Il est
écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
REGARD
Bibliothèque chrétienne online EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON - 1Thess. 5: 21 - (Notre confession de foi: ici) |
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écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
LE
VEILLEUR SUR LA TOUR
|
Jacob arriva dans un lieu où il
établit son gîte, car le
soleil était couché. Il prit
une pierre, dont il fit son chevet. Il se
coucha dans cet endroit, et il eut un
songe. Une échelle était
appuyée sur la terre ; son
sommet touchait au ciel. Et voici que des
anges de Dieu montaient et descendaient le
long de cette échelle. |
Ce qui fait le charme et la grandeur des
histoires de la Genèse, c'est qu'elles
représentent des types d'humanité qui
ont un caractère universel sans rien perdre
pour cela de leur coloris d'antiquité et de
leur vie individuelle. Dans ces aventures des
ancêtres d'Israël, nous n'avons aucune
peine à reconnaître l'homme de nos
jours avec ses faiblesses et ses grandeurs. Et dans
l'histoire de leur éducation, nous trouvons
l'illustration merveilleuse des méthodes
actuelles de la pédagogie divine.
La méthode à laquelle Dieu
recourt pour élever l'homme jusqu'à
lui n'a pas changé. C'est toujours la
méthode souveraine de l'amour. Dieu ne
procède pas de la même façon
à l'égard de Jacob
et à l'égard d'Abraham, mais c'est
toujours le même sentiment qui l'inspire.
Abraham, c'est le juste, à qui Dieu demande
beaucoup, parce qu'il sait qu'on peut attendre
beaucoup de lui. Jacob, c'est le pécheur,
que Dieu protège en dépit de ses
faiblesses, et dont il ne cessera pas de s'occuper
jusqu'à ce qu'il l'ait relevé. Il
fait l'éducation d'Abraham, surtout, avec
les sacrifices qu'il lui demande. Il fait
l'éducation de Jacob, surtout, avec les
bienfaits dont il le comble.
Suivez-le du regard, cet homme, au
moment où il quitte la maison paternelle
pour échapper à la juste
colère du frère qu'il a spolié
par son stratagème. Il s'en va loin des
siens, loin des souvenirs de son enfance, loin du
Dieu qu'il a adoré, et dont la protection,
croit-il, se borne aux limites de la terre natale,
Il marche à travers le désert, sans
but, sans espoir. Il est découragé.
Il n'est pas converti. Il n'a pas encore compris la
gravité de ses fautes. Il est simplement
celui qui n'a pas réussi. Et, plus que le
remords, il emporte avec lui le regret de sa
défaite. Il devra passer par bien des
expériences pour devenir un homme nouveau.
Encore faut-il empêcher qu'il ne cède
aux suggestions du désespoir. C'est pourquoi
Dieu va se manifester à cet
abandonné. Il va lui donner la certitude de
son universelle présence. Il va emplir de
clarté les ténèbres qui
l'environnent. Il va lever
pour
lui un coin du voile qui cache l'Invisible. Et il
lui tendra la main pour qu'il se
relève.
Jacob a marché longtemps dans la
solitude, au hasard. Vers le coucher du soleil, il
parvient sur une hauteur qui domine le pays. C'est
une terre sacrée, mais il l'ignore. Vaincu
par la fatigue, il se laisse tomber sur la lande,
parmi des rochers épars. Une pierre va lui
servir d'oreiller. Il s'endort. Et voici
qu'au-dessus de sa tête, le firmament s'est
ouvert. De là-haut, une échelle d'or
descend. Elle se déroule entre la terre et
le ciel, et son extrémité vient
toucher la pierre sur laquelle la tête de
Jacob est appuyée. À l'autre
extrémité, une gloire apparaît.
C'est Dieu qui est là. Et, tout le long de
l'échelle, des formes lumineuses se
déplacent, les unes montant, les autres
descendant. Ce sont des êtres affranchis de
la matière, des anges, pensées
vivantes de Dieu, qui vont et viennent, reliant la
terre au ciel, apportant à Dieu les
prières des hommes ; aux hommes, les
réponses de Dieu.
Et Jacob, éperdu, entend la voix
du Dieu de ses pères qui lui parle. Ce Dieu
redoutable, voici qu'il s'approche de
l'exilé, non pour le condamner, mais pour le
bénir dans sa misère et son
égarement. Il lui renouvelle les promesses
faites à Abraham, ranimant ainsi son
courage, et lui donnant la force de recommencer
sa vie. Et Jacob se
réveille, en proie, malgré tout,
à une terreur sacrée, à cet
effroi qui glaçait l'âme antique aux
approches du divin. L'échelle d'or a
disparu ; le ciel s'est refermé,
seules, les étoiles brillent au-dessus de sa
tête : innombrables, constellant de
leurs pierreries la voûte sombre. D'elles, il
descend une grande paix. Jacob sent qu'il n'est
plus seul dans le monde. Un Dieu de
miséricorde veille sur lui. C'est le Dieu de
son enfance. Il ne l'a pas abandonné. Il ne
l'abandonnera jamais. Dans son exil, il se
révèle plus proche de lui qu'il ne
l'était dans la maison paternelle. Jacob va
donc reprendre sa route, avec une énergie
renouvelée. Mais auparavant, il voudra
montrer sa reconnaissance à Celui qui lui
est venu en aide, en érigeant sur ce sol
sacré un monument d'adoration. Il dresse la
pierre qui lui a servi d'oreiller et qui,
pense-t-il, lui a communiqué la
révélation divine. Il la consacre en
répandant sur elle l'huile qu'il a
emportée comme provision de route, et il
donne à ce lieu le nom de Béthel, qui
signifie maison de Dieu, car, dit-il, c'est
vraiment une maison de Dieu, c'est vraiment la
porte des cieux.
Êtes-vous étonnés
qu'une telle révélation soit
accordée à celui qui semble en
être si peu digne ? C'est la
grâce, celle qui déroute tous les
calculs de l'humaine justice. C'est la foi de Dieu
en l'homme, qui est quelque chose de
plus grand que la foi de
l'homme
en Dieu. Dieu a foi en l'homme, parce qu'il voit
dans l'homme ce qu'il sera.
De même qu'en dépit de tous
les blasphèmes et de toutes les
révoltes, Dieu patiente envers la
société, et qu'il ne cesse
d'élargir devant elle, par son inspiration,
le champ de ces conquêtes dont l'orgueil
humain s'attribuera pourtant tout le mérite,
- parce qu'il sait bien que, si un peu de science
détourne de lui, beaucoup de science y
ramène, de même Dieu patiente à
l'égard du pécheur. Il exauce ses
prières ; il le console dans les heures
découragées ; pour lui venir en
aide, il ne lui demande qu'une chose, c'est de se
sentir malheureux, et impuissant à vaincre
par ses seules forces. Alors, il travaille à
épurer cette âme, qui est faite pour
lui, puisque, malgré toutes ses
défaillances, elle ne cesse de le prier.
Elle est faible, elle a besoin d'être
entourée, d'être portée, c'est
pourquoi il lui montre la religion sous son aspect
consolant. Il déroule devant ses regards
éblouis les splendeurs de l'au-delà.
Il l'assiège de ses bienfaits pour qu'enfin,
vaincue par tant de miséricorde, elle se
rende.
C'est l'abaissement de Dieu, que nous
admirons déjà dans les histoires de
la Genèse et qui atteindra son degré
suprême dans l'Évangile. C'est
l'histoire de Jésus, qui s'assied au banquet
des péagers, et qui offre à la
Samaritaine l'eau vive, celle qui
désaltère pour
l'éternité.
Mystère, ces révélations
d'En-Haut dont l'étendue ne se mesure point
à l'élévation morale de ceux
qui les reçoivent, et semble parfois en
contradiction avec elle. Mais ce mystère,
c'est tout l'Évangile, le message du Fils de
l'Homme qui s'en est allé chercher et sauver
ce qui était perdu.
Mes frères, qui croyez, mais qui
avez été infidèles à
votre idéal ne permettez pas à vos
infidélités de vous séparer de
Dieu. Ce serait les rendre irréparables. Il
faut que vous continuiez à prier. Tant que
vous priez, tout n'est pas perdu. Il ne faudrait
désespérer de votre âme que le
jour où, sur vos lèvres, les paroles
de la prière finiraient par expirer. Dans
votre misère morale, Dieu s'approche encore
de vous. Qui sait si vous n'aurez pas votre vision
de Béthel ?
Béthel, maison de Dieu, ce doux
nom d'espoir ne vous dit-il rien, frères
égarés dans le désert du
monde, et dans la nuit ? Un rêve, sans
doute, ne suffirait pas à vous rendre
l'espoir. Vous avez trop perdu l'habitude, qui
était celle des hommes des anciens jours,
d'attendre les révélations divines
sous cette forme du rêve. Pourtant, la vie
subconsciente s'affirme dans le rêve avec une
netteté et une puissance que ne
contrôlent plus les énergies actives
de l'homme. Dans cet obscur domaine du
subconscient, il y a les larves hideuses
qu'un Freud exhume pour
l'épouvante et le dégoût de
l'humanité. Mais il y a aussi des choses
célestes. La piété prend son
origine dans la vie subconsciente ; et c'est
le subconscient qui est le lieu normal des
révélations divines. Le rêve
peut donc être pour nous, comme pour l'homme
primitif, le moyen dont Dieu se sert pour nous
communiquer ses révélations. Et si
cette expérience est moins fréquente
qu'autrefois, c'est que nos facultés sont
trop tendues vers l'observation du monde
extérieur, et pas assez tournées au
dedans, c'est aussi que le progrès de
l'activité consciente de l'esprit tend
à refouler le subconscient, à
réduire son domaine, et à substituer
au clair-obscur où le mystère de Dieu
se dévoile un jour menteur qui
n'éclaire plus que le monde
périssable où nous sommes.
On peut donc, même aujourd'hui,
faire de beaux rêves, et par eux, communiquer
avec ce monde immense des réalités
divines qui nous environne. Mais il n'est pas
besoin de rêver pour prendre conscience de
ces réalités supérieures, et
l'au-delà dont nous vous entretenons n'est
pas un rêve. C'est notre vie présente,
avec ses ambitions périssables, qui est un
rêve, et pour beaucoup, un mauvais
rêve.
Mais on nous dit parfois qu'en parlant,
de l'au-delà comme nous le faisons, nous
altérons la vertu humaine, par les
arrière-pensées
d'intérêt personnel
qui vont se mêler désormais à
ses déterminations. Et il faut que cette
objection semble forte pour que l'espérance
chrétienne aujourd'hui se cache souvent,
comme si elle était honteuse d'être
vue...
On nous dit que la vertu serait plus
belle, s'il n'y avait rien à espérer
dans l'au-delà. On exalte
l'héroïsme du stoïcien qui se
dévoue sans espoir de récompense.
Croit-on vraiment que de se dévouer sans
mobile, ce soit l'acte le plus sublime qu'une
créature douée de raison puisse
accomplir ? Le stoïcien lui-même
n'attend-il pas de son acte un résultat, qui
est de contribuer au progrès du monde ;
une récompense qui est d'être content
de soi ?
Pour nous, qui ne voit qu'il ne saurait
être question d'une récompense
d'orgueil, et que, finalement, ce qui nous importe
avant tout, c'est la réalité de Dieu,
c'est-à-dire la réalité de la
bonté, de la justice, de la pureté, -
de l'Idéal, en un mot ? Nous affirmons
l'existence d'un ordre de choses supérieur.
Nous affirmons les choses invisibles qui sont
éternelles. Nous affirmons que
l'Idéal triomphera.
Suit-il de là que notre
survivance personnelle au sein de ce monde
supérieur soit indispensable au triomphe de
notre idéal ? C'est ce que nient nombre
de penseurs. Et il est bien certain qu'on peut
croire à la bonté et à la
justice, et même se sacrifier pour elles,
sans espérer pour cela
d'être associé à leur triomphe.
Mais de quel droit l'espérance
s'arrêterait-elle en chemin ? Comment
prendrions-nous notre parti de penser que la
personnalité humaine, qui est la fleur de la
création, se fane comme tout le reste ;
que ce chef-d'oeuvre de Dieu (...) disparaisse
à peine ébauché ; que
cette conscience qui a reflété
l'univers, qui, en le reflétant, l'a
pensé, qui, en le pensant, l'a
dominé, ait la destinée de l'insecte
et du brin d'herbe ; que cette âme dont
le Christ a proclamé qu'elle valait plus que
le monde, car le monde entier ne saurait en
compenser la perte, s'évanouisse sans retour
dans l'Esprit universel ?
Pasteur disait : « je ne
veux pas mourir comme un vibrion. » Pour
peu qu'on croie vraiment à l'amour de Dieu,
à la dignité de l'âme humaine,
comme au prix des affections que Dieu y a mises, on
ne peut pas renoncer à
l'espérance ; et, loin de reprocher
à la Bible de trop parler du monde
invisible, on voudrait qu'elle en parlât
davantage.
On ne nous ôtera pas
l'espérance. Elle est l'âme même
de la religion. Nous avons le droit et le devoir
d'espérer. je ne crois pas que personne
s'éloigne des églises parce qu'il
trouve qu'on y parle trop de
l'au-delà ; comptez, si vous le pouvez,
tous ceux que le besoin d'espérer y
ramène ! Comme nous devons
remercier le Sauveur d'avoir
dissipé le mystère du tombeau en
apparaissant à ses disciples ! Le
message de la Résurrection n'a pas besoin de
se justifier au regard de la raison humaine :
il a changé le monde. Sans lui, il n'y
aurait pas de christianisme.
À l'homme déchu, Dieu
dit :
« Espère »
L'espérance est le seul bien qui
lui reste. Mêlée à toutes les
défaillances, à toutes les souillures
de l'homme naturel, l'espérance est dans
l'âme une promesse d'affranchissement. Encore
faut-il que celui qui a reçu le message
d'espoir se relève, et qu'il lutte. Si Dieu
descend vers l'homme, c'est pour l'attirer
jusqu'à lui. Il ne fait pas briller les
splendeurs de son ciel pour ajouter seulement au
charme des choses périssables la gloire des
choses éternelles. Le bonheur de
l'au-delà n'est ni la continuation des joies
de la terre, ni la compensation des douleurs
d'ici-bas. Et ce serait une singulière folie
que de prétendre allier à des
satisfactions inférieures la vision de
l'au-delà, ou encore, de dire à
Dieu : « Quand tout ce qui me
plaît ici-bas viendra à me manquer,
j'aurai recours à toi. » Celui qui
dirait cela ne commettrait pas seulement un
blasphème ; il serait victime d'une
étrange illusion. Car la vie
éternelle commence dès ici-bas. Le
Christ nous l'affirme quand il nous dit que celui
qui croit en lui a la vie éternelle. Et elle
commence dans la
consécration au service de Dieu. La Vie
éternelle, c'est la vie pour Dieu. On ne
peut pas commencer de la vivre en continuant de
poursuivre une vie qui n'est en
réalité qu'une mort progressive de
l'âme. Le mouvement de l'espérance va
vers Dieu ; et l'espérance tend
à nous détacher de tout ce qui passe
pour nous attacher à lui.
Dans la vision de Béthel, Dieu se
tient en haut de l'échelle d'or. Il est le
but de l'ascension. L'espérance
s'élève vers lui par une renonciation
grandissante à tout ce qui n'est pas lui. Et
personne n'a le droit d'espérer, si son
espérance n'emporte avec elle l'engagement
de se convertir. Du jour où vous apercevrez
l'échelle d'or, il faudra que vous la
gravissiez. Tout progrès de
l'espérance devra avoir pour
conséquence immédiate un
progrès dans la consécration ;
et tout progrès de votre consécration
aura pour effet un renforcement de votre
espérance. Singulière
récompense, dirons-nous aux adversaires du
christianisme, qui consiste dans cette conversion
dont vous ne voulez pas, parce qu'elle
représente pour vous un trop grand
sacrifice.
Mais qu'importent, finalement, les
critiques de ceux du dehors ? Vous avez soif
d'espérance ; et comme vous
souhaiteriez, n'est-il pas vrai, de les voir se
multiplier autour de vous, les preuves
concrètes de la réalité de
l'Invisible !
Or, vous n'avez pas à les
chercher bien loin, ces preuves. Elles
dépendent de vous, puisque tout
progrès dans votre consécration
personnelle doit amener avec lui un accroissement
de certitude qui sera sa récompense.
Mais comment gravir l'échelle
d'or, quand on se sent faible, quand on ne sait pas
vouloir ? L'espérance, est-ce autre
chose qu'un beau rêve qui charme l'âme,
et qui vient lui faire oublier momentanément
sa faiblesse et sa douleur ? Est-ce
réellement une force ? Ne serait-ce pas
plutôt un calmant ?
Quand vous serez tenté de dire
cela, rappelez-vous la vision de Jacob. Le long de
l'échelle d'or, il y a des anges qui montent
et descendent. Dans cette ascension vertigineuse
vers Dieu, où si souvent l'âme se
trouble et chancelle, ils sont là, les
messagers du ciel, pour tendre la main à
quiconque se sent défaillir. Il y a ainsi
toute une théorie d'âmes saintes qui
se déroule le long de l'échelle d'or.
Elles descendent jusqu'à nous pour nous
faire cortège vers les hauteurs. Ne
sentez-vous pas, vous dont l'âme a
été visitée par le deuil, que
vos bien-aimés vous font signe, que ce sont
eux qui vous invitent à vous élever
plus haut, vers le Dieu de sainteté et
d'amour qui les a recueillis, et que, si vous
prenez la résolution de suivre le chemin qui
monte, "ils vous aideront" à la tenir ?
Rappelez-vous cette nuit passée
auprès du chevet d'un cher mort, quand se
faisait jour en vous, toujours plus
évidente, la certitude qu'il n'était
plus là, que cette dépouille
mortelle, ce n'était plus lui, que,
libérée de ses souffrances, son
âme s'élevait vers Dieu, et vous
entraînait avec elle. Ou bien, c'était
au cimetière peut-être, quand,
penché sur cette tombe par vous pieusement
fleurie, votre souvenir évoquait la
chère figure disparue, et que, dans cette
communion spirituelle réalisée
à travers la mort, vous voyiez une
clarté surgir qui brusquement
éclairait devant vous le chemin du
devoir.
Ou encore, c'était à
l'heure d'une victoire remportée sur
l'esprit du mal, victoire qui vous avait
laissé « vainqueur, mais tout
meurtri, tout meurtri, mais
vainqueur ».
Il vous a semblé que le ciel
s'ouvrait, et que les anges s'approchaient de vous,
comme ils s'approchèrent du Maître de
vos âmes lorsqu'il eut vaincu la
tentation ; et, du ciel, un chemin de
lumière se déroulait jusqu'à
vous ; il vous semblait si aisé de le
gravir !
Aujourd'hui, vous dites
peut-être : ce n'était qu'un
rêve. Mais non, ce n'était pas un
rêve : c'était le pressentiment
des choses véritables et de votre future
destinée.
Sans doute, on ne peut pas les
multiplier comme on voudrait, ces
échappées sur
l'Invisible. Elles ne nous
sont
données qu'exceptionnellement, et pour des
fins déterminées. Le devoir terrestre
nous réclame ; la paix du ciel sera
pour plus tard. Mais rien ne peut vous les
ôter, ces heures bénies. Rien ne peut
les empêcher d'avoir été.
Gardez-le donc précieusement, ce souvenir
qui renferme le secret de la vie. Béthel,
porte des cieux, sanctuaire ignoré où
vous avez vécu dans la communion de
l'Invisible, lieu béni où la paix
divine est descendue sur votre coeur
fatigué ! La porte du ciel
s'était ouverte ; elle s'est
refermée, et il faut reprendre votre route
solitaire ; mais qu'importe, si vous avez
entrevu, ne fût-ce qu'un instant, la gloire
à venir !
Ces heures sacrées, il faudra
qu'elles embaument toute votre vie de leur parfum.
Votre espérance ne doit pas rester
étrangère à votre vie
spirituelle; elle doit la pénétrer,
et en transformer la substance elle-même.
Dans vos rêves d'avenir, dans l'orientation
que vous entendez donner jour après jour
à votre activité, il vous faut tenir
compte de cet au-delà qui vous est apparu.
L'espérance ne vous est pas donnée
pour en jouir égoïstement. Elle est une
incitation permanente au progrès spirituel,
un encouragement à développer en
vous, sans trêve, les puissances de la vie.
Elle est votre joie ; il ne faut pas qu'elle
soit un jour votre condamnation.
Et vous qui voyez s'approcher le terme
de votre carrière, si, en apercevant les
ombres du soir qui descendent sur votre chemin,
vous avez le coeur serré, rappelez-vous ces
heures où le ciel semblait proche.
C'était si naturel et si doux de
croire ! Le ciel est voilé, mais
derrière le voile, il y a toujours les
mêmes splendeurs.
Courage, mes frères. Vous
retrouverez un jour votre vision de Béthel.
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