Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

2. Le secret de sa plénitude.

La consécration à Christ.

-------

Donnez-vous à Dieu.
(Rom. VI, 13.)

Offrez vos corps à Dieu.
(Rom. XII, I.)

Paul, esclave de Jésus-Christ.
(Rom. I, 1.)


S'il est vrai que nous avons reçu le don du Saint-Esprit ; que nous avons été baptisés du Saint-Esprit ; qu'il est entré dans notre vie pour y demeurer à toujours ; quel est alors le secret de la plénitude, de la vie abondante de paix, de force et d'amour ?
Nous répondons :
L'abandon absolu, sans condition, de notre vie à Dieu, pour faire sa volonté au lieu de la nôtre.

Ainsi, quand nous abandonnons nos péchés et croyons, nous RECEVONS le Saint-Esprit ; quand nous abandonnons notre vie et croyons, nous sommes REMPLIS du Saint-Esprit. L'envoi du Saint-Esprit est la réponse de Dieu à la REPENTANCE et à la foi ; la plénitude de l'Esprit est la réponse de Dieu à l'ABANDON et à la foi.
À la conversion, l'Esprit entre ; à l'abandon l'Esprit, déjà entré, prend entière possession. La suprême condition humaine de la plénitude de l'Esprit est une vie entièrement abandonnée, à Dieu pour faire sa volonté. Cela est vrai :


1. D'après la raison.
Tous les nuages qui ont obscurci le pur éclat de cette grande vérité dans nos âmes s'évanouiront aux regards de quiconque réfléchira sérieusement à la grande vérité scripturaire et expérimentale de la double nature du croyant.

Remarquons d'abord la condition du pécheur. Il n'a qu'une nature, « le vieil homme ». Il est proclamé absolument mort dans ses fautes et dans ses péchés. Il a la vie du moi, et non la vie de Dieu, en lui. Il marche selon la chair, et rien que selon la chair. L'Esprit peut contester, et conteste avec lui, mais non en lui, car celui-là seul « qui est à Christ » a l'Esprit.

Mais voilà qu'intervient un changement merveilleux. Il se repent, et croit au Seigneur Jésus-Christ. Qu'arrive-t-il ? Il est né de nouveau, né d'en haut, né de Dieu, né de l'Esprit. Et que signifient ces expressions ? Simplement qu'une vie nouvelle, une vie divine, la vie de Dieu, est entrée en lui. Dieu lui-même, dans la personne de son Saint-Esprit, est venu habiter en lui ; il a reçu le Saint-Esprit. Il a maintenant ce que le pécheur n'a pas, une nouvelle nature.

Mais quand la vie nouvelle, la vie de l'Esprit est entrée, est-ce que la vieille vie, le « vieil homme » est sorti ? Hélas, non ! Si le vieil homme était parti, recevoir l'Esprit, serait alors en être rempli de suite, et, pour toujours, car il aurait l'entière possession de notre être. Mais tel n'est pas le cas. La vieille vie ne s'en va pas lorsque la nouvelle fait son entrée ; la Parole de Dieu et notre propre expérience sont très claires à ce sujet. Maintenant le croyant possède, dirait-on, une double nature. En lui « la chair » et « l'Esprit », la vieille vie et la nouvelle coexistent. Les deux habitent en lui. Mais, comme de mortels ennemis, ils luttent pour avoir la direction de sa vie. « La chair a des désirs contraires à ceux de l'Esprit et l'Esprit en a de contraires à ceux de la chair. » Car chacun des deux veut non seulement être en lui, mais avoir pleine possession de lui. Chacun désire le remplir.

Le problème est donc changé. Ce n'est plus comment recevra-t-il l'Esprit ? Cette question est résolue ; il a reçu l'Esprit. Mais il trouve que l'Esprit n'est que co-occupant en même temps que la chair. La question est donc désormais : Ayant en lui deux natures, comment pourra-t-il être rempli d'une seule d'entre elles ? Comment connaîtra-t-il la plénitude et la vie abondante de l'Esprit, et sera-t-il délivré de la vie et du pouvoir de la chair ? La réponse semble limpide. Comment pourra-t-il avoir la plénitude, sinon en se livrant complètement à celle des deux natures dont il veut être rempli ? Il a le pouvoir de choisir ; il peut se livrer à l'une où à l'autre. N'est-il pas clair que la vie à laquelle il se livrera le remplira ? Quand autrefois il se livrait comme esclave à la chair (Rom. VI, 19), n'était-il pas rempli de toute sorte d'injustice (Rom. I, 29). De même à présent, dans la proportion où il se livre à l'Esprit (Rom. VI, 19), ne sera-t-il pas rempli de cet Esprit ? Il en est comme du doux air pur du printemps quand il entre dans un appartement rempli de mauvaises odeurs. Vous lui ouvrez une chambre, mais vous laissez les autres fermées et en possession de la vieille atmosphère fétide. Il est vrai que l'air pur est entré, mais comment remplira-t-il la maison à moins que vous ne lui livriez complètement cette maison, ouvrant tous les recoins et tous les angles à son souffle embaumé ? Ou bien encore, c'est comme une fontaine alimentée par deux puissantes sources jaillissant du sol, l'une d'eau, l'autre de pétrole. Il n'y a pas de doute que la fontaine reçoive de l'eau, car l'eau y coule à flots sans cesse. Mais, comment peut-on la remplir d'eau, sinon en la livrant tout entière à la source vivifiante, en détournant et en bouchant la source de pétrole ? Il en est de même du Saint-Esprit.

Il est vrai qu'il est entré dans le coeur de chaque croyant, et qu'il y habite et y demeurera toujours. Cependant, tout croyant ainsi cohabité par la chair et par l'Esprit, peut continuer à céder à la chair, au point de contrarier, étouffer et entraver toute manifestation de la plénitude de l'Esprit qui est en lui. Le fait que, même après la réception de l'Esprit il peut y avoir un empire du moi dans notre vie lorsque nous négligeons de nous livrer à l'Esprit, explique parfaitement et suffisamment que la plénitude de l'Esprit nous fait défaut. Quiconque réalise l'effrayant pouvoir de la vie propre au-dedans de lui, son hostilité contre Dieu, sa sensualité, qui contriste, et éteint l'Esprit, empêchant l'épanouissement de ses fruits bénis, comprend que la plénitude du moi suffise à expliquer le manque de plénitude de l'Esprit. L'embarras ne vient pas de ce que l'Esprit n'est pas entré, mais de ce qu'il ne rencontre pas la consécration qui lui permettrait de se manifester dans la plénitude qu'il voudrait obtenir. Le remède est donc clair, logique, inéluctable : refuser de livrer davantage sa vie à la domination du moi, et s'abandonner à l'Esprit pour que « la loi de l'Esprit de vie nous affranchisse, en Jésus-Christ, de la loi du péché et de la mort. »
C'est encore vrai :


2. D'après la révélation.
La Parole de Dieu est claire sur ce point. Paul s'appelle à diverses reprises « l'esclave » de Christ, entièrement consacré à lui pour faire non sa propre volonté, mais celle de Christ. « Je vous conjure donc, frères, par les compassions de Dieu, d'offrir vos corps à Dieu en vivant sacrifice (Rom. XII, 1 ). »

Écoutez Paul exhorter les croyants en ces termes :
« Livrez-vous à Dieu. » « Ne vous livrez, pas au péché. » « Si vous vous livrez à quelqu'un pour lui obéir, vous en devenez l'esclave. (Rom. VI, 16). » Comme vous vous êtes livrés au service de l'iniquité, de même livrez-vous au service de la justice, pour votre sanctification (19). « Mais maintenant, étant affranchis du péché (c'est l'acte de Dieu en Christ) et devenus les esclaves de Dieu (c'est votre acte de consécration qui vous fait réaliser la liberté qui est en Christ), vous avez pour fruit la sanctification (22), » c'est-à-dire vous connaissez la force, la bénédiction, la plénitude, et tous les fruits du Saint-Esprit à qui vous vous êtes désormais livrés. Notez la frappante répétition, et la place significative (Rom. VI) de cette exhortation à nous livrer à Dieu. Elle suit le cinquième chapitre aux Romains. C'est que le croyant justifié par la foi, n'a pas plus tôt reçu le Saint-Esprit qu'il est de suite pressé de se livrer à Dieu entièrement et absolument. Pourquoi ?

Parce que Paul connaît les deux natures du croyant : il sait qu'il doit se livrer à celle dont il veut être rempli ; il sait que s'il veut être rempli du Saint-Esprit, il doit se livrer à lui, sinon il continuera à vivre sous le pouvoir et dans la plénitude de la chair. Ainsi, l'absolue consécration de notre vie à Dieu est le premier progrès que la Parole de Dieu nous presse de faire après notre conversion.
À chaque converti qui vient de recevoir le Saint-Esprit, et tandis que son coeur est brûlant de l'amour de Christ qui l'a sauvé, on devrait présenter, avec sérieux et tendresse, la revendication de ce Christ sur sa vie rachetée, et l'appel plein d'amour qu'il nous adresse pour que nous nous consacrions à lui absolument et sans réserve. Il n'existe pas d'autre moyen d'après la raison, la révélation, et l'expérience. Hélas, que nous sommes aveugles ! On exhorte les convertis à étudier la Parole, à redoubler de prières, à abonder en bonnes oeuvres, à donner leur argent au Seigneur, à être fidèles aux réunions, à se joindre à diverses sociétés, à se fatiguer dans un cycle sans fin d'actions diverses. Mais malheur à nous ! en omettant la seule condition suprême que Dieu révèle, nous négligeons de lever la seule écluse qui permettrait à la plénitude convoitée de venir inonder notre vie. Que cet acte de consécration soit le pivot sur lequel la porte de la Plénitude tourne pour s'ouvrir, c'est ce que prouve encore :


3. L'Expérience des enfants de Dieu.
Cela n'est-il pas vrai de chacun de vous, bien-aimés, qui marchez dans le sentier de cette vie bénie ? Le Saint-Esprit a tracé, dans le secret de votre âme, une image idéale de la marche avec Dieu, et elle a refusé avec persistance de s'effacer, même au sein de nos défaillances et de nos échecs. Certains soupirs après une richesse et une plénitude de vie en Christ n'ont jamais cessé de hanter votre âme. Certaines voix vous ont appelés pendant des années vers des hauteurs inexplorées de communion, de privilège et de service. Vous avez fait de grandes fautes ; vous avez été induits en erreur par un faux enseignement ; vous avez cherché à tâtons la vérité au sein des ténèbres. Mais avec la paix et la joie d'une vie enracinée en Jésus-Christ et qui remplit votre âme lorsque vous regardez en arrière vers le passé, ne voyez-vous pas que le pivot de la bénédiction et de la plénitude a été la consécration de votre vie au Seigneur Jésus-Christ ?

Qu'il ait dépensé de longues années pour atteindre ce tournant, ou qu'il s'y soit élancé d'un seul bond, tout enfant de Dieu consacré sait que cet acte d'abandon à Dieu a été le pas décisif qui l'a amené à la plénitude d'une marche plus étroite avec Dieu. Votre expérience peut avoir été compliquée, confuse, difficile à interpréter ; mais que cet acte de consécration ait été l'affaire principale, et que la plénitude de l'Esprit ait été le résultat d'un tel acte, la réponse de la grâce de Dieu à cet acte, tous vous en rendrez témoignage. La vie d'hommes tels que Carey, Martyn, Paton et Livingstone, démontre cette vérité d'une manière éclatante. La plénitude et la puissance dont Dieu a marqué ces vies, résultaient du côté humain, d'une consécration sans restriction et sans hésitation, dans le sens le plus complet, pour faire la volonté de Celui qui les avait suscitées. De tels hommes seulement peuvent communiquer sa plénitude.
Que la consécration soit le secret de la plénitude, c'est ce que prouve encore :


4. La Résistance de la chair.
Nous pouvons être sûrs qu'une décision à laquelle le moi s'oppose souverainement est la décision suprême de l'Esprit. Le point sur lequel la chair concentre sa résistance la plus désespérée doit être justement celui où l'Esprit désire nous conduire. C'est là la clef de la situation. Le moi se révoltera avec fureur contre la résolution arrêtée de livrer à Dieu notre vie, tandis qu'il nous laissera tenir des réunions, signer des engagements, remplir des charges dans l'église, donner la moitié même de notre fortune.

Quelqu'un met-il en doute que la volonté propre soit la forteresse de la chair, et que l'acte de consécration soit le suprême désir de l'Esprit, essayez, homme ou femme, cet acte d'entier abandon ! Dites à Dieu : « Seigneur, j'abandonne ici tous mes projets et desseins, tous mes désirs et, toutes mes espérances, et j'accepte ta volonté pour ma vie entière. Tout ce dont tu as besoin, prends-le ; tout ce que tu veux qui m'arrive, envoie-le ; partout où tu veux que l'aille, conduis-moi ; tout ce que tu veux que j'abandonne, révèle-le. Voici, je viens pour faire ta volonté. » Immédiatement, vous verrez les puissances de la chair donner l'assaut à cette décision. Quelles protestations bruyantes ! Quelle hostilité féroce ! Quelles luttes angoissées ! Quelles mortelles défaillances de l'âme à cette simple pensée ! Quelles épreuves amères pour l'orgueil et la réputation ! Quels immenses sacrifices se révèlent, auxquels on n'avait jamais pensé auparavant ! La chaire, le champ d'évangélisation, les idoles abandonnées, les prétentions, les occupations ou possessions sacrifiées, comme tout cela va se dresser comme autant de spectres devant l'âme tremblante ! Le jour où l'enfant de Dieu se décide à livrer sa volonté ne sera pas à moitié écoulé qu'il s'épouvantera de sa répugnance à obéir à Dieu ; il sera stupéfait et humilié au delà de toute mesure des efforts désespérés et répétés du moi pour lui faire quitter la position qu'il a prise.
De même que les cris frénétiques et les sauvages battements d'ailes de l'oiseau prouvent que votre main dévastatrice s'approche de son nid, de même la résistance passionnée que le moi oppose à la consécration de notre vie prouve que par cet acte l'égoïsme court le risque d'être anéanti sous la puissante main de Dieu. Enfant de Dieu, cette inimitié vraiment effrayante, vraiment féroce de la chair ne prouve-t-elle pas que sa forteresse est démasquée, que son secret est trahi, que, ce à quoi elle résiste avec le plus de violence, c'est précisément ce que Dieu nous ordonne de faire avant tout ?
L'avez-vous fait ? Car :

5. Rien ne peut remplacer votre acte de consécration.
Quand Dieu fixe à quelle condition il bénira, aucune autre condition, si bonne soit-elle d'ailleurs, ne peut y être substituée. Voilà pourquoi toutes vos larmes, votre attente et vos prières, et même vos cris d'agonie devant Dieu, n'ont rien pu faire que de vous laisser affligé, déçu et affolé par l'absence de toute réponse.
Vous avez prié au lieu d'obéir.

La prière est très bonne avec l'obéissance, mais non pas à sa place. « L'obéissance vaut mieux que le sacrifice. » Elle vaut donc mieux que la prière quand elle est ce que Dieu demande.

Ce n'est pas nous qui, supplions Dieu ; c'est Lui qui nous supplie ! Écoutez-le dans la personne de Paul son serviteur : « Je vous supplie, frères, par les compassions de Dieu, d'offrir vos corps en sacrifice vivant. » L'avez-vous fait ?

Quand nous supplions Dieu de faire quelque chose pour nous, nous nous attendons à ce qu'il agisse. Quand Dieu nous supplie de lui faire don de nos corps en vivant sacrifice, il s'attend à ce que nous agissions. Mais hélas ! nous détournons la tête et commençons à prier ; car, disons-nous, la prière n'est-elle pas une bonne chose ? Oui, certes, mais non pas quand on s'en sert pour esquiver l'obéissance ! Comme la chair est subtile ! Comme dans notre aveuglement nous jouons avec Dieu à propos croisés.

« Abraham, dit l'Éternel, parce que tu as fait cela je te bénirai (Gen. XXII, 16). » Et qu'avait-il donc fait qui attirait sur lui une plus grande bénédiction que jamais auparavant ? C'est qu'il avait tout abandonné à Dieu dans le sacrifice de son fils. Enfant de Dieu, avez-vous fait cela ? Rien d'autre ne compte. La prière constante, la supplication importune, l'attente fatigante, les efforts pour croire, considérer la chose comme faite, rien ne sert si vous ne voulez pas faire cela. Cette vie non consacrée est la vraie citadelle du moi. Dieu ne la prendra pas de force. Mais quand la clef, la volonté, lui sera remise entre les mains de bon coeur, alors il inondera votre vie de la plénitude de sa bénédiction. Voulez-vous connaître ce qu'il promet quand il dit : « Je te bénirai ? » alors, « faites cela ». D'une manière absolue, sans réserve, avec confiance, livrez-vous, et votre vie, et tout ce que vous avez, entre ses mains pour le temps et pour l'éternité.

Donner son argent, son temps ou ses services, n'équivaut pas à donner sa vie. Des milliers essayent par ces moyens de faire taire leur conscience et de voler Dieu ? Il est indispensable que nous nous donnions nous-mêmes. Un fiancé serait affligé si, alors qu'il demande à sa fiancée son coeur et sa vie, elle lui offrait sa bourse, ses maisons ou ses terres, combien plus Dieu doit-il s'affliger de nos essais pour le séduire en lui donnant n'importe quoi, sauf la seule chose qu'il demande, nous-mêmes : « Mon fils donne-moi ton coeur. » Il y a tel don destiné à remplacer celui de nous-même ; mais il y a aussi un don de nous-même. L'un est un pauvre présent que le légalisme fait à l'amour ; l'autre est la joyeuse réponse de l'amour à l'amour. Ainsi, en refusant de nous donner à Dieu, nous lui refusons l'unique chose qu'il désire. Car Dieu s'est donné lui-même à nous, et nous a tout donné. Si notre réponse à l'ami de notre âme n'est pas la consécration loyale de nous-même, nous montrons par là que nous n'avons pas en lui une confiance entière. Mais cette défiance est comme une ombre qui obscurcit le coeur non consacré, et un obstacle qui le ferme à la plénitude de Dieu. Car Dieu ne peut donner la plénitude de l'Esprit à qui n'a pas une plénitude de confiance telle qu'il lui livre sa vie. Ainsi donc, bien-aimés, sachant que l'entière consécration peut seule apporter dans votre coeur sa plénitude de vie, veillez bien à ne pas la négliger.


Sachez encore que :

6. La responsabilité de posséder cette plénitude de l'Esprit vous incombe tout entière en un sens effrayant.
C'est à vous seul de résoudre la question. Non pas que tout ne vienne de Dieu et de sa grâce, car tout vient de lui. Mais en Christ Jésus, tout ce qui incombait à la grâce a été achevé, car Dieu en donnant Christ a déjà fait tout ce qu'il peut faire pour nous. Voulons-nous que Dieu répande la plénitude du Saint-Esprit ? C'est ce qu'il a fait en Christ : « Toute la plénitude de la divinité habite corporellement en lui (Col. II, 9). » Voulons-nous alors que Dieu nous place « en Christ » où habite sa plénitude ? Il l'a fait : car « c'est par lui que vous êtes en Jésus-Christ (I Corinth. I, 30). » Il ne reste qu'une chose à faire, et c'est à vous à la faire. C'est de vous livrer tellement à Christ à qui vous êtes uni, que vous lui permettiez de répandre sa plénitude en vous et par vous. Cela, c'est vous qui devez le faire. N'essayez pas de rejeter la responsabilité sur Dieu. Si vous la rejetez sur lui, à son tour, il la rejettera sur vous, et à juste titre, car c'est à vous qu'elle appartient. C'est ce qu'il a fait pour vous Jusqu'à présent. Avez-vous été trop aveugle pour le voir ? Il s'est engagé à vous faire connaître sa plénitude aussitôt que vous lui consacrerez entièrement votre vie, mais il ne s'est pas engagé à consacrer celle-ci à votre place ni à vous obliger à la consacrer. Il ne contraindra pas votre volonté. Il s'en tient là, et il vous attend, et il vous a attendu toutes ces dernières années. Ne dites pas non plus : « J'ai prié, j'ai attendu, j'ai lutté, j'ai été en agonie, » au lieu d'obéir à son commandement et d'agir vous-même.

La question est celle-ci : « Avez-vous cédé ? » Racheté à prix, n'étant plus à vous-même, vous êtes-vous dessaisi de votre vie, et l'avez-vous consacrée sans réserve, sans crainte, pour l'éternité, au Seigneur Jésus-Christ, pour être à toujours son esclave volontaire ? Il n'est pas encore question de sa plénitude, qui est illimitée ; la question est celle de votre réceptivité, de votre consécration. Est-il digne de confiance, d'une confiance absolue ? Sinon, jusqu'à quel point voulez-vous vous livrer à lui ? Avec quelle mesure d'abandon voulez-vous vous remettre à lui ? À quelle hauteur de sa propre consécration parfaite voulez-vous vous élever ? La seule limite à sa plénitude sera celle que lui imposera la limite de votre abandon. Plus vous livrerez absolument, entièrement, irrévocablement, vous-même, votre temps, vos talents, vos biens, vos espérances, vos aspirations, vos projets, et toutes choses à Jésus-Christ, vous déclarant son esclave volontaire pour accomplir ou supporter sa volonté, plus vous connaîtrez la plénitude bénie de son Esprit. Vous aurez toute la plénitude à laquelle vous ferez de la place. En un sens tout dépend de vous. Quelle pensée redoutable. Traverser toutes les longues années de la vie ayant à votre portée à toute heure le privilège, la paix et la puissance de la plénitude bénie, et pourtant en rester privé !

Êtes-vous trop faible, trop timide, trop lent pour vous confier en lui aussi pleinement ? Avez-vous quelque répugnance à abandonner votre volonté, et quelque effroi de sa volonté ? Réfléchissez un moment à ce qu'est sa volonté. Le fils sanglant de Dieu, suspendu pour vous entre ciel et terre ; votre passage de la mort à la vie éternelle ; votre titre de fils ou de fille de Dieu ; la plénitude de son Esprit ; la paix, la joie, la communion avec lui ; la glorification instantanée, triomphante à son avènement ; une part glorieuse dans sa royauté ; des siècles éternels de félicité sans fin en sa présence, - voilà ce que vous savez de sa volonté à votre égard. Et pourtant vous redoutez cette volonté ! mais c'est le crime de haute trahison d'une âme contre son Seigneur légitime et plein d'amour !

Bien-aimé, au centre même de ta vie spirituelle, gîte un cobra meurtrier, celui de l'incrédulité, et tu ferais bien, par cet acte décidé, confiant, de consécration, de l'écraser d'un seul coup avant qu'il ne plante ses crocs plus profondément dans ton coeur.

L'audacieux grimpeur de rochers, se fiant à une corde fragile, se balance d'un coeur intrépide sur l'abîme vertigineux, tandis qu'au-dessous de lui les rochers cruels, ou la mer mugissante et traîtresse, attendent impatiemment qu'il tombe pour le tuer. Mais toi, bien-aimé, si aujourd'hui tu t'attaches à lui par une confiance aveugle et simple, aucun destin cruel ne te guette, car les puissantes mains qui te saisissent ont été percées pour toi ; le côté sur lequel te pressent ses embrassements pleins d'amour a été déchiré pour toi ; le coeur que ton obéissance fait bondir de joie, un jour s'est brisé pour toi. Oui, le Christ qui te supplie est le Christ de l'amour, et il désire te remplir de sa propre plénitude d'amour. C'est pourquoi ne le crains point, mais, abrité dans le secret de son coeur, combats le bon combat, endure les souffrances de la croix, ne t'arrête pas avant d'avoir sincèrement déposé ta vie à ses pieds ; et certainement « Il t'accordera le désir de ton coeur. »

Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant