Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE X

LE RECUEILLEMENT

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Les principes fondamentaux du christianisme remontent au Christ lui-même. Ils sont dans les Évangiles. Les épîtres de Paul, de Pierre, de Jacques et de Jean en sont le développement et le commentaire. Dans toute l'histoire du christianisme, les plus authentiques disciples du Christ les ont affirmés et exposés à nouveau, avec les expressions et dans le langage les mieux appropriés à leur époque et aux hommes auxquels ils s'adressaient.

Dans les groupes d'Oxford, cette nouvelle Fraternité, nous avons nous aussi adopté certains termes qui nous ont paru les meilleurs pour formuler ces principes fondamentaux de la manière la plus concise et la plus exacte. Je ne me propose pas ici de définir ces termes ou de les justifier, mais je me contenterai de les énumérer. Ce sont en somme les principes de toute vraie éducation chrétienne ; mais il va sans dire que nous ne songeons pas à proposer ces termes eux-mêmes aux enfants, et nous croyons même que ce n'est pas du tout recommandable.

La conviction du péché, c'est le fait de nous rendre compte clairement de notre péché, c'est à dire de ce qui nous sépare de Dieu.

La confession de nos fautes, c'est le fait de les avouer sincèrement à Dieu, et à celui que nous avons offensé.
La réparation consiste à restituer ce que nous avons pris injustement, à réparer de notre mieux les fâcheuses conséquences de nos mauvaises actions.

La conversion, c'est le changement total de notre vie.
« Il faut que vous naissiez de nouveau », a dit le Christ.

Le partage, c'est le fait d'échanger fraternellement nos pensées avec tous ceux qui connaissent Dieu ou qui cherchent à le connaître.

L'abandon, c'est le fait de remettre entièrement à Dieu, avec un sentiment de gratitude, de respect et d'adoration, toute notre volonté, cette volonté qu'Il nous a donnée afin que nous puissions en user librement pour le bien et pour le mal. Avec notre volonté nous abandonnons à Dieu tout désir, toute pensée, toute action qui ne sont pas entièrement conformes au plan merveilleux qu'Il a pour chacun de nous.

La direction, c'est la voix de Dieu nous montrant ce que nous avons à faire. Nous l'entendons tout particulièrement durant le recueillement, quand toutes les barrières qui nous séparent de Dieu sont supprimées, et que notre volonté est entièrement soumise à Ses commandements.

Encore une fois je ne crois pas qu'il soit bon ou même possible de proposer ces termes à des enfants. Je ne les donne ici que pour les éducateurs, afin de bien marquer les réalités chrétiennes fondamentales sans lesquelles la vie spirituelle authentique ne saurait naître ni grandir, et grâce auxquelles la vie humaine prend un sens et une portée. Mais nous sommes prêts à soutenir et même à démontrer que si les enfants ne peuvent pas toujours comprendre les termes que je viens d'énumérer, du moins ils peuvent toujours saisir les principes eux-mêmes, et les mettre en pratique.

Cette affirmation a une très grande importance à mes yeux, car c'est par elle seule que je puis résoudre les trois problèmes que j'ai posés plus haut. C'est en croyant à cette possibilité que les parents et les éducateurs pourront mettre les enfants sur la bonne route, les amener à connaître Dieu et à vivre selon Dieu. C'est seulement ainsi qu'ils pourront former une génération nouvelle, qui triomphera des difficultés écrasantes sous lesquelles plie aujourd'hui l'âme humaine.

La question pratique devant laquelle nous nous trouvons à présent est donc tout simplement celle-ci : Par quels moyens pourra-t-on faire saisir aux enfants les principes en question ? Il n'y a rien là de mystérieux, point de truc pédagogique. Pour s'approcher de Dieu, il n'y a qu'un seul chemin, c'est la prière ; l'enfant est amené par Dieu Lui-même à connaître ce chemin et à comprendre la voix divine qui lui parle dans ses recueillements. Le rôle des parents et des éducateurs se borne au fond à mettre l'enfant en mesure d'écouter Dieu, sans qu'aucun obstacle vienne s'interposer. C'est ce que j'ai essayé d'indiquer dans les chapitres précédents, en parlant de la prière. C'est ce que je voudrais montrer maintenant, en parlant du recueillement. Comment diriger un recueillement ? Comment enseigner aux enfants à se recueillir par eux-mêmes, quand les parents ne sont plus là ?
Il n'est pas besoin de donner beaucoup d'explications sur le recueillement. La pratique de la prière, telle que je l'ai décrite dans le chapitre précédent, voilà tout l'essentiel. La meilleure manière d'enseigner le recueillement, c'est de le pratiquer.

Comment le pratiquons-nous dans notre École du dimanche, à l'Eglise du Calvaire ? Je citerai là-dessus un excellent rapport rédigé par une de nos plus jeunes monitrices, et que nous proposons maintenant à tous nos moniteurs et monitrices, comme une recommandation générale.

« Les enfants, en entrant à l'école, babillent entre eux et viennent dire bonjour à leurs monitrices ou à leurs moniteurs. Les manteaux, les caoutchoucs, tout ce qu'on doit quitter, tout cela doit être suspendu ou posé hors de la salle, bien en ordre et de manière qu'on puisse aisément le retrouver. Il faut qu'on laisse chaque enfant donner de ses nouvelles, d'abord, si l'on ne veut pas que son attention se disperse et vagabonde durant la leçon. Pour ranger leurs effets et donner de leurs nouvelles, il faut bien laisser aux enfants deux minutes au minimum, et au maximum cinq minutes. Le moniteur ou la monitrice alors, d'un ton aussi amical et aussi affectueux que possible, dit à ses élèves : « Voulez-vous que « nous demandions à Dieu de nous diriger dans la leçon d'aujourd'hui ? Peut-être bien que Dieu nous dira quelque chose dont nous pourrons faire part aux autres. » Puis l'on doit rester quelques moments en un silence absolu, les enfants comme les moniteurs tous assis. Selon l'âge des enfants et leur degré de développement, ce silence pourra durer entre une et dix minutes. Même pour les enfants les plus avancés, cinq minutes doit être en général le maximum. Avec les tout jeunes enfants, il ne faut guère dépasser deux minutes. Mais remarquons bien que la durée d'un recueillement ne peut pas être fixée d'une façon invariable, même pour des enfants. Tout dépend de leur aptitude à la pensée religieuse, et aussi de l'influence qu'exerce sur eux celui ou celle qui les dirige.

Il faut terminer le recueillement par la prière. À mesure que croîtra la confiance et l'aspiration spirituelle, les enfants s'enhardiront à prier eux-mêmes. Il convient de les y encourager. Après la prière, il faut ménager quelques moments pour qu'on puisse échanger les pensées venues durant le recueillement. Les moniteurs et monitrices doivent eux-mêmes faire part aux enfants des directions qu'ils ont reçues. »

Le recueillement, pourvu qu'il soit pratiqué en toute sincérité et en toute simplicité, constitue le plus précieux moyen pour atteindre le but essentiel de toute école du dimanche : apprendre aux enfants dès leurs premières années à trouver Dieu et à reconnaître Sa voix qui leur indique leurs fautes et les dirige dans leur vie. Ces manifestations de la vie religieuse chez leurs petits élèves peuvent avoir par contre-coup le plus heureux effet chez les moniteurs eux-mêmes, touchés par la simplicité et la franchise de ces âmes enfantines.

Ce recueillement est évidemment le trait le plus distinctif et le plus caractéristique de notre École du dimanche. Il importe avant tout qu'il soit absolument sincère, et ne devienne pas une sorte de rite traditionnel, une cérémonie vaine et sans effet. Sans quoi il perdrait toute sa valeur.

Dans le partage qui suit le recueillement, les parents ou les éducateurs ont une précieuse occasion pour se rendre compte de la manière dont Dieu dirige l'âme de l'enfant, pour être à même de redresser ses erreurs, pour l'aider à saisir toutes les réalités spirituelles dont il a déjà quelque intuition, et à les formuler pour lui-même, dans les mots qui lui sont familiers.

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