Donnez-vous à Dieu.
(Rom. VI, 13.)
Offrez vos corps à Dieu.
(Rom. XII, I.)
Paul, esclave de Jésus-Christ.
(Rom. I, 1.)
S'il est vrai que nous
avons
reçu le don du Saint-Esprit ; que nous
avons été baptisés du
Saint-Esprit ; qu'il est entré dans
notre vie pour y demeurer à toujours ;
quel est alors le secret de la plénitude,
de la vie abondante de paix, de
force et d'amour ?
Nous
répondons :
L'abandon
absolu, sans condition, de notre vie à Dieu,
pour faire sa volonté au lieu de la
nôtre.
Ainsi,
quand nous
abandonnons nos péchés et croyons,
nous RECEVONS le Saint-Esprit ; quand nous
abandonnons
notre
vie et croyons, nous
sommes REMPLIS
du
Saint-Esprit. L'envoi du Saint-Esprit est la
réponse de Dieu à la REPENTANCE et
à la foi ; la plénitude
de l'Esprit est la réponse de
Dieu à l'ABANDON et à
la foi.
À
la conversion,
l'Esprit entre ; à l'abandon
l'Esprit, déjà
entré, prend entière possession. La
suprême
condition humaine de la plénitude de
l'Esprit est une vie entièrement
abandonnée, à Dieu pour faire sa
volonté. Cela est vrai :
1. D'après
la
raison. Tous
les
nuages qui
ont obscurci le pur éclat de cette grande
vérité dans nos âmes
s'évanouiront aux regards de quiconque réfléchira
sérieusement à la grande
vérité scripturaire et
expérimentale de la double
nature du
croyant.
Remarquons
d'abord la condition du pécheur. Il n'a
qu'une nature, « le vieil
homme ». Il est proclamé
absolument mort
dans ses fautes et dans ses péchés.
Il a la vie du moi, et non la vie de Dieu, en lui.
Il marche selon la chair, et rien que selon la
chair. L'Esprit peut contester, et conteste avec
lui, mais non en
lui,
car celui-là seul « qui est
à Christ » a
l'Esprit.
Mais
voilà
qu'intervient un changement merveilleux. Il se
repent, et croit au Seigneur Jésus-Christ.
Qu'arrive-t-il ? Il est né de
nouveau, né d'en
haut, né de
Dieu, né de
l'Esprit. Et que
signifient ces expressions ? Simplement qu'une
vie nouvelle, une vie divine, la vie de Dieu, est
entrée en lui. Dieu lui-même, dans la
personne de son Saint-Esprit, est venu habiter en
lui ; il a reçu
le Saint-Esprit. Il a maintenant ce
que le pécheur n'a pas, une nouvelle
nature.
Mais
quand la vie
nouvelle, la vie de l'Esprit est entrée,
est-ce que la vieille vie, le « vieil
homme » est sorti ? Hélas,
non ! Si le vieil homme était parti, recevoir
l'Esprit, serait alors en
être rempli de
suite, et, pour toujours, car il
aurait l'entière possession de notre
être. Mais tel n'est pas le cas. La vieille
vie ne s'en va pas lorsque la nouvelle fait son
entrée ; la Parole de Dieu et notre
propre expérience sont très claires
à ce sujet. Maintenant le croyant possède,
dirait-on, une
double nature. En lui « la
chair » et
« l'Esprit », la vieille vie et
la nouvelle coexistent. Les deux habitent en lui.
Mais, comme de mortels ennemis, ils luttent pour
avoir la direction de sa vie. « La chair
a des désirs contraires à ceux de
l'Esprit et l'Esprit en a de contraires à
ceux de la chair. » Car chacun des deux
veut non seulement être
en lui, mais avoir
pleine possession de
lui. Chacun
désire le remplir.
Le
problème est donc changé. Ce n'est
plus comment recevra-t-il l'Esprit ? Cette
question est résolue ; il a reçu
l'Esprit. Mais il trouve que l'Esprit
n'est que co-occupant en même temps que la
chair. La question est donc désormais :
Ayant en lui deux
natures, comment pourra-t-il être rempli
d'une
seule d'entre
elles ?
Comment connaîtra-t-il la plénitude et
la vie abondante de l'Esprit, et sera-t-il
délivré de la vie et du pouvoir de la
chair ? La réponse semble limpide.
Comment pourra-t-il avoir la plénitude, sinon
en se
livrant
complètement à celle des deux natures
dont il veut être
rempli ?
Il a le
pouvoir de choisir ; il peut se livrer
à l'une où à l'autre. N'est-il
pas clair que la vie à laquelle il se
livrera le remplira ? Quand autrefois il se
livrait comme esclave à la chair
(Rom.
VI,
19),
n'était-il pas rempli de
toute sorte d'injustice (Rom.
I,
29). De même
à
présent, dans la proportion où il se
livre à l'Esprit (Rom.
VI,
19), ne
sera-t-il pas rempli
de cet Esprit ? Il en est comme du doux air
pur du printemps quand il entre dans un appartement
rempli de
mauvaises
odeurs. Vous lui ouvrez une chambre, mais vous
laissez les autres fermées et en possession
de la vieille atmosphère fétide. Il
est vrai que l'air pur est entré, mais
comment remplira-t-il la maison à moins que
vous ne lui livriez complètement cette
maison, ouvrant tous les recoins et tous les angles
à son souffle embaumé ? Ou bien
encore, c'est comme une fontaine alimentée
par deux puissantes sources jaillissant du sol,
l'une d'eau, l'autre de pétrole. Il n'y a
pas de doute que la fontaine reçoive de
l'eau, car l'eau y coule à flots sans cesse.
Mais, comment peut-on la remplir
d'eau, sinon en la livrant tout entière
à la source vivifiante, en détournant
et en bouchant la source de pétrole ?
Il en est de même du Saint-Esprit.
Il
est vrai qu'il
est entré dans le coeur de chaque croyant,
et qu'il y habite et y demeurera toujours.
Cependant, tout croyant ainsi cohabité par
la chair et par l'Esprit, peut continuer à
céder à la chair, au point de
contrarier, étouffer et entraver toute
manifestation de la plénitude de l'Esprit
qui est en lui. Le fait que, même
après la réception de l'Esprit il
peut y avoir un empire du moi dans notre vie
lorsque nous négligeons de nous livrer
à l'Esprit, explique parfaitement et
suffisamment que la plénitude de l'Esprit
nous fait défaut. Quiconque réalise
l'effrayant pouvoir de la vie propre au-dedans de
lui, son hostilité contre Dieu, sa
sensualité, qui contriste, et éteint
l'Esprit, empêchant l'épanouissement
de ses fruits bénis, comprend que la plénitude
du
moi
suffise à
expliquer le manque
de
plénitude de l'Esprit.
L'embarras ne vient pas de ce que
l'Esprit n'est pas entré, mais de ce qu'il
ne rencontre pas la consécration qui lui
permettrait de se manifester dans la
plénitude qu'il voudrait obtenir. Le
remède est donc clair, logique,
inéluctable : refuser de livrer
davantage sa vie à la domination du moi, et
s'abandonner à l'Esprit pour que
« la loi de l'Esprit de vie nous
affranchisse, en Jésus-Christ, de la loi du
péché et de la
mort. »
C'est
encore
vrai :
2. D'après
la
révélation.
La
Parole de Dieu est claire sur ce point. Paul
s'appelle à diverses reprises
« l'esclave » de Christ,
entièrement consacré à lui
pour faire non sa propre volonté, mais celle
de Christ. « Je vous conjure donc,
frères, par les compassions de Dieu,
d'offrir vos corps à Dieu en vivant
sacrifice (Rom.
XII,
1
). »
Écoutez
Paul exhorter les croyants en ces termes :
« Livrez-vous
à Dieu. »
« Ne
vous
livrez, pas au
péché. »
« Si
vous
vous livrez à
quelqu'un pour lui obéir, vous en devenez
l'esclave. (Rom.
VI,
16). »
Comme vous vous
êtes
livrés au
service de l'iniquité, de même livrez-vous
au service de la justice, pour votre
sanctification (19).
« Mais
maintenant, étant
affranchis du péché (c'est l'acte de
Dieu en Christ) et devenus les esclaves de Dieu
(c'est votre acte de consécration qui vous
fait réaliser la liberté qui est en
Christ), vous avez pour fruit la sanctification
(22), »
c'est-à-dire
vous connaissez la force, la
bénédiction, la plénitude, et
tous les fruits du Saint-Esprit à qui vous
vous êtes désormais
livrés. Notez la frappante
répétition, et la place significative
(Rom.
VI)
de cette exhortation à nous livrer à
Dieu. Elle suit le cinquième chapitre aux
Romains. C'est que le croyant justifié par
la foi, n'a pas plus tôt reçu le
Saint-Esprit qu'il est de suite pressé de se
livrer à Dieu entièrement et
absolument. Pourquoi ?
Parce
que Paul
connaît les deux natures du croyant : il
sait qu'il doit se livrer à celle dont il
veut être rempli ;
il sait que s'il veut
être rempli du Saint-Esprit, il doit se
livrer à lui, sinon il continuera à
vivre sous le pouvoir et dans la plénitude
de la chair. Ainsi,
l'absolue consécration de notre vie à
Dieu est le premier progrès que la Parole de
Dieu nous presse de faire après notre
conversion.
À
chaque
converti qui vient de recevoir le Saint-Esprit, et
tandis que son coeur est brûlant de l'amour
de Christ qui l'a sauvé, on devrait
présenter, avec sérieux et tendresse,
la revendication de ce Christ sur sa vie
rachetée, et l'appel plein d'amour qu'il
nous adresse pour que nous nous consacrions
à lui absolument et sans réserve. Il
n'existe pas d'autre moyen d'après la
raison, la révélation, et
l'expérience. Hélas, que nous sommes
aveugles ! On exhorte les convertis à
étudier la Parole, à redoubler de
prières, à abonder en bonnes oeuvres,
à donner leur argent au Seigneur, à
être fidèles aux réunions,
à se joindre à diverses
sociétés, à se fatiguer dans
un cycle sans fin d'actions diverses. Mais malheur
à nous ! en omettant la seule condition
suprême que Dieu révèle, nous
négligeons de lever la seule écluse
qui permettrait à la plénitude convoitée
de venir inonder notre vie. Que cet acte de
consécration soit le pivot sur lequel la
porte de la Plénitude tourne pour s'ouvrir, c'est
ce
que prouve
encore :
3. L'Expérience
des enfants de
Dieu. Cela
n'est-il
pas
vrai de chacun de vous, bien-aimés, qui
marchez dans le sentier de cette vie
bénie ? Le Saint-Esprit a tracé,
dans le secret de votre âme, une image
idéale de la marche avec Dieu, et elle a
refusé avec persistance de s'effacer,
même au sein de nos défaillances et de
nos échecs. Certains soupirs après
une richesse et une plénitude de vie en
Christ n'ont jamais cessé de hanter votre
âme. Certaines voix vous ont appelés
pendant des années vers des hauteurs
inexplorées de communion, de
privilège et de service. Vous avez fait de
grandes fautes ; vous avez été
induits en erreur par un faux enseignement ;
vous avez cherché à tâtons la
vérité au sein des
ténèbres. Mais avec la paix et la
joie d'une vie enracinée en
Jésus-Christ et qui remplit votre âme
lorsque vous regardez en arrière vers le
passé, ne voyez-vous pas que le pivot de la
bénédiction et de la plénitude
a été la consécration de votre
vie au Seigneur Jésus-Christ ?
Qu'il
ait
dépensé de longues années pour
atteindre ce tournant, ou qu'il s'y soit
élancé d'un seul bond, tout enfant de
Dieu consacré sait que cet acte d'abandon
à Dieu a été le pas
décisif qui l'a amené à la
plénitude d'une marche plus étroite
avec Dieu. Votre expérience peut avoir
été compliquée, confuse,
difficile à interpréter ; mais
que cet acte de consécration ait
été l'affaire principale, et que la
plénitude de l'Esprit ait
été le résultat d'un tel acte,
la réponse de la grâce de Dieu
à cet acte, tous vous en rendrez
témoignage. La vie d'hommes tels que Carey,
Martyn, Paton et Livingstone, démontre cette
vérité d'une manière
éclatante. La plénitude et la
puissance dont Dieu a marqué ces vies,
résultaient du côté humain,
d'une consécration sans restriction et sans
hésitation, dans le sens le plus complet,
pour faire la volonté de Celui qui les avait
suscitées. De tels hommes seulement peuvent
communiquer sa plénitude.
Que
la
consécration soit le secret de la
plénitude, c'est ce que prouve
encore :
4. La
Résistance de la
chair.
Nous
pouvons être sûrs qu'une
décision à laquelle le moi s'oppose
souverainement est la décision suprême
de l'Esprit. Le point sur lequel la chair concentre
sa résistance la plus
désespérée doit être
justement celui où l'Esprit désire
nous conduire. C'est là la clef de la
situation. Le moi se révoltera avec fureur
contre la résolution arrêtée de
livrer à Dieu notre vie, tandis qu'il nous
laissera tenir des réunions, signer des
engagements, remplir des charges dans
l'église, donner la moitié même
de notre fortune.
Quelqu'un
met-il
en doute que la volonté propre soit la
forteresse de la chair, et que l'acte de
consécration soit le suprême
désir de l'Esprit, essayez, homme ou femme,
cet acte d'entier abandon ! Dites à
Dieu : « Seigneur, j'abandonne ici
tous mes projets et desseins, tous mes
désirs et, toutes mes espérances, et
j'accepte ta volonté pour ma vie
entière. Tout ce dont tu as besoin,
prends-le ; tout
ce que tu veux qui m'arrive, envoie-le ;
partout où tu veux que l'aille,
conduis-moi ; tout ce que tu veux que
j'abandonne, révèle-le. Voici, je
viens pour faire ta volonté. »
Immédiatement, vous verrez les puissances de
la chair donner l'assaut à cette
décision. Quelles protestations
bruyantes ! Quelle hostilité
féroce ! Quelles luttes
angoissées ! Quelles mortelles
défaillances de l'âme à cette
simple pensée ! Quelles épreuves
amères pour l'orgueil et la
réputation ! Quels immenses sacrifices
se révèlent, auxquels on n'avait
jamais pensé auparavant ! La chaire, le
champ d'évangélisation, les idoles
abandonnées, les prétentions, les
occupations ou possessions sacrifiées, comme
tout cela va se dresser comme autant de spectres
devant l'âme tremblante ! Le jour
où l'enfant de Dieu se décide
à livrer sa volonté ne sera pas
à moitié écoulé qu'il
s'épouvantera de sa répugnance
à obéir à Dieu ; il sera
stupéfait et humilié au delà
de toute mesure des efforts
désespérés et
répétés du moi pour lui faire
quitter la position qu'il a prise.
De
même que
les cris frénétiques et les sauvages
battements d'ailes de l'oiseau prouvent que votre
main dévastatrice s'approche de son nid, de
même la résistance passionnée
que le moi oppose à la consécration
de notre vie prouve que par cet acte
l'égoïsme court le risque d'être
anéanti sous la puissante main de Dieu.
Enfant de Dieu, cette inimitié vraiment
effrayante, vraiment féroce de la chair ne
prouve-t-elle pas que sa forteresse est
démasquée, que son secret est trahi,
que, ce à quoi elle
résiste avec le plus de violence, c'est
précisément ce que Dieu nous ordonne
de faire avant tout ?
L'avez-vous
fait ? Car :
5. Rien
ne peut remplacer votre acte de
consécration. Quand
Dieu
fixe
à quelle condition il bénira, aucune
autre condition, si bonne soit-elle d'ailleurs, ne
peut y être substituée. Voilà
pourquoi toutes vos larmes, votre attente et vos
prières, et même vos cris d'agonie
devant Dieu, n'ont rien pu faire que de vous
laisser affligé, déçu et
affolé par l'absence de toute
réponse.
Vous
avez
prié au lieu d'obéir.
La
prière
est très bonne avec
l'obéissance, mais non pas à sa
place.
« L'obéissance vaut mieux que le
sacrifice. » Elle vaut donc mieux que la
prière quand
elle est ce que Dieu demande.
Ce
n'est pas nous
qui, supplions Dieu ; c'est Lui qui nous
supplie ! Écoutez-le dans la personne
de Paul son serviteur :
« Je
vous supplie,
frères, par les compassions de Dieu,
d'offrir vos
corps en
sacrifice
vivant. » L'avez-vous fait ?
Quand
nous
supplions Dieu de faire quelque chose pour nous,
nous nous attendons à ce qu'il agisse. Quand
Dieu nous supplie de lui faire don de nos corps en
vivant sacrifice, il s'attend à ce que nous
agissions. Mais hélas !
nous détournons la tête et
commençons à prier ; car,
disons-nous, la prière n'est-elle pas une
bonne chose ? Oui, certes, mais non pas quand
on s'en sert pour esquiver
l'obéissance !
Comme la chair est
subtile ! Comme dans notre aveuglement nous
jouons avec Dieu à propos croisés.
« Abraham,
dit
l'Éternel, parce que tu as fait
cela je te
bénirai (Gen.
XXII,
16). »
Et qu'avait-il donc
fait qui attirait sur lui une plus grande
bénédiction que jamais
auparavant ? C'est qu'il avait tout
abandonné à Dieu dans le sacrifice de
son fils. Enfant de Dieu, avez-vous fait
cela ? Rien d'autre ne compte.
La
prière constante, la supplication importune,
l'attente fatigante, les efforts pour croire,
considérer la chose comme faite, rien ne
sert si vous ne voulez pas faire cela.
Cette vie non consacrée est la vraie
citadelle du moi. Dieu ne la prendra pas de force.
Mais quand la clef, la volonté, lui sera
remise entre les mains de bon coeur, alors il
inondera votre vie de la plénitude de sa
bénédiction. Voulez-vous
connaître ce qu'il promet quand il dit :
« Je te bénirai ? »
alors, « faites cela ».
D'une manière
absolue, sans réserve, avec confiance,
livrez-vous, et votre vie, et tout ce que vous
avez, entre ses mains pour le temps et pour
l'éternité.
Donner
son
argent, son temps ou ses services,
n'équivaut pas à donner sa vie.
Des milliers essayent par ces moyens
de faire taire leur conscience et de voler
Dieu ? Il est indispensable que nous nous
donnions nous-mêmes.
Un fiancé serait
affligé si, alors qu'il demande à sa
fiancée son coeur et sa vie, elle lui
offrait sa bourse, ses maisons ou ses terres,
combien plus Dieu doit-il s'affliger de nos essais
pour le séduire en lui donnant n'importe
quoi, sauf la seule chose qu'il demande, nous-mêmes :
« Mon fils donne-moi ton
coeur. »
Il
y a tel don destiné à remplacer celui de
nous-même ; mais
il
y a aussi un don de nous-même. L'un est un
pauvre présent que le légalisme fait
à l'amour ; l'autre est la joyeuse
réponse de l'amour à l'amour. Ainsi,
en refusant de nous donner à Dieu, nous lui
refusons l'unique chose qu'il désire. Car
Dieu s'est donné lui-même à
nous, et nous a tout donné. Si notre
réponse à l'ami de notre âme
n'est pas la consécration loyale de
nous-même, nous montrons par là que
nous n'avons pas en lui une confiance
entière. Mais cette défiance est
comme une ombre qui obscurcit le coeur non
consacré, et un obstacle qui le ferme
à la plénitude de Dieu. Car Dieu ne
peut donner la plénitude de l'Esprit
à qui n'a pas une plénitude de
confiance telle qu'il lui livre sa vie. Ainsi donc,
bien-aimés, sachant que l'entière
consécration peut seule apporter dans votre
coeur sa plénitude de vie, veillez bien
à ne pas la
négliger.
Sachez
encore
que :
6. La
responsabilité de
posséder cette plénitude de l'Esprit
vous incombe tout entière en un sens
effrayant. C'est
à
vous
seul de résoudre la question. Non pas que
tout ne vienne de Dieu et de sa grâce, car
tout vient de lui. Mais en Christ Jésus,
tout ce qui incombait à la grâce a
été achevé, car Dieu en
donnant Christ a déjà fait tout ce
qu'il peut faire pour nous. Voulons-nous que Dieu
répande la plénitude du
Saint-Esprit ? C'est ce qu'il a fait en
Christ :
« Toute la plénitude de la
divinité habite corporellement en lui
(Col.
II,
9). »
Voulons-nous alors que
Dieu nous place « en Christ »
où habite sa
plénitude ? Il
l'a fait :
car « c'est par lui
que vous êtes en Jésus-Christ
(I
Corinth. I, 30). »
Il ne reste qu'une
chose à faire, et c'est à
vous à la faire.
C'est de vous
livrer tellement à Christ à qui vous
êtes uni, que vous lui permettiez de
répandre sa plénitude en vous et par
vous. Cela, c'est vous
qui
devez le faire. N'essayez pas de rejeter la
responsabilité sur Dieu. Si vous la rejetez
sur lui, à son tour, il la rejettera sur
vous, et à juste titre, car c'est à
vous
qu'elle
appartient.
C'est ce
qu'il a fait pour vous Jusqu'à
présent. Avez-vous été trop
aveugle pour le voir ? Il s'est engagé
à vous faire connaître sa
plénitude aussitôt que vous
lui
consacrerez entièrement votre vie, mais il
ne s'est pas engagé à consacrer
celle-ci à votre place ni à vous
obliger à la consacrer. Il ne contraindra
pas votre volonté. Il s'en tient là,
et il vous attend, et il vous a attendu toutes ces
dernières années. Ne dites pas non
plus : « J'ai prié, j'ai
attendu, j'ai lutté, j'ai été
en agonie, » au lieu d'obéir
à son commandement et d'agir
vous-même.
La
question est
celle-ci : « Avez-vous cédé ? »
Racheté
à prix, n'étant plus à
vous-même, vous êtes-vous dessaisi de
votre vie, et l'avez-vous consacrée sans
réserve, sans crainte, pour
l'éternité, au Seigneur
Jésus-Christ, pour être à
toujours son esclave volontaire ? Il n'est pas
encore question de sa
plénitude, qui
est illimitée ;
la question est celle de votre
réceptivité, de votre
consécration. Est-il digne de confiance,
d'une confiance
absolue ?
Sinon,
jusqu'à quel point voulez-vous vous livrer à
lui ? Avec quelle
mesure d'abandon voulez-vous vous remettre à
lui ? À quelle hauteur de sa
propre consécration parfaite voulez-vous
vous élever ? La seule
limite à sa plénitude sera celle que
lui imposera la limite de votre abandon. Plus vous
livrerez absolument, entièrement,
irrévocablement, vous-même, votre
temps, vos talents, vos biens, vos
espérances, vos aspirations, vos projets, et
toutes choses à Jésus-Christ, vous
déclarant son esclave volontaire pour
accomplir ou supporter sa
volonté, plus vous connaîtrez la
plénitude bénie de son Esprit. Vous
aurez toute la plénitude à laquelle
vous ferez de la place. En un sens tout
dépend de vous. Quelle pensée
redoutable. Traverser toutes les longues
années de la vie ayant à votre
portée à toute heure le
privilège, la paix et la puissance de la
plénitude bénie, et pourtant en
rester privé !
Êtes-vous
trop faible, trop timide, trop lent pour vous
confier en lui aussi pleinement ? Avez-vous
quelque répugnance à abandonner votre
volonté, et quelque effroi de sa
volonté ?
Réfléchissez un moment à ce
qu'est sa volonté. Le fils sanglant de Dieu,
suspendu pour vous entre ciel et terre ; votre
passage de la mort à la vie
éternelle ; votre titre de fils ou de
fille de Dieu ; la plénitude de son
Esprit ; la paix, la joie, la communion avec
lui ; la glorification instantanée,
triomphante à son avènement ;
une part glorieuse dans sa royauté ;
des siècles éternels de
félicité sans fin en sa
présence, - voilà
ce que vous savez de sa
volonté à votre égard. Et pourtant vous redoutez
cette
volonté ! mais c'est le crime de haute
trahison d'une âme contre son Seigneur
légitime et plein
d'amour !
Bien-aimé,
au centre même de ta vie spirituelle,
gîte un cobra meurtrier, celui de
l'incrédulité, et tu ferais bien, par
cet acte décidé, confiant, de
consécration, de l'écraser d'un seul
coup avant qu'il ne plante ses crocs plus
profondément dans ton coeur.
L'audacieux
grimpeur de rochers, se fiant à une corde
fragile, se balance d'un coeur intrépide sur
l'abîme vertigineux, tandis qu'au-dessous de
lui les rochers cruels, ou la mer mugissante et
traîtresse, attendent impatiemment qu'il
tombe pour le tuer. Mais toi, bien-aimé, si
aujourd'hui tu t'attaches à lui par une
confiance aveugle et simple, aucun destin cruel ne
te guette, car les puissantes mains qui te
saisissent ont été percées
pour toi ; le côté sur lequel te
pressent ses embrassements pleins d'amour a
été déchiré pour
toi ; le coeur que ton obéissance fait
bondir de joie, un jour s'est brisé pour
toi. Oui, le Christ qui te supplie est le Christ de l'amour,
et il désire te remplir de sa propre
plénitude d'amour. C'est pourquoi ne le
crains point, mais, abrité dans le secret de
son coeur, combats le bon combat, endure les
souffrances de la croix, ne t'arrête pas
avant d'avoir sincèrement
déposé ta vie à ses
pieds ; et certainement « Il
t'accordera le désir de ton
coeur. »
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