« Et Dieu dit :
« Qu'il y ait des luminaires dans l'étendue des
cieux pour séparer le jour d'avec la nuit, et qu'ils
soient pour signes et pour jours et pour années ;
et qu'ils soient pour luminaires dans l'étendue des
cieux pour donner la lumière sur la terre. » Et il
fût ainsi. Et Dieu fit (littér. prépara) les deux grands
luminaires, le grand luminaire pour dominer sur le jour,
et le petit luminaire pour dominer sur la nuit; et les
étoiles. Et Dieu les plaça dans l'étendue des cieux pour
donner de la lumière sur la terre, et pour dominer de
jour et de nuit et pour séparer la lumière d'avec les
ténèbres. Et Dieu vit que cela était bon. Et il y eut
soir, et il y eut matin : |
La Bible vient de nous dire que la première végétation, dont les
restes forment notre charbon, avait pris naissance avant que le soleil
eût éclairé la terre : donc sous l'action d'une autre lumière que
celle qui nous est connue, probablement d'une lumière distribuée
uniformément sur le globe entier. D'où venait cette lumière ?
Nous n'en savons rien. Il y a dans la création beaucoup de mystères
devant lesquels nous devons nous incliner sans comprendre en
reconnaissant les limites de notre savoir. Mais
nous savons qu'au quatrième jour de la création deux grands luminaires
apparurent dans les cieux, ayant pour mission, l'un de gouverner les
jours, et l'autre les nuits. Remarquons la différence du terme
biblique employé pour décrire leur apparition ; ce n'est plus
« barah » créa, mais « asah » prépara. En réalité
le soleil existait déjà, bien que sous une autre forme, sans doute
comme une dense nébuleuse. Pour se condenser en masse compacte et
devenir un foyer d'intense lumière, capable d'entretenir la vie de
tous les êtres qui allaient peupler le globe terrestre, il a dû
employer nécessairement, en raison de son immense volume, une période
bien plus longue que ce qu'il a fallu de temps à notre petit globe
pour se refroidir et se former. Des astronomes comme Flammarion, Lord
Kelvin, Th. Moldenhauer (Das Weltall) et d'autres le reconnaissent, et
enseignent maintenant que la terre s'est formée en globe des millions
d'années avant le soleil, et Mars de même longtemps avant la terre.
Donc, ici encore on constate l'harmonie entre la science humaine et la
Parole de Dieu.
Le soleil, pour régir le jour, et la lune pour
régir la nuit, servent donc à séparer la lumière d'avec les ténèbres
et à diviser la durée infinie en périodes de temps régulières. C'est
là déjà une tâche importante, vu que nos meilleures horloges ne
sauraient à la longue marquer les heures avec une parfaite exactitude.
Les corps célestes seuls jamais n'avancent ni ne retardent d'une
fraction de seconde ; ce sont des chronomètres à toute épreuve.
Sans eux, quelle confusion sur la terre ! Qu'on se figure ce que
serait notre vie s'il n'existait aucune répartition du temps en jours
et en nuits, en mois et en années : « Pour dominer sur le
jour et la nuit et pour séparer la lumière d'avec les ténèbres. »
Quelle immense influence ces astres n'exercent-ils pas sur toute la
création terrestre dont ils règlent la vie ! Le jour, des
millions d'humains et aussi d'animaux domestiques et autres
travaillent, qui la nuit se reposent ; d'autres, au contraire,
dorment le jour et cherchent de nuit leur proie. La fleur s'ouvre le
jour, la plante, l'arbre exhalent de l'oxygène, puis la nuit de
l'acide carbonique. Les végétaux, les insectes, les oiseaux de
passage, les poissons qui, dans les profondeurs de la mer émigrent
régulièrement en leur temps, tous connaissent les temps et les saisons
que Dieu a fixés par le soleil et la lune. La création connaît les
temps, ces grandes choses dont l'origine est dans les cieux ; et
la Parole de Dieu prête aux « temps et aux saisons » une
importance majeure, à travers l'histoire du monde depuis la création
jusqu'à l'accomplissement de toutes choses. Rappelons seulement ces
passages-ci : « Lorsque les temps furent accomplis »,
la parole de Jésus : « Mon heure n'est pas encore
venue, » et bien d'autres dans Daniel et l'Apocalypse.
Cependant le soleil et la lune n'existent pas
uniquement pour nous éclairer et pour marquer les divisions du temps.
Leur mission est autrement plus grande, et nous ne
pouvons, faibles mortels, en estimer l'étendue ou en marquer les
limites. Tout d'abord ils sont là pour proclamer, aux yeux immortels
d'une multitude innombrable d'anges, le pouvoir et la magnificence du
Créateur, et Lui seul sait pleinement pourquoi Il les a créés. Ce que
nous pouvons toutefois comprendre, c'est que le soleil n'éclaire pas
seulement notre petit globe terrestre, mais beaucoup d'autres planètes
encore : les astronomes en comptent plus de 300. L'immense force
d'attraction qui se dégage de notre soleil les contraint de se mouvoir
autour de lui comme dans un cercle enchanté, et elles se voient
entraînées avec lui dans son vol à travers l'immensité. Pour exprimer
la force avec laquelle le soleil empêche notre globe de s'enfuir,
Flammarion dit que celui-ci devrait pour cela rompre un câble en fils
d'acier de plus de 5000 kilomètres de diamètre ! Et que dire de
Saturne on de Jupiter ?
Pourquoi la Bible cite-t-elle le soleil et la lune
comme les astres principaux de l'univers, alors que d'après les
observations et les calculs des savants, il en existe dans l'espace
des milliers plus grands que le soleil et plus encore que la
lune ? Parce que Dieu, comme nous l'avons dit, donne sa parole à
l'humanité tout entière et se met à son point de vue, à la portée de
son intelligence et de ses connaissances. Pour elle le soleil et la
lune sont et restent les corps célestes principaux. Un simple
catalogue des 20 millions d'étoiles de la voie lactée, avec leur
ascension et leur déclinaison, sans autres
explications, remplirait plus de 500 gros volumes ; quel profit
en retireraient des millions d'êtres humains auxquels la Bible est
adressée ? Ce qu'il nous faut, dans cette vie si courte et si
précaire, si pleine de travaux et de peines, ce n'est pas une
encyclopédie des sciences naturelles, mais un guide à travers les
ténèbres et un Sauveur qui ôte et porte le péché du monde.
Ainsi il est d'usage d'exagérer la portée des
découvertes de Galilée et de Copernic, et de répéter qu'elles ont
arraché l'homme à la foi enfantine des premiers temps. Mais les
anciens, par exemple Pythagore, connaissaient et enseignaient déjà
clairement le système dit de Copernic, qu'ils avaient eux-mêmes fort
probablement reçu des Chaldéens (voir : « De Pythagore à
Newton » par M. Poincaré de l'Institut). Les Égyptiens savaient
déjà que Mercure et Vénus tournent autour du soleil ; et
Aristarque de Samos, 300 ans avant Jésus-Christ, que Sirius est un
soleil plus gros que le nôtre ; et ils vivaient comme nous. Ce
n'est point autour du soleil dont ils ne savent que peu de chose ou
rien, que gravite la vie matérielle et intellectuelle des peuples et
même des milliers de gens civilisés et instruits, mais bien autour de
cette petite terre, leur demeure. C'est même sur la très petite partie
de cette terre qu'ils connaissent ou celle plus petite encore qu'ils
possèdent, que se concentrent leurs intérêts et leur activité, leurs
craintes et leurs espérances. Comme le système de Copernic n'a rien
changé à l'histoire du monde, ni à son commerce et
à son industrie, ni aux exploits des conquérants tels que César,
Alexandre, Napoléon, ainsi si l'on prouvait demain que notre terre ne
tourne pas autour du soleil, mais bien autour de Canope, soleil cinq
milliards ( !) de fois plus grand que le nôtre, cela n'aurait que
fort peu ou point du tout d'influence sur la vie de l'humanité, sur
les principes ou le caractère, la morale et la religion de centaines
de millions d'humains. La terre est et restera toujours le domaine
assigné par Dieu à l'homme, le centre et l'objet de sa vie.
La terre, notre planète, le soleil et la lune,
voilà les trois types des principaux corps célestes. Il n'y a pas
seulement un soleil, car les étoiles que nous appelons fixes,
quoiqu'elles volent toutes avec une rapidité effrayante dans leurs
orbites, sont aussi des soleils. Notre terre n'est pas la seule qui
tourne autour de notre soleil ; et bien d'autres planètes sont
aussi entourées de lunes ou satellites.
Quand Moïse ajoute au verset 16, comme en
parenthèse, ces trois mots : « et les étoiles », il
comprend ici tous les mondes, étoiles ou planètes qui brillent dans la
voûte céleste, ce que tous les peuples et nous aussi appelons du nom
commun d'étoiles. Elles sont belles, ces planètes, ces soeurs de notre
terre, qu'un commun destin et une même force enchaînent à l'énorme
corps central. D'abord Mercure, lourd comme un boulet de fer, baigné
dans les chauds rayons du soleil autour duquel il court bien plus vite
que la terre ; le soleil y paraît huit fois
plus grand que de notre globe. Puis Vénus, l'étoile du soir et du
matin, soeur peut-être jumelle de la terre, qu'elle égale en poids et
en volume. D'après les pointes inégales de son croissant, Schröter et
d'autres astronomes lui attribuent des montagnes de 40,000 mètres de
hauteur ! Quels paysages ! Quelles cataractes se précipitent
de ces hauteurs dans les profondeurs des vallées ! Au delà de
notre planète vient Mars, avec ses deux toutes petites lunes et ses
neiges polaires, qui, comme les nôtres, augmentent en hiver et
diminuent en été ; avec ses mers bleues et ses continents
jaunâtres, et l'énigme de ses doubles canaux larges de 300
kilomètres ! S'ils sont artificiels, c'est l'ouvrage d'une race
de géants comme la terre n'en a jamais vus. Plus loin volent des
centaines d'astéroïdes, petits mondes, dont quelques-uns n'ont que dix
kilomètres de diamètre. Un homme en ferait le tour en une couple
d'heures, vu surtout l'extrême légèreté des corps à leur surface. Puis
vient le géant Jupiter, gros comme 1400 terres, accompagné de quatre
grands et de trois petits satellites, couvert d'immenses bandes
nuageuses et toujours changeantes, sous lesquelles se cache le noyau
de la planète. Une grande tache rougeâtre de milliers de kilomètres
d'étendue est, peut-être, le reflet sur ces nuages de champs de lave
incandescente, rejetée par la planète encore partiellement en fusion.
Plus loin Saturne, énorme aussi, léger comme le liège, autour duquel
se balancent d'immenses anneaux peut-être composés d'innombrables météores.
Puis, plus loin, à des centaines de millions de kilomètres, les pâles
mondes d'Uranus et de Neptune, parcourant lentement leurs grandes
orbites ; et qui sait combien d'autres planètes non encore
découvertes tournent lentement bien loin de notre soleil ?
Ces planètes que nous connaissons ont chacune leur
atmosphère propre, leurs jours, leurs nuits, leurs saisons, et
paraissent avoir aussi des nuages et des vents, des continents, des
mers et des neiges polaires. La vie organique y existe-t-elle
aussi ? Y a-t-il là de la végétation, des organismes semblables à
nos animaux, des êtres inférieurs ou supérieurs aux hommes ? Cela
est plus que probable, et celui qui répète encore que la terre doit
être seule habitable raisonne comme le poisson philosophe d'Arago qui
est persuadé, que hors de l'eau toute vie est impossible. Les
objections d'esprits timides et étroits, fondées sur ce que Mercure
serait trop chaud pour nous, et Neptune trop froid ou trop obscur pour
nous, ont perdu toute valeur depuis que nous savons que dans des
conditions bien autrement défavorables à la vie que celles de toutes
les planètes, dans une température toujours au-dessous de zéro, dans
des ténèbres absolues, sous une pression d'eau épouvantable, Dieu,
nous ignorons dans quel but, a créé, au fond des océans, des êtres aux
formes les plus variées, délicats, richement colorés. Le professeur
Pictet a démontré que par un froid de - 155° les acides n'agissent
plus sur les métaux, mais que les bacilles supportent fort bien une
longue immersion dans l'air liquide à - 213°. La
vie organique est donc plus forte que la vie inorganique !
« La cellule vivante », dit de même Flammarion, « ne
peut être tuée par aucun froid ; les microbes pourraient se
rendre à travers les espaces interplanétaires d'un monde à
l'autre ».
Nous savons, maintenant, que non seulement l'étoile
Algol mais bien d'autres aussi sont entourées d'énormes planètes ayant
jusqu'à 900,000 kilomètres de diamètre, et se mouvant autour de leurs
soleils avec une inconcevable rapidité en deux, trois, quatre jours ou
même en deux heures et quelques minutes ! Quelles merveilles de
vie le Dieu de la vie n'aura-t-il pas créées sur ces mondes inondés,
bien plus que la terre, de lumière et de force ! Qui oserait
prétendre qu'Il n'a allumé des millions de soleils que pour éclairer
le vide, et pour qu'ils répandent inutilement leurs trésors de chaleur
dans l'espace glacé ? Nous disons donc que, selon la science
actuelle, toutes les planètes du système solaire sont parfaitement
habitables, c'est-à-dire peuvent être le siège d'une riche vie
organique. Nous croyons qu'elles le sont, qu'elles l'ont été ou
qu'elles le seront (la terre pendant un long temps ne le fut pas), et
nous dirons avec Herder : « Qu'en somme sur chacune des
soeurs de notre terre vit ce qui peut vivre sur elle ». Nous
tenons pour indigne d'un chrétien la conception d'après laquelle le
Dieu qui sur notre terre a répandu à profusion la vie, même là où nous
ne l'aurions jamais cherchée et l'avons longtemps ignorée, n'aurait
créé ces mondes que pour les laisser rouler sans
but et sans fin, énormes boulets inertes, à travers les siècles et les
espaces. Aurons-nous un jour une preuve directe de la vie sur ces
planètes ? Peut-être, par des météores qui pourraient nous
apporter des débris d'organismes, comme quelques savants le croient de
celui tombé à Orgueil. Pourrons-nous jamais entrer en communication
avec des êtres d'autres mondes ? Cela est fort douteux et n'entre
peut-être pas dans les desseins de Dieu.
Parmi ces planètes d'une masse énorme (notre petite
terre contient mille milliards de kilomètres cubes !) volent en
tous sens d'innombrables comètes dont Képler déjà disait qu'il y en a
plus dans les cieux que de poissons dans la mer ; flammes
éthérées, des milliers de fois plus légères que l'air, disait
l'astronome Babinet, qui les nommait « des riens visibles ».
Arrivant peut-être d'étoiles inconnues, lentement d'abord, puis plus
rapides, et enfin avec une vitesse vertigineuse, elles se précipitent
sur le soleil, en rasent la surface, et puis, chargées de chaleur et
de force, s'enfuient de nouveau dans de lointains espaces, où elles se
meuvent, comme celle de 1680, si lentement qu'un piéton pourrait les
dépasser. Aucun savant n'a encore osé émettre une opinion sur leur
origine, leurs effets ou leur but dans l'univers.
La lune, qui éclaire nos nuits d'une lumière si
douce, n'est point unique dans son genre. D'autres planètes sont
escortées de même, soit d'un seul, soit de plusieurs satellites. Le
nôtre est éloigné de la terre de 85,000 lieues. La
surface en est semée de hautes montagnes escarpées, représentant pour
la plupart de grandes enceintes, des cirques, des cratères munis d'un
pic central ; mais ni eaux, ni mers, ni lacs, ni fleuves, ni
forêts n'en rompent la grande et sévère uniformité. On a pu évaluer la
hauteur de ces montagnes d'après l'ombre qu'elles projettent, et on a
trouvé que plusieurs d'entre elles dépassent considérablement en
altitude le Mont-Blanc, la plus haute montagne de l'Europe. La lune
paraît n'avoir pas d'atmosphère, ou a tout au plus une atmosphère 800
fois moins dense que la nôtre ; c'est-à-dire que pour nous elle
n'en serait pas une, et nous y péririons asphyxiés (et pourtant, dit
Flammarion, même un air si léger pèserait encore sur la lune quatre
cents millions de kilos par mille carré). Aussi le ciel vu de là, au
lieu d'être bleu, est-il d'un noir profond, et le soleil y apparaît,
non 12 heures mais quinze jours de suite, répandant sur ce paysage
désert une lumière si vive, une chaleur si intense que certains métaux
y fondraient facilement.
Autour du soleil les étoiles brillent en plein midi
d'une lumière étincelante, parce qu'aucune vapeur n'en tempère
l'éclat. Quand, sa quinzaine accomplie, le soleil se couche soudain,
sans crépuscule préalable, une nuit morne envahit les profondes
vallées, tandis que les hautes cimes restent vivement éclairées
quelque temps encore. Mais alors resplendit au zénith, pour un
spectateur placé au centre du disque lunaire tourné vers nous - car
nous ne voyons jamais l'autre côté de la lune - un
magnifique globe à demi éclairé, 15 fois plus grand que nous ne voyons
la lune. À mesure que la nuit avance, ce globe, immobile au centre du
ciel, s'éclaire de plus en plus, et à minuit précis brille comme
« pleine terre » et verse une lumière 15 fois plus forte que
notre pleine lune sur les grandioses paysages lunaires. Quel
magnifique sujet d'étude pour les yeux des Sélénites - et qui est
absolument sûr qu'il n'en existe pas ? - que ce grand globe
argenté, tournant rapidement, 15 fois en une nuit sur lui-même, jamais
obscurci par aucune vapeur ou aucun nuage !
Les calottes de glace aux deux pôles sont d'une
blancheur éblouissante, et croissent et diminuent alternativement. Ses
mers, plus ou moins bleuâtres selon leur profondeur, se distinguent
facilement des continents avec leurs déserts jaunâtres, leurs sombres
forêts, leurs plaines cultivées, où, selon les saisons, des teintes
vert tendre alternent avec le jaune des épis. L'oeil humain ne verrait
de la lune aucun des monuments ou des travaux dont l'homme
s'enorgueillit, mais bien les phénomènes de la nature, la floraison
des petits iris ou des tulipes qui couvrent les plaines du Don ou de
la Tartarie d'azur et d'écarlate ; et surtout les chutes de neige
qui teignent en blanc dans l'espace d'une nuit des pays entiers. Tout
cela et surtout nos nuages, ces taches grises toujours changeantes,
ramassées en groupes, ou étendues en longues traînées qui voilent de
temps à autre toutes les formes de ce monde céleste, seraient pour
nous, si nous habitions la lune, des énigmes aussi
insondables que les doubles canaux de Mars.
Nous avons parlé de la surface de la lune dépourvue
d'air, d'eau, de vie. Cela paraît être vrai des grandes montagnes
rocheuses, des plateaux circulaires qui couvrent une grande partie de
notre satellite. Mais de nouvelles observations, faites avec de
meilleurs instruments, semblent prouver que le cratère Linnée, par
exemple, émet quelquefois des vapeurs ou fumées blanchâtres qui en
voilent les contours ; donc il y aurait encore là-haut des gaz.
Dans les plaines ou bas-fonds on observe aussi des taches qui, claires
le matin, deviennent obscures à midi et redeviennent claires le
soir ; peut-être des mousses et des lichens, restes d'une
ancienne végétation ? Ainsi la lune ne serait pas encore tout à
fait morte, et quelques restes d'une vie, peut-être autrefois riche et
variée, existeraient encore parmi ces énormes obélisques et ces
pyramides de lave refroidie.
Passer de la lune au soleil, c'est passer d'un
monde de silence et de mort à une fournaise embrasée, à un océan
toujours agité d'une lumière, d'une chaleur.. d'une force et d'une vie
telles que nous ne pouvons nous en faire une idée. Ce globe colossal
est 1,1200,000 fois plus grand que la terre ; c'est-à-dire que si
nous nous le représentons comme une sphère creuse, et la terre à son
centre, la lune pourrait tourner autour d'elle à sa distance actuelle,
et il resterait encore autour des deux astres un espace de 50,000
lieues de largeur !
C'est un océan incandescent d'oxygène, de métaux,
de fer, de magnésium et d'autres matières en fusion.
L'astronome peut voir d'ici sur le soleil des
explosions vraiment gigantesques, auprès desquelles celles de nos
volcans ne sont que des pétards d'enfants, et qui doivent être
accompagnées de détonations des milliers de fois plus fortes que nos
tonnerres. Des colonnes d'hydrogène enflammé sont lancées de
l'intérieur par des forces effroyables, en quelques minutes, à des
centaines de milliers de kilomètres de hauteur. Là elles
s'épanouissent en magnifiques gerbes de feu rose, semblables
quelquefois à des épis ou à des palmes ; bientôt, déchirées par
les cyclones solaires, elles retombent en pluie de feu sur le globe
incandescent, où souvent des gouffres tourbillonnants les
engloutissent. Ces abîmes, quelquefois d'un diamètre dix fois plus
grand que la terre, sont les taches solaires, qui nous paraissent
noires à travers le verre protecteur du télescope, mais qui sont en
réalité bien plus lumineuses que la flamme du magnésium. Notre lumière
n'est qu'une obscurité, notre chaleur que du froid, et nos cyclones
les plus terribles sont de légers zéphirs comparés aux ouragans qui
bouleversent sans trêve ces mers de feu, et les soulèvent en vagues
plus hautes que les Alpes ou l'Himalaya. La terre tombant sur le
soleil, ne serait qu'une petite boule de cire dans un haut
fourneau ; une flammèche ! une petite explosion ! et
elle aurait disparu. De ce foyer rayonnent sans cesse des masses
incalculables de lumière, de chaleur, d'électricité
et d'autres forces dans tout le système solaire, et bien au delà,
jusqu'à ce qu'elles se mêlent à celles qui émanent du double soleil le
plus proche de nous, alpha de la constellation du Cygne.
Car les étoiles aussi, dont nous admirons la douce
et tranquille lumière, sont des mondes incandescents, parmi lesquels
il s'en trouve de bien plus grands que notre soleil, d'une lumière et
d'une chaleur bien plus intenses. Sirius, par exemple, la plus belle
étoile de notre ciel, égale, d'après les observations les plus
récentes, 5000 soleils comme le nôtre. Mais qu'est-il lui-même en
comparaison du rouge Arcturus que l'astronome Elwin évalue à 550,000
fois notre soleil ? Et celui-ci est encore bien dépassé par
Canope, que des observations récentes portent à cinq mille millions de
fois notre astre central ! (Bulletin de la Soc. astron. de Paris,
1907.) Puis il y a nombre d'étoiles variables qui, par périodes
régulières, diminuent d'éclat et ensuite vont en augmentant de
nouveau. Parfois aussi deux, trois ou quatre soleils de couleurs
différentes réunis forment un groupe, une famille, et, sur les
planètes qu'ils régissent, des jours dorés et des jours bleus
alternent avec des jours verts ou pourpres, et les nuits, à leur tour,
y sont éclairées par des lunes multicolores. Ainsi nous voyons, dans
la constellation d'Andromède, un soleil vert et un bleu, qui se
meuvent autour d'un soleil orangé. Quelquefois un grand soleil blanc
central semble être le chef et le berger d'un groupe nombreux
d'étoiles colorées, Dieu demande à Job Peux-tu
nouer les liens des Pléïades oui délier les chaînes de l'Orion, ou
conduis-tu la grande Ourse avec ses petits ? (Job.
XXXVIII, 31-32.) Or nous savons maintenant que les Pléïades
forment un tout complexe et que les belles étoiles de la grande Ourse,
quoique séparées par des espaces incommensurables, offrent le même
type de spectre lumineux, et voguent de conserve comme une flotte de
vaisseaux vers le même point de l'univers ; de même les étoiles
d'Orion, et quelques autres familles de soleils. (Proctor,
« Other Worlds than ours », p. 268.) Quels sont les liens,
les forces, qui les relient entre elles ? Quels sont les buts
vers lesquels elles volent ? Arriveront-elles jamais dans leur
course aux confins de l'univers ? Qu'y a-t-il là où cet univers
finit ? - Les cieux des cieux de Jéhova.
La création du quatrième jour continue ; des
étoiles scintillent actuellement au ciel, qui manquent dans les
anciens catalogues ; d'autres se sont éteintes après des
embrasements qui ont rempli des milliards et des milliards de
kilomètres de leurs flammes. Mondes naissants ! mondes
disparus !
Au mois de février de l'année passée des ondes
lumineuses, qui nous arrivaient après une course rapide comme l'éclair
de la constellation de Persée, nous ont appris que là-bas, il y a 63
ans, deux soleils s'étaient heurtés et transformés, par ce terrible
choc, en une immense nébuleuse ou masse de gaz enflammé. Ces soleils
étaient-ils entourés de planètes ? Est-ce que sur ces
terres des êtres pensants ont observé, d'abord avec indifférence, puis
avec un intérêt scientifique, bientôt avec inquiétude, puis avec
effroi, avec terreur, un soleil ennemi fondre sur eux, devenir
toujours plus colossal, remplir la moitié du ciel, les aveugler de sa
lumière, les dessécher, les brûler de sa chaleur ? - puis, avec
un fracas de dix mille tonnerres, catastrophe !
anéantissement ! Plus rien que des gaz brûlants ! -
« Les cieux passeront avec le fracas d'une effroyable tempête.
Les éléments embrasés seront dissous, et la terre sera entièrement
brûlée avec tout ce qu'elle contient. » (Il
Pierre III, 10.)
Oui, ils passeront ces cieux avec tous leurs
mondes. « Tu as jadis fondé la terre et les cieux sont les
oeuvres de tes mains ; eux, ils vieilliront tous comme un habit
et tu les changeras comme un vêtement ; mais Toi, tu es le
même ». (Ps.
102, 25-26.) « Toute l'armée des cieux se fondra, et les
cieux seront roulés comme un livre, et toute leur armée tombera comme
une feuille tombe de la vigne et comme ce qui tombe du figuier »
(Es. 34,
4). Il est aussi écrit : En ce jour l'Éternel punira
l'armée d'en haut, en haut, et les rois de la terre sur la
terre ». (Es.
XXIV, 21.) Mais nous croyons à Celui « qui a réconcilié
toutes choses avec lui, soit les choses qui sont sur la terre, soit
celles qui sont dans les cieux, ayant fait la paix par le sang de sa
croix » (Col.
I, 20).
Si notre terre périt un jour par le feu, nous
attendons « une nouvelle terre où la justice habite ».
« Tu n'auras plus le soleil pour la lumière
du jour, et la lueur de la lune ne t'éclairera plus ; mais
l'Éternel sera pour toi une lumière éternelle, et ton Dieu sera ta
gloire » (Esaïe,
LX, 19).
Quelles raisons n'avons-nous pas de nous écrier
avec David : « Quand je contemple tes cieux, l'ouvrage de
tes doigts, la lune et les étoiles que tu as préparées :
qu'est-ce que l'homme que tu te souviennes de lui, et le fils de
l'homme que tu le visites ? » (Ps.
VIII, 3-4.)
Les cieux racontent la gloire du Dieu fort, et
l'étendue donne à connaître les oeuvres de ses mains. (Ps.
XIX, 1 - 2)
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