Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Chapitre III

LA VIE À « LA MAISON »

------

 

- Les enfants


Trop souvent une enfance malheureuse est le prélude d'une maturité funeste. A. Vinet.

Dieu avait mis au coeur de Charles Moreillon une grande compassion pour l'enfance malheureuse.

Rien n'est plus triste, en effet, que la misère et la souffrance des enfants nés souvent dans des circonstances douloureuses, victimes de tragédies familiales ; enfants sans père connu, ou orphelins seuls au monde, sans foyer, sans soins, sans affection. Que de misères physiques et morales, suite de l'inconduite de parents indignes, pères ivrognes, mères débauchées, exemples déplorables qui contaminent les âmes dès l'âge le plus tendre et les contraignent parfois à faire le mal. Que de péchés, de larmes, de souffrances et que de résignation parfois chez ces petits, faibles et sans défense, souvent plus à plaindre qu'à blâmer, frappés par l'inexorable loi de l'hérédité. Déchéance physique, intellectuelle et morale, mensonge, vol, impureté ; caractères difficiles, insensibles, emportés, rebelles. Il y a cependant d'heureuses exceptions et plus d'un est animé de bonnes dispositions et du désir de bien faire.

C'est aux plus déshérités, aux plus abandonnés, aux plus malheureux que La Maison ouvre ses portes. Quel privilège pour de si nombreux orphelins dont personne ne veut se charger, d'y être reçus, de devenir un « enfant de La Maison », de trouver un foyer, une chaude affection chrétienne, un home, home béni où tant d'entre eux, soustraits à leur triste milieu, ont retrouvé la santé, ont appris à aimer le travail et à marcher dans le chemin de l'obéissance, de la vérité et de la crainte de Dieu.

L'expérience faite à La Maison a prouvé la nécessité de soustraire les enfants, dès leur berceau si possible, aux mauvaises influences de leur milieu, car plus tard, leur éducation deviendra de plus en plus difficile. Il ne faut pas laisser échapper ces précieuses années pour les conduire au Sauveur. Trop de gens attendent un salut futur pour les enfants qui leur sont confiés. Non, c'est une bénédiction présente qu'il faut demander et à laquelle il faut croire.

L'enfant le plus réfractaire en apparence a parfois un désir inavoué, une aspiration secrète qui l'attire vers Jésus. Il faut souvent bien peu de chose pour qu'il s'ouvre à la grâce de Dieu.
L'âme des petits n'est-elle pas le terrain le plus propre à recevoir la bonne semence de l'Évangile ? Même dans le cas où elle resterait longtemps cachée sans donner signe de vie, il viendra un jour où l'enfant devenu grand se souviendra de l'enseignement reçu et une moisson pourra éclore encore.

Bien des enfants en quittant La Maison s'en éloignent pour un temps, mais ils y reviennent ensuite et sont toujours accueillis avec amour. Le vent de l'épreuve, les difficultés, les chagrins sont comme la pluie fertilisante qui fait germer la graine enfouie au tréfonds des coeurs.
- Que serais-je devenu, disait un garçon d'une pauvre hérédité, si je n'avais pas connu La Maison !
- C'est quand on l'a quittée, écrivait une des grandes filles, qu'on sent combien on aime La Maison.

C'est une tâche immense que de travailler à la transformation de ces enfants.
L'hérédité est une force terrible, enlaçant ses victimes par des liens qui les rendent esclaves de la loi du péché. Mais béni soit Dieu, il y a en Christ une puissance plus forte que la loi draconienne de l'hérédité, et « là où le péché a abondé, la grâce a surabondé (Rom. 5. 20). »

Dieu seul peut faire naître une jeune âme à la vie divine, mais Il se sert d'instruments humains pour qu'ils soient ouvriers avec Lui. Le contact avec des âmes qui possèdent la vie en elles et qui prient, crée une atmosphère bénie de vérité. d'humilité, de foi, de sérénité, d'amour désintéressé, de fermeté aussi, qui pénètre les coeurs. Car l'influence est une chose subtile, insaisissable, inexplicable, qui agit sans qu'on s'en doute. Le bien, comme le mal, est contagieux et ceux qui s'occupent des enfants et des jeunes ne seront jamais trop attentifs aux influences qui s'exercent sur eux à l'âge le plus réceptif de la vie.

L'amour sera toujours le plus puissant levier pour attirer les âmes et les conduire à Dieu. L'amour, c'est le don de soi aux hommes, c'est le renoncement à soi. Cet amour est de Dieu, car Dieu aime les ingrats et les méchants et « celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu (1 Jean 4. 7). »
C'est cette atmosphère d'amour que l'on respire à La Maison. Elle a brisé bien des résistances dans les coeurs souvent les plus fermés, les plus réfractaires, les plus hostiles au premier abord.


La Maison


La vie à La Maison est celle d'une grande famille avec des enfants de tout âge, filles et garçons.

À mesure que les demandes d'admission se multiplièrent, La Maison s'agrandit ; il fallut transformer l'immeuble voisin et l'adjoindre au bâtiment primitif, Ainsi, au cours des années, La Maison devint une institution pourvue de tout le nécessaire. Elle posséda ses classes, ses dortoirs clairs et bien aérés, l'appartement des petits, ses cuisines, sa grange, ses écuries, sa porcherie, son poulailler, ses greniers et même son four à pain ! Elle possède des prés, des champs, des vergers, des jardins potagers, tout un petit domaine qui lui donne de précieuses ressources.

Cette vie à la campagne est d'une grande simplicité et l'on apprend à se passer de bien des perfectionnements modernes. Dans les premières années, il fallait aller chercher toute l'eau à la fontaine et c'était une tâche ardue pour les aînés des garçons que de remplir chaque jour le réservoir de 150 litres. Aussi ce fut un grand bienfait lorsqu'il fut possible d'installer l'eau et de remplacer les lampes fumeuses et les bougies par la lumière électrique.

La loi de la plus stricte économie préside à tout. Comment pourrait-on gaspiller l'argent provenant parfois de modestes donateurs, qui se privent eux-mêmes de bien des choses pour venir en aide aux orphelins ? Rien ne doit être négligé, vêtements et chaussures sont entretenus soigneusement ; tout ce qui peut être utile est recueilli. plus fermés, les plus réfractaires, les plus hostiles au premier abord,

La vie à La Maison est celle d'une grande famille avec des enfants de tout âge, filles et garçons.

À mesure que les demandes d'admission se multiplièrent, La Maison s'agrandit ; il fallut transformer l'immeuble voisin et l'adjoindre au bâtiment primitif, Ainsi, au cours des années, La Maison devint une institution pourvue de tout le nécessaire. Elle posséda ses classes, ses dortoirs clairs et bien aérés, l'appartement des petits, ses cuisines, sa grange, ses écuries, sa porcherie, son poulailler, ses greniers et même son four à pain ! Elle possède des prés, des champs, des vergers, des jardins potagers, tout un petit domaine qui lui donne de précieuses ressources.

Cette vie à la campagne est d'une grande simplicité et l'on apprend à se passer de bien des perfectionnements modernes. Dans les premières années, il fallait aller chercher toute l'eau à la fontaine et c'était une tâche ardue pour les aînés des garçons que de remplir chaque jour le réservoir de 150 litres. Aussi ce fut un grand bienfait lorsqu'il fut possible d'installer l'eau et de remplacer les lampes fumeuses et les bougies par la lumière électrique.

La loi de la plus stricte économie préside à tout. Comment pourrait-on gaspiller l'argent provenant parfois de modestes donateurs, qui se privent eux-mêmes de bien des choses pour venir en aide aux orphelins ? Rien ne doit être négligé, vêtements et chaussures sont entretenus soigneusement ; tout ce qui peut être utile est recueilli.

En été les enfants vont glaner dans les champs ; chaque épi tombé est précieux pour préparer la nourriture de l'année ; dans les bois c'est la cueillette des baies. Les pives, le bois mort sont aussi fort utiles pour alimenter les feux en hiver. « Ramassez les morceaux qui restent afin que rien ne se perde (Jean 6. 12). » Cette injonction n'est pas oubliée. Ainsi chacun apprend de bonne heure à travailler et, à côté des heures d'étude, petits et grands ont une tâche définie à remplir dans la maison ou au jardin. Que d'occasions de se rendre utile et de se mettre au service des autres !

La nourriture est saine et abondante et le pain, ce bon pain bis fait à la maison, a une saveur toute particulière, preuve en est ce qu'écrivait un des garçons momentanément absent : - J'aimerais tant qu'on m'envoie un pain, j'en ai ici tant que je veux, mais ce n'est pas du pain de chez nous.

Les classes ont lieu dans la maison même, école enfantine, école primaire. Quelle sagesse d'instruire les enfants en dehors des écoles publiques, où tant d'influences contraires peuvent contrebalancer les enseignements reçus à La Maison !

Les travaux de la campagne, si salutaires au corps et à l'âme, sont le lot des aînés et ce contact avec la nature, dans ce riche et beau pays, est un bienfait pour tous. S'il y a souvent de la fatigue, il y a de la joie aussi dans ce travail utile et fécond. Dans la suite, et selon leurs aptitudes, les garçons entreront en apprentissage : jardinier, charpentier, boulanger, etc ; quelques-uns, les mieux doués, deviendront instituteurs. Les fillettes auront leur part dans le travail de la maison, la cuisine, la lessive, le repassage, la couture, l'entretien des chambres ; ainsi elles formeront soit pour entrer en service, soit pour devenir, si c'est là leur part, d'utiles ménagères, des mères de famille ou encore des diaconesses.

De toutes les leçons que reçoivent les enfants recueillis à La Maison, il n'en est pas de plus utile pour la vie entière que celle qui leur est donnée par cette dépendance constante de la sollicitude et de la fidélité de Dieu. Il est évident qu'une situation matérielle, qui oblige à tout attendre de la grâce de Dieu, est bien faite pour développer cette confiance - souvent naturelle au coeur des jeunes enfants - mais qui doit être fortifiée et alimentée. Quelle bonne école pour apprendre à connaître le Dieu vivant, le Dieu qui entend la prière, le Dieu qui nourrit les petits des oiseaux et qui revêt l'herbe des champs, le Dieu qui s'appelle Lui-même le Père des orphelins !

« Recommande ton sort à l'Éternel, mets en Lui ta confiance et Il agira (Ps. 37.5). » Voilà la grande leçon apprise par l'expérience faite à La Maison par les petits comme par les grands.

Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant