Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

XV

Chapitre concernant les gens mariés.

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 « Alors ils lui dirent : Où est Sara ta femme ? Il répondit : Elle est là, dans la tente. L'un d'entre eux dit : Je reviendrai vers toi à cette même époque ; et voici, Sara, ta femme aura un fils. Sara écoutait à l'entrée de la tente, qui était derrière lui. Abraham et Sara étaient vieux, avancés en âge ; et Sara ne pouvait plus espérer d'avoir des enfants. Elle rit en elle-même... L'Éternel dit à Abraham : Pourquoi donc Sara a-t-elle ri en disant : Est-ce que vraiment j'aurais un enfant, moi qui suis vieille ? Y a-t-il rien qui soit étonnant de la part de l'Éternel ? Au temps fixé, je reviendrai vers toi vers cette même époque ; et Sara aura un fils. Sara mentit, en disant : Je n'ai pas ri. Car elle eut peur. Mais il dit : Au contraire, tu as ri. »

Gen. XVIII, 9-15


1. Abraham et Sara.

Cette histoire est une de celles qui, dans la Bible, ont l'heur de scandaliser un grand nombre d'honnêtes gens ! Il est vrai qu'elle est comme baignée d'une céleste poésie. Résumez-la d'une manière un peu vivante à des enfants. Je parle des enfants, parce qu'ils sont peut-être les meilleurs juges en poésie. L'attention dont feront preuve leurs yeux brillants montrera qu'ils ont été réellement empoignés. « Oui, disent nos critiques, elle empoigne. Mais nous ne saurions la considérer comme authentique. Laissant de côté ici la question de l'existence des anges, nous dirons qu'il est pourtant par trop fort de faire apparaître Jéhovah sous une figure humaine. » Ainsi parlent des personnes qui paraissent aimer la Parole de Dieu et la comprendre jusqu'à un certain point.

Je ne me permettrai pas de condamner ces personnes. Le chrétien doit se garder de juger. Je ne prétendrai pas que la foi qui s'exprime comme je l'ai rapporté manque de sérieux. Je ne puis cependant être de l'avis qui vient d'être donné. On aura beau nous rappeler que les peuples païens montrent à l'envi les dieux descendant sur la Terre sous une forme humaine et tirer de là la conclusion que notre histoire est un mythe. L'argument ne fait sur nous aucune impression. Nous pensons même qu'on peut le retourner. Nous croyons qu'il est plus raisonnable de soutenir que les apparitions des dieux des païens sont un simple écho des visites célestes reçues par l'humanité à son origine. Ce sont les derniers rayons de la religion primitive ayant précédé le paganisme, sous l'empire de laquelle s'étaient établies des relations entre le ciel et la terre. N'y a-t-il pas là, de même que dans les traditions païennes d'un âge d'or, le souvenir de ce qui se passa dans le paradis, en même temps qu'un pressentiment des rapports entre le monde invisible et le monde visible qui marqueront la fin de l'histoire humaine ?

La première question préalable à résoudre, avant de juger l'histoire de mon texte, est celle de l'existence de Dieu. Dieu est-il un Dieu personnel, tout-puissant ; se révèle-t-il à l'homme ; a-t-il des compassions pour notre misère ? Croit-on de plus que Dieu a créé l'homme à son image ? Croit-on sérieusement que la foi est le rétablissement de cette image altérée par le péché ? Si l'on croit tout cela, notre histoire n'a plus rien d'absurde. Elle devient même touchante, quand on pense à la longue épreuve de l'existence d'Abraham, laquelle fut une vie d'attente et réclamait des consolations. Pourquoi le Seigneur ne se serait-il pas manifesté à son serviteur d'une manière visible, corporelle ? Le Créateur de toutes choses n'aurait-il pas le pouvoir de se servir de la figure de notre humanité qui est proprement son image ? (1)

Assurément, cette histoire demeure bien mystérieuse. Elle laisse irrésolues nombre de questions. Avant toutefois de la rejeter, souvenez-vous qu'elle ressemble fort à une autre histoire plus importante encore, celle de l'incarnation du Fils de Dieu. Luther a pu appeler Jésus celui que le monde ne peut contenir et que Marie tient pourtant dans ses bras. Au fait, les personnes qui hochent la tête au sujet du récit dont nous nous occupons ne la hochent pas moins sur les premières pages de l'Évangile. Quant à nous, nous admettons sans hésiter un miracle en harmonie aussi parfaite, aussi intime, avec l'amour de Dieu pour sa créature.

Chacun pourra observer que la visite extraordinaire accordée à Mamré concerne davantage Sara que le patriarche. Les hôtes célestes parlent d'elle à son mari. C'est en parlant d'elle qu'ils laissent voir leur caractère surnaturel. La question : « Où est Sara ? » la promesse : « dans un an Sara aura un fils », nous mettent en présence de la toute-science divine. Ce sont ces paroles qui ont sans doute fait voir clairement à Abraham qu'il logeait des êtres d'une nature supérieure. Non seulement le vieillard reconnaît qu'ils lisent dans les coeurs, mais il constate en eux la volonté, le pouvoir de répondre à ses plus secrets désirs.

Sara, cachée derrière le rideau de l'entrée de la tente a entendu, elle aussi, la promesse. Elle en a ri. Elle a ri parce que l'événement lui parait impossible. Son rire est le rire de l'incrédulité. Il naît de l'importance qu'elle attache au monde visible ? à ses lois. Elle essaiera de nier ce rire, c'est ce qui lui attirera cette répréhension : « Y a-t-il rien qui soit étonnant de la part de l'Éternel ? »

Sara ne ressemble guère pour la foi à Marie, la mère du Sauveur (Luc I, 38). Elle ne ressemble pas davantage à Anne, la pieuse mère de Samuel. Elle n'est, j'en conviens, le plus souvent qu'un coeur et qu'une âme avec son époux, mais sa foi est plus faible, bien plus sujette à chanceler. Est-ce qu'elle n'aurait pas dû naguère reprendre son mari, quand celui-ci eut l'idée de la faire passer pour sa soeur ? La femme intelligente saura à l'occasion dire avec douceur à un époux : « Ce que tu fais est-il bien ? » C'est en parlant de la sorte qu'une femme chrétienne deviendra dans le mariage une aide utile, non pas en approuvant sans réserve tout ce que fait son seigneur et maître, et en se pâmant d'admiration devant lui. Sara, me paraît-il, s'était trop facilement prêtée aux projets d'Abraham. Pas plus qu'elle n'a su lui résister naguère, elle n'a su non plus dans ses heures de doute lui apporter des paroles d'encouragement. Sa foi vacille avec celle d'Abraham, je dirai : avant celle d'Abraham. N'est-ce pas elle qui a poussé le patriarche à prendre une concubine pour en avoir un héritier ? N'est-ce pas elle qui l'a expressément engagé à cet acte qui était un acte d'incrédulité ?

À la décharge de Sara, nous devons dire que la femme antique n'avait pas le développement de la femme moderne. Israël ne constituait malheureusement pas à cet égard une très notable exception parmi les peuples. Souvenez-vous des faits et gestes des femmes des autres patriarches, de la conduite de Rebecca, de celle de Léa, de celle de Rachel, de celle de la femme de Job, de celle de Mical, la femme de David, des femmes de Salomon qui l'induisirent au mal. Ces femmes n'étaient point réellement, au sens spirituel, les compagnes de leurs maris. Elles n'étaient pas leurs aides. La pieuse Anne que j'ai déjà nommée est une exception venant confirmer la règle. Avec la nouvelle alliance, l'état de la femme change. La femme y est très souvent supérieure à l'homme pour la simplicité de la foi, pour la charité, la bonté, la fidélité à l'Évangile. L'attachement que la femme chrétienne montre à Jésus-Christ procéderait-il, ainsi qu'on l'a dit, de ce qu'elle découvre en lui deux fois son libérateur, non seulement de ce qu'il est pour elle le libérateur du péché et de la mort, mais aussi le libérateur de l'état d'infériorité où elle était reléguée dans l'antiquité ? N'arrive-t-il pas que celui qui a plus reçu aime plus ?

Revenons à Sara. Il ne convenait pas que la mère du peuple de Dieu, l'épouse du père des croyants gardât une foi chancelante. Il fallait aussi que le fils de Marie eût une aïeule fermement croyante. Aussi Dieu va-t-il s'occuper de raffermir la foi de Sara. Il lui parle avec une certaine sévérité et Sara finit par s'humilier dans un silence plein de confusion. Au rire de l'incrédulité a succédé l'humiliation, puis le recueillement et bientôt lui succédera un autre rire, celui de la joie ; Si le rire dans sa première et naturelle signification, est l'expression de la joie, il doit se trouver aussi sur les lèvres des croyants. La visite de l'ange aura donc établi une harmonie supérieure entre les deux époux, la communion d'esprit qui leur manquait. L'Éternel donne à Abraham une vraie femme avant de lui donner le fils promis.

Me tromperai-je en pensant qu'il y eut là un exaucement des prières d'Abraham ? Je ne puis m'empêcher de penser que souvent il avait lutté avec Dieu, à l'ombre des chênes ou des palmiers, en demandant pour sa compagne une foi plus grande, une âme s'intéressant davantage aux choses d'en-haut. « Seigneur, Seigneur, disait-il peut-être, donne-moi son âme. Seigneur tout-puissant, donne-moi son âme ! » Bien des années s'étaient écoulées avant que l'exaucement fût accordé. La foi persévérante du patriarche venait enfin d'être couronnée par le succès.


2. Toi et ta femme.

Plus d'un mari, plus d'une femme en me lisant auront à faire des réflexions sérieuses. Les époux ne sont pas toujours parfaitement unis au point de vue religieux, partageant la même foi, la même charité, la même espérance. Il arrive souvent à notre époque que le mari regarde de haut la foi de sa compagne. Il se figure que la religion n'est pas affaire d'homme, mais affaire de femmes et d'enfants. Il s'imagine que la science avec ses résultats certains suffira à le guider à travers la vie. Il met de côté la Bible, haussant les épaules sur ses récits qu'il traite de fables. Rien de plus contraire à la saine raison qu'une telle attitude. Il est très aisé de démontrer et que la science ne prouve rien contre la foi et que la foi développe la virilité de la volonté, le courage, les véritables qualités de l'homme. Nos incrédules ne sont-ils pas une démonstration vivante de ce que j'avance ? Regardez-les dans la détresse : ils se conduisent en général avec beaucoup moins d'énergie que nos femmes. Ils perdent souvent immédiatement courage et ne savent que recourir au suicide, cette suprême lâcheté. Les membres du sexe fort se conduisent dans l'infortune comme des femmes et des enfants ; ils plongent leurs familles dans la honte en s'ôtant la vie. Avez-vous vu souvent les mères montrer un pareil oubli du devoir ?

N'est-ce pas une grande douleur pour deux êtres appelés à n'en former qu'un seul, unis jusqu'à la mort, destinés à revivre ensemble en des enfants, de se sentir profondément séparés en ce qui concerne le sentiment religieux, ce sentiment qui est comme l'âme de notre âme. Elle est intolérable, affreuse, la situation de la femme obligée de se taire devant son mari sur ce qu'elle a de plus cher au monde, sur ses espérances religieuses. Quoi de plus triste que de voir un mari railler ce que la femme a de plus saint ? Oui, le mariage devient une chaîne malheureuse, quand l'homme fait donner à ses enfants une éducation qui les conduira infailliblement à l'incrédulité, quand chacun des époux a des idées à part sur la meilleure manière d'élever un fils, une fille !

Que doit faire dans ce cas celui des deux époux qui est croyant ? Il n'a pas d'oeuvre extérieure à accomplir. Il a à aimer, à espérer, à prier, à supporter. Une femme chrétienne doit avant tout se garder de beaucoup parler, surtout de disputer. Lutter contre l'incrédulité, défendre la foi, en particulier sur le terrain scientifique, exigent d'autres dons que ceux de la femme. L'un et l'autre d'ailleurs servent à peu de chose ; car la source de l'incrédulité n'est pas d'abord dans l'intelligence, mais dans le coeur. Que la femme se garde de supplier son mari de l'accompagner à l'église, de s'approcher avec elle de la table sainte ! Le mari qui, dans une heure de faiblesse, a promis d'accéder à ce désir, accomplira son engagement avec regrets, dans un esprit critique ; il n'est rien à attendre d'une telle démarche. Le pire est que la femme, s'avisât de faire des concessions à la frivolité. Elle se trompe grandement si elle suppose qu'en devenant un peu plus mondaine pour l'agrément de son mari, celui-ci de son côté deviendra plus religieux. Vain espoir que celui-là. L'amabilité et la douceur sont le précieux ornement d'une femme. Mais elles ne la pareront d'une grâce réelle que lorsqu'elle aura pour constante devise d'être « inébranlable dans la foi, persévérante dans la vérité. »

« Un esprit paisible », un témoignage qui ne s'accompagne pas de beaucoup de paroles, pas surtout de l'aspiration actuelle à l'émancipation, est aujourd'hui, comme il y a dix-huit siècles, aux jours où Pierre recommanda cette disposition à ses lectrices, la meilleure recette pour gagner à la foi un mari. L'esprit paisible exclut le flux des paroles, mais non pas l'activité. Ce n'est point le sommeil. C'est une prédication de l'Évangile de tous les instants par la pratique des vertus de Jésus. Cette pratique est la vocation des jeunes femmes. L'arbre se reconnaît à ses fruits. Celle qui a les fruits de l'esprit de Christ : l'amour, la joie, la paix, la patience, l'amabilité, la bonté, la foi, la douceur, la chasteté parlera au coeur de son mari par l'éloquence de ses sentiments et de ses oeuvres. Quand un mari incrédule commence à dire de sa femme croyante : « Elle est meilleure que moi », il est touché, il est sur le chemin d'un changement. Le mari qui remarque que dans l'épreuve sa femme a plus de support, de dévouement et de charité que lui, sent son incrédulité bien près de faire banqueroute.

Il est quelque chose de plus important encore que cette prédication sans paroles. Je pense à cette lutte de la prière avec Dieu qui se poursuit dans la chambre solitaire, à cette lutte qui emploie les paroles, recourt aux larmes, aux soupirs inexprimables. C'est dans cette lutte que la femme puisera la force d'être sage et bonne. Une telle lutte finira aujourd'hui comme sous les chênes de Mamré, par triompher du Dieu tout-puissant. Vous pourrez avoir à appeler Dieu bien avant dans la nuit, être obligé de recommencer à l'appeler dès le matin ; ne doutez jamais du coeur de Dieu et ne désespérez pas ! Ah ! le combat durera peut-être longtemps. Plus d'une femme a vu l'exaucement de ses supplications seulement du haut du ciel. Mais ce qu'Ambroise disait à Monique, à propos de son fils Augustin : « Le fils de tant de larmes ne saurait périr ! » ne s'appliquerait-il point aussi à l'époux, objet de tant de larmes de sa compagne ? La femme chrétienne, qui persévère ainsi dans la prière, verra presque toujours son mari lui laisser la direction religieuse dans l'éducation de ses enfants. Elle obtiendra quelque chose de plus important ; une influence particulière sur le coeur de ses enfants. Ceux-ci ne manqueront pas de dire : « Notre mère a raison. C'est sa foi qui la rend aimable, bonne et heureuse. » Une telle conviction sera le plus sûr préservatif des enfants contre l'incrédulité. Elle vaudra infiniment mieux que la lecture de toutes les apologies, de toutes les dissertations théologiques.

Encore un mot sur Abraham que Sara nous a fait un peu oublier. Quelle jubilation dans son coeur, quand il apprit que son attente allait avoir un terme prochain. J'entends ce cri s'élever de l'âme du vénérable centenaire : « Enfin, enfin, mon anxiété va finir ! » Il avait attendu, attendu sans voir, 24 ans ! Le spectacle qu'il avait sous les yeux ne cessait de lui répéter : « Ton attente est une folie, chaque jour la rend plus folle. » Pesez, calculez, estimez ce que signifient 24 fois 365 jours d'attente ! Il est dans la nature humaine une puissance d'espérer, presque indestructible. Elle renaît sans cesse à la vie malgré les déceptions. Cette puissance d'espérer fut l'un des premiers dons que Dieu accorda à l'homme. Sans ce don, la race humaine eût été perdue après la chute. Le don est particulièrement riche chez la femme qui, sous ce rapport, ressemble à l'enfant. Il existe toutefois aussi chez l'homme. Mais ce don ne s'épanouit dans toute sa splendeur que sur le terrain propice de la foi. Abraham garda son espérance, parce qu'il fut l'homme de la foi. L'espérance en lui trembla plus d'une fois ; elle fut souvent agitée par le vent de l'angoisse, de la crainte, du doute. Maintenant tout cela est passé. Les cloches qui annoncent Noël vont sonner pour le vieux croyant. Et lorsqu'on sait le moment où un voeu sera comblé, ce voeu n'a-t-il pas commencé déjà d'être comblé ?

Sans doute une année est longue. Mais une année passe vite et s'envole, lorsqu'on peut compter sur une promesse expresse de Dieu. Une année dans la souffrance, dans le désespoir, c'est une petite éternité ; que dis-je, une simple nuit, lorsqu'on souffre de douleurs intolérables, paraît souvent n'avoir pas de fin. Mais le captif qui attend le matin où il sera libre, le voyageur qui contemple déjà du désert les tours de la cité, vers laquelle il se dirige, ont presque cessé de souffrir.

Que te dirai-je, enfin, à toi, mon pauvre coeur, mon coeur tourmenté ? Ta vie se poursuit parfois au milieu de la fièvre d'une agitation sans trêve ; tu es pressé, poursuivi par l'épreuve, par des tribulations sans fin. Mais ne sais-tu pas par expérience que le souffle de Dieu peut en un instant dissiper tous les nuages, faire luire le soleil sur ta route, t'amener à dire : « Toutes mes calamités, toutes mes douleurs ont eu une heureuse fin ? » Ne désespère pas ! « Y a-t-il rien qui soit étonnant de la part de l'Éternel ? » Serait-il difficile à Dieu de te délivrer de tous les soucis qui t'accablent !

Et s'il en était parmi mes lecteurs, - il en est probablement, je les vois, je souffre avec eux, - qui fussent appelés, par le conseil mystérieux du Tout-Puissant, à porter jusqu'au bout de leur carrière une douleur physique, peut-être quelque douleur spirituelle, je leur dirai que la vraie fin de la vie présente n'est pas sa fin, que la vraie fin est par delà ce monde, dans le ciel. N'entendez-vous pas sonner déjà pour vous les cloches qui annoncent Noël ? N'entendez-vous pas déjà les doux accents du cantique avec lequel les anges, les esprits bienheureux vous recevront un jour : « Il est un repos pour le peuple de Dieu ? » Les portes du monde invisible ne peuvent-elles pas s'ouvrir devant vous inopinément, plus vite que vous ne pensez ? Et quand elles ne s'ouvriraient que tardivement, ne devrez-vous pas finalement reconnaître que Dieu a tout bien mené, qu'il vous a conduit avec amour même en vous faisant traverser d'obscurs défilés ? Mais quoi ! la perspective vous parait-elle trop grandiose, vous fait-elle sourire peut-être, comme elle faisait sourire l'incrédule Sarah ! dans ce cas, contraignez-vous à espérer !

Cramponnez-vous, en dépit des railleries du vieil homme, et comme le noyé qui s'attache à une sûre épave, cramponnez-vous, dis-je, à cette parole, par laquelle Dieu confondit le doute de Sara, qui vous est adressée, à vous aussi, à cette heure, de la part de Dieu : « Y a-t-il rien qui soit étonnant de la part de l'Éternel ? »

(1) L'Ange identifié ici avec l'Éternel est probablement, selon nous, le même qu'on voit apparaître ailleurs sous le nom d'Ange de l'Éternel ou d'Ange de l'Alliance (Gen. 16, 7 ; 21,17 ; 22, 15. Ex. 23, 20-24). C'est le représentant par excellence de Jéhovah. Et il serait possible que ce Révélateur fût déjà une apparition fugitive du Fils de Dieu lui-même, dont l'auteur va parler. N. du T.

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