Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

3. Le secret de sa manifestation constante.

Demeurant en Christ.

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 « Demeurez en moi, et moi en vous. Comme le sarment ne saurait, de lui-même porter du fruit, s'il ne demeure attaché au cep, de même vous n'en pouvez porter, si vous ne demeurez en moi. (Jean XV, 4). »

« Celui qui demeure.... porte beaucoup de fruit.
(Jean XV, 5). »


Demeurer.

Nous arrivons maintenant au dernier des trois secrets du Saint-Esprit. On en reconnaîtra l'importance par l'expérience caractéristique suivante qui n'est pas rare parmi lès chrétiens. Un enfant de Dieu, sous l'influence du Saint-Esprit, voit les droits de Dieu sur sa vie, et la dépose à ses pieds en sacrifice vivant. En retour de sa consécration, Dieu lui accorde une plénitude de puissance et de vie spirituelle qui dépasse ses plus chères espérances et dont son âme se réjouit. La présence de l'Esprit dans son coeur est si manifeste, qu'il lui semble avoir atteint un nouvel état de puissance spirituelle qui jamais ne s'affaiblira. Mais peu à peu un changement se produit. L'éclat paraît s'obscurcir ; la puissance commence à décliner ; la manifestation s'amoindrit. Il continue encore à « s'attribuer » une grâce perdue, à appeler sien ce qu'il ne possède plus, dans l'espoir de faire revenir la bénédiction. Puis il s'abat dans le désespoir, finit par ne parler de tout cela que comme d'une expérience disparue, d'une bénédiction dont il jouissait autrefois, mais qui s'est maintenant évanouie. Qu'est-il arrivé ? Ce n'est pas que l'Esprit ait cessé d'habiter dans ce croyant ; mais il a cessé de se manifester dans sa plénitude. Il n'est pas ici question de présence perdue, mais de manifestation perdue. Ce n'est pas celui qui bénit, c'est la bénédiction qui est partie.

La manifestation de la plénitude de l'Esprit a été ce qu'il fallait quant à sa nature et à son degré, mais non pas quant à sa permanence. La continuité lui a fait défaut : elle a disparu lentement comme la rougeur crépusculaire d'un coucher de soleil :
Et pourquoi ?


1.
Jean XIV, 21, Christ établit les conditions générales, de la manifestation de l'Esprit, lorsqu'il dit : « Celui qui a mes commandements et qui les garde .... je me manifesterai à lui. »

Parlant clairement ici de la manifestation de lui-même par l'Esprit, il déclare comme vérité universelle que la condition de cette manifestation, c'est de garder ses commandements, et il entend par là, non les commandements de la loi, mais ceux de la grâce, - la foi et l'amour, - qui sont l'accomplissement de la loi. En d'autres termes, Christ affirme simplement que la manifestation de Dieu est pour celui qui fait la volonté de Dieu.

Ainsi, quand l'homme était un pécheur, la volonté de Dieu à son égard comme à l'égard de tout perdu, était qu'il se repentît et crût au Seigneur Jésus-Christ pour le salut de son âme. Il le fit, et reçut, lors de sa conversion, l'Esprit, qui demeure en lui pour toujours, comme nous l'avons vu. Plus tard il reconnaît en lui une vie égoïste ennemie de la vie de Dieu, une vie du moi qui s'oppose à la volonté divine. La volonté de Dieu est qu'il abandonne cette vie du moi, et qu'il se livre complètement à Dieu. Cela aussi, il le fait, et immédiatement il reçoit, lors de sa consécration, une puissante manifestation de Dieu, par la plénitude de cet Esprit qui déjà demeurait en lui. À ces deux actes de soumission, Dieu a répondu en se manifestant au croyant comme il l'avait promis.

Au lieu d'en rester là, réclamant cette bénédiction et essayant de vivre sur cette expérience, le croyant aurait dû se hâter de saisir la vérité suivante : Puisque la manifestation de l'Esprit est pour celui qui fait la volonté de Dieu, la manifestation PERMANENTE de l'Esprit est seulement pour celui qui fait CONTINUELLEMENT la volonté de Dieu. La permanence de la manifestation ne peut venir que d'une soumission continuelle, d'une vie journalière conforme à la volonté de Dieu.

Ainsi la consécration de la vie n'est qu'un commencement. Il faut que cet acte de consécration s'incarne dans une vie de consécration, pour que la bénédiction première devienne une bénédiction continue. La consécration est le point de départ, plutôt que le point d'arrivée à la plénitude de l'Esprit. Ce n'est pas une étoile qui, une fois fixée, illumine notre vie de son rayonnement sans que nous prenions jamais soin d'elle ; c'est une porte d'entrée qu'il faut constamment tenir ouverte si nous voulons que la lumière pénètre chez nous continuellement. Voilà justement où a manqué le croyant qui déplore son « expérience perdue ». Il a connu le premier et le second secret du Saint-Esprit, mais non pas le troisième et dernier. Il a reçu le Saint-Esprit par son union avec Christ, il a été rempli du Saint-Esprit par sa consécration à Christ ; mais il ignore la constante manifestation de cet Esprit, en demeurant en Christ. Il a vu le point d'arrivée de l'expérience chrétienne dans la consécration, au lieu de le voir dans le fait de demeurer en Christ. Il a reçu « la plénitude » ; il a possédé « la seconde bénédiction » ; il a été « rendu parfait » ; et alors il a fait ce qu'il n'est permis de faire à nul mortel, il s'est arrêté, s'est reposé sur une expérience soi-disant acquise. Désirant retenir « la bénédiction » reçue, il lui manque la connaissance du secret final et suprême par lequel on la retient, le secret de demeurer en Christ. Il est égaré, déconcerté et désappointé parce qu'il n'a pas compris qu'un homme peut recevoir l'Esprit, et avoir à apprendre à marcher selon l'Esprit.


2. La nécessité de demeurer en Christ
résulte de la double nature du croyant, déjà étudiée plus haut. Si, au moment où la vie nouvelle de l'Esprit remplit le croyant qui se consacre, l'ancienne vie de la chair disparaissait, il n'aurait nul besoin d'apprendre le secret de demeurer en Christ. Mais ce n'est pas le cas. Il est vrai que « le vieil homme a été crucifié. » Mais il est crucifié en Christ, et c'est seulement en demeurant en Christ que nous réalisons cette vie de crucifixion et de résurrection. La chair reste encore dans le croyant. Autrement, pourquoi est-il constamment exhorté à marcher selon l'Esprit, et à ne pas marcher selon la chair ? Il ne devrait pas marcher dans la chair, il n'est pas nécessaire qu'il y marche, mais le fait qu'il peut marcher dans la chair et que souvent il le fait, prouve que la chair est là.

Chaque fois qu'il cède à la chair et qu'il marche selon la chair, il annihile et arrête la manifestation de l'Esprit. Car Dieu ne peut pas se manifester au moyen de la chair. Les affections de la chair mènent à la mort et sont « inimitié - contre Dieu », elles ne peuvent se concilier avec l'Esprit. Dans la mesure donc où le croyant marche dans la chair, à chaque action accomplie sous l'influence de la chair, la manifestation de l'Esprit cesse. Si l'Esprit agissait autrement, il mettrait l'approbation de Dieu sur des actes inspirés par la chair qu'il hait et qu'il a condamné à mort. Ce serait non seulement laisser la chair « se glorifier en sa présence », mais ce serait lui donner la gloire même de cette présence. Ce serait apporter la gloire de la Schékinah dans le temple impur d'une idole païenne ; ce serait accorder à Dagon l'auréole divine, au lieu de le frapper des coups du jugement divin.

Même si un homme a été rempli de l'Esprit à sa consécration, Dieu ne peut mettre son sceau sur sa vie, si elle n'est pas conforme à sa volonté ; il ne peut continuer à travers une vie entière une manifestation de l'Esprit, qui ne serait due qu'à un acte passé d'obéissance.

Le croyant a besoin de voir ceci clairement. Il faut qu'il comprenne que la manifestation est pour quiconque fait la volonté de Dieu et que, chaque fois qu'il accomplit la volonté de la chair, cette manifestation doit se voiler. Il y a un sentiment conscient de condamnation et d'obscurcissement intérieur dans le coeur du croyant lorsqu'il cède à la chair, comme si un nuage passait entre lui et Dieu et troublait la lumière divine dans les profondeurs de son âme. C'est que la chair est précisément le voile qui se place entre l'âme et la présence consciente de Dieu chaque fois que le croyant marche en elle. C'est pour cela qu'il importe de dépouiller le vieil homme et de demeurer en Christ, ce qui d'après les solennelles déclarations de Paul est la vie bénie qui doit être atteinte. Une chute dans la vie de la chair ne coûtera pas le salut de l'âme, car il n'est pas question ici du salut mais de la communion avec Christ.

Le fils qui a cédé à un acte de désobéissance ne perd pas sa qualité de fils, mais il attriste son père et rompt l'entente du cercle de famille. Notre qualité de fils a autant de certitude que le sang de Christ et l'étreinte de la puissante main du Père peuvent lui en donner. Mais la communion avec Dieu est comme la surface d'un miroir délicat ; le souffle même de la vie de la chair y condensera assez de buée pour en voiler la présence radieuse. Comme il est donc insensé de faire fond sur une expérience passée de la manifestation de l'Esprit, alors que le premier pas fait sous l'inspiration de la chair cache cette manifestation. Et comme il est nécessaire d'apprendre au plus tôt ce dernier secret, celui de demeurer en Christ, afin de savoir comment ces « ruptures » de la communion deviennent de plus en plus rares, jusqu'à ce qu'enfin on marche selon l'Esprit, et que le but glorieux soit atteint où « la loi de l'esprit de vie qui est en Jésus-Christ nous affranchit de la loi du péché et de la mort. »

Aucun enseignement dans les pages de la Parole de Dieu ne nous révèle mieux les vérités du Saint-Esprit que la parabole du cep et des sarments. Elle n'est pas seulement d'une clarté et d'une simplicité merveilleuses, mais elle embrasse la totalité du triple secret du Saint-Esprit. Représentez-vous un sarment greffé sur le cep. Aussitôt que l'union est complète, le sarment reçoit la vie que le cep y fait entrer. De la même manière, le croyant reçoit le Saint-Esprit en s'unissant à Christ par la foi lors de sa conversion. Supposez quelque obstruction dans les vaisseaux du sarment qui arrête l'affluence de la sève, et qui, tout en permettant au sarment de recevoir cette sève, l'empêche d'en être rempli. Au moment où l'obstacle est enlevé, le sarment se remplit de la vie du cep. C'est l'image du croyant qui a bien reçu le Saint-Esprit, mais le manque de consécration de sa volonté et de sa vie empêche la plénitude de cette vie qu'il a reçue.
Aussitôt qu'il se donne entièrement à Dieu, il est rempli de l'Esprit déjà reçu. Mais trop souvent il y a des temps d'arrêt. Il s'efforce de vivre sur son expérience passée ; le sarment ne le peut et même ne l'essaye pas. Il ne suffit pas que le sarment ait reçu la sève à l'époque de la greffe ; ni qu'il en ait été rempli le jour où il s'y est entièrement livré. Mais chaque jour, à chaque heure de son existence, il faut qu'instant après instant il tire sa vie du cep qui le nourrit. Il faut qu'il tire de lui non seulement sa naissance et ses bourgeons, mais ses feuilles, ses fibres, son bois, ses fleurs et enfin ses fruits. Il demeure sur le cep. Il n'essaye pas de croître aujourd'hui sur la plénitude d'hier. Il n'essaye pas de tirer du cep un jour, et de ne rien tirer le lendemain. S'il agissait ainsi au jour de la vendange, il n'aurait aucun fruit. Il faut qu'il demeure sur le cep. L'application au croyant est évidente. Tel est le dernier secret qu'il doit apprendre. Car, dit Jésus « comme le sarment ne peut porter de fruit de lui-même s'il ne demeure attaché au cep, vous ne le pouvez non plus à moins de demeurer en moi. »


3. Ce que c'est que demeurer.
Et maintenant, qu'est-ce que demeurer en Christ. Que veut dire Christ, lorsqu'il se sert de ces mots pour décrire le dernier secret du Saint-Esprit ?
Comment demeurons-nous en lui, de façon à connaître la joie de sa promesse : « et moi en vous ? » Si, comme cela est certain, le point culminant de la vie chrétienne est ici atteint, quelle importance n'y a-t-il pas pour nous à ne pas nous contenter de notions vagues et générales, mais à savoir d'une manière claire et définie, ce qu'il faut entendre par cette expression. Des hommes ont écrit de magnifiques essais sur ce mot « demeurer », la poésie religieuse est remplie de descriptions à ce sujet ; de belles pensées ont été émises, mais tout cela a été vague, nuageux et mystique et n'a pas répondu à notre désir intense de savoir exactement ce que c'est que « demeurer », afin d'incarner pratiquement dans notre vie journalière cette vérité souverainement importante.

La difficulté vient de ce que nous cherchons les pensées des hommes au lieu des pensées de Dieu. Nous ignorons la plus grande règle d'étude de la Bible qui est celle-ci :

Lorsque nous trouvons un passage dont le sens nous est caché, demandons au Dieu qui a écrit le livre ce qu'il a voulu dire, au lieu de consulter l'homme. Pour cela, si quelque portion de la Parole est obscure, cherchons quelque autre portion de cette Parole qui éclaire la première. Notre manque d'égards pour la Parole de Dieu se montre à propos de l'expression que nous étudions.

Pendant que les hommes ont tâtonné, spiritualisé et théorisé sur cette vérité, la définition de Dieu lui-même, aussi claire, aussi simple et pratique que Dieu seul la donne, nous crevait les yeux. Nous la trouvons I Jean III, 24 : Celui qui garde ses commandements DEMEURE en Dieu, et Dieu en lui. Comme il est étrange que nous nous y soyons si longtemps trompés. C'est la même vérité simple que celle de la manifestation (Jean XIV, 21). Et pourquoi ? Parce qu'il est ici question non pas de salut, mais de communion. Il s'agit non pas de notre sécurité, mais de notre marche en Christ.

Ne pas croire en Christ, nous coûterait nos âmes, mais ne pas demeurer en lui après avoir cru, nous coûte notre communion consciente avec lui, et voile la manifestation de sa présence.

« Demeurer » exprime d'un seul mot les conditions de la manifestation. Car « si quelqu'un garde mes commandements, je me manifesterai à lui (Jean XIV, 21) » et « si quelqu'un garde mes commandements il demeure en moi (I Jean III, 24) » ; donc, c'est à quiconque demeure que je me manifeste. Tout ceci est logique.

DEMEURER consiste à observer CONTINUELLEMENT ses commandements, et en réponse à cela, il se manifeste dans une communion PERMANENTE avec ses enfants.

Mais quelqu'un dira : « Si demeurer en Christ dépend de l'observation de la multitude des commandements de sa Parole, je ne pourrai jamais y arriver, car je ne puis même pas me les rappeler tous, encore moins les garder ; ainsi donc je dois désespérer de jamais apprendre ce dernier secret du Saint-Esprit. » Vous n'y êtes pas, bien-aimé. Cherchez encore sa Parole (I Jean III, 23) : « Et voici son commandement, que nous CROYIONS au nom de son Fils Jésus-Christ, et que nous nous AIMIONS les uns les autres, comme il nous l'a ordonné. » Pour nous qui sommes sous la grâce, tous les commandements sont accomplis dans le grand double commandement de la FOI et de L'AMOUR, de la foi qui est agissante par l'amour.

Nous atteignons ici une vérité si importante, qu'elle mérite toute l'étude et toutes les prières dont nous sommes capables, et nous allons lui consacrer les deux derniers chapitres de cet opuscule.
Nous avons vu que Christ se manifeste par le Saint-Esprit à quiconque lui obéit, c'est-à-dire garde ses commandements.

Nous avons vu aussi que l'observation constante de ses commandements est ce qu'il appelle « demeurer en lui » et qu'elle amène non son entrée en nous, non sa présence, qui toutes deux sont déjà l'apanage du croyant, mais la révélation constante de lui-même par l'Esprit, ce après quoi languit tout coeur fidèle.

Nous avons encore vu que tous ces commandements, dont l'observation constitue l'acte permanent de « demeurer en lui » sont renfermés dans le double et grand commandement de la foi et de l'amour.

En conséquence, nous allons insister, ici, d'abord sur le rôle de la foi, C'est-à-dire sur la première moitié du grand commandement de I Jean III, 23, dont l'observation continue apporterait à nos coeurs leur plus impérieux désir, et constituerait ce « demeurer en lui » dont la conséquence est que lui aussi demeure en nous.
Quelle est donc cette foi qui forme une partie intégrante si considérable de l'acte permanent de demeurer ? Diffère-t-elle de la foi par laquelle nous sommes justifiés, par laquelle nous recevons le pardon des péchés et le don du Saint-Esprit ? Si oui, en quoi diffère-t-elle ? - Nous répondrons que l'essence de cette foi, comme l'essence de toute foi, c'est de regarder à Jésus. Elle diffère de la foi déjà connue, en ce sens qu'elle regarde CONSTAMMENT à Jésus pour qu'il manifeste constamment l'Esprit en elle, de la même manière qu'au début, elle regarda à lui pour obtenir le don de cet Esprit. Pour éclaircir cette pensée, il suffit de deux remarques :

1. Le croyant est en lui-même spirituellement MORT. « En moi, c'est-à-dire en ma chair, il n'y a rien de bon. » « Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu (Col. Ill, 3). » Ainsi, le croyant n'a aucune autre vie spirituelle en lui-même que celle de Jésus-Christ.
Il a la vie physique, la vie de l'âme, mais il n'a pas de vie divine en dehors de Jésus-Christ. Le simple fait de la nouvelle naissance en est une preuve absolue. Cet état intérieur de mort spirituelle est si désespéré qu'une nouvelle naissance est nécessaire. La vieille vie ne peut pas être réformée ni améliorée, ni utilisée en aucune façon par Dieu. Il n'y a aucun procédé, même de divine alchimie, par lequel le vil métal de « la chair » puisse être transformé en l'or fin de « l'Esprit ».

Le croyant doit naître de nouveau, naître de Dieu , naître d'En Haut, naître de l'Esprit. La vie qui entre alors en lui est une vie nouvelle; ce n'est pas la sienne propre, mais la vie de Dieu en lui. Ce n'est pas un homme dont la vie charnelle s'est améliorée, mais un homme en qui Dieu habite. Ce n'est pas qu'il ait une meilleure vieille vie que le pécheur, mais il a une vie nouvelle, que le pécheur ne possède pas. Il n'est pas invité à amender, mais à dépouiller le « vieil homme ». Dieu a la même sentence pour la vieille vie en lui que dans le pécheur, à savoir la condamnation.

2. Jésus-Christ est vie spirituelle. « Je suis le chemin, la vérité et la vie. » « Quand Christ, qui est votre vie apparaîtra... » « Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est en son Fils. Qui a le Fils a la vie, et qui n'a pas le Fils n'a pas la vie. » « En elle était la vie. » « Je suis le pain de vie. » « Je leur donne la vie éternelle. » Ainsi, quoique le croyant soit en lui-même spirituellement mort, pourtant Christ est sa vie spirituelle. Il ne reçoit pas la vie comme un don distinct de Christ, mais il la reçoit en recevant Christ lui-même, Jésus-Christ ne communique pas de la vie, il se communique lui-même. La vie spirituelle entre chez le croyant par l'entrée même de Christ, qui EST vie. La vie spirituelle du croyant n'est donc pas un bien qui lui appartient en propre, mais le bien de Christ qui habite en lui. Le croyant ne reçoit jamais un don de vie spirituelle qui ne devienne sa propriété personnelle, indépendante et séparée de Christ : il reçoit Christ lui-même, qui habite en lui avec la puissance de l'Esprit.

Le croyant nous est donc présenté comme un homme, en lui-même mort spirituellement, mais habité par l'Esprit de Jésus-Christ qui est sa vie spirituelle. La vieille nature est aussi perdue chez le croyant après sa conversion qu'avant. Elle doit être considérée comme absolument sans valeur. Ses affections charnelles sont « la mort », « l'inimitié contre Dieu » ; elle ne se soumet pas à Dieu, et n'est pas plus susceptible de progrès spirituel chez le croyant que chez le pécheur.

Le seul parti du croyant est donc d'abandonner sa vie propre, comme perdue sans espoir aucun, et de commencer à compter uniquement sur la vie de Christ qui est en lui.

Celui dont la nature est pécheresse ne peut que regarder à Celui qui est sans péché ; celui qui est faiblesse doit regarder à Celui qui est force ; celui qui est vide doit regarder à Celui qui est plénitude ; celui qui est mort doit regarder à Celui qui est vie. Sa nouvelle vie ne doit pas être un « moi » amélioré ; « ce n'est plus moi, mais CHRIST QUI VIT EN MOI, et la vie que je mène maintenant dans la chair, je la vis dans la foi (Gal. Il, 20). » Paul trouve qu'il n'est pas seulement justifié par la foi, « mais qu'il doit vivre par la foi » ; non seulement qu'il a reçu l'Esprit, mais qu'il doit marcher dans l'Esprit. Il a atteint la plus large conception de la foi que le croyant puisse embrasser, car il a atteint non seulement la foi par laquelle nous sommes nés de Dieu, mais la foi par laquelle nous vivons en Dieu, la foi qui fait « demeurer » en Dieu. En quoi consiste cette foi ? C'est l'attitude habituelle d'une âme qui, en elle-même spirituellement morte, regarde continuellement à Christ, chaque jour et à chaque heure ; - la vie d'un autre, la plénitude de la vie de Jésus. Telle est la vie de la foi ; telle est la marche selon l'Esprit ; tel est le rôle de la foi dans l'acte permanent de « demeurer » en Christ.

La parole de Dieu a bien des choses à dire de la foi, prise dans toute l'ampleur de sa signification, et elle semble ne jamais se lasser d'en faire ressortir la suprême importance. « Ainsi, comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui » : voilà l'une des vérités que Paul est le plus attentif à inculquer à ses auditeurs. Et comment avons-nous reçu Jésus ? N'est-ce pas en cessant nos oeuvres de propre justice ? N'est-ce pas en mettant fin à tout effort personnel, à toute justification de nous-mêmes, en nous jetant comme des perdus dans les bras de Jésus-Christ, et en mettant en lui seul notre confiance ? Pouvions-nous, par n'importe quel effort propre, opérer le pardon de nos péchés, et notre réconciliation avec Dieu ? Pouvions-nous effacer une seule de ces taches dont la multitude teignait de cramoisi notre vie pécheresse ? Non ; car « sans effusion de sang, il n'y a point de rémission de péchés. » Nous avons dû forcément nous abandonner à Jésus, avec une foi privée de tout soutien pour qu'il accomplisse ce dont nous n'avons pas pu nous-mêmes venir à bout. Voilà comment nous avons reçu Jésus-Christ.

De la même manière, nous avons à marcher en lui. Une marche est simplement un pas réitéré; comme nous avons une première fois pris le parti de nous confier en Christ seul pour recevoir le Saint-Esprit, de même nous devons, à chaque pas de notre marche avec lui, nous abandonner à lui seul pour la manifestation constante de cet Esprit. Désirons-nous la puissance ? Regardons à lui pour la recevoir chaque fois qu'elle nous est nécessaire. Soupirons-nous après l'amour ? Regardons à lui pour qu'il nous donne le sien, car nous sommes froids et égoïstes. Nous faut-il l'onction pour son service ? Regardons à lui toujours. Avons-nous besoin de direction, de sagesse, de tact, de douceur, de support, de paix, de joie ? Regardons à lui pour tout cela.
Cette même vérité apparaît dans Rom. VI, 4:

« Comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même, nous aussi, nous devons marcher dans une vie nouvelle. » La déclaration ici faite est que notre marche chrétienne dans la vie nouvelle doit ressembler à la résurrection de Christ d'entre les morts. Pouvons-nous concevoir une image plus parfaite de l'impuissance que celle d'un homme mort ? Christ, quant au corps, était mort. Ce corps mort ne pouvait de lui-même se lever, se mouvoir, respirer, s'agiter ; il était en lui-même sans aucun pouvoir. Heure après heure se passe, et il gît dans la tombe, sous l'étreinte de la mort, sans avoir en lui-même aucun pouvoir de se ressusciter, mais attendant l'attouchement de Dieu le Père. Alors intervient la puissante vivification de la résurrection, par laquelle Dieu le rappelle d'entre les morts. Christ ne s'est pas ressuscité lui-même ; il n'en était pas ainsi ordonné ; il fut ressuscité par un autre, par le Père. C'est de cette manière que le croyant doit marcher dans la vie nouvelle. Il doit se mettre dans l'esprit qu'il est mort, et, jour après jour, heure après heure, regarder à un autre, compter sur un autre, sur Jésus-Christ, sur le Saint-Esprit en lui, pour chaque pas à accomplir exactement comme il a fait pour le premier pas, la conversion.

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