Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Chapitre VII

LA VIE EN CHRIST - L'AMOUR DE DIEU

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Pour être sauvé il faut avoir la sainte vie de Dieu en soi. A. Gerber.

Ce qui a caractérisé la vie chrétienne de Charles Moreillon et fait de lui un homme de Dieu ayant dépassé le niveau spirituel de beaucoup, c'est son union intime avec Jésus-Christ.

« J'ai été crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi (Gal. 2. 20). »

Cette vie en Christ a été une des notes dominantes de son enseignement.

Les quelques passages suivants, pris dans ses lettres entre beaucoup d'autres, traitent de ce sujet capital.

- Plus j'avance dans la carrière chrétienne, plus je vois que tout dépend de ceci : Avons-nous reçu Jésus-Christ Lui-même dans notre coeur comme le Fils de Dieu ? Si oui, aimez-le simplement, dites-lui, à haute voix si possible : « Je t'aime, tu sais toutes choses, tu sais que je t'aime », et vous verrez qu'il se révélera à vous comme votre bien-aimé et vous montrera que vous êtes vous-même son bien-aimé (Cantique des cantiques 2. 16). Entretenez ces relations d'intimité avec Lui. Elles seront d'autant plus douces et vivantes que votre entourage semble moins vous comprendre. Car le Seigneur ne demande pas autre chose que d'arriver à une grande intimité entre ses enfants et Lui.

- Être en Christ, voilà le but auquel doit tendre toute âme qui cherche la source de la vie.

- La vie en Christ est une question de vie ou de mort. Si Christ est en vous, vous avez la vie, vous êtes une nouvelle créature. Toutes choses sont faites nouvelles.

- Laissez-le entrer, acceptez simplement, gratuitement, avec joie, l'offre qu'Il vous fait de demeurer en vous. Le Malin chasse trop souvent de notre esprit la certitude que nous sommes en Christ. Croyez que le Seigneur est là ; vous n'avez rien à faire sinon de le laisser entrer, et Lui fera son oeuvre en vous. Apprenez à tout recevoir de Lui.

- Dites-Lui : Seigneur, entre ; fais ton oeuvre, mets de l'ordre dans mon désordre, mets de la lumière dans mes ténèbres, mets ton pardon dans mon repentir, mets ta sainteté dans ma souillure, mets ton amour dans mon égoïsme.

- À quoi reconnaîtra-t-on cette présence de Christ en nous ? Non nécessairement à des actions extraordinaires, mais à ce que, sous l'influence de l'esprit de Christ, tous les talents se développeront et produiront des fruits. Tout se réveille, tout grandit ; l'arbre qui était en train de sécher pousse des rameaux, des feuilles, des fleurs et des fruits.

- Si Christ demeure en nous, moment après moment, nous arriverons à penser, à parler, à agir comme Lui. C'est-à-dire comme Il le ferait s'Il était à notre place. Ce n'est pas que nous puissions Lui être égaux, mais nous devons Lui être rendus semblables.

- Comment demeurer effectivement en Christ, d'heure en heure, de jour en jour, quelles que soient nos circonstances, faciles ou difficiles ? Vous pourriez objecter que vous ne savez pas comment vous y prendre.
Prétendez-vous que ce soit impossible ? car être en Christ équivaut à être parfait.
La perfection est en effet notre but : « Soyez parfait, dit le Seigneur, comme votre Père céleste est parfait (Matth. 5. 48). » Nous atteindrons cette perfection, non par nos efforts, mais par la puissance de la vie de Christ qui triomphe du péché qui est en nous.
Mais voici peut-être la véritable difficulté, que trop peu osent avouer franchement. Nous avons peur que Christ nous demande des sacrifices trop difficiles à accepter, jusqu'au sacrifice de nous-mêmes.

Il s'agit tout d'abord d'abandonner tout ce qui est péché, caprice, passion, volonté propre, égoïsme orgueil. Tout cela n'est certes pas à regretter. Puis un autre sacrifice s'impose, non plus du mal seulement, mais de tout ce qui nous appartient, notre temps, nos forces, nos biens, nos affections, notre volonté, notre intelligence, notre corps. Dieu seul doit disposer de tout.

Dites-lui : Seigneur, mes mains, mes yeux, ma langue, ma voix sont à ton service, je te les offre en sacrifice vivant, saint et qui te soit agréable. La sanctification de l'âme est impossible sans celle de nos membres qui sont les instruments dont l'âme se sert pour accomplir la volonté de Dieu.

- Donner toutes nos forces à Christ, c'est en faire le meilleur usage possible. On ne s'appartient plus, il est vrai, mais êtes-vous bien sûre que l'on s'appartient autrement ? Bien des gens, pensant pouvoir garder leur liberté, sont devenus esclaves, esclaves du péché qui est en eux.

- Si personne autour de vous, ou à votre connaissance, ne demeure en Christ, ne regardez à personne qu'à Christ seul : « Regardez à moi, dit le Seigneur, et vous serez sauvés. »

- Relisons, dix fois par jour, le chapitre 15 de l'Évangile de Jean, jusqu'à ce que nous le sachions par coeur ; puis le chapitre 14, et enfin l'admirable chapitre 17, jusqu'à ce qu'une paix complète, par la présence de Christ, remplisse notre âme.

- Il faut arriver à dire comme Paul : « Ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi (Galates 2. 20) ».

- Affirmons cette présence de Dieu en nous, le matin, à midi et le soir, par des actes de foi toujours renouvelés et qui nous maintiendront dans sa communion.

- La prière est sans contredit le plus puissant moyen de demeurer en Christ.

- Oui, tout l'Évangile, tout Jésus-Christ, toute la vie présente et éternelle sont dans cette parole : « Demeurez en moi et je demeurerai en vous (Jean 15. 3). » Vous verrez alors ce que le Seigneur fera de vous et par vous. « Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruits (Jean 15. 5). »

(Voir appendice d.


L'AMOUR DE DIEU

La foi de Charles Moreillon en l'amour insondable de Dieu était inébranlable. Parce qu'il en a vécu, il a su en parler.

- Si nous avons compris et goûté l'amour de notre Père céleste pour nous, nous avons la clef de tous les secrets de la vie chrétienne, dit-il.

- J'ai réellement honte d'avoir si peu répondu à l'immense et ineffable amour de Dieu. J'aimerais réparer cette faute si grave, en disant à tous ceux qui veulent bien l'entendre, qu'il n'y a qu'une chose à faire, c'est de croire à l'amour inépuisable du Père et de se laisser pénétrer, envahir, subjuguer et sanctifier par Lui.

- Dieu est amour. Amour infini que les cieux ne peuvent contenir et dont le coeur du Père déborde comme une source éternelle, qui envoie ses flots jusqu'aux extrémités de l'univers.
Cet amour est la gloire du Père céleste. Sa puissance et son intelligence, si grandes soient-elles, n'égalent pas en gloire son amour infini et éternel.

Il aime. S'Il n'aimait pas il n'y aurait plus de bonheur possible sur la terre. Il aime et aussitôt l'univers se réchauffe, s'éclaire, se réveille, se réjouit ; aussitôt d'innombrables créatures sentent qu'un bonheur est possible au milieu de tant de difficultés et de malheurs.
Cet amour est le plus précieux des dons dont Dieu puisse honorer ses créatures. Il le donne à qui le demande, Il le témoigne même à ceux qui ne le cherchent pas.

- Dieu aime comme un père. Il pourrait aimer autrement, à distance, ou comme un maître aime ses serviteurs, mais Il sait que rien n'est plus grand que l'amour d'un père qui aime ses enfants, quelle que soit leur conduite. Avec un juge il y a la loi, tandis qu'avec un père il y a non seulement la loi, mais aussi « la compassion et la miséricorde (Psaume 103. 17). »

- Dieu a manifesté son amour envers nous de tant de manières ! Il nous a sauvés alors que nous étions perdus ; Il nous a pardonné tous nos péchés ; Il nous a relevés de nos chutes ; Il nous a consolés dans nos afflictions. Mais nous sommes restés insensibles à cet amour. Cependant il nous suffit de l'écouter pour l'entendre nous dire : « Je t'aime, mon enfant, crois à mon amour ; je veux que tu sois heureux, heureux pendant l'éternité ; rien ne peut mettre une borne à mon amour pour toi ». « Quand les montagnes chancelleraient... mon amour ne s'éloignera point de toi (Esaïe 54. 10). »

- Le Père vous ouvre ses bras, comme celui de la parabole qui, lorsqu'il vît son enfant repentant, courut au-devant de lui et le baisa. N'avez-vous jamais senti son regard d'amour se poser sur vous ? Ah ! buvez à la coupe de l'amour du Père et jetez-vous dans ses bras.

Fragment d'une lettre sur l'amour de Dieu :
- Le Père lui-même vous aime, a dit Jésus à ses disciples (Jean 16. 27). C'est là la plus grande, la plus sainte et la plus consolante de toutes les vérités qui sont dans l'univers. Cette vérité est absolue et éternelle, quelle que puisse être l'attitude de l'homme. Même si toute l'humanité pouvait se dresser contre le Père en signe de révolte et de blasphème, jamais rien ne pourrait changer cette vérité : le Père vous aime.

Si les vagues les plus rugissantes ne changeaient en rien l'attitude sereine et paisible du ciel, de même rien ne saurait altérer l'amour infini et parfait de notre Père.
En face de cette sublime vérité - dont on peut se nourrir et se désaltérer sans jamais l'épuiser - quelle est notre attitude ?

Croyons-nous à cet amour ? Si nous y croyons, nous ne pouvons plus aller chercher ailleurs la satisfaction de ce suprême besoin de l'homme qui est d'être aimé.
Celui qui ne croit pas à l'amour de Dieu pour lui, demande aux hommes, et au monde, la gloire, l'admiration, la flatterie, la satisfaction de ses passions, la justification des torts des autres à son égard.

Quand l'amour du Père est en nous, nous n'avons peur d'aucune difficulté, d'aucune humiliation, d'aucune souffrance, d'aucune privation, d'aucun mal. Puisque le Père m'aime, rien ne saurait me nuire. Puisqu'Il a compté tous les cheveux de ma tête, aucune circonstance de ma vie ne Lui échappe, et Il peut transformer le mal en bien pour celui qui demeure dans son amour.

« Rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ (Rom. 8. 37-49). »

Nous glorifions le Père en mettant toute notre vie à son service non par l'obéissance de la crainte, mais par celle de la reconnaissance pour son immense amour.

Ailleurs nous lisons :
- Je me sens libre de rendre un joyeux témoignage à mes convictions et à mon expérience. Ce que je crois c'est que nous sommes très tendrement aimés par notre Père céleste. Cet amour revêt les caractères d'une personne ; c'est son propre Fils, c'est Jésus-Christ notre Sauveur.
Je crois à sa présence continuelle au milieu de nous. Il est là avec son corps glorifié par le Saint-Esprit.
Je suis convaincu que l'amour du Père céleste a pour but de nous sauver parfaitement pour le jour de la résurrection et de nous amener à une communion aussi parfaite que possible avec son Fils.

Toutes les grâces cachées par Dieu en Jésus, ne peuvent nous être communiquées d'une manière efficace que par un contact, une communion réelle et personnelle avec Jésus-Christ glorifié.
La lumière de la sagesse, la paix du pardon, la joie ineffable de la sanctification, ne nous sont communiquées que dans la mesure où nous sommes un avec le Christ glorifié.

Dans une lettre parlant de l'adoration, nous lisons les lignes suivantes :
- L'adoration ne se commande pas... Pourquoi une fleur s'épanouit-elle ? Parce que le bouton, sous les chauds rayons du soleil, éclate, doit éclater.

L'adoration est l'éclosion du bouton de fleur. Il faut, pour faire éclore une fleur, une certaine dose de chaleur. À l'homme, pour adorer, il faut les chauds rayons de l'amour de Dieu.
Lorsque vous aurez cru à cet amour, et que vous en serez pénétrés, l'adoration jaillira tout naturellement de vos coeurs comme l'éclosion de la fleur suit sa croissance.
Nous avons été faits pour adorer, comme la fleur pour s'ouvrir et répandre son parfum.
Une fleur qui ne s'ouvre pas est en état de souffrance, de même qu'une âme qui n'adore pas n'a pas encore reçu - par manque de foi - la mesure de l'amour de Dieu dont elle a besoin. Nos jardins sont comme en hiver et nous trouvons tout naturel que le divin jardinier nous supporte sans que nous Lui apportions jamais le parfum d'une âme qui adore en esprit et en vérité.

La période où le croyant peut adorer continuellement, est la période triomphante de la vie de la foi ; mais il faut pour cela avoir beaucoup souffert. Christ n'associe à son triomphe que ceux qui ont souffert comme Lui et avec Lui. Ainsi le Père sera pleinement glorifié.

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