Preuves de la divinité de Jésus-Christ.
- Après ce qui précède, vous nous demanderez encore, sans doute, comme le font, de nos jours comme autrefois, des milliers de personnes : Mais pourquoi donc voulez-vous absolument que Christ ait été Dieu ? Ne suffit-il pas que nous reconnaissions en lui le plus grand et le meilleur des hommes, le premier des moralistes, le martyre de la vérité ; un homme dont nous acceptons les doctrines, dont nous devons suivre l'exemple, afin que par une vie pure et sainte, comme le fut la sienne, nous nous réconciliions avec Dieu pour obtenir la félicité promise ?
Eh bien, non ! Cela ne suffit pas.
Christ est bien tout cela ; mais ce ne sont
pour lui que des accessoires. Il est plus
que cela. Jésus est avant tout le Fils
unique du Dieu vivant, et Dieu lui-même de
toute éternité -
l'Éternel !
Et si vous prenez réellement au
sérieux l'importante question de savoir
quelle religion vous voulez suivre, il faut que
vous ouvriez bien vos yeux et vos oreilles pour
voir et entendre distinctement ce que la Parole de
Dieu enseigne à ce sujet.
Mais, si vous n'êtes pas encore
assuré que la Bible soit réellement
la Parole de Dieu ; si l'Esprit de Dieu ne
rend pas témoignage à votre esprit
que ses déclarations sont des paroles de vie
éternelle, alors il est certain que nous ne
pouvons pas vous le prouver. - Dans ce cas, il y a
lieu
d'aller
vous renseigner auprès des soi-disant
libéraux ou rationalistes, auprès des
savants et des philosophes. Vous en recevrez
autant, de réponses différentes que
vous aurez interrogé de ces
gens-là.
Ce dont il nous importe le plus de vous
mettre en garde, c'est de vous laisser
séduire par les raisonnements de ces
savants, qui, sous prétexte de libre examen,
prétendent vous prouver que les paroles de
Christ et celles de la Bible en
général, signifient tout autre chose
que ce qu'elles disent en réalité.
C'est ce qui risquerait de vous arriver par l'effet
de la lassitude causée par toutes les
questions qui se posent à vous par la
lecture de la Bible.
Tenez pour certain que l'homme qui, parlant
de lui, a dit : « Je suis la
vérité ! » est
assuré de ce qu'il dit. Et quand il vous
exhorte à devenir comme des enfants, nous
ordonnant que notre « oui soit oui, et notre non,
non », il n'entend pas nous
autoriser par là à tordre, renverser
et retourner ses paroles bien longtemps pour leur
faire dire précisément le contraire
de sa pensée, le contraire de ce qu'y trouve
tout coeur d'enfant, simple et droit.
Nous affirmons donc que Christ est véritablement Dieu,
selon les
Écritures. C'est la vérité, parce qu'il nous a été
annoncé comme tel par les
prophètes : « Car
l'enfant nous est né, le Fils nous a
été donné et l'empire a
été posé sur son
épaule. Et on l'appellera l'Admirable, le
Conseiller, le Dieu fort, le Père
d'éternité, le Prince de la
paix. »
(Esaïe
9: 5.)
Cela est encore parce que Christ
lui-même l'a affirmé de lui en
termes si clairs qu'on ne saurait les mal
comprendre : « Moi et le
Père, nous sommes un. »
(Jean
10: 30.) « Celui
qui m'a vu a vu mon Père. »
(Jean
14: 9.)
« Avant qu'Abraham fût, je
suis. »
(Jean
8 : 58.) Et ils lui dirent
« Es-tu le Fils de
Dieu ? » Et il leur
répondit : « Vous le
dites, car je le suis. »
(Luc
22: 70.) Et Dieu lui-même
prononça ces paroles :
« C'est ici mon Fils bien-aimé, en
qui j'ai mis toute mon affection. »
(Matth.
3 : 17 ; Marc
1 : 11.)
Partout Christ s'appelle non pas un Fils de
Dieu, mais le Fils de Dieu, et il se nomme
aussi le Fils unique de Dieu. Il réclame
pour lui-même les honneurs divins, et cela
« afin que tous honorent le Fils, comme
ils honorent le Père ».
(Jean
5 : 23.) Jésus va
même jusqu'à déclarer avec
force cette vérité :
« Nul ne vient au Père que par
moi ! »
(Jean
14 : 6.) Et, s'adressant
aux Juifs, il leur dit : « Avant
qu'Abraham fût, je suis », mots qui
rappellent cette voix adressée par
l'Éternel à Moïse, du milieu du
buisson ardent, pour lui dire : « Je
suis celui qui suis. »
(Exode
3 : 14.)
Et en présence de ses disciples,
Jésus s'adresse à Dieu en ces
termes : « Et maintenant
glorifie-moi, toi Père, auprès de
toi, de la gloire que j'avais auprès de toi
avant que le monde fût . »
(Jean
17: 5.)
Par ces déclarations, le Seigneur
Jésus affirme ainsi de la façon la
plus précise et la plus intelligible qu'il
est Dieu de toute éternité. Et
ses ennemis eux-mêmes avaient l'impression
indubitable que Jésus affirmait être
Dieu. C'est ce qui ressort de leur réponse,
qu'ils lui firent en ces termes :
« Ce n'est point pour une bonne oeuvre
que nous te lapidons, mais pour un
blasphème, et parce que toi, qui es un
homme, tu te fais Dieu. »
(Jean
10, 33.)
Si, en dépit de toutes ses
déclarations, Christ n'eût pas
été Dieu, alors, malgré ce que
sa morale avait de sublime, il fut le plus
insensé de tous les hommes et le plus
abusé de lui-même, ou bien le plus
grand de tous les imposteurs de
l'histoire humaine. Il n'y a pas d'autre
alternative.
Car enfin peut-il y avoir plus grande
imposture que de voir un homme mortel se faire
passer pour Dieu ? Mahomet lui-même et
les autres fondateurs de religion l'ont-ils jamais
osé ?
Si Christ n'est pas Dieu, alors
assurément il aurait blasphémé
et il aurait effectivement mérité la
mort d'après la loi de Moïse, et sa
mort sur la croix n'en eût été
que la juste punition.
Passages
à
l'appui de la divinité de Christ.
- Mais Christ est bien véritablement
Dieu, et d'autres preuves viennent s'ajouter
à celles qui précèdent, comme
celle-ci : Tous ceux qui l'ont reconnu comme
le Messie ont reconnu aussi et affirmé sa
divinité. Ainsi l'apôtre Pierre quand
il a dit : « Tu es le Christ, le
Fils du Dieu vivant. » Et Jésus
lui répondit en disant : « Tu
es heureux, Simon, fils de Jonas, car ce ne sont
pas la chair ni le sang qui t'ont
révélé cela, mais mon
Père qui est dans les cieux. »
(Matth.
16: 16-17.)
Thomas, après la résurrection
de Jésus, lui dit :
« Mon Seigneur et mon
Dieu ! » et Christ accepte cette
adoration. L'Évangile de Jean déclare
ceci : « Au commencement
était la Parole, et la Parole était
avec Dieu, et la Parole était Dieu.
Toutes choses ont été faites par
elle. »
(Jean
1 : 1-2-3.) Et la Parole a
été faite chair, et elle a
habité parmi nous. »
(Jean
1 : 14.)
L'apôtre Paul, le fondateur de la
doctrine chrétienne, sous l'inspiration de
l'Esprit divin, déclare que Dieu
était en Christ, réconciliant le
monde avec lui-même
(2
Cor. 5 : 19), et il
écrit à son disciple
Timothée : le mystère de
piété est grand :
« Dieu manifesté en chair,
justifié par l'Esprit, vu des anges. prêché parmi
les
gentils, cru dans le monde et élevé
dans la gloire. »
(1
Tim. 3: 16.)
Écrivant aux Colossiens, il
développe cette notion de Dieu en
disant : Car en lui, en Christ habite
corporellement toute la plénitude de la
divinité.
(Col.
2 : 9.) Dans
l'épître de Paul à son disciple
Tite, il lui dit : « d'attendre la
bienheureuse espérance et la manifestation
de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur
Jésus-Christ.
(Tite
2 : 13-14.) - Le
même apôtre, dans son
épître aux Romains, écrit
encore ceci : « Les patriarches, de
qui est issu selon la chair le Christ qui est
Dieu sur toutes choses, béni
éternellement. »
(Rom.
9 : 5.)
L'apôtre Jean, enfin, le disciple
bien-aimé de Christ, écrit
également au sujet de Jésus-Christ
cette affirmation : « C'est lui
qui est le Dieu véritable et la vie
éternelle. »
(1
Jean 5: 20.) Est-il possible de
s'exprimer plus clairement ?
Nous citerons pourtant encore le passage du
premier chapitre de l'épître aux
Hébreux, qui proclame en des termes pleins
de majesté, cette divinité, trop contestée de
nos jours, du Seigneur Jésus-Christ. Voici
ce passage remarquable
(Hébreux
1 :
1-13) :
« Après avoir autrefois,
à plusieurs reprises et de plusieurs
manières, parlé à nos
pères par les prophètes, Dieu, dans
ces derniers temps, nous a parlé par son
Fils, qu'il a établi héritier de
toutes choses, par lequel il a aussi
créé le monde, et qui, étant
le reflet de sa gloire et l'image empreinte de sa
personne, et soutenant toutes choses par sa parole
puissante, a fait la purification des
péchés et s'est assis à la
droite de la majesté divine dans les lieux
très hauts, devenu d'autant supérieur
aux anges qu'il a hérité d'un nom
plus excellent que le leur. Car
auquel des anges Dieu a-t-il jamais dit : Tu
es mon Fils, je t'ai engendré
aujourd'hui ? et encore : Je serai pour
lui un père, et il sera mon fils.
Et lorsqu'il introduit de nouveau dans le
monde le premier-né, il dit : Que tous
les anges de Dieu l'adorent ! De plus, il est
dit des anges : Celui qui fait des vents ses
anges et des flammes de feu ses ministres. Mais il
est dit du Fils : Ton trône, ô
Dieu, est éternel : le sceptre de
ton règne est un sceptre
d'équité.
Tu as aimé la justice, et tu as
haï l'iniquité c'est pourquoi, ô
Dieu, ton Dieu t'a oint d'une huile de joie par
privilège sur tes collègues.
Et encore : Toi, Seigneur, tu as au
commencement fondé la terre, et les cieux
sont l'ouvrage de tes mains ; ils
périront, mais tu subsistes ; ... mais
toi, tu restes le même, et tes années
ne finiront point. Et auquel des anges a-t-il
jamais dit : Assieds-toi à ma droite
jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton
marchepied ? »
En présence de pareilles
déclarations de la Sainte-Écriture,
un coeur honnête ne pourra jamais mettre en
doute que la Bible enseigne la divinité
de Christ. La seule question qui se posera
à chacun sera celle-ci : Puis-je ou
veux-je accepter cette doctrine et y croire ? Tout est là.
Autres
preuves de la
divinité de Christ.
- Enfin nous affirmerons que Christ est
Dieu, parce qu'il n'y a qu'un Dieu qui ait le
pouvoir de ramener à Dieu cet univers qui
s'est séparé de Lui. Chacun
devrait comprendre que pareille chose est
impossible à la meilleure, des
créatures, même à toutes les
meilleures des créatures qui se
réuniraient dans un commun effort.
Pour peu que l'on ait médité
sérieusement sur la portée de ce seul
mot de rédemption, l'on sera
convaincu de l'impuissance de l'homme à
l'opérer.
Sans doute que, de nos jours, ce mot ne
répond plus, pour la plupart des gens,
à aucune idée bien précise.
Ils se contenteraient volontiers, comme
définition de ce terme, d'une
amélioration successive de
l'humanité, d'un certain progrès
spirituel, qui permettrait un jour à la
société humaine d'être
éclairée d'une lumière et
d'une intelligence de nature à la rendre
capable de faire le bien et de fuir le mal.
Fausse
notion du
péché.
- On peut juger par là de
l'idée vague et confuse que ces
personnes-là se font du péché.
Elles n'envisagent le mal que comme une
imperfection de la nature humaine, une connaissance
insuffisante du bien, ou bien encore comme une
certaine incapacité pour l'accomplir.
Cela étant, il suffirait
peut-être à leurs yeux que de temps
à autre il apparût dans le monde des
hommes doués de lumières nouvelles,
tels qu'un Bouddha ou un Confucius, un Socrate ou
un Pythagore ; tels aussi que Christ et
Mahomet, hommes qui apporteraient aux pauvres
humains quelque bel et vaste idéal,
dirigeant vers Dieu leurs aspirations morales. Ces
prophètes, en leur prêchant une belle
morale, leur serviraient de modèles ;
mais il faut reconnaître que jusqu'ici
l'emploi de pareils moyens n'a guère fourni
de résultats appréciables. - Les
villes de Paris et de Londres, de New-York et de
Berlin, capitales de pays prétendus
chrétiens, ne sont même pas
arrivées à un degré de
moralité supérieur à celui des
villes de l'antiquité, de Memphis ou de
Thèbes, d'Athènes ou de Sparte, aux
temps de Solon et de Lycurgue.
Et cela vient de ces notions,
énoncées plus haut, quant au mal et
au péché, et des idées que
s'en fait l'immense majorité de nos
contemporains, et qui sont malheureusement
absolument fausses. Le mal n'est point
seulement un degré inférieur de bien,
ou une simple incapacité de connaître
et de faire le bien. Il n'est pas rien qu'une
infériorité, une infirmité
humaine, dont l'homme pourrait guérir
à la faveur d'une meilleure alimentation
spirituelle et de l'assainissement de son milieu
moral.
Vraie
définition du péché.
- Grave erreur que cela ! Le mal, le
péché consiste essentiellement en une
action positive, qui s'accomplit en nous, et
qui s'exerce sur nous, et partout dans le
monde, par un être personnel et puissant,
dont l'influence est énorme.
Le pouvoir de cet être va
jusqu'à faire ouvertement la guerre à
Dieu, et cela depuis des milliers d'années,
avec une audace et une intelligence incalculables.
En vertu de sa puissance de volonté, cet
être est capable de lier dans ses
chaînes des anges et des créatures par
millions. Il a pris à tâche de fonder,
à côté du royaume du
bien, un empire du mal, où il
veut régner en dieu omnipotent.
Satan,
auteur de la
chute de l'homme.
- Cet être malfaisant, que
l'Écriture sainte nomme Satan, le sachant et
le voulant, se révolta contre Dieu, et
entraîna dans sa rébellion une partie
de l'armée des cieux, et endommagea
par là une partie de la création
de Dieu, jadis du domaine de la lumière.
Il y domine à présent à l'aide
de ses esprits « qui sont dans les
airs », et à titre de prince de ce
monde, ce qui n'est point un vain titre, mais bien
plutôt une effrayante réalité. Satan
règne donc dans ce monde qui, par la chute
de l'homme, lui est devenu accessible et qui ainsi
est tombé en son pouvoir, et cela d'une
façon beaucoup plus réelle et
complète que nous ne pouvons nous
l'imaginer.
De même que nous n'avons qu'une
idée bien imparfaite de l'amour de
Dieu et de l'abondance de vie dont il
dispose ; de même que nous sommes
incapables d'en éprouver le sentiment dans
toute sa réalité ; de même
aussi nous ne saurions nous faire aucune
idée de la haine de Satan et de son
pouvoir infernal, dont Jésus-Christ a
parlé à Saul de Tarse quand il lui
disait : « Je t'envoie vers les
païens afin qu'ils se convertissent de la puissance de Satan à
Dieu ! »
(Actes
26 : 18.)
L'anéantissement de toute vie, telle
est la néfaste ambition de cet ennemi de
Dieu, et cela parce que toute vie est divine. La
perdition et la destruction même de son
propre règne, tel est le but sinistre de son
existence. Il jouit chaque fois que l'on
écrase le moindre ver de terre ; il se
réjouit de chaque feuille morte qui tombe,
et lorsque toute la végétation se
glace sous les frimas de l'hiver. Mais quand au
printemps la vie se réveille dans toute la
nature, cet ennemi rage de ce que la puissance de
Dieu fait reverdir à nouveau la surface de
la terre et la couvre de fleurs.
Car autant notre Dieu aime sa
création et lui prodigue ses soins, autant
le diable la hait et fait effort pour la
détruire. « Il est meurtrier
dès le commencement »
(Jean
8 : 45), nous dit
l'Évangile de Jean. Il est l'auteur de cent
milliers de suicides, en Europe seulement. Son
élément c'est la haine de tout ce qui
existe, la fureur de la destruction, rage que l'on
voit souvent éclater d'une
façon épouvantable chez les
possédés et les grands
criminels.
Satan est encore la cause première de
toutes les maladies et de toute mort, ainsi que
cela ressort de plusieurs passages bibliques, tels
que : Job
2 :
7, Luc
13: 16, et 1
Cor. 5 : 5.
Nous lisons en effet dans
l'épître aux Hébreux ces
mots : « Afin que Christ, par sa
mort, enlevât le pouvoir à celui qui a la puissance de la
mort. »
(Hébreux,
2:
14.) Et puis l'on
voit ailleurs qu'il accuse jour et nuit les saints
devant Dieu et qu'il séduit le monde
entier.
(Apoc.
12 : 9-10.)
« Il rôde autour de nous comme un
lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer. »
(1
Pierre 5 : 8.)
Or, comment pourrions-nous être
délivrés d'un pareil pouvoir,
animé d'une haine aussi mortelle,
fût-ce même par Jésus-Christ, si
le prophète de Nazareth n'était qu'un
homme bon et vertueux, un éminent moraliste,
un innocent martyr ? Comment la plus sublime
des morales, ou bien quelques douzaines d'hommes
comme Socrate, voire même l'humanité
entière supposée formée
uniquement de héros de vertu, comment tout
cela pourrait-il enlever la malédiction qui
pèse sur tous les hommes, au point qu'ils ne
mourussent plus, qu'ils ne mangeassent plus leur
pain à la sueur de leur visage, que la femme
n'enfantât plus dans les douleurs, et que la
terre ne produisît plus
d'épines ?
Non, ni toutes les vertus réunies, ni
toute sa conduite la plus agréable à
Dieu, ne sauraient mettre l'homme en état de
délivrer la terre, ne fût-ce que d'un
bacille de choléra !
Mais, par contre, Christ lui-même,
parlant du pouvoir de Satan et de son propre
pouvoir pour chasser les
démons, déclare ceci
« Quand un homme bien armé
garde sa maison, il demeure en paix dans sa
possession. Mais quand un homme plus
fort survient, il le défait, il lui
enlève son armure, sur laquelle il se fiait
et partage ses dépouilles. »
(Luc
11 : 21-22.)
Il n'y avait donc qu'un Dieu qui
pût vaincre et dépouiller cet ange de
lumière déchu, ce Lucifer tellement
puissant, encore actuellement, que même le
premier des archanges, Michel, n'osa pas
l'injurier, cet être rebelle, qui ose encore,
comme nous le montre le livre de Job, se
présenter devant Dieu pour lui jeter ses
reproches à la face.
(Job
1 : 9-11 ; 2 :
5.)
Christ,
vainqueur
divin de Satan.
- Eh bien, c'est pour cela que Christ, le
Fils unique de Dieu, s'est levé de son
trône, où il était assis
à la droite de Dieu, dans toute sa gloire,
dès avant la fondation du monde
(Jean
17: 5), et que, poussé
par l'amour de Dieu, il s'est avancé pour
engager, en sa qualité de Prince de la vie,
cette lutte corps à corps contre le prince
de la mort, voué à la colère
de Dieu.
De l'issue de cette lutte, de ce combat
singulier, dépendaient, non pas la puissance
et le règne de Dieu, mais bien l'existence
de tout un monde. Dans ce combat il y avait sans
doute en jeu, avant tout, l'âme humaine, mais
en même temps aussi notre terre
entière, qu'Adam entraîna dans sa
chute. Il s'agissait de la délivrer de la
malédiction qui, dès cette heure
fatale, a pesé sur elle, les plantes et les
animaux, aussi bien que sur toutes les autres
créatures.
« Aussi la création
attend-elle avec ardeur et anxiété la
révélation des fils de Dieu. Car la
création est soumise à la
vanité, - non de son gré, mais
à cause de celui qui l'y a soumise, avec
l'espérance qu'elle aussi
sera affranchie de la servitude de la corruption,
pour avoir part à la liberté
glorieuse des enfants de Dieu. Or, nous savons que
jusqu'à ce jour la création tout
entière gémit et souffre les douleurs
de l'enfantement. »
(Rom.
8. 19-22.)
À la vérité, Dieu
eût pu, du haut de son trône de gloire,
écraser Satan, son adversaire, au bruit des
tonnerres et à la lueur des
éclairs ! Mais Il est un Dieu juste,
comme nous le montre le premier chapitre du livre
de Job. Et de cette façon notre dette envers
Dieu n'eût pas été
acquittée ; notre rançon
n'eût point été
payée.
Et voilà pourquoi Christ
résolut (dans un sentiment chevaleresque,
dirait-on en langage humain) de payer cette
rançon, de descendre sur le terrain de son
adversaire, pour le vaincre là, sans
l'intervention de son Père, sur son propre
domaine. C'est donc là qu'il descendit et
qu'il se laissa lier dans les chaînes,
presque insupportables pour un Dieu, de cette chair
mortelle et dure.
C'est pourquoi, étant enfant, il dut
crier ; en tant qu'homme, il dut endurer la
fatigue, la sueur, la faim, la soif, le sommeil. Ce
que nous acceptons comme chose toute naturelle, ce
dont nous ne nous doutons même pas, dans la
vie journalière, a été pour
lui un constant anéantissement de sa
personnalité divine. Pour un Dieu vivant,
c'était mourir continuellement que de devoir
prendre, pour vivre, des aliments terrestres, tels
que des poissons, par exemple, ayant passé
par la mort et subi la cuisson. Pour un Dieu présent partout,
cela devait
être de pesants liens que d'être
obligé, pour se transporter d'un lieu
à un autre, d'être assujetti à
la marche en mettant un pied devant l'autre, plus
ou moins péniblement,
entraves que nous ne saurions nous figurer. En
général, pour un Dieu doué de
la toute-science, c'était un emprisonnement
en chair que d'avoir à se servir, pour voir,
de ses yeux d'homme, de ses oreilles pour entendre,
de ses sens humains, en un mot, toujours
imparfaits. C'est donc aussi en ce sens que l'on
peut appliquer à Christ ce passage du
prophète Esaïe : « Il a
porté nos langueurs et Il s'est
chargé de nos douleurs. »
(Esaïe
53 : 4.)
La
victoire de Christ
a été son anéantissement
volontaire.
- La victoire du Seigneur Jésus a
donc consisté en ce qu'il a volontairement
consenti à se laisser lier des liens de
Satan, et cela en présence du prince des
ténèbres et de toutes les puissances
de l'enfer, qui le guettaient à chaque pas,
pour voir si l'Homme-Dieu ne broncherait pas, le
suivant pas à pas pour lui dresser des
embûches, obstacles que seul il pouvait
percevoir, tandis que les démons le
poursuivaient de leur haine infernale.
Avoir pu, en présence de tout cela,
demeurer en Dieu ; ne s'être à
aucun instant élevé dans le sentiment
de son propre moi ; être resté
obéissant et humble jusqu'à la
mort : voilà ce qui fut surhumain en
Christ. L'humilité, en effet, est
l'un des caractères du divin. Dieu
est humble.
Un sage de ce monde a bien prononcé
cette parole de mépris à
l'égard des humbles, que
« l'humilité est le courage de
ceux qui servent ». Mais sans s'en
douter, il a prononcé là une profonde
vérité, car c'est bien le comble du
courage !
Nous pouvons, en effet, mesurer la grandeur
de cette vertu à la peine que nous
éprouvons à l'accepter quelque peu,
et au fait qu'en dépit de tous nos efforts nous
réussissons si mal à la mettre en
pratique, en étant vraiment
humbles.
Assurément, Dieu est humble. Il fait
lever chaque jour son soleil sur les bons et sur
les méchants, qui le maudissent et
l'outragent. Il prend soin d'eux en leur procurant
les aliments nécessaires, en attendant
patiemment qu'ils se convertissent et en se mettant jour et nuit
au service d'une humanité
qui le méprise.
Le
caractère du
péché, c'est l'orgueil inspiré
à l'homme par Satan.
- Le diable, lui, est enflé
d'orgueil, de sorte que celui en qui il habite
a l'humilité en mépris, se
figurant que c'est bien plus beau et glorieux de
façonner le monde du sein de sa propre
personnalité, en se prenant pour centre et
en voulant dominer sur tout.
Christ aussi aurait pu faire cela. N'est-il
pas la Parole « par qui toutes choses ont
été faites », et sans
laquelle rien n'existerait. Or, c'est
précisément en ceci que consiste sa
victoire sur Satan. Ce qu'il s'était
proposé, c'était de ne pas se
montrer dans sa puissance divine. C'est ainsi
qu'il a pu, pendant une durée de
trente-trois ans, ne jamais céder au besoin,
- presque insurmontable pour une personne divine,
si nous osons parler ainsi, - au besoin de rompre
ces liens librement acceptés, pour laisser
éclater sa gloire (1). Voilà
pourquoi Jésus
n'a point voulu remuer un doigt pour changer des
pierres en pain et apaiser ainsi sa faim, lui qui, pour la gloire
de Dieu, eut le pouvoir de
rassasier des milliers de personnes avec quelques
pains.
Voyez sa mort ! Durant les trois
premières heures que Jésus fut en
croix, de neuf heures à midi, la vie du
corps luttait encore en lui contre la mort. C'est
en ces heures-là que Jésus
prononça ces paroles divines de
réconciliation :
« Père, pardonne-leur, car ils ne
savent ce qu'ils font ! » Et ces
mots pleins de sollicitude pour les siens :
« Femme, voici ton
fils ! » Et cette promesse
solennelle : « En
vérité, tu seras aujourd'hui avec moi
dans le paradis », accordant par
là du haut de sa croix l'entrée du
ciel au pécheur repentant.
L'heure
critique et
décisive de la lutte entre Christ et Satan.
- Mais lorsque vers midi, à la
sixième heure, les ombres de la mort
commencèrent à envelopper le
crucifié, lorsque le soleil pâlit et
qu'arriva l'heure des ténèbres, alors
que, pour leur dernier assaut, Satan et l'enfer
tout entier l'assaillirent de toutes leurs
terreurs, fondant sur lui comme un cavalier
armé, ce fut le moment décisif.
Car l'adversaire se disait : c'est
à présent que se décidera mon
sort ; à présent je saurai si
j'ai chuté pour toujours, pour aller me
consumer dans les tourments éternels de
l'étang de feu et de soufre, en une rage
impuissante ; - ou bien si je réussirai
à ravir pour toujours à Dieu ce monde
qu'il a créé, qui me fut jadis
assigné, et que déjà je lui ai
à moitié arraché ! C'est
ici l'heure qui va décider si je pourrai
régner et me faire servir
éternellement par des millions d'âmes,
en me vengeant sur elles de mes propres
tourments.
Et quand, pour finir, Dieu se retira du Dieu
mis en croix, pour assister, comme en spectateur,
entouré de milliers d'anges émus et
de chérubins flamboyants, à la
scène par laquelle son Fils unique allait accomplir
son oeuvre, - à
cette heure-là, au sein des
ténèbres de la nature entière
(car l'homme était indigne d'assister
à cette lutte entre les deux principes),
c'est alors que se livra ce grand duel, dont
l'enjeu était la création
entière.
Solennelle
et
redoutable alternative dans l'épreuve de
Jésus sur la croix.
- Alors, si le Dieu mis en croix eût
non pas péché ou bien renié
Dieu, - ce qu'il ne pouvait, étant Dieu
lui-même, - mais seulement faibli dans son
dessein, s'il eût seulement changé de
projet, s'il se fût redressé dans le
sentiment de sa divinité, en disant à
Satan : « Penses-tu avoir quelque
chose en moi ? Ne suis-je pas le Saint de
Dieu ? Faut-il donc que je souffre ces
tourments si je ne le veux pas ? Vois !
je renonce à sauver ce monde et je m'en vais
reprendre ma place à la droite de Dieu. Fais
ce qu'il te plaira de ces misérables
pécheurs. Qu'ils soient à
toi ! » à ce moment on aurait
vu, sous les yeux épouvantés des
soldats romains et du peuple juif, la croix tomber
en poussière et une figure éclatante
de lumière, avec des yeux comme des flammes
de feu, s'élever de ce monde maudit sans
même l'honorer d'un regard, pour remonter
vers Dieu en disant : « Abandonne,
ô mon Père, cette race
pécheresse. Elle n'est pas digne de mon
salut ; rends-moi la gloire que j'avais avant
que le monde fût fait, et allons créer
d'autres mondes, à notre
gloire ! »
Mais au même instant une autre figure
serait remontée de l'abîme
éternel, immense et sombre comme la nuit,
aux yeux ardents d'une éternelle rage. Elle
aurait étendu ses ailes de
ténèbres sur une terre glacée
de terreur : puis d'une voix de tonnerre, et
avec un affreux grincement de dents, elle se
fût écriée en jubilant :
« A
présent, vous m'appartenez ! Il a
renoncé à vous délivrer !
Abandonnez toute espérance ! Descendez
vers moi dans les tourments éternels !
C'est moi qui suis votre dieu pour
l'éternité ! »
Un cri de désespoir eût alors
retenti ; toutes les créatures auraient
commencé les pleurs éternels, et la
fumée de leur tourment serait montée
aux siècles des siècles, parce que
l'oeuvre de la rédemption du monde aurait
échoué misérablement.
Triomphe
de
Jésus-Christ par son obéissance
jusqu'à la mort.
- Mais gloire et louanges au Sauveur !
Il a tenu ferme, il s'est abaissé
lui-même et a été
obéissant jusqu'à la mort,
jusqu'à la mort même de la croix, et
il sortit de cette lutte après avoir, il est
vrai, poussé ce grand cri :
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu
abandonné ? pourquoi m'as-tu
laissé seul ? » mais pourtant
avec ce cri de la victoire : Tout est
accompli !
(Phil.
2. 8.)
Pour juger de la portée de cette
victoire, de sa signification et comprendre combien
ce moment-là fut grand et décisif
pour l'éternité, il faut
considérer le fait que le triomphe de Christ
sera désormais pour toutes les
créatures célestes le sujet de leurs
éternelles louanges.
Il ne s'agira plus, un jour, de l'empire
romain, ni de l'empire allemand, ni de leur gloire,
pas plus que de tous les hauts faits et les beaux
discours de tous les grands hommes ; ni des
découvertes grandioses dans les arts et les
sciences ; non plus que du triomphe de la
civilisation et des progrès intellectuels de
l'humanité, encore moins de toutes ces
choses qui nous préoccupent et nous
enthousiasment ici-bas sur la
terre. Tout cela est beaucoup trop petit
pour être aperçu du haut des collines
éternelles !
Mais c'est la mort sur la croix du Fils
du charpentier qui demeure à toujours le
sujet du cantique nouveau que chantent les rachetés,
proclamant ainsi qu'il est
digne de recevoir le Livre de vie et d'en rompre
les sceaux et les liens en lesquels Satan l'avait
enfermé.
« Il a vaincu, le Lion de la
tribu de Juda, la racine de David ! Car tu as
été immolé et tu nous a
rachetés pour Dieu par ton sang de toute
tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute
nation, et tu nous as faits rois et sacrificateurs
à notre Dieu, et nous régnerons sur
la terre ! »
(Apoc.
5 : 9-10.)
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