Insuffisance
des
meilleures qualifications comme homme.
- Que pensez-vous du Christ ?
vous, notre lecteur. Vous répondrez sans
doute qu'il fut un homme excellent, plein de
bonté et de bienveillance ;
peut-être même doué de forces
surnaturelles ; un maître
éminent, en un mot, l'un des hommes les plus
distingués et les plus grands qui aient
jamais existé. Voilà probablement
votre pensée. Mais ce n'est point de cela
qu'il s'agit. C'est ce que l'on peut dire aussi
d'un Socrate, d'un Bouddha, d'un Confucius, et bien
plus encore de Moïse, d'Elie, comme aussi de
saint Augustin et de Luther, et de bien d'autres
encore.
Si Christ n'est que cela et rien de plus,
vous pourrez l'honorer tant que vous voudrez, mais
il ne pourra vous être d'aucun secours.
Est-ce qu'à l'heure si angoissante de la
mort, au moment où vous quitterez ce monde,
il vous viendrait jamais à l'idée
d'adresser votre prière à Socrate, ou
bien à Luther ? Pourraient-ils vous
accompagner au travers de la sombre
vallée ? Seraient-ils capables de vous
délivrer du fardeau de vos
péchés ? Car c'est de cela qu'il
s'agit au fond ; c'est là qu'est le
noeud de toute religion.
Caractère
de la
religion : Réponse à la question
du péché.
- La religion n'est pas la morale, et la
doctrine morale la plus sublime est encore loin
d'être une religion. Car chez tous les
peuples du monde et dès les temps les plus reculés
jusqu'à nos jours, l'essence de la religion
fut toujours la crainte de Dieu, et cela
découle de la signification primitive du mot
« religion ».
Et pourtant on peut demander : pourquoi
craindre Dieu, puisque toutes les religions sont
d'accord pour révérer Dieu, comme le
principe de tout bien, lui que les pauvres et les
misérables appellent - le bon Dieu ? La
réponse à cette question, c'est que
l'homme a fait du mal et qu'il en fait sans cesse,
ou bien, pour parler le langage du chrétien,
c'est que l'homme est pécheur.
Qu'est-ce donc qu'enseignera la
religion ? Réponse : La
réconciliation avec ce Dieu bon, mais saint,
que par ses péchés l'homme a
offensé et irrité. La religion
enseigne le pardon des
péchés.
Le
pardon des
péchés, besoin ineffaçable du
coeur humain.
- C'est le pardon de ses
péchés que, depuis des milliers
d'années, l'Hindou va chercher sur les bords
du Gange, et de nos jours encore le Fakir, en s'y
infligeant des tortures. L'Égyptien du monde
ancien souffrait déjà du sentiment de
son péché, de sa culpabilité.
C'est ce que témoigne cette belle
inscription funéraire : « 0
toi, mon coeur, que j'ai reçu de ma
mère, que j'ai possédé durant
ma vie terrestre, ne t'élève pas en
témoin contre moi ! Ne m'accuse pas
devant Dieu ! » paroles qui
rappellent le beau passage de la 1re
épître
de Jean chap. 3,
v. 19-21.
Et l'Égyptien se consolait quand,
selon sa liturgie pour les morts, le prêtre
lui répondait de la part de Dieu :
« Je suis l'Atoum (l'inapprochable), qui
ai fait les cieux et qui ai créé tous
les êtres. Je suis aujourd'hui et je connais
le lendemain. Je suis la loi de la Loi. J'efface
les péchés. Je lave les
souillures. »
C'est bien aussi le pardon des
péchés que cherchait, tant au Mexique qu'aux
Indes, le
pauvre homme courbé sous le fardeau de ses
fautes, tandis que le prêtre gravissait
péniblement les degrés du temple
pyramidal, pour y offrir à la
divinité, sur le plus haut de ces
degrés, disposé en autel, le coeur
saignant d'une victime humaine. - Quel symbole
saisissant ! Car qu'est-ce, en effet, que
l'humanité pourrait offrir à la
divinité de plus précieux et de plus
grand que son coeur, labouré par le remords
et le sentiment de sa
culpabilité ?
C'est encore le pardon de leurs
péchés que cherchaient, dans
l'antiquité, les Grecs comme les Romains,
aussi bien que les anciens Germains. Sans ce
besoin-là, comment expliquerait-on tous les
sacrifices consommés par ces
idolâtres, et tout le sang qu'ils faisaient
répandre ?
Le pardon des péchés,
voilà ce que, d'un pôle à
l'autre, ont toujours désiré les
pénitents et tous ceux qui ont offert des
sacrifices, ceux qui jeûnent et ceux qui
prient. De sorte que le premier mot de toute
religion, qui en est vraiment une, et non pas un
système philosophique seulement, ou bien une
simple doctrine morale, ce premier mot sera
toujours « 0 Dieu, sois apaisé
envers moi qui suis
pécheur ! »
Il en découle que la seule religion
vraiment bonne et véritable, c'est celle qui
procure complète satisfaction à ce
besoin profond du coeur humain, soupirant
après la paix que donne l'assurance du
pardon ; la religion qui étanche la
soif d'innocence ardente et dévorante,
après laquelle son âme soupire.
L'oeuvre
de la
Rédemption, oeuvre divine
opérée par
Jésus-Christ.
- Mais qui pourra opérer une oeuvre pareille ?
Qui
est-ce qui
pourra réconcilier la créature
déchue avec son Créateur, et effacer
sa faute ? Quel autre que le Créateur
lui-même !
Lorsque dans les visions divines un ange
puissant s'écrie d'une voix forte :
« Qui est digne d'ouvrir le Livre (de la
création) et d'en rompre les
sceaux ? »
(Apoc.
5: 1-3) personne, ni dans le
ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, ni
chérubin, ni homme, ni démon, ne put
ouvrir ce Livre, ni le regarder ! Et Jean
pleurait beaucoup parce que personne ne fut
trouvé digne d'ouvrir le Livre, car, si
aucun être créé ne pouvait
rompre les sceaux, grâce à tout le
poids de la coulpe humaine, qu'allait-il
arriver ?
Mais voici qu'un des anciens lui dit :
« Ne pleure pas ! car le Lion de la
tribu de Juda, le rejeton de David, ayant vaincu, a
le pouvoir d'ouvrir les sept
sceaux ! »
Dans ce passage, Christ nous est
présenté comme un Dieu descendant
dans ce bas monde pour y effacer sa dette envers
lui. « La Parole, dit saint Jean (et de
qui, lui, pêcheur du lac de
Génézareth, aurait-il reçu
cette connaissance, si ce n'est de son Maître
bien-aimé ?) - la Parole était
au commencement, et la Parole était Dieu, et
toutes choses ont été faites par
elle. Et la Parole a été faite chair
et a habité parmi nous. »
(Jean
1: 1-3, 14.)
Et quant à la manière dont ce
Dieu, fait chair, opère l'effacement des
péchés du monde, de nos
péchés à chacun de nous, dont
il expie notre coulpe, voilà ce qu'en dit le
prophète qui saluait d'avance son
jour : « Il s'est chargé de
nos douleurs. »
(Esaïe
53: 4.) Et l'homme dont
Christ lui-même déclare qu'il est le
plus grand des prophètes, de ceux qui sont
nés de femme, s'écrie en le voyant
venir à lui : « Voici l'agneau de Dieu
qui ôte le
péché du monde. »
(Jean
1: 29.) Et l'apôtre Paul
dit encore, inspiré par l'Esprit :
« Dieu était en Christ,
réconciliant le monde avec
lui-même. »
(2
Cor. 5: 18.)
Ainsi, nous voyons, ici encore, la
parfaite réconciliation avec Dieu
opérée par Dieu lui-même !
Quelle religion a jamais pu offrir aux hommes
quelque chose d'aussi grand ? Et qu'est-ce que
la créature peut demander de plus à
son Créateur ?
Chapitre précédent | Table des matières | Chapitre suivant |