Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

XIV

VEILLER UNE HEURE AVEC LUI

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Vous n'avez pu veiller seulement une heure avec moi.
(Matt. XXVI, 40.)

Le mot : veiller, évoque deux images. L'homme qui veille est celui qui demeure éveillé et résiste par là à l'invitation de la nuit ou de la fatigue. L'homme qui veille est aussi celui qui est prêt ; sa vigilance est la lampe allumée dont le rayon révèle le danger, domine la route, éclaire l'avenir. Réveil et vigilance, ces deux pensées s'appellent l'une l'autre. Pour pouvoir être prêt je me refuse au sommeil. Pour pouvoir me tenir éveillé je demeure actif, par l'effort de mon attention.

il en est Un, qui, tout le long de votre existence, vous réitère sa question : « Dors-tu ? ou es-tu prêt ? ». C'est le Dieu vivant qui ne sommeille jamais, et sa voix se fait plus insistante aux heures des grandes surprises de la vie et de la mort ; plus émouvante aussi dans ces moments troubles de l'histoire, alors que l'humanité, engagée dans quelque sombre impasse, hésite dans sa marche. Que de motifs - personnels et collectifs - avons-nous aujourd'hui pour appeler sur nous le souffle du Réveil ! Et nous resterions sourds à la voix de Dieu, aussi négligents que les disciples qui se sont endormis au soir du Jeudi-Saint sous les oliviers de Gethsémané ? Parce qu'eux aussi avaient toutes les raisons pour veiller et ne l'ont pas pu, nous nous arrêtons auprès de ces hommes vaincus, nos frères et nos semblables, afin de nous sentir nous aussi atteints en plein coeur par la parole de reproche et d'appel du Maître :
« Vous n'avez pu veiller seulement une heure avec moi. Pourquoi dormez-vous ? »


I

Jésus trouve ses trois amis endormis de tristesse (Luc XXII, 45). La lassitude est-elle, peut-elle être pour le chrétien une excuse à la paresse ?
Non, répond Jésus-Christ. Que peut peser la fatigue de Pierre, de Jacques et de Jean, en regard de celle du Maître ? Ils ont ensemble accompli, il y a quelques jours, le même pèlerinage sur les routes brûlantes qui conduisent à la ville sainte ; ils ont ensemble, depuis leur entrée à Jérusalem, connu des émotions violentes, mesuré le contraste entre l'enthousiasme fugitif du peuple et l'allure inquiétante des chefs. À la fatigue physique sont venues s'ajouter chez les apôtres l'incertitude et la crainte. Pierre n'avait-il pas d'ailleurs prévu que ce voyage finirait mal ? Ils se résignent à voir s'achever en drame la belle aventure commencée. Que leur reste-t-il à faire sinon à s'abandonner à l'inévitable, et à se livrer, en attendant, au sommeil qui les invite alors qu'approche cette lourde nuit au réveil inconnu ?

Mais Jésus, lui, a soutenu, outre le fardeau des épreuves communes, le prodigieux effort d'une lutte intime, dès longtemps engagée, et dont sa prière est l'aboutissement pathétique. En face l'une de l'autre, sa volonté - et celle du Père. Maintenant est manifeste l'échec de toutes ses démarches d'amour. Et parce que la nuit est venue, obscurité de la nature parabole de l'obscurité spirituelle, il ne dormira pas : il lutte, il prie. Lui, le Fils, dont les accents confiants trouvent si facilement la route directe vers le coeur paternel, il prie, en répétant trois fois les mêmes mots suppliants. L'heure de la fatigue sonne l'appel au réveil de toutes les énergies de l'âme.

Tu l'as dit, ô Seigneur, alors que prédicateur admiré par la multitude, guérisseur des corps infirmes, consolateur des coeurs brisés, ne trouvant plus un instant de repos au cours de tes journées trop remplies, tu te levais avant l'aube pour trouver dans le silence de la montagne la face de ton Dieu ! Tu l'as redit alors qu'à la veille de ta Passion, ton âme, dilatée, élargie par l'épreuve, a trouvé les paroles d'espoir et de victoire de tes discours d'adieux, et les promesses du dernier souper. L'heure de la fatigue, heure du réveil ! Tu le répètes enfin à Gethsémané, en face de ces hommes endormis et du ciel silencieux.

Tes témoins fidèles, à travers les siècles nous parlent le même langage, forts à l'instant même où ils paraissent le plus faibles. C'est Saint Paul en qui la maladie, le souci missionnaire, les chaînes de la captivité, ne font qu'exciter l'ardeur de la foi, l'intensité de la prière, l'audace de l'espérance. Ce sont tous les ouvriers de l'action chrétienne, nos réformateurs et nos pionniers ; ce sont tous ces héros de la patience chrétienne : persécutés, malades et infirmes croyants. Ils nous aident à mesurer la somme d'énergie que peut exprimer la définition que la Bible donne de l'invincible persévérance des héros d'Israël : « fatigués - mais poursuivant toujours ».

L'esprit de découragement nous menace aujourd'hui. Comment les hommes de bonne volonté n'auraient-ils pas parfois le sentiment de la vanité de l'effort en un monde où s'affrontent tant de progrès merveilleux - et tant de hontes morales, tant de science - et tant de folies ?

Que penser d'une nation où l'on voit constamment grossir le budget de l'Hygiène sociale, où l'on multiplie les appels à la lutte contre la tuberculose, et qui demeure si hésitante à combattre énergiquement l'alcoolisation du peuple ? d'un pays « chrétien », à juste titre fier de ses écoles, mais où beaucoup d'éducateurs croient devoir s'orienter vers cette sotte neutralité religieuse qui entend proscrire le mot sublime de Dieu ? d'une ville où nos enfants ont pu, en allant au Ciné voir les funérailles du roi des Belges, y voir défiler ensuite un film de l'espèce la plus grossière ?

Ah ! quelque graves que soient les secousses politiques d'aujourd'hui, elles sont moins inquiétantes encore que ce défaitisme qui s'insinue jusque dans nombre de coeurs et de foyers chrétiens, et qui invite au sommeil du laissez faire ! ceux-là même qui devraient demeurer debout pour veiller.

Lassitude de paresse qui s'affirme en face du péché social, mais aussi en face des épreuves personnelles. Elles sont si cruelles à certains. Il est des existences où l'enchevêtrement des obstacles matériels et des chagrins intimes tisse un réseau d'infortune si serré que le bonheur semble ne plus pouvoir s'infiltrer, et que l'on est tenté de dire (savons-nous mesurer la gravité d'une telle réflexion ?) : Voilà des êtres auxquels les seuls moments qui leur réservent quelque paix sont ceux où ils appartiennent à l'inconscience du sommeil !

Et pourtant c'est parfois du fond de ces grandes détresses qu'émerge la vraie prière. Ici se mesure la diversité des âmes. Dans l'extrême fatigue, Pierre dort - mais Jésus prie. Nous connaissons des victimes et des vaincus auxquels nous hésitons à aller présenter le message de Dieu. Nous prévoyons trop bien leur réponse : « Les seules attitudes qui me soient permises sont : la révolte, ou la morne résignation, ou la recherche de l'oubli ! ». Mais nous en avons rencontré d'autres, en qui s'affirmait. au sein même des pires afflictions, le sens de l'invisible. Et voici, quand elles ont fait le tour de leurs soucis, et mesuré l'épaisseur des ténèbres qui pèsent sur elles et sur le monde, quand elles se sont reconnues déjà guettées par un sommeil mortel, elles sont venues nous dire d'elles-mêmes : « Prions ! l'heure est sombre, il faut une lumière d'En-Haut ». « Mes forces me trahissent, il me faut le bras d'un Sauveur. Veillons une heure avec Lui ! ».

Oui, avec Lui. Et cet avec Lui est déjà une aurore d'exaucement. Votre Dieu a voulu venir à vous, en la personne d'un Frère qui a connu la nuit de la solitude, les incertitudes de la pauvreté, et toutes les épines des sentiers de la terre. En Lui Dieu est définitivement Celui qui est près des coeurs abattus et des voyageurs lassés.

L'heure de la fatigue... c'est l'heure où vous le pouvez rencontrer, pour trouver dans sa communion la force de reprendre la marche.

Seigneur, nous avons soif, Seigneur nous avons faim,
Que notre âme expirante avec Toi communie
À la table où s'assied ta fatigue infinie.
Nous te reconnaîtrons quand tu rompras le pain (1).

II

Jésus, ayant réveillé les disciples, pense à leur avenir, à leur salut. « Veillez et priez afin de ne pas succomber à la tentation ».
Pour ces intimes du Christ, l'heure de la tentation est proche, l'heure où ils céderont à la lâcheté. « L'abandonnant alors, tous les disciples prirent la fuite ». Oui, tous, et vous aussi, les trois témoins de la glorieuse transfiguration : Pierre, Jacques et Jean ! Oui, toi aussi, Pierre qui t'étais écrié : « Quand même tous t'abandonneraient, moi, jamais ! ». Oui, toi aussi, Jean, l'intime confident, penché il y a quelques heures sur le coeur de ton Maître, prêt à boire les paroles de la vie éternelle ! Tous ! à l'heure où la tentation s'insinuait en eux, ils dormaient.

Ah ! qu'elle serait droite et belle la carrière d'un chrétien qui aurait été capable de redire tout simplement, mais avec l'accent d'une entière ferveur. à tous les matins de toutes ses journées, la prière du Seigneur : « Ne nous induis point en tentation, mais délivre-nous du mal », et qui, en nulle occasion, ne se serait trouvé face à face avec l'ennemi, sans avoir auprès de lui son Sauveur victorieux ! Une de nos plus graves infidélités est dans la facilité avec laquelle au lieu de dire : « Le péché m'appelle ! approchons-nous de Dieu », nous disons au contraire : « Le péché m'appelle ! Je n'ai plus envie de prier ». Une âme qui a perdu contact avec Dieu est une proie facile pour l'adversaire.

Le chrétien militant n'est pas semblable au soldat qui attend l'heure du péril pour inspecter son arme. Il prend au sérieux le sens du mot : Tentation, qui signifie ; un essai, une invitation, une première sollicitation. Ce n'est pas lorsqu'un homme est lié par son péché, captif de son caractère et de son milieu, que l'appel de Dieu lui est facile à entendre et lui promet un salut magique. Les miracles de la Grâce toute-puissante ne nous autorisent pas à fermer nos yeux à la douloureuse réalité : Il est un engourdissement de la conscience qui est une mort anticipée, il est des esclavages maudits, en face desquels notre témoignage chrétien semble frappé de stérilité. La sagesse de Dieu réclame la vigilance non pas de l'homme tombé, mais de l'homme tenté. C'est au moment où la pensée du mal s'introduit avec ses promesses illusoires que vous devez être trouvés veillants.

Il est de jeunes âmes qui ont assez résolument accueilli le Christ, et assez fidèlement veillé avec lui, pour interdire au péché de jamais s'installer chez elles en triomphateur. La place était occupée, occupée par Celui qui est seul capable de mettre en fuite les démons. Mais dans combien d'existences, hélas ! l'expérience du salut n'a-t-elle pas été précédée d'une succession de chutes et de larmes ? Et cela, parce qu'à l'heure de la tentation, la lampe de la prière était éteinte, l'image du Christ effacée ou lointaine. L'heure où l'ennemi rôde ne marque pas le temps de dormir, mais le temps de veiller, de veiller avec Jésus-Christ.

Gethsémané a signifié pour Jésus l'heure de lac décisive tentation. Contre son âme est dirigé le plus terrible assaut qu'elle ait jamais connu ; et l'attaque lui arrache des larmes et des sueurs sanglantes. Ce jour-là, Jésus, dont la volonté était si continuellement en harmonie avec la volonté du Père, a connu ce que nous connaissons trop bien : le dur effort pour retrouver l'accord avec Dieu, pour pouvoir dire : Ta volonté - et le dire alors que cette volonté indiquait la croix.

Veiller avec lui qui, « ayant été tenté, peut secourir ceux qui sont tentés (Hébreux II, 18) ». Privilège de notre piété. Vous pouvez vous attacher à un Christ avec qui vous vous trouvez encore comme avec un frère, avec un semblable - non pas dans la honte de vos chutes, mais bien au moins dans les hésitations de vos luttes, dans la veillée sainte où vous vous préparez au combat. Veillez, non pas seuls, mais avec lui, qui a su que la chair était faible. Sa chair a frémi devant la coupe amère, mais s'est courbée sous l'appel de l'Esprit qui lui demandait de la vider jusqu'au fond, pour le salut du monde.

L'heure de la tentation, c'est l'heure où vous pouvez le rencontrer, pour trouver dans son amitié le secret de la victoire :

Dans le désert tu partageas mes luttes, Jésus, mon Roi !
Toi seul connais mes sanglots et mes chutes.
Pour être fort dans mes rudes combats,
Je viens à toi, Christ, ne me laisse pas.

III

« Vous n'avez pas pu veiller une heure avec moi ! », avec l'ami qui venait de leur dire : « Mon âme est accablée de tristesse jusqu'à en mourir. Restez ici, et veillez avec moi ». Jésus, et cela est unique en toute sa vie, remarque Pascal, cherche de la compagnie et du soulagement de la part des hommes... Si Pierre, Jacques et Jean devaient veiller pour eux, en ce soir-là, c'était aussi pour Lui qu'ils devaient veiller. Jésus est menacé. Menace extérieure : la foule hostile ne tardera pas à savoir, par judas, le lieu de sa retraite. Menace intime : son âme est engagée dans l'agonie. Ils dorment - ce sommeil-là n'est plus seulement fatigue, il est égoïsme et lâcheté. Et vous vous indignez justement, vous qui ne dormirez pas quand, près de vous, gémira un enfant malade, ou quand à votre porte retentira l'appel au secours d'un malheureux. La collaboration de l'amour des siens, de ceux-là qu'il avait aimés jusqu'au bout, a été refusée au Sauveur.
Mais voici ce qui pourrait atténuer la mélancolie de cette pensée : le coeur de Jésus, si semblable au nôtre, eut trouvé un rafraîchissement dans cette présence active à ses côtés de deux ou trois amis prêts à soutenir l'élan de sa prière, mais cette défection des siens n'a pas compromis sa victoire. Il sort de son combat solitaire fort et résolu, pour aller à la rencontre de Judas, de Pilate et des bourreaux du Calvaire !

Si les hommes ont besoin du Sauveur, le Sauveur n'a pas besoin d'eux pour s'affirmer capable de dire : Oui ! à son devoir et à son Dieu. Il sait trouver, seul, la Présence souveraine et suffisante : « Je ne suis pas seul, car le Père est avec moi » (Jean XVI, 32).




Aujourd'hui, que de menaces pèsent sur le Christ !
Hier encore, sans être certes le Roi reconnu de tous, il était le Christ respecté de tous. Même hors de l'Eglise, toute conscience altérée de justice, de paix et de charité lui rendait hommage, et bénissait son nom. Aujourd'hui, chez nous aussi, on entend enseigner le mépris de l'Évangile, et tourner en dérision sa loi d'amour : « Vous avez un seul Dieu, votre Père, et vous êtes tous frères ! ».

Si vous allez au Christ, personnellement préoccupés, pour lui dire : Rends-nous forts nous qui sommes faibles ! Sauve-nous, nous périssons ! le Christ attend de vous autre chose encore, il attend que s'élève de vos poitrines le cri de l'intercession pour le monde : Que ton règne vienne !

Il s'agit de veiller non seulement pour vous, mais pour Lui, et pour sa victoire !
Quelqu'un objectera : De même qu'à Gethsémané Jésus est sorti triomphant du noir tunnel où il était engagé, - sans le secours de ses disciples infidèles - de même, il peut, demain, revenir et régner même si son Église dort, indifférente et ingrate ! Je ne le crois pas.
L'oeuvre rédemptrice, Jésus l'a accomplie par son seul amour, et ce n'est que par ses péchés, et ses crimes que l'humanité a collaboré au drame, apportant dans l'histoire de la Passion son orgueil et sa lâcheté, ses trahisons et ses cruautés.
Mais l'accomplissement de cette oeuvre dans l'histoire, mais l'exaucement terrestre du « Notre Père » ! Dieu ne veut pas les réaliser sans que les membres du corps du Christ y travaillent, chacun pour sa part.

Le Christ qui est l'Esprit continue à vouloir s'incarner en ceux qui invoquent son nom. Son amour ? il vit dans l'amour de ceux qu'il inspire, et qui s'en vont, serviteurs de leurs frères, messagers de pardon et de miséricorde, sur les chemins où les hommes souffrent et pleurent. Ses souffrances ? Elles se prolongent dans les martyres de ceux qui sont persécutés pour la justice, qui acceptent le sacrifice, qui portent leur croix. Sa sainteté ? Elle rayonne dans le monde par la consécration de ceux qui renoncent au péché et se donnent à l'oeuvre de Dieu. Si le règne du Christ est aujourd'hui menacé, il ne nous est pas permis de dormir, parce qu'à nous est confié l'honneur d'être ouvriers avec lui, et pour lui. Le témoignage du chrétien doit s'affirmer net, personnel, Courageux. Quand s'organisent dans les ténèbres les efforts de ceux qui voudraient étouffer la voix du Christ, quand nous les voyons déjà même sortir de l'ombre pour poursuivre leur propagande au sein de notre peuple et auprès de nos enfants, la question s'impose à chacun :
« Resteras-tu endormi ? ou voudras-tu veiller, veiller auprès du Christ menacé, veiller avec lui aux portes du foyer, et aux portes de la cité ? »

Le triomphe de Jésus-Christ - je ne dis pas son triomphe final et éternel - ceci est l'affaire du seul conseil de Dieu, mais je dis bien son triomphe actuel et prochain dans ma vie. dans ma maison, dans mon église, dans mon pays, c'est mon affaire, et il dépend aussi de mon attitude : sommeil - ou réveil.




Pourquoi dormez-vous ? Celui qui adresse avec tant de douceur un reproche qui aurait pu être porté par les accents d'une colère indignée, leur avait demandé l'aumône d'une heure : « Veillez une heure avec moi ». Il s'agit pour vous d'une autre vigilance, celle de tous les instants. « Veillez et priez sans cesse. » Il y a pourtant un encouragement et un réconfort dans l'humble requête de Jésus au jardin des Oliviers : « Veillez une heure avec moi ».

Il peut se passer de grandes choses en une seule heure, quand cette heure est riche de la Présence suprême, quand elle est réellement vécue avec Jésus-Christ.
Pour avoir réfléchi une heure en face de l'Évangile du salut, pour s'être arrêté une heure au pied de la Croix. des pécheurs ont été pardonnés, des coeurs illuminés, des vies transformées.

Sache rester un moment avec le Christ pour regarder - avec Lui - tes fatigues, tes craintes, tes misères, et voir aussi autour du Christ la menace du monde hostile. Et alors voici la grâce qui te sera accordée : qui a pu rester une heure avec Lui, sent réapparaître en lui le désir que cette heure sonne à nouveau. La soif de la communion permanente fait monter du fond du coeur la prière mystique des pèlerins d'Emmaüs : « Reste avec nous, Seigneur ! »

Et l'hôte invisible demeure, qui nous garde de sommeils perfides, et allume dans la maison la veilleuse perpétuelle de la vigilance chrétienne.
Nous veillons pour Lui. Et Lui veille sur nous.

1934.


1. Jean AICARD. 
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