Nous avons constaté la présence, l'habitation du Saint-Esprit dans le coeur du croyant ; par manifestation, nous désignons sa présence consciente, la révélation intérieure de l'Esprit à notre esprit. Remarquez au sujet de cette manifestation.
1. Sa certitude.
Se
produira-t-il une telle manifestation de la
plénitude de l'Esprit quand nous lui
consacrerons notre vie ? Serons-nous avertis
d'un grand changement intérieur ? Y
aura-t-il une transformation consciente, un
nouvel éclat conscient de
l'expérience chrétienne ? Voici
notre réponse :
Est-ce que le fleuve indolent,
stagnant, change d'état sensiblement quand
les eaux de la mer se précipitent dans son
embouchure et que l'élan et le choc des
vagues le purifient ? Est-ce que le vieux
château sombre et isolé sent l'air
frais et doux envahir ses salles quand tout
à coup on les ouvre au vent qui
souffle ? Est-ce que les yeux sans regard,
voilés par les ténèbres
pendant des années, sont conscients de la
brillante lumière du jour quand pour la
première fois elle se présente
à leur vue ravie ! De même il y a
une manifestation consciente pour l'âme qui
s'est donnée à Dieu
complètement et pour toujours. Il y aura un
changement, une réalisation de la
présence du Saint-Esprit à un
degré auparavant inconnu, le sentiment que
la grande crise de la vie spirituelle s'est
opérée.
Peu importe que cette
manifestation
fasse irruption en nous comme un
éclat soudain du soleil qui jaillit à
travers les nuages sombres, ou qu'elle s'insinue
doucement comme la clarté lentement
progressive mais sûre du crépuscule du
matin. C'est assez de savoir qu'une telle
manifestation se produit, que l'Esprit se
révèle par une plénitude, une
puissance et une bénédiction
jusqu'alors ignorées. Ses supplications pour
que nous lui consacrions notre être
n'étaient point sans but ; notre
consécration n'était pas une
démarche vaine. Il accomplit sa
promesse :
« Je me manifesterai
comme
je ne me manifeste pas au monde. »
Dès lors, il y a une hauteur et une
profondeur, une paix, une puissance, une joie et
une bénédiction, une communion et une
utilité, des prières et des actions
de grâces, que le passé n'avait jamais
réalisées.
L'âme qui se donne à
Dieu pleinement est transformée au
delà de ses plus avides
espérances ; les bienfaits de la vie
abondante s'accroissent en richesse et en
plénitude de jour en jour ; Dieu fait
« infiniment plus que nous ne pouvons
demander et comprendre ». Nous sommes
« fortifiés de sa puissance par
son Esprit dans l'homme
intérieur » ; remplis de
toute la plénitude de Dieu, et de cette
plénitude découlent service,
témoignage et bénédiction pour
tout notre entourage.
2. Son adaptation à
chacun. La manifestation variera selon les
individus. Deux hommes, absorbés dans une
conversation, se sont arrêtés sur une
voie de chemin de fer, sans remarquer l'approche,
d'un train qui fond rapidement sur eux. Soudain des
mains amies les
arrachent
à la mort terrible qui les menaçait.
Tous deux se relèvent pâles et
défaits, se rendant compte qu'un même
événement leur est arrivé,
qu'ils ont été délivrés
d'une mort cruelle. Remarquez comme ils sont
affectés différemment - l'un a les
yeux remplis de larmes, sa voix tremble
d'émotion contenue, son coeur
s'élève à Dieu dans une
profonde gratitude ; l'autre est tout
transporté par son émotion, il saute
de joie, il embrasse ses sauveurs et raconte avec
exaltation sa délivrance à tous ceux
qu'il rencontre. Le même bienfait a
été accordé à chacun
d'eux, mais l'expérience qu'ils en ont se
manifeste diversement, parce que leur
tempérament est différent. Il en est
de même ici.
Deux enfants de Dieu lui
consacrent
leur vie dans un abandon complet. En
réponse, le même
événement leur survient - une
plénitude de l'Esprit inconnue auparavant et
qui leur semblait impossible. Mais la manifestation
de cette plénitude ne sera pas la
même ; elle variera
nécessairement avec le tempérament de
chacun. Car Dieu ne donne pas seulement la
plénitude, mais c'est lui aussi qui a
créé les vases destinés
à cette plénitude et il les a
créés différents. La coupe, le
vase et le gobelet d'or sont tous remplis, mais
l'eau y prend la forme du récipient. La
lumière qui provient d'un même fil
électrique est partout la même, mais
elle se teinte diversement d'après la
couleur des globes où elle brille. Paul et
Jean étaient des hommes puissamment remplis
du Saint-Esprit ; mais la manifestation de
cette plénitude a
été modifiée d'une
manière frappante par leur
tempérament individuel. Paul est triomphant,
bouillant, véhément. Il éclate
à chaque instant en cris de victoire, de
louange et de joie. Son coeur brûle d'amour
pour Christ avec une intensité qui semble
devoir le consumer. La vie semble trop courte
à son âme avide pour tout le
dévouement, le zèle et l'enthousiasme
dont le Saint-Esprit avait gravé
l'idéal dans l'Église primitive. Paul
était assurément rempli du
Saint-Esprit, et des milliers de martyrs et de
héros missionnaires, doués de la
même intensité d'émotion et
inspirés par la vision de cette vie pleine
de l'Esprit, l'ont imitée, l'ont
illustrée de leur exemple par une vie de
sacrifice pour le Maître.
Pourtant, quiconque.
s'imaginerait
ne pas être rempli du Saint-Esprit parce
qu'il ne jouirait pas d'une manifestation en tous
points semblable serait fort loin de la
vérité.
Examinons le cas de Jean.
Personne plus que lui était
près du coeur de Jésus. Il s'appuyait
sur son sein, il interprétait les secrets
les plus intimes de son âme. Ses
écrits, pénétrés de
l'Esprit même de Christ, nous transportent
jusque dans le sanctuaire où le Dieu saint
est présent. Calme, contemplative, son
âme ne semble pas éclater en cris de
triomphe comme celle de Paul, mais elle est ravie,
absorbée, perdue dans la vision du Christ.
Néanmoins Jean, le disciple
bien-aimé, le confident du Christ
était rempli du Saint-Esprit aussi
parfaitement que Paul, le grand apôtre des
Gentils. Dans cette marche calme et sainte de Jean
avec Dieu, nous avons un type de
manifestation de l'Esprit qui s'est reproduit dans
des milliers de vies, dont la communion constante,
le ministère de supplications, le service
tranquille sont précieux aux yeux du
Seigneur et portent la marque assurée de la
plénitude. Les Jean, les Rutherford, les
Bengel du peuple de Dieu sont aussi certainement
remplis de l'Esprit que les Paul, les Tudson et les
Paton. Quand donc nous avons consacré notre
vie, soyons reconnaissants envers Dieu de la
manifestation particulière qu'il pourra nous
accorder.
En convoitant le genre
d'expérience d'un autre, sous
prétexte qu'il correspond mieux à nos propres idées sur ce que
devrait
être la manifestation de la plénitude
de l'Esprit, prenons garde de
déprécier et de déshonorer ce
que Dieu nous a accordé. S'il nous accorde
des visions extraordinaires, s'il nous remplit
d'extases célestes, s'il nous ravit jusqu'au
troisième ciel - c'est bien. Mais s'il nous
donne en partage une expérience plus
calme ; s'il répand en nous l'esprit de
supplication ; s'il nous remplit d'une paix
aussi profonde que la joie des autres est
exaltée ; s'il nous oint de puissance
dans la prière plutôt que de puissance
dans la chaire, - cela aussi est bien. Car il sait
ce qu'il fait, et « l'Esprit distribue
ses dons à chacun comme il lui
plaît ».
3. Son accompagnement, la
souffrance. Dans I
Pierre IV, 1-2, cette
vérité est établie :
« Puis donc que Christ a souffert dans la
chair ; faites vous une arme de cette
pensée-là ; car celui qui a
souffert dans sa chair en a fini avec le
péché, et ne doit
plus, pendant le temps qui lui reste ici-bas, vivre
selon les passions des hommes, mais selon la
volonté de Dieu. » La chair - la
nature charnelle - qui en Christ était sans
péché, est en nous
pécheresse ; c'est la sphère
où le péché agit,
« le corps du
péché ». Voilà
pourquoi, si nous livrons entièrement notre
vie à Dieu pour faire sa volonté, la
vieille volonté propre, la vie de la chair,
éprouvera le contact de la croix de Christ,
car c'est lorsque nous la tenons pour
crucifiée avec Christ, par la
consécration et par la foi, que nous cessons
de faire notre volonté propre, pour
accomplir la volonté parfaite de Dieu. Cela
présage de la souffrance, et la Parole nous
dit clairement : « Armez-vous de
cette pensée-là et attendez-vous à souffrir dans la
chair, car pendant le temps qui vous reste ici-bas,
vous devrez vivre « non selon les
passions des hommes, mais selon la volonté
de Dieu ». Or, telle est justement
l'expérience que nous faisons en cherchant
à connaître la plénitude de
l'Esprit. Quand nous abandonnons notre vie à
Dieu, au lieu de la grande manifestation de paix et
de joie que nous espérions, nous sommes
confus d'en trouver une autre totalement
différente.
Nous voilà dans la lutte et
dans l'agonie, nous éprouvons de
féroces résistances et des
souffrances aiguës ; de l'agitation, de
l'incertitude, de la détresse. Au lieu de la
lumière, ce sont les
ténèbres ; au lieu de la paix,
une cruelle inquiétude ; au lieu de la
plénitude, un grand vide spirituel et la
stérilité dans notre âme ;
au lieu d'un progrès, un recul apparent.
Ce sentiment intérieur de
souffrance intense, que nous ne pouvons ni
définir, ni décrire, et qui nous
jette dans, un trouble presque sans espoir, se
prolonge longtemps. Cette expérience est
absolument normale et il faut s'y attendre dans toute vie
consacrée.
« Vous êtes dans l'erreur, ne
connaissant pas les Écritures. »
Si nous les avions, connues, si nous nous les
étions appliquées, nous nous serions
fait « une arme de cette
pensée », nous aurions attendu d'avance précisément
cette expérience.
Que tout croyant qui passe par
cette
crise ne se laisse ni troubler ni
décourager, car elle est la preuve
certaine que Dieu va lui accorder la
plénitude après laquelle son coeur
soupire.
Le chemin de la chambre haute de
la
Pentecôte passe par le Calvaire ; Dieu
n'a qu'un remède pour le moi et pour les
péchés - la croix de Christ. L'homme
qui s'écria : « Ce n'est plus
moi qui vit, c'est Christ qui vit en
moi, » venait de dire :
« je suis crucifié avec
Christ. » Mais cela fait souffrir
d'être crucifié, même avec
Christ ! De là viennent
l'obscurité, la lutte, la souffrance et
l'agonie. Mais « ne crains point, crois
seulement, » « si nous sommes
étroitement unis à lui par une mort
semblable à la sienne, nous le serons aussi
par une même résurrection »,
et il en résulte le repos de Dieu, sa paix
et sa puissance.
4. Son moment - celui de la
consécration. Comme nous
l'avons établi, il ne faut pas, au moment
où nous nous livrons à Dieu,
commencer par sonder notre expérience intime
pour voir s'il a rempli sa promesse de se
manifester.
Le moment où nous
déclarons nous consacrer n'est pas toujours
celui où nous nous consacrons
réellement à Dieu, car il peut y
avoir quelque chose dans notre vie que nous
négligeons consciemment de consacrer, et qui
empêche la manifestation de l'Esprit au
moment de la consécration apparente.
Cependant, en jetant un regard en arrière,
nous voyons clairement cette vérité
générale que l'expérience de
la plénitude de l'Esprit a été
la réponse de Dieu à notre
consécration, et nous lions ensemble ces
deux faits d'une manière précise dans
les annales de notre vie spirituelle. Ceci
achève d'éclairer la controverse sur
la question de savoir si la manifestation de la
plénitude de Christ est, ou n'est pas, une
expérience postérieure à la
conversion, une soi-disant « seconde
bénédiction ».
Si, comme nous l'avons vu,
l'expérience de la plénitude de
l'Esprit est liée en fait, et dans l'ordre
du temps, avec la consécration de notre vie
à Dieu, alors la seule question est
celle-ci : « Quand nous sommes-nous
consacrés ? » Si, à la
conversion, nous n'avons pas seulement mis en
Christ notre confiance pour être
sauvés, mais encore nous lui avons
abandonné notre vie par une pleine
consécration, alors, non seulement nous
avons reçu l'Esprit, mais encore nous avons
connu sa plénitude. Mais si un intervalle
plus ou moins long sépare notre salut de
notre consécration à Dieu, alors la
plénitude de l'Esprit doit être une
expérience postérieure à la
conversion. Logiquement, un tel intervalle
est toujours nécessaire ; pratiquement,
il peut
être si court que les deux expériences
soient presque simultanées ; généralement, l'intervalle
existe, long, pénible et inutile, dans
lequel l'âme cherche à tâtons
l'inconnu, ou résiste au connu, à la
vérité.
Logiquement,
un intervalle
est nécessaire, car l'appel à la
consécration suppose le salut.
« Je vous supplie, frères, par
les compassions de Dieu
(Rom.
XII, 1). » C'est
l'amour qui naît dans nos coeurs parce que
Christ nous a sauvés, qui nous porte
à lui consacrer notre vie. La vie
consacrée est la réponse des
rachetés au Rédempteur et ce n'est
pas avant d'avoir expérimenté l'amour
de Celui qui les a aimés le premier, que
leur coeur peut être enflammé de
l'amour qui les porte à la
consécration. La conversion doit donc
nécessairement précéder la
consécration.
Pratiquement,
l'intervalle
peut être si court qu'on le remarque à
peine. Le même torrent de grâce qui
porte une âme dans le royaume de Dieu la
remplit en même temps d'une reconnaissance si
grande qu'elle ne peut attendre un instant pour
consacrer sa vie. Heureuse cette
âme-là. Paul semblait à peine
sauvé que déjà, dans
l'attitude de la consécration, il
s'écriait : « Seigneur, que
veux-tu que je fasse ? » Charles-G.
Finney, après avoir trouvé Christ,
raconte qu'en sortant des profondeurs de la
forêt, et en se rendant à son bureau
d'avocat, il se surprenait à
répéter à haute voix :
« Il faut que je prêche
l'Évangile. » Presque
inconsciemment il avait, à l'heure
même de sa conversion, consacré sa vie
à Dieu, et la vision de
ses clients, de ses dossiers et de ses ambitions
professionnelles s'était évanouie
devant la vision de Celui qui était mort
pour lui. Il en résulta pour lui, tandis
qu'il était seul la nuit suivante dans son
bureau, une manifestation si glorieuse de la
plénitude de Dieu que bien peu d'âmes
en ont reçu une pareille depuis les temps de
la primitive église et qu'on ne peut en lire
le récit sans éprouver une sainte et
divine émotion.
Habituellement,
il y a un
intervalle considérable entre la conversion
et l'entière consécration à
Dieu. Mais cet intervalle est inutile et
douloureux. Il ne répond pas aux
désirs et aux plans de Dieu, mais vient de
ce que nous ignorons cette grande,
vérité fondamentale, ou de ce que, la
connaissant, nous résistons avec persistance
à l'appel de Christ. Enfin, après des
années de ténèbres et de
désobéissance, nous cédons, et
entrons en possession d'un ciel de paix que nous
aurions pu tout aussi bien nous approprier plus
tôt, au lieu de rester si longtemps dehors,
ballottés sur une mer furieuse.
5. Son progrès. La
manifestation de la plénitude de l'Esprit
peut être progressive. Non pas que la
volonté de se consacrer doive passer par des
phases successives, car c'est un acte
déterminé, accompli une fois pour
toutes, et parfaitement agréable à
Dieu comme tel. Cependant peu de croyants
comprennent de suite la portée d'une
complète consécration à
Dieu ; les conséquences
pratiques d'un tel acte ne leur apparaissent et
ne passent dans leur vie que peu
à peu, et à ce perfectionnement
correspond un progrès dans la manifestation,
progrès, plus marqué dans certaines
vies que dans d'autres. Quelques âmes
abandonnent leur vie à Dieu en un moment par
une consécration complète, absolue,
intense, qui essoufflerait les âmes timides
et plus lentes, et Dieu leur répond d'une
manière aussi immédiate, par le sceau
de la plénitude manifestée. D'autres
cèdent lentement et par degrés, et
leur expérience prend une forme
également, graduelle et progressive.
Voici qui, peut-être, servira
d'illustration :
Vous possédez une grande
propriété foncière.
Après mûre délibération,
vous vous décidez à la vendre, vous
la vendez de bonne foi, et vous n'avez plus
qu'à signer l'acte. Mais avant la signature,
vous découvrez avec surprise un magnifique
cours d'eau dont vous ignoriez l'existence, et qui
rehausse la valeur de votre domaine. Ce n'est qu'au
prix d'un combat pénible que vous le donnez
avec le reste du terrain, car il vous était
inconnu quand vous avez consenti au marché.
Mais vous êtes un honnête homme, et
finalement vous cédez, car vous avez vendu
le fonds « avec toutes ses
dépendances. » Bientôt
après, vous découvrez des gisements
de charbon sous le même sol et constatez
qu'on pourrait y établir une mine
extrêmement productive. Mais il est trop
tard, et après une lutte prolongée,
vous décidez que la mine de charbon s'en ira
aussi, car la vente a été conclue
d'une manière absolue et sans
réserve. Puis, quand arrive le jour de la
signature, vous découvrez
des traces d'or au fond de la rivière et
vous êtes bientôt étonné
d'apprendre que la propriété qui vous
échappe est une des plus riches
régions aurifères du continent. Alors
se produit une lutte épouvantable ;
c'est la suprême épreuve. Vous essayez
de vous persuader que les mines d'or
n'étaient pas comprises dans la vente ;
que le prix demandé est misérablement
dérisoire ; que l'honneur ne vous
oblige pas à signer le marché.
Pourtant dans votre coeur vous savez que la vente a
été sans réserve, qu'elle
comprenait tout, même l'air au-dessus et le
sol au-dessous ; et la conscience que Dieu
vous a donnée plaide sans relâche
jusqu'à ce qu'enfin, après des
efforts terribles, vous cédez, vous avancez
la main, et vous scellez l'acte qui vous
enlève toutes ces richesses.
Il en est de même dans
beaucoup de vies.
Vous vous livrez à Dieu
absolument et sans réserve, et ce fait, qui
lui est agréable, apporte à votre
âme une bénédiction manifeste.
Mais au début, vous ne connaissez pas toute
l'étendue et toute la portée d'une
telle consécration et si vous les
connaissiez, vous reculeriez peut-être de
frayeur. Notre Seigneur y pourvoit avec compassion
et tendresse ! Heureux que notre
volonté lui soit consacrée, il nous
révèle bientôt quelque idole
que nous chérissons, et nous montre qu'elle
est comprise dans la consécration que nous
lui avons faite pour ainsi dire en blanc.
Peut-être que nous luttons et
résistons, mais notre acte de
consécration était honnête et
sincère, et nous finissons par céder.
Pas à pas il nous conduit, nous montrant, aussi
rapidement
que nous pouvons le supporter, comment cet acte de
consécration englobe tout ce qui nous est
cher. Quand ces différentes
expériences ont augmenté notre foi en
son amour, il nous amène face à face
avec notre mine d'or, notre Isaac, quelque
trésor de volonté propre,
d'amour-propre, ou d'orgueil pour la conservation
duquel nous donnerions tout ce qui nous reste dans
la vie et notre vie même. Mais, l'acte a
été passé ; il est sans
réserve ; il faut tout lâcher. Et
de ce combat résulte le perfectionnement de
la consécration qui apporte dans notre coeur
la plénitude tant désirée de
la manifestation.
Réjouissons-nous qu'il y ait
des âmes intrépides qui
s'écrient : « Seigneur, que
ta volonté soit faite »,
auxquelles il répond par une
révélation de toute l'étendue
et de toute la portée. de la
consécration, et dont la soumission
instantanée et entière obtient la
manifestation immédiate de sa
plénitude. Mais il est doux de le voir
conduire avec amour et patience les âmes plus
timides et hésitantes jusqu'au haut de
l'échelle de la vie consacrée,
jusqu'à ce que pas à pas elles
atteignent aussi à ces hauteurs sublimes que
d'autres conquièrent d'un seul bond.
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