Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

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Preuves de la divinité de Jésus-Christ.

- Après ce qui précède, vous nous demanderez encore, sans doute, comme le font, de nos jours comme autrefois, des milliers de personnes : Mais pourquoi donc voulez-vous absolument que Christ ait été Dieu ? Ne suffit-il pas que nous reconnaissions en lui le plus grand et le meilleur des hommes, le premier des moralistes, le martyre de la vérité ; un homme dont nous acceptons les doctrines, dont nous devons suivre l'exemple, afin que par une vie pure et sainte, comme le fut la sienne, nous nous réconciliions avec Dieu pour obtenir la félicité promise ?


Eh bien, non ! Cela ne suffit pas. Christ est bien tout cela ; mais ce ne sont pour lui que des accessoires. Il est plus que cela. Jésus est avant tout le Fils unique du Dieu vivant, et Dieu lui-même de toute éternité - l'Éternel !

Et si vous prenez réellement au sérieux l'importante question de savoir quelle religion vous voulez suivre, il faut que vous ouvriez bien vos yeux et vos oreilles pour voir et entendre distinctement ce que la Parole de Dieu enseigne à ce sujet.
Mais, si vous n'êtes pas encore assuré que la Bible soit réellement la Parole de Dieu ; si l'Esprit de Dieu ne rend pas témoignage à votre esprit que ses déclarations sont des paroles de vie éternelle, alors il est certain que nous ne pouvons pas vous le prouver. - Dans ce cas, il y a lieu d'aller vous renseigner auprès des soi-disant libéraux ou rationalistes, auprès des savants et des philosophes. Vous en recevrez autant, de réponses différentes que vous aurez interrogé de ces gens-là.

Ce dont il nous importe le plus de vous mettre en garde, c'est de vous laisser séduire par les raisonnements de ces savants, qui, sous prétexte de libre examen, prétendent vous prouver que les paroles de Christ et celles de la Bible en général, signifient tout autre chose que ce qu'elles disent en réalité. C'est ce qui risquerait de vous arriver par l'effet de la lassitude causée par toutes les questions qui se posent à vous par la lecture de la Bible.

Tenez pour certain que l'homme qui, parlant de lui, a dit : « Je suis la vérité ! » est assuré de ce qu'il dit. Et quand il vous exhorte à devenir comme des enfants, nous ordonnant que notre « oui soit oui, et notre non, non », il n'entend pas nous autoriser par là à tordre, renverser et retourner ses paroles bien longtemps pour leur faire dire précisément le contraire de sa pensée, le contraire de ce qu'y trouve tout coeur d'enfant, simple et droit.

Nous affirmons donc que Christ est véritablement Dieu, selon les Écritures. C'est la vérité, parce qu'il nous a été annoncé comme tel par les prophètes : « Car l'enfant nous est né, le Fils nous a été donné et l'empire a été posé sur son épaule. Et on l'appellera l'Admirable, le Conseiller, le Dieu fort, le Père d'éternité, le Prince de la paix. » (Esaïe 9: 5.)
Cela est encore parce que Christ lui-même l'a affirmé de lui en termes si clairs qu'on ne saurait les mal comprendre : « Moi et le Père, nous sommes un. » (Jean 10: 30.) « Celui qui m'a vu a vu mon Père. » (Jean 14: 9.)

« Avant qu'Abraham fût, je suis. » (Jean 8 : 58.) Et ils lui dirent « Es-tu le Fils de Dieu ? » Et il leur répondit : « Vous le dites, car je le suis. » (Luc 22: 70.) Et Dieu lui-même prononça ces paroles : « C'est ici mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection. » (Matth. 3 : 17 ; Marc 1 : 11.)

Partout Christ s'appelle non pas un Fils de Dieu, mais le Fils de Dieu, et il se nomme aussi le Fils unique de Dieu. Il réclame pour lui-même les honneurs divins, et cela « afin que tous honorent le Fils, comme ils honorent le Père ». (Jean 5 : 23.) Jésus va même jusqu'à déclarer avec force cette vérité : « Nul ne vient au Père que par moi ! » (Jean 14 : 6.) Et, s'adressant aux Juifs, il leur dit : « Avant qu'Abraham fût, je suis », mots qui rappellent cette voix adressée par l'Éternel à Moïse, du milieu du buisson ardent, pour lui dire : « Je suis celui qui suis. » (Exode 3 : 14.)
Et en présence de ses disciples, Jésus s'adresse à Dieu en ces termes : « Et maintenant glorifie-moi, toi Père, auprès de toi, de la gloire que j'avais auprès de toi avant que le monde fût . » (Jean 17: 5.)

Par ces déclarations, le Seigneur Jésus affirme ainsi de la façon la plus précise et la plus intelligible qu'il est Dieu de toute éternité. Et ses ennemis eux-mêmes avaient l'impression indubitable que Jésus affirmait être Dieu. C'est ce qui ressort de leur réponse, qu'ils lui firent en ces termes : « Ce n'est point pour une bonne oeuvre que nous te lapidons, mais pour un blasphème, et parce que toi, qui es un homme, tu te fais Dieu. » (Jean 10, 33.)

Si, en dépit de toutes ses déclarations, Christ n'eût pas été Dieu, alors, malgré ce que sa morale avait de sublime, il fut le plus insensé de tous les hommes et le plus abusé de lui-même, ou bien le plus grand de tous les imposteurs de l'histoire humaine. Il n'y a pas d'autre alternative.
Car enfin peut-il y avoir plus grande imposture que de voir un homme mortel se faire passer pour Dieu ? Mahomet lui-même et les autres fondateurs de religion l'ont-ils jamais osé ?

Si Christ n'est pas Dieu, alors assurément il aurait blasphémé et il aurait effectivement mérité la mort d'après la loi de Moïse, et sa mort sur la croix n'en eût été que la juste punition.


Passages à l'appui de la divinité de Christ.

- Mais Christ est bien véritablement Dieu, et d'autres preuves viennent s'ajouter à celles qui précèdent, comme celle-ci : Tous ceux qui l'ont reconnu comme le Messie ont reconnu aussi et affirmé sa divinité. Ainsi l'apôtre Pierre quand il a dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Et Jésus lui répondit en disant : « Tu es heureux, Simon, fils de Jonas, car ce ne sont pas la chair ni le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux. » (Matth. 16: 16-17.)

Thomas, après la résurrection de Jésus, lui dit :
« Mon Seigneur et mon Dieu ! » et Christ accepte cette adoration. L'Évangile de Jean déclare ceci : « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Toutes choses ont été faites par elle. » (Jean 1 : 1-2-3.) Et la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous. » (Jean 1 : 14.)

L'apôtre Paul, le fondateur de la doctrine chrétienne, sous l'inspiration de l'Esprit divin, déclare que Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même (2 Cor. 5 : 19), et il écrit à son disciple Timothée : le mystère de piété est grand : « Dieu manifesté en chair, justifié par l'Esprit, vu des anges. prêché parmi les gentils, cru dans le monde et élevé dans la gloire. » (1 Tim. 3: 16.)

Écrivant aux Colossiens, il développe cette notion de Dieu en disant : Car en lui, en Christ habite corporellement toute la plénitude de la divinité. (Col. 2 : 9.) Dans l'épître de Paul à son disciple Tite, il lui dit : « d'attendre la bienheureuse espérance et la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ. (Tite 2 : 13-14.) - Le même apôtre, dans son épître aux Romains, écrit encore ceci : « Les patriarches, de qui est issu selon la chair le Christ qui est Dieu sur toutes choses, béni éternellement. » (Rom. 9 : 5.)

L'apôtre Jean, enfin, le disciple bien-aimé de Christ, écrit également au sujet de Jésus-Christ cette affirmation : « C'est lui qui est le Dieu véritable et la vie éternelle. » (1 Jean 5: 20.) Est-il possible de s'exprimer plus clairement ?

Nous citerons pourtant encore le passage du premier chapitre de l'épître aux Hébreux, qui proclame en des termes pleins de majesté, cette divinité, trop contestée de nos jours, du Seigneur Jésus-Christ. Voici ce passage remarquable (Hébreux 1 : 1-13) :
« Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par son Fils, qu'il a établi héritier de toutes choses, par lequel il a aussi créé le monde, et qui, étant le reflet de sa gloire et l'image empreinte de sa personne, et soutenant toutes choses par sa parole puissante, a fait la purification des péchés et s'est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très hauts, devenu d'autant supérieur aux anges qu'il a hérité d'un nom plus excellent que le leur. Car auquel des anges Dieu a-t-il jamais dit : Tu es mon Fils, je t'ai engendré aujourd'hui ? et encore : Je serai pour lui un père, et il sera mon fils.
Et lorsqu'il introduit de nouveau dans le monde le premier-né, il dit : Que tous les anges de Dieu l'adorent ! De plus, il est dit des anges : Celui qui fait des vents ses anges et des flammes de feu ses ministres. Mais il est dit du Fils : Ton trône, ô Dieu, est éternel : le sceptre de ton règne est un sceptre d'équité.
Tu as aimé la justice, et tu as haï l'iniquité c'est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t'a oint d'une huile de joie par privilège sur tes collègues.

Et encore : Toi, Seigneur, tu as au commencement fondé la terre, et les cieux sont l'ouvrage de tes mains ; ils périront, mais tu subsistes ; ... mais toi, tu restes le même, et tes années ne finiront point. Et auquel des anges a-t-il jamais dit : Assieds-toi à ma droite jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied ? »

En présence de pareilles déclarations de la Sainte-Écriture, un coeur honnête ne pourra jamais mettre en doute que la Bible enseigne la divinité de Christ. La seule question qui se posera à chacun sera celle-ci : Puis-je ou veux-je accepter cette doctrine et y croire ? Tout est là.


Autres preuves de la divinité de Christ.

- Enfin nous affirmerons que Christ est Dieu, parce qu'il n'y a qu'un Dieu qui ait le pouvoir de ramener à Dieu cet univers qui s'est séparé de Lui. Chacun devrait comprendre que pareille chose est impossible à la meilleure, des créatures, même à toutes les meilleures des créatures qui se réuniraient dans un commun effort.
Pour peu que l'on ait médité sérieusement sur la portée de ce seul mot de rédemption, l'on sera convaincu de l'impuissance de l'homme à l'opérer.

Sans doute que, de nos jours, ce mot ne répond plus, pour la plupart des gens, à aucune idée bien précise. Ils se contenteraient volontiers, comme définition de ce terme, d'une amélioration successive de l'humanité, d'un certain progrès spirituel, qui permettrait un jour à la société humaine d'être éclairée d'une lumière et d'une intelligence de nature à la rendre capable de faire le bien et de fuir le mal.


Fausse notion du péché.

- On peut juger par là de l'idée vague et confuse que ces personnes-là se font du péché. Elles n'envisagent le mal que comme une imperfection de la nature humaine, une connaissance insuffisante du bien, ou bien encore comme une certaine incapacité pour l'accomplir.

Cela étant, il suffirait peut-être à leurs yeux que de temps à autre il apparût dans le monde des hommes doués de lumières nouvelles, tels qu'un Bouddha ou un Confucius, un Socrate ou un Pythagore ; tels aussi que Christ et Mahomet, hommes qui apporteraient aux pauvres humains quelque bel et vaste idéal, dirigeant vers Dieu leurs aspirations morales. Ces prophètes, en leur prêchant une belle morale, leur serviraient de modèles ; mais il faut reconnaître que jusqu'ici l'emploi de pareils moyens n'a guère fourni de résultats appréciables. - Les villes de Paris et de Londres, de New-York et de Berlin, capitales de pays prétendus chrétiens, ne sont même pas arrivées à un degré de moralité supérieur à celui des villes de l'antiquité, de Memphis ou de Thèbes, d'Athènes ou de Sparte, aux temps de Solon et de Lycurgue.

Et cela vient de ces notions, énoncées plus haut, quant au mal et au péché, et des idées que s'en fait l'immense majorité de nos contemporains, et qui sont malheureusement absolument fausses. Le mal n'est point seulement un degré inférieur de bien, ou une simple incapacité de connaître et de faire le bien. Il n'est pas rien qu'une infériorité, une infirmité humaine, dont l'homme pourrait guérir à la faveur d'une meilleure alimentation spirituelle et de l'assainissement de son milieu moral.


Vraie définition du péché.

- Grave erreur que cela ! Le mal, le péché consiste essentiellement en une action positive, qui s'accomplit en nous, et qui s'exerce sur nous, et partout dans le monde, par un être personnel et puissant, dont l'influence est énorme.

Le pouvoir de cet être va jusqu'à faire ouvertement la guerre à Dieu, et cela depuis des milliers d'années, avec une audace et une intelligence incalculables. En vertu de sa puissance de volonté, cet être est capable de lier dans ses chaînes des anges et des créatures par millions. Il a pris à tâche de fonder, à côté du royaume du bien, un empire du mal, où il veut régner en dieu omnipotent.


Satan, auteur de la chute de l'homme.

- Cet être malfaisant, que l'Écriture sainte nomme Satan, le sachant et le voulant, se révolta contre Dieu, et entraîna dans sa rébellion une partie de l'armée des cieux, et endommagea par là une partie de la création de Dieu, jadis du domaine de la lumière. Il y domine à présent à l'aide de ses esprits « qui sont dans les airs », et à titre de prince de ce monde, ce qui n'est point un vain titre, mais bien plutôt une effrayante réalité. Satan règne donc dans ce monde qui, par la chute de l'homme, lui est devenu accessible et qui ainsi est tombé en son pouvoir, et cela d'une façon beaucoup plus réelle et complète que nous ne pouvons nous l'imaginer.

De même que nous n'avons qu'une idée bien imparfaite de l'amour de Dieu et de l'abondance de vie dont il dispose ; de même que nous sommes incapables d'en éprouver le sentiment dans toute sa réalité ; de même aussi nous ne saurions nous faire aucune idée de la haine de Satan et de son pouvoir infernal, dont Jésus-Christ a parlé à Saul de Tarse quand il lui disait : « Je t'envoie vers les païens afin qu'ils se convertissent de la puissance de Satan à Dieu ! » (Actes 26 : 18.)

L'anéantissement de toute vie, telle est la néfaste ambition de cet ennemi de Dieu, et cela parce que toute vie est divine. La perdition et la destruction même de son propre règne, tel est le but sinistre de son existence. Il jouit chaque fois que l'on écrase le moindre ver de terre ; il se réjouit de chaque feuille morte qui tombe, et lorsque toute la végétation se glace sous les frimas de l'hiver. Mais quand au printemps la vie se réveille dans toute la nature, cet ennemi rage de ce que la puissance de Dieu fait reverdir à nouveau la surface de la terre et la couvre de fleurs.

Car autant notre Dieu aime sa création et lui prodigue ses soins, autant le diable la hait et fait effort pour la détruire. « Il est meurtrier dès le commencement » (Jean 8 : 45), nous dit l'Évangile de Jean. Il est l'auteur de cent milliers de suicides, en Europe seulement. Son élément c'est la haine de tout ce qui existe, la fureur de la destruction, rage que l'on voit souvent éclater d'une façon épouvantable chez les possédés et les grands criminels.

Satan est encore la cause première de toutes les maladies et de toute mort, ainsi que cela ressort de plusieurs passages bibliques, tels que : Job 2 : 7, Luc 13: 16, et 1 Cor. 5 : 5.
Nous lisons en effet dans l'épître aux Hébreux ces mots : « Afin que Christ, par sa mort, enlevât le pouvoir à celui qui a la puissance de la mort. » (Hébreux, 2: 14.) Et puis l'on voit ailleurs qu'il accuse jour et nuit les saints devant Dieu et qu'il séduit le monde entier. (Apoc. 12 : 9-10.) « Il rôde autour de nous comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer. » (1 Pierre 5 : 8.)

Or, comment pourrions-nous être délivrés d'un pareil pouvoir, animé d'une haine aussi mortelle, fût-ce même par Jésus-Christ, si le prophète de Nazareth n'était qu'un homme bon et vertueux, un éminent moraliste, un innocent martyr ? Comment la plus sublime des morales, ou bien quelques douzaines d'hommes comme Socrate, voire même l'humanité entière supposée formée uniquement de héros de vertu, comment tout cela pourrait-il enlever la malédiction qui pèse sur tous les hommes, au point qu'ils ne mourussent plus, qu'ils ne mangeassent plus leur pain à la sueur de leur visage, que la femme n'enfantât plus dans les douleurs, et que la terre ne produisît plus d'épines ?
Non, ni toutes les vertus réunies, ni toute sa conduite la plus agréable à Dieu, ne sauraient mettre l'homme en état de délivrer la terre, ne fût-ce que d'un bacille de choléra !

Mais, par contre, Christ lui-même, parlant du pouvoir de Satan et de son propre pouvoir pour chasser les démons, déclare ceci « Quand un homme bien armé garde sa maison, il demeure en paix dans sa possession. Mais quand un homme plus fort survient, il le défait, il lui enlève son armure, sur laquelle il se fiait et partage ses dépouilles. » (Luc 11 : 21-22.)

Il n'y avait donc qu'un Dieu qui pût vaincre et dépouiller cet ange de lumière déchu, ce Lucifer tellement puissant, encore actuellement, que même le premier des archanges, Michel, n'osa pas l'injurier, cet être rebelle, qui ose encore, comme nous le montre le livre de Job, se présenter devant Dieu pour lui jeter ses reproches à la face. (Job 1 : 9-11 ; 2 : 5.)


Christ, vainqueur divin de Satan.

- Eh bien, c'est pour cela que Christ, le Fils unique de Dieu, s'est levé de son trône, où il était assis à la droite de Dieu, dans toute sa gloire, dès avant la fondation du monde (Jean 17: 5), et que, poussé par l'amour de Dieu, il s'est avancé pour engager, en sa qualité de Prince de la vie, cette lutte corps à corps contre le prince de la mort, voué à la colère de Dieu.

De l'issue de cette lutte, de ce combat singulier, dépendaient, non pas la puissance et le règne de Dieu, mais bien l'existence de tout un monde. Dans ce combat il y avait sans doute en jeu, avant tout, l'âme humaine, mais en même temps aussi notre terre entière, qu'Adam entraîna dans sa chute. Il s'agissait de la délivrer de la malédiction qui, dès cette heure fatale, a pesé sur elle, les plantes et les animaux, aussi bien que sur toutes les autres créatures.

« Aussi la création attend-elle avec ardeur et anxiété la révélation des fils de Dieu. Car la création est soumise à la vanité, - non de son gré, mais à cause de celui qui l'y a soumise, avec l'espérance qu'elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu. Or, nous savons que jusqu'à ce jour la création tout entière gémit et souffre les douleurs de l'enfantement. » (Rom. 8. 19-22.)

À la vérité, Dieu eût pu, du haut de son trône de gloire, écraser Satan, son adversaire, au bruit des tonnerres et à la lueur des éclairs ! Mais Il est un Dieu juste, comme nous le montre le premier chapitre du livre de Job. Et de cette façon notre dette envers Dieu n'eût pas été acquittée ; notre rançon n'eût point été payée.
Et voilà pourquoi Christ résolut (dans un sentiment chevaleresque, dirait-on en langage humain) de payer cette rançon, de descendre sur le terrain de son adversaire, pour le vaincre là, sans l'intervention de son Père, sur son propre domaine. C'est donc là qu'il descendit et qu'il se laissa lier dans les chaînes, presque insupportables pour un Dieu, de cette chair mortelle et dure.

C'est pourquoi, étant enfant, il dut crier ; en tant qu'homme, il dut endurer la fatigue, la sueur, la faim, la soif, le sommeil. Ce que nous acceptons comme chose toute naturelle, ce dont nous ne nous doutons même pas, dans la vie journalière, a été pour lui un constant anéantissement de sa personnalité divine. Pour un Dieu vivant, c'était mourir continuellement que de devoir prendre, pour vivre, des aliments terrestres, tels que des poissons, par exemple, ayant passé par la mort et subi la cuisson. Pour un Dieu présent partout, cela devait être de pesants liens que d'être obligé, pour se transporter d'un lieu à un autre, d'être assujetti à la marche en mettant un pied devant l'autre, plus ou moins péniblement, entraves que nous ne saurions nous figurer. En général, pour un Dieu doué de la toute-science, c'était un emprisonnement en chair que d'avoir à se servir, pour voir, de ses yeux d'homme, de ses oreilles pour entendre, de ses sens humains, en un mot, toujours imparfaits. C'est donc aussi en ce sens que l'on peut appliquer à Christ ce passage du prophète Esaïe : « Il a porté nos langueurs et Il s'est chargé de nos douleurs. » (Esaïe 53 : 4.)


La victoire de Christ a été son anéantissement volontaire.

- La victoire du Seigneur Jésus a donc consisté en ce qu'il a volontairement consenti à se laisser lier des liens de Satan, et cela en présence du prince des ténèbres et de toutes les puissances de l'enfer, qui le guettaient à chaque pas, pour voir si l'Homme-Dieu ne broncherait pas, le suivant pas à pas pour lui dresser des embûches, obstacles que seul il pouvait percevoir, tandis que les démons le poursuivaient de leur haine infernale.

Avoir pu, en présence de tout cela, demeurer en Dieu ; ne s'être à aucun instant élevé dans le sentiment de son propre moi ; être resté obéissant et humble jusqu'à la mort : voilà ce qui fut surhumain en Christ. L'humilité, en effet, est l'un des caractères du divin. Dieu est humble.

Un sage de ce monde a bien prononcé cette parole de mépris à l'égard des humbles, que « l'humilité est le courage de ceux qui servent ». Mais sans s'en douter, il a prononcé là une profonde vérité, car c'est bien le comble du courage !
Nous pouvons, en effet, mesurer la grandeur de cette vertu à la peine que nous éprouvons à l'accepter quelque peu, et au fait qu'en dépit de tous nos efforts nous réussissons si mal à la mettre en pratique, en étant vraiment humbles.

Assurément, Dieu est humble. Il fait lever chaque jour son soleil sur les bons et sur les méchants, qui le maudissent et l'outragent. Il prend soin d'eux en leur procurant les aliments nécessaires, en attendant patiemment qu'ils se convertissent et en se mettant jour et nuit au service d'une humanité qui le méprise.


Le caractère du péché, c'est l'orgueil inspiré à l'homme par Satan.

- Le diable, lui, est enflé d'orgueil, de sorte que celui en qui il habite a l'humilité en mépris, se figurant que c'est bien plus beau et glorieux de façonner le monde du sein de sa propre personnalité, en se prenant pour centre et en voulant dominer sur tout.

Christ aussi aurait pu faire cela. N'est-il pas la Parole « par qui toutes choses ont été faites », et sans laquelle rien n'existerait. Or, c'est précisément en ceci que consiste sa victoire sur Satan. Ce qu'il s'était proposé, c'était de ne pas se montrer dans sa puissance divine. C'est ainsi qu'il a pu, pendant une durée de trente-trois ans, ne jamais céder au besoin, - presque insurmontable pour une personne divine, si nous osons parler ainsi, - au besoin de rompre ces liens librement acceptés, pour laisser éclater sa gloire (1). Voilà pourquoi Jésus n'a point voulu remuer un doigt pour changer des pierres en pain et apaiser ainsi sa faim, lui qui, pour la gloire de Dieu, eut le pouvoir de rassasier des milliers de personnes avec quelques pains.

Voyez sa mort ! Durant les trois premières heures que Jésus fut en croix, de neuf heures à midi, la vie du corps luttait encore en lui contre la mort. C'est en ces heures-là que Jésus prononça ces paroles divines de réconciliation : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font ! » Et ces mots pleins de sollicitude pour les siens : « Femme, voici ton fils ! » Et cette promesse solennelle : « En vérité, tu seras aujourd'hui avec moi dans le paradis », accordant par là du haut de sa croix l'entrée du ciel au pécheur repentant.


L'heure critique et décisive de la lutte entre Christ et Satan.

- Mais lorsque vers midi, à la sixième heure, les ombres de la mort commencèrent à envelopper le crucifié, lorsque le soleil pâlit et qu'arriva l'heure des ténèbres, alors que, pour leur dernier assaut, Satan et l'enfer tout entier l'assaillirent de toutes leurs terreurs, fondant sur lui comme un cavalier armé, ce fut le moment décisif.
Car l'adversaire se disait : c'est à présent que se décidera mon sort ; à présent je saurai si j'ai chuté pour toujours, pour aller me consumer dans les tourments éternels de l'étang de feu et de soufre, en une rage impuissante ; - ou bien si je réussirai à ravir pour toujours à Dieu ce monde qu'il a créé, qui me fut jadis assigné, et que déjà je lui ai à moitié arraché ! C'est ici l'heure qui va décider si je pourrai régner et me faire servir éternellement par des millions d'âmes, en me vengeant sur elles de mes propres tourments.

Et quand, pour finir, Dieu se retira du Dieu mis en croix, pour assister, comme en spectateur, entouré de milliers d'anges émus et de chérubins flamboyants, à la scène par laquelle son Fils unique allait accomplir son oeuvre, - à cette heure-là, au sein des ténèbres de la nature entière (car l'homme était indigne d'assister à cette lutte entre les deux principes), c'est alors que se livra ce grand duel, dont l'enjeu était la création entière.


Solennelle et redoutable alternative dans l'épreuve de Jésus sur la croix.

- Alors, si le Dieu mis en croix eût non pas péché ou bien renié Dieu, - ce qu'il ne pouvait, étant Dieu lui-même, - mais seulement faibli dans son dessein, s'il eût seulement changé de projet, s'il se fût redressé dans le sentiment de sa divinité, en disant à Satan : « Penses-tu avoir quelque chose en moi ? Ne suis-je pas le Saint de Dieu ? Faut-il donc que je souffre ces tourments si je ne le veux pas ? Vois ! je renonce à sauver ce monde et je m'en vais reprendre ma place à la droite de Dieu. Fais ce qu'il te plaira de ces misérables pécheurs. Qu'ils soient à toi ! » à ce moment on aurait vu, sous les yeux épouvantés des soldats romains et du peuple juif, la croix tomber en poussière et une figure éclatante de lumière, avec des yeux comme des flammes de feu, s'élever de ce monde maudit sans même l'honorer d'un regard, pour remonter vers Dieu en disant : « Abandonne, ô mon Père, cette race pécheresse. Elle n'est pas digne de mon salut ; rends-moi la gloire que j'avais avant que le monde fût fait, et allons créer d'autres mondes, à notre gloire ! »

Mais au même instant une autre figure serait remontée de l'abîme éternel, immense et sombre comme la nuit, aux yeux ardents d'une éternelle rage. Elle aurait étendu ses ailes de ténèbres sur une terre glacée de terreur : puis d'une voix de tonnerre, et avec un affreux grincement de dents, elle se fût écriée en jubilant : «  A présent, vous m'appartenez ! Il a renoncé à vous délivrer ! Abandonnez toute espérance ! Descendez vers moi dans les tourments éternels ! C'est moi qui suis votre dieu pour l'éternité ! »

Un cri de désespoir eût alors retenti ; toutes les créatures auraient commencé les pleurs éternels, et la fumée de leur tourment serait montée aux siècles des siècles, parce que l'oeuvre de la rédemption du monde aurait échoué misérablement.


Triomphe de Jésus-Christ par son obéissance jusqu'à la mort.

- Mais gloire et louanges au Sauveur ! Il a tenu ferme, il s'est abaissé lui-même et a été obéissant jusqu'à la mort, jusqu'à la mort même de la croix, et il sortit de cette lutte après avoir, il est vrai, poussé ce grand cri : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? pourquoi m'as-tu laissé seul ? » mais pourtant avec ce cri de la victoire : Tout est accompli ! (Phil. 2. 8.)

Pour juger de la portée de cette victoire, de sa signification et comprendre combien ce moment-là fut grand et décisif pour l'éternité, il faut considérer le fait que le triomphe de Christ sera désormais pour toutes les créatures célestes le sujet de leurs éternelles louanges.
Il ne s'agira plus, un jour, de l'empire romain, ni de l'empire allemand, ni de leur gloire, pas plus que de tous les hauts faits et les beaux discours de tous les grands hommes ; ni des découvertes grandioses dans les arts et les sciences ; non plus que du triomphe de la civilisation et des progrès intellectuels de l'humanité, encore moins de toutes ces choses qui nous préoccupent et nous enthousiasment ici-bas sur la terre. Tout cela est beaucoup trop petit pour être aperçu du haut des collines éternelles !

Mais c'est la mort sur la croix du Fils du charpentier qui demeure à toujours le sujet du cantique nouveau que chantent les rachetés, proclamant ainsi qu'il est digne de recevoir le Livre de vie et d'en rompre les sceaux et les liens en lesquels Satan l'avait enfermé.

« Il a vaincu, le Lion de la tribu de Juda, la racine de David ! Car tu as été immolé et tu nous a rachetés pour Dieu par ton sang de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation, et tu nous as faits rois et sacrificateurs à notre Dieu, et nous régnerons sur la terre ! » (Apoc. 5 : 9-10.)


1 Voilà aussi pourquoi Jésus a défendu à ses trois disciples, qui furent témoins de sa gloire sur la sainte montagne, d'en parler avant le temps. 
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