Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

I

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Importance de la question.

- Qu'elle est importante cette question ?

Elles sont importantes les questions qui se débattent de nos jours. Il y a la question militaire, la question sociale, la question ecclésiastique, la question d'Orient, etc., etc.

Mais tout cela, ce ne sont que des questions humaines, des questions que des hommes soulèvent et qui passent, comme tout ce qui est humain. Elles feront un jour place à d'autres questions, et en fin de compte chacun demeure libre de s'en préoccuper ou non, de les ignorer même, sans qu'il en subisse de ce fait quelque préjudice.

Il en est tout autrement de cette question divine s'adressant à tout homme : Que pensez-vous du Christ ? Elle demeure immuable ; elle concerne chacun de nous, quelque intérêt que nous puissions avoir d'ailleurs pour les beaux-arts, pour la politique ou pour l'économie sociale, ou non ; que nous soyons riches ou pauvres, jeunes ou vieux, cultivés ou illettrés. Et lorsque, sur notre lit de mort, toutes les autres questions auront perdu tout intérêt pour nous, alors s'imposera à nous la grande, l'unique question, la plus sérieuse pour notre âme ; elle se posera d'une façon impérieuse, dépassant infiniment toutes les affaires et les questions d'ici-bas.

Et au jour du jugement cette question : Que pensez-vous du Christ ? subsistera seule, et de telle manière que, de la réponse à ces mots, dépendra pour nous un bonheur ou un malheur éternel, car il est écrit : « Il n'y a de salut en aucun autre et il n'y a point d'autre nom qui ait été donné aux hommes par lequel il nous faille être sauvés. » (Actes 4: 12.)


La personnalité historique du Christ.

- Alors que pensez-vous du Christ ? Vous savez sans doute qui il est ; qu'il est né, il y a 19 siècles, de la vierge Marie ; qu'il vécut trente ans comme fils d'un charpentier, dans la ville de Nazareth ; qu'après cela il prêcha pendant environ trois ans en Palestine ; qu'il y accomplit plusieurs miracles ; qu'il fut crucifié sous Ponce Pilate, et qu'il ressuscita le troisième jour.

C'est du moins ce que, dès votre enfance, on vous a raconté quant à la vie de Jésus, notre Seigneur. C'est le récit que nous rapporte la Bible et ce qui est à la base des prédications faites chaque dimanche dans les cultes publics. Tout chrétien le croit ou passe au moins pour croire ces choses. Et je veux aussi penser que vous ajoutez foi à ces faits d'une façon plus sérieuse et plus consciencieuse que tant de gens qui, lorsqu'on les questionne à ce sujet, vous avouent qu'ils ne se sont jamais demandé si, oui ou non, ils ajoutent bien foi à ces choses-là. Ces personnes laissent ainsi voir le peu d'intérêt et la faible importance que leur offre la personne du Christ.


Le Christ historique ne suffit pas.

- Mais il se peut aussi que, malgré votre foi sincère à la réalité des faits que les Évangiles nous rapportent, concernant le Christ, il ne soit encore pour vous qu'un personnage historique ; plus considérable, plus vénérable et meilleur assurément qu'un Socrate ou qu'un Luther, mais enfin toujours un héros de l'histoire, tel qu'il ressort de l'étude de la Bible.

Christ sera toujours, à vos yeux, cette figure pleine de bonté, de majesté et de douceur à la fois, que, dès notre enfance, nous avons vue dépeinte dans une quantité de livres et d'images, et sur les vitraux de nos églises ! Nous l'y voyons vêtu d'une longue robe flottante, tantôt bleue, tantôt rouge, étendant ses mains pour bénir, entouré de disciples à l'air vénérable, au milieu d'une foule recueillie, lui apportant ses petits enfants pour qu'il les bénisse. L'auréole même qui entoure sa tête a fini par vous apparaître comme aussi naturelle que légitime.
C'est de cette façon que s'est formée dans votre imagination une figure de Christ idéale, mais imaginaire. C'est ainsi que vous êtes arrivé à vous dire, comme tant d'autres avant vous : Si j'eusse vécu de son temps et que j'eusse pu le voir et l'entendre, j'aurais certainement cru en lui, moi, et je n'aurais pas crié : « Crucifie-le ! »


Le Christ véritable.

- Mais tout autre est le Christ véritable. Il a passé sa vie dans des conditions d'abaissement bien plus réelles que nous ne nous le figurons. Car il n'y avait en lui ni beauté ni apparence, mais sa gloire morale et spirituelle en était d'autant plus grande et pure.

Permettez donc que nous déroulions devant vous le tableau sobrement esquissé des circonstances et dispositions où la nation juive se trouvait alors, au temps où le Christ vécut, en ne puisant à d'autres sources que les récits évangéliques, l'unique origine de vos idées quant à la personne du Sauveur.
Sous le règne de l'empereur Tibère, alors que le monde retentissait de bruits de guerres et des victoires des Romains, dans une petite province de leur immense empire, on voit paraître un homme issu d'une peuplade soumise dès longtemps et devenue insignifiante.

Cet homme est encore jeune, il est vêtu comme un ouvrier et n'a rien de frappant en sa personne. C'est pour chacun un inconnu, jusqu'au moment où l'on apprend qu'il sort de cette bourgade de Nazareth généralement méprisée, et qu'il est charpentier de son métier (Marc 6: 3), comme son père, avec qui, depuis bien des années, il travaille comme ouvrier, dans cet endroit où il est depuis longtemps établi. Les gens de cette contrée le reconnaissent pour leur concitoyen et affirment qu'ils connaissent bien son père, ses frères et ses soeurs. (Matth. 13 : 55-56.)

Cet ouvrier charpentier n'a d'ailleurs rien d'extraordinaire, sauf qu'il se distingue de ses congénères par le sérieux de son caractère et des paroles dénotant une grande élévation de pensées. Il mange et il boit ce qu'on lui offre, et en quelque société que ce soit. Il est cependant sujet aussi à la fatigue, et s'accommode, pour dormir, tantôt d'une barque de pêcheur, tantôt d'un endroit quelconque pour y prendre du repos, car il n'a pas de domicile fixe. Il passera même au besoin la nuit en plein air et dans les montagnes. On affirme aussi qu'il fréquente de préférence les gens de sa condition, des ouvriers, des pêcheurs, des mendiants même et autres gens méprisés, mangeant et buvant en leur compagnie.

En même temps, à ce que l'on raconte encore, cet homme proclame en termes voilés et obscurs le salut et la délivrance pour tout le peuple, se disant appelé à être le libérateur de la nation. Il se dit même être le Messie en personne et le Fils de Dieu, mais il se garde bien de se présenter comme tel aux chefs du peuple. Il évite aussi le roi Hérode et le gouverneur romain Pilate et ne se rend pas auprès du Souverain Sacrificateur. Il fait d'ailleurs peu de cas des prêtres, auxquels la loi de Moïse a cependant confié le service du culte. Il n'a pas davantage d'estime pour les docteurs de la Loi, dont la mission est d'interpréter au peuple les paroles divines. Cet homme mène ainsi une existence absolument indépendante, ne prétendant d'ailleurs à aucun rôle religieux.

Cet ouvrier se soucie encore moins de la politique. Le sort si malheureux des Juifs gémissant sous le joug de fer des Romains ne semble pas l'émouvoir. Lorsqu'on essaie de le mettre en demeure de prendre position à l'égard de l'empereur, il répond d'une façon évasive. Un jour que la foule du peuple s'apprête à le proclamer roi, il s'enfuit au désert.

Un grand nombre de gens affirment néanmoins que Jésus de Nazareth est un homme excellent et que l'on ne saurait absolument rien lui reprocher de mauvais. Bien au contraire, il s'emploie, assure-t-on, à guérir les malades et à consoler tous ceux qui souffrent. D'autres personnes vont même jusqu'à déclarer que ce Jésus de Nazareth fait toute sorte de miracles, qu'ils ont même vu s'accomplir sous leurs yeux.


Témoignages défavorables des adversaires.

- À l'encontre de ces témoignages favorables, d'autres gens répliquent cependant qu'après être allés aux informations auprès des principaux du peuple, auprès des docteurs les plus versés dans les Écritures et des hommes les plus estimés par les gens pieux, personnes qui toutes doivent savoir le mieux qu'en penser, ils en ont obtenu pour toute réponse cette déclaration « Nous savons que cet homme est un pécheur. (Jean 9: 24.)
Ces personnes autorisées ont encore affirmé que, d'après les prophéties, le Messie devait sortir de Bethléem, tandis que cet homme vient de Nazareth, bourgade d'où jamais prophète n'est sorti, chacun le sait !

Et quant à ses prétendus miracles, qu'on assure avoir vu faire à ce Nazaréen, ils prouvent qu'il faut bien qu'il ait un démon pour pouvoir chasser les démons par Béelzébub ! (Marc 3: 22.) Il y a d'ailleurs beaucoup de faux dans les récits qu'on en fait. N'a-t-il pas dit lui-même, lors de la prétendue résurrection de la fille de Jaïrus, qu'elle n'était pas morte, mais seulement endormie ? Et quant à Lazarre, on sait que celui-ci et ses deux soeurs étaient des amis intimes de Jésus. Il est donc aisé d'admettre qu'ils aient concerté entre eux cette prétendue résurrection. Il est vrai qu'on raconte de lui d'autres miracles. Mais qui est-ce qui était présent, lorsqu'il marcha sur les eaux, comme on l'affirme ? Personne d'autre que ces quelques pêcheurs troublés par la peur qui, vu la nuit, se forgèrent toute sorte d'idées. Et le fait qu'ils abordèrent aussitôt au lieu où ils allaient, comme ils le dirent eux-mêmes, prouve à l'évidence que c'est sur le rivage que Jésus venait à leur rencontre.

On prétend aussi qu'il a rassasié plusieurs milliers de personnes avec quelques pains et des poissons. Mais qui donc dans cette foule n'aurait pas songé à s'enquérir du nombre de pains que ses partisans doivent avoir cachés par devers eux ? Et qui ne sait qu'une foule composée de gens ignorants et superstitieux est portée à croire tout ce qu'on veut, pour venir ensuite publier des récits fantastiques de faits absolument naturels ?

Les prêtres assurent encore que, dans ses discours au peuple, ce Jésus de Nazareth s'est fait passer pour le Fils de Dieu, et que même il se dit être Dieu lui-même, si l'on a bien compris ses propos obscurs. Quel blasphème ! Et lorsque Jean le Baptiseur, un autre de ses partisans et encore faux prophète, fut arrêté, puis décapité, par le roi Hérode (Matth.21: 25), Jésus ne parvint pas, malgré sa prétendue toute-puissance, à faire le plus petit miracle pour sauver son fidèle partisan. Au contraire, après son exécution. Jésus se retire avec ses disciples au désert, évidemment par peur d'Hérode et dans le sentiment de son impuissance. (Matth. 14, 13.)

Et puis, lorsque les prêtres et les docteurs de la loi eux-mêmes le sommèrent, par deux fois et publiquement, pour parer à toute illusion, d'opérer un signe dans le ciel, la première fois il s'excuse en répondant : « Cette race demande un miracle, mais il ne lui sera donné d'autre signe que celui du prophète Jonas » (Luc 11 : 29 ; Marc 8: 11-13 ; Matth. 16: 2-4), et la seconde fois il se dérobe tout simplement en s'éloignant.

À la fin, nos pieux docteurs et prêtres apostrophèrent le peuple en disant : « Êtes-vous séduits, vous aussi ? Aucun des principaux ou des pharisiens a-t-il cru en lui ? Mais cette populace ignorante de la loi est plus qu'exécrable » ! (Jean 7 : 47-49.)

Ses propres frères eux-mêmes ne croyaient pas en Jésus (Jean 7: 3-5), et cependant qui est-ce qui, mieux qu'eux, aurait pu le connaître, ayant habité près de trente ans sous le même toit, mangé à la même table, travaillé journellement à ses côtés ? Malgré cela, ils n'avaient rien découvert de divin en leur frère aîné. On comprend que ces hommes-là aient eu bien de la peine à accepter que leur frère, issu de la même mère qu'eux, pût légitimement avoir la prétention de se déclarer le fils de Dieu. Ils devaient sans doute déplorer d'avoir à subir de fréquentes moqueries à cause de la prétention de Jésus au titre de Fils de Dieu, ce qui apparaissait comme un fanatisme insensé. C'est ainsi qu'alors, comme on l'a fait de tout temps, les hommes se sont moqués de ce qu'ils ne comprenaient pas. Et, en effet, là où la raison cesse, la moquerie commence.


Difficultés s'opposant à la foi à la divinité de Jésus.

- Quand nous aurons ainsi envisagé les circonstances au milieu desquelles Jésus a vécu, en les considérant au point de vue de ses adversaires, comme à celui de ses partisans, vous figurerez-vous encore, cher lecteur, que vous eussiez, comme contemporain et compatriote de Jésus, cru à la divinité de Jésus de Nazareth avec une foi joyeuse, confiante et empressée ; que vous eussiez considéré ce pèlerin inconnu, méprisé de tous les gens cultivés et pieux de l'époque, comme le Fils de Dieu, voire même Dieu en personne, venu au monde pour réconcilier le monde pécheur avec lui-même ?

Pensez-vous qu'en dépit de l'autorité de la religion établie, objet du respect de toute la nation, que contrairement à l'avis des personnes cultivées et pieuses de votre entourage et de votre peuple, à l'encontre de parents et amis, - pensez-vous que vous vous seriez volontiers laissé exclure de votre congrégation et du cercle de vos relations, abandonnant fortune et propriétés, votre vocation ou votre industrie, pour suivre le cortège de pauvres mendiants et estropiés qui formaient la suite de Jésus-Christ, en consentant à vivre avec eux dans la pauvreté, la faim, l'opprobre et le mépris ? L'auriez-vous, malgré tout, reconnu comme le Fils de Dieu, uniquement pour avoir entendu sortir de sa bouche des paroles de vie éternelle ?

S'il en est ainsi, vous êtes alors un homme grand devant Dieu, baptisé du Saint-Esprit et de feu, et digne, en la résurrection des justes, d'être placé à côté des pêcheurs du lac de Génézareth, auxquels le Seigneur fit jadis cette promesse : « Parce que vous avez persévéré dans mes tentations, vous serez assis sur des trônes pour juger les douze tribus d'Israël. (Luc 22: 28.)

Mais s'il n'en est pas ainsi, humilions-nous, cher lecteur, vous et moi, mon frère, et disons : Non, certes, nous, pas plus que les autres Israélites et le peuple juif, nous n'aurions cru en Jésus de Nazareth, Fils de Dieu, et nous l'aurions crucifié, nous aussi !


Impressions produites par le spectacle de la crucifixion.

- Et maintenant figurez-vous que vous ayez été témoin de ce qui s'est passé pour mettre fin à ce que l'autorité, juive considérait comme un grand désordre. Représentez-vous la police et le haut clergé faisant arrêter Jésus et le traduisant devant ses juges. Voyez ce prétendu Fils de Dieu, incapable de se défendre, lié comme un vil criminel, amené devant le tribunal et interrogé, ne prononçant pas une parole pour sa défense ! (Matth. 26 : 62.)

Le roi Hérode, désireux de le voir, ayant déjà beaucoup entendu parler de lui, demande au prévenu de faire un miracle devant lui. Mais Jésus semble avoir perdu son pouvoir ou bien ne l'avoir jamais possédé, car il demeure impassible et muet, en proie aux injures des soldats. (Luc 23: 9.

Le malheureux est enfin mis en croix, à la vue de toute la multitude du peuple, des soldats romains et de leur capitaine, de ses disciples et de sa propre mère. Alors les chefs de la nation, les prêtres mêmes de Dieu, se plaçant en face de lui, prononcent à haute et intelligible voix ces paroles : « Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix, » exigence pouvant assurément paraître légitime alors, et ils ajoutent : « alors nous croirons en toi ! » (Matth. 27: 40-42.)

À ces mots, si vous doutez encore de Jésus, quand vous le voyez en croix, vous penserez qu'il ne peut faire autre chose que d'en descendre. Il faut qu'il agisse ; il se doit à lui-même, à sa mission, à nous qui avons cru en lui, à ses ennemis, à Dieu lui-même, - il est obligé de se manifester en ce moment solennel comme Fils de Dieu, en donnant gloire à la vérité et en glorifiant Dieu. Sans cela ses ennemis pourront jubiler à jamais, disant qu'en face de la mort il n'était rien et ne pouvait rien ! - « Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix ! » - Et qu'arrive-t-il ? - Rien !

Celui qui se disait Fils de l'Éternel, qui fut avant Abraham, qui, à ce que l'on prétendait, commandait aux éléments, à la mer et aux vents, aux morts et aux démons, le voilà incapable de répondre à ce défi, de se défaire de ses quatre clous ; le voilà qui, dans sa douleur impuissante, appelle Elie à son secours !

Pensez-vous encore qu'en présence de tous ces faits vous n'eussiez point douté de sa divinité ? et que, révolté vous-même de prétentions aussi inouïes, en même temps que blasphématoires, vous n'auriez pas crié comme les autres : « Crucifie-le, car il a dit être le Fils de Dieu ! » (Matth. 27 : 43.)

Et croyez-vous que vous auriez été bien profondément remué, quand quelques femmes, et plus tard quelques disciples, seraient venus vous dire que le crucifié était ressuscité et qu'ils l'avaient vu, alors que tout homme cultivé, vos amis et connaissances, vous eussent demandé avec ironie si vous étiez assez superstitieux pour croire pareille chose, alors qu'une enquête judiciaire aurait prouvé que les disciples étaient venus de nuit dérober son corps ?

N'est-ce pas, mon frère, nous voulons plutôt rendre grâces à Dieu de ce qu'il connaît notre infirmité, notre peu d'indépendance de caractère, et de ce que, dans sa grande bonté et sa sagesse infinie, il n'a pas voulu que nous vinssions au monde à pareille époque et dans de telles circonstances.


Privilèges des temps actuels pour les croyants.

- Car à ce moment-là, il était beaucoup plus difficile de croire en lui qu'à l'époque actuelle et dans les conditions présentes. Il est certain que l'esprit de Dieu est tout-puissant et qu'il eût pu alors nous éclairer, aussi bien que de nos jours, de manière à ce que nous eussions pu déclarer, nous aussi : « Tu es le Fils de Dieu ! »

Mais avec une foi aussi faible qu'est la nôtre, avec notre peu d'indépendance de caractère, il est très probable que nous eussions méprisé le crucifié aussi certainement que la foule témoin de son supplice. Dieu nous a gardés en ne nous exposant pas à une plus grande condamnation. Sachons donc lui en rendre grâces ! Aujourd'hui nous possédons des renseignements précis et certains sur la personne de Christ. Nous sommes en état d'apercevoir et d'embrasser du regard de la foi les grandioses conséquences de ses paroles et de son oeuvre. Il est ainsi plus aisé de nous le représenter que lorsqu'il vivait sur la terre. Alors nous eussions été aussi incapables qu'à présent de nous soustraire à l'influence morale de notre entourage. Sur la foi de ces vertueux pharisiens, nous aurions été conduits à prendre Jésus pour un pécheur et pour un faux prophète, au dire des Saducéens, ces matérialistes décidés, qui, déjà à cette époque-là, ne croyaient ni à l'âme ni à l'esprit, et qui auraient ri de notre stupide superstition !

De nos jours, nous vivons au sein d'une nation chrétienne, au moins de nom, dans une communauté où le Christ est confessé et annoncé, et où son nom est proclamé. Ainsi, au moins d'une façon extérieure, il ne semble plus guère difficile de croire en Jésus-Christ comme les autres gens.

Mais en revanche l'on est exposé au danger de ne croire en lui que parce que chacun semble plus ou moins partager cette croyance, croyance qui peut d'ailleurs ne s'attacher qu'au Christ historique, accrédité dans le monde, comme fondateur de l'Eglise chrétienne. Pourtant nous savons que ce n'est point cette croyance-là qui sauve, puisque l'athée lui-même peut partager cette opinion.

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