Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



SAMSON
ou
Puissance Perdue et Retrouvée


S'il y avait des cimetières pour enfouir les faillites morales, les cadavres spirituels, comme il y en a pour les morts naturels, on ne pourrait plus poser le pied sur cette terre sans marcher sur quelque tombeau...
Que de cadavres on croise ainsi dans ce monde, de ces gens sur le front desquels il pourrait être écrit :
« Tu passes pour être vivant, et tu es mort » !

Des « morts subites », il ne s'en produit à peu près jamais, dans le monde spirituel. Cela commence presqu'insensiblement par un affaiblissement, un déclin à peine perceptibles, une lente atrophie qui va s'aggravant ensuite jusqu'à l'extinction complète de toute puissance.
Que de leaders spirituels, que d'étoiles de première grandeur n'a-t-on pas vus de nos temps s'éteindre ainsi à l'horizon du Royaume de l'Esprit, pour disparaître dans l'oubli quand ce n'est pas dans la honte.

Quelque chose à un moment donné s'est produit dans leur vie qui a passé inaperçu aux yeux du public, mais dont Dieu connaît bien le secret, et qui a déterminé l'éclipse lente, fatale d'un astre qui projeta longtemps les plus magnifiques clartés.

L'histoire de Samson, sous ce rapport, est peut-être le plus frappant exemple, rapporté par la Bible, d'une puissance surhumaine, alliée à la plus folle témérité (de tous les dangers le plus grand) et qui soudain s'effondre dans la plus effroyable banqueroute.

La vie de Samson est un garde-à-vous tragique, c'est, gravé en traits de feu, le tableau fulgurant de ce que chacun de nous pourrait devenir.
Samson, c'est tout d'abord un héros spirituel, héros ardent, impétueux, merveilleux, géant solitaire qui domine de toute su hauteur un peuple entier, un continent.
C'est un guerrier de l'Éternel, unique en son espèce, unique en sa génération.
Puis, un écroulement terrible, qu'une passion secrète a provoqué.
Et enfin, au soleil couchant de sa vie, après une vie détruite, et des années de vision perdue (les yeux de Samson crevés) un retour subit des feux splendides du début.

Samson, c'est la réponse de la force donnée à la consécration et qui repose uniquement sur elle.
Qu'on ne s'y trompe pas, en effet, la force herculéenne de Samson n'est, dans l'Ancien Testament, pas autre chose que la contrepartie de la dynamique spirituelle dans le Nouveau.
Car, notons-le bien, Samson ne naît pas avec cette force. Ses muscles sont tout pareils aux muscles du commun des mortels, sa taille également. Il n'est ce qu'il est que par le Saint-Esprit. L'Esprit, à un moment donné, le revêt de force au point que, sans le secours de la moindre arme, il est capable de terrasser un lion, de mettre en fuite une armée de trois mille hommes. (Juges XIV, 6).

Les boucles de ses cheveux qui tombent sur ses épaules symbolisent l'onction du Saint-Esprit, comme en était le symbole l'huile sacrée qui découlait sur la tête et les épaules d'Aaron. Ces boucles, coïncidence frappante, étaient au nombre de sept (Juges XVI, 19), la plénitude de la puissance. Et ces boucles ne devaient pas être coupées ; c'étaient là à la fois l'ordre et l'emblème, donnés par Dieu lui-même (Nombres VI, 13) de sa consécration au Naziréat ; c'était l'unique secret de sa force irrésistible.
Le naziréen savait qu'il avait perdu sa consécration lorsque le rasoir passait sur sa tête.

Ce mot naziréen vient de l'hébreu « nazir », séparé, mis à part pour Dieu. Ainsi, Samson doit sa force uniquement au fait qu'il est nazir, séparé. Et il conserve cette force aussi longtemps qu'il se tient à l'écart d'un monde mort (le naziréen ne devait jamais s'approcher d'un cadavre).

Le mot « Samson », signifie soleil, ou force, le soleil quand il brille dans sa force. Le soleil, réservoir et émetteur de la lumière du monde.
En sorte qu'il ne faut pas voir en Samson quelque phénomène de force brutale, une sorte d'hercule de foire, mais un exemple extraordinaire de ce que peut accomplir, en un homme et par un homme, la puissance du Saint-Esprit.
Sa force provient uniquement de Dieu ; le choix ridicule des armes qu'il emploie le montre à l'évidence.

Mais voici Dalila qui entre en scène. Ce mot, Dalila, signifie langueur, séduction. Dalila est l'image du beau recouvrant le faux.
Le lion, que Samson avait un jour rencontré et tué, n'était qu'un jouet en comparaison de cette Dalila.
Tel qui affronte le martyre est terrassé par une misérable flatterie...

Dalila, nous la trouvons représentée dans ce monde sous les formes les plus diverses : c'est la sensualité, domination de la chair, volupté ; c'est l'orgueil spirituel ; c'est l'attrait de la popularité, l'ambition du pouvoir ; c'est l'argent. Ah ! l'argent - l'hostie du diable, comme on l'a appelé. Là où boisson et impureté viennent à bout de dix, argent et orgueil en abattent dix mille...
Mieux Dalila se dissimule, plus elle est dangereuse. De bonne heure déjà, le défaut fatal de Samson est apparu lorsque, Naziréen comme il l'était, il mangea du miel ramassé dans la carcasse d'un lion - d'un monde mort...
Tant il est vrai que nous naissons tous avec le germe de maladie spirituelle qui, si nous ne veillons pas, nous emportera tôt ou tard.

Voici donc la nouvelle étape franchie : Samson met sa force au service d'un monde prostitué et vendu au péché, au lieu de l'employer à vaincre les ennemis de Dieu.
À l'instigation des puissances de ténèbres qui l'ont achetée pour quelques milliers de francs, Dalila assiège maintenant Samson d'insidieuses questions et de prières pour découvrir le secret de sa force, de « sa grande force », est-il dit ; et cela non pas pour l'utiliser, mais pour la lui ravir.

Voici donc Samson aux prises avec la terrible Dalila, sans que l'ombre d'une inquiétude l'effleure, sans faire le moindre examen intérieur, sans se méfier en aucune façon de son coeur, sans tenter le moindre effort pour renoncer à sa passion. La certitude de Samson repose uniquement, présomptueusement, aveuglément, sur la confiance qu'il a en sa force.

Suivez bien maintenant la course à l'abîme, voyez comme sous, les efforts répétés de la séduction, Samson est précipité des plus hautes cimes spirituelles.
Par trois fois, Samson élude les questions pressantes de Dalila. Par trois, fois celle-ci revient à la charge, décidée à pénétrer le secret, et chaque tentative la rapproche, du but.

Et pendant tout ce long délai, Samson conserve sa pleine puissance. C'est que, Dieu n'abandonne jamais son ouvrier après une première faute. Il temporise, il avertit, il patiente, il offre de nouvelles occasions de repentir, continuant même à l'utiliser puissamment. Et nous avons là une preuve frappante que le baptême de puissance ne s'accompagne pas nécessairement d'une transmission de sainteté. En sorte que l'idée que le baptême de l'Esprit produit l'extirpation du péché est une pure et dangereuse illusion.
L'Eglise de Corinthe, la plus riche en dons miraculeux, est aussi la moins sanctifiée des Églises.

Les unes après les autres sont donc brisées cordes fraîches et cordes neuves, et chaîne de métier, ce qui prouve que rien encore, pour Samson, n'est irrévocablement perdu. Et par trois fois, glissant sur la glace menue, Samson franchit le signal rouge, approchant toujours plus de l'abîme.

Avoir de la complaisance pour le péché en s'imaginant que l'on peut faire la part du péché, équivaut à essayer de rassasier un tigre. Le péché comme le tigre, est insatiable.
Et tout péché conduit à un plus grand péché :

Un homme que j'ai connu en Suisse, père d'une nombreuse famille, fut conduit à signer la tempérance. C'était un esclave de la boisson, redoutable batailleur. Il fut merveilleusement délivré. C'était, en même temps, un grand fumeur. Le Saint-Esprit ne tarda pas à entrer en conflit avec lui à ce sujet. Pendant un temps, cela marcha bien, très bien même, en apparence.
Puis survient une chute effroyable. L'homme revint à la surface, mais sans abandonner son tabac.
Dans une réunion de prière, tiraillé par sa passion et par le commandement de l'Esprit, il se releva soudain et dit, en proie à une excitation de dément :
« Plutôt que de laisser mon tabac, j'abandonnerais ma femme et mes neuf enfants et je partirais pour l'Amérique. » Le malheureux retomba plus bas que jamais.

Mais il y a une fin à tout. Et le moment fatal arrive où il suffit d'un flocon de neige pour déclencher l'avalanche, où il suffit même d'un cri d'oiseau. Ce moment, pour Samson, est arrivé.

Il est une chose, maintenant, que nous ne devons jamais perdre de vue, c'est que la Puissance, cette puissance avec qui nous sommes en relation, qui se manifeste en nous, ce n'est pas quelque chose, c'est Quelqu'un, c'est la 3e personne sacrée de la Sainte Trinité, c'est le Saint-Esprit.

Le Saint-Esprit n'est pas une simple émanation de Dieu une influence divine, ce Saint-Esprit, c'est le remplaçant mystérieux sur la terre, le Vicaire de Jésus glorifié : « Si je ne m'en vais pas, le consolateur ne viendra pas vers vous ». « Il prend de ce qui est au Seigneur pour nous le communiquer » (Jean XVI, 7-15). Il est libre, à tout moment, de faire cesser, sur l'instrument qu'il s'est choisi, la communication de sa puissance.

Nous n'avons pas oublié que l'Esprit était venu sur Samson non point parce qu'il était Israélite, mais parce qu'il était Naziréen. Cette puissance n'est donc pas sa propriété personnelle, un privilège de famille ou de race. Il ne peut pas en user et en abuser à sa fantaisie, comme un hercule exécute ses tours pour l'ébahissement des foules. Non. La puissance n'a été confiée à Samson que pour lui permettre de vaincre les ennemis de Dieu, pour combattre les batailles de l'Éternel.
Mais la roue peut tourner quelques instants encore après que la dynamo a cessé, de fonctionner...

Et si Dieu vient dans un tremblement de terre, Il peut aussi se retirer dans « le murmure doux et léger ». Il est dit que : « Samson NE SAVAIT PAS que l'Éternel s'était retiré de lui. » Terribles paroles ! Les facultés mêmes que le péché engourdit et atrophie sont celles qui nous permettent de percevoir la présence de l'Esprit. Aucun événement extérieur n'avertit, aucune grande secousse, aucune sonnette d'alarme n'annonce que le Saint-Esprit, la colombe délicate et craintive, s'est envolé ; c'est pendant le sommeil de Samson que sa puissance a disparu.

Un ouvrier de Dieu, au milieu même de ses plus graves déficits intérieurs, peut très bien se flatter que sa puissance est demeurée la même qu'au temps de sa plus entière consécration.
Mais quel affreux réveil, quand il se rend compte que c'est au moment précis où il aurait eu un suprême besoin de cette puissance qu'il en a été abandonné ! ...

Ah ! qu'il est tranchant le rasoir du monde sur « les tresses » de la consécration ! Coupure irréparable !
Sans doute, Samson ne s'est jamais rasé la tête.
Mais il se mélange à une société où quelqu'un se charge de le faire à sa place pendant qu'il est plongé dans un profond sommeil.
Quand on s'assied sur les genoux du monde, on se réveille sous ses pieds !

Assurément, si Samson l'avait voulu, tandis qu'il en était temps, il aurait pu se dégager de l'envoûtement fatal. Mais là encore se vérifie le dicton si cruellement vrai : « Celui qui ne veut pas quand il peut, ne pourra pas quand il voudra. »
Ah ! on ne badine pas avec le péché ; tôt ou tard, il vous présente sa note. Et c'est la ruine.

Une tresse, deux tresses, trois, toutes y passent et quand la dernière est tombée, c'est le réveil, c'est l'agonie...

La scène qui suit ne peut se décrire froidement. Elle arracherait des larmes à un marbre.
Samson, le Juge de Dieu, Samson, le chef du peuple de l'Éternel, Samson devient le bouffon public des Philistins !

Ses pauvres yeux ont été crevés, et il faut encore qu'il amuse la populace, qu'il fasse le pitre pour la distraire... - « Et Samson, est-il écrit, dansait devant eux » (Juges XVI, 25).

Oh ! qu'un coeur rétrograde peut tomber bas !


... Qu'un feu nouveau s'allume !

Mais maintenant surgit devant nous le plus éclatant rayon de lumière qu'offre peut-être l'Écriture à l'âme déchue, pour l'empêcher de sombrer à tout jamais dans le gouffre du désespoir. Le diable, lui, prêche toujours le découragement à l'enfant de Dieu en état de chute. Mais Dieu sans se lasser lui dit qu'il reste une espérance.
Oui, tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.
« Cependant, les cheveux de sa tête recommençaient à pousser... » (Juges XVI, 22).

Pendant le long et sombre martyre solitaire des jours et des nuits dans l'obscur cachot de Gaza, la tête de Samson s'est recouverte d'une abondante chevelure. Des tresses se sont reformées.

Le voeu de Naziréat qu'il avait violé, Samson le renouvelle. Sa restauration va être possible, car sa controverse est terminée avec l'Éternel. Une nouvelle séparation, une nouvelle consécration s'accompagnent d'un nouveau baptême de puissance.
Toutefois, la vue ne revient pas à Samson : Par les yeux il avait péché, par les yeux il est puni, et il demeurera à jamais aveugle.

Il est des cicatrices qui ne disparaissent jamais de nos âmes rétrogrades. Il est des grâces que nous avons pour toujours perdues la candeur de notre innocence, la fraîcheur de notre premier amour, une vie avec Dieu, comme celle d'Hénoc trois cents ans, durant ; sans un jour d'arrêt, tout cela est perdu, bien perdu. Ah ! oui, elles sont lamentables, elles sont affreusement cruelles, les morsures du péché !

Pour être resté trop longtemps dans le pays que connut l'enfant prodigue, on est souvent réduit à ne plus être toute sa vie qu'un grand blessé, un grand mutilé de la guerre spirituelle.
Mais enfin, les bienheureuses tresses ont réapparu sur la tête de Samson, ces tresses qui annoncent le retour de la puissance du Saint-Esprit ; et en réponse à la supplication de l'ancien Juge d'Israël, jaillit abondante la fontaine de la restauration.

C'est en effet la première fois que Samson prie, depuis sa chute, la première prière qui nous est rapportée de lui depuis que, mourant de soif, autrefois, il avait un jour invoqué les « ruisseaux de Dieu » (Juges XV, 18).
Et il dit : « Seigneur Éternel, souviens-toi de moi ! » Ces mots partent du plus profond de son coeur. Il ne revient pas sur le passé, sur les occasions perdues, à tout jamais perdues, car ses yeux fermés ne conduiront jamais plus les armées d'Israël. Non. Il ne demande même pas que Dieu sauve sa vie par quelque miracle. Il dit : - « O Dieu, donne-moi la puissance, seulement cette fois et que je meure ! »
C'est le cri de l'apôtre Paul, un millier d'années plus tard, : - « Moi, peu importe ; je fais volontiers l'abandon de ma vie, pourvu que j'achève ma course. » (Actes XX, 24).

Samson tient plus à la victoire qu'à la vie. Sa convoitise avait entraîné sa ruine ; son repentir et sa prière permettent son rétablissement assure sa victoire.

Et nous voici enfin arrivés à l'un des plus merveilleux couchers de soleil de l'Écriture :
Dès que Samson se remet à prier, il redevient le héros d'autrefois. Tout avait été perdu par le péché, tout est retrouvé par le repentir et la prière. Et le Saint-Esprit redescend sur lui en puissance
- « Il s'arc-bouta de toutes ses forces. »

C'est le serviteur de Dieu se remettant à l'oeuvre de toute l'énergie de son âme, reprenant les armes momentanément abandonnées, « armes de guerre divinement puissantes pour détruire les forteresses » (2 Cor. X, 4). - « Et la maison tomba. »
O la grâce merveilleuse de Dieu qui peut, en un instant, réparer l'erreur fatale d'une vie entière !

L'énorme édifice vacille sur sa base et dans un fracas épouvantable s'écroule avec son toit et ses galeries chargées de monde, et les princes des Philistins au complet. Et ce temple, qui dressait à la face du Dieu vivant la gloire de ses idoles, avec ses prêtres se moquant du Saint d'Israël et le blasphémant, ce temple, à l'instant, devient un immense tombeau.

Un tel héroïsme coûte la vie à Samson, mais inscrit son nom sur le tableau d'honneur des héros de la foi, au XIe chapitre des Hébreux. Samson. est redevenu l'un des géants les plus redoutables ayant combattu les ennemis de Dieu : - « Ceux qu'il fit périr à sa mort furent plus nombreux que ceux qu'il avait tués pendant sa vie. »

Ainsi, le vaincu le plus misérable peut redevenir le plus glorieux des vainqueurs.

La suprême victoire de sa vie, c'est après sa chute que Samson la remporte. Jamais le Saint-Esprit ne le soutint autant que dans son combat final pour Dieu. Et du milieu même d'une scène de scandale, de risée et de honte, Samson monte dans la gloire.
- « Toutes les nations m'environnaient ; au nom de l'Éternel, je les taille en pièces. Elles m'environnaient, m'enveloppaient ; au nom de l'Éternel, je les taille en pièces.  » (Ps. 118, 10).

Librement adapté du « Dawn » Par A. A




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