Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LA CRÉATION ou LA PREMIÈRE PAGE DE LA BIBLE



CHAPITRE IX

LES ANIMAUX TERRESTRES

« Puis Dieu dit : « Que la terre produise des êtres vivants (ou : « des âmes vivantes ») selon leur espèce, le bétail et tout ce qui rampe et les bêtes de la terre selon leur espèce. » Et ainsi fut. Dieu donc fit les bêtes de la terre selon leur espèce, et le bétail selon son espèce, et tout reptile du sol selon son espèce. Et Dieu vit que cela était bon. » (Gen. I, 24, 25.)

De nouveau d'épaisses ténèbres couvrirent la terre, sur laquelle des bouleversements formidables - causés peut-être par le soulèvement de l'Himalaya - se produisirent, tandis que la force créatrice de Dieu se reposait, se recueillait. Mais lorsque, au matin du 6e jour, la lumière reparut et éclaira la terre revêtue d'une fraîche et riche végétation, et que déjà les océans fourmillaient de vie, une nouvelle création, une race d'animaux supérieurs aux espèces précédentes, parut sur la terre. Ces animaux, ces quadrupèdes qui nous entourent, ont cessé d'exciter notre étonnement et notre admiration ; car l'homme naturel, plein de lui-même, méprise dans son orgueil tout ce qui ne lui sert pas directement : tel végétal est à ses yeux une mauvaise herbe ; un cheval est pour lui un cheval et un chien, un chien et rien de plus. Mais supposons qu'un être vienne, pour la première fois, de sphères plus hautes visiter la terre : sans doute l'homme créé à l'image de Dieu attirerait tout d'abord son attention et son intérêt : l'homme, ce roi déchu, si petit et néanmoins si grand, si fragile et pourtant éternel, si faible et si puissant à la fois ! Mais, après l'homme, ce serait le monde des animaux, cette création du 6e jour, qui lui paraîtrait la plus grande merveille. « Quels sont donc, » demanderait le visiteur céleste, « ces êtres de formes et d'aspects si divers, qui se meuvent autour de vous ? Comme vous ils naissent dans la douleur, mangent et boivent, souffrent ou jouissent de la vie ; comme vous ils semblent avoir la faculté de penser, de vouloir, de se souvenir, de s'attacher ou de haïr. Muets ou du moins sans parole, ils lèvent sur vous des regards éloquents, obéissent à votre volonté et craignent comme vous la mort, qu'ils ne trouvent souvent comme vous qu'après de longues souffrances ! »

Vraiment ce monde des animaux est quelque chose de mystérieux et d'énigmatique. Nous les trouvons dans le paradis, où tout était pur et bienheureux. (Gen. II, 19.) La Parole les nomme plusieurs fois « des âmes vivantes » (Gen. I, 20, 24, 30), et Dieu fait alliance avec eux (Gen. IX, 9, 10-15). Il les rend responsables du sang, de la vie des hommes (Gen. IX, 5). Ils peuvent voir des anges, là où l'oeil humain ne perçoit que le vide (Nomb XXII, 23), et l'Écriture Sainte les mentionne même en rapport avec le monde invisible et céleste (Il Rois II, 11 ; VI, 17 ; Apoc. XIX, 11, 14). Ils sont aussi compris dans les consolantes paroles prophétiques de saint Paul, annonçant pour toutes les créatures la délivrance de la servitude de la corruption et l'entrée dans la liberté glorieuse des enfants de Dieu. (Rom. VIII, 19-23.) C'est dans le monde des animaux que Dieu a choisi des types pour faire comprendre à son ancien peuple la différence entre ce qui est pur et ce qui est impur, sacré ou profane. (Lév. XI.) La nouvelle alliance, il est vrai, proclame que toute créature de Dieu est bonne, si Dieu la purifie (Actes X, 15) ; mais, tandis que Jésus est désigné comme « l'Agneau de Dieu », et que le Saint-Esprit descend sous la forme d'une colombe, il est dit ailleurs que hors de la cité céleste « sont les chiens » (Apoc. XXII, 15. - Comp. aussi : Matt. VII, 6). Au plus haut des cieux, trône de Jéhova, siègent les chérubins, les quatre êtres vivants de l'Apocalypse, qui offrent à côté du type de l'homme celui du taureau, du lion et de l'aigle : symboles mystérieux, insondables !

La vie ne nous offre pas moins d'énigmes et de secrets dans le règne animal que dans le règne végétal. Nous avons déjà parlé des infusoires, de ces grains de gélatine vivante qui, sans organes des sens, voient et choisissent leur proie, la poursuivent et paraissent posséder volonté et intention. De même, dans la mer, la patelle va, portant sa coquille en forme de toit, brouter les algues, puis revient à sa place accoutumée sur le rocher ; comment ce morceau de chair sans organes de vision la retrouve-t-il ? a-t-il une mémoire ? peut-il comparer et tirer des conclusions de l'aspect des lieux qui l'entourent ?

Il est des choses que nous trouvons toutes simples et naturelles parce que nous les voyons tous les jours, et qui renferment des secrets profonds : si l'on montrait un oeuf à un homme qui n'en eût jamais vu, et qu'on lui dit que de ce liquide visqueux, sans trace de matière solide, et seulement par un peu de chaleur, se formerait en peu de jours un être avec des plumes, des griffes et un bec de corne, qui crierait, pourrait courir, voler, chercher sa nourriture, il tiendrait cela pour une impossibilité, un miracle absurde, en contradiction avec les lois de la nature. Ou considérons la chenille : cette petite bête qui rampe sur sa feuille de chou est déjà une merveille dans sa structure. Elle respire par 24 ouvertures ou évents répartis de chaque côté du corps comme les sabords d'un vaisseau, et desquels partent des tubes élastiques, qui sont les trachées, pour la distribution de l'air dans l'organisme. Or elle ne fait pas un mouvement sans se contracter ou se dilater ; les sabords se ferment d'un côté, s'ouvrent de l'autre, et non seulement la peau, mais aussi le corps avec ses pattes, avec tous ses organes, avec son coeur et ses veines, s'allongent, se raccourcissent, s'épaississent ou s'amincissent, sans qu'aucune fonction vitale cesse. Quelle étonnante habitation que celle qui changerait continuellement de formes et de grandeur ! Après avoir rampé quelque temps sur sa feuille, la chenille se tisse un cocon, un tombeau. Là, sans nourriture aucune, dans le silence et l'obscurité, souvent par un froid pénétrant, elle qui n'a jamais volé, se prépare des ailes magnifiquement ornées d'écailles colorées, échange ses mâchoires contre une trompe délicate, se fait de longues antennes, des yeux composés de milliers de facettes, puis sort de sa retraite, animal tout nouveau, pour vivre de la nouvelle vie qu'elle a pressentie, et voltige au soleil en cherchant la fleur et son nectar. Quelle est la force matérielle et où réside le facteur spirituel qui produisent une telle métamorphose ?

Nous parlons de l'instinct, comme d'une force naturelle et inconsciente dans l'animal ; mais ce mot, inventé pour déguiser notre ignorance, ne signifie rien et n'explique rien. Admettons, si l'on veut, que l'abeille construise ses cellules hexagonales, et que le castor établisse son barrage et bâtisse ses huttes sans le savoir et sans le vouloir, ce serait déjà difficile à prouver ; mais est-ce seulement de l'instinct, quand une ourse ou une baleine défend ses petits jusqu'à la mort et se laisse tuer plutôt que de les abandonner ? Ou quand un canari meurt de chagrin de l'absence de sa maîtresse ? Ou quand un chien va chercher à une lieue du secours pour son maître, tombé d'un arbre ou blessé par un braconnier ? Et combien d'autres preuves d'intelligence, de prévoyance, de finesse, de ruse, d'habileté, même dans les circonstances pour eux toutes nouvelles, ne racontent pas sur les animaux ceux qui vivent avec eux, les cultivateurs, les pâtres de l'Écosse, les chasseurs et explorateurs de contrées nouvelles, les pécheurs, les sauvages ! L'habitant de la ville, lui, ne voit pas l'animal à l'état naturel et ne connaît guère que son chat et son chien. Mais ce chien même, quelle obéissance, quelle fidélité ne témoigne-t-il pas à son maître ? Des chiens, des chevaux supportent avec patience les mauvais traitements et rendent le bien pour le mal. Si ce n'est là que de l'instinct, il serait à souhaiter que bien des hommes en eussent aussi ! Et ce ne sont pas seulement les animaux domestiques qui montrent des facultés surprenantes quand nous prenons la peine de les observer de près. On peut dire qu'il n'y a pas d'animal, jusqu'aux phoques et aux poissons, qui ne soit capable d'être apprivoisé, et qui ne donne alors des preuves étonnantes d'intelligence. Sir John Lubbock qui a consacré des années à l'étude des fourmis, les tient pour plus intelligentes que le chien ou l'éléphant, et raconte des choses remarquables sur ce que ces insectes veulent, reconnaissent, projettent, combinent, avec un cerveau qui, d'après Flammarion, ne pèse pas un millième de gramme ! - Pourquoi le Créateur leur a-t-il donné si peu de matière pour organes, et tant à un éléphant et à une baleine ? Ces fourmis ont aussi un petit coeur compatissant ; sir John Lubbock en a vu une nourrir pendant trois mois une compagne estropiée, et une autre se noyer en essayant d'en sauver une tombée dans l'eau.

Ces insectes sont tout un monde. Dieu en a créé plus de 200,000 espèces. - Pourquoi pas seulement 20,000 ? - Nous les connaissons peu dans nos zones tempérées ; mais sous les tropiques, dans les forêts vierges, où des lianes forment autour de troncs gigantesques un fouillis impénétrable, où de magnifiques fleurs, de rares orchidées exhalent des parfums enivrants ; là brillent et luisent au soleil brûlant de grands papillons aux ailes d'azur, de superbes scarabées. Revêtus d'écailles de diamant ou de cuirasses semées de piquants, artistement ciselées, incrustées d'émeraudes et de rubis, comme jamais chevalier du moyen âge n'en porta, armés de terribles pinces, de tenailles, de scies, ils ressemblent à des machines de guerre faites d'or et de bronze. Ils parcourent une triple existence ; la vilaine larve rampant dans le limon des marais devient la libellule aux ailes de gaze qui, pleine de joie et de vie, passe et repasse comme la flèche sur les plantes aquatiques. Ces insectes, privés de la voix, sont par contre les plus forts de tous les animaux. Un hanneton peut traîner 14 hannetons morts ; où est l'éléphant qui puisse traîner deux éléphants ? On a vu un autre scarabée (l'atrophus fossor) remuer plus de 1000 fois son propre poids ! La fourmi est plus forte que le lion, et le moustique, battant 400 fois de l'aile en une seconde, plus fort que l'aigle.

Quel est le but, l'utilité de ces êtres innombrables que nous regardons comme des accessoires assez inutiles et même fâcheux de la création ? Serait-elle moins parfaite sans eux ? Quel fruit de leur existence restera-t-il sur un monde nouveau ? Dieu le sait et nous l'ignorons. Avouons-le franchement : l'âme de l'animal reste pour nous un mystère, et le règne animal un monde inconnu.

« Chacun selon son espèce » - parole répétée dix fois dans le récit de la création - c'est ainsi que Dieu créa les animaux du sixième jour. La Bible ignore donc absolument l'hypothèse « darwiniste » d'après laquelle l'homme tel qu'il est aujourd'hui serait le résultat d'un long développement, dont les premiers chaînons, issus d'une cellule primitive, auraient été représentés par des animaux de race très inférieure. Cette idée n'est pas nouvelle.
Anaxagore déjà tenait le poisson pour une forme antérieure de l'homme. Lamarck a développé la théorie que les milieux, climats, saisons, latitude, nourriture et d'autres causes encore peuvent modifier un organisme de manière à en faire une autre espèce. Darwin a émis l'hypothèse que d'une cellule primitive, douée par Dieu de toutes les forces nécessaires, et à travers des temps fort longs, se sont peut-être développés dans l'eau, dans les airs et sur la terre, tous les animaux et même l'homme. Il nous a donné nombre d'observations intéressantes sur la plasticité des organismes, c'est-à-dire leur capacité de s'adapter, jusqu'à un certain point, et dans des limites immuables, aux milieux qui les entourent. Darwin, comme tout vrai savant, était modeste, et n'affirmait pas. Au contraire il avoue franchement : « Nous ne pouvons pas prouver qu'une seule espèce se soit changée » (Life Ill, 25) ; et, à l'objection capitale que les couches géologiques ne présentent aucune des transitions exigées par son système, il répondait qu'on les trouverait probablement en étudiant d'autres couches de la terre. Or, on les a maintenant étudiées sur tous les continents, et on n'a trouvé nulle part ces transitions graduées. Nulle part on ne voit des trilobites devenir des scarabées ; ou des sauriens, des quadrupèdes ; ou un mégathérium, un boeuf. Les grandes divisions, mollusques, insectes, poissons, oiseaux, quadrupèdes, ont de tout temps été absolument distinctes, et n'ont - tous les zoologues le reconnaissent - aucune forme primitive commune.

De même les régions abyssales nous montrent, au lieu d'un seul type, dû à des milieux absolument invariables, les organismes les plus différents. Enfin, depuis des milliers d'années, nous n'avons encore jamais vu une espèce végétale ou animale se transformer en une autre. Toutes les variétés de pigeons, abandonnées à elles-mêmes, redeviennent, Darwin lui-même en convient, le pigeon sauvage ; et toutes les variétés de roses retournent à l'églantine. Aussi, même des matérialistes comme le professeur Vogt (Die Natur 1889) et le célèbre Virchov ont-ils fini par abandonner le darwinisme auquel ils croyaient d'abord. « Nous sommes, s'écriait le dernier (Francfort, août 1888), battus sur toute la ligne ; le proanthropos, l'homme-singe, n'existe pas » - et il cite contre Darwin les Esquimaux aux cheveux noirs. Toujours plus les géologues, les botanistes et les zoologues comme Quatrefages, Bischoff, Liebig, Dubois-Reymond, 0. Hamman, longtemps l'aide de Hoeckel, le botaniste Reincke, l'écrivain Dr Dennert, et bien d'autres renoncent forcément aux théories darwinistes ; enfin, au congrès naturaliste de 1897, on a entendu proclamer hautement « la constance de l'espèce » et la déchéance du darwinisme, sans qu'une voix sérieuse ait protesté.

Déjà auparavant le Dr K. Müller l'avait ainsi résumé : « C'était une grande pensée de Darwin que de faire sortir tous les organismes d'un seul organisme primitif. Malheureusement les faits géologiques et autres la réduisent à néant. » (Die Natur, 1er Janv. 1893.) Nous autres chrétiens croyons que la pensée divine : « chacun selon son espèce » est incomparablement plus grande et plus fertile en résultats de toute sorte. Les darwinistes exagèrent d'un côté l'importance de leurs théories, qui, comme le dit R. Francé, - auteur d'un magnifique ouvrage sur la plante, - même si elles étaient vraies, ne nous enseigneraient absolument rien sur les origines de la vie, de l'organisme, du sentiment, rien sur les mystères de la matière et de l'esprit (Der Wert der Wissenschaft, p. 12). D'un autre côté ils méconnaissaient les fatales conséquences de leur doctrine pour toute la psychologie, la religion et le christianisme. Car alors l'âme ne serait plus un diamant original et éternel, mais le fruit toujours changeant, variable, indécis et temporaire d'un protoplasme spirituel et le résultat des milieux ; elle ne serait donc que l'âme perfectionnée d'un singe. - Ne corrigeons pas l'Écriture ; c'est trop dangereux.

Il en est de ces premiers animaux terrestres, de ces quadrupèdes du sixième jour de la création comme des plantes du troisième et des poissons du cinquième jour : c'est-à-dire que leurs restes nombreux et en partie bien conservés se retrouvent dans les couches de l'écorce terrestre, et sont exposés dans presque tous les musées d'histoire naturelle. Partout, à l'appui du récit biblique, ce n'est que dans les dernières couches, les couches de la craie qu'un naturaliste appelle « l'aurore de la création actuelle, que se trouvent, toujours sans traces de l'homme non encore créé, les précurseurs de nos éléphants, de nos rhinocéros et de nos hippopotames, plus grands seulement dans la force de leur première jeunesse.

Il y avait entr'autres le « mégathérium. » ou « la grande bête, » plus haut et plus long qu'un taureau. Affermi sur des jambes comme des piliers, terminées par des griffes d'un pied de long, il se mouvait lentement, broyait et mâchait comme de l'herbe de grosses branches d'arbres, au moyen de dents en forme de ciseau. Semblable à une forteresse bardée de fer, il ne redoutait aucune attaque, car sa peau était si épaisse et si dure qu'aucune dent ni griffe n'aurait pu l'entamer ; et d'un seul coup de sa lourde et énorme patte cuirassée il aurait aisément terrassé et écrasé un tigre ou un lion. Alors vivaient aussi le « dinothérium », « la puissante bête », dont le musée d'histoire naturelle de Stuttgart conserve un crâne semblable à un quartier de rocher jaune, long d'un mètre, armé de molaires grosses comme les deux poings. Il ressemblait à l'hippopotame, mais le dépassait de beaucoup en grosseur, avait une trompe, et paraît s'être nourri de plantes aquatiques. Au moyen de ses défenses recourbées en bas, il pouvait s'ancrer à la rive et s'y maintenir contre le courant.

Puis vinrent des mammouths et des mastodontes en grand nombre, espèce d'éléphants couverts d'une épaisse fourrure aux longs poils laineux, munis d'énormes défenses recourbées aussi en bas, et ressemblant à des branches d'arbre de trois à quatre mètres de long dépouillées de leur écorce. Leur squelette semble construit de poutres et rappelle la description du Béhémoth (Job XL, 10-19). Ils habitaient les pays du Nord, par exemple la Sibérie où, de nos jours encore, leurs défenses fournissent une bonne partie de l'ivoire travaillé en Angleterre. L'explorateur de la Sibérie, Middendorf, estime à 40,000 le nombre de ces défenses exportées de ce pays depuis un siècle ! On découvre ces animaux jusque dans les glaces polaires, où ils sont peut-être enfouis depuis le déluge, et quelquefois leur chair est encore assez bien conservée pour qu'on puisse la servir en pâture aux chiens des traîneaux. On affirme même que des voyageurs s'en sont apprêté un rôti mangeable ! ...

Avant ces monstres, se promenaient déjà sur la terre d'énormes sauriens terrestres ou lézards herbivores, les iguanodons, de 23 mètres de longueur, les diplocynodons de l'Amérique, hauts comme un éléphant, et les sauriens du Missouri, encore plus grands encore, assez inoffensifs d'ailleurs, et qui à l'aide de leur long cou broutaient les arbres. Dans la mer nageaient le zeuglodon, espèce de serpent marin, atteignant 23 mètres de longueur, et d'autres encore couverts d'écailles hexagonales ou pointues, dures comme l'acier, semblables aux iguanes mais bien plus petits, qui vivent de nos jours dans l'Amérique du Sud. En général ces animaux du sixième jour étaient plus grands que ceux qui leur correspondent aujourd'hui.

Nous avons parlé d'énormes tortues. Dans les mers nageaient des requins qui, d'après leurs dents bien conservées, devaient avoir de 20 à 25 mètres de longueur, tandis que ceux d'aujourd'hui atteignent à peine 10 mètres. Dans les forêts bondissaient des cerfs géants, dont le bois avait jusqu'à 4 mètres d'envergure, peut-être poursuivis déjà par des chiens gros comme une vache et dont on retrouve d'ailleurs les restes. Enfin l'ours des cavernes, contemporain des premiers hommes, était aussi plus fort que l'ours actuel. Par contre les ancêtres de notre cheval, qui en étaient du reste assez différents, dépassaient à peine en grosseur un poney des Shetland.

La terre était donc couverte des organismes les plus beaux, les plus variés. L'habitation de l'homme, ce vice-roi de Dieu sur sa création, était prête à le recevoir. Et le récit biblique, condensé en quelques lignes, esquisse dans ses traits principaux les créations successives : depuis les algues marines et les premières plantes qui ont formé la houille, jusqu'aux nombreux animaux marins et oiseaux du grès kenpérien du Jura, jusqu'aux quadrupèdes retrouvés dans la craie, encore sans vestiges de l'homme. L'existence de ces nombreux organismes, qui ont disparu dans les nuits cosmiques pour être remplacés par des formes toujours plus hautes, s'accorde parfaitement avec les résultats de la géologie et de la paléontologie. Un fait important de ce récit est aussi confirmé par la science : c'est l'universalité de ces créations. « La nature », dit d'Orbigny, « a tracé à grands traits ces divisions sur le globe entier. Au Pérou et au Chili, au Texas et au Canada, comme en Auvergne, à Pondichéry et dans l'Oural, on retrouve les mêmes terrains caractérisés par les mêmes fossiles. »

Qu'en sera-t-il de ces âmes vivantes dans un monde futur ? Voir à ce propos dans Esaïe XI, 6, 7, 8 ; et ailleurs la Bible parle d'animaux célestes, de coursiers blancs et aussi d'animaux infernaux, par exemple dans l'Apocalypse XIX, 11, 14 ; IX, 3, 17. Puisqu'il y avait des animaux dans le premier paradis où Adam les nomma, pourquoi pas dans le second, sur la nouvelle terre, sous des formes plus hautes et plus belles ? Nous sommes toujours et dans toutes nos conceptions embarrassés et entravés par l'étroitesse de notre esprit et la faiblesse de notre foi. En Dieu tout est liberté, tout est force et pouvoir illimités ; en Lui est une joie et une richesse de création qui déborde, inonde et dépasse nos pauvres idées, comme le ciel est au-dessus de la terre. Ce ciel, vers lequel nous marchons par la foi, n'est pas un immense espace vide où, les uns après les autres, les habitants pieux de la terre iront se rassembler pour y mener une existence de pure contemplation ; mais une pluralité, une plénitude de mondes, remplis de la lumière et de la magnificence de Dieu. Un jour les cieux des cieux seront l'univers entier ; et les millions d'astres, que nous voyons briller au firmament, ne seront qu'une petite partie du royaume de Dieu, du Roi de toute la création dans lequel trouveront place des milliards de créatures diverses dont nous n'avons ici-bas aucune idée. La véritable sagesse consiste à ne pas croire à la nôtre, mais toujours plus à la sagesse et au pouvoir sans bornes, à la bonté et à la beauté toujours créatrices et absolument illimitées du Créateur de toutes choses.


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