Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA DÉBÂCLE ET LA RENTRÉE


Le capitaine Pellenc après la Rentrée.

 Son père étant mort, Paul Pellenc partagea ses biens avec son frère Joseph, La maison, aux Pellencs, des Vignes de Luserne, dont on lui attribue la propriété, n'est pas mentionnée. Il s'agit là d'une autre famille de ce nom - d'ailleurs, les Vaudois étaient exclus de cette région depuis le traité de Turin, signé lorsque le capitaine était tout petit.

Au reste, le capitaine Pellenc n'eut pas le loisir de s'occuper de son héritage L'accord avec le duc avait été signé, mais ce n'était pas la paix. Bien au contraire, c'était le déchaînement d'une guerre acharnée pour chasser les Français du Piémont. Paul Pellenc s'y jeta à corps perdu. Catinat, rejeté de la plaine dans Pignerol, vit ses communications avec la France coupées par les Vaudois, qui tenaient le col de Sestrière. Ils défirent un corps qui allait rejoindre le général et lui enlevèrent un courrier important.

Pellenc, avec 200 hommes ravagea la vallée du Cluson et se porta courageusement jusqu'à tuer la sentinelle avancée de Pignerol. Tôt après, le 24 juin, franchissant le col de la Croix, ils pillèrent la Monta et Ristolas, dont les habitants refusaient de rendre les biens que les Vaudois leur avaient confiés en 1686. Là encore ce fut Pellenc qui poussa le plus loin la hardiesse. Il saccagea Abriès et alla même attaquer et piller Aiguilles. Les envahisseurs remportèrent un riche butin, entre autres 1800 têtes de bétail.

Pellenc participa probablement aux autres exploits des Vaudois, tels que l'incursion sur la haute Doire et la prise de Luserne, la défense de Mirabouc et celle de Coni ; mais il n'en est fait aucune mention particulière.

La campagne de 1691 fut favorable au duc, et Catinat, en attendant des renforts, dut se retirer en Dauphiné, occupant successivement les différents camps qui portent son nom. Paul Pellenc en profita pour se créer une famille en épousant, en 1692, Madeleine, fille de Barthélemy Salvageot, de Rora, mais établi à Bobi.
Dès le printemps, la guerre se ralluma. En juin, les Vaudois franchirent le col de Thures et descendirent jusque près de Césanne.

En juillet, eut lieu la grande invasion du Dauphiné. Victor Amédée et les Alliés passèrent l'Argentière et le col de Vars. Comme le col de la Croix était gardé, les Vaudois traversèrent le Julien et le col d'Abriès et précédèrent le Duc à Guillestre après avoir parcouru victorieusement tout le Queyras. Les milices avancèrent jusqu'à Embrun, l'armée jusqu'à Gap. Mais une grave maladie du duc et la mésintelligence entre les Alliés firent perdre les résultats de l'expédition. En septembre, la retraite s'effectua, après qu'on eut ravagé le Dauphiné, en représailles des dévastations exercées en Piémont par Catinat.

Nous ignorons quelle part le capitaine Pellenc prit à cette campagne. Il est aux Vallées vers la mi-août et, dans ce même mois de septembre, on le voit se rendre en détachement à Barge, avec sa compagnie, et ses lieutenants Paul Bouïsse et Pierre Bertin Angrogniti. Il semble s'être agi d'une expédition punitive pour exiger une contribution, Le fait est qu'elle finit tragiquement pour le capitaine, qui fut tué et ses boeufs enlevés. Ayant eu vent du lieu où on les tenait cachés, la veuve les envoya prendre, mais elle dut en payer la nourriture aux ravisseurs.
Peu après, la pauvre femme mit au monde une enfant posthume, qu'elle appela Marie. Comme, par ces temps de guerre, la justice ne fonctionnait pas, sa mère demeura tutrice de fait.

En 1696, voulant épouser le pasteur Jacques Léger de Villesèche, la jeune veuve demanda d'être déchargée de la tutelle. La révision des comptes et l'inventaire faits à cette occasion, nous apprennent que ses vêtements de deuil avaient coûté 40 livres.

Le capitaine avait trois serviteurs : deux Suisses et un de Ristolas. Son cheval et un des boeufs rachetés avaient été vendus, son fusil cédé au frère de Madeleine ; est-ce celui que le Musée Vaudois conserve sous son nom ? En tous cas, il restait un mousquet à fusil, les bottes éperonnées, deux manteaux de drap, l'un rouge, l'autre bleu, deux justaucorps ouatés, dont l'un galonné d'or et d'argent, avec des franges d'argent, 2 tasses en argent et un couteau au manche en argent. Le notaire, catholique, mentionne enfin un Testamento et una Bibbia, libri da Religionari.

Tous ces objets se trouvaient dans leur maison, aux Garniers; mais l'orpheline possédait encore la moitié de la maison ancestrale de Subiasc, des vignes et des bois s'étendant jusqu'à Sautaureglia, une maison à Fenmenu, les fourest de Pra Pascal et Barmadaut, etc.

En 1709, la riche héritière, à peine âgée de seize ans et quelques mois, sortait de tutelle donnant son coeur et sa main à son cousin germain Daniel, fils du capitaine Pierre Albarea et de Susanne Pellenc, et neveu des « Six Soeurs des Vallées ».

Ainsi tomba en quenouille la famille du capitaine Pellenc, dont le caractère bouillant et téméraire, les actes de vaillance et la fin tragique et prématurée rappellent la courte carrière du capitaine Jahier, bien que la mort de ce dernier soit couronnée d'une auréole d'héroïsme qui manque à l'équipée de Barge.

Quoi qu'il en soit, le capitaine Paul Pellenc mérite une place dans la mémoire de tout bon Vaudois comme ayant été un des principaux collaborateurs de la Rentrée, qui a tout risqué pour rendre à nos pères le pays de leurs ancêtres.



Les capitaines Tron des Macels.

On a assez parlé de nos héros de premier ordre : Janavel, Jahier, Léger, Arnaud et autres, pour qu'ils doivent être clairement présents à la mémoire de tout Vaudois. Mais il y a de nombreux autres personnages qui, sans avoir joué un rôle aussi important dans notre histoire, y ont néanmoins tenu une place assez intéressante à rappeler. Tel est le cas des frères Tron des Macels.
Ils remontent à Jacob ou Jacques Tron, feu Pierre, probablement du Val St-Martin, qui alla s'établir au Col des Boulards en épousant Anne Rostan, veuve de Jacob Boulard. Anne était fille du pasteur Henri Rostan du Pomaré, qui prêcha jusqu'à cent ans et en vécut cent quinze (1505-1620). Elle fit son testament le 27 février 1612, et mourut peu après en lui laissant deux enfants, Pierre et Marie, outre Thomas Boulard, né de son premier mariage.

Pierre épousa Judith, fille du pasteur Laurent Giolito, mort de la peste à Maneille en 1630, et de Bernardine, petite-fille du pasteur François Guérin, qui décida Pramol à embrasser l'Évangile. Les prénoms de ces trois pasteurs : Henri, Laurent et François se sont alternés dans la famille Tron jusqu'à nos jours.

Un Macel de Faet s'était établi près du Pont de Pierre, bâti anciennement pour favoriser l'extraction du marbre de Rocheblanche. D'où le nom de Plan des Macels, donné à la région où l'on trouve messire Pierre et Judith, établis au moins dès 1658. L'année suivante, Pierre et un Baret sont nommés par les Vaudois de l'Envers de Pérouse pour partager le territoire de la commune entre les deux registres, protestant et catholique.
Pierre fit son testament le 8 novembre 1674 et mourut peu après, laissant à sa veuve Judith sept fils et une fille, Marie, qui épousa le capitaine Jean Robert, de St-Germain. Trois fils moururent assez jeunes, sans enfants, sauf Pierre, dont un fils, Laurent, est l'auteur de la branche qui subsiste et qui va s'éteignant, tandis que l'autre, Thomas, âgé de 15 ans, fut enlevé en 1686 et jamais rendu.

Pendant que leurs biens étaient vendus à vil prix, les quatre frères survivants prenaient le chemin de l'exil. Sauf Thomas, qui fut assigné au canton de Bâle, on ne les retrouve pas sur les listes de ceux qui défilèrent au pays de Vaud au sortir de la captivité, ce qui semble indiquer que les trois autres auraient fait partie des glorieux Quatre-Vingts, expatriés dès l'automne 1687 avec l'honneur des armes.

On trouve l'un deux, Laurent, à Neuchâtel avec son beau-frère, le capitaine Robert, et Henri Arnaud, en 1687. Pensionnés depuis six mois par la ville, ils demandèrent une augmentation pour Tron, à l'arrivée de sa femme et de sa fille Judith. On leur répond qu'on ne peut pas le faire : on donnera à chacun 6 écus blancs en les priant d'aller subsister ailleurs. Mais à la séance suivante on se ravise, et la pension aux deux capitaines sera continuée jusqu'en mai 1688. En juillet, après la deuxième tentative manquée de rentrer aux Vallées, Arnaud et Robert reçoivent l'ordre de vider promptement la ville.
Les Tron étaient déjà partis pour se rendre dans le Palatinat, d'où les dévastations impitoyables de l'armée française ne tardèrent pas à les chasser.

En octobre, plus de 1.600 Vaudois, dénués de tout, frappent de nouveau aux portes de Schaffhouse, qui les accueille charitablement, pour les répartir entre les différents cantons. Parmi ceux qui sont envoyés à Zurich, nous trouverons Laurens Tron, Jeanne sa femme, Judith sa fille, Marie sa fille de 3 mois (probablement née au Palatinat), Thomas Tron, Anne sa femme, François Tron. Henri Tron.

Laurent et François participèrent à la Rentrée. Bien que capitaines eux-mêmes, ils n'eurent pas d'abord le commandement d'une compagnie, sans doute parce que les hommes originaires du Val Pérouse n'étaient pas assez nombreux. Ils semblent s'être enrôlés parmi les volontaires que le Suisse Turin organisa après la déroute de Giaglione. Après la mort de Turin à l'attaque du Villar, François Tron fut fait capitaine, ayant pour lieutenant le cévenol François Huc, qui a laissé une relation de la Rentrée.

Son frère Laurent fut fait prisonnier après la sortie de la Balsille, au combat de Pramol, le 17 mai. Conduit à Saluces, il fut bientôt libéré, le duc ayant fait la paix avec les Vaudois. Mais la guerre continuait contre la France, et Laurent y prit une part active. Il se trouvait à Prarustin lorsqu'il dicta son testament, le 24 novembre 1693, peut-être à la suite d'une blessure qu'il aurait reçue à la sanglante bataille de la Marsaille, le mois précédent ; ou bien était-il malade ? Le fait est qu'il appelle déjà posthume l'enfant, qui devait naître de sa femme, Jeanne Coque, de Pinache. Ses enfants étaient alors Judith, Marie, née en exil, Jeanne, baptisée à St-Jean le 15 avril 1693.

Laurent survécut à cette crise. En 1695 il était député au Synode. En attendant la guerre continuait. En 1696 Laurent était le capitaine des milices du Pomaré, tandis que Henri était capitaine des réfugiés. Leur frère Thomas s'était établi chez sa deuxième femme, Susanne Rostan, de Rocheplate. S'étant rendu au Pomaré avec ses frères pour procéder au partage de l'héritage paternel, Thomas fut tué net, le 4 mai, par une arquebusade tirée par les Français ; on l'ensevelit aux Reynauds de Riclaret. Il n'a pas laissé de postérité.

La guerre de la ligue d'Augsbourg cessa en 1697. Mais en 1701 éclata, celle de succession d'Espagne. En juin 1704, la Feuillade franchit le Col du Pis et fonda au Perrier la Sérénissime République de St-Martin, qui comprit aussi le Pomaré et l'Envers-Pinache bouleversant tout, tant au point de vue civil que religieux.

La population vaudoise se retira en grand nombre dans les autres Vallées. Les frères Tron se joignirent au corps de garde, qui occupait le Castelet de Saint-Barthélemy.

En 1708, le Val St-Martin fut reconquis et la vallée de Pragela enlevée à la France. Ce furent les dernières opérations importantes, en Piémont, de la guerre qui se prolongea jusqu'en 1715.
Les capitaines Tron ne semblent pas avoir pris part à la guerre de succession de Pologne. Ils jouirent alors de quelques années paisibles dans leur village.

Laurent fut ancien des Macels au moins dès 1700. Il mourut le 8 avril 1739, sa veuve le 10 janvier suivant. Leur fils François, le posthume de 1693, mourut près de Saluces, le 21 mars 1744, au cours de la guerre de succession d'Autriche. Il avait eu deux fils de sa femme, Catherine Beux ; mais leur descendance masculine s'éteignit ; avant la fin du siècle. Judith avait épousé en 1705 David, Constantin, de Prarustin.

Le capitaine Henri mourut le 9 février 1742 ; sa veuve, Camille Bianchi, de St-Jean, le 27 janvier 1760 ; je ne leur connais point d'enfants.

Henri, fils de leur neveu Laurent était capitaine en 1746, et encore en 1783. Il épousa honnête Marthe Bounous. C'est d'eux que descend la branche qui subsiste encore.



Le major Odin, d'Angrogne.

Nous avons rappelé l'existence agitée, mais non sans gloire, d'Etienne Bertin, qui fut le principal personnage d'Angrogne dans la deuxième moitié du XVIII, siècle. On peut bien assigner le second rang à son beau-frère Odin.

Le nom Odin, d'origine germanique ou scandinave, a sans doute été apporté jusque dans nos montagnes par les Longobards, pour lesquels il représentait le héros national divinisé.
La plus ancienne trace dans nos Vallées en est le nom de Villar Aldino, ou Pra Oudin, qui est devenu avec le temps Prustin et enfin Prarustin. Mais le nid d'où ont essaimé les quarante et plus de familles qui portent actuellement ce nom est le hameau des Odins, placé au coeur du vallon d'Angrogne, à deux pas de la châtaigneraie de Chanforan, et à 5 minutes de la Ghieisa d'la tana. Au nombre de ceux qui y vivaient au commencement du XVIIe siècle, se trouvait Jean Odin, mort peut-être de la peste, et en tous cas avant 1638, laissant deux fils déjà influents dans la commune : il Comendabile Stefano, qui fut syndic à plusieurs reprises, et il Comendabile Daniele, secrétaire d'Angrogne au moins dès 1651. Nous n'avons pas trouvé le nom de sa femme, la mère de notre héros.
Daniel Odin était déjà mort en 1667, laissant quatre fils, les Comendabili egregio M.r Pietro, Stefano, Bartolomeo e Davide.
Parmi leurs soeurs, rappelons madame Marguerite, qui épousa le pasteur de la paroisse, Jean Michelin et mourut dans l'année tragique 1686.

Outre les biens qu'il hérita de son père, Pierre en acquit plusieurs de ceux qu'avaient laissés les familles disparues lors de la peste. En 1674 il était propriétaire aux Odins et environs (Jouves, Bessons, Combalet), au Vëngie, à Carlevà, à Ca, dar Bec, au Parias, à la Pechiera. Il avait une vigne au Piantà, un fourest à Coutaroun, au Bagnaou et au Peiroun de l'Arcia.

Il épousa, en 1659, Madeleine, fille de Laurent Buffa et de Marguerite Rivoire ; sa soeur aînée, Jeanne, avait épousé Étienne Bertin, déjà nommé. Elles eurent 200 lires de dot chacune, ainsi que leurs deux autres soeurs, Madeleine Odin mourut en novembre 1675, laissant cinq jeunes orphelins : Daniel, Jean, Marie, Laurent et Marguerite.
Odin se remaria, peut-être dès avant l'exil, avec Marguerite Bertot, qui lui apporta en dot 200 lires et une vigne sous Roccia Manéoud. Elle lui survécut.

Le Conseil communal se composait alors d'un certain nombre de consuls ou conseillers, ayant à leur tête deux syndics, toujours pris l'un deçà, l'autre au-delà du Vëngie, division remontant au partage qu'en avaient fait, plusieurs siècles auparavant, les seigneurs de Luserne.

La partie haute, dite la Seigneurie de Mombron, avait en 1676 Pierre Odin pour syndic, tandis que son beau-frère, Étienne Bertin, était syndic pour la partie inférieure, appelée la Seigneurie de Nice et Campillon. Ils entraient en fonction le 2 février, jour de la Chandeleur, les conseillers à Noël. - À partir de 1682, Pierre Odin fut aussi ancien de son quartier.

Nous ne savons rien de lui au cours des luttes sanglantes de 1686, ni pendant les trois années d'exil. En tous cas, il prit part à la Rentrée, comme simple combattant, laissant le commandement des Vaudois d'Angrogne à trois capitaines, plus jeunes que lui, Laurent Buffa, Étienne Frache et Michel Bertin, son neveu.
Mais la considération dont il jouissait, et la vaillance dont il avait sans doute donné maintes preuves lui valurent un honneur plus grand encore. Le 2 septembre 1689, à l'occasion du serment de Sibaud, lorsque fut créé le grade de major pour donner un aide à Turel et à Arnaud dans le commandement général, au lieu de promouvoir un des 19 capitaines, ce poste de confiance fut offert à Odin. Depuis lors, il contresigne les lettres officielles écrites par Arnaud, durant le siège de la Balsille, il accompagne son chef auprès du Duc, auquel ils apportent le courrier pris sur les Français à Sestrière et il entend de la bouche du Souverain les belles promesses, qui ne devaient pas être maintenues.

L'accord était conclu avec le Duc, mais la guerre avec la France continuait avec acharnement. Odin, en qualité d'ancien, était député d'Angrogne au synode de 1694, en même temps que son grade de Major des Vallées, reconnu par le Duc, l'appelait à exposer sa vie contre les troupes de Catinat.

La paix, signée à Ryswick en 1697, ne fut pas de longue durée. En 1700 éclata la longue guerre de succession d'Espagne, au cours de laquelle, à la fin de juin 1704, La Feuillade occupa la Vallée de S. Martin, S. Germain et Pramol et voulut traverser Angrogne pour s'emparer du Val Luserne. C'était le 1er juillet. Odin accourut à la tête des hommes qu'il put réunir et se posta sur le Val de la Vachère, appelé de nos jours le Castelet, position déjà signalée par maint combat en 1655, 1663 et 1686.

Le major Odin fit des prodiges de valeur contre les forces prépondérantes de l'armée française, jusqu'à ce qu'il reçut une blessure très grave à la tête. Dès qu'on put le faire, on le mit en sûreté, avec l'assistance du chirurgien Goanta on l'apporta chez lui, aux Odins, où le pasteur Laurent Malanot vint lui apporter les consolations de la religion. Comme son état empirait, il dicta son testament au pasteur, en l'absence du notaire, devant plusieurs témoins, parmi lesquels le capitaine Laurent Buffa.

C'était le soir du 2 juillet, alle ore 20 ; le mourant était étendu sur un peu de foin dans sa cuisine donnant sur la galerie. Il lègue à la Bourse des pauvres 16 1., rappelle sa première femme, dont il lui reste un fils, messer Giovanni, et une fille, Marie, mariée en 1694 à David Catre, et qui a eu 1000 1. de dot. De son épouse actuelle, il a un fils, Barthélemy. Ses autres enfants, Daniel, Laurent et Marguerite, avaient sans doute péri dans la lugubre année 1686.

Son frère aîné, héritier des qualités militaires de son père, était lieutenant en 1710 ; mais peu après, il commença à vendre à droite et à gauche ses propriétés, puis à voyager. Il avait épousé, le 8 décembre 1694, Susanne Pinier, feu le S.r Samuel, chirurgien de Nyon, en Suisse. C'est sans doute ce qui l'attira dans ce pays, d'où il revenait en 1719. Son humeur aventureuse passa à ses enfants. Pierre, né en 1695, époux en 1725 de Marguerite, fille du capitaine Buffa, mourait en 1746 à la Tour de Londres, nous ignorons dans quelles circonstances. Jeanne née en 1698, mourait à Suse en 1749.

C'est le S.r Barthélemy, fils cadet du major, qui a continué la lignée de son père dans le hameau des Odins.



Daniel Arnaud.

Frère cadet du célèbre Henri Arnaud, Daniel a été rejeté dans l'ombre par la gloire du chef de la Glorieuse Rentrée ; il mérite cependant d'être rappelé au souvenir des jeunes générations.
Né à Embrun vers 1643, Daniel fut probablement, ainsi que son frère, amené, à La Tour pour son éducation. Leur père était mort, et leur mère, native de La Tour, y avait de belles propriétés.

Nous ne savons où Daniel poursuivit ses études, sinon que, à partir de 1684, on le voit figurer, comme chirurgien, à La Tour et aux environs. Il y épousa, en 1685, Marguerite de Vulson des Villettes. Fille du noble seigneur du Petit Oriol, en Dauphiné, Marguerite avait quitté sa patrie pour garder sa foi, accompagnée de son frère et de sa soeur. Elle était restée veuve, en 1681, d'Étienne Bastie, dont elle avait une fillette posthume.

L'année même de leur mariage, survenait la Révocation de l'Édit de Nantes avec la séquestration des biens dauphinois des deux époux. L'année suivante, 1686, c'était, dans nos Vallées mêmes, la débâcle, la cruelle alternative entre l'abjuration, ou bien l'indigence, la prison, les tortures, l'exil. C'est ici que se montre toute la distance qui sépare les deux frères Arnaud.
Tandis qu'Henri, pasteur de Pinache, se mettait à la tête des défenseurs du Val Pérouse, Daniel et Marguerite Arnaud faiblissaient.
Admirons les fidèles témoins de l'Évangile, mais ne condamnons pas trop sévèrement les faibles, nous qui vivons dans de tout autres circonstances : nous ne savons pas ce que nous aurions fait à leur place.

Un acte du 4 juillet 1686, concernant les intérêts de l'enfance de Marguerite, nous apprend que, selon l'usage, sa mère, en se remariant, en avait cédé la tutelle à Matthieu Bastie, frère de son premier mari, et mari de sa soeur, Philippe de Vulson.

Matteo Bastia tenne la tutela fino al principio dei passati moti di guerra, quando si ritirò ai monti cogli altri Religionari, esportando ogni cosa sua e della pupilla, e questa fu ritirata dalla sua madre, che col suo marito abiurarono gli errori di Calvino, a causa di che non si son mossi da questo luogo. Matteo essendo poi stato condotto in, prigione a Torino, la signora Margherita pretendeva esser di nuovo promossa al maneggio dei beni della figlia, e se ne doveva dar atto quando, otto giorni sono, ebbe col marito precetto di indilatamente absentare dalli Stati di S. A., e han dovuto obbedire, onde la pupilla, sprovvista d'ogni soccorso, è stata data alla Sig.ra Anna V.va Rostagna ed il R. Patrimonio ha ridotti ad manus Domini tutti li suoi beni per la notoria ridotti ad manus Domini tutti li suoi beni per la notoria ribellione dei Riformati. Ora è nominato tutore un altro zio, G. Pietro Bastia. ed è redatto l'inventario dei beni.

Le 8 juin, le Duc était rentré à Turin de sa campagne peu glorieuse. Dès le lendemain, on lui présenta un Parere di allontanare i cattolizzati dalle Valli.
Sans doute, honteux de leur chute, ils ne faisaient guère leur devoir de catholicité, et il fallait les arracher aux lieux où tout rappelait l'héroïsme des martyrs de la foi.
Les catholisés furent donc dirigés sur les rizières malsaines de Verceil. Mais Daniel et Marguerite Arnaud étaient nés sujets du roi de France ; voilà pourquoi on leur intime de quitter le Piémont, tout en retenant leur fillette de 5 ans et son patrimoine.
Peut-être espérèrent-ils que leur abjuration leur ferait rendre leurs propriétés dauphinoises. Le fait est qu'ils s'en retournèrent vers le Dauphiné, et c'est à Mens que naquit, le 15 mai 1688, leur fille Marie.

Henri Arnaud était, à cette époque, en pleins préparatifs de la deuxième tentative de rentrée, qui échoua. Enfin, en 1689, il réussit à franchir les Alpes et à reconquérir les Vallées.
Nous ignorons tout de Daniel, pendant ces événements, sinon que, cette même année, commence à Grenoble un procès, qui durera 33 ans, pour savoir quels sont les catholiques en état de posséder les biens délaissés par Henri et Daniel Arnaud, sortis du royaume pour fait de religion.
Daniel ne participa pas à la Rentrée, sans quoi son frère l'aurait nommé avec les autres chirurgiens, Malanot et Muston.
Mais la guerre continue. Les Vaudois, réchappés de la Balsille, se réconcilient avec leur souverain, qui devient l'allié des puissances protestantes. Le roi d'Angleterre nomme Henri Arnaud colonel d'un régiment de réfugiés, qui ne tardent pas à se distinguer par des prodiges de valeur, à Luserne, à Staffarde, à Château-dauphin, en Queyras.

Le héros se réveille chez Daniel. Il a réussi, nous ne savons quand ni comment, à franchir la frontière française, si étroitement surveillée contre les nouveaux convertis, et, après cinq ans de silence, il reparaît sur la scène, pour demeurer désormais fidèle à sa conscience, à travers de nouvelles pertes matérielles, de nouveaux dangers, un nouvel exil.




C'est en 1690, que Daniel Arnaud rejoignit aux Vallées son frère Henri.
Il participa sans doute aux faits d'armes par lesquels les Vaudois se signalèrent contre les soldats de Catinat, puisque, dès le 14 mars 1691, Guillaume Ill d'Angleterre, allié de Victor Amédée Il, nommait à un poste de confiance Daniel Arnaud, dit, la Lozière, nom de guerre, qui ne figure nulle part ailleurs, et qui lui rappelait probablement une des propriétés qu'il avait dû abandonner en Dauphiné. Voici la teneur du parchemin, que l'hon. famille Appia, de Paris, a cédé au Musée Vaudois.

Nous reposant sur votre fidélité, courage et bonne conduite, Nous vous constituons Lieutenant Colonel du Régiment d'Infanterie à notre service, dont Henri Arnaud, Pasteur vaudois, est colonel. Nous vous constituons pareillement Capitaine d'une compagnie dans le même régiment. Vous aurez donc soin dudit Régiment et de lad. C.ie et exercerez dans l'art militaire les officiers et les soldats, les tenant en bon ordre et discipline. Nous vous enjoignons de suivre les ordres, que vous recevrez de notre part ou de celle de votre colonel ou des autres officiers supérieurs, en conséquence de la confiance que nous vous témoignons par ces présentes.

Un tel document n'a pu être délivré qu'en faveur de quelqu'un qui n'en était pas à ses premières armes, mais qui avait certainement donné maintes preuves de valeur et de capacité.

À cette même époque, son frère Henri est à Neuchâtel, afin d'enrôler des soldats pour les régiments des réfugiés au solde de l'Angleterre, jusqu'à ce que, le 16 juin, la Seigneurie l'oblige à se retirer, à la suite des plaintes de l'Ambassadeur de France. On peut donc croire qu'Henri eut le pouvoir nominal et Daniel le commandement effectif du régiment, et que, comme tel, il prit part, en 1692, à l'invasion du Dauphiné et à l'occupation d'Embrun, sa ville natale, et en 1693 à l'attaque de Pignerol et à la bataille de Maysaille, après laquelle le Duc ouvrit en cachette des pourparlers avec la France et relâcha son activité belliqueuse. Aussi Daniel Arnaud se retira-t-il à La Tour où, en mai 1694, il assiste au testament du capitaine Pierre Bonnet, du Rounc. En octobre, à propos d'un autre testament, il n'est plus seulement appelé chirurgien, mais médecin.
À cette époque mourut, âgée de 13 ans, la fille de sa femme, Marguerite Bastie.

En 1696 fut signé un traité secret entre la Savoie et la France, en 1697 la paix générale. L'Angleterre licencia 200 officiers réfugiés ; mais, dès avant cette date, Daniel Arnaud avait repris sa résidence dans la maison que sa femme possédait tout près du cimetière de La Tour.

Considéré et estimé, jouissant d'une certaine aisance, il espérait jouir désormais de quelques années d'un repos mérité par sa vaillance.
Mais, pendant qu'il versait son sang pour la cause de Victor Amédée, celui-ci signait avec le roi de France un article par lequel il s'obligeait à ne souffrir aucun établissement de sujets de Sa Majesté dans les vallées protestantes, sous couleur de religion, mariage, héritage ou autre prétexte. Cet article, tenu secret pendant deux ans, éclata comme une bombe en juillet 1698.
Ces réfugiés pouvaient vendre leurs biens ; mais, par le manque d'acheteurs, la plupart furent acquis par le fisc, à un prix dérisoire.

Par ordre daté du 11 septembre, Davide Peyrotto, massaro del sig. Daniele Arnaudo a S. Giovanni, gli rimettera i frutti raccolti, e quelli che sono da raccogliere li rimetterete all'Economo di S. A. R., atteso l'acquisto fatto della cassina dall'Intendenza di Pinerolo.
La maison de La Tour demeura cependant leur propriété.

Arnaud et sa famille firent sans doute partie de la dernière bande des 2300 proscrits, qui partît à cette même date du 11 septembre. Lui et sa femme emmenaient leurs trois fillettes : Marie, âgée de 10 ans, Marguerite de 4 et Jeanne de 2 ; une quatrième était morte enfant. Avec eux partaient leur soeur Philippe de Vulson, veuve de Matthieu Bastie, et ses deux enfants.

La Suisse hospitalière hébergea ces infortunés, pendant que leurs pasteurs leur cherchaient une nouvelle patrie en Wurtemberg. Henri Arnaud y fonda la communauté de Val Lucerne et Queyras, qui prit ensuite le nom allemand de Dürmenz. C'est là que se fixa son frère Daniel.

En quittant les Vallées, sa femme aurait dû recevoir le prix de la cassine des Monnets, qu'elle avait vendue à un certain Bianchi. Comme celui-ci ne payait pas, son mari, muni d'un permis écrit du Duc, se rendit aux Vallées en septembre 1700 et put encaisser 450 lires avant de repartir pour l'Allemagne.

Il y acquit une certaine notoriété, étant le seul médecin dans toutes les colonies vaudoises. Leur synode, qui s'ouvrit à Dürmenz le 12 septembre 1701, certifia que le Sieur Daniel Arnaud Médecin a été connu dam les Vallées de Piémont pour y avoir exercé sa profession avant et pendant la dernière guerre jusqu'en septembre 1698 ; qu'il fut obligé d'en sortir avec sa famille par l'édit de S. A. R. de Savoye, qu'il est venu s'établir avec nos colonies dans ce pays, où il a de nouveau donné des marques de son habilité et de ses charitables soins à soulager nos malades, dont le nombre a monté au commencement à près de 100 à la fois. Et comme où il y a quantité de pauvres habitants on ne saurait éviter qu'il n'arrive des fièvres, blessures, ruptures et dislocations il est nécessaire qu'ils ayent un Médecin. Et comme le S.r Arnaud connaît la constitution de la plus part et que les peines qu'il s'est données ont eu des bons et des heureux succès, ils le regardent comme celui qui serait mieux de leur bienséance.
Le document conclut en demandent aux protecteurs hollandais de pourvoir aux honoraires d'Arnaud, les pauvres colons n'en ayant pas les moyens.

J. Giraud, ex-pasteur de La Tour, et Salomon de Vulson, beau-frère d'Arnaud, furent délégués en Hollande dans ce but. Dans leur supplique du 18 novembre, ils demandent que l'on gratifie d'un entretien honnête le S.r Arnaud médecin qui sert les colonies de Wurtemberg depuis plus de deux ans avec succès tant en leur administrant les remèdes que pour la chirurgie, sans quoi il ne peut continuer ses soins.

Le 25 avril 1702, ils représentent que le S.r Arnaud, qui sert les colonies depuis leur établissement, tant pour la médecine que pour la pharmacie et chirurgie avec succès, leur est du tout nécessaire. C'est ce que Valkenier, le généreux hollandais protecteur des Vaudois, expose à son tour à son Gouvernement, le 15 mai.

J'ignore les résultats de cette démarche. Au reste, la chose n'était plus urgente puisque, dès la fin de la même année, Arnaud et sa femme étaient de nouveau résidents à la Tour. La guerre pour la succession d'Espagne avait éclaté et Victor Amédée, allié par force de Louis XIV, se préparait secrètement à se rapprocher des Puissances Protestantes. D'où la permission tacite de revenir, accordée aux protestants français que lui-même avait naguère expulsés. Daniel Arnaud revint avec une compagnie de réfugiés pour servir S. A. dès le commencement de la guerre. On peut presque préciser la date de son départ à l'aide d'un acte du 8 avril 1701, légalisé le 6 septembre 1702, par lequel ses neveux Bastie lui passaient procuration pour gérer leurs biens en Piémont.

Le 4 août 1704, le Duc rompt ouvertement avec la France et enrôle un régiment composé uniquement de réfugiés.

L'accord du 25 septembre avec les communes du Queyras, pour les contributions qu'elles devraient payer, porte, en outre les signatures d'Henri Arnaud colonel, et Daniel capitaine.

Les Vaudois et réfugiés se distinguèrent dans tout le cours de la guerre. En 1706, pendant que les troupes françaises assiégeaient Turin et occupaient presque tout le Piémont, on trouve Daniel Arnaud à La Tour, à divers moments de l'année, en particulier au moment du séjour du Duc dans la vallée.
On l'y retrouve tout le long de 1707, peut-être blessé ou infirme, puisqu'il mourut le 29 octobre ab intestat. Il n'avait pas 65 ans et aurait pu dire, comme Jacob, que ses jours avaient été courts et mauvais.



Le drapeau d'Arnaud
et les descendants de Daniel Arnaud.

Nous avons suivi Daniel Arnaud jusqu'au terme de sa carrière agitée. Passons au drapeau, qui est déposé au Musée Vaudois avec son diplôme de lieutenant-colonel. Il a toujours été appelé le drapeau d'Arnaud, dans l'idée qu'il avait été donné à Henri Arnaud, le chef de la Rentrée. Est-ce bien certain ?

C'est une superbe pièce de soie aux couleurs wurtembergeoises, portant les armoiries du duc de Wurtemberg, prince de Teck et de Montbéliard et seigneur de Groningue. Ce souverain l'aura-t-il donné à Henri Arnaud, qui ne fut guère colonel que de nom, puisque de 1705 à 1707 il eut la charge de pasteur de St-Jean, ou plutôt à Daniel qui, dès le commencement de la guerre, guida effectivement en Piémont les Réfugiés du Wurtemberg ? Pour tâcher d'éclaircir la chose, suivons l'histoire du drapeau.

S'il avait appartenu à Henri, il semblerait naturel qu'il l'eût rapporté en Wurtemberg comme un témoignage de la faveur de son souverain, ou bien qu'il l'eût laissé chez son fils Jean Vincent, resté pasteur aux Vallées, où il compte encore de nombreux descendants.
Le fait est que cette bannière nous est parvenue par le canal des descendants de Daniel Arnaud, mort en 1707.

À la fin de la guerre, en 1713, se faisant des illusions sur les intentions de la Cour de France à l'égard des réformés, Marguerite de Vulson, veuve Arnaud, munie d'une procuration de ses filles, se rendit en Dauphiné pour tâcher de ravoir ses biens et ceux de son mari ; mais ce fut en vain.

Elle passa ses dernières années à La Tour, ayant souvent auprès d'elle sa petite-fille Marie Appia. Le 31 janvier 1725, elle dicta son testament et mourut la même année. Elle ne fait aucune allusion au drapeau et ne mentionne, en fait d'objets précieux, que tre cuciari d'argento, qu'elle lègue, avec ses meubles et son linge, à sa fille Marie, en considération des soins qu'elle lui avait toujours prodigués, particulièrement dans sa dernière maladie. Son autre fille, Marguerite, veuve du S.r Pierre Richard, vivait à Lausanne avec sa fille Marguerite.

Marie, femme, en 1706, de Jacques Tomblan, capitaine du régiment de réfugiés, avait épousé, en secondes noces, en 1708, peu de mois après la mort de son père, le pasteur Paul Appia, a qui elle donna six enfants, deux desquels furent aussi pasteurs.

Paul et Marie Appia occupèrent, pendant cinquante ans, les presbytères de Rocheplate, Villar et Bobi, où elle mourut. L'épitaphe de la fille d'Arnaud gît sur un mur dans la cour de cette dernière cure. Leur fils Paul fut l'arrière-grand-père de Georges Appia. Un autre Paul, grand-oncle de Georges, homme instruit, intelligent et énergique, fut ce juge de paix de La Tour, qui, au temps de la réaction qui précéda la bataille de Marengo, sauva la vallée du massacre que les cléricaux et les cosaques avaient préparé. La part qu'il prit dans la politique locale, l'amena plus tard à passer en Suisse, où il épousa Marguerite Duvoisin, de Bonvillard. Comme aîné de la famille, c'est lui, qui possédait le fameux drapeau et le brevet de colonel.
Il les transmit à sa fille Rose, mariée Perey, dont la fille Elisa entra, par son mariage, dans la famille Gonin-Bridel, d'Eclépens, dont les ancêtres émigrèrent d'Angrogne au XVIIe siècle.
C'est elle qui légua le drapeau au docteur Louis Appia, de Genève, à la mort duquel il passa à son frère Georges, dont la famille a accédé au désir, exprimé par plusieurs, de le céder au Musée.

Conservé et transmis par les descendants de Daniel Arnaud, ce drapeau semble donc lui avoir appartenu, n'était que la donatrice écrivait en 1870 au docteur Appia : « Un des souvenirs de ma jeunesse est d'avoir entendu mon grand-père dire que le drapeau qu'il possédait lui avait été donné par sa cousine Arnaud ».

La question, reste donc ouverte, sinon qu'on peut, sans se tromper, l'appeler le drapeau d'Arnaud, sans déterminer auquel des deux frères il avait été donné.

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