« Un fuyard vint l'annoncer à Abram, l'Hébreu ; celui-ci habitait parmi les chênes de Mamré, Amoréen, frère d'Eschcol, et frère d'Aner, qui avait fait alliance avec Abram. Dès qu'Abram eut appris que son frère avait été fait prisonnier, il arma trois cent dix-huit de ses plus braves serviteurs, nés dans sa maison, et il poursuivit les rois jusqu'à Dan. Il divisa sa troupe, pour les attaquer de nuit, lui et ses serviteurs ; il les battit, et les poursuivit jusqu'à Choba qui est à la gauche de Damas. Il ramena toutes les richesses ; il ramena aussi Lot, son frère, avec ses biens, ainsi que les femmes et le peuple. »
1. Foi et bravoure.
La foi se montre souvent en ce monde sous des figures propres à
scandaliser. Elle nous apparaîtra sous des images qui heurteront notre
sens du beau, notre sens esthétique. Je songe à Lazare, couché dans le
voisinage de la porte du riche, avec son corps couvert d'ulcères, avec
les chiens qui l'entourent et qui lèchent ses plaies. Regardez encore
cette pécheresse, peut-être devrais-je dire cette prostituée, qui
pleure aux pieds de Jésus, enfin ce brigand justement crucifié à cause
de ses crimes, mais qui n'était pas digne de l'être dans le voisinage
du Seigneur. Voilà les exemples de foi qui nous sont présentés dans
l'Évangile. Et Jésus dit de la femme tombée : « Ses péchés
qui sont en grand nombre lui sont pardonnés - » il lui dit, à
elle : « Va en paix ! » C'est à ce brigand mis en
croix près de lui que Jésus ouvre la porte du paradis. Nous lisons de
Lazare qu'il fut porté par des anges dans le sein d'Abraham. Quel
changement dans la situation de ces pécheurs !
Ah ! demandons à Dieu quelque puissant collyre, en sorte
que nos yeux apprennent à découvrir, sous tous ses déguisements
extérieurs, la véritable foi. Malheur à nous, si nous allions
méconnaître les humbles que le Seigneur a choisis, accabler de notre
mépris les petits qui sont l'objet de toute sa
bienveillance. Il s'agit de nous dépouiller de notre pharisaïsme, de
renoncer à nos préjugés mondains et charnels, de cesser de voir la
beauté là où le monde l'aperçoit. N'allons pas nous laisser prévenir
défavorablement par un certain manque d'éducation, de manières, par
une certaine étroitesse de vues qui n'est point rare chez les enfants
de Dieu !
Les manifestations souvent si étranges de la foi ne l'empêchent
pas de porter parfois aussi des fruits que le monde lui-même est
obligé de louer. Notre texte nous montre Abram accomplissant un acte
de valeur guerrière, dont la grandeur ne saurait échapper à personne.
Relisons encore une fois ce récit :
Abram est assis, plongé dans la méditation, à l'ombre de sa
tente. Une légère brise fait frémir les cimes des chênes de Mamré.
Dans le voisinage et au loin, sur les collines, dans les vallées
paissent des troupeaux de chameaux, d'ânes, de boeufs ; on entend
les bergers et les bergères s'entre-répondre. Nous percevons les sons
du chalumeau. Abram écoute vaguement, quand tout à coup paraît devant
lui un messager couvert de sueur, avec de la cendre sur la tête. C'est
un messager de mauvaises nouvelles. Il annonce que les rois du nord
ont envahi la vallée de Siddim, mis tout à feu et à sang. Ils se sont
emparés du butin qu'ils pouvaient transporter. Ils ont emmené
prisonniers les habitants et, parmi eux, Lot, le neveu d'Abram. Nous
nous représentons la manière dont Abram accueille ce message. Mais
nous ne doutions pas, avant d'avoir lu ou entendu la suite du récit,
qu'Abram allait avoir l'idée de délivrer les prisonniers.
Il eut cette idée, le patriarche ! Alors que toutes les
têtes s'inclinent languissamment comme des roseaux au souffle du vent,
le croyant porte haut la sienne par la puissance de la foi. La figure
du noble vieillard s'est tout à coup illuminée. Il vient d'avoir une
inspiration et a pris une virile décision. Mamré, avec ses chênes et
ses palmiers, se transformera en un camp militaire. Abram a armé tous
ceux de ses serviteurs qui sont en état de porter
les armes ; même il recourt aux bons offices de ses voisins, qui
lui prêtent leurs hommes. Et le patriarche, le glaive en main, se met
à la tête d'une vaillante petite troupe, laquelle ne demande qu'à
poursuivre les envahisseurs.
Bientôt les guerriers d'Abram atteignent le corps ennemi chargé
de la garde des prisonniers. Le détachement en question marche et
campe sans défiance. À la faveur des ténèbres, il est entouré
d'ennemis. Abram le taille en pièces. En cette circonstance, Abram se
révèle donc à nous sous un nouvel aspect. Il laisse transparaître des
qualités de vigueur que nous ne soupçonnions pas en lui : la
résolution, le courage, l'ardeur guerrière, la connaissance de l'art
de la guerre. Tandis que les restes du corps ennemi, sous le coup
d'une véritable frayeur de Dieu, s'enfuient vers le nord, Abram
revient triomphalement à son campement. Avec une noble fierté, il
refusera le butin offert, pour payer ses services, par le roi de
Sodome. Abram a bien voulu secourir l'impie qui se trouve dans la
détresse, il repousse ses dons. (v.
17 - v.
21-24).
Quiconque n'a point l'expérience de la foi s'étonnera du
changement qui se produit en Abram. Dans le monde, ceux qui ont des
vertus viriles manquent en général des vertus féminines - l'inverse
est également vrai. La douceur, la patience, le dévouement ne
s'unissent que rarement, convenez-en, dans le monde, à l'esprit
d'initiative, au courage et à la force.
Mais l'homme qui marche avec Dieu est obligé de s'efforcer de
revêtir les vertus les plus opposées. Sa vocation est de tendre à
réaliser l'image complète de Dieu, de Jésus-Christ. Il prend dès lors
pour modèle toutes les perfections. Le même Abram qui est prêt à
renoncer à chaque instant à sa volonté pour accomplir la volonté
divine, à se dépouiller de ses droits vis-à-vis de Lot dans l'intérêt
de la paix, sait aussi combattre comme un guerrier. Il a la douceur de
l'agneau et le courage du lion. Ainsi Luther, dans la même heure,
jouait avec un petit enfant, adressait à Dieu des supplications
pleines d'une véhémence qui a été rarement égalée,
faisait retentir le tonnerre des jugements divins contre la papauté,
d'une telle force que le monde en était tout tremblant. L'homme qui
vole avec compassion au secours de ses frères, saura aussi se tenir
debout au milieu des ennemis, le front levé vers le ciel.
Exploit étonnant que celui d'Abram, car c'est en faveur des
habitants de Sodome et de Lot que le patriarche a tiré le
glaive ! Il n'ignorait point que les habitants de la contrée de
Siddim étaient les êtres les plus corrompus. Il lui eût été aisé de
déclarer que l'invasion qui avait fondu sur eux était le juste
châtiment de leurs crimes. Parlant ainsi il ne se fût nullement
trompé. Mais Abram avait mieux à faire que de dénoncer la vengeance
divine. Il laissa le jugement à Dieu et s'occupa de réparer le
désastre. L'enfant de Dieu aime plutôt à bénir qu'à maudire. Et nous
avons, sous ce rapport, je le crains, beaucoup à apprendre.
Vous entendez dire qu'un train de plaisir, mis en mouvement le
dimanche, a déraillé ; aussitôt de vous écrier : « Le
doigt de Dieu est là. Dieu a voulu punir les profanateurs de son saint
jour ! » Un théâtre brûle, l'incendie fait de nombreuses
victimes ; un grand nombre de chrétiens ne feront d'autre
commentaire sur l'événement que celui-ci : « Dieu a parlé
dans sa colère. On ne se joue pas de Dieu. » Je veux qu'ils
n'aient pas entièrement tort de s'exprimer ainsi mais n'est-il pas une
seconde note aussi à faire entendre ?
Abram savait qu'il y avait dans la captivité des enfants de
Sodome une punition ; néanmoins, il se sent tout d'abord pressé
de leur témoigner de la compassion. Assurément, il pense tout d'abord
à son neveu ; c'est pour son neveu qu'il entreprend son
expédition guerrière. Mais cela même ne prouverait-il pas la charité
d'Abram ? Lot ne s'était-il pas conduit envers son oncle avec un
manque blessant d'égards ? N'avait-il pas fait bon marché des
intérêts de son âme devant quelques pâturages bien gras ? Un
ressentiment de la conduite légère de son neveu
aurait pu facilement subsister dans l'âme du père des croyants. Il
aurait pu citer quelque proverbe équivalant au mot vulgaire :
« Comme on fait son lit, on se couche. » Il aurait pu
s'écrier : « Mais mon neveu n'a que ce qu'il
mérite ! » Il ne le fait pas. Il nous laisse, par le secours
qu'il porte à Lot, un bel exemple de l'oubli du péché. Gardons-nous,
je vous en prie, de triompher du malheur d'autrui ! Cette coutume
invétérée est une peste, l'indice certain de l'étroitesse des vues, de
la dureté du coeur. Le croyant qui marche avec Dieu sait que, si Dieu
ne lui prenait à chaque instant la main, il serait perdu. Le vrai
croyant vit de pardon ; il use dès lors de pardon envers les
autres. Seuls les pharisiens se défendent complètement d'avoir des
sentiments de miséricorde.
Ces réflexions seraient-elles inopportunes ? Ne nous
arrive-t-il pas trop souvent d'entendre des cris de joie à la vue du
malheur d'autrui, chez ceux qui professent ouvertement le
christianisme ? Et n'en faut-il pas conclure que la secte des
pharisiens a de nombreux représentants parmi nous ?
2. Foi et patriotisme.
Je crois qu'il faut chercher plus profond encore les motifs de
la transformation subite qui fait d'Abram un prince guerrier. Il y
avait dans l'acte d'Abram une sorte de patriotisme. Sans doute Canaan
n'était pas à proprement parler la patrie d'Abram. Il était étranger
et voyageur dans ce pays. Mais, par la foi, le patriarche était appelé
à considérer cette terre comme la future propriété de sa postérité.
Par la foi, Abram était déjà par avance le maître du sol qu'il foulait
aux pieds. Et s'il en était le seigneur, il devait en être aussi le
protecteur, le père. À ce point de vue, Abram est justifié d'user du
droit qui appartient aux souverains de déclarer la guerre, pour
protéger les faibles et garantir des vies. Je crois qu'Abram s'est
placé à ce point de vue et que de là procédait l'assurance qu'il avait
d'être victorieux.
Chacun raisonne à sa façon. Celui-ci ne voit ici-bas que
l'argent ; celui-là est affamé de jouissances sensuelles, un
autre de plaisirs artistiques ; l'ambitieux n'aperçoit devant lui
qu'une réputation à conquérir. Examinez-vous, mon frère, pour savoir
de quel point de vue vous embrassez la vie ! Si vous êtes
sincère, vous répondrez sans doute : « Je la considère
tantôt d'un premier point de vue, tantôt d'un second. La pensée de
Dieu, de mon âme immortelle, me guide en nombre de cas ; dans
d'autres cas, j'obéis à des impulsions mondaines. » Mon frère,
une telle division de l'esprit est propre à troubler.. Impossible en
effet d'avoir une vraie paix, un vrai bonheur dans de telles
conditions. Assurément, il n'a été et ne sera permis à aucun homme,
excepté Christ, de tenir perpétuellement les yeux fixés sur le ciel,
tout en accomplissant une oeuvre terrestre. Abram lui-même, je
l'avoue, n'est point digne à cet égard de délier la courroie des
souliers de son illustre descendant. Cependant, si le patriarche ne
s'est pas toujours, en toutes ses actions, laissé guider entièrement
par la foi, la foi demeure le principe dirigeant de son activité. Ce à
quoi il aspire, c'est à la victoire de l'esprit sur les instincts de
sa chair. Et il s'en faut encore beaucoup, je le crains, que nous
suivions son exemple.
Vous vous écriez : « Pourquoi le suivre ? Le
moyen de manquer sa vie en ce monde, n'est-ce pas de fixer les yeux
plus loin que cette terre ? » J'ai connu, je le confesse,
des saints qui, en regardant les étoiles, finissaient par buter et se
laisser choir. Il y a eu à toutes les époques des croyants
déséquilibrés, nourrissant la persuasion qu'on est assuré de posséder
les biens éternels en prononçant un perpétuel Mené Thekel sur les
joies et les beautés de la vie. Des enthousiastes imaginent aussi que
le suprême effort de la piété est de soulever les voiles de l'avenir,
d'arriver à connaître les phases de l'avènement du Royaume des cieux.
Ils se perdent dans leurs rêves, au lieu de chercher tout simplement à
réaliser la volonté de Dieu, clairement révélée dans l'Écriture.
Combien de chrétiens bien intentionnés, sans doute, ont
dépensé, leurs forces à vouloir nous prouver que le jour du Seigneur
est à la porte ! Pas plus tard qu'hier, je recevais, des confins
de la Russie, une lettre, longue d'une aune, dont l'auteur croit avoir
trouvé un moyen infaillible de comprendre les Écritures. C'est une
nouvelle pierre philosophale. Il interprète, grâce à elle, les
prophéties, et est arrivé à la conviction que nous touchons aux
derniers temps, qu'il s'agit, en vue de l'imminence des dernières
catastrophes, de rassembler les élus. Cet heureux mortel a découvert
aussi le coin de terre privilégié où le Seigneur fera sentir sa
protection aux siens.
On sait que lors de la ruine de Jérusalem les disciples de
Jésus, prévenus d'avance par le Maître, s'enfuirent à l'approche des
Romains, dans la petite ville de Pella, située en Pérée. Notre homme
connaît un Pella pour les chrétiens des derniers jours. Il me demande
seulement de l'aider à y réunir les élus. Il joint à sa lettre le
manuscrit d'un recueil de cantiques, d'un catéchisme, préparés pour la
nouvelle communauté. Brave homme ! Le ton de sa lettre prouve sa
piété. Malheureusement, il manque totalement de bon sens dans sa foi.
Dans sa préoccupation de la fin du monde, il risque évidemment de
négliger de petits devoirs, en particulier le témoignage chrétien
rendu par une vie fidèle, qui est si important.
Tous les disciples de Jésus sont invités à devenir la lumière
et le sel de la terre. Mais pour l'être il faut le vouloir de tout son
coeur, et non pas à demi. Il faut se donner entièrement à sa vocation.
Dire que les chrétiens doivent perdre de vue les choses de la terre
pour ne songer qu'à l'éternité, c'est calomnier l'Évangile. Ce qui est
vrai, c'est que les chrétiens ne voient pas le but de la vie terrestre
dans celle-ci. Ils s'envisagent comme des semeurs. Au milieu des
multiples soucis, des rencontres sans nombre de l'existence, ils ont
sans cesse devant les yeux cette vérité : « 0 homme, ce que
tu sèmes dans le temps, tu le moissonneras dans l'éternité. »
Notre éternité sort du temps ; chacune de nos heures est un grain
de semence jeté en terre. Oui, chacun de nos actes d'amour, de
patience, chacune de nos négligences porteront leurs fruits. Il y aura
des fruits bénis et des fruits maudits. Sans tomber dans l'erreur de
ceux qui, à force de regarder le ciel, oublient le présent, sachons
donc travailler pour l'éternité.
Permettez-moi une petite parabole. Deux hommes sont devant un
sac de blé. Lequel se montrera le plus sage, de celui qui dira :
« Hâtons-nous de jouir, de transformer ce grain en farine, pour
en faire du pain ; » ou de celui qui dira :
« Semons ce blé ; dans quelques mois, nous le retrouverons
multiplié. » Appliquez, lecteur, cette comparaison à la
connaissance de l'Évangile. Ne vous bornez pas à en jouir, mais que
celle-ci fructifie abondamment pour vous, en fructifiant pour les
autres, dans le temps et dans l'éternité !
Nous avons le droit d'affirmer que les vrais chrétiens, par
cela qu'ils se savent les ouvriers d'un avenir éternel de bonheur pour
eux et pour les autres, sont les grands bienfaiteurs de l'humanité.
Soutenus par la conscience de leur noble vocation, ils mettent toutes
leurs forces au service de la charité, de la compassion et de la
miséricorde, Leur vie est la meilleure justification de leur foi, de
l'Évangile. Mais, pour en revenir à nous, car il en faut toujours
revenir à nous, à quoi nous servira qu'Abram, Paul, Luther, Spener et
tant d'autres aient rendu à l'Évangile l'admirable témoignage d'une
existence consacrée aux hommes, parce qu'elle était consacrée à Dieu,
si nous ne marchons pas sur les traces de ces grands chrétiens ?
La foi, qui est la semence de toutes les nobles vertus, l'est
aussi du plus pur patriotisme. Abram en est la preuve, avec tous les
prophètes, les hommes de Dieu de l'histoire d'Israël, avec Paul qui
voudrait être anathème pour que son peuple fût sauvé. À toutes les
époques de l'histoire du christianisme, vous verrez que les grands
chrétiens ont su ardemment aimer leur patrie terrestre. Est-ce que
Martin Luther, par la Réformation, n'a pas mieux
servi sa patrie allemande, que l'olympien Goethe qui, au bruit de la
canonnade de lena, poursuivait tranquillement ses études
scientifiques ? N'aurez-vous pas plus de confiance dans le
patriotisme d'un Maurice Arndt, pour lequel « la première vertu
de l'homme est la foi » que dans celui d'un Heine, qui passe en
ricanant devant la croix de Christ.
Que les chrétiens, en un sens, soient citoyens du monde entier,
je n'en disconviens pas. N'attendent-ils pas le jour béni, où il n'y
aura qu'un troupeau et qu'un berger ? Ne faut-il pas qu'ils
voient dans chaque peuple un membre de cette future humanité qui
embrassera, dans son unité supérieure, toutes les nations ? Tout
homme enfin n'est-il pas pour eux un frère en Adam et un frère en
Christ ? Mais les chrétiens sont aussi des patriotes. Sans doute,
si l'on confond le patriotisme avec le chauvinisme, avec le zèle de
l'esprit de parti, le chrétien n'est point patriote. Mais, si
l'essence du patriotisme est le dévouement, l'oubli de soi, l'amour du
bien, de la vérité, de la liberté, les meilleurs patriotes seront les
disciples fervents de Jésus. Les qualités que nous venons d'indiquer
ne sont-elles pas en effet proprement les qualités maîtresses de
Christ ?
Souvenons-nous d'ailleurs que le disciple de Christ ne voudra
pas plus que lui séparer ce que Dieu a joint. Ce que Dieu a joint, ce
ne sont pas seulement les époux, les membres d'une même famille, ce
sont encore les citoyens d'une même nation. Ceux-ci ne sont-ils pas
unis par les liens d'un même sang, d'une même langue, d'un même passé
historique, des mêmes moeurs ? Dans le ciel, il n'y aura plus ni
homme ni femme ; de même il n'y aura plus ni Anglais, ni
Français, ni Chinois, mais tous seront un en Christ. En attendant cet
avenir bienheureux, nous avons à nous mouvoir au sein de groupes et de
corps, dont nous sommes partie et membres ; nous avons de plus à
défendre les sociétés naturelles, fût-ce par le glaive, contre ceux
qui les attaquent. Souvenons-nous de la parole : « Que
l'homme ne sépare pas ce que Dieu a joint, »
et nous comprendrons que l'amour de la patrie puisse nous mettre les
armes à la main contre un envahisseur.
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