Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

III - Pourquoi ?

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 « Je vous exhorte donc, mes frères, par les compassions de Dieu que vous offriez vos corps en sacrifice vivant, saint et agréable » (Rom. XII, 1). « Le Seigneur a besoin de toi » (Luc XIX, 34).

Pourquoi reconnaître le droit de Christ ? Pourquoi écouter son appel ? Pourquoi répondre à sa demande de lui livrer nos vies ? Parce que la consécration est la réponse à son amour et parce qu'il a besoin de nous.


1. C'est la réponse à son amour
Dans la petite chapelle d'un village d'Europe, se trouve une peinture du Christ. Son auteur fut un enfant de Dieu racheté d'une vie de folie et de péché par le sang de Christ. Pendant qu'il travaillait à cette peinture, l'âme de l'artiste fut à tel point inondée d'amour pour son Sauveur, que tous les traits de la figure de l'Homme-Dieu, l'expression de son visage et l'ensemble du tableau, exprimèrent comme nulle autre peinture ne le fit jamais : l'amour, l'amour, l'amour divin. Au bas du tableau, se lisaient ces mots :

Voilà ce que j'ai fait pour toi, Et toi, que fais-tu pour moi.

Un jour d'été, un jeune noble s'aventura dans la petite église. Son attention fut attirée par la peinture dans laquelle l'Esprit de Dieu avait, par les mains de l'artiste, mis le sceau de son amour. À mesure qu'il se pénétra de l'expression de cet amour, qu'il vit les mains percées, le front sanglant, le côté ouvert de Jésus, qu'il épela lentement les deux vers :

Voilà ce que j'ai fait pour toi, Et toi, que fais-tu pour moi

il eut une nouvelle intuition des droits de Jésus-Christ sur toute vie qui participe à sa grâce. Heure après heure ses regards s'arrêtèrent sur l'Homme de douleur. Au déclin du jour, les rayons attardés du soleil couchant caressaient encore le corps incliné de Zinzendorf, dont les pleurs et les sanglots semblaient impuissants à exprimer ce qu'il éprouvait pour celui qui avait sauvé son âme et gagné son coeur. Quittant la petite chapelle, il entreprit cette oeuvre merveilleuse des missions moraves, qui semble incarner mieux qu'aucune autre mission l'amour de Christ pour un monde perdu.

Croyant, est-ce que tu as eu cette vision du Christ souffrant, de celui qui a donné sa vie pour gagner ton coeur ? Et dès lors, la passion pour lui a-t-elle consumé ta vie ? Il t'a aimé jusqu'à la mort. Cette grande nouvelle a-t-elle produit en toi plus que la joie du salut, une consécration pleine et entière ?

Après avoir accepté son pardon, as-tu joyeusement reconnu son droit de propriété sur toi ? Est-il dans ta vie aussi bien le roi couronné que l'agneau immolé ?

Tu as participé à de grandes réunions de réveil, où toutes les influences se sont unies pour persuader les hommes d'accepter le salut. Le prédicateur a fait entendre son message avec puissance à la multitude assemblée. Les prières se sont transformées en cris d'angoisse pour le salut des pécheurs. Les chants sont saisissants. Et alors, toi qui te courbais sous toutes ces puissantes influences, tu t'es étonné de voir des hommes et des femmes qui restaient là indécis et insensibles.
Mais toi, enfant de Dieu, es-tu plus excusable qu'eux ? Toi, qui juges les autres, « tu te condamnes toi-même ».
Ces hommes et ces femmes qui paraissent insensibles ont-ils comme toi fait l'expérience de la miséricorde divine ? Ont-ils comme toi été arrachés à une condamnation affreuse par le Sauveur en croix ? Les joies et les bénédictions du ciel se sont-elles ouvertes devant eux comme devant toi ? Leurs âmes, rougies par le péché, ont-elles comme la tienne été blanchies comme la neige ? Est-ce qu'ils ont senti comme toi le tendre attouchement de sa main ? Est-ce qu'ils ont entendu la douce assurance de son pardon ? Ont-ils comme toi goûté sa paix ineffable par la vision de son agonie et de sa mort expiatoire ? Bien-aimé, si le refus du pécheur de renoncer au mal, quand il y est sollicité par l'Esprit, constitue une responsabilité solennelle, le refus du croyant de livrer sa vie après avoir fait l'expérience de toutes les miséricordes de Dieu, ne serait-il pas encore plus triste et plus funeste ? Si le pécheur est coupable en résistant obstinément au Christ qui veut le sauver, ne le sommes-nous pas bien davantage, nous qui, sauvés par lui, refusons de nous laisser employer pour le salut d'autrui ?
Avec quelle insistance ne nous presse-t-il pas de nous livrer à lui ! Avec quelle tendresse il nous sollicite : « Je vous exhorte, frères, par les compassions de Dieu, que vous offriez vos corps en sacrifice ! » Ce n'est pas l'homme, ce n'est pas Paul, c'est Jésus lui-même qui supplie ses frères par la voix d'un homme de lui livrer leurs vies dont il a besoin pour son oeuvre. Représentez-vous qu'il entre ce soir à la réunion. Tandis que nous sommes assis dans le désir et dans l'attente d'une bénédiction, la porte s'ouvre, c'est lui qui entre. Et le voilà qui s'avance, lui dont la présence était autrefois si familière au peuple sur les rivages galiléens, dans les rues de Jérusalem et dans les fêtes nationales. Il se lève tranquillement et se tourne vers nous. Jésus ! C'est ce doux sourire qui réjouissait ses auditeurs il y a deux mille ans : c'est sa voix familière qui fait vibrer les cordes les plus profondes de notre âme par des paroles de vie et de paix ; c'est ce même regard, celui de l'homme de douleur, plein de compassion et de tendresse infinie. Comme les coeurs battent remplis de sa présence

Et alors c'est une prière d'humiliation qui en sort ; nous sommes pressés d'implorer son pardon pour notre tiédeur dont nous rougissons ; nous le supplions d'oublier notre indifférence et notre égoïsme qui nous remplissent de confusion et de remords. Nous nous demandons s'il pourra pardonner notre négligence à proclamer sa grâce aux païens, négligence qui prend maintenant à nos yeux l'aspect d'un crime épouvantable. Mais tandis que nous sommes accablés sous le poids de notre méchanceté, de notre mondanité et de notre incrédulité, et que nos lèvres essaient péniblement de se mouvoir, tandis que nos genoux fléchissent... ô miracle ! Nos yeux nous trompent-ils ? Lui, le Roi, le Seigneur, le Créateur, c'est lui qui nous supplie, nous ses sujets, ses serviteurs, ses créatures ! Étendant ses mains percées, touchant son front meurtri, montrant la plaie à son côté, c'est lui qui nous dit : « Enfants de Dieu, je vous supplie ! Au nom des hommes qui meurent, au nom du temps qui s'écoule, au nom de la folie de ce monde, au nom des besoins intimes de votre coeur, par mon sang versé pour vous, par la mort que j'ai subie pour vous, par ma résurrection qui est votre vie, par la gloire qui vous est préparée, je vous supplie d'offrir vos corps en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu. »

Malheur à ceux qui ne veulent pas l'accepter comme Sauveur. Mais deux fois malheur à ceux qui, lavés dans le sang de la rédemption, couverts de la colère de Dieu par son corps meurtri, vivifiés par la vertu de sa résurrection, refusent de se livrer à leur Seigneur. Comment, à la vision de son amour, nos yeux peuvent-ils être assez aveuglés, nos oreilles assez sourdes, nos coeurs assez fermés, pour ne pas répondre par le sacrifice vivant de tout notre être. Quel ne sera pas notre étonnement à la vue de nos vies perdues, parce que gardées égoïstement, quand au grand jour des rétributions, nous nous tiendrons devant celui qui vida pour nous jusqu'au fond la coupe de la souffrance. La gloire même qui nous enveloppera ne sera-t-elle pas, en même temps qu'une attestation de sa grâce, un reproche terrible de ne pas avoir répondu à cette grâce par une pleine consécration ? Ressuscités avec lui, participant à sa magnificence et à sa royauté, nous serons aussi appelés à juger le monde, et avec quelle confusion ne devrons-nous pas nous juger nous-mêmes ? Jetant un regard en arrière sur notre vie non consacrée, nous la verrons alors comme il la voit lui-même et nous devrons nous associer au jugement solennel prononcé sur toutes nos lâchetés. Pensée effrayante ! « Mais si nous nous jugions maintenant nous-mêmes, nous ne serions pas jugés. » Tranchons donc aujourd'hui cette question, et cela à la lumière de l'éternité, à laquelle nous devrons la juger alors. « Ayant que vienne la nuit, mettons notre vie aux pieds de Celui qui nous a aimés et nous a lavés de nos péchés dans son sang et nous a faits rois et sacrificateurs à Dieu son Père. »


2. II a besoin de nous
Le Seigneur a besoin de toi qu'il a sauvé. Le commerce, avec son cortège de bruit, de fièvre et de fatigue, met la main sur le chrétien et lui dit avec autorité : « J'ai besoin de toi. Il faut que tu peines, que tu combines, travailles, amasses, que tu meures à mon service. » La société aussi affirme ses droits : « J'ai besoin de ton esprit, de tes talents, de ta beauté et de tout ce qui brille dans le monde élégant ; en échange, si tu te livres à moi, je te donnerai des jouissances illimitées. » Notre profession vient ensuite : « donne-toi entièrement à la vocation que tu as choisie, et, si tu m'écoutes, je satisferais tes plus hautes ambitions. » Mais voici une autre voix qui nous arrive à travers vingt siècles de distance. Cette voix, aussi vraie aujourd'hui que jamais, s'adresse tendrement aux enfants de Dieu à l'heure où ils constatent que ni la richesse, ni le plaisir, ni l'ambition n'ont satisfait leurs coeurs : « Le Seigneur a besoin de toi. » Supposez que vous soyez absent de la maison, entraîné par les affaires, par les plaisirs ou par votre activité professionnelle et qu'un message pressant vous apprenne que votre femme est à la mort et vous réclame auprès d'elle. Aucun de tous les intérêts qui vous sollicitaient ne vous empêchera de répondre à la voix impérieuse des circonstances. Votre coeur, l'habile artiste, aurait vite fait de vous représenter l'affectueuse angoisse de votre bien-aimée et le message : « Celle que tu aimes est malade », vous aurait bien vite amené à son chevet. Malgré tous les intérêts divers qui réclament votre vie, vous ne pouvez échapper à ce grand fait que le Seigneur que vous aimez a besoin de vous.

Que nous ayons besoin du Seigneur, cela ne fait pas de doute. C'est ce que nous chantons, et c'est aussi ce dont nous faisons l'expérience : « Chaque jour, à chaque heure, oh ! j'ai besoin de toi. » Nous avons besoin de lui pour recevoir la lumière, le secours, la paix, la puissance, la victoire. Mais que, lui, il puisse avoir besoin de nous, quel sujet d'étonnement ! Et pourtant, c'est bien vrai. « Je suis le cep, vous êtes les sarments », c'est son message. En avons-nous compris toute la portée ? Il est clair que les sarments ont besoin du cep qui est la source de leur vie. C'est de lui qu'ils tirent sans interruption le filet imperceptible de sève vivifiante qui nourrit et produit la feuille, la fleur et le fruit. Sans lui, ils ne pourraient rien faire. Séparés du cep, les sarments sèchent et meurent. Mais n'est-il pas vrai aussi que le cep a besoin des sarments ? Car le cep porte ses fruits par le moyen des sarments ; il ne peut rien faire sans eux. Jamais on ne verra une grappe sur le tronc, toujours sur les sarments. « Je vous ai choisis afin que vous alliez et que vous portiez du fruit et que votre fruit soit permanent. » Christ est le vrai cep, le cep vivant. II est la source de tout ce qu'il nous faut. Mais il porte son fruit par nous. Il a besoin de nous pour porter du fruit, comme nous avons besoin de lui pour vivre. Il ne peut se passer de nous.

Parfois une grande treille a poussé derrière le mur d'un château. De dehors, aucun oeil ne perçoit le tronc robuste, caché dans la riche terre du jardin. Mais il se révèle et réjouit l'oeil du passant par des centaines de branches qui couvrent le mur d'une profusion de feuillage, de fleurs et de fruits savoureux. Le cep est la source de la vie des branches, les branches sont l'expression de la vie du cep. C'est ainsi que Christ est le cep divin. Il est caché derrière le voile qui sépare le monde visible de l'invisible et notre vie est « cachée avec lui en Dieu ». Les hommes ne le voient pas. La tête du corps est dans le ciel, nous, les membres, nous sommes sur la terre. Il faut donc que le cep caché se fasse connaître par ses branches chargées de fruit. Jésus-Christ ne vient plus comme autrefois dans les rues, dans les synagogues et dans les campagnes prêcher la bonne nouvelle de l'Évangile, il veut le faire par nous. Il ne soulage plus les malades et les affligés de ses propres mains, il a besoin des nôtres pour le faire. Il n'est plus là pour avertir les impénitents, consoler les affligés, fortifier les découragés par des paroles sortant de ses lèvres, il désire le faire par nous, ses membres et ses branches.

C'est de toi que le Seigneur a besoin. Pour faire son entrée triomphale à Jérusalem, Jésus eût pu choisir un carrosse magnifique et des chevaux de grand prix. Mais il choisit la monture la plus humble. Ce n'est pas faute de mieux qu'il se servit d'un ânon, il l'a choisi afin d'accomplir les Écritures. De même, « Dieu a choisi les choses folles.., et Dieu a choisi les choses faibles... et Dieu a choisi les choses viles du monde et les plus méprisées » (I Cor. I, 26). Ce sont ceux qui ne sont rien qui sont choisis de Dieu. Il ne choisit les sages et les nobles que quand ils consentent à n'être rien. Il peut faire plus avec un rien qui lui est consacré qu'avec la magnificence qui se complaît en elle-même. Et c'est ainsi que nous pouvons vous dire aujourd'hui : « Vous, serviteurs qui n'avez qu'un talent, vous qui pensez que les autres sont propres au service de Dieu, mais pas vous-mêmes, vous qui tremblez à chaque appel, vous, les faibles, c'est de vous que le Seigneur a besoin. » Vous êtes bien véritablement ceux que Dieu a choisis, si vous consentez à vous placer entre ses mains dans cet esprit d'anéantissement dont nous devons être animés pour que nulle chair ne se glorifie devant lui. Approprions-nous cette vérité précieuse et plaçons-nous dans la main de celui qui peut ébranler les montagnes avec le plus faible instrument. Et alors, que nous soyons dans la rue, ou en prière dans notre bureau, à nos affaires ou penchés sur la parole de Dieu, qu'il sera doux de nous répéter à nous ? mêmes : « Le Seigneur a besoin de moi ; oui, le Seigneur des cieux et de la terre a besoin de moi ! » Et ce sera avec joie que nous livrerons nos vies à celui qui condescend à nous associer à son travail pour le temps et l'éternité.

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