Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

II

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Insuffisance des meilleures qualifications comme homme.

- Que pensez-vous du Christ ? vous, notre lecteur. Vous répondrez sans doute qu'il fut un homme excellent, plein de bonté et de bienveillance ; peut-être même doué de forces surnaturelles ; un maître éminent, en un mot, l'un des hommes les plus distingués et les plus grands qui aient jamais existé. Voilà probablement votre pensée. Mais ce n'est point de cela qu'il s'agit. C'est ce que l'on peut dire aussi d'un Socrate, d'un Bouddha, d'un Confucius, et bien plus encore de Moïse, d'Elie, comme aussi de saint Augustin et de Luther, et de bien d'autres encore.

Si Christ n'est que cela et rien de plus, vous pourrez l'honorer tant que vous voudrez, mais il ne pourra vous être d'aucun secours. Est-ce qu'à l'heure si angoissante de la mort, au moment où vous quitterez ce monde, il vous viendrait jamais à l'idée d'adresser votre prière à Socrate, ou bien à Luther ? Pourraient-ils vous accompagner au travers de la sombre vallée ? Seraient-ils capables de vous délivrer du fardeau de vos péchés ? Car c'est de cela qu'il s'agit au fond ; c'est là qu'est le noeud de toute religion.


Caractère de la religion : Réponse à la question du péché.

- La religion n'est pas la morale, et la doctrine morale la plus sublime est encore loin d'être une religion. Car chez tous les peuples du monde et dès les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, l'essence de la religion fut toujours la crainte de Dieu, et cela découle de la signification primitive du mot « religion ».

Et pourtant on peut demander : pourquoi craindre Dieu, puisque toutes les religions sont d'accord pour révérer Dieu, comme le principe de tout bien, lui que les pauvres et les misérables appellent - le bon Dieu ? La réponse à cette question, c'est que l'homme a fait du mal et qu'il en fait sans cesse, ou bien, pour parler le langage du chrétien, c'est que l'homme est pécheur.

Qu'est-ce donc qu'enseignera la religion ? Réponse : La réconciliation avec ce Dieu bon, mais saint, que par ses péchés l'homme a offensé et irrité. La religion enseigne le pardon des péchés.


Le pardon des péchés, besoin ineffaçable du coeur humain.

- C'est le pardon de ses péchés que, depuis des milliers d'années, l'Hindou va chercher sur les bords du Gange, et de nos jours encore le Fakir, en s'y infligeant des tortures. L'Égyptien du monde ancien souffrait déjà du sentiment de son péché, de sa culpabilité. C'est ce que témoigne cette belle inscription funéraire : « 0 toi, mon coeur, que j'ai reçu de ma mère, que j'ai possédé durant ma vie terrestre, ne t'élève pas en témoin contre moi ! Ne m'accuse pas devant Dieu ! » paroles qui rappellent le beau passage de la 1re épître de Jean chap. 3, v. 19-21.

Et l'Égyptien se consolait quand, selon sa liturgie pour les morts, le prêtre lui répondait de la part de Dieu : « Je suis l'Atoum (l'inapprochable), qui ai fait les cieux et qui ai créé tous les êtres. Je suis aujourd'hui et je connais le lendemain. Je suis la loi de la Loi. J'efface les péchés. Je lave les souillures. »

C'est bien aussi le pardon des péchés que cherchait, tant au Mexique qu'aux Indes, le pauvre homme courbé sous le fardeau de ses fautes, tandis que le prêtre gravissait péniblement les degrés du temple pyramidal, pour y offrir à la divinité, sur le plus haut de ces degrés, disposé en autel, le coeur saignant d'une victime humaine. - Quel symbole saisissant ! Car qu'est-ce, en effet, que l'humanité pourrait offrir à la divinité de plus précieux et de plus grand que son coeur, labouré par le remords et le sentiment de sa culpabilité ?

C'est encore le pardon de leurs péchés que cherchaient, dans l'antiquité, les Grecs comme les Romains, aussi bien que les anciens Germains. Sans ce besoin-là, comment expliquerait-on tous les sacrifices consommés par ces idolâtres, et tout le sang qu'ils faisaient répandre ?

Le pardon des péchés, voilà ce que, d'un pôle à l'autre, ont toujours désiré les pénitents et tous ceux qui ont offert des sacrifices, ceux qui jeûnent et ceux qui prient. De sorte que le premier mot de toute religion, qui en est vraiment une, et non pas un système philosophique seulement, ou bien une simple doctrine morale, ce premier mot sera toujours « 0 Dieu, sois apaisé envers moi qui suis pécheur ! »

Il en découle que la seule religion vraiment bonne et véritable, c'est celle qui procure complète satisfaction à ce besoin profond du coeur humain, soupirant après la paix que donne l'assurance du pardon ; la religion qui étanche la soif d'innocence ardente et dévorante, après laquelle son âme soupire.


L'oeuvre de la Rédemption, oeuvre divine opérée par Jésus-Christ.

- Mais qui pourra opérer une oeuvre pareille ? Qui est-ce qui pourra réconcilier la créature déchue avec son Créateur, et effacer sa faute ? Quel autre que le Créateur lui-même !

Lorsque dans les visions divines un ange puissant s'écrie d'une voix forte : « Qui est digne d'ouvrir le Livre (de la création) et d'en rompre les sceaux ? » (Apoc. 5: 1-3) personne, ni dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, ni chérubin, ni homme, ni démon, ne put ouvrir ce Livre, ni le regarder ! Et Jean pleurait beaucoup parce que personne ne fut trouvé digne d'ouvrir le Livre, car, si aucun être créé ne pouvait rompre les sceaux, grâce à tout le poids de la coulpe humaine, qu'allait-il arriver ?

Mais voici qu'un des anciens lui dit : « Ne pleure pas ! car le Lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, ayant vaincu, a le pouvoir d'ouvrir les sept sceaux ! »
Dans ce passage, Christ nous est présenté comme un Dieu descendant dans ce bas monde pour y effacer sa dette envers lui. « La Parole, dit saint Jean (et de qui, lui, pêcheur du lac de Génézareth, aurait-il reçu cette connaissance, si ce n'est de son Maître bien-aimé ?) - la Parole était au commencement, et la Parole était Dieu, et toutes choses ont été faites par elle. Et la Parole a été faite chair et a habité parmi nous. » (Jean 1: 1-3, 14.)

Et quant à la manière dont ce Dieu, fait chair, opère l'effacement des péchés du monde, de nos péchés à chacun de nous, dont il expie notre coulpe, voilà ce qu'en dit le prophète qui saluait d'avance son jour : « Il s'est chargé de nos douleurs. » (Esaïe 53: 4.) Et l'homme dont Christ lui-même déclare qu'il est le plus grand des prophètes, de ceux qui sont nés de femme, s'écrie en le voyant venir à lui : « Voici l'agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. » (Jean 1: 29.) Et l'apôtre Paul dit encore, inspiré par l'Esprit : « Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même. » (2 Cor. 5: 18.)

Ainsi, nous voyons, ici encore, la parfaite réconciliation avec Dieu opérée par Dieu lui-même ! Quelle religion a jamais pu offrir aux hommes quelque chose d'aussi grand ? Et qu'est-ce que la créature peut demander de plus à son Créateur ?

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