Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE VIII

LES POISSONS ET LES OISEAUX

-------




« Puis Dieu dit : « Que les eaux fourmillent d'une abondance d'âmes vivantes ; et que des oiseaux volent au-dessus de la terre, vers l'étendue des cieux. » Dieu créa donc les grands animaux marins et toute âme vivante qui se meut, dont les eaux fourmillent selon leur espèce, et tout oiseau ailé selon son espèce ; et Dieu vit que cela était bon. Et Dieu les bénit, disant : « Soyez féconds et multipliez et remplissez les eaux dans la mer, et que l'oiseau multiplie sur la terre. » Ainsi fut le soir, ainsi fut le matin, ce fut le cinquième jour. » (Gen.I, 20-24.)


« Et Dieu dit. » C'est ainsi que progresse l'oeuvre de la création. Jusqu'alors les régions aériennes et les mers étaient demeurées désertes et silencieuses. Le quatrième jour s'était écoulé ; de nouveaux cataclysmes enveloppèrent le globe de fumée, de nouvelles chaînes de montagnes surgirent. Les mers agitées couvrirent de limon, de sable et de rochers les vastes forêts primitives du troisième jour de la création. Lorsque cette terrible activité volcanique se fut calmée, quand les épais nuages de fumée et de vapeur se furent dissipés, qu'un soleil radieux illumina de nouveau le monde, et que, le cinquième jour de la création, une nouvelle végétation, riche et variée elle aussi, reparut sur la terre, alors les airs et les mers commencèrent à s'animer par l'apparition de poissons et d'oiseaux de toute espèce, appelés à l'existence par le souverain « fiat » du maître de l'univers.

Il parait étrange, à première vue, que deux genres d'animaux si différents soient ici compris ensemble, comme ayant été créés simultanément le même jour. Pourtant une observation plus exacte nous fait reconnaître que poissons et oiseaux appartiennent à une même grande classe, en opposition aux quadrupèdes, dont ils diffèrent essentiellement, et bien des analogies témoignent de leur commune origine. Chez les uns comme chez les autres, le corps est ovale et se termine en pointe par derrière, présentant ainsi la forme la plus propre à l'exécution de mouvements dans l'air ou dans l'eau. Chez tous deux aussi les organes du mouvement, c'est-à-dire les nageoires et les ailes, sont fixés sur les côtés, tandis que l'extrémité inférieure, en forme d'éventail doit servir d'aviron et de gouvernail, appendice qu'on ne trouve sous cette forme chez aucun animal terrestre. De plus, les uns et les autres sont revêtus d'écailles ou de plumes, sécrétant un liquide huileux destiné à les garantir contre le froid et l'humidité. Chez tous deux les os, forts quoique très légers, sont creux, remplis d'air au lieu de moelle. Également ovipares, les globules de leur sang, au lieu d'être ronds, comme ceux des hommes et des quadrupèdes, sont allongés et beaucoup plus grands. Enfin, on retrouve chez les deux espèces ce mystérieux instinct de migration inconnu aux quadrupèdes, et si prononcé chez les oiseaux de passage et chez nombre de poissons, tels que les harengs, les morues, les thons, les sardines qui, à certaines époques de l'année, paraissent, puis disparaissent de nouveau sans que nous sachions où ils vont. En tenant compte de toutes ces analogies, on peut dire que les oiseaux sont les poissons de l'air et y nagent, tandis que les poissons sont les oiseaux de l'eau ; comme, du reste, il existe certaines espèces d'oiseaux, les plongeurs, pingouins et autres qui savent mieux nager sur l'eau et sous l'eau qu'ils ne peuvent voler, il y a de même des poissons volants qui peuvent pendant quelque temps se maintenir dans l'air.

Quelle existence pleine de force et de liberté que celle que Dieu a accordée à ces humbles créatures! Ces êtres ailés, dont pas un n'est venimeux comme le serpent ou le scorpion, peuplent les airs et nous réjouissent de leurs chants. Dans plusieurs langues on dit en proverbe « libre comme l'oiseau », et l'aigle plane majestueusement au-dessus des sommets les plus élevés et se berce, loin de la terre, dans les profondeurs de l'azur, son véritable élément ! La force de certains oiseaux est presque incroyable. Des pigeons volent en trois jours, sans eau et sans nourriture, d'Europe en Amérique ; des oiseaux plus petits, le pluvier et le martinet, font chaque année un voyage de 15,000 kilomètres, du cap de Bonne-Espérance à la mer du Nord, et le rouge-gorge à queue bleue peut faire, d'après les observations du Dr Karl Perrot à l'observatoire d'Helgoland, jusqu'à 334 kilomètres par heure ; c'est-à-dire voler 5 fois plus vite qu'un train express ! Les poissons ne sont pas moins étonnants. Un requin a, pendant six semaines, suivi nuit et jour un vapeur anglais ! Un autre, harponné, a entraîné, contre vent et marée, une barque de 70 tonneaux avec une force évaluée à 100 chevaux-vapeur.

La vraie patrie de l'oiseau, où, à l'abri de l'homme destructeur et de ses autres ennemis, il jouit librement du royaume de l'air, ce sont les grandes solitudes des mers antarctiques. Là, sur ces eaux froides et orageuses, tourbillonnent, en nuées innombrables, des millions de mouettes, de pétrels, d'hirondelles de mer, de beaux pigeons du Cap au plumage blanc et soyeux, qui viennent se poser sans défiance sur les fusils des matelots et les regardent de leurs grands yeux si doux. Ils se reposent et nichent sur les hauts rochers, sur les icebergs; ces montagnes de glace flottantes aux contours fantastiques qui paraissent au clair de lune pâles comme des îles des morts, deviennent, quand après de longs orages les rayons du soleil les frappent de leurs flèches transparentes, des grottes d'azur avec des ruisseaux argentés descendant de leurs flancs, ou des palais et des cathédrales de cristal, dont un explorateur (C. Chum) dit que dans son tour du monde il n'avait jamais rien vu de si beau. Sur les banquises se tiennent de longues files de manchots, de pingouins aux ailes étriquées qui, debout, en petit frac noir et jabot rouge, crient d'une voix rauque des insultes aux marins qui viennent les troubler et leur voler leurs oeufs.

Mais les vrais rois de l'air qui tantôt se précipitent dans les profondes vallées de la houle immense, tantôt se balancent majestueusement portés par le veut, sans faire, pendant des quarts d'heures entiers, le moindre mouvement de leurs puissantes ailes, - d'après ce que me racontait un capitaine de vaisseau - ce sont la frégate et l'albatros à la grande envergure. Leur vie est de lutter, loin de toute terre, pendant des semaines, même des mois, avec la tempête qui ballotte et brise les vaisseaux, de tourner autour des pôles, ou de se rendre d'un vol puissant, en une cinquantaine d'heures, dit Brehm, des mers australes au Kamtschatka, en criant d'une voix monotone au Dieu qui leur donne en son temps leur pâture. Quelle belle vie que celle de ces voiliers de l'atmosphère, ou celle du condor qui, s'élevant en décrivant de vastes cercles bien au-dessus des volcans des Andes, embrasse d'un coup d'oeil ces neiges éternelles rougies par les feux de leurs cratères, et domine un continent et deux océans !

Les profondeurs des mers sont aussi les royaumes dont parle le psalmiste. « Que tes oeuvres sont nombreuses, ô Éternel ! Dans cette mer, grande et vaste en tous sens, se meuvent sans nombre des animaux petits et grands ; là se promènent les navires, et ce léviathan que tu as formé pour s'y ébattre. Tous s'attendent à toi, afin que tu leur donnes leur nourriture en son temps. Tu leur donnes, ils recueillent ; tu ouvres ta main, ils sont rassasiés de biens. Tu caches ta face, ils sont troublés ; tu retires leur souffle, ils expirent et retournent à leur poussière. Tu envoies ton esprit, ils sont créés, et tu renouvelles la face de la terre ». (Ps. CIV, 24-30.)

Des familles de baleines, monstres doux et inoffensifs, se jouent dans ces flots avec leurs petits, meurent plutôt que de les abandonner, disparaissent dans les abîmes, filent quelques centaines de lieues, et se cachent sous les glaces du pôle quand l'homme impitoyable les poursuit. Le vrai souverain, le despote de ces mers, c'est le cachalot, à la tête monstrueuse, aux massives mâchoires, devant lequel le requin lui-même éperdu, fait et se jette à la côte ; il est redouté des marins dont il attaque et brise souvent les vaisseaux. Puis cette majesté de par la grâce de Dieu, plonge, va parcourir ses états sous-marins et dévorer là-bas des poulpes, ces polypes effrayants aux gros yeux féroces, aux bras longs de 7 mètres, armés de terribles suçoirs et quelquefois de griffes comme celles des tigres ; on a trouvé en effet des restes de ces monstres dans l'estomac du cachalot.

À côté de ces formidables géants de l'océan, les infiniment petits nous étonnent par leur nombre. Il est impossible de se faire une idée de la multitude des diatomées microscopiques, aux formes si élégantes, qui teignent en jaune les mers australes, ou des jolis foraminifères dont d'Orbigny trouve 480 mille coquilles dans trois grammes de sable des Antilles. Dans les mers polaires l'eau est quelquefois remplie comme une soupe au sagou. de petites méduses ; l'explorateur Scoresby, qui traversa pendant des jours entiers ces mers animées, calcule qu'il faudrait à tous les hommes du monde des milliers d'années pour compter les animalcules que contient un mille anglais cube d'eau. Pourtant Dieu les connaît et les compte, et chacun d'eux est l'objet de ses soins !

Qu'elle est donc juste l'expression du commandement divin au cinquième jour : « Que les eaux fourmillent d'une abondance d'êtres vivants ! » Qui les comptera ces milliards de crabes, de polypes, de coraux, d'éponges qui fourmillent dans les mers ou en tapissent le fond ? Quelle vie mystérieuse que celle des madrépores, où l'individu se confond avec l'état ! Ils aspirent, à l'aide de pompes puissantes, des quantités d'eau de mer dont ils extraient assez de calcaire pour former des îles entières ! Plus énigmatique encore est l'existence des polypes qui portent sur leurs rameaux des fleurs vivantes. Celles-ci laissent échapper comme fruit une petite vessie qui devient une méduse bien plus grosse qu'eux, aux formes variées, aux brillantes couleurs; puis cette méduse engendre des oeufs, qui se fixent aux rochers, et redeviennent des plantes-polypes. Quelle singulière alternance de deux êtres si différents, où le fils reproduit le grand-père, mais n'a rien de commun avec le père ! Comment l'âme (puisque, au verset 20 du premier chapitre de la Genèse, la Bible nomme ces habitants des mers « des âmes vivantes », ) reste-t-elle ici la même en passant continuellement d'une forme à l'autre.

L'examen des diverses couches antédiluviennes a fourni ici aussi des preuves de la vérité du récit mosaïque. Ces couches racontent qu'après des bouleversements qui ont enfoui la végétation primitive, d'innombrables animaux aquatiques remplirent les eaux. Nous en retrouvons les restes, notamment dans les couches d'ardoise. Là se rencontrent en grand nombre, exposés aujourd'hui dans nos musées d'histoire naturelle, où leurs formes et leur grosseur excitent l'étonnement, des squelettes de grands animaux marins, précurseurs de nos baleines et de nos cachalots. Un grand nombre de ces animaux appartiennent à la classe des « sauriens », ainsi nommés du grec « sautros », lézard ; il est remarquable que le mot du texte hébreu employé au verset 21 pour « grands animaux marins », signifie aussi « crocodiles », et annonce ainsi les sauriens. Ces sauriens sont des lézards marins, de 7 à 16 mètres de long, recouverts d'une peau épaisse et huileuse, au lieu d'écailles, et pourvus de larges nageoires en guise de pattes. C'était l'ichtyosaure, de 9 à 10 mètres et plus de longueur, fendant les flots avec vitesse, grâce à sa forme effilée et à ses puissantes nageoires, broyant, entre les mâchoires de son long museau pointu, les seiches et autres animaux, dont on retrouve les restes dans son estomac ! Ses yeux étaient entourés de plaques osseuses mobiles, qui pouvaient en se resserrant rendre l'oeil plus petit, tandis que quand elles s'élargissaient et s'ouvraient, l'oeil devenait grand comme une assiette, selon que l'animal nageait à la surface de l'eau, où une lumière trop intense l'aurait ébloui, ou qu'il cherchait son chemin et son butin dans les profondeurs troubles de l'océan.

À la surface des flots voguait, comme un énorme cygne, le plésiosaure au long cou surmonté d'une petite tête à dents acérées ; et sur les îles de vase et de rochers se reposaient des tortues monstres de deux mètres de hauteur, immobiles, remuant lentement leur cou de côté et d'autre, on regardant fixement en haut ; on dirait un premier essai de l'esprit pour se dégager de la matière. Il y avait encore nombre d'animaux aquatiques, dont quelques-uns, les encrines, présentaient une longue tige enracinée au fond de la mer et couronnée, à l'extrémité supérieure, d'une tête en forme de lis à cinq pétales, contenant des milliers de petites écailles calcaires ; puis les ammonites, ou cornes d'Ammon, dont il existe plus de 300 espèces, qu'on retrouve en bien des lieux, soit petites comme une pièce de 50 centimes, soit grandes comme une roue et pesant jusqu'à un quintal, qui voguaient par flottes sur les Mers, comme aujourd'hui le nautilus.

Dans ces mêmes couches se trouvent aussi, pour la première fois, nouvelle preuve de la vérité du récit biblique, des vestiges d'animaux aériens, qui comme le ptérodactyle, ressemblent un peu à d'énormes chauves-souris, et donnent l'idée des premiers efforts d'un animal pour s'élever dans les airs. Si le nombre de ces premiers oiseaux n'égale pas, à beaucoup près, celui des poissons et des animaux marins, c'est encore là un accord frappant entre les faits géologiques et la Genèse, où il n'est parlé que pour ces derniers d'un « fourmillement en toute abondance ». Du reste les animaux aquatiques, lorsqu'ils périrent, furent enfouis dans la vase et ainsi conservés, au lieu que les oiseaux morts restèrent exposés à l'air libre et s'y décomposèrent, souvent sans laisser de traces ; la même raison explique encore aujourd'hui an naturaliste la rareté des squelettes d'oiseaux.

Quant à la fécondité des animaux aquatiques, signalée plus haut et prédite dans le récit biblique, elle continue à être vraiment phénoménale. Tandis que les oiseaux se multiplient lentement - les femelles ne pondent que d'un à six oeufs - la vertu prolifique des poissons est telle qu'elle dépasse même celle des plantes. Ainsi un seul hareng peut contenir jusqu'à 65,000 oeufs ; une carpe 200,000 ; le cabillaud, espèce de morue, a jusqu'à 3 millions d'oeufs dans le corps, et l'esturgeon de la Volga jusqu'à un quintal de caviar. Ces oeufs sont, il est vrai, en majeure partie détruits par des tempêtes ou d'autres causes ; des masses de poissons sont aussi dévorés, à peine éclos. Néanmoins les habitants des côtes peuvent se faire quelque idée de la masse prodigieuse d'animaux qui peuplent les profondeurs des eaux salées. Du Havre, par exemple, partent tous les jours de 30 à 40 grands bateaux de pêche, qui reviennent chargés de crevettes et d'autres animaux marins, et en alimentent les habitants des ports, ainsi que ceux des grandes villes et de la capitale. Néanmoins la mer en fournit toujours avec la même abondance. Ainsi la ville de Londres consomme annuellement 375 millions de poissons divers, outre les homards, les langoustes, les crabes, les crevettes, etc.
Année après année 15 à 20,000 pêcheurs se rendent sur les bancs de Terre-Neuve, et y prennent en moyenne 30 millions de morues, sans que leurs bancs diminuent. Cela encore n'est rien comparé à la pêche du hareng. Les Hollandais prennent en moyenne annuellement 430 millions de ces poissons, « et les habitants de la Norvège, où arrivent du pôle nord les grands bancs de poissons, ont pêché en 1889, et cela pendant les quelques semaines que dure le passage, outre 50 millions de morues, 1235 millions d'hectolitres de harengs, tellement qu'ils se servirent du superflu pour fumer leurs champs. Des baleines et des requins suivent ces bancs et avalent par millions ces poissons, et chaque année d'autres redescendent en légions innombrables, pour aller se perdre dans les profondeurs inconnues de l'Océan. Il est probable que si l'on disposait d'une quantité suffisante d'engins de pêche et de moyens d'expédition et de transport, l'humanité entière pourrait se nourrir de poissons. N'est-ce pas l'accomplissement visible et littéral de la parole de Dieu, lorsqu'Il commanda : « Que les eaux fourmillent d'une abondance d'êtres vivants », et l'effet de la bénédiction qu'Il prononça sur ces créatures du cinquième jour en leur disant : Soyez féconds et multipliez et remplissez les eaux de la mer ?

Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant