Au reste, fortifiez-vous dans le Seigneur, et par sa force toute-puissante. Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme contre les embûches du diable. Car ce n'est pas contre, la chair et le sang que nous avons à combattre, mais contre les dominations, contre les puissances, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits mauvais qui sont dans les régions célestes. C'est pourquoi prenez toutes les armes de Dieu, afin, que vous puissiez résister dans le mauvais jour, et qu'ayant tout surmonté, vous demeuriez fermes, |
La lutte qui nous attend n'est pas une lutte contre « la chair
et le sang », mais elle est dirigée contre les dominations. (Ephés.
6 : 12)
La lutte contre chair et sang est une chose. Mais une autre est le
combat contre les puissances spirituelles, contre la fausseté, la
paresse, l'égoïsme.
Nous nous étions préparés ici, en Finlande, pour la lutte contre la
chair et le sang. Quelques-uns d'entre nous sont tombés sous les
balles et sous les coups de l'ennemi. Mais maintenant nous attend en
Suède la lutte contre les puissances des ténèbres, contre le souverain
de ce monde qui s'appelle « le Moi » et contre les
puissances ayant nom : torpeur, paresse, nonchalance, peur même.
Beaucoup parmi vous, les Volontaires, tomberont dans cette nouvelle
guerre.
Lorsqu'on sait qu'une bataille est imminente, il serait frivole de ne
pas s'y préparer. Nous n'avons pas le droit de nous montrer
superficiels et d'être dépourvus du sens de notre responsabilité.
Nous, qui avons vu de près la méchanceté païenne, comme aussi la
puissance chrétienne, nous portons une responsabilité envers notre
pays. Nous savons ce qui l'attend. Et nous n'avons pas le droit de le
taire, quels que puissent être les efforts entrepris pour nous
empêcher de la proclamer. Nous savons aussi en quoi a consisté la
force profonde du peuple finlandais : dans sa tranquille
confiance en Dieu et en sa juste cause. Ceci aussi, nous devons le
proclamer. Nous devons être prêts pour les jours mauvais.
Notre devoir consiste à préparer notre pays à ces jours mauvais. Nous
devons viser à établir une meilleure défense de notre peuple. Nous
devons le faire avant que les jours mauvais n'arrivent. Il ne doit
plus jamais arriver que nous abandonnions un peuple de frères. Un
traité de protection réciproque ne suffit pas. Il faut que nous
disposions d'une force armée suffisante et que notre peuple soit
pénétré d'un bon esprit. Alors, la prochaine fois, nous ne laisserons
pas les autres seuls, que nous ayons, ou non, conclu un traité
d'alliance avec eux.
Nous aurons donc à lutter sur un front extérieur. Mais il faut aussi
que la lutte soit engagée sur le front intérieur. Nul ne devient un
Réformateur sans avoir livré de grandes luttes dans son propre coeur.
Et si la lutte contre les puissances des ténèbres doit être menée sur
cette terre avec quelques possibilités de succès, il faut aussi que
nous ayons remporté la victoire dans nos âmes. C'est là une loi, à
laquelle nous ne pouvons échapper. S'il y a tant de corruption en
Suède, c'est qu'elle ronge trop de coeurs. Si nous voulons introduire
un nouvel esprit dans notre peuple, il faut que tout d'abord nos âmes
soient rénovées.
M'est avis que, dans ce but, nous avons besoin de la religion. On ne
peut se rénover soi-même, pas davantage qu'on ne peut se soulever
soi-même par les cheveux.
La religion dispose d'un moyen qui lui est unique elle compte et agit
avec des forces qui sont hors de notre portée. La religion ne consiste
pas à courir à l'église et à marmonner des prières. La vraie religion
consiste à faire la volonté de Dieu. Et celui qui le veut sérieusement
constate bien vite que la prière, la lecture de la Bible et la
fréquentation des cultes, sont des moyens indispensables pour garder
son âme pure et forte.
Amis, prenez maintenant en mains toutes les armes de Dieu, afin que
vous soyez prêts à lutter quand viendront les jours mauvais ; il
faudra que vous soyez à même de tenir sur les positions qui vous
auront été confiées. Amen.
Jésus dit :
En vérité, je vous le dis, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n'y entrera point. |
Quelle est la grande oeuvre qui nous est demandée pour avoir accès au
ciel ? On n'attend pas de nous une oeuvre héroïque. C'est bien
plus simple : il n'y a qu'à savoir accepter comme un enfant.
Cela paraît si simple. Et ce n'est pourtant pas si facile car là
plupart d'entre nous ont perdu les sentiments de confiance de
l'enfant. Nous sommes devenus des hommes adultes, des hommes capables,
des hommes qui tiennent à leur dignité et qui ferment soigneusement
leurs portes afin que personne ne les approche trop. Nous ne voulons
pas paraître enfantins. Nous nous efforçons de nous faire valoir,
aussi bien devant Dieu que devant les hommes. Le caractère ouvert et
confiant de l'enfant ne cadre pas avec nos idéals. Nous jouons de
préférence au supérieur-qui-ne-doit-rien-à-personne. Nous préférons
donner et distribuer, que recevoir et accepter.
Oui, mais « celui qui n'accepte pas le Royaume des « cieux
comme un enfant, n'y entrera pas ». Jésus nous connaissait,
nous, les hommes, mieux que quiconque. Il savait que le plus grand
obstacle au développement d'un homme est justement le fait qu'il a
perdu sa réceptivité. Aussi haut qu'un homme soit parvenu dans cette
vie - s'il a fermé son esprit, il n'y a plus d'espoir pour lui. Il
restera sur place. Or, cette immobilité signifie la mort. Mais dès que
nous avons fait un petit bout de chemin, en ouvrant notre âme toute
grande, alors des possibilités insoupçonnées nous attendent. Quel que
soit l'endroit du chemin où nous nous trouvons, la chose principale
est de ne pas rester immobiles, mais de continuer à avancer. Seuls les
réceptifs, seuls les enfants peuvent progresser. Seul celui qui sait
recevoir le Royaume de Dieu, tel un enfant, y entre.
Les hommes au caractère ouvert, aiment aussi les enfants. Melcher
Wernstedt était heureux en compagnie des enfants de ses amis. De tels
hommes sont aussi chez eux là où la lutte est la plus acharnée.
Melcher aimait le stade et il trouva la mort sur le champ de bataille.
Justement parce que son esprit était ouvert et qu'il possédait une âme
vivante ; justement parce qu'il avait le coeur d'un enfant, il
connut la mort du héros.
Mon cher Melcher, te voilà maintenant chez toi. Tu as quitté les
vastes plaines blanches pour venir reposer dans la terre de tes pères.
Là-bas, le froid était rigoureux et le sol gelé. Ici le soleil
printanier commence à réchauffer la terre. Le lumineux souvenir qui
nous reste de toi nous réchauffe également. Nos coeurs si froids et
nos esprits si durs, voilà que maintenant le soleil y pénètre, les
réchauffe, leur donne une nouvelle vie. Nous croyons que le Sauveur
était lui-même derrière toi. Nous croyons que tu as reçu de Lui le
meilleur de toi-même, de Lui, qui est l'auteur de tout bien. Et
maintenant, nous Le remercions de ce qu'Il t'a donné à nous. Nous Le
remercions pour tout ce qu'Il nous a donné par toi. Et nous lui
demandons la grâce de devenir ses véritables enfants qui savent
accepter, le coeur ouvert et reconnaissant, tout
ce qu'Il veut bien nous donner.
Notre Père, nous remettons notre esprit entre Tes mains. Prends-nous
tous, les vivants et les morts, sous Ta puissante protection et
réunis-nous dans Ta maison paternelle. Amen.
C'est pourquoi, nous ne perdons point courage ; mais si notre homme extérieur se détruit, l'homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Car notre légère affliction d'un moment produit pour nous le poids éternel d'une gloire sans mesure et sans limite, parce que nous ne regardons pas aux choses visibles, mais aux invisibles ; car les choses visibles ne sont que pour un temps, mais les invisibles sont éternelles. |
Il y a deux mondes. Le premier passe : il est fait des choses
visibles. Le second est éternel : il est fait des choses
invisibles.
Il y a deux sortes de gens. Les uns ne s'occupent que des choses
qu'ils voient. Mais ceux de l'autre catégorie savent que les choses
invisibles sont les plus importantes.
La première catégorie d'hommes aime la tranquillité. Leur devise
est : la paix à tout prix ! Ils ne sont satisfaits que s'ils
peuvent manger, dormir et jouir de la vie. Les gens de l'autre camp
croient à quelque chose qu'ils appellent leur idéal. Ils n'ont plus de
repos lorsqu'ils voient leur idéal opprimé. Si leur idéal s'appelle
« la liberté », il faut qu'ils secourent ceux
qui sont menacés par les plus forts. Si leur idéal s'appelle « la
justice » il faut qu'ils viennent en aide aux persécutés. Et si
leur idéal s'appelle Jésus-Christ, il faut qu'ils viennent en aide à
ceux qui sont dans la détresse. Pour eux il n'y a pas de paix à tout
prix. Il faut qu'ils luttent pour réaliser leur idéal. Ils placent la
liberté, la justice et le christianisme plus haut qu'un bon lit
douillet et qu'une table bien couverte. Leur regard est dirigé vers
les choses invisibles. Ils savent que les choses que l'on voit ne sont
que passagères, alors que les invisibles sont éternelles.
Il y eut certainement, dans le Corps des Volontaires en Finlande, des
gens des deux sortes : de ceux qui portent leur attention sur les
choses visibles et de ceux qui veulent vivre et mourir pour les choses
invisibles, pour un haut et noble idéal. La plupart luttèrent pour les
valeurs éternelles ; nous ne les nommerions pas tous des
chrétiens, mais Dieu connaît les siens. Il sait que maint jeune homme,
qui ne prétendait pas lui-même être un chrétien, était, dans son coeur
et dans son âme plus chrétien que beaucoup de ceux qui, ici,
prétendent à ce titre. Quiconque est prêt à tout sacrifier, même sa
vie, pour les choses que l'on ne voit pas, est en esprit avec Celui
qui est le Bon Berger et qui donne Sa vie pour ses brebis.
Qui a eu le privilège de sceller de son sang et de sa vie sa foi dans
la liberté et dans la justice, celui-là a marché sur les traces du
Seigneur. Et c'est pourquoi nous osons croire que son pèlerinage
continue de l'autre côté du voile et que Notre Sauveur le conduira
dans la maison du Père éternel.
Lieutenant Helge Wallmann ! Nous te souhaitons la bienvenue dans
ta terre natale. Nous te remercions de ce que tu as fait pour la
liberté du Nord et l'honneur de la Suède. Nous te félicitons d'avoir
eu le privilège d'une mort héroïque. Et maintenant, nous remettons ton
âme entre les mains de Celui qui règne dans les cieux
et sur la terre et te souhaitons toute Sa gloire. Nous remercions Dieu
de ta vie, de ta mort et de ton exemple salutaire.
Nous Te prions, 0 notre Père céleste, de donner à ses parents, à ses
frères et soeurs et à ses amis, dans leur deuil profond, Ta
consolation et Ta force. Aide-leur à comprendre que la liberté est
digne des plus grands sacrifices et aide-nous à vivre, tous, de plus
en plus, pour les choses invisibles.
Viens Toi-même, Seigneur, et conduis-nous, chaque jour, jusqu'à ce que
Tu nous permettes d'entrer dans Ta splendeur céleste. Amen.
C'est ainsi qu'ont résonné auprès du cercueil du camarade tombé au
champ d'honneur, les paroles de l'aumônier, après cette courte et si
étrange lutte. Elles ne veulent pas être une litanie funèbre, une
lamentation. Le culte des morts (Totenrune) nous oblige à tourner avec
énergie nos regards vers l'avenir. La mort de ce camarade constitue
une obligation, elle est un engagement des vivants à son égard.
Le Corps des Volontaires, rentré au pays, se doit de continuer la
lutte. Car même une courte campagne peut transformer ses participants.
Habituée désormais à regarder la vie en face sous sa forme la plus
amère et capable de tirer les dernières conséquences de ses
convictions personnelles, cette petite cohorte se place, telle une
colonne compacte, dans une société qui, s'appuyant sur la formule
« la paix à tout prix », déserta la lutte pour les valeurs
humaines.
L'histoire a démontré avec une écrasante abondance de preuves, que
cette lutte ne peut être conduite avec les seules armes de la langue
et de la plume !
Grand est le danger de tomber dans l'autre extrême : vouloir se
battre par goût de la lutte, dans le seul but de
conquérir la puissance. La tentation est grande, car le diable offre
en exemple tous les royaumes de ce monde et leur gloire et il
dit :
- « Tout ceci je te le donnerai, si tu te prosternes devant moi
et m'adores. »
Le Corps des Volontaires est rentré au pays. Il a établi un programme
d'action pour continuer son effort. Il ne s'est pas prosterné devant
le démon de la puissance ; il ne l'a pas adoré. Tel est le fruit
visible du message chrétien qui nous a accompagnés durant toutes les
étapes de notre campagne.
Le 27 mars 1940, avant leur départ du front, avant d'abandonner ce sol
désormais saint pour tout Suédois, - parce qu'il est trempé de sang
suédois, versé pour le défendre contre la barbarie de l'Est, - les
Volontaires constituèrent une association. Le but en est de maintenir
en éveil l'esprit qui animait leur Corps, de le répandre et de
continuer la lutte pour la défense, en paroles et en actes, de la
liberté du Nord.
Ce fut le privilège de la Suède durant cette guerre de Finlande, que
d'avoir entrevu la moisson dont a parlé le Maître. Les ouvriers qu'Il
envoya pour la préparer étaient en nombre restreint - huit mille
hommes au plus - réunis sous le signe
Mais si faibles soient-ils, ils veulent être le sel de la terre dans
une nation qui doit être prête aux suprêmes sacrifices pour la défense
de son vieil idéal traditionnel.
La lutte qui s'annonce sera une oblation au service du Divin Maître du
monde pour obéir à Sa Parole. Elle se résume en ces mots :
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