Tu m'as donné une
terre, donne-moi aussi des sources
d'eau.
(Juges
I, 15.)
Notre patrie est le pays des sources. Deux
fleuves considérables, le Rhône et le
Rhin prennent naissance au pied de nos glaciers
étincelants. Après avoir
arrosé nos modestes cantons, ils s'en vont,
grossis d'affluents généreux,
féconder les plaines du Midi et celles du
Nord et voient s'épanouir sur leurs rives
deux des plus grandes civilisations humaines. En
dehors même de ces fleuves, il est dans nos
régions verdoyantes tant de torrents, de
rivières et de lacs, qu'il nous est
difficile d'accorder leur pleine signification aux
images bibliques qui évoquent tour à
tour la désolation des déserts
arides, et la joie du voyageur qui découvre
enfin un puits où étancher sa
soif ; il nous est difficile de saisir
l'intensité religieuse des accents du
Psalmiste :
« Comme un cerf
altéré brame après le courant
des eaux,
« Ainsi soupire mon âme,
Seigneur, après tes
ruisseaux ».
À l'heure où Israël
renonce à l'existence nomade d'un peuple de
bergers et s'établit dans la terre promise
pour y faire l'apprentissage de la vie
sédentaire, une jeune mariée, Acsa,
fille de Caleb, monte un jour sur son âne
pour retourner auprès de son père et
lui présenter une juste
réclamation :
« Tu m'as donné, lui
dit-elle, une terre... Donne-moi aussi
des sources d'eau ». Et son père
lui donna aussi les sources, celles qui
étaient en bas, et celles qui étaient
en haut du champ.
Chers jeunes amis, Dieu vous a donné une terre. En vous appelant à l'existence, il vous a confié une parcelle de son trésor infini, et de cela déjà vous êtes reconnaissants. La vie n'est-elle pas un bien merveilleux ? Vous possédez, à votre âge, la joie de vous sentir vivants et pleinement vivants, et de respirer dans l'atmosphère de votre jeunesse le parfum de la beauté du monde. Aujourd'hui, le petit jardin que Dieu vous a ouvert peut vous paraître immense. L'heure viendra où vous en mesurerez plus exactement l'étendue, et où vous ouvrirez les yeux sur ses limites étroites ; où vous vous sentirez les voyageurs rapides sur le petit coin de terre qui vous a un instant appartenu, et o vous rejoindrez la méditation du poète où
- « D'autres vont maintenant passer où nous passâmes ;
- Nous y sommes venus, d'autres vont y venir...
- Dieu nous prête un moment les prés et les fontaines,
- Les grands bois frissonnants, les rocs profonds et sourds,
- Et les cieux azurés, et les lacs et les plaines
- Pour y mettre nos coeurs, nos rêves, nos amours.
- Puis il nous les retire, il souffle notre flamme
- Et dit à la vallée où s'imprima notre âme
- D'effacer notre trace et d'oublier nos noms » (1).
Aujourd'hui il vous apparaît vaste et
suffisant à loger pour longtemps l'essaim
serré de vos espérances, ce jardin
que vous vous réjouissez de parcourir.
La vie ! Nul sans doute
parmi
vous n'est assez sot pour la considérer
comme un pare de plaisance dans lequel vous
n'auriez qu'à promener votre paresse
insouciante. Elle est le champ qu'il faudra
ensemencer et cultiver afin qu'y croissent un
jour non point les épines et les ronces,
mais bien les moissons dorées du bonheur et
du travail.
Ne voulez-vous pas dire à Dieu, au
début de votre instruction religieuse :
« Tu m'as donné la vie, donne-moi
aussi la science de la vie ! Tu m'as
donné une terre ! Donne-moi aussi les
sources d'eau auxquelles nous irons puiser pour que
nos jeunes existences s'épanouissent dans la
beauté ».
Oui, c'est là votre prière
à Dieu. L'éducation reçue au foyer vous a
déjà indiqué les chemins qui
conduisent aux sources pures, et nous voulons
croire qu'il n'en est aucun parmi vous, dont la
triste enfance ait végété dans
l'ombre maudite d'une famille où
règnent le mensonge et le vice. Mais, au
sortir d'une période où vous vous
êtes laissés, matériellement et
moralement, nourrir par d'autres, vous sentez
s'approcher le jour où ce sera à vous
de faire valoir personnellement ce que vous avez
reçu de Dieu. Et quel que soit le
sérieux de la tradition chrétienne
à laquelle vos parents sont demeurés
attachés, vous avez besoin de vous adresser,
au delà des parents, à l'Eglise,
à l'Évangile, au Père
céleste - pour vous diriger vers les vraies
sources de la vie.
Car il est des sources illusoires et
trompeuses.
« Mon peuple a commis un double
péché, dit un jour
l'Éternel au prophète
Jérémie ; et cette plainte de
Dieu n'a rien perdu de sa triste
actualité :
Ils m'ont abandonné, moi,
l'Éternel qui suis une source d'eau vive,
pour se creuser des citernes, des citernes
crevassées qui ne retiennent point
l'eau ! (Jér.
II,
13) ».
Auprès de vous des jeunes vous
inviteront à oublier Dieu et chercheront
à vous persuader que ce n'est qu'en
méprisant sa parole et sa loi que vous vous
engagerez sur la route du bonheur. Ne les
écoutez point. Quoi donc ? Les
prendriez-vous pour les temples
du vrai bonheur, ces maisons où habitent la
folie et l'ivresse, et le faux luxe, ces lieux
où tout est apparence, artifice et
fragilité, ces lieux de plaisirs faciles,
brillants ou grossiers, que notre civilisation se
plaît à rendre étincelants
d'une lumière qui fascine, alors que se
poursuit en leur sein l'oeuvre de la nuit qui
s'étend sur les âmes vaincues pour
effacer en elles jusqu'au souvenir de
l'idéal, et jusqu'à l'image
même du Dieu qui les a
créées ?
Gardez-vous des sources illusoires. Le
mal ne vous apparaîtra pas toujours sous un
masque répugnant, propre à
susciter l'immédiate réaction de
votre santé morale. Si le diable ne se
présentait dans notre humanité
qu'avec cette figure hideuse que lui prêtent
d'anciennes gravures, nous n'aurions pas besoin de
vous mettre en garde contre ses ruses. Mais les
crevasses des citernes mensongères qui
laissent s'échapper l'onde du bonheur ne se
découvrent point toujours au premier regard,
et tel a pu boire à quelque source
empoisonnée qui n'en a ressenti que plus
tard l'amertume fatale. Il est des pays qui
semblent arrosés et fertiles comme un jardin
de l'Éternel, et qui sont maudits, comme
cette terre de Sodome, que Lot
(Gen.
XIII.) se félicitait
d'avoir choisie pour résidence, parce que la
vie semblait devoir y couler facile, douce et
prospère. Il ne vit point qu'il allait
demeurer parmi les tentes de la
méchanceté, dans une cité
marquée du signe de la mort par le jugement
de l'Éternel.
Vous êtes encore des enfants.
Devrions-nous réserver à plus tard la
révélation des abîmes du péché ?
Ah ! chers catéchumènes :
je ne puis oublier les aveux de certaines jeunes
filles qui, l'année même de leur
instruction religieuse, nous ont dit la
manière dont leurs compagnes,
élèves de nos écoles
secondaires, parlaient en plaisantant de Dieu et de
l'Eglise, entre deux conversations frivoles, ou
même grossières ! je songe
à tant de vos aînés qui ont
avant tout désiré peupler leurs
jeunes années de joies vulgaires, de creuses
vanités, et que l'amour des choses qui
paraissent et qui brillent a tout doucement
conduits à l'esclavage du
péché. Les plus faibles ont
été saisis par les démons de
la paresse, de la sensualité, du vol. Les
plus résistants se sont arrêtés
sur la pente ; mais quand ils ont
regardé plus tard ce qu'il leur restait des
belles années de leur jeunesse, ils n'ont
plus trouvé dans leur main qu'un peu de
poussière et de cendre, et dans leur coeur
le regret de n'avoir pas plus véritablement
écouté Dieu, à l'heure de
leurs seize ans.
Les vraies fleurs de la vie ne se sont point
ouvertes pour eux, parce que
préoccupés uniquement de gagner, de
rire et de jouir, ils ne s'étaient point
soucié de l'étroit sentier qui
conduit aux vraies sources.
« Caleb donna à son enfant les sources d'en bas et
celles
d'en-haut ».
S'il est ici-bas des sources trompeuses, il
en est aussi de
véritables ; l'âme humaine a
ses sources saintes, et parmi elles, Dieu vous
demande avant tout de saisir le prix de ces deux
trésors : une volonté qui sache
agir - un coeur qui sache aimer.
« Ceux qui vivent, ce sont ceux
qui luttent ». Vos parents et vos
aînés, en vous demandant de devenir
des énergiques, des vaillants,
acharnés au labeur, décidés et
résolus, ne font pas que vous
répéter l'exhortation morale
qu'eux-mêmes sont heureux d'avoir
reçue dans leur jeunesse. Ils sont
convaincus que si l'homme a toujours eu besoin de
savoir vouloir, ce mot d'ordre est plus que jamais
celui de l'heure présente. Le mot d'ordre
pour tous ! Pour vous aussi, jeunes qui
avez connu une enfance sans soucis dans un milieu
heureux et aisé. Beaucoup dont les parents
eurent une carrière facile, auront eux
aussi, dans l'ébranlement social qui
s'annonce et s'accuse, de la peine à se
frayer une route. Et il ne faut pas qu'à
l'heure où l'on parle chômage et
misère, troubles et révoltes, la
nouvelle génération se prépare
aux lendemains périlleux, en énervant
ses énergies dans le plaisir et la paresse,
en tournant le dos aux responsabilités qui
l'attendent. La volonté ! La femme
aussi en a besoin, en face de sa vocation
domestique, comme en face des difficultés
matérielles et morales qui peuvent
l'accabler un jour... Ah ! si nous trouvons
dans l'Évangile de Jésus
l'inspiration de la pitié, de l'amour pour
tous les faibles, pour tous les vaincus - nous n'en
avons pas moins le devoir de lire - inscrit en
lettres de flamme, au dessus des détresses
du présent, l'appel de Dieu à ceux
qui veulent vivre : Sois fort et Sache
vouloir !
Un coeur qui sache aimer. « Garde ton coeur,
dit le
sage
d'Israël, plus que toute autre chose, car
de lui viennent les sources de la vie
(Prov.
IV, 23).
Invitation simple et grave. Oui, les sources
de la vie, vous les possédez dans ce coeur
qui, un jour s'éveillera aux émotions
puissantes de l'amour humain. Pierre sainte du
foyer, ciment du bonheur intime, le coeur qui aime
est aussi la source de cette vie fraternelle qui
doit un jour faire refleurir le désert de la
vie sociale, aujourd'hui balayé par les
vents desséchants de la haine !
Gardez votre coeur pour l'amour
véritable - celui que ne
connaîtront plus ceux qui auront usé
les ressources de leur vie sentimentale dans mille
aventures légères ou
éphémères. Gardez votre coeur
pour le ministère de la bonté
- ouvert à chacun - joie permanente promise
à ceux qui n'ont pas laissé
s'endurcir leur jeune vie dans la prison sans
fenêtre de l'égoïsme. Garde un
coeur capable d'aimer.
Mais il y a aussi les sources d'En-haut.
Vos pasteurs ne vous présenteront pas la
terre et le ciel séparés par une
infranchissable distance. Entre Dieu et l'homme,
l'Évangile a jeté le pont ; le
Christ a voulu faire de la terre
une province du Royaume de Dieu. De même que
les savants ont reconnu que les
éléments qui composent les corps
terrestres se retrouvent identiques dans la
composition des étoiles lointaines, de
même Jésus-Christ a défini les
éléments qui unissent la vie de nos
âmes sur la terre et la vie même de
Dieu. La foi et l'amour sont des sources
universelles de la vie, de la vie d'ici-bas et de
la vie d'En-haut. Elles jaillissent du coeur de
l'enfant, mais elles jaillissent aussi du coeur
du Père qui est dans les cieux.
Quel réconfort de le savoir, à
l'heure où les sources d'en-bas, même
les plus pures, ne vous suffisent plus !
Votre volonté, vous voulez la
garder ferme et droite. Mais ne la sentez-vous pas
souvent faible, hésitante, et lâche,
si insuffisante parfois à vous assurer
même une de ces petites victoires sur un
défaut bien connu ?
Votre coeur, vous désirez le
conserver sensible et pur. Hélas ! ne
l'avez-vous pas plus d'une fois déjà
senti partagé entre le bien et le mal, et
prêt à se laisser gagner par les
mauvais conseils de l'orgueil et de
l'impureté ?
Et alors, parce que vous voulez être
des chrétiens, vous saurez dire : Seigneur, conduis-moi
jusqu'aux sources
divines, jusqu'aux sources
d'En-haut !
Les sources supérieures... Vos
pasteurs chercheront cet hiver, à vous les
faire découvrir. Vous les devinez
déjà, et je voudrais vous en citer au
moins trois :
La prière - La contemplation de
Jésus-Christ - L'attachement à votre
Église.
La prière. Dès votre
première enfance, vous avez appris une
prière ; aujourd'hui, vous avez
à apprendre la prière. Il y a
derrière le devoir qui vous sollicite, et
derrière la vie qui vous appelle, un
Quelqu'un qui vous cherche.
« Approchez-vous de lui, et il
s'approchera de vous ! »
(Jacques
IV, 8).
Qu'elle est émouvante la
déclaration d'un chrétien :
« Toutes les fois que Dieu s'est
éloigné de moi, j'ai reconnu que
c'était ma faute !... ». Que
d'absences de Dieu s'expliquent par l'absence de la
prière. Priez-le avec simplicité et
ferveur, à l'heure surtout où la
route semble ardue, le devoir délicat, la
tentation prenante. Priez-le encore au jour de la
joie, ouverts à cette reconnaissance qui
élargit l'existence, en saluant la
perpétuité de la présence
adorable de Dieu.
La véritable histoire de l'Eglise de
Dieu n'est pas rapportée dans les livres.
qui nous présentent, hélas !
à côté des grandes oeuvres des
chrétiens, leurs misères, leurs
divisions et leurs guerres. Elle est surtout dans
ces miracles inconnus des hommes, mais bien connus
du Père, qu'a opérés,
âge après âge, dans le secret de
milliers d'existences ignorées et modestes,
cette source cachée, la prière de
l'âme chrétienne. Elle est dans ces
mille victoires de l'esprit sur la matière,
de la bonté sur la haine, de la confiance
sur le découragement, qui ont
été remportées à
genoux.
Et si, à cause de votre
péché ou à cause des
obscurités du monde, la face du Dieu d'amour
semble un instant se voiler pour vous, vous vous
souviendrez qu'il en est un aux yeux de qui le
visage du Père ne s'est jamais voilé,
et vous reviendrez à la contemplation du
Christ.
Vous êtes, chers jeunes amis,
catéchumènes de Jésus-Christ.
À vous s'adresse l'appel du
poète :
Tiens-toi toujours debout, pour celui-là qui vient
Et dont sur les chemins les pieds gravent l'exemple...(2)
Oui, Il vient à vous, le Sauveur des
hommes, qui a cheminé sur nos routes
terrestres, semées d'obstacles et
d'épreuves, et qui marche devant vous comme
le berger devant son troupeau. Y aurait-il de notre
part attachement superstitieux à
quelqu'ancienne tradition périmée,
dans l'insistance avec laquelle nous vous
demanderons de fixer vos yeux sur le Christ ?
Vous le comprendrez bientôt, en
Jésus-Christ nous ne voyons pas seulement un
splendide exemplaire de la race humaine, un grand
héros du passé auquel nous
accorderions notre admiration enthousiaste. Le
Christ est bien davantage encore. Il est la grande
source de la vie divine ; celle qui distribue
aux coeurs croyants l'eau qui jaillit jusqu'en vie
éternelle ; il est le don
suprême du Dieu d'amour.
Vous attacher au Christ qui a
terrassé le péché, et vaincu
la mort, et montré le Père, c'est
vous attacher à l'étoile de la
victoire.
Que demain vous vous sentiez faiblir, et
soyez amenés à gémir sur
vous-mêmes, où trouverez-vous une
source de purification qui vous rende et l'espoir
et la paix ? Dans l'Évangile du
pardon.
Que demain, vous ne parveniez plus, au sein
de l'épreuve, à proclamer la
bonté de Dieu, ou que vous reculiez devant
les renoncements nécessaires ou devant
l'appel au sacrifice, où donc irez-vous
puiser le courage dans la souffrance, la
grâce d'être consolé ? Dans l'Évangile de la Passion et de la
Résurrection.
Quand tout devrait un jour être obscur
en vous et autour de vous, vous vous retournerez
vers Lui, pour vous écrier avec
l'apôtre Pierre :
« Seigneur ! À qui d'autre
irions-nous, si ce n'est à toi ? Tu as
les paroles de la vie
éternelle »
(Jean
VI, 68). Et vous mettrez vos
doutes et vos misères à l'abri de ses
certitudes et de sa richesse, et vous
sécherez vos larmes - celles de la douleur
et celles du repentir - au pied de sa Croix qui
domine l'océan des siècles.
Le monogramme du Christ J H S rayonne
au-dessus des armes de la cité de
Genève, fille de notre Église. Il y a
de l'humain, donc de l'imperfection, dans toute
église, et dans la nôtre aussi. Mais
vous apprendrez cet hiver, à la
considérer comme elle mérite de
l'être.
N'oubliez jamais ce que vous devez
à l'Eglise. Elle vous a accueillis
à l'aurore de votre vie, à à
l'heure de votre baptême, elle vous transmet
l'appel de Dieu, elle vous enseigne le Notre
Père, elle vous place en face de
Jésus. Quand les fidèles s'assemblent, groupés
autour de la parole divine, se reproduit le
mystère de la fraternité des
âmes. Celui qui n'ose plus prier et qui ne
sait plus prier, se sent soulevé au-dessus
de son incrédulité par les ailes
déployées de la prière des
frères ; celui qui chemine, errant
comme la brebis sans berger, se sent reconduit, par
la voix fidèle de l'Eglise, jusque vers le
Sauveur, dont le regard le retrouve, le ranime et
le redresse. Le faible s'enrichit de la force du
fort ; et le fort s'enrichit par l'amour qu'il
porte au faible.
La cathédrale domine toujours la
cité, du haut de la vieille colline,
où retentirent jadis les accents de la
Réforme religieuse qui devaient fonder la
grandeur de Genève et ébranler au
loin le monde, en faisant retentir la parole de
Dieu, retrouvée dans sa primitive
pureté.
Au pied de cette colline, sacrée pour
nos coeurs de patriotes et de croyants, dans les
rues de notre Genève actuelle, grandit une
génération, la vôtre, à
qui beaucoup veulent faire oublier le nom de
Jésus-Christ, Sauveur des hommes. Et au
loin, dans le vaste monde, s'agite une
humanité fiévreuse et
troublée, qui soupire après la paix
et la justice, mais qui rêve d'un Paradis
sans Dieu, d'un ciel sans étoiles, d'une
cité sans temples.
Ah ! vous voudrez, au terme de cet
hiver, entrer joyeusement dans l'Eglise du
Christ, pour en devenir des pierres vivantes.
Puissiez-vous connaître, dès cette
année. le bonheur de boire aux sources
d'En-Haut, et la soif de Dieu vous accompagnera
votre vie durant, et dans la patrie et dans le
monde, vous en voudrez aider d'autres à
connaître la joie du Salut.
Chers catéchumènes, Dieu n'a
pas été à votre égard
semblable au père insouciant qui aurait dit
à son enfant : « Tu
cultiveras ce champ », sans lui ouvrir
les sources des eaux qui fertilisent. Dieu vous a
fait naître dans un peuple où
l'Évangile est proclamé, Il vous a
introduits dès votre enfance dans l'Eglise,
Il vous a adressé à chacun
personnellement sa promesse :
« Je te conduirai aux sources de la
vie ! »
Il y a peu de jours, je rencontrai sur la
crête du Salève des ouvriers qui
accompagnaient de lourds attelages tirés par
des boeufs robustes et chargés d'engins
mécaniques, de tubes et de poulies.
« Nous sommes montés ici,
me dirent-ils, pour chercher de l'eau, et nous
allons faire un sondage ; nous trouverons de
l'eau à cent mètres sous
terre. » Voilà la
persévérance de l'industrie humaine,
qui veut faire jaillir les sources dans les terres
arides.
Dans toutes les âmes, même dans
la plus ignorante, dans la plus faible, il y a,
à une certaine profondeur, une source
cachée. Les sources de Dieu, elles ne sont
pas seulement dans le ciel lointain, dans l'infini
inaccessible ; elles sont aussi dans ces
régions intimes de votre être,
où l'âme plonge ses racines dans
l'invisible, où réapparaît dans
la créature l'image du Créateur. Les sources supérieures, ce sont
aussi
les sources profondes.
Jeunes gens, ne vivez pas à la
surface de vous-mêmes, de la vie
légère de celui qui refuse de se
connaître, de réfléchir,
d'écouter Dieu. Vivez de cette vie
intérieure, à laquelle nous nous
efforcerons de vous initier. Et vous apprendrez
alors à compter les
bienfaits de l'Éternel ! Ceux de la
famille qui vous a appris à vouloir,
à aimer, ceux de l'Eglise qui vous instruit
et vous aide à découvrir les sources
les plus précieuses, sources de la
prière qui vous ouvre le coeur même de
Dieu, sources de la communion avec
Jésus-Christ, qui vous assure la
présence perpétuelle d'un guide et
d'un Sauveur.
Et votre âme deviendra le jardin
arrosé, où mûriront au
soleil de l'avenir des fruits abondants à la
gloire du Dieu d'amour.
1931.
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