Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE IV

Elim.

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Le titre d'Elim, qui sert à désigner l'oeuvre fondée par M. George Jeffreys, en tant qu'elle se distingue des autres assemblées de Pentecôte, est emprunté à l'Ancien Testament : c'est le nom d'un oasis, où il y avait 12 sources d'eaux et 70 palmiers. Les Israélites y arrivèrent après avoir reçu de Dieu cette promesse : « Je suis l'Éternel qui te guérit. » (Exode 15: 26-27).

Au sud-ouest de l'immense ville de Londres, dans le paisible quartier de Clapham, se trouve le quartier général du mouvement d'Elim. N'allez pas vous imaginer des bureaux à quelque étage d'un immeuble enfiévré. Non. Séparé de la large rue par la traditionnelle barrière de bois, non loin d'un terrain de jeux où viennent courir les enfants des orphelinats de Spurgeon, s'étend un grand parc : c’est Elim Woodlands. Au centre du parc, un grand bâtiment, autrefois couvent catholique, abrite le Collège où se forment les futurs collaborateurs du « Principal », c'est ainsi que l'on appelle M. George Jeffreys. La vie intérieure de cette école rappelle celle de notre Maison des Missions de Paris ; là vivent les étudiants, là vont et viennent des hôtes de passage ; plusieurs pasteurs non-mariés ont aussi leur chambre, aux Woodlands. Sur le seuil vous accueilleront la directrice, Miss Barbour, ancienne missionnaire aux Indes, ou encore le directeur de l'école biblique, le pasteur Corry, qui a gardé de son temps de service comme capitaine dans l'armée de Sa Majesté en Mésopotamie durant la guerre, le pas martial et une allure infatigable. Non loin de là un petit chalet abrite les bureaux où travaillent les lieutenants de M. Jeffreys : M. Philips, le secrétaire général, l'homme qui est toujours dans les coulisses, qui doit penser à tout, et qui garde un visage d'une douceur exquise ; le pasteur Boulton, ancien officier de l'Armée du Salut, auteur d'une biographie, du Principal ; M. Joseph Smith, qui a vécu dix ans en Amérique, dans les affaires, avant de devenir pasteur ; M. Hathaway, l'éditeur de la revue hebdomadaire, qu'on appelle l'Evangel, d'autres encore. Plus loin, toujours parmi les massifs de fleurs du paisible parc, une autre petite maison où logent M. Jeffreys et sa « troupe revivaliste », quand ils sont à Londres, ce qui n'arrive pas bien souvent. Tout, dans ce paisible jardin, respire la douceur et la paix. On se demande, en arrivant là, si on se trouve vraiment au milieu de ces gens qu'on croyait, d'après, certains bruits, si exaltés et si sectaires.

Non loin des Woodlands, dans le même quartier de Clapham, se dresse le Tabernacle, (car les Elimites n'ont que des tentes sur la terre : c'est, on le sait, ce que signifie (Tabernacle), où M. Jeffreys commença son oeuvre à Londres, au milieu des quolibets et des pronostics fâcheux, qui lui faisaient valoir qu'un revivalisme bon pour les campagnes galloises ou irlandaises n'avaient aucune chance de succès dans la capitale. C'était en 1920. Le Tabernacle de Clapham était alors une chapelle méthodiste abandonnée et à demi en ruines ; on dit que les évangélistes mirent eux-mêmes la main à la truelle pour en faire un lieu de réunions. Au début, les auditoires furent pitoyablement petits. Une dame, témoin de ces jours de lutte, m'a raconté comment quelques amis ravitaillaient les évangélistes sans ressources, qui faisaient ménage dans une seule petite chambre, près de leur chapelle. Elle me dépeignait le désespoir comique de M. Darragh, l'inséparable ami de George Jeffreys, le jour où elle-même, prise de compassion, lui apporta un beau morceau de viande : il ne savait pas le faire cuire ! Puis le Réveil éclata. Aujourd'hui, deux à trois cents personnes se réunissent au Tabernacle de Clapham deux fois par dimanche et de nouveau deux soirs en semaine. En douze ans, trente lieux de culte ont été fondés ou rouverts dans la région londonienne par M. Jeffreys.

Près du Tabernacle de Clapham, Elim possède son imprimerie, pour l'édition de la Revue et de livres de Réveil. Quand vous la visitez, vous remarquez que les ouvriers et employés portent tous l'insigne ou la broche de forme carrée, dont l'inscription glorifie Jésus-Christ. Après vous avoir expliqué en détail le fonctionnement de la linotype où s'imprime l'Evangel, l'ouvrier, homme, jeune à la figure ouverte, vous serre la main en vous disant : « Que Dieu vous bénisse, mon frère ». Dans une rue voisine encore, vous pouvez visiter la librairie d'Elim, où s'étalent en devanture non seulement les ouvrages de « Pentecôte », mais ceux de Spurgeon, de Moody, de Torrey et d'autres célèbres docteurs ou revivalistes.
La première impression que l'on ressent dans ce milieu d'Elim est celle que nous avons relevée, de douceur et de paix. Les Anglais ont tous certes un sens très exquis de l'hospitalité. Ici cependant vous sentez quelque chose de plus, et qui émane d'une joie spirituelle très profonde. Ensuite, après quelque réflexion, on ressent la surprise de la croissance extraordinaire de cette oeuvre religieuse à Londres. Combattue de tous côtés et par tous les moyens, y compris la calomnie, entourée dans les autres dénominations d'une vaste conspiration du silence, elle a crû en douze ans comme un arbre vigoureux qui serait sorti tout d'un coup de terre. Quand on parcourt les Woodlands, le Tabernacle, l'imprimerie, la librairie, on peut à peine croire les récits qui concernent la campagne initiale de 1920 ! Quelles sont donc les caractéristiques essentielles du mouvement d'Elim ?



Le fondateur d'Elim.

Avant tout, il faut tenir compte de la forte personnalité du « Principal ». Gallois d'origine, — parle l'anglais avec un léger accent, — mêlé très jeune au mouvement de Pentecôte d'avant-guerre, George Jeffreys semble en avoir senti très fortement les dangers. Deux intuitions très simples, mais que l'on appellerait géniales si l'on ne croyait pas au Saint-Esprit, semblent avoir guidé dès lors son activité.

1). Tout d'abord il a compris que les grâces de Pentecôte si elles étaient authentiques devaient s'accompagner d’une très forte discipline de vie individuelle et de vie ecclésiastique, et que cette discipline ne pouvait être fondée que sur la Bible.
Les brebis recevaient des dons surnaturels : il fallait que le troupeau reçût des bergers. Ainsi une doctrine des ministères, conçus non point comme s'opposant aux charismes (dons surnaturels), mais au contraire comme nécessités par eux, s'appuyant sur eux, et en même temps contrôlant toute manifestation publique à la lumière de la Parole écrite, est à la base même de la pensée de Jeffreys.
Ce point est d'une extraordinaire importance pour nous. Car, quelque opinion qu'on puisse nourrir à l'égard des Prophètes cévenols, il est certain que la tradition évangélique a été sauvée par eux dans notre pays après la Révocation de l'Édit de Nantes. La partie faible du corps pastoral avait abjuré et touchait les pensions de Louis XIV. Les pasteurs fidèles avaient émigré. Ce furent les charismes surnaturels, donnés à d'humbles montagnards, qui maintinrent la prédication de la grâce de Jésus jusqu'à la restauration d'Antoine Court. Les dons surnaturels s'accompagnèrent d'excès et d'extravagances. Mais ici, il faut souligner le fait capital et le méditer longuement : la doctrine d'Antoine Court a consisté à éliminer complètement les charismes, pour les remplacer par les ministères reconstitués. Quelque reconnaissance et quelque respect infini qu'on doive à Court, et que je ne songe pas à lui marchander pour ma part, on peut se demander lequel, de lui ou de Jeffreys, est le plus près de la Parole de Dieu ? Pas de dons surnaturels, mais des ministères : tel est le principe de Court. Mais le revivaliste Gallois au contraire : c'est parce qu'il y a des dons qu'il doit y avoir aussi des ministères. Les croyants remplis de l'Esprit sont comme la matière sur laquelle s'exercent les ministères, leur point d'appui et leur raison d'être. L'expérience de nos églises réformées de France ne vient-elle pas confirmer que, si les ministères excluent les dons surnaturels des fidèles, ils deviennent vite des têtes sans corps : le ministère du pasteur protestant français n'est-il pas devenu trop souvent le ministère unique, à tout faire, le contenu de toute religion, en face de Temples qui se vident et de fidèles qui ne font rien ? Tout le tragique problème de nos Églises depuis plus de cent ans, tous les efforts de Réveil, ne se ramènent-ils pas à cette question centrale : nous avons une ossature de ministères ; mais comment rendre aux fidèles une participation personnelle aux grâces du Saint-Esprit ?

2). Mais revenons à George. Jeffreys. Le second principe qui semble avoir dirigé sa vie, — et nous parlons ici de principes doctrinaux avec une extrême réserve, car Jeffreys est un homme d'action plus qu'un théoricien, — est que si Dieu donne réellement aujourd'hui le baptême du Saint-Esprit comme aux temps apostoliques, le but de cette pluie de l’arrière-saison, est la conquête des âmes à Jésus-Christ.
Le Christ avait dit aux apôtres : « Vous recevrez une puissance, et vous serez mes témoins ». Il ne faut rechercher dans les dons du Saint-Esprit aucune jouissance personnelle, aucune culture égoïste de la piété. Si Dieu les donne, c'est pour les autres en vue de l’édification du corps de Christ, considéré comme une réalité sans cesse grandissante et conquérante. Voilà pourquoi le noyau central du mouvement d'Elim, c'est le « Revival Party », la troupe revivaliste, la petite phalange qui, autour de George Jeffreys et de Darragh, n'a pas cessé, depuis 1915, de prêcher soir après soir le message du salut et de la conversion à Jésus-Christ.

Ce second point est aussi extrêmement important pour notre Église de France, comme pour toutes les Églises. Nous avons eu tendance en effet à regarder le revivalisme comme une activité de seconde zone. Faute peut-être d'en saisir la véritable nature, nous l'avons confondu soit avec une étroitesse sectaire, soit avec un emploi abusif de moyens psychiques, émotifs, pour frapper les inconvertis.

La théologie comme la prédication et le ministère qui découlent d’elles, nous sont apparus d’une essence supérieure, tandis que la conquête des âmes dans les Réveils serait une sorte d’activité un peu dégénérée.
N'en est-on pas venu à ce petit travers tellement stupéfiant, d'employer le terme biblique d'évangéliste pour désigner en langage ecclésiastique protestant français, un pasteur qui n'a pas fait d'études dans une Faculté de théologie ? Certes, il est possible que le revivalisme sans, le baptême du Saint-Esprit soit condamné à échouer sur l'écueil de la secte, ou sur celui de l’émotivité factice. Mais ici encore, George Jeffreys me paraît avoir apporté de la façon très simple qui est la sienne, une solution biblique d'une clarté lumineuse. L'évangélisation, la conquête des âmes à Jésus-Christ, est l’activité suprême de l’Église, et elle doit puiser sa force dans les dons surnaturels départis à celle-ci. Tous les dons de langues et de prophéties, tous les dons de Foi jusqu'à faire des miracles, tous les dons de connaissance (et la connaissance surnaturelle est la base de la pensée chrétienne) ne sont rien sans l'amour. Mais l’amour chrétien, c'est le bon Berger qui cherche sa brebis perdue, c’est le Fils de l'homme qui est venu pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs. La pointe vivante de l'Église son tranchant effilé, sa vie la plus intense et la plus précieuse, c’est son évangélisation, son revivalisme. Et cela ne peut pas être une activité de seconde zone, parce que tout le reste, y compris plus particulièrement les dons surnaturels du Saint-Esprit, a pour but même la publication de la grâce, et le salut des âmes. George Jeffreys ne rejoint-il pas ici très exactement la pensée de saint Paul, de qui toute la théologie s'est forgée comme au coeur même d'une oeuvre missionnaire brûlante du feu de l'amour des âmes ?

On cherche à ranimer la piété chrétienne par des réformes liturgiques. Certes on évite par ce moyen tout le scandale du parler en langues par exemple. Mais peut-on éviter, malgré qu'on en ait, l'écueil d'une piété qui se retourne toujours vers le Moi ? Ici encore il faut, porter une profonde attention à la solution que propose l'activité de Jeffreys depuis 18 ans : le centre de la piété, ce sont les âmes à conquérir pour Christ ; et, en vue de cette conquête, que l’Église attende d'être revêtue de la puissance d'En-haut, en sorte que Dieu soit glorifié dans une piété pleine, si l'on peut ainsi dire, d'un amour dynamique.

Organisation des églises.
Après avoir parlé du fondateur d'Elim, essayons de retracer quelque peu les résultats qu'il a obtenus. Il y a en Grande-Bretagne, d'après un propos de M. Jeffreys lui-même, plus de deux cents églises qui se rattachent à l’organisation d'Elim. Jusqu'à maintenant les hommes et l'argent, pour cette formidable entreprise, ont été donnés en réponse à la prière. Il n'y a aucun comité, qui patronne ou subventionne l'oeuvre. La direction est assumée par Jeffreys lui-même, et ses collaborateurs immédiats pour les affaires importantes, par les pasteurs locaux pour la vie quotidienne. Les conseils laïques ont un rôle consultatif mais non délibératif. Les nominations et mutations de pasteurs sont faites par le centre. Les pasteurs reçoivent un traitement fixe, de manière à ce que l'excès des recettes de chaque église soit concentré au quartier général, en vue des frais généraux, des acquisitions d'immeubles et de l'oeuvre missionnaire.
Les futurs pasteurs et évangélistes doivent servir d'abord deux ans comme prédicateurs laïques, puis ils ont un cours de 6 mois au Collège sous la direction de M. Corry et de M. Percy Parker ; ensuite ils complètent leurs études par des stages chez des pasteurs plus anciens. Les principaux ouvrages étudiés pendant les six mois d'études théoriques sont : la Bible (avec l'aide des Concordances et d'ouvrages sur la Palestine), un Cours complet sur la Bible publié par M. Parker, les Discours sur les Réveils de Finney, et les Leçons de Spurgeon à ses étudiants. Tandis que le petit état-major de Londres, assisté par des superintendants qui visitent de larges districts, assume la direction de l'oeuvre, George Jeffreys est toujours en route pour des campagnes de, Réveil. Outre M. Darragh, son compagnon de toujours, il est accompagné actuellement d'un autre évangéliste, M. Mac Wilder, d'un jeune pianiste converti il y a cinq ans dans une campagne à Brighton, M. Edsor, et d'un jeune chauffeur de 18 ans, qui prêche aussi à l'occasion, Frank Allen. Au début de cette année 1932, la petite troupe rouvrait la chapelle de Kensington, qui avait appartenu, à Lady Huntington, la protectrice de Whitefield et de Wesley, et y portait le feu du Réveil. Depuis lors d'autres campagnes se sont déroulées, dont une particulièrement puissante à Dundee, en Écosse, où l'on enregistra plus de 1.500 professions de conversions. Des prosélytes de Dundee firent tout exprès le long voyage de Londres pour assister au grand rassemblement du Palais de Cristal, le 30 juillet dernier.

Les Églises d'Elim sont organisées très simplement. Pour en devenir membre, il suffit de le demander et de faire profession d'avoir reçu personnellement le salut qui est en Jésus-Christ. On ne vous impose aucune autre condition, théologique ou pratique. Le pasteur vous donne la main d'association et vous pouvez participer chaque dimanche matin au service d'adoration et de Sainte-Cène qui groupe toute l'Église locale. Le dimanche soir, les fidèles se réunissent de nouveau, en s'efforçant d'amener le plus de monde possible à la réunion, qui revêt le caractère d'un appel à la conversion. La prédication est l'annonce toute simple de l'Évangile, telle qu'on peut l'entendre dans n'importe quelle réunion de ce genre. Les personnes qui veulent se donner à Dieu sont invitées à le témoigner en levant le bras, à leur place, tandis que la communauté courbe la tête et prie. Seul le prédicateur voit les personnes qui prennent ainsi une décision. C'est de la même manière que procède M. Jeffreys dans ses campagnes pour établir un premier contact avec les nouveaux convertis. Les jeunes gens et jeunes filles des églises d'Elim sont organisés en Unions de « Croisés », et ils orientent toute leur activité vers l'évangélisation. Ils tiennent les réunions en plein air dont les Anglais sont si familiers, vont chanter et témoigner dans les autres centres d'Elim.

Le mardi soir, une réunion de prière groupe de nouveau l'Église dans le Temple. On ne manque pas de prier pour le Principal et sa troupe, pour la campagne de Réveil en cours. Il est émouvant de penser à ce faisceau de deux cents groupements de convertis dont la prière s'unit pour porter l'évangéliste qui est sur la brèche, et dont les triomphes doivent être dus en grande partie à cette fidèle intercession.
Le jeudi, en général, nouvelle réunion ; là sont exposés les principes de la vie spirituelle, la sanctification, le baptême du Saint-Esprit, toujours sous la forme d'études bibliques.

Les points de doctrine auxquels le mouvement tient spécialement sont mis en lumière dans ces réunions : le baptême par immersion, point sur lequel M. Jeffreys suit les principes baptistes, et recommande le baptême après la conversion, même pour les personnes qui ont été baptisées par aspersion à leur naissance ; la guérison divine pour les croyants, par la prière de la foi, accompagnée éventuellement de l'onction d'huile ; la pratique régulière du don minimum de la dîme de tous les revenus ; enfin le baptême dans le Saint-Esprit et les charismes surnaturels. Toutes ces choses sont expliquées, prêchées, proposées mais non imposées. Ceux qui sont convaincus de la vérité du baptême par immersion le demandent, et des services sont célébrés de temps en temps. Mais, sur tous ces points, encore une fois, rien d'obligatoire. Par exemple, il n'y a aucune « organisation » financière, aucune cotisation fixe, en dehors des collectes et des offrandes volontaires.

Les dons surnaturels.
Quelle place tiennent dans ces Églises les dons surnaturels ?
Tout d'abord, M. Jeffreys qui semble avoir un don réel de guérison, impose les mains aux malades dans les campagnes de Réveil. Il n'a pas organisé, à ma connaissance, de système de contrôle médical comme à Lourdes, et c'est une chose qu'on lui reproche quelquefois. M. Jeffreys répondrait sûrement que ce contrôle n'est pas dans la Bible et que l'apôtre Paul ne semble pas avoir fait appel à Luc le médecin bien-aimé, pour ce travail qui eût pourtant été de sa compétence. Quoi qu'il en soit, j'ai pu m'entretenir longuement avec des personnes bien portantes qui ont la conviction, partagée par leur entourage, d'avoir été l'objet de véritables miracles de guérison. Outre cette imposition des mains, les pasteurs pratiquent l'onction d'huile aux malades membres de leurs églises, et les communautés s'associent dans les réunions de prière à l'intercession en faveur de ceux qui souffrent.

Les dons d'expression surnaturelle.
C'est-à-dire la prophétie, le parler en langues et l'interprétation, se manifestent (sans que ce soit une règle absolue) dans les cultes d'adoration du dimanche matin et dans les réunions de prière. Leur exercice est entièrement soumis à l'observation des règles bibliques. Par exemple, s'il en est qui parlent en langues, que ce soit deux ou, trois tout au plus, et que quelqu'un interprète, sinon qu'on se taise dans l'Église. Beaucoup de personnes que le parler en langues effraie, sont plus clémentes à l'égard de la prophétie. Cependant les trois dons ont exactement le même caractère surnaturel : dans les trois cas, les inspirés disent que l'Esprit s'empare de leur esprit et de leurs organes de parole, en sorte qu'ils ne parlent plus d'eux-mêmes, mais par l'Esprit. Dans le cas de la prophétie, tout le monde comprend le message ; dans celui des langues, Dieu seul comprend ce qu'Il inspire ; mais l'interprétation est une prophétie que l'on admet, par un acte de foi, devoir correspondre au sens du message qui vient d'être donné en langue inconnue. De la sorte, le parler en langues, plus l'interprétation qui en est inséparable dans, l'Église, équivaut au don de prophétie, et tous les dons d'expression surnaturelle se ramènent à ce dernier.

La prophétie a pour but d'exhorter, de consoler et d'édifier les âmes présentes. Elle est une sorte de prédication, de message, directement et surnaturellement inspiré. Elle n'a pas de caractère infaillible, pas d'autorité indépendante de la Parole écrite. Elle ne doit pas être mise par écrit, elle ne doit pas être utilisée pour diriger la conduite dans les rencontres ordinaires de la vie. Toute cette discipline est soigneusement enseignée et observée, selon le principe fondamental de M. Jeffreys concernant les ministères.

Nous nous sommes arrêtés longuement sur le mouvement d'Elim parce que, ayant été en contact personnel avec lui, nous avons voulu donner des impressions vécues et pas seulement des renseignements de seconde main. Mais nous ne voudrions pas donner l'impression que le mouvement d'Elim est le seul fruit du Réveil de Pentecôte en Grande-Bretagne.

Les Assemblées de Dieu
, que nous avons vues de moins près, semblent constituer un mouvement puissant et florissant. Elles ont exactement les mêmes principes qu'Elim, sauf sur un point : leur organisation est beaucoup moins centralisée. Les Églises locales sont plus indépendantes, et elles sont autonomes financièrement. À la tête de leur Comité directeur, se trouve actuellement M. Howard Carter, qui travaille avec beaucoup d'amour, à maintenir une discipline analogue à celle que nous venons de décrire pour Elim. Les Assemblées ont des Missions en pays païen beaucoup plus nombreuses que celles d'Elim. Un de leurs théologiens, M. Donald Gee, pasteur honoraire d'Edimbourg, voyage dans le monde entier pour visiter les Assemblées de Pentecôte, et il semble que la forme plus congrégationaliste d'assemblées, unies par un lien spirituel plutôt que par une organisation serrée, tende à prévaloir dans tous les pays, plutôt que la forme plus hiérarchisée d'Elim. Au point de vue doctrinal, l'union d'esprit entre Elim et les autres assemblées est complète. Elle s'exprime par l'emploi commun et quasi-universel du mot Foursquare, si difficile à rendre en notre langue, et auquel nous allons consacrer notre prochain chapitre.

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