Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LE VEILLEUR SUR LA TOUR



L'ÉCHELLE D'OR

Jacob arriva dans un lieu où il établit son gîte, car le soleil était couché. Il prit une pierre, dont il fit son chevet. Il se coucha dans cet endroit, et il eut un songe. Une échelle était appuyée sur la terre ; son sommet touchait au ciel. Et voici que des anges de Dieu montaient et descendaient le long de cette échelle.
(Genèse 28 : 10-12.)

Ce qui fait le charme et la grandeur des histoires de la Genèse, c'est qu'elles représentent des types d'humanité qui ont un caractère universel sans rien perdre pour cela de leur coloris d'antiquité et de leur vie individuelle. Dans ces aventures des ancêtres d'Israël, nous n'avons aucune peine à reconnaître l'homme de nos jours avec ses faiblesses et ses grandeurs. Et dans l'histoire de leur éducation, nous trouvons l'illustration merveilleuse des méthodes actuelles de la pédagogie divine.

La méthode à laquelle Dieu recourt pour élever l'homme jusqu'à lui n'a pas changé. C'est toujours la méthode souveraine de l'amour. Dieu ne procède pas de la même façon à l'égard de Jacob et à l'égard d'Abraham, mais c'est toujours le même sentiment qui l'inspire. Abraham, c'est le juste, à qui Dieu demande beaucoup, parce qu'il sait qu'on peut attendre beaucoup de lui. Jacob, c'est le pécheur, que Dieu protège en dépit de ses faiblesses, et dont il ne cessera pas de s'occuper jusqu'à ce qu'il l'ait relevé. Il fait l'éducation d'Abraham, surtout, avec les sacrifices qu'il lui demande. Il fait l'éducation de Jacob, surtout, avec les bienfaits dont il le comble.

Suivez-le du regard, cet homme, au moment où il quitte la maison paternelle pour échapper à la juste colère du frère qu'il a spolié par son stratagème. Il s'en va loin des siens, loin des souvenirs de son enfance, loin du Dieu qu'il a adoré, et dont la protection, croit-il, se borne aux limites de la terre natale, Il marche à travers le désert, sans but, sans espoir. Il est découragé. Il n'est pas converti. Il n'a pas encore compris la gravité de ses fautes. Il est simplement celui qui n'a pas réussi. Et, plus que le remords, il emporte avec lui le regret de sa défaite. Il devra passer par bien des expériences pour devenir un homme nouveau. Encore faut-il empêcher qu'il ne cède aux suggestions du désespoir. C'est pourquoi Dieu va se manifester à cet abandonné. Il va lui donner la certitude de son universelle présence. Il va emplir de clarté les ténèbres qui l'environnent. Il va lever pour lui un coin du voile qui cache l'Invisible. Et il lui tendra la main pour qu'il se relève.

Jacob a marché longtemps dans la solitude, au hasard. Vers le coucher du soleil, il parvient sur une hauteur qui domine le pays. C'est une terre sacrée, mais il l'ignore. Vaincu par la fatigue, il se laisse tomber sur la lande, parmi des rochers épars. Une pierre va lui servir d'oreiller. Il s'endort. Et voici qu'au-dessus de sa tête, le firmament s'est ouvert. De là-haut, une échelle d'or descend. Elle se déroule entre la terre et le ciel, et son extrémité vient toucher la pierre sur laquelle la tête de Jacob est appuyée. À l'autre extrémité, une gloire apparaît. C'est Dieu qui est là. Et, tout le long de l'échelle, des formes lumineuses se déplacent, les unes montant, les autres descendant. Ce sont des êtres affranchis de la matière, des anges, pensées vivantes de Dieu, qui vont et viennent, reliant la terre au ciel, apportant à Dieu les prières des hommes ; aux hommes, les réponses de Dieu.

Et Jacob, éperdu, entend la voix du Dieu de ses pères qui lui parle. Ce Dieu redoutable, voici qu'il s'approche de l'exilé, non pour le condamner, mais pour le bénir dans sa misère et son égarement. Il lui renouvelle les promesses faites à Abraham, ranimant ainsi son courage, et lui donnant la force de recommencer sa vie. Et Jacob se réveille, en proie, malgré tout, à une terreur sacrée, à cet effroi qui glaçait l'âme antique aux approches du divin. L'échelle d'or a disparu ; le ciel s'est refermé, seules, les étoiles brillent au-dessus de sa tête : innombrables, constellant de leurs pierreries la voûte sombre. D'elles, il descend une grande paix. Jacob sent qu'il n'est plus seul dans le monde. Un Dieu de miséricorde veille sur lui. C'est le Dieu de son enfance. Il ne l'a pas abandonné. Il ne l'abandonnera jamais. Dans son exil, il se révèle plus proche de lui qu'il ne l'était dans la maison paternelle. Jacob va donc reprendre sa route, avec une énergie renouvelée. Mais auparavant, il voudra montrer sa reconnaissance à Celui qui lui est venu en aide, en érigeant sur ce sol sacré un monument d'adoration. Il dresse la pierre qui lui a servi d'oreiller et qui, pense-t-il, lui a communiqué la révélation divine. Il la consacre en répandant sur elle l'huile qu'il a emportée comme provision de route, et il donne à ce lieu le nom de Béthel, qui signifie maison de Dieu, car, dit-il, c'est vraiment une maison de Dieu, c'est vraiment la porte des cieux.

Êtes-vous étonnés qu'une telle révélation soit accordée à celui qui semble en être si peu digne ? C'est la grâce, celle qui déroute tous les calculs de l'humaine justice. C'est la foi de Dieu en l'homme, qui est quelque chose de plus grand que la foi de l'homme en Dieu. Dieu a foi en l'homme, parce qu'il voit dans l'homme ce qu'il sera.
De même qu'en dépit de tous les blasphèmes et de toutes les révoltes, Dieu patiente envers la société, et qu'il ne cesse d'élargir devant elle, par son inspiration, le champ de ces conquêtes dont l'orgueil humain s'attribuera pourtant tout le mérite, - parce qu'il sait bien que, si un peu de science détourne de lui, beaucoup de science y ramène, de même Dieu patiente à l'égard du pécheur. Il exauce ses prières ; il le console dans les heures découragées ; pour lui venir en aide, il ne lui demande qu'une chose, c'est de se sentir malheureux, et impuissant à vaincre par ses seules forces. Alors, il travaille à épurer cette âme, qui est faite pour lui, puisque, malgré toutes ses défaillances, elle ne cesse de le prier. Elle est faible, elle a besoin d'être entourée, d'être portée, c'est pourquoi il lui montre la religion sous son aspect consolant. Il déroule devant ses regards éblouis les splendeurs de l'au-delà. Il l'assiège de ses bienfaits pour qu'enfin, vaincue par tant de miséricorde, elle se rende.

C'est l'abaissement de Dieu, que nous admirons déjà dans les histoires de la Genèse et qui atteindra son degré suprême dans l'Évangile. C'est l'histoire de Jésus, qui s'assied au banquet des péagers, et qui offre à la Samaritaine l'eau vive, celle qui désaltère pour l'éternité. Mystère, ces révélations d'En-Haut dont l'étendue ne se mesure point à l'élévation morale de ceux qui les reçoivent, et semble parfois en contradiction avec elle. Mais ce mystère, c'est tout l'Évangile, le message du Fils de l'Homme qui s'en est allé chercher et sauver ce qui était perdu.

Mes frères, qui croyez, mais qui avez été infidèles à votre idéal ne permettez pas à vos infidélités de vous séparer de Dieu. Ce serait les rendre irréparables. Il faut que vous continuiez à prier. Tant que vous priez, tout n'est pas perdu. Il ne faudrait désespérer de votre âme que le jour où, sur vos lèvres, les paroles de la prière finiraient par expirer. Dans votre misère morale, Dieu s'approche encore de vous. Qui sait si vous n'aurez pas votre vision de Béthel ?

Béthel, maison de Dieu, ce doux nom d'espoir ne vous dit-il rien, frères égarés dans le désert du monde, et dans la nuit ? Un rêve, sans doute, ne suffirait pas à vous rendre l'espoir. Vous avez trop perdu l'habitude, qui était celle des hommes des anciens jours, d'attendre les révélations divines sous cette forme du rêve. Pourtant, la vie subconsciente s'affirme dans le rêve avec une netteté et une puissance que ne contrôlent plus les énergies actives de l'homme. Dans cet obscur domaine du subconscient, il y a les larves hideuses qu'un Freud exhume pour l'épouvante et le dégoût de l'humanité. Mais il y a aussi des choses célestes. La piété prend son origine dans la vie subconsciente ; et c'est le subconscient qui est le lieu normal des révélations divines. Le rêve peut donc être pour nous, comme pour l'homme primitif, le moyen dont Dieu se sert pour nous communiquer ses révélations. Et si cette expérience est moins fréquente qu'autrefois, c'est que nos facultés sont trop tendues vers l'observation du monde extérieur, et pas assez tournées au dedans, c'est aussi que le progrès de l'activité consciente de l'esprit tend à refouler le subconscient, à réduire son domaine, et à substituer au clair-obscur où le mystère de Dieu se dévoile un jour menteur qui n'éclaire plus que le monde périssable où nous sommes.

On peut donc, même aujourd'hui, faire de beaux rêves, et par eux, communiquer avec ce monde immense des réalités divines qui nous environne. Mais il n'est pas besoin de rêver pour prendre conscience de ces réalités supérieures, et l'au-delà dont nous vous entretenons n'est pas un rêve. C'est notre vie présente, avec ses ambitions périssables, qui est un rêve, et pour beaucoup, un mauvais rêve.

Mais on nous dit parfois qu'en parlant, de l'au-delà comme nous le faisons, nous altérons la vertu humaine, par les arrière-pensées d'intérêt personnel qui vont se mêler désormais à ses déterminations. Et il faut que cette objection semble forte pour que l'espérance chrétienne aujourd'hui se cache souvent, comme si elle était honteuse d'être vue...

On nous dit que la vertu serait plus belle, s'il n'y avait rien à espérer dans l'au-delà. On exalte l'héroïsme du stoïcien qui se dévoue sans espoir de récompense. Croit-on vraiment que de se dévouer sans mobile, ce soit l'acte le plus sublime qu'une créature douée de raison puisse accomplir ? Le stoïcien lui-même n'attend-il pas de son acte un résultat, qui est de contribuer au progrès du monde ; une récompense qui est d'être content de soi ?

Pour nous, qui ne voit qu'il ne saurait être question d'une récompense d'orgueil, et que, finalement, ce qui nous importe avant tout, c'est la réalité de Dieu, c'est-à-dire la réalité de la bonté, de la justice, de la pureté, - de l'Idéal, en un mot ? Nous affirmons l'existence d'un ordre de choses supérieur. Nous affirmons les choses invisibles qui sont éternelles. Nous affirmons que l'Idéal triomphera.

Suit-il de là que notre survivance personnelle au sein de ce monde supérieur soit indispensable au triomphe de notre idéal ? C'est ce que nient nombre de penseurs. Et il est bien certain qu'on peut croire à la bonté et à la justice, et même se sacrifier pour elles, sans espérer pour cela d'être associé à leur triomphe. Mais de quel droit l'espérance s'arrêterait-elle en chemin ? Comment prendrions-nous notre parti de penser que la personnalité humaine, qui est la fleur de la création, se fane comme tout le reste ; que ce chef-d'oeuvre de Dieu (...) disparaisse à peine ébauché ; que cette conscience qui a reflété l'univers, qui, en le reflétant, l'a pensé, qui, en le pensant, l'a dominé, ait la destinée de l'insecte et du brin d'herbe ; que cette âme dont le Christ a proclamé qu'elle valait plus que le monde, car le monde entier ne saurait en compenser la perte, s'évanouisse sans retour dans l'Esprit universel ?
Pasteur disait : « je ne veux pas mourir comme un vibrion. » Pour peu qu'on croie vraiment à l'amour de Dieu, à la dignité de l'âme humaine, comme au prix des affections que Dieu y a mises, on ne peut pas renoncer à l'espérance ; et, loin de reprocher à la Bible de trop parler du monde invisible, on voudrait qu'elle en parlât davantage.

On ne nous ôtera pas l'espérance. Elle est l'âme même de la religion. Nous avons le droit et le devoir d'espérer. je ne crois pas que personne s'éloigne des églises parce qu'il trouve qu'on y parle trop de l'au-delà ; comptez, si vous le pouvez, tous ceux que le besoin d'espérer y ramène ! Comme nous devons remercier le Sauveur d'avoir dissipé le mystère du tombeau en apparaissant à ses disciples ! Le message de la Résurrection n'a pas besoin de se justifier au regard de la raison humaine : il a changé le monde. Sans lui, il n'y aurait pas de christianisme.

À l'homme déchu, Dieu dit : « Espère »

L'espérance est le seul bien qui lui reste. Mêlée à toutes les défaillances, à toutes les souillures de l'homme naturel, l'espérance est dans l'âme une promesse d'affranchissement. Encore faut-il que celui qui a reçu le message d'espoir se relève, et qu'il lutte. Si Dieu descend vers l'homme, c'est pour l'attirer jusqu'à lui. Il ne fait pas briller les splendeurs de son ciel pour ajouter seulement au charme des choses périssables la gloire des choses éternelles. Le bonheur de l'au-delà n'est ni la continuation des joies de la terre, ni la compensation des douleurs d'ici-bas. Et ce serait une singulière folie que de prétendre allier à des satisfactions inférieures la vision de l'au-delà, ou encore, de dire à Dieu : « Quand tout ce qui me plaît ici-bas viendra à me manquer, j'aurai recours à toi. » Celui qui dirait cela ne commettrait pas seulement un blasphème ; il serait victime d'une étrange illusion. Car la vie éternelle commence dès ici-bas. Le Christ nous l'affirme quand il nous dit que celui qui croit en lui a la vie éternelle. Et elle commence dans la consécration au service de Dieu. La Vie éternelle, c'est la vie pour Dieu. On ne peut pas commencer de la vivre en continuant de poursuivre une vie qui n'est en réalité qu'une mort progressive de l'âme. Le mouvement de l'espérance va vers Dieu ; et l'espérance tend à nous détacher de tout ce qui passe pour nous attacher à lui.

Dans la vision de Béthel, Dieu se tient en haut de l'échelle d'or. Il est le but de l'ascension. L'espérance s'élève vers lui par une renonciation grandissante à tout ce qui n'est pas lui. Et personne n'a le droit d'espérer, si son espérance n'emporte avec elle l'engagement de se convertir. Du jour où vous apercevrez l'échelle d'or, il faudra que vous la gravissiez. Tout progrès de l'espérance devra avoir pour conséquence immédiate un progrès dans la consécration ; et tout progrès de votre consécration aura pour effet un renforcement de votre espérance. Singulière récompense, dirons-nous aux adversaires du christianisme, qui consiste dans cette conversion dont vous ne voulez pas, parce qu'elle représente pour vous un trop grand sacrifice.

Mais qu'importent, finalement, les critiques de ceux du dehors ? Vous avez soif d'espérance ; et comme vous souhaiteriez, n'est-il pas vrai, de les voir se multiplier autour de vous, les preuves concrètes de la réalité de l'Invisible !
Or, vous n'avez pas à les chercher bien loin, ces preuves. Elles dépendent de vous, puisque tout progrès dans votre consécration personnelle doit amener avec lui un accroissement de certitude qui sera sa récompense.
Mais comment gravir l'échelle d'or, quand on se sent faible, quand on ne sait pas vouloir ? L'espérance, est-ce autre chose qu'un beau rêve qui charme l'âme, et qui vient lui faire oublier momentanément sa faiblesse et sa douleur ? Est-ce réellement une force ? Ne serait-ce pas plutôt un calmant ?

Quand vous serez tenté de dire cela, rappelez-vous la vision de Jacob. Le long de l'échelle d'or, il y a des anges qui montent et descendent. Dans cette ascension vertigineuse vers Dieu, où si souvent l'âme se trouble et chancelle, ils sont là, les messagers du ciel, pour tendre la main à quiconque se sent défaillir. Il y a ainsi toute une théorie d'âmes saintes qui se déroule le long de l'échelle d'or. Elles descendent jusqu'à nous pour nous faire cortège vers les hauteurs. Ne sentez-vous pas, vous dont l'âme a été visitée par le deuil, que vos bien-aimés vous font signe, que ce sont eux qui vous invitent à vous élever plus haut, vers le Dieu de sainteté et d'amour qui les a recueillis, et que, si vous prenez la résolution de suivre le chemin qui monte, "ils vous aideront" à la tenir ?

Rappelez-vous cette nuit passée auprès du chevet d'un cher mort, quand se faisait jour en vous, toujours plus évidente, la certitude qu'il n'était plus là, que cette dépouille mortelle, ce n'était plus lui, que, libérée de ses souffrances, son âme s'élevait vers Dieu, et vous entraînait avec elle. Ou bien, c'était au cimetière peut-être, quand, penché sur cette tombe par vous pieusement fleurie, votre souvenir évoquait la chère figure disparue, et que, dans cette communion spirituelle réalisée à travers la mort, vous voyiez une clarté surgir qui brusquement éclairait devant vous le chemin du devoir.
Ou encore, c'était à l'heure d'une victoire remportée sur l'esprit du mal, victoire qui vous avait laissé « vainqueur, mais tout meurtri, tout meurtri, mais vainqueur ».
Il vous a semblé que le ciel s'ouvrait, et que les anges s'approchaient de vous, comme ils s'approchèrent du Maître de vos âmes lorsqu'il eut vaincu la tentation ; et, du ciel, un chemin de lumière se déroulait jusqu'à vous ; il vous semblait si aisé de le gravir !

Aujourd'hui, vous dites peut-être : ce n'était qu'un rêve. Mais non, ce n'était pas un rêve : c'était le pressentiment des choses véritables et de votre future destinée.
Sans doute, on ne peut pas les multiplier comme on voudrait, ces échappées sur l'Invisible. Elles ne nous sont données qu'exceptionnellement, et pour des fins déterminées. Le devoir terrestre nous réclame ; la paix du ciel sera pour plus tard. Mais rien ne peut vous les ôter, ces heures bénies. Rien ne peut les empêcher d'avoir été. Gardez-le donc précieusement, ce souvenir qui renferme le secret de la vie. Béthel, porte des cieux, sanctuaire ignoré où vous avez vécu dans la communion de l'Invisible, lieu béni où la paix divine est descendue sur votre coeur fatigué ! La porte du ciel s'était ouverte ; elle s'est refermée, et il faut reprendre votre route solitaire ; mais qu'importe, si vous avez entrevu, ne fût-ce qu'un instant, la gloire à venir !

Ces heures sacrées, il faudra qu'elles embaument toute votre vie de leur parfum. Votre espérance ne doit pas rester étrangère à votre vie spirituelle; elle doit la pénétrer, et en transformer la substance elle-même. Dans vos rêves d'avenir, dans l'orientation que vous entendez donner jour après jour à votre activité, il vous faut tenir compte de cet au-delà qui vous est apparu. L'espérance ne vous est pas donnée pour en jouir égoïstement. Elle est une incitation permanente au progrès spirituel, un encouragement à développer en vous, sans trêve, les puissances de la vie. Elle est votre joie ; il ne faut pas qu'elle soit un jour votre condamnation.

Et vous qui voyez s'approcher le terme de votre carrière, si, en apercevant les ombres du soir qui descendent sur votre chemin, vous avez le coeur serré, rappelez-vous ces heures où le ciel semblait proche. C'était si naturel et si doux de croire ! Le ciel est voilé, mais derrière le voile, il y a toujours les mêmes splendeurs.

Courage, mes frères. Vous retrouverez un jour votre vision de Béthel.


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