Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Profession de foi apostolique dans une cour de fabrique

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Quand mon ami Hans vous serre la main, on sait à la fois ce qu'est une poignée de main et quel est l'homme qui en donne de semblables.
Hans dit parfois, et avec une certaine insistance : « Je ne suis qu'un simple ouvrier ! » Mais moi, pour ma part, je souhaiterais volontiers à tous les gens « cultivés » un regard comme le sien et une liberté intérieure aussi grande.

Hans est très près de mon coeur. Chaque dimanche matin il vient avant l'heure du culte passer, avec quelques autres hommes, un instant dans la sacristie. Nous y invoquons alors ensemble notre Père céleste et lui demandons de donner à sa Parole toute sa puissance durant le service divin qui va suivre.

Mais, cher lecteur, je me doute de ton impatience. Car ce n'est pas de faire la connaissance de mon ami Hans que tu te préoccupes, mais d'apprendre l'épisode qui se déroula une fois dans une cour des usines Krupp.

« Une fois... », c'était en 1934, à l'époque où les campagnes de propagande en faveur d'une religion germanique foisonnaient en Allemagne comme l'herbe après la pluie. Professeurs et gouverneurs régionaux, femmes de généraux et chefs de jeunesses hitlériennes rivalisaient alors de zèle pour prôner leurs idées abstruses et pour les prêcher comme enseignement d'une religion nordique... Une chose en tout cas semblait évidente : le christianisme était aboli.

Une fois donc il arriva, pendant un moment d'interruption du travail, que Hans se trouvait dans la cour de l'usine avec une troupe nombreuse d'ouvriers. Les conversations allaient bon train et ne tardèrent pas longtemps à s'orienter sur la question religieuse.
Il y en avait un notamment, parmi ces hommes, qui se prenait prodigieusement au sérieux. Il palabrait, il pérorait et ne manqua pas non plus de déverser sa moquerie sur leur camarade Hans qui s'obstinait « encore toujours » à fréquenter l'église. Mais tout cela allait bientôt prendre fin...

Hans lui répondit de son mieux. La discussion s'échauffait. Toujours plus nombreux, les auditeurs se pressaient autour des deux antagonistes.
Hans dit alors : « J'ai l'impression que nous parlons, tous les deux, à côté du sujet. Il faudrait tout d'abord que chacun de nous dise une bonne fois clairement ce qu'il croit en définitive. Ainsi nos points de vue seront nettement établis. Si tu veux, je commencerai et ensuite ce sera ton tour de formuler ta croyance. Puis, à haute et intelligible voix, Hans proclama : « je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, et en Jésus-Christ, fils unique de Dieu... »

Il s'était fait un grand silence. Ce credo, si souvent prononcé dans l'enceinte de l'église, ne l'avait jamais été encore dans cette cour encadrée d'usines et devant ces ouvriers incultes en tenue de travail.
Et Hans poursuivait, sans en rien omettre, sa profession de foi : ... rémission des péchés, résurrection de la chair et la vie éternelle. Amen ! - Voilà, j'ai terminé. À toi maintenant de faire ta déclaration.
Et l'autre se mit à bégayer : « Écoute... n'est-ce pas... il faut bien dire... »

Mais Hans, d'un ton glacial, de l'interrompre : « Non ! Il n'y a pas d'« écoute-n'est-ce-pas » qui tienne. Dis-nous en quoi tu crois. »
Et son camarade : « Eh bien !... pour ce qui est du christianisme... il faut reconnaître... ça ne prend plus ... »

Le poussant dans ses retranchements, Hans reprend, inexorable : « On ne te demande pas de dire ce qui est mal fait dans le christianisme. On sait bien que tu es contre, on l'a compris. Ce qu'il faut que tu nous dises, C'est en quoi tu as foi. Dis-le catégoriquement, allons, vas-y ! »

Tout autour, les hommes retenaient leur souffle et suivaient avidement le débat. Puis quelques voix encourageantes s'élevèrent : « Allez ! Karl !... dis-le donc ! »

Mais Karl se tenait là, la figure empourprée, acculé. Enfin il éclate : « En quoi je crois ?... En quoi je crois ! Ce n'est pas encore tout à fait au point... tu comprends... Ils y travaillent encore... à Berlin !!... »

Un éclat de rire général accueillit ces paroles, tandis que le pauvre diable criait encore avec colère, cherchant à dominer le bruit et les rires. « Quand ce sera au point, alors j'y croirai ! Vous pouvez y compter !... »

On le croyait sans peine. Nul n'en doutait plus.

... Et bien souvent je me suis dit qu'on devrait davantage s'y prendre à la manière de Hans et demander aux adversaires de l'Évangile d'exposer à leur tour en quoi consiste leur foi, quel en est l'objet. On s'apercevrait alors que la force dont se targuent la plupart d'entre eux n'est que négative et que, pour peu qu'on les somme de formuler aussi quelque chose de positif, ce ne sont plus, en général, que de très, très pauvres gens.

O Hans ! S'il en tenait à moi, je t'attribuerais une chaire de théologie pratique !




 Rien qu'un rêve !


Un homme fit un rêve. Il rêva qu'il était mort et qu'après un très, très long temps il se tenait debout devant le trône de Dieu.
Il regarda et comprit que c'était jour de jugement. Car il vit affluer de toutes parts une grande multitude d'hommes. À chacun son tour, ils comparaissaient. Il vit aussi des livres ouverts.
L'homme tâta sa poche de poitrine et se sentit aussitôt tranquillisé d'y sentir la présence de son portefeuille. Il en tira ses papiers et attendit.

Quand ce fut à lui de s'avancer et qu'il se trouva en face de ce regard si grave et qui le transperçait, il se sentit légèrement inquiet. Ce n'est pas ainsi qu'il s'était représenté Dieu, ni son aspect si sévère, si incorruptible, si réel dans sa clarté. Et, chose singulière, voilà qu'à cet instant précis surgirent dans sa mémoire les souvenirs d'une quantité de manquements qu'il avait commis dans sa vie et auxquels il n'avait jamais pensé auparavant. C'est ainsi, par exemple, qu'il s'avisa soudain de l'indifférence où il était demeuré à l'égard de Dieu et de son oubli total de prévenir une fois ses propres enfants de l'heure, sérieuse entre toutes, du jugement. Il se rappela...

Mais il reprit conscience du moment présent en sentant peser sur soi l'insistance impérieuse des yeux de Dieu. Il secoua son malaise, ouvrit son portefeuille et en sortit son acte de baptême qu'il tendit d'un geste assuré. Cette pièce devait suffire à le légitimer, à le blanchir, à le faire acquitter, il en était certain !

Un ange lui prit le papier des mains, le considéra un instant et le mit de côté sans prononcer une parole.

Incandescente, la clarté du regard de Dieu continuait de le fixer. Alors il frémit en comprenant tout à coup que son acte de naissance ne contenait pas sa justification, mais l'aggravation de sa cause et sa mise en accusation. Car son baptême ne l'engageait-il pas à appartenir à Dieu ?

Surmontant l'effroi qui s'emparait de lui, il rouvrit son portefeuille et en tira un second papier sur lequel se trouvait attesté noir sur blanc que cet homme avait reçu la confirmation de son baptême et qu'il se trouvait, de ce fait, au nombre des bons chrétiens. C'était là un certificat de valeur et qui ne manquerait pas de le faire acquitter.
Or il lui sembla, tandis qu'il présentait ce document, qu'une lueur de dérision passait dans la flamme du regard divin. L'ange imperturbable lui prit son papier et le mit de côté.

Dans un éclair d'épouvante, l'homme comprit alors qu'en vertu de l'acte de sa confirmation il avait promis fidélité à Jésus-Christ, qu'il avait... Oh ! il se rappelait bien maintenant comme son coeur avait battu, comme sa gorge s'était serrée devant la table sainte de son petit village... Et il revoyait les larmes briller aux yeux de sa mère tandis que son père le prenait dans ses bras... Que de pensées, que de bonnes résolutions n'avait-il pas formées en ce moment !... Mais ensuite... quels dieux avait-il servis ?... que d'autres dieux !...

Mais il s'arracha brusquement à cette affluence de souvenirs et, de nouveau, se ressaisit. Ouvrant une fois de plus son portefeuille, il en sortit cette fois-ci toute une liasse de papiers qu'il se mit à produire en les accompagnant d'explications volubiles : « Et ceci ! Et encore cela !... Et puis encore !... » D'un air presque avantageux il exhibait successivement les quittances de versements effectués au profit de toutes sortes de fondations, oeuvres, fonds d'église et autres institutions. Il n'en finissait pas d'avancer les preuves de ses pieuses largesses : « et puis voici encore... ».

« Voici encore... ceci ! » C'était la voix puissante de Dieu qui l'interrompait. Une main désignait le livre que soutenait l'ange. Et l'ange lut dans le livre :

 Premier commandement

JE SUIS LE SEIGNEUR, TON DIEU. TU N'AURAS POINT D'AUTRES DIEUX DEVANT MA FACE.

» Mais cet homme, ô Seigneur, ne t'a pas honoré. C'est de l'argent qu'il faisait son dieu. Il est coupable.


Second commandement

Tu NE PRENDRAS PAS EN VAIN LE NOM DE L'ÉTERNEL, TON DIEU.

» Cet homme n'a pas invoqué ton nom dans la prière, ni pour te louer et te rendre grâces. Il en a abusé pour jurer à la légère. Sans cesse il a proféré ton nom sans penser à ce qu'il disait. Il est coupable.


Troisième commandement

Tu SANCTIFIERAS LE JOUR DU REPOS *

» Cet homme a eu mille et mille occasions, ô Seigneur, d'entendre ta parole le dimanche. Il a atteint l'âge de 40 ans et tous les dimanches contenus dans la durée de sa vie font à eux seuls six années. Le dimanche matin, il lisait son journal. Puis il allait se promener, il mangeait bien, recevait et rendait des visites. Mais ta parole, il l'a méprisée. Il est coupable. »

Hors de lui, l'homme poussa un cri et... se réveilla baigné de sueur. Longtemps il resta étendu, n'osant remuer, ligoté dans son épouvante.

Alors son regard tomba sur un point de sa paroi où pendait un petit écriteau jauni : le verset qu'il avait récité le jour de sa confirmation. Un obscur sentiment d'attachement au passé l'avait incité à le placer là, près de son lit. Non qu'il sût encore, d'ailleurs, ce qui s'y trouvait écrit ! Car il avait pour maintes choses une mémoire d'une élasticité extraordinaire. Il y conservait des années durant certaines histoires ou plaisanteries un peu lestes sans en oublier un détail. Mais ce verset... Aussi bien ne l'avait-il, au fond, jamais compris tout à fait.
Il se leva et lut :

« Si un homme ne naît de nouveau, il ne saurait voir le Royaume de Dieu. »

Puis il revit, au-dessous de ce verset, la signature tracée d'une main tremblante par son vieux pasteur depuis longtemps disparu.
Lorsqu'il entra dans son bureau, il avait l'air un peu souffrant et quelques-uns de ses camarades en firent la remarque. Mais il s'abstint de leur répondre. Il venait de passer la nuit la plus pénible, mais aussi la plus heureuse de sa vie.

N'était-ce rien qu'un rêve ?...




Sous les roches !


Mon ami Joseph X ne m'en voudra pas de raconter ici son histoire à l'intention du grand public. Aussi bien lui arrive-t-il à lui-même de la narrer. Il le fait d'autant plus volontiers qu'il est convaincu, tout comme moi, que ce récit contient un enseignement qui peut être d'importance pour plusieurs. Voici les faits :

Un beau matin, un homme demande à me parler. je reconnais aussitôt en lui le mineur aux cicatrices bleues qu'il porte au visage et aux mains, traces que laissent leur travail sur ceux dont le métier est d'extraire le charbon des mines souterraines.
« Monsieur le pasteur, me dit-il, j'aurais quelque chose à vous raconter.
- Mais bien sûr ! Allez-y, je vous écoute.
- Vous voyez, je suis mineur. En outre, je suis chef de famille et père de trois enfants. À part cela, il n'y a pas grand-chose à ajouter sur mon compte, sinon que je suis un païen complet. Je ne me suis plus jamais soucié de Dieu ni de religion depuis ma confirmation, sauf quand c'est pour jurer. Vous savez bien comme ils jurent, les mineurs. Ils jurent quand ils entrent dans la mine, ils jurent quand ils en sortent... Ah ! il me faut dire encore que j'aime bien boire un verre et m'asseoir au café.

» Voilà. Et maintenant, mon histoire :

» Donc, je travaillais un jour dans les petites galeries. Elles sont terriblement basses et très étroites. J'étais occupé là-dedans, quand tout à coup j'entends un drôle de grincement et des craquements. Assez effrayé, je regarde au-dessus de moi. Mais avant que j'aie pu me rendre compte de quoi que ce soit, la roche s'écroule sur moi. je crie avec épouvante : « Ah ! mon Dieu !... » - puis c'est la nuit et je perds connaissance.
» Quand je reviens à moi, je suis couché dans un lit d'hôpital et couvert de pansements. Mes idées se réveillent lentement et je suis tout étonné d'être couché là. Parce que ça, c'est un accident qui est mortel dans la plupart des cas.
» Quelques jours après, mes camarades sont venus me voir à l'hôpital et ils m'ont raconté comment tout s'était passé. L'un d'eux, qui travaillait à proximité, a juste entendu mon cri ; il est sorti chercher du secours.
Alors ils m'ont déterré, grièvement blessé, mais encore vivant.

» La prochaine fois qu'ils revinrent me rendre visite, l'un d'eux me dit en riant : « Quel bel idiot tu fais ! Sais-tu ce que tu as crié au fond de ta galerie, pendant que la roche s'écroulait ? « Ah ! mon Dieu ! », que tu as crié... je t'ai entendu distinctement, haha ! Mais ce n'est pas Dieu qui a pu te sauver. C'est nous, tes camarades, qui avons déblayé les roches et qui t'avons tiré de là ! » Et tous de rire, et moi avec eux.

» Et je m'enfonçai davantage encore dans mon impiété.

» Une fois rétabli je repris le travail. Mais en rentrant de l'équipe du matin et après avoir mangé et m'être étendu dans mon lit, alors - eh oui ! vous voyez - alors voilà qu'une drôle d'idée se met à me travailler le cerveau... »

... A ce point de son récit, l'homme s'interrompit et se plongea dans une profonde méditation.
« Et quelle était cette drôle d'idée ? », lui demandai-je au bout d'un moment.
« Eh bien ! reprit-il, c'est comme ça ! Mes camarades ont tout à fait raison : c'est eux qui m'ont tiré de là. Quand l'un de nous est pris sous un éboulement comme je l'ai été, c'est presque toujours un homme mort. Et moi, je ne suis pas mort. C'est comme par miracle que je suis resté en vie. Alors il y a une question qui me tourmente : Qui est-ce que c'est, qui m'a conservé en vie tout ce temps, sous les roches ? »

Devant son air interrogateur, je me mets à rire :
« Mon ami », lui dis-je en lui tapant sur l'épaule, « VOUS le savez exactement. Allons, dites-le tranquillement : c'était Dieu. C'est sa main miséricordieuse qui vous a sauvé...
« ... dans combien de détresses le Dieu miséricordieux n'a-t-il pas étendu ses ailes sur toi !? »

- Oui, murmura-t-il, C'est bien ce que j'ai pensé aussi.
- Oui, repris-je, mais voilà... ce n'est pas tout. Croyez-vous peut-être que Dieu vous a préservé pour que vous continuiez à vivre comme par le passé ? Non ! Ce salut que vous lui devez, c'est un appel qu'il vous a adressé et qu'il est de la plus haute importance que vous entendiez !
- C'est ce que je me dis tout le temps, dit-il en se levant. Mais, je ne sais pas.... que faut-il que je fasse, maintenant ? »

Alors je le lui indiquai, ce qu'il fallait qu'il fit. Nous ouvrîmes ensemble la Bible et je lui révélai Jésus.

C'est à présent un homme transformé qui poursuit sa route dans ce monde.




« ... Donne-moi un esprit nouveau et bien disposé ! »


« Entrez ! »
Le pasteur se tourna du côté de la porte au moment où une femme imposante pénétrait dans la pièce. La visiteuse semblait en proie à une vive agitation. Aussitôt elle s'emporta :
« Il parait que vous ne voulez pas confirmer ma nièce ! »

Le pasteur tenta de l'apaiser : « Eh bien ! commencez par vous asseoir. Et maintenant laissez-moi vous expliquer tout tranquillement les choses. Votre nièce, voyez-vous... enfin vous savez aussi, puisqu'elle vit complètement avec vous depuis la mort de ses parents, qu'elle est faiblement douée sous le rapport de l'intelligence. C'est pour cela qu'elle a fréquenté l'école spéciale pour enfants arriérés. J'ai essayé de l'instruire. Mais elle n'a pas été capable de retenir un seul chant, sans parler du catéchisme. C'est pourquoi vous devez comprendre qu'il m'est impossible d'admettre à la confirmation une enfant aussi faible...

- Je vois ce que vous voulez dire », repartit la femme en interrompant les explications du pasteur. « Mais il faut que je vous raconte quelque chose : Dieu a usé de cette pauvre et faible enfant comme d'un instrument pour transformer toute notre maison. »

Le pasteur leva des yeux étonnés : « Comment cela s'est-il passé ? demanda-t-il.

- Je ne sais pas si vous avez connaissance de ceci : nous tenons un café. Il me faut avouer franchement qu'il régnait chez nous un esprit mauvais et... déréglé. À la mort de ma soeur, il y a une année de cela, j'ai recueilli sa fillette chez nous. La pauvre petite faisait peine à voir. Comme je ne disposais pas de beaucoup de place, je mis un lit supplémentaire dans la grande pièce où dorment les deux filles que j'emploie au café.
» Alors il se passa quelque chose d'étrange. Le premier soir, leur travail terminé, les deux servantes emmenèrent l'enfant avec elles dans leur chambre commune. Il était tard. Comme elle avait appris à le faire, la petite une fois couchée joignit ses mains et récita sa prière : « Mon Dieu, crée en moi un coeur pur et me donne un esprit nouveau et bien disposé. » C'est le seul verset qu'elle ait jamais retenu.

» Vous pouvez bien imaginer ce qui arriva : les deux filles se mirent à rire et à se moquer. Mais l'enfant ne s'en souciait pas. Puis elle s'endormit et le lendemain matin, aussitôt réveillée, elle redit sa prière, sans être troublée le moins du monde par l'hilarité des autres.
» Mais le second soir, lorsque la même scène recommença et que l'une des deux servantes se mit à pouffer comme la veille, l'autre lui dit avec sérieux : « Tu sais, la petite a raison. C'est ce qui nous manque à nous, un coeur pur. Oh ! mon Dieu oui, que ça me manque... je prie avec elle ! » Ce qu'elle fit, répétant mot à mot ce que ma petite nièce avait dit : « Mon Dieu, crée en moi un coeur pur et me donne un esprit nouveau et bien disposé. »

» Trois jours après, l'autre servante priait aussi pour recevoir cet esprit nouveau. Eh bien ! vous savez mieux que moi, monsieur le pasteur, que quand on demande le Saint-Esprit, il vient.
» Bref, les deux filles changèrent complètement. je leur demandai ce qui les avait transformées ainsi. Elles me rapportèrent ce qui s'était passé et ajoutèrent pour finir : « Si l'esprit ne change pas ici, dans la maison, nous partirons. »
» Alors j'ai pris peur. Et j'ai senti qu'elles avaient raison. Et je me suis mise à prier, moi aussi. Et maintenant tout est changé chez nous, absolument tout. Mon mari participe à notre culte du matin. Après l'esprit du diable, c'est le nouvel esprit de Dieu qui règne dans ma maison. Et tout cela est venu par cette enfant. »

Le pasteur avait écouté ce récit avec une profonde attention. Il était très ému.

« Merci de m'avoir expliqué, dit-il, l'enfant sera confirmée ! »


* Remarque de l'éditeur : l'ordre dans lequel se succèdent les dix commandements n'est pas le même dans l'Eglise luthérienne que dans les Églises réformées. 
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