Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

IV - Comment ?

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« Soyez fermes, inébranlables » (I Cor. XV, 58)
Celui qui met la main à la charrue et regarde derrière lui, n'est point propre pour le royaume de Dieu Luc IX, 62).
Ne crains point, crois seulement (Marc V, 36).


1. Soyez précis
Aussi bien à l'horizon de nos montagnes qu'au rivage de nos mers, il est une ligne de démarcation bien nette. Que la consécration qui sépare la vieille vie égoïste de la nouvelle vie livrée à Dieu soit aussi bien définie. Peut-être sommes-nous arrivés à ce moment par une longue série d'événements et de manifestations de la bonté divine. Mais quand l'appel se fait entendre clairement, quand la bataille s'engage, une décision s'impose. Livrons-nous sans réserve, ou bien assumons la solennelle responsabilité d'un refus. Plusieurs hésitent et marchandent avec la vérité, se persuadant que leur indécision n'est pas un refus. Et pourtant, l'un vaut l'autre. La conscience desséchée et engourdie est atteinte dans ses forces vives. Il arrive un moment où éluder une décision équivaut à un refus de notre part. Tranchons la question comme il convient à une être immortelle rachetée par Jésus-Christ et mise en présence de toutes les exigences du Maître. Examinons, réfléchissons, mais ensuite prenons notre décision d'une manière irrévocable. Il est précieux d'avoir un souvenir précis de la date et de l'importance de cette transaction avec le Seigneur. Ce sera un moyen puissant pour nous raffermir plus tard dans les temps d'épreuve.


2. Ayons confiance
Si nous nous confions à un médecin en cas de maladie, et que nous nous soumettions à son traitement, à plus forte raison devons-nous être patients lorsque Dieu agit en nous. Nous ne parvenons pas d'un bond à la stature parfaite de Jésus-Christ. On ne détrône pas le moi d'un seul coup de main. L'oeuvre de notre renoncement ne devient parfaite que si nous portons notre croix jour après jour (Luc IX, 23). Nous ne saisissons pas d'emblée toute la portée de notre consécration, et la révélation de tout notre égoïsme ne nous est pas donnée en une seule fois. Notre coeur se briserait de désespoir s'il nous arrivait de nous voir tout à coup tels que nous sommes. Ce n'est pas en un instant, en un mois, en un an, que nous percevons la pleine lumière de la Parole de Dieu, la pleine connaissance de sa volonté. Il a bien promis de nous « guider dans toute la vérité », mais non pas en une fois. C'est pourquoi soyons confiants, patients. Il nous connaît comme nous ne nous connaîtrons jamais nous-mêmes. Il y a en nous mille choses dont la présence empêche que notre purification soit une affaire de peu de temps. Ayons confiance, toutes choses seront menées à bien en leur temps.


3. Ne faisons pas de réserves
Que notre acte de consécration à Dieu pénètre tous nos intérêts, tous nos plans, toutes nos capacités, tout notre être. Qu'une pointe du compas soit plantée bien au centre, dans le coeur et la volonté et que l'autre trace la ligne comprenant l'horizon le plus lointain. Comme il n'y a dans nos vies aucun détail trop infime pour l'attention du Dieu d'amour, il n'y a rien non plus qui ne mérite de lui être consacré. Sans doute, Dieu ne nous demande pas de tout savoir, il nous demande d'être sincères. Il n'exige pas que nous voyions à la fois toutes les conséquences impliquées dans l'acte de notre consécration. Le Dieu miséricordieux dont le culte comprenait des sacrifices pour les péchés ignorés, use de douceur à l'égard de l'ignorance de ses enfants. Ce qu'il nous demande, c'est de lui livrer consciencieusement tout ce dont nous avons connaissance, et de lui abandonner aussi avec confiance tout ce qui pourrait nous être montré dans l'avenir comme étant impliqué dans notre acte de consécration. Soyons attentifs à lui appartenir complètement, et « si en quelque chose nous sommes d'un autre sentiment, Dieu nous le révélera aussi ». Si donc notre coeur est droit dans ses intentions et dans ses actes, ne craignons pas que Dieu refuse notre consécration parce que nous n'en aurions pas entrevu toute la portée. Notre Dieu n'est ni déraisonnable ni arbitraire, mais tendre, rempli de bonté et de compassion. La consécration de notre vie, faite d'un coeur sincère, avec les lumières dont nous disposons, est une offrande que Dieu juge acceptable.

Mais prenons garde de ne rien retenir le sachant et le voulant, que notre acte de renonciation ne contienne aucune exception suggérée par le moi, aucune résistance consciente à la volonté de Dieu. Quand nous nous disons en nous-mêmes « Je puis dire oui à Dieu, je puis lui soumettre ma volonté, je puis me confier en lui pour toutes choses, sauf celle-ci », nous pouvons être sûrs que c'est précisément cette chose-là qui nous occasionnera un désastre spirituel. II peut paraître insignifiant qu'un enfant refuse à sa mère de ramasser un objet qu'il a violemment jeté à terre, mais l'esprit de désobéissance que ce refus révèle est une chose grave, qui rompt la communion entre la mère et l'enfant, et fait une brèche irréparable dans le caractère de celui-ci. De même telle réserve que nous pourrions faire quand nous livrons notre vie à Dieu peut paraître insignifiante, mais c'est la défiance et l'insoumission dont elle est l'expression qui sont fatales à nos relations avec Dieu, et nous priveront de la manifestation de son Esprit en nous. Il faut peu de chose pour arrêter un rayon de soleil, mais ce peu de chose est loin d'être une bagatelle. De même une petite réserve faite dans nos coeurs suffit pour nous ôter la plénitude de Dieu, si essentielle à l'âme.

Par une nuit d'orage et de tempête, les habitants d'une petite ville de la côte de la Nouvelle-Angleterre virent une chose étrange en regardant le phare dans l'obscurité. La cloche d'alarme fit entendre des accents de détresse, et l'on aperçut soudain la lumière du phare changer rapidement de place, rester un instant comme suspendue au-dessus des flots, puis décrire un arc et disparaître dans la mer en tourmente avec le phare et ses habitants solitaires. Le matin révéla le secret de cette catastrophe. Les gardiens avaient quelque temps auparavant fixé un gros câble entre le sommet du phare et les rochers de la côte pour hisser plus facilement leurs provisions. Quand l'orage s'éleva cette nuit-là, des vagues énormes frappèrent la haussière de coups si redoutables que la charpente métallique fut ébranlée par l'effort ; le phare chancela et fut entraîné à sa ruine. Une seule ligne d'attache avait accompli l'oeuvre de mort. Une seule exception dans notre consécration à Dieu peut produire les mêmes ravages. Si nous sommes sauvés, elle n'entraînera pas notre âme à la ruine. Mais elle peut arrêter Dieu dans la réalisation de ses desseins de plénitude, en sorte que notre bateau, sans faire naufrage, entre dans le port de l'éternité comme une pauvre barque vide, alors qu'il eût pu s'avancer comme un vaisseau richement chargé.


4. Ne revenons pas en arrière

Un acte de transfert est irrévocable. Que notre consécration le soit aussi ; qu'il ne soit jamais nécessaire de la renouveler, parce qu'elle n'aura jamais été mise en question. Une jeune fille étourdie se plaît à chicaner l'enfant confié à sa garde en lui montrant un objet qu'elle retire au moment où il veut le saisir. Cela se répète tant de fois que l'enfant ne sait plus s'il aura l'objet ou pas. Il y a des efforts de consécration qui sont aussi peu sincères. Nous paraissons offrir notre vie à Dieu, mais dès qu'il veut en prendre possession, nous la retirons brusquement, pour renouveler encore et l'offre et le retrait. Que toute vie soit offerte à Dieu sans aucune pensée de retour en arrière ; autrement notre sincérité sera mise en doute. Quand notre vie a été réellement livrée à Dieu, on ne parle jamais de reconsécration, et un enfant de Dieu vraiment consacré ne doit pas avoir à se consacrer à nouveau toutes les semaines ou tous les mois. Toutes les fois qu'il le fait, il jette un doute sur la réalité de la transaction par laquelle il s'est livré à Dieu une fois pour toutes. Ce que nous avons à faire non pas toutes les semaines et tous les mois, mais journellement et à toute heure, c'est de nous dire : « Seigneur, je t'appartiens pour toujours, ne permets pas que j'en doute ou que je l'oublie. » Voilà un joli trait de Brengel, le fameux commentateur. Il avait travaillé tout le jour sur le Livre des livres. Le soir venu, un de ses étudiants l'observa pour voir quelle serait sa fidélité à faire ses dévotions malgré sa fatigue. Vers minuit, il vit le saint homme fermer son livre et se rendre au repos avec ses simples paroles : « Seigneur, tu sais que nos vieilles relations sont toujours les mêmes. » C'est ainsi que, serviteurs de Dieu, nous devrions jour par jour pouvoir lever la face vers celle de notre Maître en lui disant : « Seigneur, tu le sais, nos relations sont toujours les mêmes ; je suis à toi, tu es à moi pour toujours. »


5. Soyons inébranlables
Veillons à ce que nos meilleurs amis n'ébranlent pas notre fermeté. Souvent nous restons forts et décidés en face des assauts manifestes de l'ennemi, mais notre coeur chancelle et notre âme s'épouvante quand notre chemin est traversé par l'ombre angoissante de divisions et de dissentiments avec ceux-là même dont l'approbation et l'affection nous sont surtout précieuses. C'est ici que la tentation est dangereuse et que plusieurs font des chutes désastreuses. L'épouse qui était prête à tout sacrifier pour le Seigneur s'effraie à la pensée de la barrière qu'une vie entièrement consacrée pourrait élever entre elle et son mari. Le mari, qui semblait prêt à tout mettre aux pieds de Christ, n'ose plus dire tout quand il réfléchit que sa bien-aimée va peut-être se détourner de lui. L'épreuve paraît trop dure. C'en est trop pour la chair et le sang de trouver des ennemis dans sa propre famille, et les liens du sang portent ainsi atteinte à une fidélité envers Christ qui devrait n'avoir aucune limite. Tout cela vient du malin, ainsi que nous le voyons par la réponse de Jésus à son disciple bien-aimé qui cherche à le détourner du chemin de la croix : « Arrière de moi, Satan ».

La ruse du tentateur consiste simplement à employer les liens les plus tendres de la nature pour nous entraîner loin de Dieu. Et notez que nos compromis manquent toujours leur but. La femme chrétienne qui consent au jeu ou à la danse dans l'espoir de gagner de l'influence sur son mari, prend le chemin le plus sûr pour la perdre. Le seul espoir qu'elle ait d'élever son mari à une vie consacrée, c'est de lui montrer combien une vie semblable à de valeur à ses yeux. Ce qui, en effet, pourra le mieux convaincre un homme du prix de cette vie, c'est de voir que sa femme n'en veut pas faire le sacrifice, par même sur l'autel de l'affection conjugale. Cette vie, au contraire, est rabaissée et déshonorée à ses yeux quand il voit que sa compagne n'y tient pas par-dessus tout. « Ce qu'elle lâche si facilement, se dira-t-il, est sûrement de si peu de valeur que ce n'est pas la peine de le rechercher. » Après tout, le joyau de sa couronne spirituelle est falsifié. Le respect se perd et l'influence s'en va. C'est ainsi que le compromis tourne à un contraire. Il est des coeurs qui ont fait cette expérience à leur indicible chagrin. Par contre, très nombreux sont les cas où une loyauté à toute épreuve envers Dieu a servi à lui amener un bien-aimé.

Quelle ne sera pas notre douleur d'apprendre un jour que notre manque de fidélité a été exploité par l'Ennemi et a causé le naufrage, ou tout au moins la médiocrité d'une vie qui nous était chère. Nous connaissons une femme qui, aujourd'hui, rejette Jésus-Christ avec obstination, parce qu'elle préférait être perdue avec son mari que sauvée sans lui. Que ce sera terrible pour elle de reconnaître dans l'éternité que si elle avait été obéissante, son mari eût suivi, lui aussi, le Seigneur ! Ils sont nombreux, les hommes et les femmes qui auraient défendu l'étendard d'une vie livrée contre tout autre ennemi, mais qui l'ont laissé choir dans la poussière parce qu'ils n'ont pas osé lutter dans leur propre maison. Celui qui ne prend pas soin des siens, est pire qu'un infidèle. « mais celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n'est pas digne de moi. » Soyons fidèles à Dieu, quoi qu'il en coûte. Dieu se charge des conséquences de notre obéissance.

Vous qui, dans le cercle de famille, restez fidèles, gentiment et tendrement, mais avec une ténacité inébranlable, sachez que vous faites la seule chose qui puisse élever vos bien-aimés à une vie spirituelle véritable. Ne craignez rien, soyez patients, remplis d'amour, et la victoire qui sort de la prière et de l'obéissance, après s'être fait un peu attendre, sera d'autant plus complète et plus glorieuse quand elle se manifestera.


6. Ayons une grande espérance
Un jeune homme à la fleur de l'âge se mourait de consomption. Il avait passé loin de Christ ses années de force et de santé, mais peu avant sa dernière maladie, il avait donné son coeur à Dieu, dont la longue patience l'avait vaincu. Ses derniers jours furent remplis d'une confiance enfantine, d'une paix complète, rares chez quelqu'un de si jeune. Un jour qu'il avait pu quitter sa chambre, un ami lui dit que Dieu lui ferait peut-être retrouver force et santé. « Ah ! frère, répondit-il le visage rayonnant de joie à cette pensée, qu'il ferait bon vivre maintenant ! »

Après les années passées loin du Seigneur et après l'expérience de la rédemption de son âme, la pensée de vivre pour Christ plutôt que pour lui-même, remplissait le coeur du jeune homme mourant d'un intense désir qui ne pouvait plus se réaliser ici-bas.

Bien-aimés, après des années de déceptions, de projets qui ont échoué, de recherche de nous-mêmes, après avoir suivi le Seigneur de loin et nous être révoltés contre la main qui frappait, nous finissons par arriver au renoncement et nous nous livrons au Seigneur, au Maître de notre vie, qui pendant tout ce temps plaidait avec insistance pour la possession de notre coeur. C'est alors avec un joyeux assentiment que nous répétons les mots du jeune garçon mourant : « Qu'il fait bon vivre maintenant ! » O toi qui es troublé, épouvanté, désorienté, sois sûr que si ta vie a été toute de discorde et de dissonance, c'est uniquement parce que tu étais hors du centre, c'est-à-dire de Christ. Mais maintenant que ta volonté rebelle s'est livrée et que tu trouves celle du Seigneur « bonne, agréable, parfaite », maintenant que tu connais la paix en Dieu aussi bien que la paix avec Dieu, maintenant que tu as trouvé le plan de ta vie qu'il avait préparé de toute éternité et que, joyeusement, tu obéis à l'ordre qu'il donnait à Daniel : « Toi, va à ton lot » ; maintenant que « vivre c'est Christ et que mourir est un gain, qu'il fait bon vivre maintenant ! » C'est pourquoi sois plein d'espérance. Bien que tes progrès vers la ressemblance parfaite de Christ soient lents et que tu t'effraies en constatant de plus en plus la puissance de la chair ; bien que la consécration de ta vie dépasse ce que tu avais pensé ; bien que le sommet de la vie chrétienne semble s'élever toujours plus haut et te paraisse inaccessible, malgré tout, espère. Dieu est à l'oeuvre, il guide, il taille, il transforme. Il arrive à son but mieux que jamais. Regarde en arrière, aux jours qui se sont écoulés depuis que tu t'es livré à lui et réjouis-toi du progrès réel de sa vie en toi. Tu n'es pas encore où tu voudrais ? Non, certes, et tu n'es pas non plus là où il désire te voir. Mais il est fidèle. Toi, espère, et il te fera parvenir à la place, à la puissance et au repos préparés de toute éternité en Christ pour toi.

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