« Puis
Dieu
dit : « Faisons l'homme
à notre image, selon notre
ressemblance, et qu'il domine sur les
poissons de la mer, sur les oiseaux des
cieux, sur les animaux domestiques et sur
toute la terre, et sur tout reptile qui
rampe sur la terre. » Dieu donc
créa l'homme à son image. Il
le créa à l'image de
Dieu ; Il les créa mâle
et femelle. Et Dieu les bénit et
leur dit : « Croissez et
multipliez et remplissez la terre et
l'assujettissez et dominez sur les
poissons de la mer et sur les oiseaux des
cieux, et sur toute bête qui se meut
sur la terre. »
(Gen.
I,
26.) |
La terre était donc achevée et
débordait de vie. Mais ce magnifique domaine
était encore sans maître. Alors Dieu,
au lieu de prononcer simplement encore un de ces
merveilleux « fiat », qui
avaient transformé le chaos en un monde de
gloire et de lumière, Dieu, sainte
Trinité, prend conseil de Lui-même et
dit « Faisons des hommes à notre
image ».
À son image ! Quelle
grandeur et quelle dignité! Le corps humain
est donc, comme celui des anges, fait à l'image du
corps
du Christ, tel que Lui, « le
premier-né des créatures »,
se montrera plein de gloire sur le Tabor, et, plus
tard, à son disciple bien-aimé en
venant lui donner la Révélation
(Apoc.
I, 12-16).
Nous ne comprenons plus ce corps
déchu, conçu dans l'iniquité
et souillé par le péché, et
aucun penseur ni artiste n'a encore
découvert la millième partie de ses
mystères ; de ceux des pieds, symboles
et organes du pouvoir sur l'espace ; des bras
représentant et contenant la force
d'exécution, de la tête, trônant
sur le cou, siège de royauté avec les
cinq princes des sens qui apportent au cerveau,
derrière le front, les impressions de
l'univers visible, pour qu'il en fasse des
pensées ; mais le peu que nous
comprenons de notre corps devrait suffire à
nous remplir d'admiration.
« Créé à
l'image de Dieu ! » Comme tel, la
puissance de l'homme est vaste, sa liberté
presque illimitée. Plantes et animaux sont
remis entre ses mains. Il peut, à sa
volonté, arracher une plante et la
transplanter ailleurs. Cela nous paraît peu
de chose ; mais, parmi les animaux de l'ordre
le plus élevé, y en a-t-il un seul
qui en fasse autant ? De toutes les
créatures terrestres l'homme est la seule
qui ait puissance sur le feu ; même le
singe n'a jamais eu seulement l'idée
d'alimenter le foyer causé par la foudre
embrasant un arbre sec, et encore moins celle de
s'en servir pour cuire sa nourriture ou pour forger
des métaux. De même il est au pouvoir
de l'homme ou de mettre à mort un animal, ou de le
dompter, ou de
l'apprivoiser ; et si, au lieu de regarder
comme ses esclaves ces créatures d'ordre
inférieur et de les traiter si souvent avec
cruauté, il prenait à tâche de
les gouverner avec douceur et bonté, en roi
vraiment digne de l'être, il pourrait
dès maintenant, dans une certaine mesure,
satisfaire « l'ardent désir de
toutes les créatures d'être
délivrées de la servitude de la
corruption » dont l'apôtre parle
dans l'épître aux Romains.
L'homme, un vice-roi de Dieu sur la
terre, fait à son image, souverain absolu de
toutes ses créatures, médiateur entre
elles et le Dieu qui leur donna la vie ! ...
Hélas! qu'ont fait de lui Satan et le
péché ? Un être digne de
compassion, esclave de ses passions et de ses
convoitises, gémissant sous le poids de
toutes sortes de misères, de maladies,
d'infirmités, arrosant la terre de sa sueur
et de ses larmes, redoutant tous les êtres de
la création, au lieu de les dominer !
Il craint les ardeurs du soleil et les froids
courants d'air ; il craint le feu et l'eau,
les animaux des champs et des forêts ;
il craint la vie et redoute la mort ; toute sa
science et toutes ses découvertes ne le
protègent pas contre une
légère secousse de l'écorce
terrestre, ou l'éruption d'un volcan, ou un
cyclone ; ou seulement contre l'invasion des
chenilles ou des sauterelles ; ou contre les
microbes, les bacilles invisibles qui attentent
à sa santé et à sa vie !
Ah ! comment le roi de la terre est-il
tombé si bas, et sa gloire s'est-elle
évanouie !
Néanmoins il porte encore les
traces de sa royauté.
Contrairement aux animaux dont le corps
suit la direction du sol vers lequel est
tournée leur face, l'homme marche debout, ne
touchant la terre que des pieds, portant haut la
tête et doué des aptitudes les plus
diverses. Tandis que parmi les animaux les uns se
distinguent par leur célérité,
d'autres par leur force, ceux-ci par la finesse de
leur ouïe, ceux-là par une vue
perçante, il n'en est point qui, à
l'instar de l'homme normalement constitué,
réunisse en soi à tel point ces
capacités différentes. On rapporte
des prodiges de force de certains hommes
herculéens qui surpassent, toutes
proportions gardées, celle des chevaux et
même des lions. Les animaux les plus agiles
ont été dépassés,
à la course, en vitesse et en endurance par
des coureurs indiens. Quant à la vue, on
sait que l'Arabe, chevauchant dans le
désert, discerne à trois lieues de
distance un cheval d'un chameau, et que certains
habitants des régions glacées de la
Sibérie distinguent nettement 4 des 7
satellites de Jupiter. L'homme n'est pas couvert de
poils ou de plumes ou d'écailles comme les
animaux, auxquels ce vêtement est
indispensable, mais dont il diminue la
sensibilité. L'homme, au contraire,
grâce à sa peau délicate, est
sensible à toutes les impressions, à
toutes les influences du dehors. Et quel animal
supporterait également comme l'homme les 50
degrés de froid de la Sibérie, et les
42 degrés de chaleur de Bassora ou du
Sénégal, et pourrait aussi bien se
mouvoir sur les plus hautes cimes que dans les
profondeurs de la terre, comme les mineurs qui,
à Falun en Suède, descendent
jusqu'à 1000 mètres ?
Quant à l'époque de
l'apparition de l'homme sur la terre, on est bien
revenu des fantaisies de certains savants
incrédules qui portaient l'âge de
l'humanité à cinquante ou à
cent mille ans, et dont quelques-uns, pour faire
les choses largement, allaient sans l'ombre d'une
preuve jusqu'à cinq cent mille.
L'hypothèse d'une humanité qui aurait
habité la terre si longtemps sans y laisser
ni monument historique ou autre, ni trace, ni
vestige de langage, de tradition, de
légende, ou de religion, serait une
absurdité psychologique aussi grande que
serait le fait d'un enfant qui, après
être resté stationnaire vingt ans,
deviendrait en six mois un homme fait. Mais les
savants sérieux parlent autrement et disent,
comme le Dr. Beck dans son solide ouvrage
« Der Urmensch » (L'homme
primitif) : « Il faut réduire
d'un zéro les cent mille ans
prétendus » (p. 48).
« Aucun fait ne prouve l'existence de
l'homme dans la période
tertiaire » (p. 53). Les âges de
pierre, de bronze, de fer, auxquels on accordait
des milliers d'années, n'ont pas
été seulement successifs, mais
souvent simultanés, et contemporains des
grandes civilisations de Memphis et de Babylone.
Les habitations lacustres, fondées mille ans
avant l'ère chrétienne, existaient
encore des siècles après elle ;
et les crânes de Cromagnon, qui du reste
accusent un plus grand développement
cérébral que les nôtres,
peuvent fort bien être postérieurs
à la guerre de Troie et au temple de
Salomon ; car le renne existait encore dans
les Gaules du temps de César. Bien des gens
se représentent les
habitants des palafittes (habitations lacustres),
avec leurs instruments de silex on de bronze, comme
énormément éloignés de
nous ; il n'en est rien. Les meilleurs
connaisseurs de ces antiquités admettent
pour l'âge du silex la date approximative de
1800 -1400 ans avant J. -C., et pour celui du
bronze celle de 1400 à 800.
(1) -
En tout cas
l'homme primitif, contemporain du mammouth et de
l'ours des cavernes, a parfaitement place dans les
quinze siècles bibliques compris entre la
création et le déluge.
De tout temps - et comme on le voit
encore aujourd'hui - il y a eu, à
côté de nations civilisées, des
peuplades reléguées par elles dans
les pays moins favorisés, où elles
sont devenues ou restées barbares. Aussi,
non seulement des savants chrétiens comme le
Dr Fraas, l'auteur de l'ouvrage bien connu en
Allemagne : « Vor der
Sintflut » (Avant le déluge), mais
aussi l'historien du matérialisme, F. A.
Lange, avouent que nous n'avons pas de preuves
sérieuses contre la chronologie biblique, et
que nous ne possédons pas un objet,
crâne ou silex, dont on puisse dire avec
certitude qu'il soit âgé de plus de
cinq mille ans. « L'homme »,
dit d'Orbigny, « ne fut pas
créé dès les premiers temps de
l'époque quaternaire ; il ne parut que
beaucoup plus tard, lorsque toute la nature fut complètement
organisée
comme nous la voyons
maintenant ». Et le vicomte d'Archiac dit
dans son « Histoire des progrès de
la géologie » :
« Il semble que la venue de l'homme sur
la terre soit un phénomène à
part dans l'ordre physique comme dans l'ordre
moral. » Rejetons donc, comme ils le
méritent, les efforts de l'incrédule
pour repousser dans la nuit des temps l'origine
d'un homme qui se serait à grand-peine
émancipé des habitudes et du corps
d'un singe, son ancêtre.
Considérons maintenant ce corps
tiré de la poussière, que Dieu a fait
à son image : c'est un
chef-d'oeuvre ! - L'oeil, à lui seul un
monde de nerfs et de muscles délicats,
capable d'absorber des milliers de rayons lumineux
et d'images, est délicatement casé
dans sa boîte osseuse ;
protégé par un couvercle de chair il
peut à volonté s'élargir ou se
rétrécir, selon qu'il a besoin de
voir de près ou qu'il veut plonger dans le
lointain. - Dans l'oreille résonnent comme
les cordes d'une harpe, à chaque vibration
de l'air, quatre mille trois cents fibres
ténues.
Pour conserver à nos sens leur
vitalité, Dieu nous a donné, les
organes nutritifs. Par la bouche et le palais,
l'estomac absorbe la nourriture convenable, et en
peu d'heures la convertit en sang, ce liquide dont
la Bible dit qu'en lui se trouve la vie ou
l'âme. Un litre de sang contient cinq mille
millions de globules, atomes vivants dont se
bâtit notre corps ; sa masse tout
entière passe par le coeur, centre vital de
nos forces corporelles et organe
mystérieux de notre sensibilité.
Là se fait, jour et nuit, jusqu'au dernier
soupir, le travail incessant, régulier d'une
pompe, par lequel le sang, chassé à
travers les artères les plus fines, parcourt
pour les alimenter toutes les parties du corps, le
cerveau, l'estomac et jusqu'aux
extrémités des doigts et des orteils.
Cette tâche accomplie, il retourne au coeur
par les veines, mêlé
d'impuretés dont il va se débarrasser
par la combustion dans les poumons ;
après quoi il recommence sa continuelle
circulation. Si ce coeur était une machine
en acier ou même en diamant, il s'userait
vite à la besogne. Les poumons, de leur
côté, travaillent de même, sans
que nous en ayons conscience, aspirant constamment
l'air frais par des milliers de cellules, afin
d'accomplir la purification du sang.
Outre ces organes de la nutrition, de la
circulation du sang et de la respiration, le corps
humain est traversé en tous sens par un
réseau serré de filaments blancs qui
aboutissent à la moelle de la colonne
vertébrale ou au cerveau : ce sont les
nerfs, au moyen desquels l'âme sent ce qui se
passe dans son corps, souffrance ou
bien-être, froid ou chaleur. Et tous ces
organes sont tellement reliés entre eux
qu'aucun ne saurait subsister indépendamment
des autres. Les nerfs et le cerveau ont besoin d'un
afflux constant de sang nouveau. Si celui-ci venait
à manquer une demi-minute seulement, ou si
quelques gouttes allaient se répandre en
dehors des vaisseaux sanguins, il s'en suivrait
aussitôt une apoplexie, et peut-être
une mort foudroyante. De
même le coeur, pour s'acquitter de ses
fonctions, a besoin des nerfs, et doit être
alimenté par l'estomac ; il en est
encore ainsi des poumons. Et tout ce travail se
fait sans bruit, sans effort, sans que l'homme s'en
préoccupe et lors même qu'il est
plongé dans le plus profond sommeil. Le
souffle de Dieu, la vie, anime ces merveilleux
organes, et ils se meuvent et travaillent dans un
accord parfait à l'entretien de la vie.
« Je te
célébrerai, »
s'écrie David, « de ce que J'ai
été fait d'une étrange et
admirable manière ; tes oeuvres sont
merveilleuses et mon âme le connaît
bien. »
(Ps.
CXXXIX, 14.)
Le corps de l'homme est tout un monde
déjà par sa composition, car il
renferme tous les éléments principaux
de la terre. Il respire de l'oxygène, de
l'hydrogène, de l'azote et de l'acide
carbonique ; le fer rougit son sang ; la
chaux durcit ses os ; le phosphore lui sert
dans le cerveau et dans les nerfs à penser
et à sentir. Et comme tous les
éléments se réduisent par la
chaleur en gaz, c'est-à-dire en air, le
chimiste allemand Liebig a pu dire :
« La chimie nous apprend que l'homme est
fait d'air condensé, s'habille d'air
condensé, se nourrit d'air condensé
et se détruit au moyen d'air condensé
pour gagner quelques morceaux d'air
condensé ». (Chemische Briefe,
page 69.) Un autre savant, A. Buchner, remarque non
moins spirituellement que sous la forme de 1,600
millions d'hommes, se promènent sur la terre
67 mille millions de kilos d'oxygène, 1,473
millions de kilos d'azote, 1150
millions de chlore, et presqu'autant de
phosphore ; en plus - il les calcule tous -
tant de kilos de soufre, de carbone, de natrium, de
kalium (potassium), de magnésie, etc. Dans
ce corps aussi ont lieu tous les
phénomènes de la nature : forces
moléculaires, attractions, courants
électriques, instruments à cordes et
à vent, leviers et tubes capillaires, tout y
est, tout travaille et concourt à une
parfaite harmonie. Si tu es depuis cinquante ans
sur la terre, ô homme, mon
frère ! ton coeur a déjà
battu de joie et de douleur plus de deux mille
millions de fois ; tu as respiré cinq
cent millions de fois ; ta langue a
prononcé des millions de paroles. Dans ton
cerveau six cent millions de cellules
(d'après Meynert ; d'après Beale
bien plus encore) ont servi à ta
pensée et à tes rêves de jour
et de nuit ; car tu as dormi quinze ans ou
plus. Ton estomac a changé plus de cinquante
mille kilos de nourriture et de liquides en chair
et en os, en sang, en ongles et en cheveux ;
ton oeil a perçu d'innombrables millions
d'ondes lumineuses et d'images, et ton oreille de
sons divers, et tu en as fait ton image du
monde.
Notre corps est encore à un autre
point de vue un organisme étonnant. Chaque
être considère le sien comme une
possession permanente. Pourtant il n'en est rien.
Notre corps est au contraire tellement variable et
instable qu'il change et se transforme de minute en
minute, sans que nous nous en apercevions. Nous
savons que pour subsister il a besoin d'être
constamment nourri. Or, le fait que, tout en
absorbant et en s'assimilant
tous les jours une quantité d'aliments assez
considérable, le corps ne croît que de
quelques grammes, prouve qu'il s'y opère une
forte usure. En effet, ainsi que l'eau
s'évapore au soleil, et que, même des
corps solides comme les métaux ou le
diamant, exposés à l'air perdent
insensiblement de leur poids, de même en
est-il pour les matières dont se compose
notre corps.
L'on a depuis longtemps constaté
que le corps humain se renouvelle tout entier tous
les sept ans et sans qu'il lui reste une particule
du corps précédent. Mais de nouvelles
observations prouvent que ce changement graduel est
encore plus rapide ; il diffère suivant
les individus, leur âge, leur genre de
vie ; il diffère aussi pour les
différentes parties du corps, et
s'opère peut-être déjà
en 3 ans. En tout cas, un homme de 60 ans a
changé au moins dix fois de corps, sans s'en
être aperçu, et sans que son
extérieur se soit modifié autrement
qu'en trahissant les progrès de l'âge.
Il y a donc, au milieu de toute cette
variabilité et dans ce courant incessant de
matière, comme un fond inaltérable,
une unité, un centre de vie et de force, une
âme qui a reçu le don de s'assimiler
continuellement d'innombrables atomes, pour s'en
créer un corps et l'entretenir, afin de
pouvoir rester ainsi en contact permanent avec le
monde extérieur. Cette âme a de plus
la faculté de graver sur ce corps
l'empreinte de sa nature, et donne à chacun
des seize cent millions d'êtres humains sa
physionomie propre.
Mais cette âme exprime aussi par
son corps les principes dans lesquels elle vit.
Regardez un homme, adonné depuis longtemps
au vice. Ses traits sont peut-être
réguliers, sa tenue soignée ; et
pourtant sa figure déplaît, sa
physionomie antipathique inspire la méfiance
ou même le dégoût ; tandis
qu'un autre, en paix avec Dieu et avec
soi-même, a une expression qui tout de suite
attire, inspire la confiance, même aux
enfants et aux animaux domestiques, sans même
qu'il prononce une parole. Comme Dieu créa
l'homme à son image, ainsi l'âme se
forme un corps selon son image, et à travers
la chair de ce corps humain périssable
rayonne toujours, plus ou moins, l'âme
immortelle. Elle forme et moule sans cesse et
frappe à son image individuelle une certaine
quantité de matière, qu'elle perd et
renouvelle continuellement, jusqu'à ce
qu'elle ne suffise plus à ce travail. Car,
remarquons-le bien : c'est aussi une illusion
que de croire que notre corps s'use avec
l'âge et meurt par suite de cette usure. Nous
ne savons pas pourquoi, après avoir
crû pendant vingt ans, il cesse de
croître, quoique il demeure exactement dans
les mêmes conditions d'existence. Nous savons
tout aussi peu pourquoi, après avoir acquis
son maximum de développement dans ce que
nous appelons « la force de
l'âge, » il commence à
dépérir et à s'affaiblir de
plus en plus, quoique l'homme âgé, le
vieillard, jouisse souvent de plus de repos, de
confort et d'une meilleure nourriture que le jeune
homme. Dire que son corps est usé est au fond une
absurdité,
puisqu'à soixante-dix ans il n'a plus,
depuis longtemps déjà, le corps qu'il
avait à quarante.
Puisque l'homme renouvelle
continuellement son corps, pourquoi ne peut-il pas,
à soixante-dix ans, s'en refaire un tout
aussi fort et aussi sain qu'à vingt
ans ? Dire que ses forces diminuent est tout
aussi peu rationnel ; la force de la vapeur
diminue-t-elle dans une machine, une locomotive
bien chauffée, dont on renouvelle
soigneusement toutes les parties au fur et à
mesure qu'elles s'usent ? On le voit, pour
quiconque réfléchit, la croissance,
le dépérissement et la mort du corps
sont des énigmes ; aussi le naturaliste
Swamerdam s'écriait-il, après y avoir
longtemps réfléchi :
« Je ne sais vraiment pas pourquoi nous
mourons ! » Nos biologistes en sont
encore, comme Bichat et Claude Bernard, à
discuter s'il y a une cause de vieillesse et de
mort inhérente à l'homme, ou
seulement un concours de milieux, de facteurs, de
circonstances nuisibles à la vie, et qui,
peut-être, pourraient peu à peu
être éliminées. Mais la Bible
nous le dit : « Le salaire du
péché, c'est la mort ».
C'est parce que l'âme déchue a
abandonné le Dieu qui est la source de toute
vie, et employé ses forces
« à la convoitise des yeux,
à la convoitise de la chair et à
l'orgueil de la vie ». C'est parce
qu'elle vit d'une nourriture et sur un sol maudits
à cause de l'homme
(Gen.
III, 17, 18), et dans une
création déchue aussi, qui ne
concorde plus avec ses besoins matériels et
spirituels, qu'épuisée par le travail
de la vie, elle abandonne enfin ce corps, qui tombe
et meurt.
Mais Dieu n'abandonne pas l'oeuvre de
ses mains et ne renonce jamais à ses
desseins. Lui qui a créé ce corps,
devenu mortel par le péché, il veut
en son temps le ressusciter, le recréer
glorieux et immortel.
« Mais quelqu'un dira :
Comment ressuscitent les morts, et avec quel corps
viendront-ils ? Insensé, ce que tu
sèmes n'est pas vivifié, s'il ne
meurt ; et, quant à ce que tu
sèmes, tu ne sèmes pas le corps qui
sera, mais le simple grain de blé, comme il
se rencontre, ou de quelqu'autre semence ;
mais Dieu lui donne un corps comme il a voulu, et
à chacune des semences son propre corps.
Ainsi en sera-t-il à la résurrection
des morts : il est semé en corruption,
il ressuscite en incorruptibilité ; il
est semé en déshonneur, il ressuscite
en gloire ; il est semé en faiblesse,
il ressuscite en puissance ; il est
semé corps animal, il ressuscite corps
spirituel. S'il y a un corps animal, il y en a
aussi un spirituel ; comme il est
écrit : « Le premier homme
devint une âme vivante, » le
dernier Adam est devenu un esprit vivifiant. - Le
premier homme est de la terre, -
poussière ; le second homme est du
ciel. Tel qu'est celui de la poussière, tels
aussi sont ceux qui sont poussière ; et
tel qu'est le céleste, tels aussi sont les
célestes. Et comme nous avons porté
l'image de celui qui est poussière, nous
porterons aussi l'image du
céleste. »
(I
Cor. XV, 35-49.)
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