«La Sainte Guerre», titre cinglais
de l'allégorie de J. Bunyan que nous
publions aujourd'hui, parut en 1682, quatre ans
après la première partie du
«Voyage du Chrétien » (1678), dont
la seconde partie ne parut qu'en 1684.
Voici le titre original et complet de
l'allégorie : « La Sainte Guerre que
fit Shaddaï à Diabolus pour ressaisir
la Métropole du Monde, ou « Comment la
Ville d'Ante d'Homme fut perdue et reprise.
»
Nous avons introduit dans ce travail une
division du sujet en chapitres, ce' qui en facilite
la lecture. Nous avons abrégé
certains passages un peu longs ou supprimé
des répétitions, qui auraient pu
fatiguer le lecteur ; modifications que Bunyan
aurait probablement introduites lui-même s'il
avait publié son livre en ce
vingtième siècle.
L. BRUNEL.
Cléebourg-Metz 1928.
L'auteur du « VOYAGE DU PÈLERIN
» et de l'allégorie que nous publions
sous ce titre : « LA CITÉ DE
L'ÂME », naquit en l'an 1628 dans le
petit village d'Elstow, village situé
à une demi-heure de Bedford. C'est aussi
à Elstow que sa mère, Marguerite
Bentley, était née. Le père,
Thomas Bunyan, rétamait les casseroles. Nous
ne savons pas grand'chose sur les parents, hors
ceci : ils étaient très pauvres, et
firent apprendre un métier à tous
leurs enfants.
John fut envoyé à
l'école de Bedford où il apprit
à lire et à écrire. Le
père avait décidé qu'il lui
succéderait, et le jeune garçon fut
bientôt appelé à l'aider dans
son travail. De très bonne heure il
s'engagea sur la route facile qui mène
à la perdition. Dans le récit de sa
vie qu'il a écrit, Bunyan confesse qu'il
devint rapidement le chef des garnements du village
pour la maraude et la contrebande, et qu'il jurait
et mentait mieux qu'aucun d'entre eux. A plusieurs
reprises, il eut maille à partir avec la
justice et fut châtié. Bien qu'il n'y
parut pas à sa conduite, John Bunyan
reconnaît que sa conscience lui reprochait
ses fautes, et que jamais le sentiment religieux ne
mourut en lui. La pensée de l'au-delà
et de l'enfer le troublait, le poursuivait jour et
nuit, et jusque dans ses rêves.
Le jeune homme était d'une nature
courageuse, téméraire, violente
même, et de constitution robuste, vigoureuse
; bientôt, faisant taire tous remords, il
étouffa sa conscience dans les
débordements de sa fougueuse jeunesse. Loin
de craindre le danger, il semblait le braver. A
deux reprises, il risqua de se noyer : une fois
dans la rivière de Bedford, une autre fois
dans la mer. Un jour, trouvant une vipère,
il lui ouvrit la gueule avec un bâton et, de
sa main, lui arracha les crochets à venin
sans se blesser. Fait qui prouve et son courage et
sa dextérité. En 1642, il s'engage
dans l'armée des Parlementaires qui tient
campagne contre celle de Charles I. Au siège
de Leicester, il est désigné comme
sentinelle. Un camarade insiste pour occuper le
poste confié à Bunyan, on le lui
accorde et il y est tué. A nouveau, la vie
de John Bunyan était miraculeusement
préservée. Il ne semble pas que cela
ait amené le jeune homme à
réfléchir.
A vingt ans, il quitte l'armée, et,
suivant le conseil d'amis qui espéraient que
le mariage le sauverait d'une vie de
désordre, il épousa une orpheline.
Elle était si pauvre qu'elle n'apportait
dans le ménage qu'une soupière, une
cuillère et deux livres, qu'elle tenait de
son père, un puritain. L'un de ces livres
était intitulé : « La
Pratique de la Piété »,
l'autre : « Le chemin de l'homme droit vers
le ciel ». Leur lecture était le
seul délassement du ménage à
la fin d'une journée de labeur. Souvent
alors, la jeune femme parlait aussi à son
mari de son père, homme craignant Dieu, et
de la vie qui avait été la sienne.
Ceci eut une certaine influence sur Bunyan qui
reprit l'habitude d'assister aux services divins
deux fois par dimanche.
C'est ainsi que, certain jour, il entendit
un sermon de Christophe Hall, sermon qui fit sur
lui une profonde impression ; le prédicateur
y parlait du Dimanche, de la profanation du jour du
Seigneur, et il condamnait les choses que Bunyan
aimait le plus, le jeu et la danse très
particulièrement. Durant plusieurs heures
Bunyan fut en proie au remords, sa conscience
parlait avec force. Malgré cela, le soir, il
retournait s'asseoir à la table de jeu. A
peine y était-il, que la lutte
intérieure recommença. Il prit parti
contre sa conscience et retomba lourdement dans le
mal. Un mois après, tandis qu'il se laissait
aller à jurer grossièrement
près de la fenêtre d'un voisin, une
femme qui cependant ne jouissait pas d'une bonne
réputation, lui reprocha vertement les
jurons qu'elle venait d'entendre, lui
représentant que par sa conduite il pouvait
entraîner au mal la jeunesse de l'endroit.
Ces reproches venant de si bas le touchèrent
au vif, et de ce jour il prit la résolution
de ne plus jurer ; il réussit à la
tenir et triompha de ce vice.
C'est alors qu'il fit la connaissance d'un
homme très pauvre, un ami chrétien
qui attira son attention sur la
nécessité de la lecture des
Saintes-Écritures et sur le service de Dieu.
Il se mit à lire la Bible ; une
révolution s'opéra en lui et sa
conduite s'améliora au point que les voisins
le remarquèrent et en furent
étonnés. Après une
année de, combat il renonça
même à la danse ; il lui en
coûta beaucoup. Bien que converti, John
Bunyan avait encore une religion de propre justice
; il ignorait la Grâce.
Mais son métier de rétameur le
conduisit à Bedford chez des darnes d'une
réelle piété qui
s'étaient converties à la voix de
John Gifford. Elles respiraient la joie et Bunyan
en fut étonné. Elles lui
parlèrent de la résurrection, de la
misère de ceux qui comptent sur leurs
propres forces et non sur la grâce de Christ.
Ceci retint son attention, il comprit le bonheur de
ces chrétiennes et se mit à relire
les Écritures à la lumière de
la vérité qu'elles lui avaient
communiquée. Dorénavant, il relut de
préférence les épîtres,
alors qu'autrefois il préférait les
livres historiques. Il eut l'occasion de rencontrer
John Gifford lui-même : ses sermons pleins
d'humilité et de force, empreints de
repentir et de grâce, firent sur Bunyan une
impression profonde. Le prédicateur provoqua
en lui un véritable enthousiasme pour le
Seigneur, une grande attirance vers le Christ.
Gifford qui s'était converti comme Bunyan
après les années d'une jeunesse
orageuse, était particulièrement
qualifié pour guider celui-ci.
C'est en 1653 que Bunyan vint s'installer
à Bedford où, durant deux ans, il
connut encore des luttes intérieures. Mieux
il comprenait la grâce, plus son
péché lui semblait odieux ; il
craignit durant quelque temps d'avoir commis le
péché contre le Saint-Esprit et ne
pouvait trouver la paix. Enfin il connut
l'assurance du salut que Dieu donne et put
écrire ces lignes sur sa délivrance :
« Maintenant les entraves tombent vraiment de
mes pieds ; elles ont été
ôtées ; je suis délivré
de mes tristesses, de mes chaînes ; mes
tentations disparaissent ; et ces' terribles
passages bibliques : Marc III : 28, 29,
Hébreux XII, 16, 17, ne m'angoissent plus.
Je m'en vais joyeux vers ma demeure
éternelle me réjouissant de la
grâce et de l'amour de Dieu. »
John Bunyan avait vingt-sept ans, lorsque,
en 1655, il reçut enfin cette assurance du
salut après laquelle il soupirait. Il devint
alors membre actif de l'église baptiste, fut
baptisé une seconde fois et communia.
Jusqu'au moment de sa conversion, les gens
de son entourage ne voyaient guère en Bunyan
qu'une sorte de bohémien ; par la suite, ils
eurent de l'estime pour lui, et sa situation
s'améliora. Dans la chaumière
d'Elstow deux enfants étaient nées :
En 1650, Marie, sa fille aveugle qu'il aimait
tendrement et en 1654 Elisabeth. C'est à
Bedford en 1655 qu'il commença de
prêcher ; plus tard, il devait être
nominé prédicateur baptiste de
l'endroit.
Même alors, il continua son
métier, allant de village en village
travaillant et prêchant. Les gens. venaient
nombreux pour l'écouter. Il dressait sa
chaire partout: dans les forêts, dans les
granges, dans les prairies, parfois aussi dans les
églises. Effectivement, sous Cromwell, les
baptistes étaient autorisés à
se servir des églises qui, jusque-là,
étaient réservées au seul
culte anglican.
Le petit fait que nous citons
ci-après montre à quel point sa
prédication était
goûtée. Un jour qu'il était
attendu près de Cambridge, une foule de gens
avaient envahi le cimetière. Un
étudiant qui passait à cheval demanda
pourquoi il y avait tout ce concours de peuple ? On
lui répondit que John Bunyan, un
rétameur de casseroles, allait venir
prêcher. Pensant qu'il allait bien s'amuser,
le jeune homme mit pied à terre, confia son
cheval à un jeune garçon à qui
il remit quelques piécettes, et se joignit
à ceux qui attendaient Bunyan. Celui-ci
prêcha avec tant de puissance que le jeune
homme en fut profondément remué. Il
saisit par la suite toutes les occasions d'entendre
à nouveau le prédicateur, et plus
tard, sous Olivier et Richard Cromwell, il
annonça à son tour l'Evangile.
Les succès de Bunyan
excitèrent l'envie et la jalousie de bien
des ecclésiastiques ; il en subit le
contrecoup et eut bien des ennuis. Son premier
livre : « Éclaircissements sur
quelques vérités
évangéliques »
l'entraîna dans une polémique avec les
quakers. C'est à ce moment, en 1660, que
Charles II rappelé d'exil, monta sur le
trône. A Bréda, en Hollande, il avait
lancé une proclamation à son peuple
accordant « la liberté aux consciences
faibles et délicates. Personne ne devait
être inquiété pour ses
opinions, pourvu qu'elles ne troublassent pas la
paix du royaume ». Dès qu'il fut roi,
Charles II oublia ses promesses. Les anciennes lois
édictées contre les dissidents
entrèrent à nouveau en vigueur, et
même furent renforcées.
Les baptistes et leurs prédicants ne
purent plus se réunir qu'en secret. Bunyan,
certain jour, dut se déguiser en cocher, un
fouet à la main, pour pouvoir gagner le lieu
de réunion : une grange à
l'écart dans la campagne.
La loi ordonnait que la liturgie anglicane
fût lue au culte public. Bunyan ignora
l'édit, « qui ne le concernait pas
», pensait-il. Il fut dénoncé
par un traître comme ennemi du gouvernement
royal. Le 12 novembre 1660 il devait prêcher
à Samsell (Bedfordshire). Le juge Wingate
l'apprit, et ordonna secrètement qu'on se
saisît du prédicateur insoumis et
qu'on le lui amenât. Averti du danger, Bunyan
voulut se rendre quand même au lieu de
réunion, malgré les supplications de
ses amis. Fortifié par la prière, il
se rendit à Samsell ; il pensait y
prêcher sur ce texte:
« Crois-tu au Fils de Dieu ? »
[Jean IX : 25]. A peine avait-il` lu ce passage
qu'il fut arrêté. A sa demande, on
l'autorisa à dire quelques mots à
l'assemblée, puis on l'emmena en prison. Au
cours de l'instruction, il fut accusé de
fréquenter l'église de façon
diabolique et nuisible et de tenir des
assemblées et des réunions sans avoir
qualité pour cela. Bunyan dit
qu'effectivement il tenait des assemblées,
et qu'il ne pouvait pas s'engager à ne plus
prêcher. Sur quoi le juge lui dit :
« Tu es condamné à
rentrer en prison et à y demeurer encore
trois mois ; si ensuite tu refuses toujours
d'assister aux services de l'église
anglicane, tu seras banni du royaume. Et si tu y
rentres, sans y être autorisé, tu
seras pendu. »
-« Je n'ai rien à ajouter, dit
alors Bunyan ; car si je sortais aujourd'hui de
prison, demain je prêcherais de nouveau
l'Evangile avec le secours de Dieu. »
Bunyan s'accoutuma à l'idée de
la mort. Pour lui elle était la seule issue
possible puisque il ne pouvait se soumettre
à l'interdiction de prêcher. Il
prépara le sermon qu'il voulait adresser aux
spectateurs de son exécution, qu'il croyait
certaine. Cependant les choses ne devaient pas
aller jusque-là. Même l'exil lui fut
épargné.
Il dut d'abord subir un très
sévère emprisonnement dans les
cachots de Bedford. Ses amis essayèrent
inutilement de le faire élargir. Même
l'amnistie promulguée par Charles II en mars
1661 ne put le faire libérer. Pour Bunyan la
prison était un lieu terrible; dans son Voyage du Chrétien, il
la nomme
l'enfer.
Sa première femme était morte
d'une bien douloureuse maladie ; il
s'était alors remarié. Le plus
terrible pour lui, ce fut la séparation
d'avec sa femme et ses quatre enfants. La prison de
Bedford contenait beaucoup d'autres détenus
pour cause de religion. À un moment ils
furent soixante. Bunyan en profita pour les
exhorter et pour prier avec eux.
Il avait obtenu de travailler pour subvenir
aux besoins de sa famille. Il faisait des travaux
au crochet, du ruban, des cordons qui
étaient vendus à la porte de la
prison par sa fille aveugle.
À la longue, sa détention
s'adoucit ; et le gardien lui permit de temps
à autre de prêcher dans les bois des
alentours. Beaucoup de gens se convertirent
à l'occasion de ces prédications
nocturnes.
Libéré en 1666, il fut de
nouveau arrêté au moment qu'il allait
parler à Londres dans une assemblée,
et condamné à l'emprisonnement. Il
fut traité avec plus de rigueur que la
première fois ; et comme il avait
transpiré quelque chose des faveurs que lui
avait accordées le portier durant le premier
emprisonnement, on le surveilla étroitement.
Un inspecteur fut envoyé à Bedford
avec l'ordre de savoir au juste ce qu'il en
était, et de visiter la prison au milieu de
la nuit sans prévenir personne.
Or, cette même nuit, Bunyan avait
obtenu l'autorisation de l'aller passer chez lui,
mais ne pouvant dormir et sans doute sous
l'influence de quelque pressentiment, il
était retourné en prison ;
dérangeant ainsi à une heure tardive
le portier, qui en fut fort irrité. Mais peu
après, nouveau dérangement :
c'était l'enquêteur qui arrivait de
Londres : « Tous les prisonniers
sont-ils ici demanda-t-il ?
- Oui, dit le portier.
- John Bunyan est-il là ?
- Certainement.
- Je désire le voir.
Bunyan fut appelé, et l'inspecteur
venu de la capitale s'en alla tranquillisé.
Lorsqu'il fut parti, le portier dit à
Bunyan : « Tu peux sortir quand cela
te plaira, tu sais mieux que moi quand tu dois
revenir »
John Bunyan fut retenu en prison jusqu'en
1672. C'est dans le silence de sa cellule qu'il
écrivit. Durant ses années
d'incarcération, il rédigea soixante
livres d'édification très
renommés. La critique assure que c'est
pendant le second emprisonnement qu'il
prépara son oeuvre la plus lue : Le
Voyage du Pèlerin
(1)
dont la
première partie ne parut qu'en 1678. Pour sa
composition, il ne se servit que de la Bible et du Livre des
Martyrs de Fox. Il lisait à
ses compagnons de captivité ce qu'il
écrivait et leur demandait leur avis. En
1892, il publia « La Sainte
Guerre », l'allégorie que nous
avons traduite et ne donna qu'en 1684, la seconde
partie du « Pilgrim's
Progress » (Voyage du
Pèlerin). Le sous-titre de La Sainte
Guerre était : « Comment
la Cité d'Âme d'Homme fut perdue et
reconquise. » [Ce sous-titre nous a
donné le titre de notre traduction. Nous
avons craint une confusion possible entre la
« Sainte Guerre » et la
« Guerre aux Saints. »
Bunyan dut son élargissement en 1672
à l'intervention de personnes influentes de
Bedford. Le 17 mai, il était établi
dans sa charge de pasteur de l'endroit et obtenait
que les baptistes de Bedford et comtés
limitrophes plissent tenir librement leurs
assemblées.
Vingt-cinq prédicateurs furent alors
choisis, qui avaient à leur disposition
trente-et-une salles de réunions. Bunyan fut
le chef spirituel des Baptistes de son pays, ce qui
lui valut le surnom d'évêque Bunyan.
Cependant il continuait de raccommoder les
chaudrons, gagnant ainsi son pain quotidien,
partiellement du moins.
Il continua d'habiter une pauvre demeure
semblable à celle d'un ouvrier. Sa chambre
d'étude était à peine plus
grande que la cellule d'une prison. Il se
nourrissait des Saintes Écritures, lisait
aussi les Pères de l'Eglise et les oeuvres
de Luther : il aimait très
particulièrement sa traduction de
l'épître aux Galates.
Chaque année, il faisait une
tournée de prédication qui le menait
jusqu'à Londres. Dans cette ville comme en
beaucoup d'autres endroits, la chapelle ne pouvait
contenir la moitié des personnes qui
venaient l'entendre. Certain jour d'hiver, à
Londres, c'était en semaine, plus de douze
cents auditeurs se trouvèrent réunis
pour un service qui avait lieu à sept heures
du matin. Une autre fois ce furent trois mille
personnes. Ces auditoires se recrutaient dans
toutes les classes de la société.
John Owen - le fameux docteur en théologie -
aimait à entendre Bunyan. Comme le roi
Charles II lui demandait un jour comment un homme
aussi cultivé que lui pouvait trouver
quelque plaisir à écouter un
rétameur de casseroles, le docteur en
théologie répondit :
« Majesté, je donnerais volontiers
tout mon savoir pour posséder son
éloquence ! »
À plusieurs reprises, on essaya de
décider Bunyan à se fixer à
Londres. Il le refusa. Un traitement plus
avantageux, des possibilités
d'activité plus grande, rien ne put l'amener
à quitter Bedford.
Les épreuves ne lui manquèrent
pas. L'Angleterre traversait des temps
troublés au double point de vue religieux et
politique. À nouveau Bunyan fut jeté
en prison. Grâce à la double
intervention du D' Owen - le chapelain de Cromwell
- et de l'évêque Lincoln, il fut remis
en liberté, mais exilé du
comté pour quelque temps. Sous Jacques II,
qui monta sur le trône en 1675, il subit de
nouvelles persécutions.
Souvent sa vie fut en péril ;
souvent on confisqua le peu qu'il possédait.
Ce n'est qu'en 1687, par l'Acte d'Indulgence, que
la liberté religieuse fut
complètement octroyée à
l'Angleterre. Mais il ne devait pas jouir longtemps
de cette ère de paix. En 1688 il tomba
gravement malade. À moitié remis, il
part à cheval pour Reading pour voir le
père mourant d'un de ses voisins, un jeune
gentilhomme qui le lui demandait et que son
père déshéritait. Bunyan fut
assez heureux pour réconcilier le
père avec le fils.
De Reading, il se rendit à
Londres ; c'est une distance de cinquante
kilomètres à peu près. En
route il fut surpris par une forte pluie et il
arriva transpercé dans la maison d'un ami.
Le dimanche 19 août, il prêcha à
Londres ; le jeudi suivant il fut saisi par
une fièvre violente, et quelques jours
après, le 31 août, il mourait à
l'âge de soixante ans. Voyant la fin
prochaine, ceux qui l'entouraient pleuraient.
Bunyan s'adressant à eux leur dit
alors : « Ne pleurez point sur moi
mais sur vous-mêmes. Je vais auprès du
Père de notre Seigneur Jésus-Christ
qui - bien que je sois un grand pécheur - me
recevra à cause de son Fils
bien-aimé. J'espère que nous nous
retrouverons là-haut pour être
bienheureux pendant l'Éternité, et
chanter le cantique nouveau. » Ce furent
là ses dernières paroles.
Le corps fut transporté au
cimetière de Finsbury ; une grande
foule l'accompagna au champ de repos. C'est aussi
là que se trouvent les cendres de Watt,
d'Owen et de Wesley. Une pierre funéraire
sur laquelle sa statue est couchée, orne son
tombeau.
Encore un peu, très peu de temps,
celui qui doit venir viendra, il ne tardera pas.
Or, le juste vivra par la foi. (Hébreux
XI : 37, 38).
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