Je pense qu'on a saisi clairement mon
dessein. En racontant toutes les histoires qu'on
vient de lire, j'ai voulu réclamer pour tous
nos enfants une vie religieuse aussi libre, aussi
joyeuse, aussi naturelle que possible. J'ai voulu
amener les parents et les éducateurs
à s'ouvrir aussi complètement que
possible à l'égard des petits,
à « partager » avec eux
toute leur vie morale et spirituelle, à se
rendre compte enfin que les méthodes
pédagogiques les meilleures, que le plus
excellent matériel pédagogique,
peuvent aller à contre-fin et n'avoir que
des résultats déplorables, là
où manquent une vie chrétienne et une
foi chrétienne authentiques chez ceux qui
ont la tâche d'élever des enfants. On
dit volontiers dans les groupes d'Oxford :
« On ne peut pas donner ce qu'on n'a pas
soi-même. »
Il suit de là que la première
condition pour développer chez d'autres la
vie chrétienne, c'est de regarder d'abord en
soi-même, sérieusement et
honnêtement. Est-ce que vous recherchez
chaque jour, dans le silence, la direction de
Dieu ? Pouvez-vous dire, la tête haute,
que vous faites tout votre possible pour observer
fidèlement les quatre critères, la
droiture absolue, le désintéressement
absolu, la pureté absolue,
l'amour absolu ? Êtes-vous pleinement
décidé à marcher
dorénavant avec Dieu, et à surmonter
tous les obstacles par un abandon complet de votre
volonté à la volonté de
Dieu ?
Si vous pouvez, en toute
sincérité, déclarer cela,
alors vous ne pourrez jamais vous écarter
beaucoup du droit chemin, car Dieu non seulement
vous dirigera chaque jour, mais Il vous
éclairera dans toutes vos études et
vos recherches parmi les innombrables
traités, articles et livres qui ont rapport
à l'éducation religieuse. Si vous
n'acceptez pas de faire tout votre possible pour
incarner vous-même l'idéal spirituel
que vous proposez aux jeunes, ne vous
étonnez point si cet idéal leur
paraît faux et démodé.
La seconde condition que vous avez à
réaliser dans toute éducation
religieuse, c'est de donner à l'enfant des
fondements solides. Je n'entends pas par là
des cérémonies ecclésiastiques
quelles qu'elles soient, ni l'adhésion
à des dogmes quelconques. Je dis cela, bien
que je sois très attachée à
mon Église et très fermement
convaincue des vérités religieuses
auxquelles je crois. Mais j'ai toujours
constaté que ces deux moyens de grâce,
l'Eglise et les croyances, n'avaient de valeur
qu'en fonction des deux fondements
véritables sur lesquels reposent et la vie
morale et la foi religieuse. Quand ces deux
fondements ne sont pas ce qu'ils doivent
être, tout ce que l'on s'imagine
édifier en fait de vie religieuse
s'écroulera un jour et il faudra tout
rebâtir à nouveau.
Quels sont donc ces deux fondements ?
La prière et la Bible. La prière doit
être à la fois une demande et une attente :
parler à
Dieu, mais aussi L'écouter. L'étude
de la Bible, pour les tout petits, suppose d'une
part qu'on leur raconte des histoires, et d'autre
part qu'ils apprennent des versets par coeur.
Je ne crois pas qu'il soit nécessaire
de démontrer l'importance capitale de ces
deux fondements. Mais j'essayerai dans la seconde
partie de ce livre de donner là-dessus
quelques indications qui, je l'espère,
pourront être utiles aux parents et aux
éducateurs.
Chapitre précédent | Table des matières | Chapitre suivant |