Nous avons relevé le caractère
spontané, et en quelque sorte universel, des
origines du réveil de Pentecôte. Le
mouvement s'est développé depuis dans
des conditions analogues. Il n'a Il n’a
toujours pas de centre unique, ni de chef. Certes,
il y a eu des serviteurs de Dieu qui ont
été employés d’une
manière toute particulière dans la
diffusion du message, mais la liberté
souveraine de l’Esprit demeure au premier
plan. On n’assiste pas à
l’exécution d’un projet humain,
mais à un développement organique.
Mentionnons simplement quelques étapes.
Aux États-Unis même, des
Assemblées de Pentecôte assez
nombreuses se sont formées. Un de leurs
principaux chefs est M. Stanley Frodsham qui a
composé un ouvrage détaillé
sur l'histoire du mouvement.
En Grande-Bretagne, les nouvelles
reçues dès 1906 du mouvement
d'Amérique, provoquèrent un
redoublement d'ardeur, suivi des manifestations de
Pentecôte. M. T.-B. Barratt est intimement
associé au développement du
réveil dans les Îles Britanniques et
en Scandinavie. Pasteur méthodiste à
Christiana (Oslo), en Norvège, il se rendit
en 1906 aux États-Unis pour une
tournée de collectes. Son voyage
échoua à cet égard. Mais il
fut mis en rapport avec des chrétiens
baptisés du Saint-Esprit et revint en Europe
avec une expérience chrétienne
renouvelée. Le berceau, en quelque sorte, du
mouvement en Grande-Bretagne fut la ville de
Sunderland. Un témoin de ces débuts
écrit :
« Le pasteur Boddy, de
l’Église Anglicane, entendit parler du
réveil de Pentecôte qui avait
éclaté en Norvège ; il se
rendit dans ce pays et fut convaincu que les
manifestations de Pentecôte étaient
une visitation de Dieu à son peuple. En
septembre 1907, durant une visite du pasteur
Barratt, de Norvège, le Saint-Esprit
commença de descendre à Sunderland.
Les premières ondées de la pluie de
l'arrière-saison devinrent une puissante
'effusion en 1908... À Sunderland, le petit
ruisseau. devint une grande rivière qui
atteignit Lytham, Preston, Bradford, et diverses
villes du Pays de Galles, d'Écosse et de
l'Irlande. Des milliers furent baptisés dans
le Saint-Esprit, parlèrent de nouvelles
langues et glorifièrent le Seigneur qui
n'avait fait aucune différence entre eux et
les 120 chrétiens dont parle le chapitre
2 du livre des Actes.
(Nelson Parr, cité par Frodsham, dans With signs following, p. 89).
Au début, on chercha à
entraîner l'Église anglicane tout
entière dans le mouvement. Mais une forte
opposition prévalut, et les chrétiens
baptisés dans le Saint-Esprit
commencèrent de former des Assemblées
séparées. Vers 1914 on voit poindre
dans ces Assemblées la puissante
personnalité de George Jeffreys qui devait
bientôt devenir le chef d'un Réveil de
Pentecôte, très puissant aujourd'hui.
Nous consacrerons notre prochain chapitre à
son oeuvre.
Les Assemblées d'Angleterre se
montrèrent dès le début
animées d'un grand zèle missionnaire.
Sans avoir de, Société de Missions,
les Églises de Pentecôte envoient
leurs missionnaires jusque dans les contrées
les plus, lointaines, et ceux-ci gardent le contact
le plus étroit avec les chrétiens qui
prient pour eux et subviennent à leurs
frais. Le même fait caractérise le
mouvement de Pentecôte qui est très
florissant dans les pays scandinaves, Suède,
Norvège, Finlande.. C'est ainsi que des
missionnaires baptisés du Saint-Esprit sont
répandus dans toutes les parties du monde,
au Congo belge, au Transvaal, en Chine, au Japon,
au Mexique, aux Indes, etc. Nous avons
nous-mêmes rencontré à Londres
une jeune fille finlandaise qui, après avoir
suivi les cours d'une école biblique, se
disposait à partir seule pour la Chine,
soutenue par les prières et les subsides de
l'Église dans laquelle elle s'était
convertie à Jésus-Christ.
L'union étroite établie entre la
vie de l'église locale,
l'évangélisation et la mission,
est un des traits les plus caractéristiques
du mouvement de Pentecôte dans les pays que
nous venons de mentionner. Cette union se traduit
d'une manière très heureuse dans la
composition même de la revue mensuelle que
publient les Assemblées de Dieu en
Grande-Bretagne sous le titre de Redemption
Tidings (Nouvelles de la Rédemption). La
revue contient des articles d'édification et
de spiritualité, mais les pages centrales
sont consacrées à la publication des
lettres reçues des missions lointaines, de
Chine, des Indes ou du Mexique. Puis Les
dernières pages contiennent les nouvelles
des réunions d'appel qui se tiennent dans le
pays, les annonces relatives aux nouvelles
campagnes à entreprendre. Les groupements de
chrétiens sont ainsi maintenus dans une
atmosphère constante de conquête et de
réveil. Nous avons parlé de
Redemption Tidings. La même remarque
s'appliquerait à l'Elim Evangel, le
journal du mouvement de George Jeffreys, avec cette
réserve que l'évangélisation
des Îles Britanniques y tient une beaucoup
plus grande place, et les missions lointaines une
place moindre.
En Scandinavie, nous l'avons dit, le
réveil est florissant. Une des
caractéristiques du mouvement, surtout en
Suède, est que, à côté
des assemblées nouvelles qui forment comme
une nouvelle dénomination, il y a un
réveil analogue, avec le baptême du
Saint-Esprit, dans de nombreuses églises
appartenant aux anciennes dénominations,
principalement les baptistes. M. Donald Gee, un
pasteur et théologien anglais, qui est
regardé comme un des docteurs du mouvement,
a visité récemment la Finlande, et y
a trouvé des chrétiens
affiliés à ce Réveil au nombre
de plus de 10.000. M. Barratt fut naturellement
l'initiateur de l'oeuvre dans les pays
scandinaves ; en Suède, elle eut
à sa tête dès le début,
le pasteur Lewi Pethrus, de Stockholm.
Au sujet de la Russie, M. Donald Gee
écrit :
« Un frère du nom de Varonaeff,
qui avait une situation confortable aux
États-Unis, fut sensible aux besoins de ses
compatriotes d'origine, et il quitta New-York pour
la Bulgarie, d'où il se rendit à
Odessa. Il envoya de là des nouvelles d'une
grande « Convention » de
Pentecôte qui se tint en octobre 1927, et il
annonça qu'il y avait plus de trois cents
églises ou groupes dans la Russie des
Soviets, et que plus de cent prédicateurs ou
délégués s'étaient
rendus à la rencontre d'Odessa. Il y avait,
disait-il, un travail de Pentecôte à
Moscou et à Leningrad. Depuis lors la
persécution religieuse a commencé en
Russie, et il est très difficile de rester
en contact avec cette oeuvre. On a appris par
Madame Varonaeff que son mari avait
été déporté en
Sibérie ; mais qu'elle-même,
aidée de quelques autres, s'efforce de
conserver à l'oeuvre son
organisation.. » (Redemption
Tidings, octobre 1932).
Nous ne pouvons pas mentionner tous les pays
où l'oeuvre s'est étendue, encore
moins tracer l'histoire de ces mouvements. Nous ne
pouvons cependant passer sous silence les
réelles victoires remportées dans
l'Amérique latine. La plupart des
États ont été touchés,
et le nombre des convertis, tous d'origine
catholique naturellement, égale souvent et
dépasse quelquefois ce qui a pu être
obtenu jusqu'ici par les autres oeuvres
protestantes. En Europe, le message du
Réveil de Pentecôte a
pénétré dans presque tous les
pays. En dehors de la Grande-Bretagne et des pays
scandinaves cependant, aucun résultat de
grande envergure n'a été atteint
jusqu'à ce jour.
La France et la Belgique possèdent
depuis janvier 1930 des évangélistes
de Pentecôte, M. et Madame Douglas Scott,
originaires des environs de Londres. L'attention
n'a guère été attirée
sur eux dans les milieux protestants que depuis
janvier 1932, date à laquelle ils
prêtèrent leur concours à un
pasteur de Privas (Ardèche) pour une
campagne de Réveil. Jusque-là, M.
Scott, que viennent entourer l'un après
l'autre des collaborateurs de France, de Belgique
ou de Suisse, avait fondé des
assemblées de Pentecôte,
composées de prosélytes d'origine
catholique. La plus importante de ces
assemblées se trouve au Havre :
d’autres sont en voie de progression à
Rouen, à Liévin, à Calais,
à Lyon. En Belgique, on a vu se reproduire
le même fait qu'en Suède : une
église déjà existante
(dirigée par le pasteur H. de Worm) a
accepté le message du baptême, du
Saint-Esprit. Il est certain que le travail de M.
Scott, plus que tout récit concernant les
autres pays, a attiré l'attention de
beaucoup de protestants de langue française
sur la question des dons spirituels. Quelques
membres des églises protestantes se sont
engagés, personnellement dans ces voies en
apparence nouvelles, d'autres cherchent, d'autres
s'interrogent. C'est surtout pour essayer
d'éclairer le sujet dans l'esprit de nos
coreligionnaires que nous avons composé
cette brochure. Mais avant de parler de la valeur
des principes et des expériences que le
mouvement de Pentecôte met en lumière,
nous voudrions parler en détail du mouvement
d'Elim, que nous avons pu approcher personnellement
d'assez près.
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