Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LA CRÉATION ou LA PREMIÈRE PAGE DE LA BIBLE



CHAPITRE V

LA TERRE FERME ET LA MER

« Dieu dit : Que les eaux qui sont au-dessous des cieux soient rassemblées en un lieu et que le sec paraisse. Et ainsi fut. Et Dieu nomma le sec Terre. Il nomma aussi l'amas des eaux Mer. Et Dieu vit que cela était bon. » (Gen. I, 9-10.)

Ces versets nous apprennent qu'à l'origine la terre était partout couverte par les eaux. Ce ne fut donc que plus tard que s'élevèrent les montagnes et que s'abaissa le fond de la mer. Eh bien ! la science, d'accord avec la Bible, constate que la formation des montagnes et l'apparition des continents avaient été précédées d'une longue époque d'uniformité absolue dans la configuration du sol terrestre sous les eaux qui le couvraient. La terre, dit-elle, fut d'abord un immense globe incandescent, formé de métaux en fusion, comme on peut le reconnaître à ce fait que les roches de la surface sont les rouilles scorifiées de certains métaux. L'argile même, dont nous faisons nos briques et nos tuiles, renferme en grande quantité le métal appelé aluminium, ressemblant à l'argent, mais bien plus léger. À mesure que le globe incandescent se refroidissait, il dut se former une croûte à sa surface. Cette croûte en s'épaississant se contracta et se rida, comme cela arrive pour la peau qui se forme sur le lait bouillant à mesure qu'il se refroidit ; et ces rides, proportionnées aux dimensions du globe, constituèrent les premières éminences ou collines.

C'est pourquoi il n'est pas dit que Dieu créa le sec, mais qu'Il le fit paraître. Et alors, conséquence naturelle, les eaux se rassemblèrent dans les affaissements de terrain et les mers se formèrent. Toutes ces choses ne se passèrent pas « naturellement » dans le sens que ce mot a pour l'incrédule. Il a fallu la parole créatrice, la parole divine, pour qu'elles s'accomplissent, et il dépendait de cette Parole que cette évolution eût lieu et qu'elle eût lien de cette manière, car d'autres modes de formation étaient aussi possibles. Mais Dieu parla, Dieu commanda, et d'étape en étape les choses parurent telles que Dieu les avait déterminées d'avance, pour former enfin la terre et les êtres tels que nous les connaissons, puis l'homme comme la fleur de cette évolution. Sur la planète Mars, par exemple, et quoique les principes fondamentaux soient les mêmes, comme ses saisons, ses neiges polaires, ses terres et ses mers le montrent, le développement subséquent a été tout autre, ainsi que les doubles canaux qui apparaissent et disparaissent à la surface de cette planète le prouvent. Si nous eussions été alors sur la terre, nous n'eussions pas entendu la voix divine, mais nous aurions vu là des phénomènes naturels ; c'est encore aujourd'hui l'explication de l'homme déchu pour tous les événements de la création. Mais les anges, les fils de Dieu l'entendirent et chantèrent en triomphe : « O Dieu, tu as fondé la terre sur ses bases ; elle ne sera point ébranlée à toujours et à perpétuité. Tu l'avais couverte de l'abîme comme d'un vêtement, les eaux se tenaient au-dessus des montagnes. À ta menace elles s'enfuirent ; à la voix de ton tonnerre, elles se hâtèrent de fuir ; les montagnes s'élevèrent, les vallées s'abaissèrent au lieu même que tu leur avais établi. Tu leur as mis une limite qu'elles ne dépasseront point ; elles ne reviendront pas couvrir la terre » (Ps. CIV, 5-9). Cette formation des montagnes se répéta plusieurs fois sur une plus grande échelle, ce qui donne l'explication naturelle des nuits de la création et de la destruction de nombreuses espèces. « À chaque nouvelle révolution et nouvelle création », dit le professeur Agassiz, « l'intérieur de la terre s'agita, des montagnes s'élevèrent, des mers furent chassées de leurs bassins. » La croûte terrestre devenant parle refroidissement toujours plus épaisse, les éruptions devinrent d'autant plus fortes et les montagnes toujours plus hautes. « Les Vosges », dit le géographe E. Reclus, « sont plus anciennes que les Pyrénées, celles-ci que les Alpes, et les Alpes que les Andes. » (La terre, p. 73.)

La longue chaîne des Andes, avec ses nombreux volcans, est la cicatrice d'une immense déchirure qui se fit une fois dans l'écorce terrestre et livra passage aux torrents de lave qui, en se refroidissant, formèrent des montagnes. Le géologue d'Orbigny a constaté dans l'Amérique du Sud plusieurs soulèvements, séparés par de longues périodes de tranquillité. « Un quatrième soulèvement, dit-il en parlant des Andes, se manifesta plus terrible que les précédents, il porta les terrains à des hauteurs immenses. Du sein de la terre sortirent des masses de granit, et les géants et les massifs des Andes furent constitués. » Les géologues de Buch et Elie de Beaumont croient aussi que les deux cent soixante-dix volcans des Andes s'ouvrirent à la fois, et ce dernier savant écrit : « Ce fut sans doute un jour » (ou plutôt une nuit) « redoutable dans l'histoire des êtres vivants du globe que celui où cette immense batterie volcanique vint à gronder pour la première fois. » (Revue des Deux Mondes 1859, 15 Février.)

Qui pourrait se représenter le spectacle qu'offrait la terre, alors qu'à la voix de Dieu elle enfanta pour la première fois des montagnes ! La surface du globe, l'écorce terrestre s'élevait et s'abaissait comme les ondes de la mer, se déchirait, s'entr'ouvrait, et il en sortait des masses colossales de lave et de métaux en fusion. « Les montagnes se fondirent comme de la cire à la présence de l'Éternel, à la présence du Seigneur de toute la terre » (Ps. XCVII, 4, 5). Des milliers de cratères éteints et des centaines de volcans encore actifs rendent témoignage de ces cataclysmes et montrent que l'intérieur de la terre est encore en fusion, ce que prouvent du reste l'uniformité des laves, les rapports de volcans très éloignés les uns des autres, et le lent soulèvement actuel de pays entiers. Les astronomes français Löwy, directeur de l'Observatoire de Paris, et Puiseux concluent de leurs récentes observations que la lune elle-même est encore fluide avec une mince écorce et que la terre le restera longtemps encore. (Bulletin de la Soc. astron. de Paris, 1907, p. 209.) Quant à la masse de lave ou de cendres que peut vomir par un seul volcan l'intérieur de la terre, disons seulement que les débris rejetés par le Krakatoa furent évalués à 1800 millions de mètres cubes, et la lave rejetée en 1783 par le Skaptar Jokul en Islande à 500 milliards de mètres cubes, masse qui aurait suffi pour couvrir la terre entière à un millimètre de hauteur.

Du reste la terre, encore fluide à l'intérieur, n'est pas parvenue à l'état de repos. Il arrive encore que, selon les termes du Psaume CIV verset 81, des montagnes s'élèvent et des vallées s'abaissent, au lieu que Dieu leur marqua. C'est ainsi qu'en 1707, le feu souterrain ayant fait explosion dans la Méditerranée, près de l'île Santorin, il en résulta la formation d'une nouvelle île, ayant 5 lieues de tour et s'élevant à 40 pieds au-dessus de la mer. Pareillement des îles nouvelles apparurent en 1650, en 1720, en 1812 près des Açores : « le sec parut ». Le 29 septembre 1733, pendant un tremblement de terre au Mexique, et tandis que la surface de la terre s'agitait comme les flots de la mer, on vit en un seul jour s'élever avec fracas à plus de 500 mètres une montagne couvrant une superficie de 4 lieues carrées, tandis que tout à l'entour des flammes surgissaient du sol. Cette montagne, le Jorullo, existe encore et continue par intervalles à vomir des laves brûlantes.

Quant à la seconde partie du passage biblique rappelé plus haut, touchant « les vallées qui se sont abaissées », le Timboro dans l'île de Sumbava s'abaissa de 1660 mètres en 1815. Cette montagne disparut presqu'entièrement sous les flots avec des explosions épouvantables que l'on entendit à Sumatra, à 900 kilomètres de distance, avec une pluie de cendres qui obscurcit complètement l'air jusqu'à Bornéo, à 1400 kilomètres, et des secousses qui se firent sentir à des centaines de lieues. Plus terrible encore fut l'explosion du Krakatoa déjà cité, dans le détroit de la Sonde, au mois d'août 1883. Avec des tonnerres qui s'entendirent à 3000 kilomètres, une montagne et des îles de plusieurs kilomètres de surface disparurent dans l'abîme. Les vaisseaux passèrent à la place qu'elles occupaient, rencontrant des débris et des cadavres flottants ; « la carte de la mer », rapporte un capitaine, « fut changée ».

Si des phénomènes aussi terribles signalent déjà l'apparition ou la disparition d'une île ou la formation d'une montagne relativement peu importantes, si un seul volcan, comme le Vésuve, envoie sa pluie de cendres jusqu'en Afrique, ou si telle autre éruption peut faire trembler des pays entiers et les plonger dans les ténèbres, quel spectacle ce dut être, lorsque dans les nuits de la création, au commandement divin : Que le sec paraisse ! de nombreux volcans brisèrent l'écorce terrestre encore mince et surgirent des profondeurs des mers.

Les volcans sont répartis sur les grandes lignes qui indiquent les déchirures de l'écorce terrestre ; mais il est faux qu'ils ne soient dûs, ainsi que les tremblements de terre, qu'à l'infiltration des eaux de la mer. Humboldt et plus tard E. Reclus ont déjà fait remarquer que les volcans de l'Asie centrale sont à une immense distance (1200 kilom.) de la mer ; il en est de même des pays sujets aux tremblements de terre comme la Hongrie et l'Himalaya. Le tremblement de terre de Lisbonne, qui se propagea de la Laponie jusqu'à la Martinique, n'a certes pas eu une cause purement locale.

Les continents parurent donc le troisième jour de la création ; mais non dans leur forme actuelle. Ils ont subi nombre de changements ; le feu et l'eau les ont soulevés, déchirés, inondés, bouleversés, et ce serait même une illusion de croire qu'ils aient maintenant trouvé leur forme définitive. Nos sismographes actuels nous prouvent d'ailleurs qu'il n'y a pas un point de l'écorce terrestre qui ne tremble plus ou moins ; de même il n'y en a pas un qui ne s'élève ou ne s'abaisse lentement. L'Italie se soulève et des villes qui, comme Pise et Ravenne, étaient autrefois des ports de mer, ne le sont plus. La presqu'île scandinave s'élève aussi, comme les rochers de la côte le prouvent, d'à peu près deux mètres en 100 ans. Le Groenland, au contraire, s'enfonce peu à peu sous les flots. La chaîne des Andes et toute l'Amérique méridionale paraissent s'être élevées depuis Humboldt de plus de 10 mètres ; enfin le lac Balkasch est, dit-on, de 300 mètres plus haut qu'il ne l'était autrefois.

Bien des choses concourent incessamment à changer la carte du monde, comme celle du ciel. Tout passe, tout change : les étoiles « fixes » s'en vont ; la terre « ferme » ne l'est pas, et de nouvelles rides creusent sans cesse le visage de notre vieille planète et racontent son histoire. Si le feu central soulève encore à présent toute la chaîne des Andes, par contre la pluie, les ruisseaux, les rivières travaillent sans relâche à aplanir les collines et les montagnes, et les fleuves à en combler les mers. Ainsi, dans une crue, le Rhin charrie silencieusement, en 24 heures, sous le pont de Bâle, 14,900 mètres cubes de terre ou la charge d'au moins 25,000 chars, et en a formé dans le cours des siècles la Hollande. Le Nil, disaient déjà les anciens, a fait l'Égypte, qui fut probablement une mer semblable et parallèle à la mer Rouge. Le Pô a fait la Lombardie des débris des Alpes ; le fleuve des Amazones, avec, ses grands affluents le Madeira, le Tocantin, l'Orénoque, a formé de la poussière des Andes les immenses plaines de l'Amérique du Sud. La vie organique aussi travaille continuellement à modifier les formes de la terre ferme. Bien des îles de l'Océan Pacifique ont été bâties par les madrépores, et y auraient déjà formé un continent, si le fond ne s'abaissait pas peu à peu. Ces petits animaux travaillent aussi à boucher le détroit de Floride, et à dévier ainsi le Gulf-Stream, ce qui aurait pour l'Europe des conséquences incalculables. D'autres exhaussent le fond de la mer Rouge qui, dans des milliers d'années, cessera d'exister.

Quand on considère une mappemonde, deux choses frappent l'observateur attentif. C'est d'abord que les continents se terminent en pointe vers le sud dans l'Afrique, l'Amérique, l'Asie, et montrent an nord des formes plus larges, plus évasées et parsemées de lacs nombreux. Toutes les presqu'îles, excepté le Danemark, sont dirigées vers le pôle austral. Nous ne savons pas pourquoi les mers se sont retirées vers le pôle sud. Un second fait, non moins intéressant, est la répétition des formes principales. L'Europe et l'Asie se terminent toutes deux par trois presqu'îles : l'Espagne et l'Arabie, l'Italie et l'Inde avec le Pô et le Gange, bornées au nord par les Alpes et l'Himalaya, la Grèce avec l'Archipel et l'Indo-Chine avec ses îles. Un peu de réflexion montre non-seulement l'analogie de ces formes géographiques, mais, chez les peuples qui les habitent, celle de leurs caractères, de leurs destinées et du rôle qu'ils ont joué dans l'histoire. De même l'Amérique du Sud a une forme analogue à celle de l'Afrique, quoique disposée en sens inverse; le fleuve des Amazones y correspond au Niger, comme dans celle du Nord le golfe du Mexique correspond à la Méditerranée, et Terre-Neuve à l'Angleterre. Sur les côtes de l'Asie les fleuves de la Chine correspondent à ceux de la France, le Japon à l'Angleterre, et le Kamtschatka à la Suède. Ici encore, nous ignorons les causes et le pourquoi de ces dispositions symétriques, mais c'est une pensée effrayante de grandeur qu'un Dieu qui sait tout et voit tout, ait dirigé les révolutions de l'écorce terrestre, la formation des montagnes et des mers, ait dessiné les continents, leurs côtes, leurs îles et leurs fleuves en prévision de l'humanité, et en rapport direct avec les peuples qu'Il voulait y semer. Chaque petite vague qui se brise au rivage, chaque goutte d'eau qui descend de la montagne à la mer, est en relation nécessaire et voulue par la Providence avec les destinées d'âmes immortelles.

« Et Dieu dit : Que les eaux au-dessous des cieux se rassemblent en un lieu » (Gen. I, 9). Ces eaux, distinguées ici des eaux au-dessus de l'étendue, des nuages, ces océans ne sont point simplement des masses d'eau tranquilles et inertes, tant que la tempête ne les remue pas. Elles sont au contraire toujours agitées jusque dans leurs profondeurs par des forces dont nous n'avons pas d'idée. Leur cause première (surtout sous les tropiques), est l'évaporation des masses d'eau qui doivent former les nuages, et, par suite, les rivières et les fleuves de la terre ; même pour la petite Mer Morte, cette évaporation est supputée à 6 millions de tonnes par jour. Pour les remplacer, des mers d'eau froide coulent continuellement des pôles, - où elles sont tombées sous forme de neige, - vers l'équateur, et sont déviées, refoulées par la configuration des côtes, des îles, des baies et par celle des bas-fonds, des vallées, des plateaux sous-marins. Poussées par les vents dominants, influencées par les différences de température et de densité de l'eau douce et de l'eau salée, elles circulent sans relâche, fleuves immenses, lents ou rapides, larges ou resserrés, autour des continents qu'ils enserrent de leurs courants, égalisant les températures, réglant la salure des océans. Écoutons ce que dit éloquemment l'Américain Maury dans sa « Géographie de la mer » : « Quand souvent, en deux heures, il tombe sur la cinquième partie de l'Océan Atlantique 3 centimètres de pluie, cela fait 300 mille millions de tonnes d'eau douce, qui se répandent sur l'eau salée et font battre puissamment le grand coeur de l'Océan. Car la différence en moins du poids de cette eau douce à autant d'eau salée équivaut à 16 mille millions de kilos de sel ! Quand un nuage passe sur le soleil, des millions de tonnes d'eau de mer frissonnent, se condensent, deviennent plus pesantes et s'enfoncent, pour être remplacées par de l'eau plus légère. » Et ailleurs : « Chaque mollusque qui se fait une coquille, change, en ôtant à l'eau de mer son contenu en chaux, l'équilibre de l'Océan et y produit du mouvement. »

On pressent ici ce que sont les courants marins. Un des plus connus, quoique non le plus grand, est le Gulf-Stream, qui, surchauffé par le soleil dans le golfe du Mexique, en sort par le détroit de Floride.

Là ce « roi des orages » avec 2000 fois plus d'eau que le Mississipi, et plus large que plusieurs lacs Léman, épanche en une seconde dans l'Atlantique dix-huit millions de mètres cubes d'eau à la température de 21 ° C., somme de chaleur qui suffirait, dit Maury, à maintenir en fusion un fleuve d'acier fondu, grand comme le Mississipi ! Il va en réchauffer les côtes de l'Europe, et jusqu'à celles du Spitzberg. « Il coule », dit encore Maury, « sur l'eau plus froide et entre des murs de cette eau, et les baleines, qui descendent avec le courant et les glaces polaires, l'évitent avec frayeur comme un fleuve de feu. »

Ainsi, comme les rivières arrosent et fertilisent les continents, les fleuves bien plus grands de la mer régissent les destinées, la richesse et la civilisation des peuples ; sans la chaleur du Gulf-Stream la Norvège serait inhabitable, la France serait couverte des froids brouillards de Terre-Neuve sous la latitude de Paris, et l'Angleterre serait froide comme le Kamtschatka, à peu près de même grandeur et presque sous la même latitude, où le blé ne mûrit plus. Et que dirons-nous du. courant du Pacifique qui, d'après Duperrey, large de cinq mille cinq cents kilomètres, profond de 1600 mètres, chaud de 25°, règle et adoucit le climat de la Polynésie, de la Chine et du Japon ? Tout en effet est immense, prodigieux, tout se tient, tout s'enchaîne, tout a son but et son utilité dans la création de Dieu.

Quand les vagues superbes de l'Atlantique, ces coursiers marins, bondissent en mugissant, couronnées d'écume, d'Amérique en Europe, elles emmagasinent des millions de mètres cubes d'oxygène et d'ozone, au profit des innombrables habitants de la mer.
Ainsi encore le lac de Constance, ce petit amas d'eau qu'on trouve à peine sur un globe terrestre, a d'après les observations du professeur Forel, cédé à l'air et à ses rivages, pendant l'automne et l'hiver de 1890, 18 millions de millions de calories, c'est-à-dire autant de chaleur qu'en produirait la combustion de 23 millions de kilos de houille, ou la charge d'un train dont la locomotive serait au pôle nord et le dernier wagon au cap de Bonne-Espérance ! (Verein f. Gesch. d. Bodensees, 1891.)

Les montagnes de l'Éternel ! Quelle conception grandiose ! Comme elles rendent sensibles à l'esprit la puissance et la majesté du Créateur ! Nous pouvons difficilement estimer les véritables dimensions d'une montagne et son contenu en terre, en pierres et en roches, qui se chiffre par millions et millions de mètres cubes. Du sommet d'une de ces montagnes, combien de choses que l'on aperçoit à ses pieds paraissent petites et insignifiantes ! Les vastes forêts ne sont que des taches sombres ; les fleuves, des fils d'argent ; les hommes et les bêtes, des points à peine perceptibles. Un écrivain anglais de renom Charles Kingsley, dit qu'il n'apprit à respecter la puissance infinie de Dieu que lorsqu'il eut une fois l'idée de faire raser une toute petite colline dans sa propriété. Malgré le grand nombre d'ouvriers occupés à ce travail et enlevant diligemment charretée après charretée de terre, le mamelon ne semblait guère diminuer ; alors il se représenta les chaînes énormes de l'Himalaya, ou des Andes, et comprit la grandeur de l'oeuvre de Dieu à côté de l'insignifiance du travail de l'homme.

Les montagnes sont une belle création de Dieu, et les Psaumes en célèbrent la magnificence. On connaît les grandioses paysages de nos Alpes. Plus haute encore, la chaîne des Andes, avec ses immenses volcans fumants, s'en distingue par des formes moins variées et plus arrondies, par des pentes descendant souvent en courbes douces ininterrompues de sommets de sept mille mètres et plus jusque dans la plaine ; dans un autre genre les Andes n'en sont pas moins imposantes que les Alpes, mais les unes et les autres sont encore dépassées par les géants de l'Himalaya qui, sur des soubassements déjà aussi hauts que le sommet de la Jungfrau ou du Mont-Blanc, élèvent jusque dans les cieux, à trois et quatre mille mètres de hauteur, leurs sommets inaccessibles, toujours étincelants de neiges éternelles, majestés jamais souillées par les poussières et les boues de la terre, planant dans un air pur, bien au-dessus des petitesses et des misères de l'humanité.

Dieu a sanctifié ces sommets de la terre et les a choisis pour théâtre de ses révélations aux hommes. C'est sur l'Ararat que Dieu donna à Noé la loi nouvelle et l'arc-en-ciel comme gage de son alliance ; une cime de montagne fut assignée au patriarche Abraham, afin d'y accomplir le terrible sacrifice que Dieu requérait de sa foi ; ce fut sur le trône de granit du Sinaï que Jéhova descendit pour donner sa loi à son peuple et « faire luire devant les humains un rayon de sa gloire ». C'est sur le Nébo qu'Il prit à Lui Moïse ; sur le Carmel qu'Elie convoqua le peuple de Dieu devenu infidèle, et par son invocation fit descendre le feu du ciel sur son sacrifice. Ce fut encore sur une montagne que Jésus-Christ fit sa première prédication ; c'est là que souvent Il se retira pour prier. Sur l'Hermon Il fut transfiguré aux yeux de ses disciples ; du sommet du Mont des Oliviers Il monta au ciel, et, quand Il en reviendra, ce sera ce même sommet que ses pieds, selon la prophétie de Zacharie (XIV, 4), toucheront d'abord. Et que seront un jour, sur la terre nouvelle, ces « montagnes de l'éternité » vers lesquelles David déjà élevait les yeux et dont il attendait le secours.

En opposition avec les sommets lumineux des montagnes, considérons maintenant les mystérieuses profondeurs de la mer, qui couvrait jadis la terre entière. On s'étonne que Dieu ait étendu cette nappe d'eau sur presque les trois quarts du globe terrestre, destiné pourtant à servir de lieu d'habitation au genre humain, alors qu'il lui eût été facile de créer un autre système d'irrigation pour les continents. Mystère aussi que cette population sous-marine, si nombreuse et si prolifique (Ps. CIV, 26, 29). Là, à l'inverse de ce qui se passe sur la terre ferme, des multitudes innombrables de plantes, d'algues, les gracieuses et élégantes diatomées, flottent et nagent sans racines au gré des flots, tandis que des plateaux entiers, des pays sous-marins sont formés et couverts d'animaux enracinés, de polypes, coraux, madrépores, éponges. Et, tout au fond de la mer, là où ne pénètre aucun son et aucun rayon de lumière solaire, vit depuis des millions d'années dans le silence, dans la nuit perpétuelle un monde d'êtres, qui ne sont pas là pour nous, et pour qui nous n'existons pas ; d'infranchissables barrières sépareront à jamais ces êtres du monde de la surface et de l'humanité.

C'est une puissance majestueuse que cet océan qui respire sans trêve ni repos, obéissant, par un éternel mouvement de flux et de reflux, à l'attraction de la lune et du soleil. « Aegir », disaient les Scandinaves de la mer souriante au soleil, « est fort comme un géant et gai comme un enfant ; mais la méchante Bau, sa femme, prend les hommes au filet et les noie dans ses abîmes. » Une fois, du temps de Noé, cette mer insatiable engloutit la race humaine et le monde animal presque tout entier, comme, plus tard, la Mer Rouge submergea Pharaon avec son armée et ses chariots. Et combien de navires disparaissent chaque année avec leurs équipages sous les flots avides ! Combien de trésors, d'épaves de navires de guerre et de canons, de barques de pêcheurs avec leurs équipages, gisent au fond de la mer, et combien y descendent continuellement ! On compte annuellement 700 naufrages dans les mers d'Angleterre seulement.

Les montagnes, avons-nous dit, symbolisent l'élévation de l'âme vers la lumière divine ; la mer, par contre, avec ses noirs abîmes est l'image des sombres profondeurs du coeur angoissé, pour lequel le soleil de la grâce ne luit plus, qui s'écrie avec Jonas : « Tu m'as jeté au profond de la mer et le courant m'a environné ; tous tes flots et toutes tes vagues ont passé sur moi. » (Jon. II, 4.) Notre Sauveur a connu l'élévation et est descendu dans la profondeur. D'abord transfiguré sur le sommet lumineux de l'Hermon avec Moïse et Elie en présence de ses trois disciples, il est ensuite descendu dans l'abîme de la mort et du sépulcre, selon la prédiction qu'Il en avait faite lui-même : « Comme Jonas fut dans le ventre du poisson trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l'homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits ».

Un jour viendra où les choses les plus cachées, où tous les secrets seront dévoilés devant le grand trône blanc ; alors la mer aussi rendra sa proie, rejettera ses morts, et les millions d'êtres que fit périr le déluge, et Pharaon et ses guerriers, et tant d'autres légions, que les flots ont englouties depuis des siècles, reparaîtront avec leurs oeuvres et leurs péchés pour être jugés au tribunal de Dieu.

Cependant sur la terre nouvelle que nous attendons, il n'y aura plus de place pour la mer (Apoc. XXI, 1) ; partout habiteront les bienheureux.


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