Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

La puissance magique de l'influence.




 Si les hommes subissent l'influence des événements, combien plus subiront-ils l'influence des personnes. Aucun individu ne peut en rencontrer un autre dans la rue sans le marquer d'une empreinte. Nous disons que nous échangeons des mots dans nos conversations ; ce que nous échangeons ce sont nos âmes ; et lorsque les rapports sont intimes et fréquents, cet échange devient si complet, que des fragments de l'une des âmes commencent à apparaître d'une manière évidente dans la nature de l'autre âme, et cette dernière ne peut se soustraire au sentiment d'une dette toujours grandissante.

Qui n'a été témoin de ce mystérieux rapprochement des âmes ? Qui n'a contemplé deux êtres descendant le chemin de la vie, la main dans la main, pénétrés l'un par l'autre d'une telle confiance et d'une telle joie, que leurs visages portaient la même expression. Ce n'étaient plus deux âmes, mais bien une âme double. Il n'importait auquel des deux vous adressiez la parole ; parler à l'un, c'était parler à l'autre ; entendre l'un, c'était entendre l'autre. Un demi-siècle d'influence réciproque avait agi sur eux ; ils avaient été changés en la même image.

C'est par la loi de l'influence que nous devenons pareils à ceux que nous admirons constamment. Ces deux êtres étaient devenus semblables, parce qu'ils s'admiraient habituellement. Cette loi préside au développement tout entier de la littérature, de l'histoire et de la biographie. Les hommes sans exception sont les mosaïques d'autres hommes. Il y avait un parfum de David sur Jonathan et un parfum de Jonathan sur David. Jean Valjean, dans le chef-d'oeuvre de Victor Hugo, était devenu le portrait de l'évêque Bienvenu ressuscité des morts. La métempsychose est un fait acquis. La vérité exposée par Georges Eliot dans ses écrits, c'est que les hommes et les femmes créent les hommes et les femmes. La famille, ce berceau de l'humanité, n'a point de sens, s'il n'en est pas ainsi. La société elle-même n'est qu'un centre de ralliement, où ces forces toutes-puissantes accomplissent leur oeuvre. En un mot c'est sur le dogme de l'influence que s'élève la vaste pyramide de l'humanité.

Mais c'est à saint Paul qu'il était réservé de faire l'application suprême de la loi de l'influence. La conséquence en était redoutable, mais il n'hésita pas un instant. Lui-même était un homme changé ; il savait exactement ce qui avait produit ce changement en lui: c'était Jésus-Christ.
Tous deux s'étaient rencontrés sur le chemin de Damas et dès cette heure-là sa vie fut absorbée dans la sienne. Les effets devaient nécessairement suivre la cause et se manifester dans ses paroles, dans ses actes, dans sa carrière, dans ses croyances. Les « forces agissantes » accomplirent leur oeuvre de vie. Saint Paul devint pareil à celui qu'il aimait habituellement. « Nous tous, écrit-il. reflétant comme un miroir la gloire de Christ, nous sommes changés en la même image. »

Rien ne pourrait être plus simple, plus intelligible, Plus naturel et en même temps plus surnaturel. Un fait analogue se produit dans la vie de tous les jours. Puisque nous sommes ce que nous sommes par les empreintes de ceux qui nous entourent, ceux qui s'entourent des empreintes les plus nobles seront changés en de nobles natures. Il existe tels hommes et telles femmes dans la compagnie desquels nous paraissons toujours à notre grand avantage. Auprès d'eux nous ne pouvons avoir des pensées mesquines ni prononcer des paroles vulgaires. On respire en leur présence comme un souffle d'élévation, de pureté et de sainteté. Tout ce qu'il y a de meilleur en nous est réveillé par leur contact et dans notre âme nous entendons une musique dont les sons nous étaient autrefois inconnus.

Admettons que cette influence-là puisse s'exercer sur nous pendant un mois, une année, l'espace d'une vie entière, quelle transformation ne pourrait pas s'opérer dans notre existence ! Oui, même ici-bas, dans les conditions ordinaires de la vie, on rencontre des êtres parlant notre langue, parcourant nos rues, travaillant à nos côtés et qui sont capables de sanctifier les âmes. Dans des vases d'argile, ils portent un trésor céleste et possèdent une puissance de régénération qui rayonne même au travers de l'enveloppe terrestre.

Si le contact d'hommes, chez lesquels se trouve diluée au millionième degré la vertu suprême, est capable d'exalter et de purifier notre nature, quelles limites pourraient être posées à l'influence de Christ ? Quiconque a vécu avec Socrate - à visage découvert - a dû devenir un homme sage, avec Aristide, un homme juste, avec saint François d'Assise, un homme débonnaire, avec Savonarole, un homme fort.

Quiconque a vécu avec Christ a dû devenir pareil à Christ, c'est-à-dire un chrétien.

Et c'est un fait que la vie avec Christ a produit ce résultat. Elle l'a produit en saint Paul et, pendant la vie terrestre de Christ, nous en voyons une preuve plus étonnante encore. Quelques hommes incultes, étrangers à tout élément spirituel et à toute inspiration supérieure, furent admis dans la sphère intime de son amitié. Immédiatement la transformation commença.

Nous voyons les premiers disciples se développer pour ainsi dire de jour en jour. C'est d'abord un reflet léger et superficiel de son caractère qui les effleure, et, dans de rares occasions, ils prononcent une parole ou accomplissent un acte qu'ils n'auraient jamais prononcée ou accompli s'ils n'avaient pas vécu dans cette atmosphère. Peu à peu le charme de sa vie pénètre plus profondément en eux. L'une après l'autre, toutes les couches de leur être sont conquises, réchauffées, subjuguées, sanctifiées. Leurs manières deviennent plus douces, leur langage plus noble, leur conduite moins égoïste. Pareils aux hirondelles qui ont trouvé l'été, aux bourgeons gelés que le souffle du printemps dilate, ils sentent leur nature altérée s'épanouir en une vie plus pleine et plus riche. Sans savoir comment cela s'est fait, ils sont des hommes nouveaux.

Un jour les voilà qui se surprennent allant, comme leur Maître, de lieu en lieu, faisant le bien. Les mobiles de ce changement leur échappent, mais ils ne peuvent agir autrement. lis n'obéissent pas à des ordres explicites, mais à une inspiration spontanée. Cependant ceux qui les observent savent bien comment expliquer leur conduite.
« Ils ont été avec Jésus, » se disent-ils tout bas.

La marque et le sceau de son caractère sont déjà imprimés sur eux. « Ils ont été avec Jésus. » Phénomène sans exemple ! Ces pauvres pêcheurs devaient éveiller dans l'esprit d'autres hommes la pensée de Christ ! Victoire merveilleuse et mystère de régénération ! Des hommes mortels devaient suggérer au monde la pensée de Dieu, leur révéler Dieu même !

N'est-ce pas un langage émouvant que le langage des contemporains de Christ et spécialement de saint Jean, quand ils parlent de son influence. Jean vivait dans une admiration journalière de son Maître. Il était subjugué, transporté, ravi, transfiguré. À ses yeux, subir son influence et rester le même était une impossibilité. « Celui qui demeure en lui ne pèche plus, » dit-il. Il était aussi incapable de se représenter cet homme commettant un péché que de se représenter un morceau de glace restant intact sous les rayons d'un soleil brûlant ou l'obscurité persistant en plein midi. Si quelqu'un péchait, c'était tout simplement pour Jean la preuve qu'il n'avait pas rencontré Christ. « Quiconque pèche, dit-il, ne l'a point vu et ne l'a point connu. » Le péché était anéanti en sa présence, ses racines se desséchaient ; ses enchantements et sa victoire avaient pris fin pour jamais.

On objectera sans doute que ces gens-là étaient des contemporains de Christ. Vivant chaque jour et tout le jour avec lui, ils subissaient naturellement son influence. Mais nous, comment pouvons-nous refléter ce que nous n'avons jamais vu ? Comment ce résultat surprenant peut-il être produit par un souvenir, par la plus sobre de toutes les biographies, par un être qui vécut et mourut il y a dix-huit cents ans ? Comment les hommes de notre époque peuvent-ils faire de Christ, du Christ absent, leur plus constant compagnon ?

Mais, c'est que l'amitié est une chose spirituelle. Elle est indépendante de la matière, de l'espace et du temps. Ce qui, dans mon ami, exerce sur moi une influence, ce n'est pas son corps, c'est son esprit. Et cependant quel ineffable privilège que d'avoir vécu dans ce temps-là !

Quand je relis cette histoire que j'aime
D'un Dieu vivant et mourant ici-bas,
Offrant à tous la paix, ce bien suprême,
Et recevant les enfants dans ses bras,
 
J'aurais voulu contempler son visage,
Sentir sa main sur mon front se poser,
Suivre ses pas de village en village,
Et, comme Jean, sur son sein reposer.

Si Christ devait revenir sur la terre, peu d'entre nous sans doute auraient la chance de le voir. Dans ce petit pays de l'Angleterre, des milliers de sujets n'ont jamais vu leur propre reine. De même si Christ était ici-bas, des millions de ses disciples n'arriveraient pas à la portée de Sa voix.

Nos relations avec Dieu, comme toutes les vraies relations, sont une communion spirituelle. C'est là le caractère de l'amour et de l'amitié, qu'ils soient humains ou divins, d'être un fait essentiellement spirituel.

L'influence de Christ ne s'exerça fortement, même sur ses disciples, que lorsqu'il fut remonté au ciel. Ainsi donc la circonstance que nous n'avons pas été en contact visible avec lui ne nous empêche pas réellement de refléter son caractère.

J'ai connu une jeune fille dont l'exquise perfection morale faisait l'admiration de tous ceux qui la connaissaient. Elle portait à son cou un médaillon en or qu'elle ne permettait à personne d'ouvrir. Un jour, dans un moment d'abandon inaccoutumé, elle autorisa une de ses compagnes à presser le ressort et à apprendre ainsi son secret. L'amie lut ces mots : « Celui que j'aime sans l'avoir jamais vu. » Tel était le secret de son admirable vie. Elle avait été changée en la même image.

Ce n'est pas d'imitation qu'il s'agit ici, mais de quelque chose de beaucoup plus profond. Remarquez cette distinction, car la différence dans le procédé ainsi que dans le résultat peut être aussi considérable que celle qui existe entre une photographie produite par le pinceau infaillible du soleil et l'esquisse informe, dessinée par le crayon d'un écolier. L'imitation est mécanique, la réflexion est organique ; l'une est occasionnelle, l'autre habituelle. Dans l'un des cas, l'homme va à Dieu et l'imite ; dans l'autre, Dieu s'approche de l'homme et dépose sur lui sa propre empreinte. Il est parfaitement vrai qu'il existe une imitation de Christ qui s'élève jusqu'à la réflexion. Mais l'expression de Paul comprend tout ce que l'autre renferme sans prêter à aucun malentendu :

« Faites de Christ votre compagnon le plus habituel » - tel est pour nous le sens pratique de ces paroles. Placez-vous sous son influence plus que sous toute autre influence. Dix minutes passées journellement dans sa société, deux minutes même, pourvu que ce soit face à face, coeur à coeur, changeront complètement votre journée.

Chaque caractère possède un ressort intérieur. Que Christ soit ce ressort. Toute action a une note fondamentale. Que Christ soit cette note.

Hier vous avez reçu une lettre ; puis, vous vous êtes assis et vous avez écrit une réponse dont la véhémence a failli déchirer le papier ; vous avez choisi les épithètes les plus cruelles et, sans un regret, vous avez laissé ces lignes accomplir leur oeuvre impitoyable. Vous avez agi de la sorte, parce que votre vie était au faux diapason. Vous aviez commencé votre journée avec un miroir placé sous un mauvais angle. Demain, à la pointe du jour, tournez-le vers Lui, et l'air de votre visage ne sera plus le même pour votre ennemi. Quoi que vous fassiez ce jour-là, une chose est certaine, c'est que vous ne pourrez pas écrire une lettre pareille.

Votre première impulsion sera probablement la même, votre opinion n'aura pas changé, mais, si vous prenez la plume, l'encre séchera avant d'avoir tracé un seul trait, et vous vous lèverez de votre pupitre sans vous être vengé, mais non sans avoir grandi comme homme et comme chrétien.

Pendant toute la journée vos actions, jusque dans leurs petits détails, rendront hommage à cette vision matinale. Hier vous pensiez surtout à vous ; aujourd'hui, si vous rencontrez un malheureux, vous lui tendrez la main. Les êtres abandonnés, tentés, affligés, accourront à vous et vous les traiterez en amis. Où étaient hier tous ces gens qui sollicitent votre intérêt ? Exactement à la place où ils sont aujourd'hui, mais vous ne les aperceviez pas. C'est dans la lumière de Christ reflétée en vous que les pauvres deviennent visibles. Votre âme aujourd'hui n'est pas placée dans son angle habituel. « Les choses que l'on ne voit point » se voient.

Pendant quelques courtes heures, vous vivez de la vie éternelle. La vie éternelle, la vie de la foi, est simplement la vie transformée par la vision d'En-Haut. La foi est une attitude que l'on prend, grâce au miroir placé dans l'angle juste.

Lorsque la journée de demain sera écoulée et que, le soir venu, vous la passerez en revue, vous vous demanderez avec étonnement comment vous avez pu accomplir de tels actes, imité quelque chose ou crucifié quelque penchant. Vous sentiez simplement que Christ était avec vous, que, sans impulsion déterminée, vous avez cependant été poussé, que, sans force, sans bruit, sans proclamation, la révolution s'est accomplie. Vous ne vous félicitez pas, comme si vous aviez fait une action d'éclat, remporté un succès ou amassé un trésor « d'expérience chrétienne » dans le but de vous assurer à l'avenir le même résultat. Ce dont vous êtes conscient, c'est de « la gloire du Seigneur. » Et ce que le monde voit, si l'effet produit est réel, c'est aussi la « gloire du Seigneur. » Quand vous regardez dans un miroir, ce n'est pas le miroir que vous voyez ou auquel vous pensez, mais seulement l'objet qu'il reflète ; car un miroir n'attire jamais l'attention sur lui-même, à moins qu'il n'ait un défaut.

Que la vie dont nous parlons soit accessible aux hommes, qu'elle soit réalisée aujourd'hui par des hommes, c'est là un simple fait incontestable et démontré par l'expérience. Qu'il me soit permis d'invoquer un témoin entre mille que je pourrais produire. Les paroles suivantes sont dues à une des plus hautes intelligences du siècle écoulé, à un homme qui a porté les charges publiques de son pays comme peu d'hommes les ont portées et qui, non pas au déclin de sa vie, mais au moment culminant de ses succès, a prononcé la confession suivante. Je la livre au monde avec de légères abréviations :
« Je désire, ce soir, vous adresser quelques paroles, mais pour vous parler seulement du nom sacré de Jésus-Christ qui est ma vie, mon inspiration, mon espérance, ma sûreté.

Je désire m'arrêter un instant et jeter un regard en arrière. Je voudrais, comme si je ne l'avais jamais fait auparavant, déclarer que je suis ce que je suis, non seulement par la grâce de Dieu, mais par la grâce de Dieu manifestée en Jésus-Christ. Je reconnais la grandeur et la sublimité de la révélation de Dieu dans son éternelle paternité, de celui qui a créé les cieux, qui a fondé la terre et qui considère tous les enfants des hommes, les enveloppant dans la même et universelle miséricorde. Mais le Dieu que je désire confesser ce soir, et dont je veux dire : « C'est par l'amour de Dieu en Jésus-Christ que je suis ce que je suis, » ce Dieu est celui qui s'est manifesté en Jésus-Christ, qui s'est révélé par sa vie, qui s'est fait connaître par la divinité de ses sentiments, par ses discours et par ses actes.

« Si vous me pressez de dire ce que j'entends par là, je vous répondrai ouvertement que c'est à Christ que je dois la formation de mon âme et de mon caractère plus qu'à toute autre influence exercée sur moi par mon père et ma mère, plus qu'à celle des membres de ma famille, plus qu'à toute influence sociale quelconque, autant que je peux le constater et m'en rendre compte.

C'est de Christ que j'ai tiré mon idéal secret de la beauté.
C'est du Seigneur Jésus-Christ qu'ont émané mes pensées sur tout ce qui est viril, noble et pur. Beaucoup d'hommes ont fait leur propre éducation par la lecture des Vies de Plutarque et par la contemplation de ceux qui, au cours des siècles, sont arrivés à la célébrité ; et ils ont reconnu la puissance exercée par ces hommes sur eux-mêmes. Quant à moi, je ne remarque pas qu'un poète, un philosophe, un réformateur, un général d'armée ou quelque héros que ce soit ait jamais pris possession de mon imagination et de ma pensée autant que Jésus-Christ dans toute sa simplicité.

Depuis plus de vingt-cinq ans, je suis allé directement à Christ pour apprendre de lui la mesure et la règle de toutes choses. Chaque fois que la nécessité m'en est apparue, j'ai cherché, par un mouvement toujours plus spontané, à me plonger dans la société de Christ, et, très jeune déjà, l'évoquant par mon imagination, je pouvais le voir debout à mes côtés et abaissant sur moi son regard calme et tendre. De son visage semblaient descendre une influence et un charme qui me suggéraient ce que je devais faire pour contrôler mes passions, dominer mon orgueil, maîtriser mon égoïsme ; et c'est à Christ manifesté à mon oeil intérieur que j'ai emprunté plus de notions idéales, plus d'exemples, plus d'influences qu'à tout autre caractère humain.

« Ce n'est pas tout. Je sens que j'ai puisé dans le Seigneur Jésus-Christ chaque pensée qui, pour moi, fait du ciel une réalité, chaque pensée dont est pavée la route qui me conduit au ciel. Toutes mes conceptions sur les progrès de la grâce dans l'âme et sur le développement de la vie divine en nous, toutes les représentations idéales de cette sphère bénie dans laquelle nous entrerons un jour, tout cela est dérivé du Sauveur. La vie que je vis actuellement dans la chair, je la vis par la foi au Fils de Dieu.

« Il y a plus encore. Christ est à mon âme ce qu'est à l'été le soleil avec sa puissance créatrice et fécondante. Tout ce qui s'épanouit sur la terre pendant cette chaude saison, tout ce qui l'orne et l'enrichit, les fleurs, les fruits, les feuillages brillants, doivent leur origine et leur existence au soleil, à sa lumière et à sa chaleur. De même tout ce qui, dans le présent et dans l'avenir, constitue la beauté et la richesse de ma vie, ces affections qui s'épanouissent autour de moi et en moi, ces joies qui illuminent mon coeur de chrétien et qui répandent un rayonnement autour d'elles, tous ces bienfaits ont leur source unique en Christ, le soleil de mon âme. C'est lui qui est l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin de ce qu'il y a de meilleur dans ma vie.

« Quand je lis la Bible, je recueille de grandes bénédictions de l'Ancien Testament et des écrits de saint Paul dans le Nouveau. Mais, malgré tout, je sens que l'essence de la Bible, c'est Christ. C'est pour cela que je la lis et que je trouve qu'elle vaut la peine d'être lue. J'ai eu soif d'être aimé de Christ.

Vous savez tous ce que c'est, dans certaines relations de la vie, que d'être altéré d'amour. Votre coeur n'est pas satisfait tant que vous ne pouvez compter sur l'affection de ceux qui vous sont le plus chers. À certaines heures de la vie, mon coeur a éprouvé une indicible soif de l'amour de Christ. Le sentiment de mon péché n'est jamais aussi fort quand je pense à la loi que quand je pense à l'amour - si toutefois il existe une différence entre loi et amour. C'est lorsque je m'approche du Seigneur Jésus-Christ et que je soupire après son amour que le sentiment de la disharmonie, de l'imperfection, de l'absolue indignité de ma nature pécheresse me pénètre plus profondément. Mon caractère et ma conduite ne s'éclairent jamais à mes yeux d'une lumière plus vive que lorsque je m'incline en silence en la présence de Christ révélé, non dans sa colère, mais dans son amour pour moi. Je ne désire jamais autant d'être aimable, afin d'être aimé, que lorsque Christ apparaît à mon âme.

« Si je jette un regard sur mon existence passée, je la vois se séparer en deux portions distinctes l'une de l'autre. Dans la première, ma vie religieuse s'alimentait de l'étude des doctrines, des systèmes, des procédés, des méthodes diverses, de tout ce qui peut être appelé le mécanisme nécessaire et le formalisme de l'adoration. Cette vie-là, qui tombe plus facilement sous le contrôle des sens, m'apparaît à cette heure, pâle, sans valeur, et elle se traîne comme un nuage à l'horizon. Je la comparerai aux feuilles verdoyantes de l'été passé, maintenant desséchées et emportées par le vent. L'autre part de ma vie chrétienne, au contraire, celle qui est entrée en communion intime avec Christ, celle qui s'est emparée de Christ, se détache en traits lumineux et demeure à jamais. »

Quelqu'un pourrait-il prêter l'oreille à cette sublime mélodie dont le nom de Christ est le refrain palpitant, et rester insensible au désir de vivre aussi de cette vie-là ? Soyons-en sûrs, avant d'avoir réalisé une vie pareille, nous ne pouvons pas dire que nous ayons réellement vécu jusqu'alors.


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