Voici, toutes choses sont devenues
nouvelles.
(II
Cor. V, 17).
Seigneur, que veux-tu que je fasse ?
(Actes
IX, 6)
Quand nous avons cédé à
la tendre sollicitation du Seigneur de lui livrer
nos corps, quand nous avons reconnu son droit
absolu sur nous, quand la conviction de
péché et la lutte ont
été suivies d'une décision,
qu'arrive-t-il alors ?
1. La plénitude de l'Esprit
Y aura-t-il manifestation de la
plénitude de l'Esprit quand nous lui aurons
livré nos vies ? Serons-nous conscients
d'un grand changement intérieur ? Y
aura-t-il une transformation consciente, un nouveau
degré conscient de l'expérience
chrétienne ? Voici notre
réponse :
Est-ce que le fleuve indolent se rend compte
de ce qui arrive quand les eaux de la mer se
précipitent dans son embouchure et que
l'élan et le choc des vagues le
purifient ? Est-ce que le vieux château
sombre et isolé sent l'air frais envahir ses
salles, quand on les ouvre tout à coup aux
courants du dehors ? Est-ce que les yeux
voilés par les ténèbres
pendant des années, sont conscients de la
brillante lumière du jour quand, pour la
première fois, ils s'ouvrent à
elle ? De même, il y a une manifestation
consciente pour l'âme qui s'est donnée
à Dieu complètement et pour toujours.
Il y aura un changement, une expérience de
la présence du Saint-Esprit à un
degré auparavant Inconnu, le sentiment que
la grande crise de la vie spirituelle s'est
opérée.
Peu importe que cette manifestation fasse
irruption en nous avec l'éclat du soleil qui
jaillit soudain à travers les nuages
sombres, ou qu'elle s'établisse doucement
comme la clarté du crépuscule du
matin, C'est assez de savoir qu'une telle
manifestation se produit, que l'Esprit se
révèle par une plénitude, une
puissance et une bénédiction
jusqu'alors ignorées. Ses supplications pour
que nous lui consacrions notre être ont
atteint leur but, et notre consécration n'a
pas été une démarche vaine. Sa
promesse s'est accomplie.
« Je me manifesterai à vous
comme je ne me manifeste pas au monde. »
Dès lors, il y a une hauteur et une
profondeur, une paix, une puissance, une joie et
une bénédiction, une communion et une
utilité, des prières et des actions
de grâces, que le passé n'avait jamais
réalisées. L'âme qui se donne
à Dieu pleinement est transformée au
delà de ses espérances les plus
avides ; les bienfaits de la vie abondante
s'accroissent en richesse et en plénitude de
jour en jour ; Dieu fait
« infiniment plus que tout ce que nous
pouvons demander et penser. » Nous sommes
« fortifiés puissamment par son
Esprit dans l'homme
intérieur » ; remplis de
toute la plénitude de Dieu, et de cette
plénitude découlent service,
témoignage et bénédiction pour
tout notre entourage. (Triple Secret du
Saint-Esprit, pages 66 et 67).
N'allons pas en conclure que la
consécration soit un acte méritoire
par lequel on gagne la plénitude de
l'Esprit, c'est seulement un acte dont
l'accomplissement permet à l'Esprit de se
communiquer pleinement. Dieu ne submerge pas notre
être sous les vagues puissantes de la vie
spirituelle sans que notre liberté ait dit
un mot. Il ne saisit pas des hommes et des femmes
pour les transporter aux sommets d'une vie
chrétienne et bénie sans égard
pour leur choix ou leur résistance. La
méthode du Saint-Esprit semble être,
au contraire, de convaincre d'abord de la
plénitude de Dieu et de la pauvreté
de l'âme, puis de solliciter un pas dans
l'obéissance, qui donnera au Dieu tout
prêt à bénir, l'occasion
d'accorder l'abondance de la vie et de la
bénédiction. La
révélation et la conviction de la
vérité ; l'obéissance de
la foi à cette vérité
reconnue ; la bénédiction,
conséquence de cette
obéissance ; voilà L'ordre sans
doute invariable du travail du Saint-Esprit dans
l'âme. C'est dans cet ordre divin que la
consécration est à sa vraie place, et
que Paul s'écrie :
« Donnez-vous vous-mêmes à
Dieu. » La consécration ne gagne
ni n'achète la grâce de Dieu, elle lui
donne seulement l'occasion d'agir. Elle ne
construit pas le réservoir de la vie
abondante, mais elle ouvre le canal par lequel
cette vie « est répandue dans nos
coeurs par le Saint-Esprit qui nous a
été donné. » Christ
déclare « que des fleuves d'eau
vive découleront de notre sein. »
Il disait cela de l'Esprit qui est en ceux qui
croient en lui. Or, la consécration n'est
pas autre chose qu'une forme élevée
de la foi. C'est, en 'effet, une forme
élevée de la foi que de confier toute
notre vie à la garde de Dieu en faisant sa
volonté et en nous soumettant à lui.
Voilà pourquoi nous pouvons nous attendre
à trouver la plénitude de la vie de
l'Esprit après cette consécration
absolue qui a fait le sujet de cette étude.
Car Dieu ne manque jamais de répondre aux
actes de foi de ses enfants, et la foi qui a
reçu l'Esprit à la conversion ne peut
manquer de connaître la plénitude
bénie de ce même Esprit, quand elle se
livre d'une manière complète à
celui qu'elle a déjà reçu.
2. La lumière de la vie
La Parole dit de Christ :
« En lui était la vie et la vie
était la lumière des
hommes »
(Jean
1, 1). Christ aussi dit de
lui-même : « Celui qui me suit
aura la lumière de la vie »
(Jean
VIII, 12). Cette phrase si
frappante, « la lumière de la
vie », nous montre comme seconde
conséquence de notre consécration la
lumière qui envahit l'âme par la vie
abondante de l'Esprit. Les pâles rayons de la
lune dans la nuit tombent froids et sans vie sur la
terre. Mais la lumière du soleil
réchauffe et vivifie cette même terre
et fait grandir toutes les plantes qu'atteignent
ses rayons bienfaisants. Ce n'est pas seulement de
la lumière, mais c'est la lumière de
la vie, une lumière spéciale, une
lumière issue d'un corps vivifiant, qui
agit, travaille et engendre la vie par son
rayonnement. C'est cette lumière
spéciale qui est répandue dans le
coeur d'un enfant de Dieu consacré. Elle
diffère de la connaissance. C'est bien plus
que la lumière pâle et superficielle
que nous recevons par le moyen de l'intelligence.
C'est la lumière de la vie, c'est la
lumière qui rayonna de l'Esprit de vie qui
est en Christ. Nulle autre lumière
n'illumine et ne nous révèle la
vérité comme elle. L'homme
consacré voit les choses tout autrement
qu'auparavant.
La Parole de Dieu devient pour lui un livre
nouveau. Elle le travaille, elle le
pénètre ; elle le convainc de
péché et lui montre sa dissemblance
avec Christ ; elle cherche et met à nu
les dernières profondeurs de
l'âme ; elle dévoile la
sainteté de Dieu ; elle stimule la
croissance ; elle fait naître de
nouvelles aspirations ; elle pousse au
zèle dans le service de Dieu d'une
manière inconnue auparavant. Ne nous
étonnons pas de cela ; car ce livre
n'est autre que le livre de l'Esprit de vie, dont
les pages sont remplies de la lumière de la
vie pour celui qui cherche l'abondance de la vie de
Christ. L'âme aussi est remplie de cette
nouvelle lumière, non seulement par la
Parole de Dieu, mais par le moyen des dispensations
providentielles de Dieu et des avertissements
intérieurs de son Esprit. Ainsi
illuminée, elle commence à comprendre
le secret des directions divines. Le passé
se voit sous un jour nouveau. Des
événements qui semblaient n'avoir
aucun rapport entre eux se présentent
à nous comme des anneaux dans la
chaîne de la Providence. Des impressions que
nous avions reçues sans les comprendre se
dévoilent comme des mouvements et des
indications de l'Esprit de Dieu en nous. Nous
reconnaissons maintenant la volonté divine
dans les épreuves et les châtiments de
la vie aussi bien que dans ses joies et ses
bénédictions, et l'expérience
ineffable de la croissance de l'oeuvre de Dieu dans
notre vie est une preuve certaine que la
lumière de la vie illumine notre être
intérieur de la clarté de ses rayons.
3. Purification
C'est là encore une phase importante
succédant à la consécration.
Quand nous nous livrons à Dieu en sacrifice
vivant, bien que notre offrande soit sainte et
agréable par le fait de notre union avec
Christ, nous sommes loin de posséder une
sainteté qui nous soit propre. Et cependant,
ce n'est qu'en proportion de la sainteté de
notre vie et de nos progrès en lui que Dieu
peut réaliser sa volonté par nous,
ses instruments. Ce que nous sommes devient la
mesure de ce que nous pouvons faire, ou
plutôt de ce que Dieu peut faire par nous. Il nous faut ressembler
à Christ dans
notre vie intérieure, si nous voulons lui
ressembler dans le travail extérieur.
Un Dieu saint a besoin d'un instrument saint
dans lequel il puisse reproduire sa vie sainte.
Tout ce qui reste en nous de nous-mêmes
empêche la manifestation de Christ en nous.
Nous pouvons donc nous attendre à ce que
Dieu, qui a besoin d'un instrument saint à
son service, travaille à notre purification
dès que nous nous livrerons à lui.
« Le Seigneur châtie celui qu'il
aime » (littéralement
« fait son éducation »).
Quand nous nous sommes consacrés à
lui, il met ses mains sur nous, non pas dans
l'esprit de la loi, mais dans sa grâce, non
pour punir, mais pour purifier, non à la
façon du juge, mais dans l'amour d'un
père. Le plaisir qu'il trouve en son Fils
premier-né est si grand qu'il voudrait nous
transformer tous à son image. Celui qui nous
châtie, c'est un père soucieux de voir
son enfant atteindre le degré le plus
élevé de la ressemblance avec Christ.
Notre souffrance est un affinage pareil à
celui que subit le métal. Et nous pouvons
aider ou empêcher cette oeuvre de Dieu en
nous. Que nos volontés soient dociles et
soumises, l'oeuvre bénie se poursuivra
promptement, tandis que si elles sont rebelles,
notre purification ne se fera que lentement et
incomplètement. « Sanctifie-les
par ta vérité, ta Parole est la
vérité, » priait
Jésus. Et c'est exactement ainsi que le
Père fait notre éducation. L'Esprit
de vérité révèle la
stérilité, la pauvreté et la
difformité de notre vie propre, la richesse,
la plénitude et la beauté de la vie
de Christ en nous. C'est au moyen de la
révélation de ces
vérités que l'Esprit cherche à
gagner l'assentiment de notre volonté pour
mettre fin à l'une et faire naître
l'autre de ces vies ; et c'est dans la mesure
où nous nous y prêterons
volontairement qu'il lui sera possible de produire
dans notre coeur et dans notre marche spirituelle
cette sanctification qui déjà est
complète dans notre union en
Jésus-Christ.
4. Séparation
« La même lumière qui
nous montre le péché, nous fera voir
aussi le chemin pour en sortir, » dit
Andrew Murray. L'Esprit qui nous
révèle le péché est
aussi celui qui nous conduira à nous
séparer de lui et des choses qui
l'entretiennent. Et l'enfant de Dieu
consacré sera bientôt conduit dans le
chemin de cette séparation. Des choses qui
paraissaient douteuses auparavant, se montrent
aujourd'hui comme coupables. Bien des plaisirs dont
nous jouissions doivent être maintenant
abandonnés, parce qu'ils n'apportent plus la
joie, mais la condamnation. Une foule de choses
soi-disant innocentes se révèlent
comme néfastes à celui qui ne veut
plus faire sa propre volonté, mais celle de
celui qui l'a envoyé. « Le
changement de but intervenu dans notre vie
(« vous ne vous appartenez pas à
vous-mêmes ») ne tarde pas à
produire un changement d'opinion quant à
l'emploi légitime du temps, des talents et
de la fortune confiés à notre
administration. Nous renonçons de plein
gré à bien des choses que nous nous
accordions ou que nous recherchions, parce que nous
les voyons sous un jour entièrement nouveau,
étonnés d'avoir pu les envisager
autrement et surpris que d'autres puissent avoir
une autre manière de voir à leur
sujet. Alors la séparation d'avec les choses
nous conduit à un certain isolement des
hommes. La différence des désirs
élève des barrières aussi
sûrement que leur similitude fait
naître l'accord. Quand la communauté
d'intérêts disparaît, on voit
combien l'amitié en dépendait.
L'homme consacré sera le dernier
à s'éloigner de ses semblables parce
qu'il se croirait plus saint qu'eux ; au
contraire, il cherchera plus que jamais l'affection
de tous ; il est rempli d'amour au delà
de toute expérience antérieure. Mais
le milieu change, les amis se dispersent et un
sentiment d'isolement se glisse dans le coeur. Une
partie du sacrifice que nécessite la
volonté arrêtée de gravir les
plus hauts sommets de la consécration et de
la communion avec Dieu, consiste dans la perte de
la compagnie de ceux qui ne veulent pas venir avec
nous. La dépense paraît
élevée, mais comme elle est
nécessaire pour gagner le prix, il vaut la
peine de la payer. Mieux vaut mille fois la
séparation d'avec le monde que celle d'avec
Dieu. Sachons préférer l'isolement
d'Énoch à l'entourage de Lot. Il y a
souvent un grand danger à ce qu'une fausse
conception du « tout à
tous » nous empêche d'être
quoi que ce soit pour personne. La
séparation, c'est l'isolement, mais
l'isolement est une puissance dans la sphère
spirituelle. Les coeurs qui cherchent aide et
lumière ne les cherchent pas auprès
de ceux qui sont à leur niveau, mais
auprès de ceux qui marchent sur les sommets
de la vie chrétienne. Si l'isolement est la
part de la vie consacrée parce qu'elle
marche consciencieusement près de Dieu,
qu'il soit le bienvenu. Il en résultera une
communion plus intime avec le grand Isolé
qui a été le seul aide
véritable que le monde ait connu.
5. Souffrance
À la purification et à
l'isolement, est liée la souffrance. Il y en
aura plus ou moins dans toute vie livrée.
Tandis que l'homme nouveau demeure dans les lieux
célestes, le vieil homme est mis en croix et
doit y rester. La vie livrée a donc un
double aspect. Elle est liée au Christ
ressuscité d'une part, au Christ
crucifié de l'autre, en sorte que notre
expérience a un double caractère.
Dans le progrès constant de notre communion
au Christ, Dieu juge bon de s'occuper de notre
vieux moi aussi bien que de Christ qui vit en nous.
Crucifixion d'un côté,
résurrection de l'autre. Nous portons
à la fois sa croix et son joug. Nous
éprouvons la souffrance de la
première aussi bien que la douceur du
second. Le joug de l'obéissance est
aisé quand le moi est en croix. Mais avant
tout le moi souffre d'être crucifié,
et il faut qu'il en soit ainsi. Au temps de la
souffrance, quand Dieu agit en nous par la croix,
restons patients, car assurément
après l'épreuve une plus grande
puissance sera manifestée dans notre vie de
ressuscités avec Christ. Souvenons-nous
toujours que nous portons partout avec nous le
vieil homme à la place qui lui est due, la
croix, et que cette place où il meurt doit
nécessairement être pour lui un
endroit de souffrance. Quelle mesure de souffrance
faudra-t-il pour le bien de chacun d'entre
nous ? Dieu seul le sait et en décide.
À mesure que nous approchons davantage du
point culminant de notre communion avec le
Ressuscité, des mouvements subtils de notre
vie propre nous sont révélés
dont Dieu attend que nous les soumettions à
la croix. Ce fait même nous donne l'assurance
qu'à mesure « que nous portons
toujours avec nous la mort (acte de mourir) du
Seigneur Jésus, la vie de Jésus sera
aussi manifestée dans notre corps
mortel »
(II
Cor. IV, 10).
6. Service
Dieu ne manque pas d'appeler à son
service la vie qui lui est livrée. Ce
service est notre suprême privilège
ici-bas. Quand nous nous livrons au Seigneur, nous
nous mettons à sa disposition et
dorénavant « nous sommes ses
serviteurs ». Il serait bien
étrange de devenir serviteur sans trouver de
service. Si donc nous attendons avec patience, il
nous fera sûrement trouver l'oeuvre qui nous
a été préparée. Car
nous sommes membres de son corps et il
désire réaliser par nous sa
volonté envers un monde perdu. Ce ne sera
peut-être pas le service actif que nous nous
étions proposé. Peut-être
a-t-il pour nous un ministère de
prière, de patience et de souffrance en son
nom. Mais la forme de service la plus
élevée sera celle qu'il aura choisie,
quoi qu'elle puisse être pour nous.
Certainement l'éternité
révélera, si le temps ne le fait pas,
qu'en agissant ainsi nous avons glorifié
Dieu d'une manière parfaite.
L'enfant de Dieu consacré peut donc
en toute confiance attendre que Dieu lui
révèle l'oeuvre de sa vie et l'y
conduise. Sa force sera dans le repos et la
confiance, il ne sera pas confus. Le
ministère que Dieu lui a choisi de toute
éternité en Christ lui sera
peut-être révélé
brusquement comme un éclair, ou bien pas
à pas, d'une manière progressive, par
l'élargissement insensible d'un travail
accompli dans l'humilité jusqu'au moment
où l'oeuvre de sa vie se trouve devant lui.
Par la joie qu'il trouve à ce
ministère, par la manière dont il
s'adapte à ses facultés, par le
mouvement de ses pensées qui s'y reportent
sans cesse, par le sceau de succès que Dieu
y appose et le sentiment toujours plus
précis que Dieu l'y appelle, l'Esprit lui
donne l'assurance qu'il est bien à la place
voulue de Dieu. Bienheureux celui qui, ayant
entendu la voix de Jésus lui dire :
« Voilà le chemin,
marches-y », se charge joyeusement de son
joug pour aller avec lui jusqu'à ce qu'il
puisse dire, lui aussi : « J'ai fini
l'oeuvre que tu m'avais donnée à
faire. » Séparé de Dieu, il
ressemble à un vaisseau abandonné sur
l'Océan, flottant sans pilote, n'ayant ni
port ni but. Mais une fois livré à
Dieu et après avoir trouvé la place
qui lui est préparée, il avance comme
un vaisseau bien chargé, muni de sa
boussole, poussé par un vent
régulier, ayant sa route bien tracée
et voguant vers un port connu où la voix
aimée de son Maître réjouira
son coeur par un : « Cela va bien...
tu as été fidèle... je
t'établirai sur beaucoup. »
Je puis attendre tout cela de Dieu
après m'être livré à
lui. Mais qu'est-ce que Dieu est en droit
d'attendre de ma part dès que je suis son
serviteur consacré ?
a. Une marche fidèle dans la
foi
Je dois cesser de dépendre de
moi-même, pour me confier dorénavant
en Dieu et me reposer sur le Christ qui habite en
moi. J'ai appris qu'il n'y a pas un atome de vie
spirituelle en moi et que l'unique source de la vie
est dans le Fils de Dieu qui habite en moi par
l'Esprit. En dehors du Christ qui habite en moi, je
suis un indigent au point de vue spirituel. Le seul
grand axiome de ma vie nouvelle doit
être : Confie-toi au Christ qui est
en toi. Il est ma sagesse, ma vie, ma
lumière. Il m'affirme que l'Esprit qui
habite en moi a pris charge de ma personne.
L'Esprit guidera ; l'Esprit enseignera ;
il purifiera ; il révélera
Christ ; il me rendra capable de servir ;
il parlera par moi ; il accomplira par moi les
oeuvres de Dieu. Il fera en tous temps tout ce dont
ma vie a besoin pour croître en Christ.
Pendant mon ancienne vie, j'élaborais plans
et projets et je me tourmentais dans mon travail
journalier. Dans ma vie nouvelle, je remets tout
à Christ. Dans l'ancienne vie, je me fiais
à ma force, à mon jugement, à
ma sagesse. Dans la nouvelle, c'est à sa
force, à son jugement et à sa sagesse
que je me confie, je me repose en lui. C'est lui
qui a maintenant toute la charge. Les rênes
sont entre ses mains. Il est le maître, je
suis l'écolier : il est l'ouvrier, je
suis l'instrument ; il est le potier, je suis
l'argile. Je serai donc maintenant en la possession
et sous la direction de l'Esprit dans une mesure
qui m'était inconnue avant que j'eusse
renoncé à la possession de
moi-même. J'ai à présent devant
moi la plus grande leçon de l'école
de la foi, celle de me défier constamment de
moi-même en regardant toujours à
Jésus. Je ne compte plus sur moi pour rien,
mais sur lui pour tout. Je ne suis plus seulement
justifié par la foi, mais j'apprends
à réaliser que « le juste vit par la foi ».
Jésus-Christ dit : « Je
suis la vie ». C'est pourquoi je
regarde constamment à lui, je m'attends
à lui toujours, je vis en lui par la foi.
Le pécheur justifié dit :
« J'ai eu confiance et j'ai reçu
la vie par toi » ; celui qui s'est
livré dit : « J'ai confiance
et je compte constamment sur ta vie en
moi. » À sa déclaration
« je suis la vie », correspond
la mienne : « Seigneur, je vis par
la foi en toi. » Même la vie qui
anime les cieux est une vie de dépendance,
« un fleuve d'eau vive sortait du
trône de Dieu et de l'Agneau »
(Apoc.
XXII, 1). Si telle a
été la vie du Fils de Dieu, et que
telle doive être la vie des rachetés
dans les cieux, combien plus sera-ce ma vie
à moi, son faible enfant, sur la terre. Il
faut que mon Guide patient m'enseigne ligne par
ligne et paragraphe par paragraphe la leçon
si difficile de me défier constamment de ma
chair pour me confier constamment au Christ qui est
en moi. Il le fera à travers bien des fautes
et des bévues de ma part, mais il n'est
jamais las d'enseigner, et par sa grâce je
parviendrai certainement à apprendre et
à connaître quelque chose de
l'expérience bénie de l'homme de
Tarse, révélant son grand
secret : « Je vis dans la
foi »
(Gal.
II, 20).
b. L'accomplissement journalier de la
volonté de Dieu
Je dois accepter la volonté de Dieu.
Cette volonté de Dieu sera désormais
ma règle pour la direction de ma vie. Je
n'ai plus à me demander ce que j'aimerais
faire, mais ce que Dieu désire que je fasse.
Et dès lors la Parole de Dieu, comme
révélation de cette volonté,
prendra dans ma vie une place toute nouvelle.
J'accepte cette Parole comme lampe à mes
pieds et lumière sur mon sentier. Je
l'accepte, quelque contraire qu'elle soit à
ma pensée ou mon désir. Je l'accepte,
quoi qu'on fasse pour m'en dissuader. Quand cette
parole dit : « Aimez vos ennemis et
priez pour ceux qui vous outragent et vous
persécutent », je l'accepte et je
mets en pratique cette volonté de Dieu,
quelque absurde et impraticable qu'elle paraisse
aux yeux du monde. Quand cette Parole dit :
« Déchargez-vous sur lui de tous
vos soucis, car il a soin de vous »,
j'accepte cela comme sa volonté et je le
mets en pratique aussitôt. Quand cette Parole
dit : « Mon Dieu pourvoira à
tous vos besoins », j'abandonne toute
inquiétude en ce qui concerne mes besoins et
je m'attends à Dieu pour qu'il y pourvoie.
En étudiant la Parole de Dieu, je suis saisi
par telle vérité avec laquelle ma vie
de tous les jours n'est pas d'accord. Je n'ai pas
le droit d'avoir le moindre doute, mais je dois y
conformer immédiatement ma conduite.
Accepter ainsi la volonté de Dieu, telle
qu'elle est révélée dans sa
Parole et la faire passer dans sa vie est une
méthode qui remue jusqu'au fond le coeur de
l'enfant de Dieu consacré. Il favorise comme
rien autre ne peut le faire une croissance
spirituelle rapide. Il nous remplit
d'étonnement à la vue de la distance
qui s'étend entre notre vie et la
volonté de Dieu.
Je dois ensuite me soumettre
patiemment à la volonté de Dieu.
Être patient, signifie littéralement
« se tenir dessous ». Comme le
diamant brut reste sous la meule du polisseur, je
me tiens tranquille sous la main de Dieu quoi qu'il
m'arrive. À la place de l'expérience
spirituelle exaltante que j'attendais, il est
possible que je rencontre la souffrance, des
épreuves terribles, de mystérieuses
dispensations, des ténèbres, un
avenir incertain. Mon devoir alors est de me tenir
sous la main de Dieu en disant :
« Que ta volonté soit faite dans
les jours difficiles comme dans les
bons. » J'apprends à être
content en quelque état que je
me trouve. Combien n'y en a-t-il pas qui sont
disposés à se tenir sous la main de
Dieu pour le servir, mais pas pour être
purifiés. Ils sont prêts pour la
bataille, mais pas pour la fournaise ou pour la
forge. Prêts pour le ministère, ils ne
le sont pas pour supporter patiemment tout ce que
Dieu envoie ou permet dans leur vie. Et pourtant la
consécration consiste à se soumettre
au genre d'expérience choisi par Dieu comme
devant aider à notre éducation. Il
permit que son propre Fils fût soumis par
l'adversaire à des tentations terribles
dès le début de son ministère.
Le serviteur n'est pas plus grand que son
Maître. Dieu sait ce qui nous vaut le mieux.
Ainsi donc, j'ai à me soumettre à
tout ce qui m'arrive après ma
consécration, quelque inexplicable que soit
la chose et quelque difficile à supporter
que soit l'épreuve, car c'est ce qui vaut le
mieux pour ma purification et pour le
développement de ma vie chrétienne.
La circonstance présente, si pénible
qu'elle soit, sera entre les mains du Père
(si vous êtes consacré à
Christ), l'instrument le mieux approprié
pour vous ciseler pour l'éternité.
Ayez donc confiance et ne
repoussez
pas le ciseau tranchant de crainte de perdre le
fruit de son travail. Considérez combien
toute autre attitude est déraisonnable. Un
jour je me livre à Dieu pour faire sa
volonté plutôt que la mienne. Le
lendemain survient la tentation, l'épreuve,
la souffrance. Et voilà que, me
révoltant je doute de ma
consécration, de Dieu lui-même.
C'est-à-dire que moins de vingt-quatre
heures après avoir dit :
« Seigneur, non pas ma volonté,
mais la tienne », je romps le pacte fait
avec lui, parce qu'il est entré dans ma vie
quelque chose qui n'est pas « selon ma
volonté ». Rappelons-nous toujours
que le but suprême de la consécration
c'est précisément de vivre la
soumission que j'ai promise et que c'est là
exactement ce que je fais en me soumettant
patiemment à tout ce qui touche ma vie.
J'ai à faire la volonté
de Dieu. Si pour un contrat défini j'offre
mes services à un patron, il est simplement
honnête de ma part d'accomplir
fidèlement jour par jour la tâche
à laquelle je me suis engagé. La
consécration est-elle autre chose ?
C'est (voir chap. I) « le don volontaire
de nous-mêmes à Dieu pour faire sa
volonté au lieu de la
nôtre ». Je me suis engagé
à cela, que cela se fasse donc. Aucune autre
manière de faire ne serait honnête
vis-à-vis des hommes ; aucune autre ne
peut l'être à l'égard de Dieu.
Accepter, me soumettre et faire heure par heure sa
volonté, voilà quel sera
dorénavant l'unique but de ma vie. Le Fils
disait : « Ma nourriture est de
faire la volonté de celui qui m'a
envoyé. » Ce doit être la
nôtre aussi. Par elle, nous serons
fortifiés ; sans elle, nous deviendrons
faibles. Nous souvenant du but sublime de la vie du
Fils : « Voici, je viens pour faire
ta volonté », nous aussi, comme
des fils consacrés, nous marcherons vers ce
seul et suprême but de notre vie terrestre,
qui restera le but de notre vie éternelle
dans les âges à venir ;
« le monde passe avec ses convoitises,
mais celui qui fait la volonté de Dieu
demeure éternellement ».
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