Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !
<

3. Le secret de sa manifestation constante.

suite

Demeurant en Christ.

-------

Bien-aimés, comprenons-nous bien que notre marche « dans l'Esprit » doit être constamment, à CHAQUE instant, une vie de foi comme notre salut a été un acte de foi ? qu'il nous faut non seulement être régénérés par la foi, mais vivre par la foi ? Croyons-nous que c'est là la pensée de Christ, lorsqu'il disait : « Hors de moi, vous ne pouvez rien faire ? » Osons-nous présider cette réunion, écrire cette lettre ou cet article, prononcer cette allocution, offrir ce traité, parler de Christ à cette âme, prendre telle décision, faire telle démarche, osons-nous entreprendre quoi que ce soit, sans cette rapide élévation de notre foi vers Celui en qui seul habite la vie spirituelle ? Avons-nous incarné le fait de notre propre insuffisance dans notre marche chrétienne journalière ? Comprenons-nous bien que tout cela n'est pis seulement un thème à essais religieux, ou un sujet de conversations mystiques, mais que c'est la vérité qui doit s'incorporer dans chaque acte, dans chaque parole, dans chaque pensée ? Regardons-nous constamment à l'habitation de Christ en nous ? Que notre moi soit digne de toute défiance, et Christ digne de toute confiance, nous le savons. Mais notre vie le prouve-t-elle ? Ce « hors de moi vous ne pouvez rien faire », est-il devenu partie intégrante de notre vie comme de notre credo ? » C'est l'Esprit qui vivifie (qui rend vivant), la chair ne sert de rien. » L'Esprit seul peut faire vivre ; l'Esprit seul peut faire sortir de la mort hommes ou femmes et leur donner vie. Les paroles prononcées, les prières proférées, les actes accomplis dans la seule énergie du moi n'ont aucune puissance de création spirituelle. Si cela est vrai, combien de nos oeuvres sont des « oeuvres mortes ! » À moins que l'Esprit ne parle par nous, ne prie par nous, n'agisse par nous, il n'y aura aucune résurrection chez ceux qui nous entourent.

Le sermon débité avec l'orgueil intellectuel, ou avec l'impétuosité d'une éloquence toute humaine, peut éveiller l'intelligence, soulever l'admiration, ou exciter l'émotion, mais il ne peut pas transmettre la vie. Et rien d'autre que la vie ne peut produire la vie, car « C'EST L'ESPRIT QUI VIVIFIE. »

« Je n'ai pas souvent à me reprocher de négliger mon service, mais je me reproche souvent de servir sans l'onction, » disait un pionnier chrétien bien connu. Le ministère sans l'Esprit, de quelle valeur est-il ? La réponse est toujours la même. « La chair ne sert de rien, » et montre quelle responsabilité solennelle est la nôtre si nous vivons sans « demeurer » en Christ, sans nous défier constamment de nous-mêmes, sans compter constamment sur l'Esprit qui habite en nous et sans tout recevoir de lui.

La nécessité de « demeurer » en Christ peut s'illustrer à l'aide de faits d'une expérience Journalière. Il y a aujourd'hui deux systèmes par lesquels on fait mouvoir les voitures électriques.

Dans l'un, la force réside dans une batterie suffisamment approvisionnée pour faire rouler la voiture un certain nombre d'heures. La batterie, une fois, chargée, devient pendant ce temps-là une source indépendante de force et de lumière, et la voiture est elle-même un automoteur, n'ayant besoin d'aucun aide du dehors. Mais il y a un autre système, le trolley, qui diffère totalement du précédent. Ici, la voiture est un objet mort, inerte, sans aucune puissance de propulsion propre. Mais au-dessus d'elle court un mince câble d'acier, qui palpite de la vie qu'il tire sans interruption d'une usine électrique. Au moment où la voiture inerte allonge sa perche et entre en contact avec le courant qui passe, elle s'emplit de vie, de force et de mouvement. Or, cette vie et cette force ne sont pas les siennes propres, mais celles du câble, et sitôt que cesse le contact avec le fil chargé de vie, elle redevient la même masse inerte et immobile. Le maintien de son mouvement dépend entièrement du maintien de son contact.

L'analogie saute aux yeux. C'est ainsi que les enfants de Dieu doivent se tenir en contact continuel avec Jésus-Christ, s'ils veulent connaître les manifestations constantes du Saint-Esprit, car Dieu ne les remplit pas d'après le principe des batteries, mais d'après celui des trolleys. Il ne les charge pas d'une puissance indépendante, mais il les unit par la foi à Jésus-Christ qui seul est ainsi chargé. C'est Christ (Act. Il. 33 ) qui a reçu du Père le Saint-Esprit promis ; et c'est Christ qui « a répandu ce que vous voyez et entendez. »

C'est donc en vertu de notre union avec Christ que nous avons reçu le don du Saint-Esprit, et c'est seulement si nous demeurons en lui, si nous tirons de lui jour après jour notre vie par la communion, par la prière et par le regard, que nous expérimentons la manifestation constante de l'Esprit. Dieu ne nous remplit pas comme nous pourrions remplir un sceau, avec une provision indépendante et séparée de la fontaine. Il nous remplit comme un sarment l'est par le cep, grâce à son union avec lui, et parce qu'il tire de lui de jour en jour, d'heure en heure, tout ce dont il a besoin. Ainsi quiconque regarde à Jésus constamment ne manquera ni de bénédictions, ni de baptêmes, mais celui qui regarde aux bénédictions et aux baptêmes pourra souvent relâcher le lien qui l'unit à Jésus.

Le Seigneur veut nous garder dans cette position de dépendance. Sa volonté n'est pas de nous remplir de l'Esprit de telle sorte que nous puissions marcher seuls avec cette provision pendant un an, un mois, ou un jour. Agir ainsi serait nous rendre indépendants de Christ, nous remplir de confiance en nous-mêmes, nous gonfler d'orgueil, anéantir la foi, seul vrai fondement de la communion avec Christ pour porter des fruits de vie en lui. Non, bien-aimés, notre vie spirituelle n'est pas la nôtre propre, nous la tirons d'un autre. Dépendre de soi-même, c'est la stérilité ; dépendre de Christ, c'est la plénitude. « Vous êtes mort, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu. » De même qu'au centre d'une ville il y a de grands dynamos vivant d'une vie merveilleuse qu'ils envoient à des centaines de tramways inertes qui comptent sur elle, de même, cachée en Dieu, il y a une vie divine que lui, le Père, répand en nous par le Fils. Quiconque demeure en lui sera toujours fertile et rempli ; quiconque essaie de vivre de ses bénédictions et de ses expériences d'autrefois déplorera bientôt son vide et sa stérilité.

Remarquez bien ici que « demeurer » n'exprime pas une attitude, mais un état. « Demeurer » ne précède pas le salut, mais le suppose.
Un homme a le salut en Christ en vertu de son union, mais bien des hommes perdent la manifestation de l'Esprit par manque de communion.
Maint chrétien a l'attitude vraie et un état faux ; sûr de son salut, il est lent dans sa marche et dans sa communion. La stérilité de sa vie et sa faiblesse à servir indiquent qu'il a perdu, non pas son salut en Christ, mais sa communion avec Christ ; qu'il a perdu n'on la justification, mais la manifestation, non la foi qui sauve, mais la foi par laquelle on « demeure » en Christ dans le sens indiqué.

L'unique pensée de quiconque a cette foi par laquelle on « demeure » en Christ, est donc de compter constamment sur Jésus pour sa vie spirituelle. Ces trois Mots COMPTER SUR JÉSUS dépeignent parfaitement la situation de l'âme qui demeure en Christ. La lune continue à compter sur le soleil pour tous les rayons qu'elle reflète ; le sarment compte constamment sur le cep pour tout ce qui constitue sa vie et ses fruits ; la fontaine compte sans cesse sur le réservoir qui lui fournit chacune des gouttes d'eau qu'elle offre à ses visiteurs altérés ; la lampe électrique compte invariablement sur le grand dynamo pour chaque parcelle du courant de lumière dont elle inonde les ténèbres de minuit. De même l'enfant de Dieu qui veut se rendre maître du dernier secret du Saint-Esprit, celui de sa manifestation constante, doit continuer à regarder à Jésus, moment après moment, jusqu'à ce que cette vie de foi devienne l'état constant de son âme. Cela peut être, cela sera difficile pour commencer.

Pratiquer ce principe de compter sur Jésus seul dans chaque détail de notre vie n'est pas peu de chose pour aucun d'entre nous. Imposer silence aux clameurs de la chair, ne plus se fier à l'intelligence naturelle ; comprimer la violence d'une hâte charnelle, se défier de tout plan qui ne découle pas de la prière, attendre jusqu'à ce que l'on soit convaincu de la volonté de Dieu, ne pas seulement dire : « pas de confiance en la chair », mais le pratiquer, c'est une attitude que l'on ne prend pas aisément et d'un seul effort. Mais ce sera la nôtre ; Jésus l'exige de nous, et tout commandement développe en nous la capacité de l'accomplir. Et comme l'échec de nos efforts pour « demeurer » en Christ a rendu plus manifeste notre profond besoin de réaliser cet état, nous y arriverons à la fin en comptant sur Jésus pour la force nécessaire. Acceptant notre propre incapacité, nous compterons sur Jésus pour être guidés et nous verrons de nos yeux les voies merveilleuses par lesquelles il nous fait passer ; nous compterons sur lui pour l'onction, et pour être aussi conscients de la présence de l'Esprit que nous le sommes de notre propre identité ; nous compterons sur lui pour porter des fruits et serons étonnés de la récolte qu'il peut tirer de pauvres sarments tels que nous. Qu'ils sont précieux tous ces résultats d'une vie passée à « demeurer en lui ».

Bien-aimés, sommes-nous assez mécontents de nous pour sentir le suprême besoin de Christ seul ? Réalisons-nous que par nous-mêmes nous sommes morts ? Réalisons-nous que ce fait seul qu'un homme doit naître de nouveau, est en soi l'acte d'accusation le plus terrible qu'un Dieu saint puisse prononcer contre nous, et la preuve absolue de l'insuffisance totale de notre vie naturelle ? Avons-nous accepté les conséquences logiques de la régénération, et leurs effets sur la sainteté de la vie ? Avons-nous conscience de notre besoin de vivre en Dieu, comme de naître de Dieu ? Sentons-nous le besoin de « demeurer » en Christ ? Cherchons-nous à « demeurer » en lui ? Sûrement, les fruits en sont riches, car lui-même a dit - Demeurez en moi, et moi en vous ! »

Nous avons étudié la foi qui est nécessaire pour « demeurer en Christ. » Nous avons vu comment le croyant doit regarder sans cesse à Christ, jour après jour, pour sa vie spirituelle, se tenir avec lui en contact permanent par la prière, la communion et la confiance, tout recevoir à tout moment de celui « en qui habite corporellement toute la plénitude de la divinité. » Mais « demeurer » en Christ consiste à garder ses commandements et il y en a plus d'un.

Il ne faut pas seulement « croire au nom de son fils Jésus-Christ », mais « aimer » ; non seulement avoir la foi, mais l'amour (I Jean III, 23). « Demeurer » en Christ est non pas seulement une communion, mais un service ; non pas seulement une attitude vis-à-vis de Dieu, mais une attitude vis-à-vis des hommes ; non pas seulement un regard sur Jésus, mais l'amour pour les autres.

Quiconque veut « demeurer » en Christ et connaître la manifestation de l'Esprit qui en découle ne doit pas seulement recevoir à chaque instant la plénitude de Jésus, pour sa marche, mais aussi aimer constamment les autres au lieu de s'aimer soi-même. Que la manifestation continuelle de l'Esprit de Dieu n'appartienne qu'à ceux qui mènent non seulement une vie de foi, mais une vie d'amour, cela se fonde sur la nature même de Dieu. Car...

1. Dieu, qui est amour
- ne peut se manifester qu'à ceux qui veulent ainsi aimer. Nous le considérons comme l'amour dans la déclaration de sa Parole : « Dieu est amour et celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu. » « Celui qui n'aime pas, ne connaît pas Dieu. » « Je t'ai aimé d'un amour éternel. » « Ayant aimé les siens, il les aima jusqu'à la fin. » « Comme mon Père m'a aimé, je vous ai aussi aimés. » « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique. »

Nous voyons cet amour en Dieu le Père faisant dès l'éternité le plan du salut des hommes. Nous le voyons en Dieu le Fils, quand il offre sa vie pour l'humanité, quand son coeur agonise de compassion pour les multitudes qu'il compare à des brebis sans berger ; quand il supporte avec une patience majestueuse les insultes et les railleries du jugement, quand il s'incline sous les verges, quand enfin, il porte nos péchés en son corps sur le bois, et que son dernier soupir se dépense dans une plaintive prière en faveur de ses bourreaux.

Nous croyons aussi que Dieu le Saint-Esprit est amour. Comme il est tendre quand il plaide avec les hommes ! Comme il est doux dans ses reproches ! Comme il est patient et infatigable dans nos résistances ! Comme il a de la peine à abandonner l'homme, malgré ses moqueries et ses dédains ! Qu'il est prompt à pardonner les péchés les plus grossiers et les folies des années précédentes. Oui, le Père qui a donné son Fils unique pour nous envoyer le salut ; le Fils qui a versé son sang sur une croix infâme pour nous l'apporter, et l'Esprit, qui pendant des milliers d'années a couvé les hommes et a opéré en eux pour le leur appliquer - ces trois sont un seul Dieu d'AMOUR éternel, dévoué, immuable.

Il s'en suit que la nature même de Dieu, qui est l'amour - exige, pour se manifester, une vie qui réalise l'amour comme il le réalise lui-même. Le seul moyen d'assurer la manifestation du courant électrique, est de lui procurer le fil d'acier, de cuivre, ou tout autre fil conducteur que sa nature requiert. De même, le seul moyen d'assurer en nous une constante manifestation de Dieu, c'est de lui procurer le conducteur que sa nature réclame, à savoir une vie consacrée pour toujours à aimer comme il aime. La vie d'un enfant de Dieu, qui arrive ainsi à réaliser le grand commandement : « Aimez-vous les uns les autres » est, pour la manifestation du Dieu d'amour, un conducteur tout aussi sûr que le fil de métal pour la manifestation de la force électrique.

Telle est la loi de l'Esprit ; c'est la seule ligne d'après laquelle il veuille opérer. Qui attendrait que cet Esprit se manifeste dans une vie de meurtre ou de sensualité ? Il ne peut pas non plus se manifester dans une vie dont le principe directeur est l'amour du moi, car lui-même est absolument désintéressé.

Ainsi donc, lorsque Jésus-Christ établit clairement que la manifestation de l'Esprit de Dieu est pour celui qui garde ses commandements, et, lorsqu'il ajoute : « C'est ici mon commandement, que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés », il fait de la manifestation de l'Esprit de Dieu une nécessité logique en quiconque cesse de s'aimer soi-même pour aimer les autres, et une impossibilité logique en quiconque refuse d'aimer.

2. Par conséquent, la manifestation la plus complète de l'Esprit de Dieu est réservée à celui qui adopte délibérément comme but et principe de sa vie
, L'AMOUR DES AUTRES, au lieu de L'AMOUR DU MOI.
Telle est la loi selon laquelle l'Esprit agit ; qui veut avoir la manifestation de cet Esprit, doit accepter cette loi comme loi de sa vie nouvelle.

Cette loi il est vrai, est exactement opposée à celle qui a inspiré sa vie passée. Mais c'est ici le point capital. Il lui faut un nouveau principe d'action (« je vous donne un commandement nouveau »), car il se consacre désormais à une vie différente, à une vie nouvelle, à la vie de l'Esprit. Et c'est ainsi que Christ, en nous donnant une nouvelle nature, nous donne un nouveau commandement.

Quand il nous donne une nouvelle vie, il nous donne une nouvelle loi adaptée à cette vie. Et puisque la nouvelle nature est la mortelle ennemie et le contraire de l'ancienne, nous devons nous attendre à ce que la nouvelle loi soit exactement le contraire de l'ancienne. Le croyant qui désire la manifestation de l'Esprit doit donc recevoir un nouveau principe totalement différent de celui qui a inspiré presque tous les actes de sa vie passée : le principe d'aimer les autres au lieu de s'aimer soi-même.
Ce changement porte loin, il sonde le coeur !

Cesser de tout retenir, commencer à tout donner ; cesser de tout chercher, commencer à tout perdre ; cesser de mettre l'accent sur le soin à prendre de notre personne et commencer à prendre soin des intérêts d'autrui ; ne plus aspirer à la première place, mais s'accommoder à la dernière ; viser à servir, et non à être servi; ne plus provoquer les louanges des hommes, mais les éviter; ne plus sauver sa vie, mais la sacrifier pour les autres ; ne plus, amasser, jouir et se mettre à l'aise, mais souffrir, dépenser, et se dépenser pour Christ même, - tout cela est le renversement complet du principe qui dirige le coeur naturel, c'est-à-dire de l'amour du moi. Pour le monde, cela est scandale ! Qu'un homme renonce délibérément à toute recherche du moi, à toute gloire propre, à tout gain et avantage personnel, s'adonne à lutter, à peiner, souffrir, sacrifier pour les autres, voilà ce que l'homme naturel ne veut pas accepter. C'est monstrueux, c'est un suicide. Mais, bien-aimés, c'est exactement ce que fit Jésus-Christ, et ce que vous et moi devons faire pour connaître la manifestation de sa vie au-dedans de nous.

Aussi, certainement que l'amour du moi est la première loi de la nature, l'amour des autres est la première loi de Dieu. Dépourvu de tout intérêt personnel, la loi de l'amour permettra à celui qui s'y livre de connaître Dieu mieux qu'il ne pourra jamais le connaître autrement. Celui qui se soumettra le plus complètement au commandement nouveau, sera le plus rempli de la vie nouvelle. Ce commandement nouveau est l'expression suprême de la volonté de Dieu eu égard à notre course terrestre. Celui qui s'y adonne renverse l'idole de son existence et réalise à sa place tout le courant de la manifestation de l'Esprit. L'homme qui autrefois ne connaissait que la vie du moi dans toute sa plénitude en vient à connaître la plénitude de la vie de Christ.

3. Qui veut connaître la manifestation constante de Dieu, doit nécessairement DEMEURER dans l'amour.
Il faut non seulement accepter ce grand commandement comme la règle de notre vie, mais le faire passer dans la pratique de notre vie journalière.

L'acte par lequel nous nous consacrons à Dieu pour accomplir le commandement de l'amour ne suffit pas, il doit être suivi de la pratique de ce commandement de jour en jour et d'heure en heure.

La manifestation de sa présence et de son amour, qui accompagne la consécration, perdra sa continuité si nous ne vivons pas journellement de la vie pour laquelle nous nous sommes consacrés à Dieu, la vie de l'amour. De là la nécessité de demeurer dans l'amour. Car « celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui (I Jean IV, 16). » Demeurez dans l'amour, c'est incarner la grande loi de l'amour dans tous les détails de notre vie journalière. Non seulement nous devons renoncer à la vie égoïste par un acte de solennelle décision, mais l'habitude de l'égoïsme doit être remplacée par l'habitude de l'amour. Nous avons à pratiquer en toutes circonstances le nouveau commandement, « recherchant la charité », comme dit saint Paul, jusqu'à ce qu'elle inspire notre vie dans tous ses détails.

Nous avons à faire de l'AMOUR MUTUEL la. pierre de touche qui éprouve toutes les pensées, les paroles et les actions de notre vie journalière, jusqu'à ce que toutes soient rendues conformes à la loi qui dirigeait la vie même de Jésus-Christ. La réprimande que vous avez administrée hier à un frère en Christ était-elle inspirée par l'amour ou par l'irritation ? Le conseil que vous avez donné a-t-il été dicté par l'amour ou par l'orgueil ?

La réunion que vous avez présidée, l'allocution que vous avez prononcée, ont-elles été des actes d'amour, dans le but d'être utile aux autres, ou pour ajouter à votre propre réputation ?
L'argent que vous avez donné, l'avez-vous donné par amour pour les perdus, ou par orgueil, et pour vous faire valoir ?
Les remarques que vous avez faites sur votre prochain sont-elles des preuves de votre amour ?
Les pensées que vous nourrissez dans votre coeur à son sujet sont-elles pleines d'amour ?
Vos dons, vos dépenses, votre ministère, vos prières, vos projets, proviennent-ils de l'amour ?

Voilà le suprême critère de tous les détails de votre vie, par lequel vous pouvez savoir si c'est « Dieu qui agit » en vous ou si c'est le moi. Cette vie d'amour amène rapidement la manifestation de l'Esprit ! Essayez de vivre un jour dans cette attitude d'amour pour les autres, au lieu de vous aimer vous-mêmes ; que vos paroles soient douces et aimables ; vos actions utiles, désintéressées, et pleines d'égards ; vos heures remplies d'un service aimant et dévoué ; que votre coeur devienne la demeure de pensées sympathiques et bienveillantes : Alors ce sera la bénédiction et vous aurez conscience de la présence bénie de l'Esprit. Mais, si vos paroles sont rudes, vos pensées jalouses et haineuses, vos actions égoïstes, vos heures remplies de la recherche de vous-mêmes, vous éprouverez l'obscurcissement de la présence de Dieu et l'affliction de l'Esprit ?

Dans les élévateurs pour grains se trouvent différents compartiments, pour les diverses variétés de céréales. Ouvrez un conduit, et le blé fait voir son courant d'or qui déborde. Ouvrez-en un autre, et le froment ambré se répand en un torrent sans fin. Ouvrez-en d'autres, et l'avoine, l'orge ou le seigle s'échapperont chacun du conduit spécial qui leur est réservé. De même en nous habitent l'Esprit et la chair ; la nature divine qui est l'amour, et la vieille nature qui est l'égoïsme.

Au moment où nous accomplissons un acte, où nous disons une parole ou méditons une pensée d'amour, c'est Dieu, le Dieu d'amour, qui se manifeste en nous, mais si nous parlons avec dureté, agissons avec égoïsme, pensons avec envie, haine ou dépit, c'est la chair qui se manifeste. Cette loi est aussi certaine que la loi par laquelle l'espèce de grain manifestée dépend du conduit particulier qui est ouvert. Si nous voulons obéir à l'amour, incarner l'amour, demeurons dans l'amour ; nous aurons sûrement le bienfait d'une manifestation consciente du Dieu qui est amour, car nous avons ouvert les canaux par lesquels l'Esprit d'amour s'engage à se répandre. Mais si nos paroles sont amères, nos pensées et nos projets repliés constamment sur nous-mêmes, nos actions purement égoïstes, alors la manifestation de la chair, de la vie du moi, est tout aussi certaine et inévitable que la manifestation de l'Esprit chez celui qui marche dans l'amour. Christ ne peut pas se manifester par une vie de meurtre et de vol, c'est évident. Mais il est également évident pour nous que Christ ne peut se manifester par aucun acte égoïste ou non-chrétien. Toute racine d'amertume, toute condescendance pour l'égoïsme, tout jugement dur dans notre vie journalière doit rompre la communion entre Christ et nous, et la rompt nécessairement. Avec quel soin nous devrions donc DEMEURER DANS L'AMOUR ! Que chaque action soit faite par amour ! Évitez un acte égoïste comme vous éviteriez un acte sensuel. Reculez, devant une pensée ou un suggestion vides d'amour, comme devant le sifflement d'un serpent. Évitez les paroles précipitées, amères, comme des flèches ou des poignards empoisonnés. Faites votre compte - à l'étonnement du coeur naturel - que Dieu aime, indépendamment de la manière dont il est traité - « Il est bon pour les ingrats et les méchants », et tels nous devrions être. Ainsi donc, si un tort grave, une insulte ou une méchanceté vous font quitter votre attitude d'amour, ne vous justifiez pas, mais hâtez-vous de confesser votre faute, et demandez pardon à celui qui a prié pour ses bourreaux.

Notez que l'expression suprême de l'amour, C'EST DE SERVIR, même jusqu'au sacrifice et à la mort. L'amour n'est pas un pur sentiment, un simple débordement d'émotion. Sans doute, il doit d'abord se trouver dans le coeur, car l'attitude du coeur doit être en permanence celle de l'amour. Mais de là il se répand en services, en secours, en sacrifices pour les autres. « Petits enfants, aimons en effet et en vérité, dit Jean. » « Nous connaissons à ceci l'amour de Dieu, c'est qu'il a donné sa vie pour nous (I Jean III, 16). » Dieu a tant aimé qu'il s'est donné pour un monde perdu. Voilà la preuve de l'amour. Le fruit inévitable d'une vie intérieure d'amour, c'est le service - extérieur qui en découle. Le véritable amour sert ; l'amour de Christ inspire le service. Même ceux qui sont couchés sur des lits de souffrances peuvent, dans les soupirs secrets de leur coeur, et en priant pour les autres, vivre de la vie d'amour aussi parfaitement que ceux qui servent de leurs mains, de leur langue ou de leur plume. Car il en est ici comme de ce qui est dit de l'aumône : « Si l'on donne de bon coeur, on est agréable selon ce qu'on a. et non selon ce qu'on n'a pas. »

4. La foi est la porte de toute communion avec Dieu : l'amour est la porte de tout service en faveur des hommes. Quiconque les tient toutes deux constamment ouvertes a appris à demeurer en Christ.

Le croyant est le temple du Saint-Esprit. Ce temple a deux portes. La foi est la porte qui s'ouvre du côté de Dieu, l'amour est la porte qui s'ouvre du côté des hommes. Par la foi, la vie divine déborde sur nous : par l'amour, elle déborde sur les autres. La foi est le canal de la communion avec Dieu ; l'amour est le canal de tout service en faveur dés hommes. Dieu ne désire pas seulement verser sa vie en nous par la foi, mais la déverser par nous sur les autres par l'amour. L'esprit ne veut pas seulement que nous le laissions entrer en nous, mais aussi que nous le laissions passer par nous sur les autres.
Ce n'est pas assez pour nous de recevoir le Saint-Esprit. Ce n'est pas assez de posséder son amour, sa paix et sa puissance ; nous devons les communiquer à ceux auxquels Dieu les destine.

Il y a un monde non sauvé, mourant, perdu, que Dieu aime autant qu'il nous aime. À moins que ces âmes ne voient Christ en nous, elles ne le verront jamais ; à moins qu'elles n'entendent parler de lui, elles mourront dans les ténèbres ; à moins qu'elles ne le touchent par notre contact, jamais elles ne connaîtront le contact de sa vie et de sa puissance.

Lorsqu'il parcourait la terre, sa vie se répandait en bienfaits de tous genres sur tous ceux qui l'entouraient. Maintenant il n'est plus dans le monde, mais nous sommes dans le monde, membres de son corps, sarments du divin cep, et il aspire à répandre encore sa vie par notre moyen. La foi est donc le canal qui nous amène le flux divin ; et l'amour le canal du divin reflux. Grâce à la foi, Dieu est à même de travailler en nous ; grâce à l'amour, il est à même de travailler par nous. C'est là « la foi QUI AGIT PAR LA CHARITÉ », selon l'expression employée par saint Paul (Gal. V, 6) ; la foi, qui regarde constamment à Jésus, qui reçoit d'heure en heure la vie qu'il répand en nous, la déverse tout aussi constamment par l'amour, qui est la porte ouverte sur ceux qui périssent. Celui-là demeure en Christ qui tient ces deux portes toujours ouvertes. On ne ferme impunément ni l'une ni l'autre. Fermer la porte de la foi, c'est affaiblir l'homme intérieur par manque de communion ; fermer la porte de l'amour, c'est l'affaiblir par manque d'activité. Ainsi le croyant est un canal que Jésus compare à un fleuve (Jean VII, 38) - « DE lui couleront des fleuves d'eau vive... Il disait cela de l'Esprit que devaient recevoir... » Ce qui a été reçu doit se répandre. Un bon canal reçoit toujours, est toujours plein, et coule toujours.

Un bon canal doit être constamment ouvert au point d'entrée et au point de sortie. C'est ainsi que les deux portes de la foi et de l'amour doivent être constamment ouvertes. Par la foi, la porte ouverte du côté de Dieu, nous recevons constamment la vie divine dans sa communion ; par l'amour, la porte ouverte du côté des hommes, nous laissons constamment cette vie divine s'écouler sous forme de service et de bienfaisance. Le canal qui a l'une de ses issues bouchée cesse d'être un canal. L'entrée sans la sortie, c'est la stagnation ; et la sortie sans l'entrée, c'est le vide.

Nous ne pouvons sans danger ni cesser de croire ni cesser d'aimer. Nous devons passer du flux de la communion au reflux du service, puis du service qui épuise à la communion qui remplit.
Quiconque ferme soit la porte de la communion soit celle du service, écrit sur sa vie : « On ne passe pas ; » mais il ne l'a pas plus tôt fait que l'Esprit, d'une main invisible, écrit sur la même vie : Pas de communion.

Ne se rendant pas compte que les deux sont nécessaires pour constituer une vie chrétienne, harmonieuse et complète, les hommes ont essayé de les séparer, et de vivre, de l'une sans pratiquer l'autre. Les uns ont compris que hors de Christ ils ne pouvaient rien faire, ils ont vu la nécessité d'une communion étroite et constante avec lui : ils ont eu conscience de la bénédiction et de la puissance d'une vie de prière : alors ils se sont exclusivement adonnés au côté « FOI » de la vie chrétienne.

Ils se sont retirés d'un monde rempli de péché et de folie ; ils se sont cachés dans la retraite des cloîtres et des cellules ; ils se sont livrés à la prière, à la méditation et à la communion. Mais lorsque Dieu se révélait à eux par la vie de communion, au lieu d'ouvrir là porte de l'amour, de s'appliquer à servir et à faire part de leur bénédiction et de leur vie spirituelle à ceux qui en avaient besoin, ils essayaient de garder pour eux-mêmes la vie qui leur était donnée pour tous. De là vint cette sorte de vie morbide, malsaine, qu'on menait dans les monastères et dans les cellules et qui dégénérait en mort et en stérilité spirituelle, parce qu'elle n'était pas accompagnée de l'activité journalière de l'amour. Christ lui-même n'aurait pas pu vivre une telle vie, mais aussitôt « oint du Saint-Esprit, il alla faisant le bien. » Le côté foi de la vie de communion est absolument essentiel ; nous devons faire notre compte de notre mort spirituelle ; nous devons regarder â Jésus continuellement ; nous devons, heure après heure, tirer de lui la vie divine. Mais la foi sans les oeuvres est morte le flux sans le reflux est la stagnation ; la communion sans le service n'est rien.

D'autres se livrent complètement au service et à l'activité chrétienne. Leur vie est un cercle continuel de réunions, de comités, de visites, de discours et de services innombrables. Mais pour eux l'heure de la prière est un facteur inconnu, la communion un mot sans importance, et l'attente devant Dieu la perte d'un temps précieux ; la direction de l'Esprit et la vie de foi des sons vides de sens. Ces vies, malgré toute leur activité, manquent de quelque chose d'essentiel tout en se dépensant avec intensité. Il y a du frottement et de l'échauffement, du tourment et de l'anxiété, une absence consciente de puissance vivifiante dans le service, un manque de joie, de paix et de bénédiction. Les oeuvres opérées par notre vertu propre sont des oeuvres mortes ; la chambre de prière est la seule usine de force ; le service sans l'onction est sans vie ; il nous faut le contact de Christ avant celui des hommes ; nous ne pouvons répandre que ce que nous recevons de lui. Un seul contact avec un fil chargé d'électricité fera tressaillir un homme dans tout son être, mais vous pouvez le toucher tous les jours avec un fil inerte salis jamais l'éveiller. La foi sans le service est morte ; le service sans la foi n'est rien.

Celui donc qui tient continuellement ouvertes ces deux portes de la foi et de l'amour ; celui qui devient ainsi le canal du Saint-Esprit, a appris le dernier secret du Saint-Esprit, le secret de la vie de communion.

AINSI DONC, DEMEURER EN CHRIST, C'EST VIVRE D'UNE FOI CONSTANTE DU COTÉ DE CHRIST, ET D'UN AMOUR ININTERROMPU DU COTÉ DU PROCHAIN.

Bien-aimés, avons-nous appris ce dernier secret du Saint-Esprit ? Vivons-nous de la vie de communion ? Comprenons-nous notre dépendance absolue, d'heure en heure, de Jésus-Christ, la seule plénitude de vie pour nous ? Apprenons-nous à compter sur lui en toute circonstance ? Est-ce là l'attitude habituelle, de notre âme ? Sommes-nous lents à parler, à faire des plans, à agir, jusqu'à ce que nous soyons entrés en contact et en conseil avec lui ? Avons-nous non seulement donné notre vie pour lui, mais, ce qui est encore plus important, nous maintenons-nous dans une attitude telle qu'il puisse répandre sa vie par notre moyen ? En un mot, persistons-nous, vivons-nous, demeurons-nous dans la foi ?

En outre, comprenons-nous qu'il est amour ? qu'il veut que nous lui ressemblions, et qu'il nous dit en conséquence : « Je vous donne un commandement nouveau, c'est que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés. » Avons-nous abandonné l'amour de nous-même, et fait de l'amour des autres le but suprême de notre vie ? Si oui, est-ce ainsi que nous vivons ? Nous demandons-nous jour après jour, heure après heure : « Ai-je agi par amour ? Ai-je fait ce projet par amour ? Ai-je parlé par amour ? Ai-je donné, servi, fait du bien par amour, par amour pour les autres ? » Est-ce que nous réprimons toute parole dure, toute pensée égoïste. Est-ce que nous renonçons à tout acte intéressé. Est-ce que nous comprenons que l'amour nous oblige au service pratique, constant des autres, notre vie durant, comme Christ a servi sur la terre ? Observons-nous continuellement ces deux commandements ? Les deux portes sont-elles ouvertes ? Nos heures tranquilles sont-elles occupées par la communion ? et nos heures de travail par le service de l'amour quelque humble et ordinaire que ce service puisse nous paraître. Commençons à comprendre, au moins quelque peu, cette parole étonnante : « Ce n'est plus moi qui vis, mais Christ qui vit en moi ? » Avons-nous goûté ainsi ce que c'est que de demeurer en Christ ? Cherchons-nous à pratiquer cette communion ? Si oui, réjouissons-nous. Car alors, ce n'est pas seulement une promesse ou un ordre, mais c'est pour nous l'expérience personnelle et consciente, que la sainte Parole décrit en ces mots :

« Et nous CONNAISSONS QU'IL DEMEURE EN NOUS PAR L'ESPRIT qu'il nous a donné. »

Chapitre précédent Table des matières -