« Demeurez
en moi,
et moi en vous. Comme le sarment ne saurait, de
lui-même porter du fruit, s'il ne demeure
attaché au cep, de même vous n'en
pouvez porter, si vous ne demeurez en moi.
(Jean
XV, 4). »
« Celui
qui demeure....
porte beaucoup de fruit.
(Jean
XV,
5). »
Nous arrivons maintenant au dernier des trois
secrets du Saint-Esprit. On en reconnaîtra
l'importance par l'expérience
caractéristique suivante qui n'est pas rare
parmi lès chrétiens. Un enfant de
Dieu, sous l'influence du Saint-Esprit, voit les
droits de Dieu sur sa vie, et la dépose
à ses pieds en sacrifice vivant. En retour
de sa consécration, Dieu lui accorde une
plénitude de puissance et de vie spirituelle
qui dépasse ses plus chères
espérances et dont son âme se
réjouit. La présence de l'Esprit dans
son coeur est si manifeste, qu'il lui semble avoir
atteint un nouvel état de puissance
spirituelle qui jamais ne s'affaiblira. Mais peu
à peu un changement se produit.
L'éclat paraît s'obscurcir ; la
puissance commence à décliner ;
la manifestation s'amoindrit. Il continue encore
à « s'attribuer » une
grâce perdue, à appeler sien ce qu'il
ne possède plus, dans l'espoir de faire revenir la
bénédiction. Puis il s'abat dans le
désespoir, finit par ne parler de tout cela
que comme d'une expérience disparue, d'une
bénédiction dont il jouissait
autrefois, mais qui s'est maintenant
évanouie. Qu'est-il arrivé ? Ce
n'est pas que l'Esprit ait cessé d'habiter
dans ce croyant ; mais il a cessé de se
manifester dans sa plénitude. Il n'est pas
ici question de présence perdue, mais
de manifestation perdue. Ce n'est pas celui
qui bénit, c'est la
bénédiction qui est
partie.
La manifestation de la
plénitude de l'Esprit a été ce
qu'il fallait quant à sa nature et
à son degré, mais non pas
quant à sa permanence. La continuité lui a fait
défaut : elle a disparu lentement comme
la rougeur crépusculaire d'un coucher de
soleil :
Et pourquoi ?
1. Jean
XIV, 21, Christ
établit les conditions
générales, de la manifestation de
l'Esprit, lorsqu'il dit :
« Celui qui a mes commandements et qui
les garde .... je me manifesterai à
lui. »
Parlant clairement ici de la
manifestation de lui-même par l'Esprit, il
déclare comme vérité
universelle que la condition de cette
manifestation, c'est de garder ses commandements,
et il entend par là, non les commandements
de la loi, mais ceux de la grâce, - la foi et
l'amour, - qui sont l'accomplissement de la loi. En
d'autres termes, Christ affirme simplement que la manifestation de
Dieu est pour celui qui fait
la volonté de Dieu.
Ainsi, quand l'homme était un
pécheur, la volonté de Dieu à
son égard comme à l'égard de
tout perdu, était qu'il se repentît et
crût au Seigneur
Jésus-Christ pour le salut de son âme.
Il le fit, et reçut, lors de sa conversion,
l'Esprit, qui demeure en lui pour toujours, comme
nous l'avons vu. Plus tard il reconnaît en
lui une vie égoïste ennemie de la vie
de Dieu, une vie du moi qui s'oppose à la
volonté divine. La volonté de Dieu
est qu'il abandonne cette vie du moi, et qu'il se
livre complètement à Dieu. Cela
aussi, il le fait, et immédiatement il
reçoit, lors de sa consécration, une
puissante manifestation de Dieu, par la
plénitude de cet Esprit qui
déjà demeurait en lui. À ces
deux actes de soumission, Dieu a répondu en
se manifestant au croyant comme il l'avait
promis.
Au lieu d'en rester là,
réclamant cette bénédiction et
essayant de vivre sur cette expérience, le
croyant aurait dû se hâter de saisir la
vérité suivante : Puisque la
manifestation de l'Esprit est pour celui qui fait
la volonté de Dieu, la manifestation PERMANENTE de
l'Esprit est seulement
pour
celui qui fait CONTINUELLEMENT la volonté de
Dieu. La permanence de la manifestation ne peut
venir que d'une soumission continuelle,
d'une vie journalière conforme
à la volonté de Dieu.
Ainsi la consécration
de
la vie n'est qu'un commencement. Il faut
que cet acte de consécration s'incarne dans
une vie de consécration, pour que la
bénédiction première devienne
une bénédiction continue. La
consécration est le point de départ,
plutôt que le point d'arrivée à
la plénitude de l'Esprit. Ce n'est pas une
étoile qui, une fois fixée, illumine
notre vie de son rayonnement sans que nous prenions
jamais soin
d'elle ; c'est une porte d'entrée qu'il
faut constamment tenir ouverte si nous voulons que
la lumière pénètre chez nous
continuellement. Voilà justement où a
manqué le croyant qui déplore son
« expérience perdue ».
Il a connu le premier et le second secret du
Saint-Esprit, mais non pas le troisième et
dernier. Il a reçu le Saint-Esprit
par son union avec Christ, il a
été rempli du Saint-Esprit par sa consécration à
Christ ; mais il ignore la constante
manifestation de cet Esprit, en demeurant en Christ. Il
a vu le point
d'arrivée de l'expérience
chrétienne dans la consécration, au lieu de le voir dans
le fait de demeurer en Christ. Il a
reçu « la
plénitude » ; il a
possédé « la seconde
bénédiction » ; il a
été « rendu
parfait » ; et alors il a fait ce
qu'il n'est permis de faire à nul mortel, il
s'est arrêté, s'est reposé sur
une expérience soi-disant acquise.
Désirant retenir « la
bénédiction » reçue,
il lui manque la connaissance du secret final et
suprême par lequel on la retient, le secret
de demeurer en Christ. Il est
égaré, déconcerté et
désappointé parce qu'il n'a pas
compris qu'un homme peut recevoir l'Esprit, et
avoir à apprendre à marcher selon
l'Esprit.
2. La nécessité de
demeurer en Christ résulte de la
double nature du croyant, déjà
étudiée plus haut. Si, au moment
où la vie nouvelle de l'Esprit remplit le
croyant qui se consacre, l'ancienne vie de la chair
disparaissait, il n'aurait nul besoin d'apprendre
le secret de demeurer en Christ. Mais ce n'est pas
le cas. Il est vrai que « le vieil homme a été
crucifié. » Mais il est
crucifié en Christ, et c'est
seulement en demeurant en Christ que nous
réalisons cette vie de crucifixion et de
résurrection. La chair reste encore dans le
croyant. Autrement, pourquoi est-il constamment
exhorté à marcher selon l'Esprit, et
à ne pas marcher selon la chair ? Il ne devrait pas
marcher dans la chair, il n'est
pas nécessaire qu'il y marche, mais
le fait qu'il peut marcher dans la chair et
que souvent il le fait, prouve que la chair
est là.
Chaque fois qu'il cède
à la chair et qu'il marche selon la chair,
il annihile et arrête la manifestation de
l'Esprit. Car Dieu ne peut pas se manifester au
moyen de la chair. Les affections de la chair
mènent à la mort et sont
« inimitié - contre
Dieu », elles ne peuvent se concilier
avec l'Esprit. Dans la mesure donc où le
croyant marche dans la chair, à chaque
action accomplie sous l'influence de la chair, la
manifestation de l'Esprit cesse. Si l'Esprit
agissait autrement, il mettrait l'approbation de
Dieu sur des actes inspirés par la chair
qu'il hait et qu'il a condamné à
mort. Ce serait non seulement laisser la chair
« se glorifier en sa
présence », mais ce serait lui
donner la gloire même de cette
présence. Ce serait apporter la gloire de la
Schékinah dans le temple impur d'une idole
païenne ; ce serait accorder à
Dagon l'auréole divine, au lieu de le
frapper des coups du jugement divin.
Même si un homme a
été rempli de l'Esprit à sa
consécration, Dieu ne peut mettre son sceau
sur sa vie, si elle n'est pas conforme à sa
volonté ; il ne peut continuer à travers une
vie entière
une manifestation de l'Esprit, qui ne serait due
qu'à un acte passé
d'obéissance.
Le croyant a besoin de voir ceci
clairement. Il faut qu'il comprenne que la
manifestation est pour quiconque fait la
volonté de Dieu et que, chaque fois qu'il
accomplit la volonté de la chair, cette
manifestation doit se voiler. Il y a un sentiment
conscient de condamnation et d'obscurcissement
intérieur dans le coeur du croyant lorsqu'il
cède à la chair, comme si un nuage
passait entre lui et Dieu et troublait la
lumière divine dans les profondeurs de son
âme. C'est que la chair est
précisément le voile qui se place
entre l'âme et la présence consciente
de Dieu chaque fois que le croyant marche en elle.
C'est pour cela qu'il importe de dépouiller
le vieil homme et de demeurer en Christ, ce qui
d'après les solennelles déclarations
de Paul est la vie bénie qui doit être
atteinte. Une chute dans la vie de la chair ne
coûtera pas le salut de l'âme, car il
n'est pas question ici du salut mais de la communion avec
Christ.
Le fils qui a cédé
à un acte de désobéissance ne
perd pas sa qualité de fils, mais il
attriste son père et rompt l'entente du
cercle de famille. Notre qualité de fils a
autant de certitude que le sang de Christ et
l'étreinte de la puissante main du
Père peuvent lui en donner. Mais la
communion avec Dieu est comme la surface d'un
miroir délicat ; le souffle même
de la vie de la chair y condensera assez de
buée pour en voiler la présence
radieuse. Comme il est donc insensé de faire
fond sur une expérience passée de la
manifestation de
l'Esprit, alors que le premier pas fait sous
l'inspiration de la chair cache cette
manifestation. Et comme il est nécessaire
d'apprendre au plus tôt ce dernier secret,
celui de demeurer en Christ, afin de savoir comment
ces « ruptures » de la
communion deviennent de plus en plus rares,
jusqu'à ce qu'enfin on marche selon
l'Esprit, et que le but glorieux soit atteint
où « la loi de l'esprit de
vie qui est en Jésus-Christ nous affranchit
de la loi du péché et de la
mort. »
Aucun enseignement dans les
pages de
la Parole de Dieu ne nous révèle
mieux les vérités du Saint-Esprit que
la parabole du cep et des sarments. Elle n'est pas
seulement d'une clarté et d'une
simplicité merveilleuses, mais elle embrasse
la totalité du triple secret du
Saint-Esprit. Représentez-vous un sarment
greffé sur le cep. Aussitôt que
l'union est complète, le sarment reçoit la vie que le cep y
fait
entrer. De la même manière, le croyant
reçoit le Saint-Esprit en s'unissant
à Christ par la foi lors de sa conversion.
Supposez quelque obstruction dans les vaisseaux du
sarment qui arrête l'affluence de la
sève, et qui, tout en permettant au sarment
de recevoir cette sève, l'empêche d'en
être rempli. Au moment où l'obstacle
est enlevé, le sarment se remplit de
la vie du cep. C'est l'image du croyant qui a bien
reçu le Saint-Esprit, mais le manque de
consécration de sa volonté et de sa
vie empêche la plénitude de cette vie
qu'il a reçue.
Aussitôt qu'il se donne
entièrement à Dieu, il est rempli de
l'Esprit
déjà reçu. Mais trop souvent
il y a des temps d'arrêt. Il s'efforce de
vivre sur son expérience
passée ; le sarment ne le peut et
même ne l'essaye pas. Il ne suffit pas
que le sarment ait reçu la sève
à l'époque de la greffe ; ni
qu'il en ait été rempli le jour
où il s'y est entièrement
livré. Mais chaque jour, à chaque
heure de son existence, il faut qu'instant
après instant il tire sa vie du cep qui le
nourrit. Il faut qu'il tire de lui non seulement sa
naissance et ses bourgeons, mais ses feuilles, ses
fibres, son bois, ses fleurs et enfin ses fruits.
Il demeure sur le cep. Il n'essaye pas de
croître aujourd'hui sur la plénitude
d'hier. Il n'essaye pas de tirer du cep un jour, et
de ne rien tirer le lendemain. S'il agissait ainsi
au jour de la vendange, il n'aurait aucun fruit. Il
faut qu'il demeure sur le cep. L'application
au croyant est évidente. Tel est le dernier
secret qu'il doit apprendre. Car, dit Jésus
« comme le sarment ne peut porter de
fruit de lui-même s'il ne demeure
attaché au cep, vous ne le pouvez non
plus à moins de demeurer en
moi. »
3. Ce que c'est que demeurer.
Et maintenant, qu'est-ce que demeurer en
Christ. Que veut dire Christ, lorsqu'il se sert
de ces mots pour décrire le dernier secret
du Saint-Esprit ?
Comment
demeurons-nous en
lui, de façon à connaître la
joie de sa promesse : « et moi en
vous ? » Si, comme cela est
certain, le point culminant de la vie
chrétienne est ici atteint, quelle
importance n'y a-t-il pas pour nous à ne pas
nous contenter de notions vagues et
générales, mais à savoir d'une manière claire et
définie, ce qu'il faut entendre par cette
expression. Des hommes ont écrit de
magnifiques essais sur ce mot
« demeurer », la poésie
religieuse est remplie de descriptions à ce
sujet ; de belles pensées ont
été émises, mais tout cela a
été vague, nuageux et mystique et n'a
pas répondu à notre désir
intense de savoir exactement ce que c'est que
« demeurer », afin d'incarner
pratiquement dans notre vie journalière
cette vérité souverainement
importante.
La difficulté vient de ce que
nous cherchons les pensées des hommes
au lieu des pensées de Dieu. Nous
ignorons la plus grande règle d'étude
de la Bible qui est celle-ci :
Lorsque nous trouvons un passage
dont le sens nous est caché, demandons au
Dieu qui a écrit le livre ce qu'il a voulu
dire, au lieu de consulter l'homme. Pour cela, si
quelque portion de la Parole est obscure, cherchons
quelque autre portion de cette Parole qui
éclaire la première. Notre manque
d'égards pour la Parole de Dieu se montre
à propos de l'expression que nous
étudions.
Pendant que les hommes ont
tâtonné, spiritualisé et
théorisé sur cette
vérité, la définition de Dieu
lui-même, aussi claire, aussi simple et
pratique que Dieu seul la donne, nous crevait les
yeux. Nous la trouvons I
Jean III, 24 : Celui qui
garde ses commandements DEMEURE en Dieu, et Dieu en
lui. Comme il est étrange que nous nous
y soyons si longtemps trompés. C'est la
même vérité simple que celle de
la manifestation
(Jean
XIV, 21). Et pourquoi ?
Parce qu'il est ici question non pas de salut, mais
de communion.
Il
s'agit non pas de notre sécurité, mais de notre marche
en Christ.
Ne pas croire
en Christ, nous
coûterait nos âmes, mais ne pas demeurer en lui après avoir
cru, nous
coûte notre communion consciente avec lui, et
voile la manifestation de sa présence.
« Demeurer »
exprime d'un seul mot les conditions de la
manifestation. Car « si quelqu'un garde
mes commandements, je me manifesterai à lui
(Jean
XIV, 21) » et
« si quelqu'un garde mes commandements il
demeure en moi (I Jean III, 24) » ;
donc, c'est à quiconque demeure que
je me manifeste. Tout ceci est logique.
DEMEURER consiste à
observer CONTINUELLEMENT ses commandements, et en
réponse à cela, il se manifeste dans
une communion PERMANENTE avec ses
enfants.
Mais quelqu'un dira :
« Si demeurer en Christ dépend de
l'observation de la multitude des commandements de
sa Parole, je ne pourrai jamais y arriver, car je
ne puis même pas me les rappeler tous, encore
moins les garder ; ainsi donc je dois
désespérer de jamais apprendre ce
dernier secret du Saint-Esprit. » Vous
n'y êtes pas, bien-aimé. Cherchez
encore sa Parole
(I
Jean III, 23) :
« Et voici son commandement, que nous
CROYIONS au nom de son Fils
Jésus-Christ, et que nous nous AIMIONS les uns les autres,
comme il nous l'a
ordonné. » Pour nous qui sommes
sous la grâce, tous les commandements sont
accomplis dans le grand double commandement de la
FOI et de L'AMOUR, de la foi qui est
agissante par l'amour.
Nous atteignons ici une
vérité si importante, qu'elle
mérite toute l'étude et toutes les
prières dont nous sommes capables, et nous
allons lui consacrer les deux derniers chapitres de
cet opuscule.
Nous avons vu que Christ se
manifeste par le Saint-Esprit à quiconque
lui obéit, c'est-à-dire garde ses
commandements.
Nous avons vu aussi que
l'observation constante de ses commandements
est ce qu'il appelle « demeurer en
lui » et qu'elle amène non son
entrée en nous, non sa présence, qui
toutes deux sont déjà l'apanage du
croyant, mais la révélation constante
de lui-même par l'Esprit, ce après
quoi languit tout coeur fidèle.
Nous avons encore vu que tous
ces
commandements, dont l'observation constitue l'acte
permanent de « demeurer en
lui » sont renfermés dans le
double et grand commandement de la foi et de
l'amour.
En conséquence, nous allons
insister, ici, d'abord sur le rôle de la foi,
C'est-à-dire sur la première
moitié du grand commandement de I
Jean III, 23, dont l'observation
continue apporterait à nos coeurs leur plus
impérieux désir, et constituerait ce
« demeurer en lui » dont la
conséquence est que lui aussi demeure en
nous.
Quelle est donc cette foi qui
forme
une partie intégrante si considérable
de l'acte permanent de demeurer ?
Diffère-t-elle de la foi par laquelle nous
sommes justifiés, par laquelle nous recevons
le pardon des péchés et le don du
Saint-Esprit ? Si oui, en quoi
diffère-t-elle ? - Nous répondrons que
l'essence
de cette foi, comme l'essence de toute foi, c'est
de regarder à Jésus. Elle
diffère de la foi déjà connue,
en ce sens qu'elle regarde CONSTAMMENT à
Jésus pour qu'il manifeste constamment
l'Esprit en elle, de la même manière
qu'au début, elle regarda à lui pour
obtenir le don de cet Esprit. Pour éclaircir
cette pensée, il suffit de deux
remarques :
1. Le croyant
est en
lui-même spirituellement MORT.
« En moi, c'est-à-dire en ma
chair, il n'y a rien de bon. »
« Car vous êtes morts, et
votre vie est cachée avec Christ en
Dieu
(Col.
Ill, 3). » Ainsi, le
croyant n'a aucune autre vie spirituelle en
lui-même que celle de Jésus-Christ.
Il a la vie physique, la vie de
l'âme, mais il n'a pas de vie divine en
dehors de Jésus-Christ. Le simple fait de la
nouvelle naissance en est une preuve
absolue. Cet état intérieur de mort
spirituelle est si désespéré
qu'une nouvelle naissance est nécessaire. La
vieille vie ne peut pas être
réformée ni améliorée,
ni utilisée en aucune façon par Dieu.
Il n'y a aucun procédé, même de
divine alchimie, par lequel le vil métal de
« la chair » puisse être
transformé en l'or fin de
« l'Esprit ».
Le croyant doit naître
de
nouveau, naître de Dieu ,
naître d'En Haut, naître de l'Esprit. La vie qui entre
alors en lui est
une vie nouvelle; ce n'est pas la sienne propre,
mais la vie de Dieu en lui. Ce
n'est
pas un homme dont la vie charnelle s'est
améliorée, mais un homme en qui Dieu
habite. Ce n'est pas qu'il ait une meilleure
vieille vie que le pécheur, mais il a une
vie nouvelle, que le
pécheur ne possède pas. Il n'est pas
invité à amender, mais à
dépouiller le « vieil
homme ». Dieu a la même sentence
pour la vieille vie en lui que dans le
pécheur, à savoir la
condamnation.
2.
Jésus-Christ est vie
spirituelle. « Je suis le chemin,
la vérité et la
vie. » « Quand Christ, qui est votre vie
apparaîtra... » « Dieu
nous a donné la vie éternelle, et cette vie est en son Fils.
Qui a le Fils a
la vie, et qui n'a pas le Fils n'a pas la
vie. » « En elle était la vie. » « Je suis
le
pain de vie. » « Je leur donne
la vie éternelle. » Ainsi, quoique
le croyant soit en lui-même spirituellement
mort, pourtant Christ est sa vie spirituelle. Il ne
reçoit pas la vie comme un don distinct de
Christ, mais il la reçoit en recevant Christ lui-même,
Jésus-Christ ne
communique pas de la vie, il se communique
lui-même. La vie spirituelle entre chez le
croyant par l'entrée même de
Christ, qui EST vie. La vie spirituelle du
croyant n'est donc pas un bien qui lui appartient
en propre, mais le bien de Christ qui habite en
lui. Le croyant ne reçoit jamais un don de
vie spirituelle qui ne devienne sa
propriété personnelle,
indépendante et séparée de
Christ : il reçoit Christ
lui-même, qui habite en lui avec la puissance
de l'Esprit.
Le croyant nous est donc
présenté comme un homme, en
lui-même mort spirituellement, mais
habité par l'Esprit de Jésus-Christ
qui est sa vie spirituelle. La vieille nature est
aussi perdue chez le croyant après sa
conversion qu'avant. Elle doit être
considérée comme absolument sans
valeur. Ses affections charnelles sont
« la mort »,
« l'inimitié contre
Dieu » ; elle ne se soumet pas
à Dieu, et n'est pas plus susceptible de
progrès spirituel chez le croyant que chez
le pécheur.
Le seul parti du croyant est
donc
d'abandonner sa vie propre, comme perdue sans
espoir aucun, et de commencer à compter
uniquement sur la vie de Christ qui est en lui.
Celui dont la nature est
pécheresse ne peut que regarder à
Celui qui est sans péché ; celui
qui est faiblesse doit regarder à Celui qui
est force ; celui qui est vide doit regarder
à Celui qui est plénitude ;
celui qui est mort doit regarder à Celui qui
est vie. Sa nouvelle vie ne doit pas
être un « moi »
amélioré ; « ce
n'est plus moi, mais CHRIST QUI VIT EN MOI, et
la vie que je mène maintenant dans la chair,
je la vis dans la foi
(Gal.
Il, 20). » Paul
trouve qu'il n'est pas seulement justifié
par la foi, « mais qu'il doit vivre par la
foi » ; non
seulement qu'il a reçu l'Esprit, mais qu'il
doit marcher dans l'Esprit. Il a atteint la
plus large conception de la foi que le croyant
puisse embrasser, car il a atteint non seulement la
foi par laquelle nous sommes nés de Dieu,
mais la foi par laquelle nous vivons en Dieu, la
foi qui fait « demeurer » en
Dieu. En quoi consiste cette foi ? C'est l'attitude
habituelle d'une âme qui, en
elle-même spirituellement morte, regarde
continuellement à Christ, chaque jour et
à chaque heure ; - la vie d'un autre,
la plénitude de la vie de Jésus.
Telle est la vie de la foi ; telle est la marche
selon l'Esprit ; tel est le rôle de la foi
dans l'acte permanent de
« demeurer » en
Christ.
La parole de Dieu a bien des
choses
à dire de la foi, prise dans toute l'ampleur
de sa signification, et elle semble ne jamais se
lasser d'en faire ressortir la suprême
importance. « Ainsi, comme vous avez
reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui » :
voilà l'une des vérités que
Paul est le plus attentif à inculquer
à ses auditeurs. Et comment avons-nous
reçu Jésus ? N'est-ce pas en
cessant nos oeuvres de propre justice ?
N'est-ce pas en mettant fin à tout effort
personnel, à toute justification de
nous-mêmes, en nous jetant comme des perdus
dans les bras de Jésus-Christ, et en mettant
en lui seul notre confiance ? Pouvions-nous,
par n'importe quel effort propre, opérer le
pardon de nos péchés, et notre
réconciliation avec Dieu ?
Pouvions-nous effacer une seule de ces taches dont
la multitude teignait de cramoisi notre vie
pécheresse ? Non ; car
« sans effusion de sang, il n'y a
point de rémission de
péchés. » Nous avons
dû forcément nous abandonner à
Jésus, avec une foi privée de tout
soutien pour qu'il accomplisse ce dont nous n'avons
pas pu nous-mêmes venir à bout.
Voilà comment nous avons reçu
Jésus-Christ.
De la même
manière, nous avons à marcher en lui. Une marche
est
simplement un pas
réitéré; comme nous avons
une première fois pris le parti de nous
confier en Christ seul pour recevoir le
Saint-Esprit, de même nous devons, à chaque pas de notre marche
avec lui,
nous abandonner à lui seul
pour la manifestation constante de cet
Esprit. Désirons-nous la puissance ?
Regardons à lui pour la recevoir chaque fois
qu'elle nous est nécessaire. Soupirons-nous
après l'amour ? Regardons à lui
pour qu'il nous donne le sien, car nous sommes
froids et égoïstes. Nous faut-il
l'onction pour son service ? Regardons
à lui toujours. Avons-nous besoin de
direction, de sagesse, de tact, de douceur, de
support, de paix, de joie ? Regardons à
lui pour tout cela.
Cette même
vérité apparaît dans Rom.
VI, 4:
« Comme Christ est
ressuscité des morts par la gloire du
Père, de même, nous aussi, nous
devons marcher dans une vie nouvelle. »
La déclaration ici faite est que notre
marche chrétienne dans la vie nouvelle doit
ressembler à la résurrection de
Christ d'entre les morts. Pouvons-nous concevoir
une image plus parfaite de l'impuissance que celle
d'un homme mort ? Christ, quant au corps,
était mort. Ce corps mort ne pouvait de
lui-même se lever, se mouvoir, respirer,
s'agiter ; il était en lui-même
sans aucun pouvoir. Heure après heure se
passe, et il gît dans la tombe, sous
l'étreinte de la mort, sans avoir en
lui-même aucun pouvoir de se ressusciter,
mais attendant l'attouchement de Dieu le
Père. Alors intervient la puissante
vivification de la résurrection, par
laquelle Dieu le rappelle d'entre les morts.
Christ ne s'est pas ressuscité
lui-même ; il n'en était pas
ainsi ordonné ; il fut ressuscité par un autre, par le Père.
C'est de cette manière
que le croyant doit marcher dans la vie nouvelle.
Il doit se mettre dans l'esprit
qu'il est mort, et, jour après jour, heure
après heure, regarder à un autre,
compter sur un autre, sur Jésus-Christ, sur
le Saint-Esprit en lui, pour chaque pas à
accomplir exactement comme il a fait pour le
premier pas, la conversion.
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