Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE II

Origine du Réveil de Pentecôte.

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Le Réveil du Pays de Galles, qui avait éclaté d'une manière si merveilleuse à l'automne de 1904, s'était arrêté presque subitement quelques mois après. Il avait provoqué dans la chrétienté évangélique un grand frémissement de joie et d'espoir. Ce réveil religieux s'était produit en ce point particulier du globe, à un moment où beaucoup d'âmes chrétiennes soupiraient après un renouveau, au sein d'églises assez froides dans leur ensemble. Aussi l'arrêt du grand mouvement, qui s'est plus ou moins identifié avec le nom d'Evan Roberts, s'il produisit une certaine déception, ne fit qu'augmenter chez plusieurs la soif d'un Réveil mondial. Les dernières années du 19° siècle et les premières du 20e seraient extrêmement intéressantes à étudier en détail à ce point de vue. Il semble que, tandis que le Prince de ce monde préparait la plus terrible des guerres, l'Esprit de Dieu s'efforçait de susciter, chez les croyants, une foi suffisante pour provoquer le plus beau des Réveils.

C'est dans ces conditions que l'on commença d'entendre parler, vers cette époque, de chrétiens qui auraient reçu un baptême du Saint-Esprit, ressemblant à celui que reçurent les Apôtres le jour de la Pentecôte. Dans le réveil du Pays de Galles lui-même, les effets surnaturels du Saint-Esprit furent puissamment manifestés. Evan Roberts avait commencé la série de ses réunions triomphales après avoir reçu un extraordinaire baptême du Saint-Esprit. Il n'était pas le seul à connaître cet aspect généralement ignorée de l'expérience chrétienne. L'évangéliste américain Torrey, qui était en Angleterre à la même époque, avait cherché et obtenu longtemps auparavant le baptême de puissance, auquel il rend témoignage dans son beau livre sur La Personne et l'oeuvre du Saint-Esprit (The person and work of the Holy Spirit, by R. A. Torrey).
Il est donc difficile de marquer un point précis qui serait à proprement parler l’origine du mouvement, dit Pentecôte. Quand on remonte dans le passé, on le voit rejoindre les grands réveils antérieurs par toute une série de ramifications plus ou moins secrètes, ignorées de l’histoire ecclésiastique officielle, mais qui n'en sont pas moins réelles. On ne peut donc pas dire non plus que le réveil actuel soit né en un endroit plutôt qu'en un autre. Toutefois, tout le monde s'accorde pour attribuer une importance particulière à une réunion mémorable, qui eut lieu à Los-Angeles, en Californie, le 9 avril 1906. Cette réunion fut l'aboutissant de réunions de prières tenues dans cette ville, pendant des mois et des mois, pour demander le réveil de la chrétienté.
Un pasteur baptiste, M. Smale, avait été un des animateurs de ces réunions de prières. Il était allé au Pays de Galles pendant le réveil, et il était revenu avec la flamme de l'Esprit. Une autre personnalité marquante de ces réunions de réveil fut un homme de couleur, un noir, nommé W.-J. Seymour, qui avait été évangéliste dans le Texas. Bref, le 9 avril 1906, le surnaturel se manifesta au milieu d'eux. Un homme qui a participé à cette réunion, M. Frank Bartleman écrivait récemment à ce sujet :

« Le 9 avril 1906, les prières incessantes reçurent une réponse. L'Esprit fut de nouveau répandu comme au jour de la Pentecôte. Plusieurs personnes parlèrent en langues et interprétèrent ; d'autres eurent des visions ou d'autres dons de l'Esprit. Ce fut une libération. La réunion fut bientôt obligée de chercher un local plus, grand ; ils rouvrirent une vieille église méthodiste abandonnée au 312 Azusa Street, et Dieu commença d'y manifester les miracles du 20e siècle et une restauration de la Pentecôte. Le feu se répandit rapidement ; les nouvelles volèrent vers toutes les parties du monde, comme sur les ailes du vent... Des croyants et des ouvriers de réveil commencèrent à arriver de tous les coins de la terre. Oh ! ce furent des jours glorieux. Les réunions se poursuivaient jour et nuit, presque sans arrêt. Le péché était dénoncé avec une force terrifiante. Plusieurs reçurent une puissante onction de l'Esprit et repartirent, vers leurs pays respectifs, porteurs du glorieux message du salut ». (Elim Evangel., 19 mai 1932).
Des faits du même genre se passèrent à la même époque dans les missions protestantes aux Indes. Il ne nous a pas été possible, jusqu'ici, de savoir s'il y eut ou non une influence de personnes ayant été à Los-Angeles. Nous avons rencontré une dame missionnaire, Miss Ching, qui, mise en contact avec les chrétiennes hindoues qui avaient le don des langues, reçut elle-même le baptême du Saint-Esprit en 1907, ne sachant pas que des expériences analogues eussent déjà été données à d'autres Européens. Quoi qu'il en soit, le réveil très puissant qu'il y eut aux Indes eut son centre dans l'oeuvre fondée par une femme hindoue, Pandita Ramabaï, en rapport avec des missions américaines issues du mouvement de A.-B. Simpson. On sait que le mouvement des disciples du Seigneur à Madagascar, qui ressemble de si près au réveil de Pentecôte, se développait à peu près à la même époque.


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Avant d'aller plus loin, il sera bon de présenter une ou deux remarques.

1- Apparente étrangeté des dons surnaturels.

Il est évident que le réveil en question est lié dès son origine à des faits surnaturels qui paraissent très étranges au premier abord. On connaît bien le parler en langues d'après les textes des Écritures (chap. 16 de l'Évangile de Marc, chap. 2, 10, 19 des Actes des Apôtres, chap. 12 à 14 de la 1ère Épître aux Corinthiens). Les théologiens avaient même baptisé ce fait d’un nom savant : la glossolalie. On savait aussi que des phénomènes analogues peuvent se produire chez certains médiums spirites. Dans l’Église chrétienne, nulle trace aujourd’hui du parler en langues, nul intérêt pour de pareilles choses. Les uns pensent peut-être que l'Église primitive fut l'objet de démonstrations plus ou moins anormales, qui rentreraient dans les phénomènes étudiés aujourd'hui par les psychologues. D'autres seraient disposés à y voir des manifestations authentiques du Saint-Esprit, mais perdues une fois pour toutes. En général, l'annonce d'une effusion de l'Esprit, accompagnée du parler en langues, tend à provoquer le doute ou l'opposition.

Telle ne devrait pas être l'attitude du croyant en présence des faits que nous venons de rapporter. Pour qui croit à la Parole de Dieu, il n'est as possible de voir dans les dons que possédaient les chrétiens du 1er siècle des phénomènes psychologiques de nature plus ou moins inférieure. C’est au contraire, une règle d’interprétation biblique, que, ce que Dieu a fait une fois pour les serviteurs et les saints dont la vie figure dans les Écritures, Dieu est disposé à le refaire pour tous les membres de l’Église de son Fils, selon la mesure de Foi qui est départie à chacun par sa volonté souveraine. Si les apôtres ont parlé en langues, c'est comme ils nous le disent, sous l'action directe de Dieu lui-même en la personne du Saint-Esprit. Leur expérience de communion avec Dieu à ce moment dut être sublime. Si Dieu redonnait aujourd’hui une communion spirituelle avec Lui, laquelle s'accompagnât du parler en langues, ce serait une grâce tellement merveilleuse pour nous, qu'il y aurait tout lieu, non point de mépriser ce don, mais de louer et de glorifier le nom du Seigneur. Toute la question est de savoir si les faits sont exacts et s'ils sont de Dieu. Ne nous laissons donc pas arrêter au début par l'étrangeté apparente de ce réveil ; la suite nous montrera ce que, nous devons en penser.

2- Le Réveil de Pentecôte n'a pas de fondateur.

Il y a une autre remarque que nous voudrions faire avant d'aller plus loin. C'est qu'il est impossible de dire que le réveil de Pentecôte soit l’œuvre particulière d’un homme. W.-J. Seymour, qui avait pris une part si active aux réunions de Los-Angeles, ne reçut le baptême du Saint-Esprit que trois jours après les autres, et il ne devint jamais un chef du mouvement. Le Réveil de Pentecôte n’est pas une théorie qui se serait formée dans l’esprit d’un théologien, d’un évangéliste, voire d’un hérésiarque. Le parler en langues n’était pas recherché quand il a été reçu. Il n’y eut à l'origine aucune théorie nouvelle, aucun pentecôtisme ; ce mot même que l'on a forgé, et qui est si fâcheux, montre tout de même bien ce que nous voulons dire, ici. Au début du darbysme il y a eu un homme, Darby ; au début du réveil que nous étudions il y a eu... une Pentecôte. Les faits et les réalités religieuses précèdent ici les doctrines. Comme dans tous tes grands mouvements de réveil chrétiens. Que l'on songe que ces réalités religieuses ont été manifestées, sans intervention d'aucun docteur ou fondateur de secte, en des points aussi divers du globe que la Californie et les Indes, on se verra obligé d'écarter aussi l'idée qu'il s'agirait de phénomènes d'émotions collectives. Il semble qu'une influence beaucoup plus haute s'exerce : celle de Dieu même ou bien quelqu'autre ! Nous voilà replacés devant la même question que tout à l'heure : les faits sont-ils authentiques, sont-ils de Dieu ?

3- Le Réveil de Pentecôte doit-il être rejeté parce qu'il est né loin de nous ?

Quelques-uns enfin, se scandalisent de ce que les origines du mouvement présentent d'un peu exotique. Si encore Los-Angeles était sur la côte Est des États-Unis ! Mais la ville est sur les bords du Pacifique, Et voilà, dès le début, un noir qui prie dans ce réveil. On nous parle des Indes, des femmes hindoues. Le christianisme traditionnel ne risque-t-il pas d'être dévoyé par des courants que ne dirigent point des esprits latins ? Là encore, il faut prendre garde de ne pas se laisser aller à cette première impression. Il est probable que nous vivons dans le temps d'un réveil mondial de l'Église, comme nous vivons si évidemment dans le temps d'une révolte mondiale des hommes contre Dieu. Comme il est beau, alors, de voir qu'aux yeux de notre Père, aujourd'hui comme autrefois, il n'y a plus ni Grecs, ni Juifs, ni barbares, ni Scythes, ni esclaves, ni libres ; mais Christ est tout et en tous. Si nous prenons au sérieux l'oeuvre des Missions, nous ne pouvons classer dans une catégorie spirituelle inférieure le frère de couleur qui a reçu Jésus pour son Sauveur.
De plus, rien n'empêche qu'un réveil qui se manifesterait dans diverses couches sociales ou ethniques trouve des penseurs et des chefs dans les Églises de l'Occident. Les gens les plus pauvres et les moins influents ont, de tous temps, été les premiers à recevoir les plus grandes grâces chrétiennes. Il a toujours plu à Dieu qui choisit les choses faibles pour confondre les fortes de faire entrer les petits et les ignorants un peu avant les autres, dans la plénitude de ses grâces.


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