Il est
écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
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écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
DIEU SAIT POURQUOILETTRES Mars 1930 à Septembre 1932 (Suite)
Lausanne, 1er janvier 1931. Voilà cette année 1930 finie. Toi
et moi sommes remplis des mêmes
pensées, sans doute, en regardant en
arrière. Et maintenant, je regarde en avant,
en mettant toute ma confiance, humblement, entre
les mains de Celui qui tient ma vie dans Sa main.
Cette année m'amènera-t-elle la
délivrance ? Amènera-t-elle le
grand sacrifice ? Nous laissera-t-elle dans
l'incertitude dans laquelle nous la
commençons ? Je ne sais, mais la seule
chose que je demande à Dieu, c'est que ma
foi ne faiblisse point quoi que Dieu demande de
moi ! De même pour toi, chéri, et
pour nos enfants et ceux qui m'aiment ; que
cette épreuve serve à l'avancement de
Son règne ! J'ai été un
peu faible et déprimée tous ces
temps-ci. Mon coeur n'est pas encore ferme comme le
roc et ne possède pas encore le calme qu'il
devrait avoir. En sera-t-il jamais ainsi tant qu'il
aimera ? Mais je crois de toutes mes forces en
l'amour de Dieu !
À son mari : Genève, 24 janvier 1931. Quelle différence entre ton départ
maintenant et celui d'octobre. Par la grâce
de Dieu, ce n'est plus la mort que j'ai devant moi,
la séparation finale qu'il faut accepter
avec soumission, mais apparemment la vie
transformée peut-être, amoindrie, au
point de vue physique, actif, mais enrichie par les
douloureuses expériences des derniers mois,
douloureuses et si belles pourtant ! La grande
expérience faite est pourtant celle
exprimée si gentiment et simplement par
notre petite Odette
Genève, 26 janvier 1931. Ne te tâte pas le pouls, ne te demande pas toujours : Ai-je fait des progrès spirituels ou n'en ai-je pas fait ? Le fait du progrès spirituel, c'est précisément de ne pas le sentir nous-mêmes. Je crois qu'il nous faut vivre simplement au jour le jour, faire au mieux possible la tâche qui est devant nous, telle qu'elle se présente et remettre tout le reste, nos progrès spirituels y compris, entre les mains de Dieu qui est seul - non pas nous ! - maître de notre âme et de notre vie, et qui fait de nous ce qu'il veut et quand Il le veut. Notre seul effort doit consister, je crois, à nous remettre entre Ses mains aimantes et puissantes et à nous appuyer entièrement sur Lui, joyeusement et paisiblement. Oh ! je n'y suis pas encore et toujours mon coeur est tremblant et craintif au premier coup de vent... Tu parles de mes progrès spirituels. Hélas ! Si le progrès spirituel consiste à se sentir de plus en plus petit, incapable, craintif, inutile par soi-même, à se sentir nulle autre chose qu'un instrument usé et rouillé, dont Dieu veut bien se servir malgré tout, alors peut-être ai-je fait un pas en avant. Mais c'est tout, et je t'assure en toute humilité, que ce que ceux qui m'aiment disent de moi, me laisse confondue. J'en suis heureuse, parce que mon plus grand désir est d'être un témoin fidèle ; mais si honteuse de me sentir encore si indigne d'être la servante de Dieu !
Lausanne, 8 février 1931. Ne puis-je pas dire, moi aussi, comme Mme
X...
Lausanne, 16 février 1931. Tu me demandes comment je vais : Mais très, très bien ! C'est ce que tu peux dire à tous ceux qui te le demandent. Je me sens bien, non seulement étant donné ce que j'ai eu, il y a quelques mois, mais bien, dans le sens absolu du mot, comme dans les premières années de mon mariage, mieux donc que depuis bien des années ! Je ne sais pas comment je me sentirai dans un mois, ou quand je serai à Londres, mais en ce moment je vais très bien...
Lausanne, 22 février 1931. Ce que tu me dis de la cure d'âme, je le comprends pleinement. C'est la seule chose en fin de compte qui vaille la peine, et, au point de vue religieux, tout comme au simple point de vue psychologique, c'est passionnant. Pénétrer au fond d'une âme, quelle merveille ! Et pouvoir aider cette âme, quelle merveille plus grande encore ! Quand j'entre en contact avec quelqu'un, c'est presque une « déformation professionnelle », ce désir que j'ai de la pénétrer... de la faire se confesser ! Mais je crois que, quand on y met de l'amour, cela fait du bien ; je le sais même. Que je plains ceux qui ne voient de ceux qu'ils rencontrent que l'extérieur !
Lausanne, 8 mars 1931. Un sentiment domine chez moi tous les autres celui de la grande responsabilité qui m'incombe. Je ne puis m'empêcher de sentir que, si Dieu m'a rendu la vie qui, selon toute prévision humaine, devait m'être enlevée, c'est qu'Il attend quelque chose de moi. Qu'Il me donne la force de répondre à cette attente !
Lausanne, 14 mars 1931. Oh ! que je voudrais être un témoin fidèle de Sa puissance, de Son amour ! il y a tant de puissance d'amour dans le monde, étouffée par tant d'égoïsme conscient et souvent même inconscient. J'ai tant, tant de peine à comprendre un chrétien qui manque d'amour. La colère, l'impatience, le mensonge même, l'orgueil ou l'égoïsme, mais contre lesquels on lutte, dont on souffre, je comprends, j'admets qu'ils puissent se trouver même chez un chrétien, mais le manque d'amour chronique, dirai-je, chez un chrétien, je ne le comprends pas, et cela fait bien mal de le trouver. Que Dieu m'en garde toujours !
Lausanne, 26 mars 1931. Oui, les jours filent, filent, très, très vite et c'est avec une trépidation dans le coeur que je réalise que, dans un mois, je serai à la maison et reprendrai ma vie active. Quand je pense à ce qui aurait pu être ! Combien je sens ce qui me manquait avant, combien mon expérience était incomplète, et combien j'ai appris pendant ces jours d'épreuve, d'angoisse ! Je ne regrette rien, rien du tout. Je n'ai peur que d'une chose, c'est de retomber dans l'ornière quand tout ira bien et de ne pas faire mieux qu'avant. Oh ! que Dieu me donne d'être pour toi. une meilleure femme, pour mes enfants une meilleure mère et enfin une meilleure servante dans Son oeuvre ! Ma plus grosse épreuve serait que ces expériences soient perdues. Ce sera si bon de reprendre la tâche après ces longs mois d'attente, et de nous retrouver tous, toi et nos enfants que j'avais cru perdre...
Lausanne, 30 mars 1931. Tu me répètes que je suis sortie
épurée de l'épreuve, que j'ai
avancé dans la vie spirituelle, que, etc...
Ah ! Dieu veuille que ce soit vrai !
Certes, j'avais soif d'une période de
recueillement. Dans cette vie tourbillonnante,
étourdissante, je sentais que mon âme
s'évidait, que ma vie spirituelle s'en
allait, faute de recueillement impossible à
prendre, à cause du manque de temps, de la
fatigue intense qui faisait que je n'avais plus la
force de faire l'effort de rentrer en
moi-même. Je sentais Dieu Lui-même qui
m'échappait, et dans la détresse,
j'ai crié à Lui, et Il m'a
répondu ! Et j'ai cru que
c'était une épreuve... Humainement
parlant, c'était bien cela ! En
réalité, ces mois passés ont
été une réponse merveilleuse
à un cri de mon âme. Dieu m'a rendu le
sentiment de Sa réalité, de Sa
présence, et m'a donné en même
temps l'occasion, la possibilité de rentrer
en moi-même, de me recueillir, de Le
retrouver, de développer ma vie spirituelle.
Pendant ces mois passés, tel est le devoir
très net qu'Il a mis devant moi - en
supprimant tous les autres. Ai-je rempli
ce devoir ? J'ai
essayé, mais combien imparfaitement. Et si
je ne sors pas un peu plus forte de cette
épreuve, un peu plus utile à Son
service et au service des autres, alors honte
à moi !
Versailles, 26 avril 1931. Me voici à mi-chemin de la maison. Depuis
mon départ de Lausanne, je vis comme dans un
rêve. J'ai hâte maintenant, tellement
hâte, d'être près de toi, au
milieu de vous tous. Dieu me donne d'être
à la maison pour chacun, tout ce qu'Il
désire que je sois. Je vois tellement
clairement quelle doit être ma tâche
morale que j'en suis presque écrasée,
me sentant si petite, si incapable.
À son amie : Londres, 28 avril 1931. Me voici dans mon home des Hollies... après neuf mois et demi d'absence ! Quelle émotion, quelle reconnaissance... et quelle réception ! ! ! J'ai le coeur et la tête tout pleins des cris de joie, des baisers, des fleurs, des cadeaux, des messages qui m'ont accueillie... Une chose dont je suis parfaitement sûre, c'est que si Dieu m'a rendu la vie, c'est qu'Il a encore besoin de moi, et cette pensée me remplit de joie et me porte. Il est doux d'entendre ces deux phrases, l'une dite par une toute vieille infirme de quatre-vingt-cinq ans, sourde, presque aveugle : « Oh ! pourvu que je puisse revoir Mme Hoffmann ! Après, tout m'est égal, je mourrai volontiers !... », et l'autre par un petit garçon de six ans. Sa mère lui dit : « Tu sais que Mme Hoffmann va bientôt revenir ? » Et le petit répond : « Mais bien sûr que je le sais, puisque j'ai prié si longtemps pour elle : Maintenant, il faudra dire merci au bon Dieu ».
Londres, 11 mai 1931. Je lisais hier et ce matin la lecture indiquée par les Textes Moraves : 1 Corinthiens, ch. XV, v. 42-57. Quelle merveilleuse espérance ! J'ai été longue à la faire tout à fait mienne, à me l'assimiler par le coeur, et pendant bien des années j'ai prié Dieu pour l'obtenir. Je crois la posséder maintenant, et la mort ne m'effraie plus, cette peur qui m'a hantée pendant bien des années. C'est la plus belle délivrance que Dieu m'ait accordée. Qu'Il veuille me la conserver ! Vivre sans certitude de la Vie éternelle... il y a de quoi vous rendre fou !
Londres, 22 juin 1931. Que de choses je pourrais te dire, difficiles à écrire ! Des impressions passagères, des hauts et des bas, des moments de découragement et de crainte, de luttes intérieures, à côté d'instants lumineux. jusqu'au bout, sans doute, chaque douleur dans mon corps fera-t-elle passer dans mon esprit cette question angoissante : Est-ce le mal qui revient ? Et mon mari, et mes enfants ! ... et ce sera sans doute toujours comme cela, ce sera « ma croix » ! Et c'est avec honte que je sens alors combien ma foi est chancelante... Prie pour que ma foi chancelante devienne une foi forte et puissante, que cette foi chancelante ne m'empêche pas d'être une force pour mon mari qui compte sur moi, pour mes enfants qui s'appuient sur moi et que je voudrais tant, tant amener à mettre leur confiance entièrement en leur Père céleste et leur Sauveur.
Londres, 22 juillet 1931. C'est cela dont j'ai besoin ce soir : monter, monter très haut pour, des hauteurs spirituelles, remettre à leur juste place, redonner leur juste valeur à tant de petites choses dans la vie de tous les jours, qui paraissent énormes quand on se débat dedans, et qui vues d'en haut, telles qu'elles sont, sont si petites, méritent si peu le souci que nous nous en faisons.
Londres, 29 juillet 1931. Cela fait mal de vibrer toujours, de sentir tout
ce que sentent ceux que l'on aime. Et c'est
pourtant comme cela qu'on fait du bien autour de
soi. Je sens trop tout ce qui se passe autour de
moi : je souffre trop du moindre manque
d'harmonie, même morale et mentale chez ceux
qui m'entourent. Mais, n'importe ; je ne
regrette pas... mieux vaut vibrer... et mourir,
qu'être comme un pieu qui ne sent
rien.
Blackheath, 2 août 1931. Ce qui est pourtant malheureux c'est mon manque de logique. J'ai toujours peur d'un accroc dans ma santé, à cause de mon mari, à qui je crains de faire mal... et cette crainte me met de mauvaise humeur, et je lui fais mal quand même !... C'est vraiment ici un asile de paix par excellence et nous ne pouvons que remercier Dieu du fond du coeur de nous l'avoir fait trouver. Je me sens bien, parfaitement bien.
Blackheath, 7 août 1931. Tu sais bien que ce qui est donné
à Dieu, Dieu en prend soin avec amour et en
fait pour Son oeuvre un instrument infiniment plus
parfait, mieux approprié que celui que nous
Lui avons donné. N'est-ce pas quelquefois
dans la maladie, dans la faiblesse, que nous Le
servons le mieux ?... Parce que ce n'est pas
nous qui Le servons, mais c'est Lui-même qui
travaille par nous.
Londres, 14 septembre 1931. Sermon saisissant sur
Matthieu, ch. V, v. 41.
« Le premier mille, c'est le devoir
strictement accompli, parce qu'il le faut : le
second mille, c'est ce que nous faisons au
delà du devoir accompli, non plus parce que
nous le devons, mais par amour. C'est de cet
« extra mile only » que Dieu
tiendra compte quand nous paraîtrons devant
Lui, c'est en marchant cet « extra
mile » - qui fera peut-être de nous
la risée du monde - que nous ferons la
merveilleuse expérience des
réalités spirituelles, que nous
seront révélées des joies
inconnues du monde, que nous entrerons en contact
avec Jésus, le Sauveur du monde, qui a
marché cet « extra
mile », lorsqu'il montait de
Jérusalem à
Golgotha. »
Londres, 4 novembre 1931. Notre école du dimanche va de mieux en
mieux. Je continue à être
émerveillée de la discipline de ces
gosses qui varient de 9 à 17 ans, et qui ne
bronchent pas pendant que je parle. J'en
bénis Dieu. J'ai une telle joie à
leur parler !
Londres, 2 décembre 1931. Il m'est doux de penser que j'ai pu te faire du bien, mais vois-tu, j'ai beau repenser à ces mois de maladie, d'angoisses morales, et plus j'y pense, moins j'ai conscience d'avoir été autre chose qu'une pauvre créature faible, craintive, à la foi bien vacillante, dont le courage avait bien flanché, et qui n'avait pas lieu d'être fière d'elle-même. Si une lumière est sortie de moi, je t'assure bien que c'est Dieu qui l'y mettait au jour le jour, sans même que je m'en doute, et que j'y sois pour rien. La preuve en est qu'aujourd'hui je tremble à la pensée que la maladie pourrait revenir et que les mêmes angoisses pourraient me reprendre. Cela, c'est le fond de mon âme ! Mais heureusement que Dieu est plus grand que notre âme, et que, lorsque le moment de l'épreuve reviendra, il sera là, toujours le même ! Tout mon effort maintenant est d'augmenter la communion avec Dieu, qui est encore si faible et intermittente.
Londres, 14 décembre 1931. Quelles montagnes nous pourrions soulever si
nous savions, si nous voulions prier.
Savoir... ? Je « sais »
prier. Mais « vouloir » c'est
autre chose. S'astreindre à faire l'effort
de mettre de côté toute autre
occupation et préoccupation, de fixer sa
pensée sur Dieu seul, de prendre le temps
nécessaire pour descendre tout au fond de
soi-même, c'est une lutte pour moi sans cesse
renouvelée ; et souvent je succombe, et
ma prière est superficielle, et naturelle,
mais peu efficace, et c'est ce qui fait la grande
faiblesse de ma vie. Combien je suis
effrayée parfois de la faiblesse de ma foi,
lorsqu'il s'agit d'un objet défini. La foi
de mes enfants, depuis Alice jusqu'au petit Guy,
est tellement plus vivante que la mienne. Ah !
oui, comme tu le dis, la foi est peut-être
plus facile pour ceux qui vivent à
l'écart du monde, tel un missionnaire en
pays sauvage, que pour nous qui vivons dans le
tourbillon d'aujourd'hui, où il est parfois
si difficile de voir la main de Dieu. Et pourtant,
grâce à Son Amour, j'ai toujours
réussi à voir Sa main dans ma vie, et
c'est cela qui me soutient.
La première
annotation est du 19 octobre 1931, les
dernières doivent dater du printemps
suivant. Nous n'en transcrirons que ce qui pourrait
être d'intérêt
général. Le reste concerne son mari
et ses enfants.
De son carnet : Décembre 1931. Je me sens souffrante, très souffrante. Est-ce suite de grippe ?... Est-ce autre chose ?... Si c'est ce que je crains, oh ! Dieu, mon Dieu, donne-moi de porter ce que Tu m'enverras joyeusement, vaillamment comme doit le porter celle qui se dit Ton enfant, que dans l'angoisse physique et morale, je Te serve de témoin, encore bien plus que dans la santé ! Oh ! Père, je suis faible, si faible ! Toi, donne-moi Ta force, Ta lumière, Ta présence constante, la certitude de Ton amour ! Que ma foi ne faiblisse point, si Tu me demandes de traverser les grosses eaux...
À son amie : Londres, 23 décembre 1931. J'ai reçu mon mot d'ordre : Sois tranquille ! et je n'ai qu'à obéir. Mais tu peux être tranquille à mon sujet, je vais beaucoup mieux, et me sens revivre et avec quelques précautions de nourriture, je serai bientôt au haut de la pente à nouveau. |
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