Les principes fondamentaux du
christianisme remontent au Christ lui-même.
Ils sont dans les Évangiles. Les
épîtres de Paul, de Pierre, de Jacques
et de Jean en sont le développement et le
commentaire. Dans toute l'histoire du
christianisme, les plus authentiques disciples du
Christ les ont affirmés et exposés
à nouveau, avec les expressions et dans le
langage les mieux appropriés à leur
époque et aux hommes auxquels ils
s'adressaient.
Dans les groupes d'Oxford, cette nouvelle
Fraternité, nous avons nous aussi
adopté certains termes qui nous ont paru les
meilleurs pour formuler ces principes fondamentaux
de la manière la plus concise et la plus
exacte. Je ne me propose pas ici de définir
ces termes ou de les justifier, mais je me
contenterai de les énumérer. Ce sont
en somme les principes de toute vraie
éducation chrétienne ; mais il
va sans dire que nous ne songeons pas à
proposer ces termes eux-mêmes aux enfants, et
nous croyons même que ce n'est pas du tout
recommandable.
La conviction du
péché, c'est le fait de nous
rendre compte clairement de notre
péché, c'est à dire de ce qui
nous sépare de Dieu.
La confession de nos fautes,
c'est le fait de les avouer sincèrement
à Dieu, et à celui que nous avons
offensé.
La réparation consiste à
restituer ce que nous avons pris injustement,
à réparer de notre mieux les
fâcheuses conséquences de nos
mauvaises actions.
La conversion,
c'est le
changement total de notre vie.
« Il faut que vous naissiez de
nouveau », a dit le Christ.
Le partage,
c'est le fait
d'échanger fraternellement nos
pensées avec tous ceux qui connaissent Dieu
ou qui cherchent à le connaître.
L'abandon,
c'est le fait de
remettre entièrement à Dieu, avec un
sentiment de gratitude, de respect et d'adoration,
toute notre volonté, cette volonté
qu'Il nous a donnée afin que nous puissions
en user librement pour le bien et pour le mal. Avec
notre volonté nous abandonnons à Dieu
tout désir, toute pensée, toute
action qui ne sont pas entièrement conformes
au plan merveilleux qu'Il a pour chacun de
nous.
La direction,
c'est la voix de
Dieu nous montrant ce que nous avons à
faire. Nous l'entendons tout
particulièrement durant le recueillement,
quand toutes les barrières qui nous
séparent de Dieu sont supprimées, et
que notre volonté est entièrement
soumise à Ses commandements.
Encore une fois je ne crois pas qu'il soit
bon ou même possible de proposer ces termes
à des enfants. Je ne les donne ici que pour
les éducateurs, afin de bien marquer les
réalités chrétiennes
fondamentales sans lesquelles la vie spirituelle
authentique ne saurait naître ni grandir, et
grâce auxquelles la vie humaine prend un sens
et une portée. Mais nous
sommes prêts à soutenir et même
à démontrer que si les enfants ne
peuvent pas toujours comprendre les termes que je
viens d'énumérer, du moins ils
peuvent toujours saisir les principes
eux-mêmes, et les mettre en pratique.
Cette affirmation a une très grande
importance à mes yeux, car c'est par elle
seule que je puis résoudre les trois
problèmes que j'ai posés plus haut.
C'est en croyant à cette possibilité
que les parents et les éducateurs pourront
mettre les enfants sur la bonne route, les amener
à connaître Dieu et à vivre
selon Dieu. C'est seulement ainsi qu'ils pourront
former une génération nouvelle, qui
triomphera des difficultés écrasantes
sous lesquelles plie aujourd'hui l'âme
humaine.
La question pratique devant laquelle nous
nous trouvons à présent est donc tout
simplement celle-ci : Par quels moyens
pourra-t-on faire saisir aux enfants les principes
en question ? Il n'y a rien là de
mystérieux, point de truc
pédagogique. Pour s'approcher de Dieu, il
n'y a qu'un seul chemin, c'est la
prière ; l'enfant est amené par
Dieu Lui-même à connaître ce
chemin et à comprendre la voix divine qui
lui parle dans ses recueillements. Le rôle
des parents et des éducateurs se borne au
fond à mettre l'enfant en mesure
d'écouter Dieu, sans qu'aucun obstacle
vienne s'interposer. C'est ce que j'ai
essayé d'indiquer dans les chapitres
précédents, en parlant de la
prière. C'est ce que je voudrais montrer
maintenant, en parlant du recueillement. Comment
diriger un recueillement ? Comment enseigner
aux enfants à se recueillir par
eux-mêmes, quand les parents ne sont plus
là ?
Il n'est pas besoin de donner beaucoup
d'explications sur le recueillement. La pratique de
la prière, telle que je l'ai décrite
dans le chapitre précédent,
voilà tout l'essentiel. La meilleure
manière d'enseigner le recueillement, c'est
de le pratiquer.
Comment le pratiquons-nous dans notre
École du dimanche, à l'Eglise du
Calvaire ? Je citerai là-dessus un
excellent rapport rédigé par une de
nos plus jeunes monitrices, et que nous proposons
maintenant à tous nos moniteurs et
monitrices, comme une recommandation
générale.
« Les enfants, en entrant à
l'école, babillent entre eux et viennent
dire bonjour à leurs monitrices ou à
leurs moniteurs. Les manteaux, les caoutchoucs,
tout ce qu'on doit quitter, tout cela doit
être suspendu ou posé hors de la
salle, bien en ordre et de manière qu'on
puisse aisément le retrouver. Il faut qu'on
laisse chaque enfant donner de ses nouvelles,
d'abord, si l'on ne veut pas que son attention se
disperse et vagabonde durant la leçon. Pour
ranger leurs effets et donner de leurs nouvelles,
il faut bien laisser aux enfants deux minutes au
minimum, et au maximum cinq minutes. Le moniteur ou
la monitrice alors, d'un ton aussi amical et aussi
affectueux que possible, dit à ses
élèves : « Voulez-vous
que « nous demandions à Dieu de
nous diriger dans la leçon
d'aujourd'hui ? Peut-être bien que Dieu
nous dira quelque chose dont nous pourrons faire
part aux autres. » Puis l'on doit rester
quelques moments en un silence absolu, les enfants
comme les moniteurs tous assis. Selon l'âge des
enfants et leur
degré de développement, ce silence
pourra durer entre une et dix minutes. Même
pour les enfants les plus avancés, cinq
minutes doit être en général le
maximum. Avec les tout jeunes enfants, il ne faut
guère dépasser deux minutes. Mais
remarquons bien que la durée d'un
recueillement ne peut pas être fixée
d'une façon invariable, même pour des
enfants. Tout dépend de leur aptitude
à la pensée religieuse, et aussi de
l'influence qu'exerce sur eux celui ou celle qui
les dirige.
Il faut terminer le recueillement par la
prière. À mesure que croîtra la
confiance et l'aspiration spirituelle, les enfants
s'enhardiront à prier eux-mêmes. Il
convient de les y encourager. Après la
prière, il faut ménager quelques
moments pour qu'on puisse échanger les
pensées venues durant le recueillement. Les
moniteurs et monitrices doivent eux-mêmes
faire part aux enfants des directions qu'ils ont
reçues. »
Le recueillement, pourvu qu'il soit
pratiqué en toute sincérité et
en toute simplicité, constitue le plus
précieux moyen pour atteindre le but
essentiel de toute école du dimanche :
apprendre aux enfants dès leurs
premières années à trouver
Dieu et à reconnaître Sa voix qui leur
indique leurs fautes et les dirige dans leur vie.
Ces manifestations de la vie religieuse chez leurs
petits élèves peuvent avoir par
contre-coup le plus heureux effet chez les
moniteurs eux-mêmes, touchés par la
simplicité et la franchise de ces âmes
enfantines.
Ce recueillement est évidemment le
trait le plus distinctif et le plus
caractéristique de notre École du dimanche. Il
importe avant
tout
qu'il soit absolument sincère, et ne
devienne pas une sorte de rite traditionnel, une
cérémonie vaine et sans effet. Sans
quoi il perdrait toute sa valeur.
Dans le partage qui suit le recueillement,
les parents ou les éducateurs ont une
précieuse occasion pour se rendre compte de
la manière dont Dieu dirige l'âme de
l'enfant, pour être à même de
redresser ses erreurs, pour l'aider à saisir
toutes les réalités spirituelles dont
il a déjà quelque intuition, et
à les formuler pour lui-même, dans les
mots qui lui sont familiers.
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