Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE III

CE QUI PEUT RÉSULTER DE LA FOI D'UNE ENFANT

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L'enfant s'appelait Prue, et elle avait neuf ans. Ses parents étaient partis pour faire un voyage en Europe, et l'avaient laissée avec sa tante, qui était une fidèle chrétienne. Les enfants en général sont tout disposés à penser à Dieu et à Lui parler. Mais il faut que quelqu'un auprès d'eux leur donne l'exemple. Prue n'avait besoin que de cela : sa tante lui dit ce qu'elle croyait de tout son coeur, c'est à dire que Dieu a un plan pour le monde entier, mais aussi pour chacun de nous ; et que pour savoir ce que nous avons à faire il faut parler à Dieu, mais surtout se taire et le laisser parler. « Tu n'entendras pas une voix comme celle de papa ou de maman, mais Dieu te fera penser toi-même. » Tout naturellement, la petite Prue se mit à observer chaque matin son recueillement. Sans que personne le lui ait dit, on la vit arriver un jour avec un petit carnet « pour écouter Dieu, moi aussi ».

En revenant d'Europe, la mère fut ravie que sa petite fille ait commencé d'avoir une vie religieuse. Elle avait toujours désiré que ses enfants aient une foi religieuse, mais elle ne savait pas comment s'y prendre. Pendant tout un hiver, elle leur lisait chaque soir un passage de la Bible et leur faisait dire leur prière. Mais elle s'était aperçue qu'on ne peut pas, dans ce domaine, donner aux autres ce qu'on ne possède pas soi-même.

La mère, qui s'appelait elle-même Prue, essaya donc maintenant de parler à sa petite Prue. C'était en arrivant d'Europe ; sa vie n'avait pas encore été changée. La petite Prue demanda à sa mère ce qu'elle pensait de la direction de Dieu. La mère, après avoir réfléchi, lui répondit : « C'est notre conscience qui nous dit ce que nous devons faire. » L'enfant resta silencieuse un moment, puis elle dit : « Non, maman, je ne crois pas ; la conscience nous dit la différence entre le bien et le mal, mais il pourrait y avoir cinq ou six choses qui seraient bien, et la direction de Dieu nous dit exactement celle qu'il veut que nous fassions. »

« Je compris alors, me dit la mère, que pour partager la vie spirituelle de mon enfant, il me fallait, moi aussi, faire un nouveau départ. »

Buddy, le petit frère de Prue, a un an et demi de moins qu'elle. À l'âge de neuf ans, il accompagna ses parents à leur première house-party. Durant l'hiver précédent, il était allé demander à sa soeur comment se faisaient les recueillements, et il essayait lui aussi d'écouter Dieu. Mais ce n'était rien de bien sérieux, du moins jusqu'à la house-party. Là, il assista à des recueillements collectifs, et il fut impressionné de voir tous ces gens, et non seulement ceux de sa famille, faire silence pour écouter Dieu. Dans une réunion, il se leva et dit ce qui lui était venu dans le silence, une « direction » authentique. Le lendemain, il raconta ce que Dieu lui avait dit, dans un recueillement du matin avec sa soeur : « Ne ris pas des autres ; tu es aussi risible toi-même. »

Dans une conversation qu'il eut un peu plus tard avec ses parents, Buddy leur expliqua qu'autrefois il savait très bien que s'il faisait certaines choses et qu'on le découvrît, on le punissait ; et qu'on appelait cela mal agir. Comme aussi que d'autres choses qu'il faisait, on appelait cela bien agir. Mais ce que Dieu lui avait révélé dans son recueillement, c'est qu'il était libre de choisir entre le bien et le mal. Il ne s'en était jamais douté jusque-là.

Le père de famille, qui s'appelle George, n'était lui-même qu'un débutant dans la vie religieuse. Sa femme étant souffrante un soir, lui demanda de s'occuper des enfants et de leur faire dire leurs prières. Il alla les trouver, s'agenouilla entre ses deux mioches, l'un et l'autre à genoux, et comme il ne savait pas très bien ce qu'il fallait faire, il attendit que les enfants prennent les devants. Chacun d'eux pria à son tour. George était ahuri de voir comme ils parlaient librement à Dieu. Cela lui ouvrait des horizons nouveaux, car sur bien des points, il n'était encore qu'un païen. Après ces deux prières, ce fut le silence. George se demandait anxieusement ce qui allait arriver. Sa fillette le poussa du coude, et le garçon en fit autant. Et puis, à voix basse : « Papa, tu vas bien prier, toi aussi ? » Pour la première fois il pria à haute voix, poussé et contraint par la foi de ses deux petits.

L'été suivant Buddy partit pour aller dans un camp de vacances. Son père et sa mère se rendaient bien compte qu'ils devaient compter sur Dieu seul pour protéger sa vie spirituelle, car là où il allait personne ne s'en inquiéterait. Après trois semaines ils allèrent le voir, et la première chose qu'il leur demanda fut : « Est-ce que nous ne pourrions pas avoir ensemble un moment de recueillement ? » Quand il revint à la maison, ils apprirent que durant ces deux mois il avait eu chaque jour son recueillement, à l'exception d'un seul matin. Aussi son exemple avait tellement frappé ses camarades que ceux qui étaient sous la même tente s'étaient joints à son recueillement. C'était la seule tente dans le camp tout entier où tous les campeurs, chaque soir, s'agenouillaient ensemble pour prier.

L'été suivant, un troisième enfant de la même famille, le petit Freddy, âgé de cinq ans, fut aussi envoyé à un camp de vacances. La directrice s'informa, au bout de quinze jours, pour savoir quel était le mouvement religieux auquel cette famille se rattachait. Elle avait entendu parler par un de ses assistants des prières merveilleuses du petit Freddy. On lui demanda s'il ne voudrait pas faire une prière à haute voix, le dimanche, à l'église, durant le culte. Il dit que oui, pourvu qu'on lui permit de prier de sa place. Sa prière, toute simple et naïve, fit une grande impression sur tous les campeurs.

L'hiver suivant fut pour Buddy une période très difficile. Il dut changer d'école, et dans celle où il entrait l'un des maîtres était connu pour son mauvais caractère. Il prit Buddy en grippe. Les parents s'en inquiétaient et priaient à ce sujet. Ils offrirent même au jeune garçon de le mettre dans une autre école, mais il refusa, en disant qu'il voulait « tenir le coup ». Chaque matin, il cherchait la direction de Dieu pour son travail. Mais il semblait que malgré tous ses efforts, il ne parvenait pas à être bien noté. Il cherchait dans ses recueillements à organiser le mieux possible son travail. Ce fut long, mais il arriva au but. À la fin de l'année, le maître si sévère l'avait pris en estime.

Durant ce même hiver, sa soeur Prue traversait la phase difficile de l'adolescence. C'est l'âge, disait un fameux spécialiste, où l'enfant n'est ni chair ni poisson. Ce n'est plus un enfant, ce n'est pas un adulte. Il est très malaisé de les comprendre, ils ne se comprennent pas eux-mêmes. Mais si une mère peut gagner toute la confiance de sa fille dès le début, alors je ne crains rien pour le résultat final. Il n'y a pas de meilleur remède à mes yeux qu'un partage total et une communion parfaite.

Prue vint un soir trouver sa mère dans sa chambre, et lui dit qu'elle menait une vie en partie double. À la maison, elle vivait en chrétienne, dans un milieu tout chrétien. À l'école, dans un milieu tout mondain, elle oubliait la volonté de Dieu et ne pensait plus qu'à se mettre elle-même en avant. Elle voulait briller, être la plus en vue, et elle y parvenait. Mais au fond d'elle-même elle souffrait cruellement de cet état de choses : cette double vie lui était odieuse. Elle voulait arriver à vivre partout selon la volonté de Dieu. Elle se mit alors à genoux ; très simplement elle fit l'abandon à Dieu de sa volonté personnelle, et Lui demanda de la guider d'heure en heure, de moment en moment. Elle cherche maintenant à faire pénétrer Dieu dans la vie de ses compagnes, et l'influence qu'elle ambitionnait, elle l'a maintenant sans la chercher.

« Avec tout cela, concluent les parents, n'est-il pas naturel que devant les difficultés que nous rencontrons, l'habitude ait été prise dans notre famille de toujours recourir à Dieu ? »

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