20).

b. L'accomplissement journalier de la volonté de Dieu
Je dois accepter la volonté de Dieu. Cette volonté de Dieu sera désormais ma règle pour la direction de ma vie. Je n'ai plus à me demander ce que j'aimerais faire, mais ce que Dieu désire que je fasse. Et dès lors la Parole de Dieu, comme révélation de cette volonté, prendra dans ma vie une place toute nouvelle. J'accepte cette Parole comme lampe à mes pieds et lumière sur mon sentier. Je l'accepte, quelque contraire qu'elle soit à ma pensée ou mon désir. Je l'accepte, quoi qu'on fasse pour m'en dissuader. Quand cette parole dit : « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous outragent et vous persécutent », je l'accepte et je mets en pratique cette volonté de Dieu, quelque absurde et impraticable qu'elle paraisse aux yeux du monde. Quand cette Parole dit : « Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car il a soin de vous », j'accepte cela comme sa volonté et je le mets en pratique aussitôt. Quand cette Parole dit : « Mon Dieu pourvoira à tous vos besoins », j'abandonne toute inquiétude en ce qui concerne mes besoins et je m'attends à Dieu pour qu'il y pourvoie. En étudiant la Parole de Dieu, je suis saisi par telle vérité avec laquelle ma vie de tous les jours n'est pas d'accord. Je n'ai pas le droit d'avoir le moindre doute, mais je dois y conformer immédiatement ma conduite. Accepter ainsi la volonté de Dieu, telle qu'elle est révélée dans sa Parole et la faire passer dans sa vie est une méthode qui remue jusqu'au fond le coeur de l'enfant de Dieu consacré. Il favorise comme rien autre ne peut le faire une croissance spirituelle rapide. Il nous remplit d'étonnement à la vue de la distance qui s'étend entre notre vie et la volonté de Dieu.

Je dois ensuite me soumettre patiemment à la volonté de Dieu. Être patient, signifie littéralement « se tenir dessous ». Comme le diamant brut reste sous la meule du polisseur, je me tiens tranquille sous la main de Dieu quoi qu'il m'arrive. À la place de l'expérience spirituelle exaltante que j'attendais, il est possible que je rencontre la souffrance, des épreuves terribles, de mystérieuses dispensations, des ténèbres, un avenir incertain. Mon devoir alors est de me tenir sous la main de Dieu en disant : « Que ta volonté soit faite dans les jours difficiles comme dans les bons. » J'apprends à être content en quelque état que je me trouve. Combien n'y en a-t-il pas qui sont disposés à se tenir sous la main de Dieu pour le servir, mais pas pour être purifiés. Ils sont prêts pour la bataille, mais pas pour la fournaise ou pour la forge. Prêts pour le ministère, ils ne le sont pas pour supporter patiemment tout ce que Dieu envoie ou permet dans leur vie. Et pourtant la consécration consiste à se soumettre au genre d'expérience choisi par Dieu comme devant aider à notre éducation. Il permit que son propre Fils fût soumis par l'adversaire à des tentations terribles dès le début de son ministère. Le serviteur n'est pas plus grand que son Maître. Dieu sait ce qui nous vaut le mieux. Ainsi donc, j'ai à me soumettre à tout ce qui m'arrive après ma consécration, quelque inexplicable que soit la chose et quelque difficile à supporter que soit l'épreuve, car c'est ce qui vaut le mieux pour ma purification et pour le développement de ma vie chrétienne. La circonstance présente, si pénible qu'elle soit, sera entre les mains du Père (si vous êtes consacré à Christ), l'instrument le mieux approprié pour vous ciseler pour l'éternité.
Ayez donc confiance et ne repoussez pas le ciseau tranchant de crainte de perdre le fruit de son travail. Considérez combien toute autre attitude est déraisonnable. Un jour je me livre à Dieu pour faire sa volonté plutôt que la mienne. Le lendemain survient la tentation, l'épreuve, la souffrance. Et voilà que, me révoltant je doute de ma consécration, de Dieu lui-même. C'est-à-dire que moins de vingt-quatre heures après avoir dit : « Seigneur, non pas ma volonté, mais la tienne », je romps le pacte fait avec lui, parce qu'il est entré dans ma vie quelque chose qui n'est pas « selon ma volonté ». Rappelons-nous toujours que le but suprême de la consécration c'est précisément de vivre la soumission que j'ai promise et que c'est là exactement ce que je fais en me soumettant patiemment à tout ce qui touche ma vie.

J'ai à faire la volonté de Dieu. Si pour un contrat défini j'offre mes services à un patron, il est simplement honnête de ma part d'accomplir fidèlement jour par jour la tâche à laquelle je me suis engagé. La consécration est-elle autre chose ? C'est (voir chap. I) « le don volontaire de nous-mêmes à Dieu pour faire sa volonté au lieu de la nôtre ». Je me suis engagé à cela, que cela se fasse donc. Aucune autre manière de faire ne serait honnête vis-à-vis des hommes ; aucune autre ne peut l'être à l'égard de Dieu. Accepter, me soumettre et faire heure par heure sa volonté, voilà quel sera dorénavant l'unique but de ma vie. Le Fils disait : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé. » Ce doit être la nôtre aussi. Par elle, nous serons fortifiés ; sans elle, nous deviendrons faibles. Nous souvenant du but sublime de la vie du Fils : « Voici, je viens pour faire ta volonté », nous aussi, comme des fils consacrés, nous marcherons vers ce seul et suprême but de notre vie terrestre, qui restera le but de notre vie éternelle dans les âges à venir ; « le monde passe avec ses convoitises, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement ».

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