« Puis Dieu dit : « Que la terre produise des êtres vivants (ou : « des âmes vivantes ») selon leur espèce, le bétail et tout ce qui rampe et les bêtes de la terre selon leur espèce. » Et ainsi fut. Dieu donc fit les bêtes de la terre selon leur espèce, et le bétail selon son espèce, et tout reptile du sol selon son espèce. Et Dieu vit que cela était bon. » (Gen. I, 24, 25.) |
De nouveau d'épaisses
ténèbres couvrirent la terre, sur
laquelle des bouleversements formidables -
causés peut-être par le
soulèvement de l'Himalaya - se produisirent,
tandis que la force créatrice de Dieu se
reposait, se recueillait. Mais lorsque, au matin du
6e jour, la lumière reparut et
éclaira la terre revêtue d'une
fraîche et riche végétation, et
que déjà les océans
fourmillaient de vie, une nouvelle création,
une race d'animaux supérieurs aux
espèces précédentes, parut sur
la terre. Ces animaux, ces quadrupèdes qui
nous entourent, ont cessé d'exciter notre
étonnement et notre admiration ; car
l'homme naturel, plein de lui-même,
méprise dans son orgueil tout ce qui ne lui
sert pas directement : tel végétal est
à ses yeux une mauvaise herbe ; un
cheval est pour lui un cheval et un chien, un chien
et rien de plus. Mais supposons qu'un être
vienne, pour la première fois, de
sphères plus hautes visiter la terre :
sans doute l'homme créé à
l'image de Dieu attirerait tout d'abord son
attention et son intérêt :
l'homme, ce roi déchu, si petit et
néanmoins si grand, si fragile et pourtant
éternel, si faible et si puissant à
la fois ! Mais, après l'homme, ce
serait le monde des animaux, cette création
du 6e jour, qui lui paraîtrait la plus grande
merveille. « Quels sont donc, »
demanderait le visiteur céleste,
« ces êtres de formes et d'aspects
si divers, qui se meuvent autour de vous ?
Comme vous ils naissent dans la douleur, mangent et
boivent, souffrent ou jouissent de la vie ;
comme vous ils semblent avoir la faculté de
penser, de vouloir, de se souvenir, de s'attacher
ou de haïr. Muets ou du moins sans parole, ils
lèvent sur vous des regards
éloquents, obéissent à votre
volonté et craignent comme vous la mort,
qu'ils ne trouvent souvent comme vous
qu'après de longues
souffrances ! »
Vraiment ce monde des animaux est
quelque chose de mystérieux et
d'énigmatique. Nous les trouvons dans le
paradis, où tout était pur et
bienheureux.
(Gen.
II, 19.) La Parole les nomme
plusieurs fois « des âmes
vivantes »
(Gen.
I, 20, 24, 30),
et Dieu fait alliance avec eux
(Gen.
IX, 9, 10-15). Il les rend
responsables du sang, de la vie des hommes
(Gen.
IX, 5). Ils peuvent voir des
anges, là où l'oeil humain ne perçoit que le vide
(Nomb
XXII, 23), et l'Écriture
Sainte les mentionne même en rapport avec le
monde invisible et céleste
(Il
Rois II, 11 ; VI,
17 ; Apoc.
XIX, 11, 14). Ils sont aussi
compris dans les consolantes paroles
prophétiques de saint Paul, annonçant
pour toutes les créatures la
délivrance de la servitude de la corruption
et l'entrée dans la liberté glorieuse
des enfants de Dieu.
(Rom.
VIII, 19-23.) C'est dans le
monde des animaux que Dieu a choisi des types pour
faire comprendre à son ancien peuple la
différence entre ce qui est pur et ce qui
est impur, sacré ou profane.
(Lév.
XI.) La nouvelle
alliance, il est vrai, proclame que toute
créature de Dieu est bonne, si Dieu la
purifie
(Actes
X, 15) ; mais, tandis que
Jésus est désigné comme
« l'Agneau de Dieu », et que le
Saint-Esprit descend sous la forme d'une colombe,
il est dit ailleurs que hors de la cité
céleste « sont les
chiens »
(Apoc.
XXII, 15. - Comp.
aussi :
Matt. VII, 6). Au plus haut des
cieux, trône de Jéhova, siègent
les chérubins, les quatre êtres
vivants de l'Apocalypse, qui offrent à
côté du type de l'homme celui du
taureau, du lion et de l'aigle : symboles
mystérieux, insondables !
La vie ne nous offre pas moins
d'énigmes et de secrets dans le règne
animal que dans le règne
végétal. Nous avons
déjà parlé des infusoires, de
ces grains de gélatine vivante qui, sans
organes des sens, voient et choisissent leur proie,
la poursuivent et paraissent posséder
volonté et intention. De même, dans la
mer, la patelle va, portant sa
coquille en forme de toit, brouter les algues, puis
revient à sa place accoutumée sur le
rocher ; comment ce morceau de chair sans
organes de vision la retrouve-t-il ? a-t-il
une mémoire ? peut-il comparer et tirer
des conclusions de l'aspect des lieux qui
l'entourent ?
Il est des choses que nous trouvons
toutes simples et naturelles parce que nous les
voyons tous les jours, et qui renferment des
secrets profonds : si l'on montrait un oeuf
à un homme qui n'en eût jamais vu, et
qu'on lui dit que de ce liquide visqueux, sans
trace de matière solide, et seulement par un
peu de chaleur, se formerait en peu de jours un
être avec des plumes, des griffes et un bec
de corne, qui crierait, pourrait courir, voler,
chercher sa nourriture, il tiendrait cela pour une
impossibilité, un miracle absurde, en
contradiction avec les lois de la nature. Ou
considérons la chenille : cette petite
bête qui rampe sur sa feuille de chou est
déjà une merveille dans sa structure.
Elle respire par 24 ouvertures ou évents
répartis de chaque côté du
corps comme les sabords d'un vaisseau, et desquels
partent des tubes élastiques, qui sont les
trachées, pour la distribution de l'air dans
l'organisme. Or elle ne fait pas un mouvement sans
se contracter ou se dilater ; les sabords se
ferment d'un côté, s'ouvrent de
l'autre, et non seulement la peau, mais aussi le
corps avec ses pattes, avec tous ses organes, avec
son coeur et ses veines, s'allongent, se
raccourcissent, s'épaississent ou
s'amincissent, sans qu'aucune fonction vitale
cesse. Quelle étonnante habitation que celle qui
changerait continuellement de formes et de
grandeur ! Après avoir rampé
quelque temps sur sa feuille, la chenille se tisse
un cocon, un tombeau. Là, sans nourriture
aucune, dans le silence et l'obscurité,
souvent par un froid pénétrant, elle
qui n'a jamais volé, se prépare des
ailes magnifiquement ornées
d'écailles colorées, échange
ses mâchoires contre une trompe
délicate, se fait de longues antennes, des
yeux composés de milliers de facettes, puis
sort de sa retraite, animal tout nouveau, pour
vivre de la nouvelle vie qu'elle a pressentie, et
voltige au soleil en cherchant la fleur et son
nectar. Quelle est la force matérielle et
où réside le facteur spirituel qui
produisent une telle
métamorphose ?
Nous parlons de l'instinct, comme d'une
force naturelle et inconsciente dans
l'animal ; mais ce mot, inventé pour
déguiser notre ignorance, ne signifie rien
et n'explique rien. Admettons, si l'on veut, que
l'abeille construise ses cellules hexagonales, et
que le castor établisse son barrage et
bâtisse ses huttes sans le savoir et sans le
vouloir, ce serait déjà difficile
à prouver ; mais est-ce seulement de
l'instinct, quand une ourse ou une baleine
défend ses petits jusqu'à la mort et
se laisse tuer plutôt que de les
abandonner ? Ou quand un canari meurt de
chagrin de l'absence de sa maîtresse ?
Ou quand un chien va chercher à une lieue du
secours pour son maître, tombé d'un
arbre ou blessé par un braconnier ? Et
combien d'autres preuves d'intelligence, de
prévoyance, de finesse, de ruse, d'habileté,
même dans les circonstances pour eux toutes
nouvelles, ne racontent pas sur les animaux ceux
qui vivent avec eux, les cultivateurs, les
pâtres de l'Écosse, les chasseurs et
explorateurs de contrées nouvelles, les
pécheurs, les sauvages ! L'habitant de
la ville, lui, ne voit pas l'animal à
l'état naturel et ne connaît
guère que son chat et son chien. Mais ce
chien même, quelle obéissance, quelle
fidélité ne témoigne-t-il pas
à son maître ? Des chiens, des
chevaux supportent avec patience les mauvais
traitements et rendent le bien pour le mal. Si ce
n'est là que de l'instinct, il serait
à souhaiter que bien des hommes en eussent
aussi ! Et ce ne sont pas seulement les
animaux domestiques qui montrent des
facultés surprenantes quand nous prenons la
peine de les observer de près. On peut dire
qu'il n'y a pas d'animal, jusqu'aux phoques et aux
poissons, qui ne soit capable d'être
apprivoisé, et qui ne donne alors des
preuves étonnantes d'intelligence. Sir John
Lubbock qui a consacré des années
à l'étude des fourmis, les tient pour
plus intelligentes que le chien ou
l'éléphant, et raconte des choses
remarquables sur ce que ces insectes veulent,
reconnaissent, projettent, combinent, avec un
cerveau qui, d'après Flammarion, ne
pèse pas un millième de gramme !
- Pourquoi le Créateur leur a-t-il
donné si peu de matière pour organes,
et tant à un éléphant et
à une baleine ? Ces fourmis ont aussi
un petit coeur compatissant ; sir John Lubbock
en a vu une nourrir pendant trois mois une compagne
estropiée, et une autre
se noyer en essayant d'en sauver une tombée
dans l'eau.
Ces insectes sont tout un monde. Dieu en
a créé plus de 200,000
espèces. - Pourquoi pas seulement
20,000 ? - Nous les connaissons peu dans nos
zones tempérées ; mais sous les
tropiques, dans les forêts vierges, où
des lianes forment autour de troncs gigantesques un
fouillis impénétrable, où de
magnifiques fleurs, de rares orchidées
exhalent des parfums enivrants ; là
brillent et luisent au soleil brûlant de
grands papillons aux ailes d'azur, de superbes
scarabées. Revêtus d'écailles
de diamant ou de cuirasses semées de
piquants, artistement ciselées,
incrustées d'émeraudes et de rubis,
comme jamais chevalier du moyen âge n'en
porta, armés de terribles pinces, de
tenailles, de scies, ils ressemblent à des
machines de guerre faites d'or et de bronze. Ils
parcourent une triple existence ; la vilaine
larve rampant dans le limon des marais devient la
libellule aux ailes de gaze qui, pleine de joie et
de vie, passe et repasse comme la flèche sur
les plantes aquatiques. Ces insectes, privés
de la voix, sont par contre les plus forts de tous
les animaux. Un hanneton peut traîner 14
hannetons morts ; où est
l'éléphant qui puisse traîner
deux éléphants ? On a vu un
autre scarabée (l'atrophus fossor) remuer
plus de 1000 fois son propre poids ! La fourmi
est plus forte que le lion, et le moustique,
battant 400 fois de l'aile en une seconde, plus
fort que l'aigle.
Quel est le but, l'utilité de ces
êtres innombrables que
nous regardons comme des accessoires assez inutiles
et même fâcheux de la
création ? Serait-elle moins parfaite
sans eux ? Quel fruit de leur existence
restera-t-il sur un monde nouveau ? Dieu le
sait et nous l'ignorons. Avouons-le
franchement : l'âme de l'animal reste
pour nous un mystère, et le règne
animal un monde inconnu.
« Chacun selon son
espèce » - parole
répétée dix fois dans le
récit de la création - c'est ainsi
que Dieu créa les animaux du sixième
jour. La Bible ignore donc absolument
l'hypothèse
« darwiniste » d'après
laquelle l'homme tel qu'il est aujourd'hui serait
le résultat d'un long développement,
dont les premiers chaînons, issus d'une
cellule primitive, auraient été
représentés par des animaux de race
très inférieure. Cette idée
n'est pas nouvelle.
Anaxagore déjà tenait le
poisson pour une forme antérieure de
l'homme. Lamarck a développé la
théorie que les milieux, climats, saisons,
latitude, nourriture et d'autres causes encore
peuvent modifier un organisme de manière
à en faire une autre espèce. Darwin a
émis l'hypothèse que d'une cellule
primitive, douée par Dieu de toutes les
forces nécessaires, et à travers des
temps fort longs, se sont peut-être
développés dans l'eau, dans les airs
et sur la terre, tous les animaux et même
l'homme. Il nous a donné nombre
d'observations intéressantes sur la
plasticité des organismes,
c'est-à-dire leur capacité de
s'adapter, jusqu'à un certain point, et dans
des limites immuables, aux milieux qui les
entourent. Darwin, comme tout
vrai savant, était modeste, et n'affirmait
pas. Au contraire il avoue franchement :
« Nous ne pouvons pas prouver qu'une
seule espèce se soit
changée » (Life Ill, 25) ;
et, à l'objection capitale que les couches
géologiques ne présentent aucune des
transitions exigées par son système,
il répondait qu'on les trouverait
probablement en étudiant d'autres couches de
la terre. Or, on les a maintenant
étudiées sur tous les continents, et
on n'a trouvé nulle part ces transitions
graduées. Nulle part on ne voit des
trilobites devenir des scarabées ; ou
des sauriens, des quadrupèdes ; ou un
mégathérium, un boeuf. Les grandes
divisions, mollusques, insectes, poissons, oiseaux,
quadrupèdes, ont de tout temps
été absolument distinctes, et n'ont -
tous les zoologues le reconnaissent - aucune forme
primitive commune.
De même les régions
abyssales nous montrent, au lieu d'un seul type,
dû à des milieux absolument
invariables, les organismes les plus
différents. Enfin, depuis des milliers
d'années, nous n'avons encore jamais vu une
espèce végétale ou animale se
transformer en une autre. Toutes les
variétés de pigeons,
abandonnées à elles-mêmes,
redeviennent, Darwin lui-même en convient, le
pigeon sauvage ; et toutes les
variétés de roses retournent à
l'églantine. Aussi, même des
matérialistes comme le professeur Vogt (Die
Natur 1889) et le célèbre Virchov
ont-ils fini par abandonner le darwinisme auquel
ils croyaient d'abord. « Nous sommes,
s'écriait le dernier (Francfort, août
1888), battus sur toute la
ligne ; le proanthropos, l'homme-singe,
n'existe pas » - et il cite contre Darwin
les Esquimaux aux cheveux noirs. Toujours plus les
géologues, les botanistes et les zoologues
comme Quatrefages, Bischoff, Liebig,
Dubois-Reymond, 0. Hamman, longtemps l'aide de
Hoeckel, le botaniste Reincke, l'écrivain Dr
Dennert, et bien d'autres renoncent
forcément aux théories
darwinistes ; enfin, au congrès
naturaliste de 1897, on a entendu proclamer
hautement « la constance de
l'espèce » et la
déchéance du darwinisme, sans qu'une
voix sérieuse ait protesté.
Déjà auparavant le Dr K.
Müller l'avait ainsi
résumé :
« C'était une grande pensée
de Darwin que de faire sortir tous les organismes
d'un seul organisme primitif. Malheureusement les
faits géologiques et autres la
réduisent à néant. »
(Die Natur, 1er Janv. 1893.) Nous autres
chrétiens croyons que la pensée
divine : « chacun selon son
espèce » est incomparablement plus
grande et plus fertile en résultats de toute
sorte. Les darwinistes exagèrent d'un
côté l'importance de leurs
théories, qui, comme le dit R.
Francé, - auteur d'un magnifique ouvrage sur
la plante, - même si elles étaient
vraies, ne nous enseigneraient absolument rien sur
les origines de la vie, de l'organisme, du
sentiment, rien sur les mystères de la
matière et de l'esprit (Der Wert der
Wissenschaft, p. 12). D'un autre côté
ils méconnaissaient les fatales
conséquences de leur doctrine pour toute la
psychologie, la religion et le christianisme. Car
alors l'âme ne serait plus un diamant original et
éternel, mais
le fruit toujours changeant, variable,
indécis et temporaire d'un protoplasme
spirituel et le résultat des milieux ;
elle ne serait donc que l'âme
perfectionnée d'un singe. - Ne corrigeons
pas l'Écriture ; c'est trop
dangereux.
Il en est de ces premiers animaux
terrestres, de ces quadrupèdes du
sixième jour de la création comme des
plantes du troisième et des poissons du
cinquième jour : c'est-à-dire
que leurs restes nombreux et en partie bien
conservés se retrouvent dans les couches de
l'écorce terrestre, et sont exposés
dans presque tous les musées d'histoire
naturelle. Partout, à l'appui du
récit biblique, ce n'est que dans les
dernières couches, les couches de la craie
qu'un naturaliste appelle « l'aurore de
la création actuelle, que se trouvent,
toujours sans traces de l'homme non encore
créé, les précurseurs de nos
éléphants, de nos rhinocéros
et de nos hippopotames, plus grands seulement dans
la force de leur première jeunesse.
Il y avait entr'autres le
« mégathérium. »
ou « la grande bête, »
plus haut et plus long qu'un taureau. Affermi sur
des jambes comme des piliers, terminées par
des griffes d'un pied de long, il se mouvait
lentement, broyait et mâchait comme de
l'herbe de grosses branches d'arbres, au moyen de
dents en forme de ciseau. Semblable à une
forteresse bardée de fer, il ne redoutait
aucune attaque, car sa peau était si
épaisse et si dure qu'aucune dent ni griffe
n'aurait pu l'entamer ; et d'un seul coup de
sa lourde et énorme patte
cuirassée il aurait aisément
terrassé et écrasé un tigre ou
un lion. Alors vivaient aussi le
« dinothérium »,
« la puissante bête »,
dont le musée d'histoire naturelle de
Stuttgart conserve un crâne semblable
à un quartier de rocher jaune, long d'un
mètre, armé de molaires grosses comme
les deux poings. Il ressemblait à
l'hippopotame, mais le dépassait de beaucoup
en grosseur, avait une trompe, et paraît
s'être nourri de plantes aquatiques. Au moyen
de ses défenses recourbées en bas, il
pouvait s'ancrer à la rive et s'y maintenir
contre le courant.
Puis vinrent des mammouths et des
mastodontes en grand nombre, espèce
d'éléphants couverts d'une
épaisse fourrure aux longs poils laineux,
munis d'énormes défenses
recourbées aussi en bas, et ressemblant
à des branches d'arbre de trois à
quatre mètres de long
dépouillées de leur écorce.
Leur squelette semble construit de poutres et
rappelle la description du Béhémoth
(Job XL, 10-19). Ils habitaient les pays du Nord,
par exemple la Sibérie où, de nos
jours encore, leurs défenses fournissent une
bonne partie de l'ivoire travaillé en
Angleterre. L'explorateur de la Sibérie,
Middendorf, estime à 40,000 le nombre de ces
défenses exportées de ce pays depuis
un siècle ! On découvre ces
animaux jusque dans les glaces polaires, où
ils sont peut-être enfouis depuis le
déluge, et quelquefois leur chair est encore
assez bien conservée pour qu'on puisse la
servir en pâture aux chiens des
traîneaux. On affirme même que des
voyageurs s'en sont apprêté un
rôti mangeable ! ...
Avant ces monstres, se promenaient
déjà sur la terre d'énormes
sauriens terrestres ou lézards herbivores,
les iguanodons, de 23 mètres de longueur,
les diplocynodons de l'Amérique, hauts comme
un éléphant, et les sauriens du
Missouri, encore plus grands encore, assez
inoffensifs d'ailleurs, et qui à l'aide de
leur long cou broutaient les arbres. Dans la mer
nageaient le zeuglodon, espèce de serpent
marin, atteignant 23 mètres de longueur, et
d'autres encore couverts d'écailles
hexagonales ou pointues, dures comme l'acier,
semblables aux iguanes mais bien plus petits, qui
vivent de nos jours dans l'Amérique du Sud.
En général ces animaux du
sixième jour étaient plus grands que
ceux qui leur correspondent aujourd'hui.
Nous avons parlé d'énormes
tortues. Dans les mers nageaient des requins qui,
d'après leurs dents bien conservées,
devaient avoir de 20 à 25 mètres de
longueur, tandis que ceux d'aujourd'hui atteignent
à peine 10 mètres. Dans les
forêts bondissaient des cerfs géants,
dont le bois avait jusqu'à 4 mètres
d'envergure, peut-être poursuivis
déjà par des chiens gros comme une
vache et dont on retrouve d'ailleurs les restes.
Enfin l'ours des cavernes, contemporain des
premiers hommes, était aussi plus fort que
l'ours actuel. Par contre les ancêtres de
notre cheval, qui en étaient du reste assez
différents, dépassaient à
peine en grosseur un poney des Shetland.
La terre était donc couverte des
organismes les plus beaux, les plus variés.
L'habitation de l'homme, ce vice-roi de Dieu sur
sa
création, était prête à
le recevoir. Et le récit biblique,
condensé en quelques lignes, esquisse dans
ses traits principaux les créations
successives : depuis les algues marines et les
premières plantes qui ont formé la
houille, jusqu'aux nombreux animaux marins et
oiseaux du grès kenpérien du Jura,
jusqu'aux quadrupèdes retrouvés dans
la craie, encore sans vestiges de l'homme.
L'existence de ces nombreux organismes, qui ont
disparu dans les nuits cosmiques pour être
remplacés par des formes toujours plus
hautes, s'accorde parfaitement avec les
résultats de la géologie et de la
paléontologie. Un fait important de ce
récit est aussi confirmé par la
science : c'est l'universalité de ces
créations. « La
nature », dit d'Orbigny, « a
tracé à grands traits ces divisions
sur le globe entier. Au Pérou et au Chili,
au Texas et au Canada, comme en Auvergne, à
Pondichéry et dans l'Oural, on retrouve les
mêmes terrains caractérisés par
les mêmes fossiles. »
Qu'en sera-t-il de ces âmes
vivantes dans un monde futur ? Voir à
ce propos dans Esaïe
XI, 6, 7, 8 ; et
ailleurs la Bible parle d'animaux célestes,
de coursiers blancs et aussi d'animaux infernaux,
par exemple dans l'Apocalypse XIX,
11, 14 ; IX,
3, 17.
Puisqu'il y avait des animaux
dans le premier paradis où Adam les nomma,
pourquoi pas dans le second, sur la nouvelle terre,
sous des formes plus hautes et plus belles ?
Nous sommes toujours et dans toutes nos conceptions
embarrassés et entravés par
l'étroitesse de notre
esprit et la faiblesse de notre foi. En Dieu tout
est liberté, tout est force et pouvoir
illimités ; en Lui est une joie et une
richesse de création qui déborde,
inonde et dépasse nos pauvres idées,
comme le ciel est au-dessus de la terre. Ce ciel,
vers lequel nous marchons par la foi, n'est pas un
immense espace vide où, les uns après
les autres, les habitants pieux de la terre iront
se rassembler pour y mener une existence de pure
contemplation ; mais une pluralité, une
plénitude de mondes, remplis de la
lumière et de la magnificence de Dieu. Un
jour les cieux des cieux seront l'univers
entier ; et les millions d'astres, que nous
voyons briller au firmament, ne seront qu'une
petite partie du royaume de Dieu, du Roi de toute
la création dans lequel trouveront place des
milliards de créatures diverses dont nous
n'avons ici-bas aucune idée. La
véritable sagesse consiste à ne pas
croire à la nôtre, mais toujours plus
à la sagesse et au pouvoir sans bornes,
à la bonté et à la
beauté toujours créatrices et
absolument illimitées du Créateur de
toutes choses.
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