Le titre d'Elim, qui sert à
désigner l'oeuvre fondée par M.
George Jeffreys, en tant qu'elle se distingue des
autres assemblées de Pentecôte, est
emprunté à l'Ancien Testament :
c'est le nom d'un oasis, où il y avait 12
sources d'eaux et 70 palmiers. Les
Israélites y arrivèrent après
avoir reçu de Dieu cette promesse :
« Je suis l'Éternel qui te
guérit. »
(Exode
15: 26-27).
Au sud-ouest de l'immense ville de Londres,
dans le paisible quartier de Clapham, se trouve le
quartier général du mouvement d'Elim.
N'allez pas vous imaginer des bureaux à
quelque étage d'un immeuble
enfiévré. Non. Séparé
de la large rue par la traditionnelle
barrière de bois, non loin d'un terrain de
jeux où viennent courir les enfants des
orphelinats de Spurgeon, s'étend un grand
parc : c’est Elim Woodlands. Au centre du
parc, un grand bâtiment, autrefois couvent
catholique, abrite le Collège où se
forment les futurs collaborateurs du
« Principal », c'est ainsi que
l'on appelle M. George Jeffreys. La vie
intérieure de cette école rappelle
celle de notre Maison des Missions de Paris ;
là vivent les étudiants, là
vont et viennent des hôtes de passage ;
plusieurs pasteurs non-mariés ont aussi leur
chambre, aux Woodlands. Sur le seuil vous
accueilleront la directrice, Miss Barbour, ancienne
missionnaire aux Indes, ou encore le directeur de
l'école biblique, le pasteur Corry, qui a
gardé de son temps de service comme
capitaine dans l'armée de Sa Majesté
en Mésopotamie durant la guerre, le pas
martial et une allure infatigable. Non loin de
là un petit chalet abrite les bureaux
où travaillent les lieutenants de M.
Jeffreys : M. Philips, le secrétaire
général, l'homme qui est toujours
dans les coulisses, qui doit penser à tout,
et qui garde un visage d'une douceur exquise ;
le pasteur Boulton, ancien officier de
l'Armée du Salut, auteur d'une biographie,
du Principal ; M. Joseph Smith, qui a
vécu dix ans en Amérique, dans les
affaires, avant de devenir pasteur ; M.
Hathaway, l'éditeur de la revue
hebdomadaire, qu'on appelle l'Evangel,
d'autres encore. Plus loin, toujours parmi les
massifs de fleurs du paisible parc, une autre
petite maison où logent M. Jeffreys et sa
« troupe revivaliste », quand
ils sont à Londres, ce qui n'arrive pas bien
souvent. Tout, dans ce paisible jardin, respire la
douceur et la paix. On se demande, en arrivant
là, si on se trouve vraiment au milieu de
ces gens qu'on croyait, d'après, certains
bruits, si exaltés et si sectaires.
Non loin des Woodlands, dans le même quartier
de Clapham, se dresse le Tabernacle, (car
les Elimites n'ont que des tentes sur la
terre : c'est, on le sait, ce que signifie
(Tabernacle), où M. Jeffreys commença
son oeuvre à Londres, au milieu des
quolibets et des pronostics fâcheux, qui lui
faisaient valoir qu'un revivalisme bon pour les
campagnes galloises ou irlandaises n'avaient aucune
chance de succès dans la capitale.
C'était en 1920. Le Tabernacle de Clapham
était alors une chapelle méthodiste
abandonnée et à demi en ruines ;
on dit que les évangélistes mirent
eux-mêmes la main à la truelle pour en
faire un lieu de réunions. Au début,
les auditoires furent pitoyablement petits. Une
dame, témoin de ces jours de lutte, m'a
raconté comment quelques amis ravitaillaient
les évangélistes sans ressources, qui
faisaient ménage dans une seule petite
chambre, près de leur chapelle. Elle me
dépeignait le désespoir comique de M.
Darragh, l'inséparable ami de George
Jeffreys, le jour où elle-même, prise
de compassion, lui apporta un beau morceau de
viande : il ne savait pas le faire
cuire ! Puis le Réveil éclata.
Aujourd'hui, deux à trois cents personnes se
réunissent au Tabernacle de Clapham deux
fois par dimanche et de nouveau deux soirs en
semaine. En douze ans, trente lieux de culte ont
été fondés ou rouverts dans la
région londonienne par M. Jeffreys.
Près du Tabernacle de Clapham, Elim
possède son imprimerie, pour
l'édition de la Revue et de livres de
Réveil. Quand vous la visitez, vous
remarquez que les ouvriers et employés
portent tous l'insigne ou la broche de forme
carrée, dont l'inscription glorifie
Jésus-Christ. Après vous avoir
expliqué en détail le fonctionnement
de la linotype où s'imprime l'Evangel,
l'ouvrier, homme, jeune à la figure ouverte,
vous serre la main en vous disant :
« Que Dieu vous bénisse, mon
frère ». Dans une rue voisine
encore, vous pouvez visiter la librairie d'Elim,
où s'étalent en devanture non
seulement les ouvrages de
« Pentecôte », mais ceux
de Spurgeon, de Moody, de Torrey et d'autres
célèbres docteurs ou
revivalistes.
La première impression que l'on ressent dans
ce milieu d'Elim est celle que nous avons
relevée, de douceur et de paix. Les Anglais
ont tous certes un sens très exquis de
l'hospitalité. Ici cependant vous sentez
quelque chose de plus, et qui émane d'une
joie spirituelle très profonde. Ensuite,
après quelque réflexion, on ressent
la surprise de la croissance extraordinaire de
cette oeuvre religieuse à Londres. Combattue
de tous côtés et par tous les moyens,
y compris la calomnie, entourée dans les
autres dénominations d'une vaste
conspiration du silence, elle a crû en douze
ans comme un arbre vigoureux qui serait sorti tout
d'un coup de terre. Quand on parcourt les
Woodlands, le Tabernacle, l'imprimerie, la
librairie, on peut à peine croire les
récits qui concernent la campagne initiale
de 1920 ! Quelles sont donc les
caractéristiques essentielles du mouvement
d'Elim ?
Le fondateur d'Elim.
Avant tout, il faut tenir compte de la forte
personnalité du
« Principal ». Gallois
d'origine, — parle l'anglais avec un
léger accent, — mêlé
très jeune au mouvement de Pentecôte
d'avant-guerre, George Jeffreys semble en avoir
senti très fortement les dangers. Deux
intuitions très simples, mais que l'on
appellerait géniales si l'on ne croyait pas
au Saint-Esprit, semblent avoir guidé
dès lors son activité.
1).
Tout d'abord
il a compris que les grâces de
Pentecôte si elles étaient
authentiques devaient s'accompagner d’une
très forte discipline de vie individuelle et
de vie ecclésiastique, et que cette
discipline ne pouvait être fondée que
sur la Bible.
Les brebis recevaient des dons surnaturels :
il fallait que le troupeau reçût des
bergers. Ainsi une doctrine des ministères,
conçus non point comme s'opposant aux
charismes (dons surnaturels), mais au contraire
comme nécessités par eux, s'appuyant
sur eux, et en même temps contrôlant
toute manifestation publique à la
lumière de la Parole écrite, est
à la base même de la pensée de
Jeffreys.
Ce point est d'une extraordinaire importance pour
nous. Car, quelque opinion qu'on puisse nourrir
à l'égard des Prophètes
cévenols, il est certain que la tradition
évangélique a été
sauvée par eux dans notre pays après
la Révocation de l'Édit de Nantes. La
partie faible du corps pastoral avait abjuré
et touchait les pensions de Louis XIV. Les pasteurs
fidèles avaient émigré. Ce
furent les charismes surnaturels, donnés
à d'humbles montagnards, qui maintinrent la
prédication de la grâce de
Jésus jusqu'à la restauration
d'Antoine Court. Les dons surnaturels
s'accompagnèrent d'excès et
d'extravagances. Mais ici, il faut souligner le
fait capital et le méditer longuement :
la doctrine d'Antoine Court a consisté
à éliminer complètement les
charismes, pour les remplacer par les
ministères reconstitués. Quelque
reconnaissance et quelque respect infini qu'on
doive à Court, et que je ne songe pas
à lui marchander pour ma part, on peut se
demander lequel, de lui ou de Jeffreys, est le plus
près de la Parole de Dieu ? Pas de dons
surnaturels, mais des
ministères : tel est le principe de
Court. Mais le revivaliste Gallois au
contraire : c'est parce qu'il y a des dons
qu'il doit y avoir aussi des
ministères. Les croyants remplis de l'Esprit
sont comme la matière sur laquelle
s'exercent les ministères, leur point
d'appui et leur raison d'être.
L'expérience de nos églises
réformées de France ne vient-elle pas
confirmer que, si les ministères excluent
les dons surnaturels des fidèles, ils
deviennent vite des têtes sans corps :
le ministère du pasteur protestant
français n'est-il pas devenu trop souvent le
ministère unique, à tout faire, le
contenu de toute religion, en face de Temples qui
se vident et de fidèles qui ne font
rien ? Tout le tragique problème de nos
Églises depuis plus de cent ans, tous les
efforts de Réveil, ne se ramènent-ils
pas à cette question centrale : nous
avons une ossature de ministères ; mais
comment rendre aux fidèles une participation
personnelle aux grâces du
Saint-Esprit ?
2).
Mais revenons à George. Jeffreys. Le second principe qui
semble avoir
dirigé sa vie, — et nous
parlons ici de principes doctrinaux avec une
extrême réserve, car Jeffreys est un
homme d'action plus qu'un théoricien, — est que si Dieu donne
réellement
aujourd'hui le baptême du Saint-Esprit comme
aux temps apostoliques, le but de cette pluie de
l’arrière-saison, est la conquête
des âmes à
Jésus-Christ.
Le Christ avait dit aux apôtres :
« Vous recevrez une puissance, et vous
serez mes témoins ». Il ne faut
rechercher dans les dons du Saint-Esprit aucune
jouissance personnelle, aucune culture
égoïste de la piété. Si
Dieu les donne, c'est pour les autres en vue de
l’édification du corps de Christ,
considéré comme une
réalité sans cesse grandissante et
conquérante. Voilà pourquoi le noyau
central du mouvement d'Elim, c'est le
« Revival Party », la troupe revivaliste, la
petite phalange qui,
autour de George Jeffreys et de Darragh, n'a pas
cessé, depuis 1915, de prêcher soir
après soir le message du salut et de la
conversion à Jésus-Christ.
Ce second point est aussi extrêmement
important pour notre Église de France, comme
pour toutes les Églises. Nous avons eu
tendance en effet à regarder le revivalisme comme une activité
de
seconde zone. Faute peut-être d'en saisir la
véritable nature, nous l'avons confondu soit
avec une étroitesse sectaire, soit avec un
emploi abusif de moyens psychiques, émotifs,
pour frapper les inconvertis.
La théologie comme la prédication
et le ministère qui découlent
d’elles, nous sont apparus d’une essence
supérieure, tandis que la conquête des
âmes dans les Réveils serait une sorte
d’activité un peu
dégénérée.
N'en est-on pas venu à ce petit travers
tellement stupéfiant, d'employer le terme
biblique d'évangéliste pour
désigner en langage ecclésiastique
protestant français, un pasteur qui n'a pas
fait d'études dans une Faculté de
théologie ? Certes, il est possible que
le revivalisme sans, le baptême du
Saint-Esprit soit condamné à
échouer sur l'écueil de la secte, ou
sur celui de l’émotivité
factice. Mais ici encore, George Jeffreys me
paraît avoir apporté de la
façon très simple qui est la sienne,
une solution biblique d'une clarté
lumineuse. L'évangélisation, la
conquête des âmes à
Jésus-Christ, est l’activité
suprême de l’Église, et elle doit
puiser sa force dans les dons surnaturels
départis à celle-ci. Tous les
dons de langues et de prophéties, tous les
dons de Foi jusqu'à faire des miracles, tous
les dons de connaissance (et la connaissance
surnaturelle est la base de la pensée
chrétienne) ne sont rien sans l'amour. Mais
l’amour chrétien, c'est le bon Berger
qui cherche sa brebis perdue, c’est le Fils de
l'homme qui est venu pour servir et pour donner sa
vie en rançon pour plusieurs. La pointe
vivante de l'Église son tranchant
effilé, sa vie la plus intense et la plus
précieuse, c’est son
évangélisation, son revivalisme. Et cela ne peut pas être
une activité de seconde zone, parce que tout
le reste, y compris plus particulièrement
les dons surnaturels du Saint-Esprit, a pour but
même la publication de la grâce, et le
salut des âmes. George Jeffreys ne rejoint-il
pas ici très exactement la pensée de
saint Paul, de qui toute la théologie s'est
forgée comme au coeur même d'une
oeuvre missionnaire brûlante du feu de
l'amour des âmes ?
On cherche à ranimer la
piété chrétienne par des
réformes liturgiques. Certes on
évite par ce moyen tout le scandale du
parler en langues par exemple. Mais peut-on
éviter, malgré qu'on en ait,
l'écueil d'une piété qui se
retourne toujours vers le Moi ? Ici encore il
faut, porter une profonde attention à la
solution que propose l'activité de Jeffreys
depuis 18 ans : le centre de la
piété, ce sont les âmes
à conquérir pour Christ ;
et, en vue de cette conquête, que
l’Église attende d'être
revêtue de la puissance d'En-haut, en sorte
que Dieu soit glorifié dans une
piété pleine, si l'on peut ainsi
dire, d'un amour dynamique.
Organisation des églises.
Après avoir parlé du fondateur
d'Elim, essayons de retracer quelque peu les
résultats qu'il a obtenus. Il y a en
Grande-Bretagne, d'après un propos de M.
Jeffreys lui-même, plus de deux cents
églises qui se rattachent à
l’organisation d'Elim. Jusqu'à
maintenant les hommes et l'argent, pour cette
formidable entreprise, ont été
donnés en réponse à la
prière. Il n'y a aucun comité, qui
patronne ou subventionne l'oeuvre. La direction est
assumée par Jeffreys lui-même, et ses
collaborateurs immédiats pour les affaires
importantes, par les pasteurs locaux pour la vie
quotidienne. Les conseils laïques ont un
rôle consultatif mais non
délibératif. Les nominations et
mutations de pasteurs sont faites par le centre.
Les pasteurs reçoivent un traitement fixe,
de manière à ce que l'excès
des recettes de chaque église soit
concentré au quartier général,
en vue des frais généraux, des
acquisitions d'immeubles et de l'oeuvre
missionnaire.
Les futurs pasteurs et
évangélistes doivent servir d'abord
deux ans comme prédicateurs laïques,
puis ils ont un cours de 6 mois au Collège
sous la direction de M. Corry et de M. Percy
Parker ; ensuite ils complètent leurs
études par des stages chez des pasteurs plus
anciens. Les principaux ouvrages
étudiés pendant les six mois
d'études théoriques sont : la
Bible (avec l'aide des Concordances et d'ouvrages
sur la Palestine), un Cours complet sur la Bible
publié par M. Parker, les Discours sur les
Réveils de Finney, et les Leçons de
Spurgeon à ses étudiants. Tandis que
le petit état-major de Londres,
assisté par des superintendants qui visitent
de larges districts, assume la direction de
l'oeuvre, George Jeffreys est toujours en route
pour des campagnes de, Réveil. Outre M.
Darragh, son compagnon de toujours, il est
accompagné actuellement d'un autre
évangéliste, M. Mac Wilder, d'un
jeune pianiste converti il y a cinq ans dans une
campagne à Brighton, M. Edsor, et d'un jeune
chauffeur de 18 ans, qui prêche aussi
à l'occasion, Frank Allen. Au début
de cette année 1932, la petite troupe
rouvrait la chapelle de Kensington, qui avait
appartenu, à Lady Huntington, la protectrice
de Whitefield et de Wesley, et y portait le feu du
Réveil. Depuis lors d'autres campagnes se
sont déroulées, dont une
particulièrement puissante à Dundee,
en Écosse, où l'on enregistra plus de
1.500 professions de conversions. Des
prosélytes de Dundee firent tout
exprès le long voyage de Londres pour
assister au grand rassemblement du Palais de
Cristal, le 30 juillet dernier.
Les Églises d'Elim sont organisées
très simplement. Pour en devenir membre, il
suffit de le demander et de faire profession
d'avoir reçu personnellement le salut qui
est en Jésus-Christ. On ne vous impose
aucune autre condition, théologique ou
pratique. Le pasteur vous donne la main
d'association et vous pouvez participer chaque
dimanche matin au service d'adoration et de
Sainte-Cène qui groupe toute l'Église
locale. Le dimanche soir, les fidèles se
réunissent de nouveau, en s'efforçant
d'amener le plus de monde possible à la
réunion, qui revêt le caractère
d'un appel à la conversion. La
prédication est l'annonce toute simple de
l'Évangile, telle qu'on peut l'entendre dans
n'importe quelle réunion de ce genre. Les
personnes qui veulent se donner à Dieu sont
invitées à le témoigner en
levant le bras, à leur place, tandis que la
communauté courbe la tête et prie.
Seul le prédicateur voit les personnes qui
prennent ainsi une décision. C'est de la
même manière que procède M.
Jeffreys dans ses campagnes pour établir un
premier contact avec les nouveaux convertis. Les
jeunes gens et jeunes filles des églises
d'Elim sont organisés en Unions de
« Croisés », et ils
orientent toute leur activité vers
l'évangélisation. Ils tiennent les
réunions en plein air dont les Anglais sont
si familiers, vont chanter et témoigner dans
les autres centres d'Elim.
Le mardi soir, une réunion de prière
groupe de nouveau l'Église dans le Temple.
On ne manque pas de prier pour le Principal et sa
troupe, pour la campagne de Réveil en cours.
Il est émouvant de penser à ce
faisceau de deux cents groupements de convertis
dont la prière s'unit pour porter
l'évangéliste qui est sur la
brèche, et dont les triomphes doivent
être dus en grande partie à cette
fidèle intercession.
Le jeudi, en général, nouvelle
réunion ; là sont exposés
les principes de la vie spirituelle, la
sanctification, le baptême du Saint-Esprit,
toujours sous la forme d'études
bibliques.
Les points de doctrine auxquels le mouvement tient
spécialement sont mis en lumière dans
ces réunions : le baptême par
immersion, point sur lequel M. Jeffreys
suit les principes baptistes, et recommande le
baptême après la conversion,
même pour les personnes qui ont
été baptisées par aspersion
à leur naissance ; la
guérison divine pour les
croyants, par la prière de la foi,
accompagnée éventuellement de
l'onction d'huile ; la pratique
régulière du don minimum de la
dîme de tous les revenus ; enfin le baptême
dans le Saint-Esprit
et les charismes surnaturels. Toutes ces choses
sont expliquées, prêchées,
proposées mais non imposées. Ceux qui
sont convaincus de la vérité du
baptême par immersion le demandent, et des
services sont célébrés de
temps en temps. Mais, sur tous ces points, encore
une fois, rien d'obligatoire. Par exemple, il n'y a
aucune « organisation »
financière, aucune cotisation fixe, en
dehors des collectes et des offrandes
volontaires.
Les dons surnaturels.
Quelle place tiennent dans ces Églises les
dons surnaturels ?
Tout d'abord, M. Jeffreys qui semble avoir un don
réel de guérison, impose les mains
aux malades dans les campagnes de Réveil. Il
n'a pas organisé, à ma connaissance,
de système de contrôle médical
comme à Lourdes, et c'est une chose qu'on
lui reproche quelquefois. M. Jeffreys
répondrait sûrement que ce
contrôle n'est pas dans la Bible et que
l'apôtre Paul ne semble pas avoir fait appel
à Luc le médecin bien-aimé,
pour ce travail qui eût pourtant
été de sa compétence. Quoi
qu'il en soit, j'ai pu m'entretenir longuement avec
des personnes bien portantes qui ont la conviction,
partagée par leur entourage, d'avoir
été l'objet de véritables
miracles de guérison. Outre cette imposition
des mains, les pasteurs pratiquent l'onction
d'huile aux malades membres de leurs
églises, et les communautés
s'associent dans les réunions de
prière à l'intercession en faveur de
ceux qui souffrent.
Les dons d'expression surnaturelle.
C'est-à-dire la prophétie, le parler
en langues et l'interprétation, se
manifestent (sans que ce soit une règle
absolue) dans les cultes d'adoration du dimanche
matin et dans les réunions de prière.
Leur exercice est entièrement soumis
à l'observation des règles bibliques.
Par exemple, s'il en est qui parlent en langues,
que ce soit deux ou, trois tout au plus, et que
quelqu'un interprète, sinon qu'on se taise
dans l'Église. Beaucoup de personnes que le
parler en langues effraie, sont plus
clémentes à l'égard de la
prophétie. Cependant les trois dons ont
exactement le même caractère
surnaturel : dans les trois cas, les
inspirés disent que l'Esprit s'empare de
leur esprit et de leurs organes de parole, en sorte
qu'ils ne parlent plus d'eux-mêmes, mais par
l'Esprit. Dans le cas de la prophétie, tout
le monde comprend le message ; dans celui des
langues, Dieu seul comprend ce qu'Il inspire ;
mais l'interprétation est une
prophétie que l'on admet, par un acte de
foi, devoir correspondre au sens du message qui
vient d'être donné en langue inconnue.
De la sorte, le parler en langues, plus
l'interprétation qui en est
inséparable dans, l'Église,
équivaut au don de prophétie, et tous
les dons d'expression surnaturelle se
ramènent à ce dernier.
La prophétie a pour but d'exhorter, de
consoler et d'édifier les âmes
présentes. Elle est une sorte de
prédication, de message, directement et
surnaturellement inspiré. Elle n'a pas de
caractère infaillible, pas d'autorité
indépendante de la Parole écrite.
Elle ne doit pas être mise par écrit,
elle ne doit pas être utilisée pour
diriger la conduite dans les rencontres ordinaires
de la vie. Toute cette discipline est soigneusement
enseignée et observée, selon le
principe fondamental de M. Jeffreys concernant les
ministères.
Nous nous sommes arrêtés longuement
sur le mouvement d'Elim parce que, ayant
été en contact personnel avec lui,
nous avons voulu donner des impressions
vécues et pas seulement des renseignements
de seconde main. Mais nous ne voudrions pas donner
l'impression que le mouvement d'Elim est le seul
fruit du Réveil de Pentecôte en
Grande-Bretagne.
Les Assemblées de Dieu, que nous avons
vues de moins près, semblent constituer un
mouvement puissant et florissant. Elles ont
exactement les mêmes principes qu'Elim, sauf
sur un point : leur organisation est beaucoup
moins centralisée. Les Églises
locales sont plus indépendantes, et elles
sont autonomes financièrement. À la
tête de leur Comité directeur, se
trouve actuellement M. Howard Carter, qui travaille
avec beaucoup d'amour, à maintenir une
discipline analogue à celle que nous venons
de décrire pour Elim. Les Assemblées
ont des Missions en pays païen beaucoup plus
nombreuses que celles d'Elim. Un de leurs
théologiens, M. Donald Gee, pasteur
honoraire d'Edimbourg, voyage dans le monde entier
pour visiter les Assemblées de
Pentecôte, et il semble que la forme plus
congrégationaliste d'assemblées,
unies par un lien spirituel plutôt que par
une organisation serrée, tende à
prévaloir dans tous les pays, plutôt
que la forme plus hiérarchisée
d'Elim. Au point de vue doctrinal, l'union d'esprit
entre Elim et les autres assemblées est
complète. Elle s'exprime par l'emploi commun
et quasi-universel du mot Foursquare, si
difficile à rendre en notre langue, et
auquel nous allons consacrer notre prochain
chapitre.
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