« Alors ils lui dirent : Où est Sara ta femme ? Il répondit : Elle est là, dans la tente. L'un d'entre eux dit : Je reviendrai vers toi à cette même époque ; et voici, Sara, ta femme aura un fils. Sara écoutait à l'entrée de la tente, qui était derrière lui. Abraham et Sara étaient vieux, avancés en âge ; et Sara ne pouvait plus espérer d'avoir des enfants. Elle rit en elle-même... L'Éternel dit à Abraham : Pourquoi donc Sara a-t-elle ri en disant : Est-ce que vraiment j'aurais un enfant, moi qui suis vieille ? Y a-t-il rien qui soit étonnant de la part de l'Éternel ? Au temps fixé, je reviendrai vers toi vers cette même époque ; et Sara aura un fils. Sara mentit, en disant : Je n'ai pas ri. Car elle eut peur. Mais il dit : Au contraire, tu as ri. »
Gen. XVIII, 9-15
1. Abraham et Sara.
Cette histoire est une de celles qui, dans
la Bible, ont l'heur de scandaliser un grand nombre
d'honnêtes gens ! Il est vrai qu'elle
est comme baignée d'une céleste
poésie. Résumez-la d'une
manière un peu vivante à des enfants.
Je parle des enfants, parce qu'ils sont
peut-être les meilleurs juges en
poésie. L'attention dont feront preuve leurs
yeux brillants montrera qu'ils ont
été réellement
empoignés. « Oui, disent nos
critiques, elle empoigne. Mais nous ne saurions la
considérer comme authentique. Laissant de
côté ici la question de l'existence
des anges, nous dirons qu'il est pourtant par trop
fort de faire apparaître Jéhovah sous
une figure humaine. » Ainsi parlent des
personnes qui paraissent aimer la Parole de Dieu et
la comprendre jusqu'à un certain point.
Je ne me permettrai pas de condamner ces
personnes. Le chrétien doit se garder de
juger. Je ne prétendrai pas que la foi qui
s'exprime
comme
je l'ai rapporté manque de sérieux.
Je ne puis cependant être de l'avis qui vient
d'être donné. On aura beau nous
rappeler que les peuples païens montrent
à l'envi les dieux descendant sur la Terre
sous une forme humaine et tirer de là la
conclusion que notre histoire est un mythe.
L'argument ne fait sur nous aucune impression. Nous
pensons même qu'on peut le retourner. Nous
croyons qu'il est plus raisonnable de soutenir que
les apparitions des dieux des païens sont un
simple écho des visites célestes
reçues par l'humanité à son
origine. Ce sont les derniers rayons de la religion
primitive ayant précédé le
paganisme, sous l'empire de laquelle
s'étaient établies des relations
entre le ciel et la terre. N'y a-t-il pas
là, de même que dans les traditions
païennes d'un âge d'or, le souvenir de
ce qui se passa dans le paradis, en même
temps qu'un pressentiment des rapports entre le
monde invisible et le monde visible qui marqueront
la fin de l'histoire humaine ?
La première question préalable
à résoudre, avant de juger l'histoire
de mon texte, est celle de l'existence de Dieu.
Dieu est-il un Dieu personnel, tout-puissant ;
se révèle-t-il à
l'homme ; a-t-il des compassions pour notre
misère ? Croit-on de plus que Dieu a
créé l'homme à son
image ? Croit-on sérieusement que la
foi est le rétablissement de cette image
altérée par le
péché ? Si l'on croit tout cela,
notre histoire n'a plus rien d'absurde. Elle
devient même touchante, quand on pense
à la longue épreuve de l'existence
d'Abraham, laquelle fut une vie d'attente et
réclamait des consolations. Pourquoi le
Seigneur ne se serait-il pas manifesté
à son serviteur d'une manière
visible, corporelle ? Le Créateur de
toutes choses n'aurait-il pas le pouvoir de se
servir de la figure de notre humanité qui
est proprement son image ?
(1)
Assurément, cette histoire demeure
bien mystérieuse. Elle laisse
irrésolues nombre de questions. Avant
toutefois de la rejeter, souvenez-vous qu'elle
ressemble fort à une autre histoire plus
importante encore, celle de l'incarnation du Fils
de Dieu. Luther a pu appeler Jésus celui que
le monde ne peut contenir et que Marie tient
pourtant dans ses bras. Au fait, les personnes qui
hochent la tête au sujet du récit dont
nous nous occupons ne la hochent pas moins sur les
premières pages de l'Évangile. Quant
à nous, nous admettons sans hésiter
un miracle en harmonie aussi parfaite, aussi
intime, avec l'amour de Dieu pour sa
créature.
Chacun pourra observer que la visite
extraordinaire accordée à
Mamré concerne davantage Sara que le
patriarche. Les hôtes célestes parlent
d'elle à son mari. C'est en parlant d'elle
qu'ils laissent voir leur caractère
surnaturel. La question :
« Où est Sara ? »
la promesse : « dans un an Sara aura
un fils », nous mettent en
présence de la toute-science divine. Ce sont
ces paroles qui ont sans doute fait voir clairement
à Abraham qu'il logeait des êtres
d'une nature supérieure. Non seulement le
vieillard reconnaît qu'ils lisent dans les
coeurs, mais il constate en eux la volonté,
le pouvoir de répondre à ses plus
secrets désirs.
Sara, cachée derrière le
rideau de l'entrée de la tente a entendu,
elle aussi, la promesse. Elle en a ri. Elle a ri
parce que l'événement lui parait
impossible. Son rire est le rire de
l'incrédulité. Il naît de
l'importance qu'elle attache au monde
visible ? à ses lois. Elle essaiera de
nier ce rire, c'est ce qui lui attirera cette
répréhension : « Y
a-t-il rien qui soit étonnant de la part de
l'Éternel ? »
Sara ne ressemble guère pour la foi
à Marie, la mère du Sauveur
(Luc
I, 38). Elle ne ressemble pas
davantage à Anne, la pieuse mère de
Samuel. Elle n'est, j'en conviens, le plus souvent
qu'un coeur et qu'une âme avec son
époux, mais sa foi est plus faible, bien
plus sujette à chanceler. Est-ce qu'elle
n'aurait pas dû naguère reprendre son
mari, quand celui-ci eut l'idée de la
faire passer pour sa
soeur ? La femme intelligente saura à
l'occasion dire avec douceur à un
époux : « Ce que tu fais
est-il bien ? » C'est en parlant de
la sorte qu'une femme chrétienne deviendra
dans le mariage une aide utile, non pas en
approuvant sans réserve tout ce que fait son
seigneur et maître, et en se pâmant
d'admiration devant lui. Sara, me paraît-il,
s'était trop facilement prêtée
aux projets d'Abraham. Pas plus qu'elle n'a su lui
résister naguère, elle n'a su non
plus dans ses heures de doute lui apporter des
paroles d'encouragement. Sa foi vacille avec celle
d'Abraham, je dirai : avant celle d'Abraham.
N'est-ce pas elle qui a poussé le patriarche
à prendre une concubine pour en avoir un
héritier ? N'est-ce pas elle qui l'a
expressément engagé à cet acte
qui était un acte
d'incrédulité ?
À la décharge de Sara, nous
devons dire que la femme antique n'avait pas le
développement de la femme moderne.
Israël ne constituait malheureusement pas
à cet égard une très notable
exception parmi les peuples. Souvenez-vous des
faits et gestes des femmes des autres patriarches,
de la conduite de Rebecca, de celle de Léa,
de celle de Rachel, de celle de la femme de Job, de
celle de Mical, la femme de David, des femmes de
Salomon qui l'induisirent au mal. Ces femmes
n'étaient point réellement, au sens
spirituel, les compagnes de leurs maris. Elles
n'étaient pas leurs aides. La pieuse Anne
que j'ai déjà nommée est une
exception venant confirmer la règle. Avec la
nouvelle alliance, l'état de la femme
change. La femme y est très souvent
supérieure à l'homme pour la
simplicité de la foi, pour la
charité, la bonté, la
fidélité à l'Évangile.
L'attachement que la femme chrétienne montre
à Jésus-Christ procéderait-il,
ainsi qu'on l'a dit, de ce qu'elle découvre
en lui deux fois son libérateur, non
seulement de ce qu'il est pour elle le
libérateur du péché et de la
mort, mais aussi le libérateur de
l'état d'infériorité où
elle était reléguée dans
l'antiquité ? N'arrive-t-il pas que
celui qui a plus reçu aime plus ?
Revenons à Sara. Il ne convenait pas
que la mère du peuple de
Dieu, l'épouse du père des croyants
gardât une foi chancelante. Il fallait aussi
que le fils de Marie eût une aïeule
fermement croyante. Aussi Dieu va-t-il s'occuper de
raffermir la foi de Sara. Il lui parle avec une
certaine sévérité et Sara
finit par s'humilier dans un silence plein de
confusion. Au rire de l'incrédulité a
succédé l'humiliation, puis le
recueillement et bientôt lui succédera
un autre rire, celui de la joie ; Si le rire
dans sa première et naturelle signification,
est l'expression de la joie, il doit se trouver
aussi sur les lèvres des croyants. La visite
de l'ange aura donc établi une harmonie
supérieure entre les deux époux, la
communion d'esprit qui leur manquait.
L'Éternel donne à Abraham une vraie
femme avant de lui donner le fils promis.
Me tromperai-je en pensant qu'il y eut
là un exaucement des prières
d'Abraham ? Je ne puis m'empêcher de
penser que souvent il avait lutté avec Dieu,
à l'ombre des chênes ou des palmiers,
en demandant pour sa compagne une foi plus grande,
une âme s'intéressant davantage aux
choses d'en-haut. « Seigneur, Seigneur,
disait-il peut-être, donne-moi son âme.
Seigneur tout-puissant, donne-moi son
âme ! » Bien des années
s'étaient écoulées avant que
l'exaucement fût accordé. La foi
persévérante du patriarche venait
enfin d'être couronnée par le
succès.
2. Toi et ta femme.
Plus d'un mari, plus d'une femme en me
lisant auront à faire des réflexions
sérieuses. Les époux ne sont pas
toujours parfaitement unis au point de vue
religieux, partageant la même foi, la
même charité, la même
espérance. Il arrive souvent à notre
époque que le mari regarde de haut la foi de
sa compagne. Il se figure que la religion n'est pas
affaire d'homme, mais affaire de femmes et
d'enfants. Il s'imagine que la science avec ses
résultats certains suffira à le
guider à travers la vie. Il met de
côté la Bible, haussant les
épaules sur ses récits qu'il traite
de fables. Rien de plus contraire à la saine
raison qu'une telle attitude. Il
est très aisé de démontrer et
que la science ne prouve rien contre la foi et que
la foi développe la virilité de la
volonté, le courage, les véritables
qualités de l'homme. Nos incrédules
ne sont-ils pas une démonstration vivante de
ce que j'avance ? Regardez-les dans la
détresse : ils se conduisent en
général avec beaucoup moins
d'énergie que nos femmes. Ils perdent
souvent immédiatement courage et ne savent
que recourir au suicide, cette suprême
lâcheté. Les membres du sexe fort se
conduisent dans l'infortune comme des femmes et des
enfants ; ils plongent leurs familles dans la
honte en s'ôtant la vie. Avez-vous vu souvent
les mères montrer un pareil oubli du
devoir ?
N'est-ce pas une grande douleur pour deux
êtres appelés à n'en former
qu'un seul, unis jusqu'à la mort,
destinés à revivre ensemble en des
enfants, de se sentir profondément
séparés en ce qui concerne le
sentiment religieux, ce sentiment qui est comme
l'âme de notre âme. Elle est
intolérable, affreuse, la situation de la
femme obligée de se taire devant son mari
sur ce qu'elle a de plus cher au monde, sur ses
espérances religieuses. Quoi de plus triste
que de voir un mari railler ce que la femme a de
plus saint ? Oui, le mariage devient une
chaîne malheureuse, quand l'homme fait donner
à ses enfants une éducation qui les
conduira infailliblement à
l'incrédulité, quand chacun des
époux a des idées à part sur
la meilleure manière d'élever un
fils, une fille !
Que doit faire dans ce cas celui des deux
époux qui est croyant ? Il n'a pas
d'oeuvre extérieure à accomplir. Il a
à aimer, à espérer, à
prier, à supporter. Une femme
chrétienne doit avant tout se garder de
beaucoup parler, surtout de disputer. Lutter contre
l'incrédulité, défendre la
foi, en particulier sur le terrain scientifique,
exigent d'autres dons que ceux de la femme. L'un et
l'autre d'ailleurs servent à peu de
chose ; car la source de
l'incrédulité n'est pas d'abord dans
l'intelligence, mais dans le coeur. Que la femme se
garde de supplier son mari de l'accompagner
à l'église, de s'approcher avec elle
de la table sainte ! Le mari qui, dans une
heure de
faiblesse, a promis d'accéder à ce
désir, accomplira son engagement avec
regrets, dans un esprit critique ; il n'est
rien à attendre d'une telle démarche.
Le pire est que la femme, s'avisât de faire
des concessions à la frivolité. Elle
se trompe grandement si elle suppose qu'en devenant
un peu plus mondaine pour l'agrément de son
mari, celui-ci de son côté deviendra
plus religieux. Vain espoir que celui-là.
L'amabilité et la douceur sont le
précieux ornement d'une femme. Mais elles ne
la pareront d'une grâce réelle que
lorsqu'elle aura pour constante devise d'être
« inébranlable dans la foi,
persévérante dans la
vérité. »
« Un esprit paisible »,
un témoignage qui ne s'accompagne pas de
beaucoup de paroles, pas surtout de l'aspiration
actuelle à l'émancipation, est
aujourd'hui, comme il y a dix-huit siècles,
aux jours où Pierre recommanda cette
disposition à ses lectrices, la meilleure
recette pour gagner à la foi un mari.
L'esprit paisible exclut le flux des paroles, mais
non pas l'activité. Ce n'est point le
sommeil. C'est une prédication de
l'Évangile de tous les instants par la
pratique des vertus de Jésus. Cette pratique
est la vocation des jeunes femmes. L'arbre se
reconnaît à ses fruits. Celle qui a
les fruits de l'esprit de Christ : l'amour, la
joie, la paix, la patience, l'amabilité, la
bonté, la foi, la douceur, la
chasteté parlera au coeur de son mari par
l'éloquence de ses sentiments et de ses
oeuvres. Quand un mari incrédule commence
à dire de sa femme croyante :
« Elle est meilleure que moi »,
il est touché, il est sur le chemin d'un
changement. Le mari qui remarque que dans
l'épreuve sa femme a plus de support, de
dévouement et de charité que lui,
sent son incrédulité bien près
de faire banqueroute.
Il est quelque chose de plus important
encore que cette prédication sans paroles.
Je pense à cette lutte de la prière
avec Dieu qui se poursuit dans la chambre
solitaire, à cette lutte qui emploie les
paroles, recourt aux larmes, aux soupirs
inexprimables. C'est dans cette lutte que la femme
puisera la force d'être sage et bonne. Une telle
lutte finira
aujourd'hui
comme sous les chênes de Mamré, par
triompher du Dieu tout-puissant. Vous pourrez avoir
à appeler Dieu bien avant dans la nuit,
être obligé de recommencer à
l'appeler dès le matin ; ne doutez
jamais du coeur de Dieu et ne
désespérez pas ! Ah ! le
combat durera peut-être longtemps. Plus d'une
femme a vu l'exaucement de ses supplications
seulement du haut du ciel. Mais ce qu'Ambroise
disait à Monique, à propos de son
fils Augustin : « Le fils de tant de
larmes ne saurait périr ! »
ne s'appliquerait-il point aussi à
l'époux, objet de tant de larmes de sa
compagne ? La femme chrétienne, qui
persévère ainsi dans la
prière, verra presque toujours son mari lui
laisser la direction religieuse dans
l'éducation de ses enfants. Elle obtiendra
quelque chose de plus important ; une
influence particulière sur le coeur de ses
enfants. Ceux-ci ne manqueront pas de dire :
« Notre mère a raison. C'est sa
foi qui la rend aimable, bonne et
heureuse. » Une telle conviction sera le
plus sûr préservatif des enfants
contre l'incrédulité. Elle vaudra
infiniment mieux que la lecture de toutes les
apologies, de toutes les dissertations
théologiques.
Encore un mot sur Abraham que Sara nous a
fait un peu oublier. Quelle jubilation dans son
coeur, quand il apprit que son attente allait avoir
un terme prochain. J'entends ce cri s'élever
de l'âme du vénérable
centenaire : « Enfin, enfin, mon
anxiété va finir ! »
Il avait attendu, attendu sans voir, 24 ans !
Le spectacle qu'il avait sous les yeux ne cessait
de lui répéter : « Ton
attente est une folie, chaque jour la rend plus
folle. » Pesez, calculez, estimez ce que
signifient 24 fois 365 jours d'attente ! Il
est dans la nature humaine une puissance
d'espérer, presque indestructible. Elle
renaît sans cesse à la vie
malgré les déceptions. Cette
puissance d'espérer fut l'un des premiers
dons que Dieu accorda à l'homme. Sans ce
don, la race humaine eût été
perdue après la chute. Le don est
particulièrement riche chez la femme qui,
sous ce rapport, ressemble à l'enfant. Il
existe toutefois aussi chez l'homme. Mais ce don ne
s'épanouit dans toute sa splendeur que sur le
terrain
propice de la foi. Abraham garda son
espérance, parce qu'il fut l'homme de la
foi. L'espérance en lui trembla plus d'une
fois ; elle fut souvent agitée par le
vent de l'angoisse, de la crainte, du doute.
Maintenant tout cela est passé. Les cloches
qui annoncent Noël vont sonner pour le vieux
croyant. Et lorsqu'on sait le moment où un
voeu sera comblé, ce voeu n'a-t-il pas
commencé déjà d'être
comblé ?
Sans doute une année est longue. Mais
une année passe vite et s'envole, lorsqu'on
peut compter sur une promesse expresse de Dieu. Une
année dans la souffrance, dans le
désespoir, c'est une petite
éternité ; que dis-je, une
simple nuit, lorsqu'on souffre de douleurs
intolérables, paraît souvent n'avoir
pas de fin. Mais le captif qui attend le matin
où il sera libre, le voyageur qui contemple
déjà du désert les tours de la
cité, vers laquelle il se dirige, ont
presque cessé de souffrir.
Que te dirai-je, enfin, à toi, mon
pauvre coeur, mon coeur tourmenté ? Ta
vie se poursuit parfois au milieu de la
fièvre d'une agitation sans
trêve ; tu es pressé, poursuivi
par l'épreuve, par des tribulations sans
fin. Mais ne sais-tu pas par expérience que
le souffle de Dieu peut en un instant dissiper tous
les nuages, faire luire le soleil sur ta route,
t'amener à dire : « Toutes
mes calamités, toutes mes douleurs ont eu
une heureuse fin ? » Ne
désespère pas ! « Y
a-t-il rien qui soit étonnant de la part de
l'Éternel ? » Serait-il
difficile à Dieu de te délivrer de
tous les soucis qui t'accablent !
Et s'il en était parmi mes lecteurs,
- il en est probablement, je les vois, je souffre
avec eux, - qui fussent appelés, par le
conseil mystérieux du Tout-Puissant,
à porter jusqu'au bout de leur
carrière une douleur physique,
peut-être quelque douleur spirituelle, je
leur dirai que la vraie fin de la vie
présente n'est pas sa fin, que la vraie fin
est par delà ce monde, dans le ciel.
N'entendez-vous pas sonner déjà pour
vous les cloches qui annoncent Noël ?
N'entendez-vous pas déjà les doux
accents du cantique avec lequel les anges, les
esprits bienheureux vous
recevront un jour : « Il est un
repos pour le peuple de Dieu ? » Les
portes du monde invisible ne peuvent-elles pas
s'ouvrir devant vous inopinément, plus vite
que vous ne pensez ? Et quand elles ne
s'ouvriraient que tardivement, ne devrez-vous pas
finalement reconnaître que Dieu a tout bien
mené, qu'il vous a conduit avec amour
même en vous faisant traverser d'obscurs
défilés ? Mais quoi ! la
perspective vous parait-elle trop grandiose, vous
fait-elle sourire peut-être, comme elle
faisait sourire l'incrédule Sarah !
dans ce cas, contraignez-vous à
espérer !
Cramponnez-vous, en dépit des
railleries du vieil homme, et comme le noyé
qui s'attache à une sûre épave,
cramponnez-vous, dis-je, à cette parole, par
laquelle Dieu confondit le doute de Sara, qui vous
est adressée, à vous aussi, à
cette heure, de la part de Dieu :
« Y a-t-il rien qui soit étonnant
de la part de l'Éternel ? »
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