Bien-aimés, comprenons-nous bien
que notre marche « dans
l'Esprit » doit être constamment, à CHAQUE instant, une
vie de foi comme notre salut a été un acte de foi ? qu'il
nous faut non
seulement être
régénérés par la foi,
mais vivre par la foi ? Croyons-nous
que c'est là la pensée de Christ,
lorsqu'il disait : « Hors de moi,
vous ne pouvez rien faire ? »
Osons-nous présider cette réunion,
écrire cette lettre ou cet article,
prononcer cette allocution, offrir ce
traité, parler de Christ à cette
âme, prendre telle décision, faire
telle démarche, osons-nous entreprendre quoi
que ce soit, sans cette rapide
élévation de notre foi vers Celui en
qui seul habite la vie spirituelle ?
Avons-nous incarné le fait de notre propre
insuffisance dans notre marche
chrétienne journalière ?
Comprenons-nous bien que tout cela n'est pis
seulement un thème à essais
religieux, ou un sujet de conversations mystiques,
mais que c'est la vérité qui doit
s'incorporer dans chaque acte, dans chaque parole,
dans chaque
pensée ? Regardons-nous constamment à l'habitation de
Christ
en nous ? Que notre moi soit digne de toute
défiance, et Christ digne de toute
confiance, nous le savons. Mais notre vie le
prouve-t-elle ? Ce « hors de moi
vous ne pouvez rien faire »,
est-il devenu partie intégrante de notre vie
comme de notre
credo ? » C'est l'Esprit qui vivifie (qui rend vivant),
la chair ne sert
de
rien. » L'Esprit seul peut faire
vivre ; l'Esprit seul peut faire sortir de
la mort hommes ou femmes et leur donner vie. Les
paroles prononcées, les prières
proférées, les actes accomplis dans
la seule énergie du moi n'ont aucune
puissance de création spirituelle. Si cela
est vrai, combien de nos oeuvres sont des
« oeuvres mortes ! »
À moins que l'Esprit ne parle par nous, ne
prie par nous, n'agisse par nous, il n'y aura
aucune résurrection chez ceux qui nous
entourent.
Le sermon débité avec
l'orgueil intellectuel, ou avec
l'impétuosité d'une éloquence
toute humaine, peut éveiller l'intelligence,
soulever l'admiration, ou exciter l'émotion,
mais il ne peut pas transmettre la vie. Et
rien d'autre que la vie ne peut produire la vie, car
« C'EST L'ESPRIT QUI
VIVIFIE. »
« Je n'ai pas souvent
à me reprocher de négliger mon
service, mais je me reproche souvent de servir
sans l'onction, » disait un pionnier
chrétien bien connu. Le ministère
sans l'Esprit, de quelle valeur est-il ? La
réponse est toujours la même.
« La chair ne sert de rien, »
et montre quelle responsabilité solennelle
est la nôtre si nous vivons sans
« demeurer » en Christ, sans
nous défier constamment de nous-mêmes,
sans compter constamment sur l'Esprit qui habite en
nous et sans tout recevoir de lui.
La nécessité de
« demeurer » en Christ peut
s'illustrer à l'aide de faits d'une
expérience Journalière. Il y a
aujourd'hui deux systèmes par lesquels on fait
mouvoir les
voitures électriques.
Dans l'un, la force réside
dans une batterie suffisamment
approvisionnée pour faire rouler la voiture
un certain nombre d'heures. La batterie, une fois,
chargée, devient pendant ce temps-là
une source indépendante de force et de
lumière, et la voiture est elle-même
un automoteur, n'ayant besoin d'aucun aide du
dehors. Mais il y a un autre système, le
trolley, qui diffère totalement du
précédent. Ici, la voiture est un
objet mort, inerte, sans aucune puissance de
propulsion propre. Mais au-dessus d'elle court un
mince câble d'acier, qui palpite de la vie
qu'il tire sans interruption d'une usine
électrique. Au moment où la voiture
inerte allonge sa perche et entre en contact avec
le courant qui passe, elle s'emplit de vie, de
force et de mouvement. Or, cette vie et cette force ne sont pas
les siennes
propres, mais
celles du câble, et sitôt que cesse le
contact avec le fil chargé de vie, elle
redevient la même masse inerte et immobile.
Le maintien de son mouvement dépend
entièrement du maintien de son
contact.
L'analogie saute aux yeux. C'est
ainsi que les enfants de Dieu doivent se tenir en
contact continuel avec Jésus-Christ, s'ils
veulent connaître les manifestations
constantes du Saint-Esprit, car Dieu ne les remplit
pas d'après le principe des batteries, mais
d'après celui des trolleys. Il ne les charge
pas d'une puissance indépendante, mais il
les unit par la foi à Jésus-Christ
qui seul est ainsi chargé. C'est Christ
(Act.
Il. 33 ) qui a reçu du Père le Saint-Esprit
promis ; et c'est Christ qui « a
répandu ce que vous voyez et
entendez. »
C'est donc en vertu de notre
union
avec Christ que nous avons reçu le don du
Saint-Esprit, et c'est seulement si nous demeurons
en lui, si nous tirons de lui jour après
jour notre vie par la communion, par la
prière et par le regard, que nous
expérimentons la manifestation constante de
l'Esprit. Dieu ne nous remplit pas comme nous
pourrions remplir un sceau, avec une provision
indépendante et séparée de la
fontaine. Il nous remplit comme un sarment l'est
par le cep, grâce à son union avec
lui, et parce qu'il tire de lui de jour en jour,
d'heure en heure, tout ce dont il a besoin. Ainsi
quiconque regarde à Jésus constamment
ne manquera ni de bénédictions, ni de
baptêmes, mais celui qui regarde aux
bénédictions et aux baptêmes
pourra souvent relâcher le lien qui l'unit
à Jésus.
Le Seigneur veut nous garder
dans
cette position de dépendance. Sa
volonté n'est pas de nous remplir de
l'Esprit de telle sorte que nous puissions marcher
seuls avec cette provision pendant un an, un mois,
ou un jour. Agir ainsi serait nous rendre
indépendants de Christ, nous remplir de
confiance en nous-mêmes, nous gonfler
d'orgueil, anéantir la foi, seul vrai
fondement de la communion avec Christ pour porter
des fruits de vie en lui. Non, bien-aimés,
notre vie spirituelle n'est pas la nôtre
propre, nous la tirons d'un autre. Dépendre
de soi-même, c'est la
stérilité ; dépendre de
Christ, c'est la plénitude. « Vous
êtes mort, et votre vie est cachée avec Christ en
Dieu. »
De même qu'au centre d'une ville il y a de
grands dynamos vivant d'une vie merveilleuse qu'ils
envoient à des centaines de tramways inertes
qui comptent sur elle, de même, cachée
en Dieu, il y a une vie divine que lui, le
Père, répand en nous par le Fils.
Quiconque demeure en lui sera toujours fertile et
rempli ; quiconque essaie de vivre de ses
bénédictions et de ses
expériences d'autrefois déplorera
bientôt son vide et sa
stérilité.
Remarquez bien ici que
« demeurer » n'exprime pas une attitude, mais un état.
« Demeurer » ne
précède pas le salut, mais le
suppose.
Un homme a le salut en Christ en
vertu de son union, mais bien des hommes
perdent la manifestation de l'Esprit par manque de communion.
Maint chrétien a l'attitude
vraie et un état faux ; sûr de
son salut, il est lent dans sa marche et dans sa
communion. La stérilité de sa vie et
sa faiblesse à servir indiquent qu'il a
perdu, non pas son salut en Christ, mais sa
communion avec Christ ; qu'il a perdu n'on la
justification, mais la manifestation, non la foi
qui sauve, mais la foi par laquelle on
« demeure » en Christ dans le
sens indiqué.
L'unique pensée de quiconque
a cette foi par laquelle on
« demeure » en Christ, est donc
de compter constamment sur Jésus pour
sa vie spirituelle. Ces trois Mots COMPTER SUR
JÉSUS dépeignent parfaitement la
situation de l'âme qui demeure en Christ. La
lune continue à compter sur le soleil
pour tous les rayons qu'elle reflète ;
le sarment compte
constamment sur le cep pour tout ce qui constitue
sa vie et ses fruits ; la fontaine compte sans cesse sur
le réservoir
qui lui fournit chacune des gouttes d'eau qu'elle
offre à ses visiteurs
altérés ; la lampe
électrique compte invariablement sur
le grand dynamo pour chaque parcelle du courant de
lumière dont elle inonde les
ténèbres de minuit. De même
l'enfant de Dieu qui veut se rendre maître du
dernier secret du Saint-Esprit, celui de sa
manifestation constante, doit continuer à
regarder à Jésus, moment après
moment, jusqu'à ce que cette vie de foi
devienne l'état constant de son âme.
Cela peut être, cela sera difficile pour
commencer.
Pratiquer ce principe de compter
sur Jésus seul dans chaque détail
de notre vie n'est pas peu de chose pour aucun
d'entre nous. Imposer silence aux clameurs de la
chair, ne plus se fier à l'intelligence
naturelle ; comprimer la violence d'une
hâte charnelle, se défier de tout plan
qui ne découle pas de la prière,
attendre jusqu'à ce que l'on soit convaincu
de la volonté de Dieu, ne pas seulement dire : « pas
de confiance en
la chair », mais le pratiquer,
c'est une attitude que l'on ne prend pas
aisément et d'un seul effort. Mais ce sera
la nôtre ; Jésus l'exige de nous,
et tout commandement développe en nous la
capacité de l'accomplir. Et comme
l'échec de nos efforts pour
« demeurer » en Christ a rendu
plus manifeste notre profond besoin de
réaliser cet état, nous y arriverons
à la fin en comptant sur Jésus pour
la force nécessaire. Acceptant notre propre incapacité,
nous
compterons sur Jésus pour être
guidés et nous verrons de nos yeux les voies
merveilleuses par lesquelles il nous fait
passer ; nous compterons sur lui pour
l'onction, et pour être aussi conscients de
la présence de l'Esprit que nous le sommes
de notre propre identité ; nous
compterons sur lui pour porter des fruits et serons
étonnés de la récolte qu'il
peut tirer de pauvres sarments tels que nous.
Qu'ils sont précieux tous ces
résultats d'une vie passée à
« demeurer en lui ».
Bien-aimés, sommes-nous assez
mécontents de nous pour sentir le
suprême besoin de Christ seul ?
Réalisons-nous que par nous-mêmes
nous sommes morts ? Réalisons-nous
que ce fait seul qu'un homme doit naître
de nouveau, est en soi l'acte d'accusation le
plus terrible qu'un Dieu saint puisse prononcer
contre nous, et la preuve absolue de l'insuffisance
totale de notre vie naturelle ? Avons-nous
accepté les conséquences logiques de
la régénération, et leurs
effets sur la sainteté de la vie ?
Avons-nous conscience de notre besoin de vivre
en Dieu, comme de naître de
Dieu ? Sentons-nous le besoin de
« demeurer » en Christ ?
Cherchons-nous à
« demeurer » en lui ?
Sûrement, les fruits en sont riches, car
lui-même a dit - Demeurez en moi, et moi en vous ! »
Nous avons étudié la
foi qui est nécessaire pour
« demeurer en Christ. » Nous
avons vu comment le croyant doit regarder sans
cesse à Christ, jour après jour, pour
sa vie spirituelle, se tenir avec lui en contact
permanent par la prière, la communion et la
confiance,
tout recevoir à tout moment de celui
« en qui habite corporellement toute la
plénitude de la divinité. »
Mais « demeurer » en Christ
consiste à garder ses commandements et il y
en a plus d'un.
Il ne faut pas seulement
« croire au nom de son fils
Jésus-Christ », mais
« aimer » ; non seulement
avoir la foi, mais l'amour
(I
Jean III, 23).
« Demeurer » en Christ est non
pas seulement une communion, mais un service ;
non pas seulement une attitude vis-à-vis de
Dieu, mais une attitude vis-à-vis des
hommes ; non pas seulement un regard sur
Jésus, mais l'amour pour les autres.
Quiconque veut
« demeurer » en Christ et
connaître la manifestation de l'Esprit qui en
découle ne doit pas seulement recevoir
à chaque instant la plénitude de
Jésus, pour sa marche, mais aussi aimer
constamment les autres au lieu de s'aimer
soi-même. Que la manifestation
continuelle de l'Esprit de Dieu n'appartienne
qu'à ceux qui mènent non seulement
une vie de foi, mais une vie d'amour, cela se fonde
sur la nature même de Dieu.
Car...
1.
Dieu, qui est
amour - ne peut se manifester
qu'à ceux qui veulent ainsi aimer.
Nous le considérons comme l'amour
dans la déclaration de sa Parole :
« Dieu est amour et celui qui demeure
dans l'amour demeure en Dieu. »
« Celui qui n'aime pas, ne connaît
pas Dieu. » « Je t'ai
aimé d'un amour éternel. »
« Ayant aimé les siens, il les
aima jusqu'à la fin. »
« Comme mon Père m'a aimé,
je vous ai aussi aimés. »
« Dieu a tant aimé le monde qu'il
a donné son Fils unique. »
Nous voyons cet amour en Dieu le
Père faisant dès
l'éternité le plan du salut des
hommes. Nous le voyons en Dieu le Fils, quand il
offre sa vie pour l'humanité, quand son
coeur agonise de compassion pour les multitudes
qu'il compare à des brebis sans
berger ; quand il supporte avec une patience
majestueuse les insultes et les railleries du
jugement, quand il s'incline sous les verges, quand
enfin, il porte nos péchés en son
corps sur le bois, et que son dernier soupir se
dépense dans une plaintive prière en
faveur de ses bourreaux.
Nous croyons aussi que Dieu le
Saint-Esprit est amour. Comme il est tendre quand
il plaide avec les hommes ! Comme il est doux
dans ses reproches ! Comme il est patient et
infatigable dans nos résistances !
Comme il a de la peine à abandonner l'homme,
malgré ses moqueries et ses
dédains ! Qu'il est prompt à
pardonner les péchés les plus
grossiers et les folies des années
précédentes. Oui, le Père qui
a donné son Fils unique pour nous envoyer le
salut ; le Fils qui a versé son sang
sur une croix infâme pour nous l'apporter, et
l'Esprit, qui pendant des milliers d'années
a couvé les hommes et a opéré
en eux pour le leur appliquer - ces trois sont un
seul Dieu d'AMOUR éternel,
dévoué, immuable.
Il s'en suit que la
nature
même de Dieu, qui est l'amour - exige, pour
se manifester, une vie qui réalise l'amour
comme il le réalise lui-même. Le
seul moyen d'assurer la manifestation du courant
électrique, est de lui procurer le fil
d'acier, de cuivre, ou tout
autre fil conducteur que sa nature requiert. De
même, le seul moyen d'assurer en nous une
constante manifestation de Dieu, c'est de lui
procurer le conducteur que sa nature
réclame, à savoir une vie
consacrée pour toujours à
aimer comme il aime. La vie d'un enfant de
Dieu, qui arrive ainsi à réaliser le
grand commandement : « Aimez-vous
les uns les autres » est, pour la
manifestation du Dieu d'amour, un conducteur tout
aussi sûr que le fil de métal pour la
manifestation de la force électrique.
Telle est la loi de
l'Esprit ;
c'est la seule ligne d'après laquelle il
veuille opérer. Qui attendrait que cet
Esprit se manifeste dans une vie de meurtre ou de
sensualité ? Il ne peut pas non plus se
manifester dans une vie dont le principe directeur
est l'amour du moi, car lui-même est
absolument désintéressé.
Ainsi donc, lorsque
Jésus-Christ établit clairement que
la manifestation de l'Esprit de Dieu est pour celui
qui garde ses commandements, et, lorsqu'il
ajoute : « C'est ici mon
commandement, que vous vous aimiez les uns les
autres comme je vous ai aimés »,
il fait de la manifestation de l'Esprit de Dieu une
nécessité logique en quiconque cesse
de s'aimer soi-même pour aimer les autres, et
une impossibilité logique en quiconque
refuse d'aimer.
2. Par conséquent, la
manifestation la plus complète de l'Esprit
de Dieu est réservée à celui
qui adopte délibérément comme
but et principe de sa vie,
L'AMOUR
DES AUTRES, au lieu de L'AMOUR DU MOI.
Telle est la loi selon laquelle
l'Esprit agit ; qui veut avoir la
manifestation de cet Esprit, doit accepter cette
loi comme loi de sa vie nouvelle.
Cette loi il est vrai, est
exactement opposée à celle qui a
inspiré sa vie passée. Mais c'est ici
le point capital. Il lui faut un nouveau principe
d'action (« je
vous donne un commandement nouveau »), car il se consacre
désormais à une vie
différente, à une vie nouvelle,
à la vie de l'Esprit. Et c'est ainsi que
Christ, en nous donnant une nouvelle nature, nous
donne un nouveau commandement.
Quand il nous donne une nouvelle
vie, il nous donne une nouvelle loi adaptée
à cette vie. Et puisque la nouvelle nature
est la mortelle ennemie et le contraire de
l'ancienne, nous devons nous attendre à ce
que la nouvelle loi soit exactement le contraire de
l'ancienne. Le croyant qui désire la
manifestation de l'Esprit doit donc recevoir un
nouveau principe totalement différent de
celui qui a inspiré presque tous les actes
de sa vie passée : le principe d'aimer les autres au lieu
de s'aimer soi-même.
Ce changement porte loin, il
sonde
le coeur !
Cesser de tout retenir,
commencer
à tout donner ; cesser de tout
chercher, commencer à tout perdre ;
cesser de mettre l'accent sur le soin à
prendre de notre personne et commencer
à prendre soin des intérêts
d'autrui ; ne plus aspirer à la
première place, mais s'accommoder à
la dernière ; viser à servir, et
non à être servi; ne plus provoquer
les louanges des hommes, mais les éviter; ne
plus sauver sa vie, mais la sacrifier pour les autres ;
ne plus,
amasser,
jouir et se mettre à l'aise, mais souffrir,
dépenser, et se dépenser pour Christ
même, - tout cela est le renversement complet
du principe qui dirige le coeur naturel,
c'est-à-dire de l'amour du moi. Pour le
monde, cela est scandale ! Qu'un homme renonce
délibérément à toute
recherche du moi, à toute gloire propre,
à tout gain et avantage personnel, s'adonne
à lutter, à peiner, souffrir,
sacrifier pour les autres, voilà ce que
l'homme naturel ne veut pas accepter. C'est
monstrueux, c'est un suicide. Mais,
bien-aimés, c'est exactement ce que fit
Jésus-Christ, et ce que vous et moi devons
faire pour connaître la manifestation de sa
vie au-dedans de nous.
Aussi, certainement que l'amour
du
moi est la première loi de la nature,
l'amour des autres est la première loi de
Dieu. Dépourvu de tout intérêt
personnel, la loi de l'amour permettra à
celui qui s'y livre de connaître Dieu mieux
qu'il ne pourra jamais le connaître
autrement. Celui qui se soumettra le plus
complètement au commandement nouveau, sera
le plus rempli de la vie nouvelle. Ce commandement
nouveau est l'expression suprême de la
volonté de Dieu eu égard à
notre course terrestre. Celui qui s'y adonne
renverse l'idole de son existence et réalise
à sa place tout le courant de la
manifestation de l'Esprit. L'homme qui autrefois ne
connaissait que la vie du moi dans toute sa
plénitude en vient à connaître
la plénitude de la vie de Christ.
3. Qui veut connaître la
manifestation constante de Dieu, doit
nécessairement DEMEURER dans l'amour. Il
faut
non seulement
accepter ce grand commandement comme la
règle de notre vie, mais le faire passer
dans la pratique de notre vie journalière.
L'acte par lequel nous nous
consacrons à Dieu pour accomplir le
commandement de l'amour ne suffit pas, il doit
être suivi de la pratique de ce commandement
de jour en jour et d'heure en heure.
La manifestation de sa
présence et de son amour, qui accompagne la
consécration, perdra sa continuité si
nous ne vivons pas journellement de la vie pour
laquelle nous nous sommes consacrés à
Dieu, la vie de l'amour. De là la
nécessité de demeurer dans
l'amour. Car « celui qui demeure dans
l'amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui
(I
Jean IV, 16). » Demeurez dans l'amour, c'est incarner
la grande
loi de l'amour dans tous les détails de
notre vie journalière. Non seulement nous
devons renoncer à la vie égoïste
par un acte de solennelle décision, mais l'habitude de
l'égoïsme doit
être remplacée par l'habitude
de l'amour. Nous avons à pratiquer en toutes
circonstances le nouveau commandement,
« recherchant la
charité », comme dit saint Paul,
jusqu'à ce qu'elle inspire notre vie dans
tous ses détails.
Nous avons à faire de l'AMOUR
MUTUEL la. pierre de touche qui éprouve
toutes les pensées, les paroles et les
actions de notre vie journalière,
jusqu'à ce que toutes soient rendues
conformes à la loi qui dirigeait la vie
même de Jésus-Christ. La
réprimande que vous avez administrée
hier à un frère en Christ
était-elle inspirée par l'amour ou
par l'irritation ? Le conseil que vous avez
donné a-t-il été dicté
par l'amour ou par l'orgueil ?
La réunion que vous avez
présidée, l'allocution que vous avez
prononcée, ont-elles été des
actes d'amour, dans le but d'être utile aux
autres, ou pour ajouter à votre propre
réputation ?
L'argent que vous avez donné,
l'avez-vous donné par amour pour les perdus,
ou par orgueil, et pour vous faire valoir ?
Les remarques que vous avez
faites
sur votre prochain sont-elles des preuves de votre
amour ?
Les pensées que vous
nourrissez dans votre coeur à son sujet
sont-elles pleines d'amour ?
Vos dons, vos dépenses, votre
ministère, vos prières, vos projets,
proviennent-ils de l'amour ?
Voilà le suprême
critère de tous les détails de votre
vie, par lequel vous pouvez savoir si c'est
« Dieu qui agit » en vous ou si
c'est le moi. Cette vie d'amour amène
rapidement la manifestation de l'Esprit !
Essayez de vivre un jour dans cette attitude
d'amour pour les autres, au lieu de vous aimer
vous-mêmes ; que vos paroles soient
douces et aimables ; vos actions utiles,
désintéressées, et pleines
d'égards ; vos heures remplies d'un
service aimant et dévoué ; que
votre coeur devienne la demeure de pensées
sympathiques et bienveillantes : Alors ce sera
la bénédiction et vous aurez
conscience de la présence bénie de
l'Esprit. Mais, si vos paroles sont rudes, vos
pensées jalouses et haineuses, vos actions
égoïstes, vos heures remplies de la
recherche de vous-mêmes, vous
éprouverez l'obscurcissement de la
présence de Dieu et l'affliction de
l'Esprit ?
Dans les élévateurs
pour grains se trouvent différents
compartiments, pour les diverses
variétés de céréales.
Ouvrez un conduit, et le blé fait voir son
courant d'or qui déborde. Ouvrez-en un
autre, et le froment ambré se répand
en un torrent sans fin. Ouvrez-en d'autres, et
l'avoine, l'orge ou le seigle s'échapperont
chacun du conduit spécial qui leur est
réservé. De même en nous
habitent l'Esprit et la chair ; la nature
divine qui est l'amour, et la vieille nature qui
est l'égoïsme.
Au moment où nous
accomplissons un acte, où nous disons une
parole ou méditons une pensée
d'amour, c'est Dieu, le Dieu d'amour, qui se
manifeste en nous, mais si nous parlons avec
dureté, agissons avec égoïsme,
pensons avec envie, haine ou dépit, c'est la
chair qui se manifeste. Cette loi est aussi
certaine que la loi par laquelle l'espèce de
grain manifestée dépend du conduit
particulier qui est ouvert. Si nous voulons
obéir à l'amour, incarner l'amour,
demeurons dans l'amour ; nous aurons
sûrement le bienfait d'une manifestation
consciente du Dieu qui est amour, car nous avons
ouvert les canaux par lesquels l'Esprit d'amour
s'engage à se répandre. Mais si nos
paroles sont amères, nos pensées et
nos projets repliés constamment sur
nous-mêmes, nos actions purement
égoïstes, alors la manifestation de la
chair, de la vie du moi, est tout aussi certaine et
inévitable que la manifestation de l'Esprit
chez celui qui marche dans l'amour. Christ ne peut
pas se manifester par une vie de meurtre et de vol,
c'est évident. Mais
il est également évident pour nous
que Christ ne peut se manifester par aucun acte
égoïste ou non-chrétien.
Toute racine d'amertume, toute condescendance pour
l'égoïsme, tout jugement dur dans notre
vie journalière doit rompre la communion
entre Christ et nous, et la rompt nécessairement. Avec quel
soin nous
devrions donc DEMEURER DANS L'AMOUR ! Que
chaque action soit faite par amour !
Évitez un acte égoïste comme
vous éviteriez un acte sensuel. Reculez,
devant une pensée ou un suggestion vides
d'amour, comme devant le sifflement d'un serpent.
Évitez les paroles
précipitées, amères, comme des
flèches ou des poignards empoisonnés.
Faites votre compte - à l'étonnement
du coeur naturel - que Dieu aime,
indépendamment de la manière dont il
est traité - « Il est bon pour les
ingrats et les méchants », et tels
nous devrions être. Ainsi donc, si un tort
grave, une insulte ou une méchanceté
vous font quitter votre attitude d'amour, ne vous
justifiez pas, mais hâtez-vous de confesser
votre faute, et demandez pardon à celui qui
a prié pour ses bourreaux.
Notez que l'expression
suprême de l'amour, C'EST DE SERVIR,
même jusqu'au sacrifice et à la
mort. L'amour n'est pas un pur sentiment, un
simple débordement d'émotion. Sans
doute, il doit d'abord se trouver dans le coeur,
car l'attitude du coeur doit être en
permanence celle de l'amour. Mais de là il
se répand en services, en secours, en
sacrifices pour les autres. « Petits
enfants, aimons en effet et en
vérité, dit Jean. »
« Nous connaissons à ceci
l'amour de Dieu, c'est qu'il a donné sa
vie pour nous
(I
Jean III, 16). » Dieu a
tant aimé qu'il s'est donné pour un
monde perdu. Voilà la preuve de l'amour. Le
fruit inévitable d'une vie intérieure
d'amour, c'est le service - extérieur qui en
découle. Le véritable amour
sert ; l'amour de Christ inspire le service.
Même ceux qui sont couchés sur des
lits de souffrances peuvent, dans les soupirs
secrets de leur coeur, et en priant pour les
autres, vivre de la vie d'amour aussi parfaitement
que ceux qui servent de leurs mains, de leur langue
ou de leur plume. Car il en est ici comme de ce qui
est dit de l'aumône : « Si
l'on donne de bon coeur, on est agréable selon ce qu'on a. et non
selon ce qu'on n'a
pas. »
4. La foi est la porte de toute
communion avec Dieu : l'amour est la porte de
tout service en faveur des hommes. Quiconque les
tient toutes deux constamment ouvertes a appris
à demeurer en Christ.
Le croyant est le temple du
Saint-Esprit. Ce temple a deux portes. La foi est
la porte qui s'ouvre du côté de Dieu,
l'amour est la porte qui s'ouvre du
côté des hommes. Par la foi, la vie
divine déborde sur nous : par l'amour,
elle déborde sur les autres. La foi est le
canal de la communion avec Dieu ; l'amour est
le canal de tout service en faveur dés
hommes. Dieu ne désire pas seulement verser
sa vie en nous par la foi, mais la déverser par nous sur les
autres par l'amour.
L'esprit ne veut pas seulement que nous le
laissions entrer en nous, mais aussi que nous le laissions
passer par nous sur les autres.
Ce n'est pas assez pour nous de
recevoir le Saint-Esprit. Ce n'est pas assez de posséder son
amour, sa paix et sa
puissance ; nous devons les communiquer
à ceux auxquels Dieu les destine.
Il y a un monde non sauvé,
mourant, perdu, que Dieu aime autant qu'il nous
aime. À moins que ces âmes ne voient
Christ en nous, elles ne le verront
jamais ; à moins qu'elles n'entendent
parler de lui, elles mourront dans les
ténèbres ; à moins
qu'elles ne le touchent par notre contact, jamais
elles ne connaîtront le contact de sa vie et
de sa puissance.
Lorsqu'il parcourait la terre,
sa
vie se répandait en bienfaits de tous genres
sur tous ceux qui l'entouraient. Maintenant il
n'est plus dans le monde, mais nous sommes dans le
monde, membres de son corps, sarments du divin cep,
et il aspire à répandre encore sa vie par notre moyen. La foi
est donc le canal
qui nous amène le flux divin ; et
l'amour le canal du divin reflux. Grâce
à la foi, Dieu est à même de
travailler en nous ; grâce à
l'amour, il est à même de travailler
par nous. C'est là « la foi QUI AGIT PAR LA
CHARITÉ »,
selon l'expression employée par saint Paul
(Gal.
V, 6) ; la foi, qui
regarde constamment à Jésus, qui
reçoit d'heure en heure la vie qu'il
répand en nous, la déverse tout aussi
constamment par l'amour, qui est la porte ouverte
sur ceux qui périssent. Celui-là
demeure en Christ qui tient ces deux portes
toujours ouvertes. On ne ferme impunément ni
l'une ni l'autre. Fermer la
porte de la foi, c'est affaiblir l'homme
intérieur par manque de communion ;
fermer la porte de l'amour, c'est l'affaiblir par
manque d'activité. Ainsi le croyant est un
canal que Jésus compare à un fleuve
(Jean
VII, 38) - « DE lui couleront des fleuves d'eau vive...
Il
disait cela de l'Esprit que devaient recevoir... » Ce qui
a
été reçu doit se
répandre. Un bon canal reçoit
toujours, est toujours plein, et coule
toujours.
Un bon canal doit être
constamment ouvert au point d'entrée et au
point de sortie. C'est ainsi que les deux portes de
la foi et de l'amour doivent être constamment
ouvertes. Par la foi, la porte ouverte du
côté de Dieu, nous recevons
constamment la vie divine dans sa communion ;
par l'amour, la porte ouverte du côté
des hommes, nous laissons constamment cette vie
divine s'écouler sous forme de service et de
bienfaisance. Le canal qui a l'une de ses issues
bouchée cesse d'être un canal.
L'entrée sans la sortie, c'est la
stagnation ; et la sortie sans
l'entrée, c'est le vide.
Nous ne pouvons sans danger ni
cesser de croire ni cesser d'aimer. Nous devons
passer du flux de la communion au reflux du
service, puis du service qui épuise à
la communion qui remplit.
Quiconque ferme soit la porte de
la
communion soit celle du service, écrit sur
sa vie : « On ne passe
pas ; » mais il ne l'a pas plus
tôt fait que l'Esprit, d'une main invisible,
écrit sur la même vie : Pas de
communion.
Ne se rendant pas compte que les
deux sont nécessaires pour constituer une
vie chrétienne, harmonieuse et complète,
les hommes ont essayé de les séparer,
et de vivre, de l'une sans pratiquer l'autre. Les
uns ont compris que hors de Christ ils ne pouvaient
rien faire, ils ont vu la nécessité
d'une communion étroite et constante avec
lui : ils ont eu conscience de la
bénédiction et de la puissance d'une
vie de prière : alors ils se sont
exclusivement adonnés au côté
« FOI » de la vie
chrétienne.
Ils se sont retirés d'un
monde rempli de péché et de
folie ; ils se sont cachés dans la
retraite des cloîtres et des cellules ;
ils se sont livrés à la
prière, à la méditation et
à la communion. Mais lorsque Dieu se
révélait à eux par la vie de
communion, au lieu d'ouvrir là porte de
l'amour, de s'appliquer à servir et à
faire part de leur bénédiction et de
leur vie spirituelle à ceux qui en avaient
besoin, ils essayaient de garder pour
eux-mêmes la vie qui leur était
donnée pour tous. De là vint cette
sorte de vie morbide, malsaine, qu'on menait dans
les monastères et dans les cellules et qui
dégénérait en mort et en
stérilité spirituelle, parce qu'elle
n'était pas accompagnée de
l'activité journalière de l'amour.
Christ lui-même n'aurait pas pu vivre une
telle vie, mais aussitôt « oint du
Saint-Esprit, il alla faisant le
bien. » Le côté foi de
la vie de communion est absolument essentiel ;
nous devons faire notre compte de notre mort
spirituelle ; nous devons regarder â
Jésus continuellement ; nous devons,
heure après heure, tirer de lui la vie
divine. Mais la foi sans les oeuvres est morte le
flux sans le reflux est
la
stagnation ; la communion sans le service
n'est rien.
D'autres se livrent
complètement au service et à
l'activité chrétienne. Leur vie est
un cercle continuel de réunions, de
comités, de visites, de discours et de
services innombrables. Mais pour eux l'heure de la
prière est un facteur inconnu, la communion
un mot sans importance, et l'attente devant Dieu la
perte d'un temps précieux ; la
direction de l'Esprit et la vie de foi des sons
vides de sens. Ces vies, malgré toute leur
activité, manquent de quelque chose
d'essentiel tout en se dépensant avec
intensité. Il y a du frottement et de
l'échauffement, du tourment et de
l'anxiété, une absence consciente de
puissance vivifiante dans le service, un manque de
joie, de paix et de bénédiction. Les
oeuvres opérées par notre vertu
propre sont des oeuvres mortes ; la chambre de
prière est la seule usine de force ; le
service sans l'onction est sans vie ; il nous
faut le contact de Christ avant celui des
hommes ; nous ne pouvons répandre que
ce que nous recevons de lui. Un seul contact avec
un fil chargé d'électricité
fera tressaillir un homme dans tout son être,
mais vous pouvez le toucher tous les jours avec un
fil inerte salis jamais l'éveiller. La foi
sans le service est morte ; le service sans la
foi n'est rien.
Celui donc qui tient
continuellement
ouvertes ces deux portes de la foi et de
l'amour ; celui qui devient ainsi le canal du
Saint-Esprit, a appris le dernier secret du
Saint-Esprit, le secret de la vie de communion.
AINSI DONC, DEMEURER EN CHRIST,
C'EST VIVRE D'UNE FOI CONSTANTE DU COTÉ DE
CHRIST, ET D'UN AMOUR ININTERROMPU DU COTÉ
DU PROCHAIN.
Bien-aimés, avons-nous appris
ce dernier secret du Saint-Esprit ?
Vivons-nous de la vie de communion ?
Comprenons-nous notre dépendance absolue,
d'heure en heure, de Jésus-Christ, la seule
plénitude de vie pour nous ?
Apprenons-nous à compter sur lui en
toute circonstance ? Est-ce là l'attitude habituelle, de
notre
âme ? Sommes-nous lents à parler,
à faire des plans, à agir,
jusqu'à ce que nous soyons entrés en
contact et en conseil avec lui ? Avons-nous
non seulement donné notre vie pour lui,
mais, ce qui est encore plus important, nous
maintenons-nous dans une attitude telle qu'il
puisse répandre sa vie par notre
moyen ? En un mot, persistons-nous,
vivons-nous, demeurons-nous dans la
foi ?
En outre, comprenons-nous qu'il
est amour ? qu'il veut que nous lui
ressemblions, et qu'il nous dit en
conséquence : « Je vous donne
un commandement nouveau, c'est que vous vous aimiez
les uns les autres comme je vous ai
aimés. » Avons-nous
abandonné l'amour de nous-même, et
fait de l'amour des autres le but
suprême de notre vie ? Si oui, est-ce
ainsi que nous vivons ? Nous demandons-nous
jour après jour, heure après
heure : « Ai-je agi par amour ?
Ai-je fait ce projet par amour ? Ai-je
parlé par amour ? Ai-je donné,
servi, fait du bien par amour, par amour pour
les autres ? » Est-ce que nous
réprimons toute parole dure, toute
pensée égoïste. Est-ce que nous renonçons à tout
acte intéressé. Est-ce que nous
comprenons que l'amour nous oblige au service
pratique, constant des autres, notre vie
durant, comme Christ a servi sur la terre ?
Observons-nous continuellement ces deux
commandements ? Les deux portes sont-elles
ouvertes ? Nos heures tranquilles sont-elles
occupées par la communion ? et nos
heures de travail par le service de l'amour quelque
humble et ordinaire que ce service puisse nous
paraître. Commençons à
comprendre, au moins quelque peu, cette
parole étonnante : « Ce n'est
plus moi qui vis, mais Christ qui vit en
moi ? » Avons-nous
goûté ainsi ce que c'est que de
demeurer en Christ ? Cherchons-nous à
pratiquer cette communion ? Si oui,
réjouissons-nous. Car alors, ce n'est pas
seulement une promesse ou un ordre, mais c'est pour
nous l'expérience personnelle et consciente,
que la sainte Parole décrit en ces
mots :
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