Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LES LIVRES DE LA BIBLE.

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LES LIVRES POÉTIQUES.


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- La poésie des Hébreux.

Dans la division ordinairement reçue des Ecritures, on désigne, sous le nom de livres poétiques, les livres de Job, des Psaumes et des Proverbes; quelques-uns y ajoutent l'Ecclésiaste et le Cantique de Salomon. Quant à leur date, les uns sont antérieurs, les autres postérieurs à la plupart des livres historiques ; mais on les considère à part et comme formant un ensemble, à cause du caractère qui leur est commun d'être écrits entièrement ou presque entièrement en vers hébreux. Dans le canon juif, ils sont compris sous le titre d'hagiographes ou saints écrits. - Les oracles des prophètes sont aussi, pour la plupart, rédigés dans une forme poétique.

L'excellence particulière d'a la poésie hébraïque vient de ce qu'elle est exclusivement consacrée au service de la plus noble des causes , celle de la religion. Elle renferme les plus saintes et les plus précieuses vérités, exprimées dans le langage le plus digne et le plus élevé.

Il y a tant d'incertitude sur l'ancienne prononciation de l'hébreu, qu'il n'est pas facile de déterminer la nature de la versification de cette langue. La poésie hébraïque ne possède pas la rime. Elle se distingue de la prose par l'emploi d'un certain nombre de mots et de tournures qui lui sont propres, mais surtout par le parallélisme des membres, qui consiste, en ce que chaque vers se décompose en deux ou plusieurs versets (hémistiches) dans lesquels une idée est d'abord énoncée, puis reproduite et développée avec des expressions différentes. Ce parallélisme des membres peut être d'un grand secours pour l'intelligence des Psaumes.

On trouve dans quelques psaumes, ainsi que dans les Lamentations de Jérémie , une autre particularité de la poésie hébraïque, savoir: l'ordre alphabétique, qui consiste en ce que les lettres par lesquelles commence chaque verset se trouvent rangées suivant l'ordre qu'elles occupent dans l'alphabet. Quelquefois chaque verset commence par une nouvelle lettre ( Ps. XXIII et XXIV) , ou bien elle se trouve en tête de chaque hémistiche ( Ps. CXII) ; d'autres fois, la lettre initiale commence un groupe de deux versets (Ps. XXXVII). Le psaume CXIX est plus remarquable encore ; il se divise en vingt et une strophes, suivant le nombre des lettres de l'alphabet, composées chacune de huit versets qui commencent tous par la même lettre. On a supposé que cet arrangement singulier pouvait être destiné à faciliter la mémorisation ou la récitation des Psaumes. Nous croyons qu'il faut y voir simplement une de ces formes conventionnelles par lesquelles la poésie se distingue de la prose, et qui varient d'un peuple à l'autre, selon le caractère des peuples et le génie des langues. Il est à remarquer d'ailleurs que les poètes hébreux usaient de cette forme avec liberté ils n'en étaient pas esclaves pas plus que du parallélisme ; il arrivait souvent que la forme se trouvait débordée et brisée par la pensée.

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- Le livre de Job.

Le livre de Job tire son nom du vénérable patriarche dont il raconte l'histoire. Son antiquité et la concision du style le rendent d'une interprétation parfois assez difficile, quoique les difficultés portent très rarement sur des questions religieuses un peu importantes.

 

Comme Job est nommé ailleurs dans l'Ecriture à côté de plusieurs autres personnages historiques (Ezéch., XIV, 14. Jacq., V, 11 ), on doit en conclure qu'il a réellement existé un personnage de ce nom, et que l'ensemble de son histoire n'est pas une simple fiction. Divers détails, les noms de personnes et de lieux qui sont indiqués et d'autres preuves internes viennent encore à l'appui de ce fait. Le pays d'Huts, que Job habitait, était probablement situé au nord-est de l'Arabie Déserte.

L'époque à laquelle il vécut, a donné lieu à de longues discussions, et ne saurait être déterminée d'une manière certaine. L'opinion la plus probable le fait vivre avant Moïse. Son livre se place donc entre le chapitre XI et XII de la Genèse, et peut se lire comme un fragment, un tableau, un supplément au récit très succinct que Moïse nous donne de l'état primitif de notre race.

Quant à l'auteur, les opinions varient également ; les uns pensent que ce fut Job lui-même, d'autres Elihu, d'autres Moïse , sans parler de ceux qui placent beaucoup plus tard la composition de cet écrit. Quel qu'en soit l'auteur , du reste, l'autorité canonique du livre même est prouvée par sa place dans le canon juif, et par le témoignage que notre Seigneur et ses apôtres rendent à la collection de l'Ancien-Testament.

Le livre de Job se divise en trois parties principales:

1° L'INTRODUCTION HISTORIQUE en prose, récit des malheurs inattendus de Job, tableau de sa grande patience (I et II).

2° L'ARGUMENT ou la controverse, le corps même du livre en vers hébreux ; on y distingue cinq parties principales.

a. Première série de discours comprenant la plainte de Job (Ill) ; - le discours d'Eliphas (IV et V) ; - la réponse de Job (VI et VII) ; - le discours de Bildad (VIII) ; - la réponse de Job (VI et VII) ; - le discours de Bildad (VIII.) ; - la réponse de Job (IX et X) ; - le discours de Tsophar (XI) ; - la réponse de Job (XII-XIV).

b. Seconde série - les discours d'Eliphas (XV) , de Bildad (XVIII) , de Tsophar (XX), et les réponses de Job (XVI et XVII, XIX, XXI).

c. Troisième série : les discours d'Eliphas (XXII) et de Bildad (XX) ; - les réponses de Job (XXIII et XXIV; XXVI-XXXI). La question principale qui s'y trouve discutée est de savoir si une grande affliction est la preuve évidente d'une grande culpabilité. C'est ce que soutiennent les amis de Job , et ils l'exhortent à se repentir et à s'amender. Job, au contraire, le nie; il en appelle aux faits, et se plaint amèrement de ses amis qui aggravent sa détresse par d'injustes accusations.

d. Discours d'Elihu. (XXXII-XXXVII). Il soutient que les afflictions, même lorsqu'elles ne sont pas la conséquence immédiate du péché, ont toujours pour but et pour résultat le bien de celui qui est éprouvé il blâme Job de ce qu'il cherche à se justifier au lieu de reconnaître le droit et la justice de Dieu, et il fait ressortir le caractère élevé du gouvernement et de l'action providentielle.

e. Fin de la discussion. Le Tout-Puissant intervient en personne, et sans s'abaisser à expliquer sa conduite, il se borne à montrer sa puissance et sa sagesse (XXXVIII-XLI). Réponse de Job ; il reconnaît son tort et se repent (XLII, 1-6).

3° CONCLUSION ou épilogue en prose (XLII, 7-17). Guérison, relèvement et prospérité de Job.


III. - On a beaucoup discuté sur la nature du véritable et principal objet du livre de Job. Ce que Satan reproche au vénérable patriarche, c'est une piété cupide, égoïste, intéressée. Cette accusation est reconnue fausse et injuste à la fin du livre. Job est assuré que le juge de toute la terre lui rendra justice , et il continuera d'avoir confiance en lui jusqu'au-delà de la tombe (XIX, 23-26). La nature et le pouvoir de la foi sont ainsi expliqués et développés on y reconnaît la véritable piété de tous les âges. La faire comprendre fut peut-être un des objets principaux qu'avait en vue l'auteur du livre. On y trouve cependant encore autre chose , pour ne pas dire davantage. Les profondeurs de Dieu, ses miséricordes, la magnificence sans égale de ses oeuvres, la gloire de ses attributs, nous y sont dévoilées comme à l'oeil avec une richesse d'expressions qui ne se retrouve nulle part ailleurs.

Ce livre fait ressortir la dépravation humaine (XXXIII, 8 , 9 ; XXXIV , 5 , 9 , 35 ) ; il montre la foi profonde en un rédempteur à venir et la croyance à l'immortalité de l'âme (XIX, 25-29; XXXIII, 23-28) ; il présente les sacrifices comme moyens de réconciliation avec Dieu (I, 5; XLII, 8) ; il dit enfin quelle peut être l'efficace de la prière d'intercession (XLII, 8, 9).

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- Les Psaumes.

1. - Le livre des Psaumes est un recueil ou une collection d'hymnes et de cantiques religieux, composés à diverses époques et par divers auteurs, le plus grand nombre par David (2 Sam., XXIII, 1). Le mot hébreu thehillim signifie louanges; le mot français psaumes est emprunté des Septante et signifie une ode faite pour être mise en musique; la plupart des psaumes étaient en effet destinés, non pas seulement à exprimer des sentiments religieux, mais encore à être chantés dans les services publics.

Les Psaumes furent recueillis et mis en ordre par Esdras et ses compagnons , 450 ans avant J.-C. et le livre lui-même renferme la preuve qu'il fut formé de divers recueils indépendants. Dans le texte hébreu et dans les Septante, les Psaumes sont divisés en cinq livres distincts (dont chacun se termine par une courte doxologie), chacun des trois premiers contenant les compositions religieuses d'auteurs différents.

 

1° Ps. I-XLI, - De David, recueillis., à ce que l'on pense, par Ezéchias (voyez Prov. , XXV, 1 , et 2 Chron. , XXIX, 30).

2° Ps. XLII-LXXII. - Des enfants de Coré (XLII-XLVII) et de David (LI-LXV, LXXII).

3° Ps. LXXIII-LXXXIX. - D'Asaph (LXXIII-LXXXIII), et de Coré (LXXXIV- LXXXIX), au moins la plupart.

4° Ps. XC-CVI , etc.

5° Ps. CVII-CL. - Psaumes liturgiques, renfermant les cantiques de louanges et de bénédictions, et les chants des degrés (Mahaloth), recueillis principalement en vue du culte public dans le second temple.

 

De tous les noms mentionnés dans les titres des Psaumes, David est celui qui revient le plus souvent; c'est lui qui a composé le plus grand nombre de psaumes, quoique parmi les soixante-treize que l'hébreu lui attribue, et les douze supplémentaires que les Septante y ajoutent, il y en ait quelques-uns qui ne soient pas de lui. Il faut ranger parmi ces derniers les psaumes CXXXIX et CXXII (voyez les Septante).

D'un autre côté, les psaumes XCIX et CIV, que les Septante lui attribuent, sont probablement de lui. Les psaumes Il et XCV, qui ne portent son nom ni dans l'un ni dans l'autre des textes, lui sont également attribués dans le Nouveau-Testament (Actes, IV, 25, 26. Héb., IV, 7). -

Le nom d'Asaph, chef des musiciens de David, et le nom de ses descendants, est rattaché à douze psaumes, L, LXXIII-LXXXIII.

Les enfants de Coré , autre famille de musiciens, sont nommés comme auteurs de onze psaumes; Héman, Ezrahite, neveu de Samuel, appartenait à cette famille (Ps. LXXXVIII; cf. 1 Chron., VI, 22, 33-38) ;

Ethan est nommé comme l'auteur du psaume LXXXIX, mais ce ne peut-être celui qui fut contemporain de David; cf. versets 38-45.

Le nom de Salomon se lie aux psaumes LXXII et CXXVII.; mais il est probable qu'il est plutôt le sujet que l'auteur du premier.

Moïse passe pour avoir composé le psaume XC ; les critiques juifs lui attribuent même les dix suivants, mais sans motifs suffisants; voyez, par exemple, XCVII, 8, et XCIX, 6.

- Les psaumes sans indication d'auteur ont été attribués à divers prophètes. D'après les Septante, Jérémie aurait composé le psaume CXXXVII; Aggée et Zacharie, les psaumes CXLVI et CXLVII.

 

On peut, quant à leur contenu, considérer les Psaumes à deux points de vue , comme actes de culte, et comme prophéties.

a. Tous les livres de la révélation nous montrent Dieu parlant à l'homme. Ici, au contraire, nous avons l'homme parlant à Dieu, et lui parlant comme Dieu veut qu'on lui parle, avec humilité, vénération, amour, confiance. Avec les Psaumes nous pouvons sonder nos coeurs, éprouver nos impressions, régler les sentiments qui doivent présider à notre culte; ils sont des modèles de spiritualité chrétienne, et par eux nous pouvons juger si les sentiments que nous éprouvons viennent de Dieu ou s'ils viennent de nous-mêmes.

b. Les psaumes renferment de nombreuses prophéties sur l'histoire de notre Seigneur; ils racontent, avec une exactitude merveilleuse, ses souffrances (XVI, XXII, XL) et sa gloire (II, XLV, LXXII, CX). Le psaume CXXXII, 11, prédit ses rapports avec la famille de David; le psaume CXVIII, 22, sa réjection par les Juifs; le psaume LXVIII, 18, son ascension et l'envoi du Saint-Esprit; le psaume CXVII, la vocation des Gentils (voyez Rom., XV, 11).

 

Aussi l'Eglise chrétienne a-t-elle adopté les Psaumes comme son propre langage, ou comme le langage de son Seigneur et maître. Quand l'auteur sacré parle de ses ennemis, nous le comprenons comme parlant des ennemis du Christ et de son Eglise. Mais, en général, les sentiments qu'il décrit sont tout-à-fait ceux qu'un chrétien éprouve habituellement; quand il parle de la confiance et de l'amour, il le fait dans des termes qui s'appliquent aux fidèles et aux croyants de tous les temps et de toutes les économies.

Les Psaumes sont cités ou mentionnés plus de soixante-dix fois dans le Nouveau-Testament.

 

II. - On a essayé divers modes d'arrangement ou de classification des Psaumes. Mais aucune classification ne saurait être rigoureusement exacte, le même psaume renfermant souvent des sujets extrêmement variés. Nous donnerons ici la division des Psaumes par ordre de matières, extraite de Bickersteth. Elle a une importance pratique.


1° PSAUMES DIDACTIQUES

- a. sur le caractère des bons et des méchants, le bonheur des uns, la misère des autres, I, V, VII, IX-XII, XIV, XV, XVII, XXIV, XXV, XXXII, XXXIV, XXXVI, XXXVII, L, LII, LIII, LVIII, LXXIII, LXXV, LXXXIV, XCI, XCII, XCIV, CXII, CXIX, CXXI, CXXV, CXXVII, CXXVIII, CXXXIII;

- b. sur l'excellence de la loi de Dieu , XIX et CXIX ;

- c. sur la vanité de la vie humaine, XXXIX, XLIX, XC;

- d. sur les devoirs des magistrats et des chefs, LXXXII , CI;

- e. sur l'humilité , CXXXI.


2° PSAUMES DE LOUANGE ET D'ADORATION

- a. reconnaissance pour la bonté et la miséricorde de Dieu, et spécialement pour les soins qu'il donne à ses enfants, XXIII, XXXIV, XXXVI, XCI, C, CIII, CVII, CXVII, CXXI, CXLV, CXLVI;

- b. éloge de sa grandeur, de son pouvoir et de ses attributs en général, VIII, XIX, XXIV , XXIX, XXXIII, XLVII, L, LXV, LXVI, LXXVI, LXXVII, XCIII, XCV-XCVII, XCIX, CIV, CXI, CXIII-CXV, CXXXIV, CXXXIX, CXLVII, CXLVIII, CL.


3° PSAUMES D'ACTIONS DE GRACES

- a. pour des cas individuels , IX, XVIII, XXII, XXX, XXXIV, XL , LXXV, CIII, CVIII, CXVI, CXVIII, CXXXVIII, CXLIV

- b. pour des bienfaits accordés aux Israélites en général , XLVI, XLVIII, LXV, LXVI, LXVIII , LXXVI, LXXXI, LXXXV, XCVIII, CV, CXXIV, CXXIX, CXXIX, CXXXV, CXXXVI, CXLIX.


4° PSAUMES DE DÉVOTION

- a. pénitentiaux, VI, XXV, XXXII, XXXVIII, LI, CII, CXXX, CXLIII;

- b. exprimant la confiance au milieu des afflictions, III, XVI, XXVII, XXXI, LIV, LVI, LVII, LXI, LXII, LXXI, LXXXVI;

- c. un profond abattement, non toutefois sans quelque espérance, XIII, XXII, LXIX , LXXVII, LXXXVIII, CXLIII;

- d. prières pour ceux qui sont privés du culte public, XLII, XLIII, LXIII, LXXXIV;

- e. prières pour demander du secours en considération de la droiture de sa cause, VII, XVII, XXVI, XXXV;

- f. prières en un temps d'affliction et de persécutions, XLIV, LX, LXXIV, LXXIX, LXXX, LXXXIII, LXXXIX, XCIV, CII, CXXIX, CXXXVII;

- g. prières d'intercession , XX, LXVII, CXXII, CXXXII, CXLIV ;

- h. prières dans une profonde détresse, IV, V, XI, XXVIII, XLI, LV, LIX, LXIV, LXX, CIX, CXX, CXL, CXLI, CXLIII.


5° PSAUMES ESSENTIELLEMENT PROPHÉTIQUES : - Presque tous messianiques

II, XVI, XXII, XL, XLV, XLVIII, LXIX, LXXII, XCVII, CX, CXV .

 

6° PSAUMES HISTORIQUES

- PS. LXXVIII, CV, CVI.

 

Tous les Psaumes, à l'exception du XXXIVe, ont des titres ou suscriptions qui sont au moins aussi anciens que la version des Septante, mais qui n'ont, du reste, aucune autorité canonique. On peut, en général, les regarder comme historiquement exacts, à moins qu'ils ne soient démentis par le contenu même du psaume.

Les titres que nous trouvons en tête des Psaumes indiquent l'occasion dans laquelle ils furent composés (Ps. XVIII, , XXXIV, LI); l'intention de l'auteur (Ps. LX et XCII); les instruments de musique qui devaient en accompagner le chant (Ps. VI et XII); quelquefois aussi le sujet du psaume y est énoncé sous une forme mystérieuse (Ps. XXII et LVI). Ces titres renferment souvent des mots dont le sens est douteux, parce qu'ils ne se trouvent pas ailleurs dans l'Ancien-Testament, ou qu'ils y sont rares. Aussi dans plusieurs versions, entre autres celles de Martin et d'Ostervald on a renoncé à les traduire et l'on s'est borné à reproduire le son des mots hébreux avec des caractères français; mais ces mots d'un aspect étrange ne disent rien au coeur ni à l'intelligence, et il faut éviter autant que possible d'avoir recours à cet expédient. La plus ancienne version grecque, celle des Septante, a également traduit les titres, mais elle l'a fait généralement d'une manière assez libre et elle a mis des titres à plusieurs psaumes qui n'en ont pas dans l'original. L'exemple des Septante a été suivi dans la Vulgate et dans la version française (catholique) de Sacy.

 

III. - Quand on étudie les psaumes, il faut faire attention à deux choses :

1° Chercher d'abord à reconnaître l'auteur du psaume, son origine historique et son but réel.

2° Examiner soigneusement le sens historique des mots et des allusions, et tâcher de reconnaître , par les citations du Nouveau-Testament ou par l'esprit général de l'Evangile, dans quel sens il doit s'appliquer, soit au Christ, soit à l'Eglise chrétienne. Quoique peut-être chaque psaume se rattache par son origine et par ses allusions à une économie qui a dû disparaître, ils ne s'en rattachent pas mains tous , et d'une manière intime, à l'économie qui doit demeurer éternellement; étudié dans un esprit de sagesse, à la lumière de l'Evangile , ce livre redevient notre livre, et il devient pour nous l'expression la plus sainte de nos sentiments les plus saints.

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- Les livres des Proverbes, de l'Ecclésiaste , et du Cantique des Cantiques.

- LE LIVRE DES PROVERBES (avant J.-C. 1000).

- Le livre de l'Ancien-Testament, qui porte le nom de Proverbes de Salomon, ne renferme pas des proverbes proprement dits, mais plutôt, comme l'indique son nom hébreu Misehlé, des sentences plus ou moins longues sur la vertu et le vice, sur le péché en général, des règles et des préceptes divers, applicables aux différentes circonstances de la vie humaine , des conseils détaillés sur la conduite et la manière de vivre. La plupart des Proverbes furent écrits par Salomon , le sage roi d'Israël, c'est pourquoi ils portent son nom.

Le but principal de l'auteur était, comme il l'explique lui-même (1 , 4) , de donner du discernement aux simples, c'est-à-dire à tout le monde, de la connaissance et de l'adresse aux jeunes gens. Il ne veut pas que la sagesse soit un mystère ou une spéculation. Ce livre est dans son genre, pour la vie pratique, ce que sont les Psaumes pour la vie religieuse. Il contient des leçons pour tous les âges, pour toutes les conditions. Chacun peut y puiser d'excellents conseils, et l'homme qui, animé des principes d'une vraie piété, conformerait sa vie à ces maximes, ne pourrait manquer d'être aimé et respecté.


Le livre des Proverbes peut se diviser en cinq parties

- 1° Discours sur la valeur et l'importance de la vraie sagesse (I-IX).

- 2° Proverbes proprement dits (X-XXII, 16).

- 3° Exhortation à l'étude de la sagesse, comme dans la première partie mentionnée ci-dessus (XXII, 17-XXIV).

- 4° Proverbes recueillis par les gens d'Ezéchias, c'est-à-dire par ceux qui furent choisis pour réformer le culte public au sein de l'Eglise juive (XXV-XXIX).

- 5° Les deux derniers chapitres ont été composés par des auteurs inconnus.

 

- Le XXXe est attribué à un certain Agur, et forme une espèce d'entretien , de discussion ou de dialogue religieux entre Agur et deux amis ou disciples, Ithiel et Ucal ; ces personnes étaient peut-être du nombre des sages dont il est parlé au chapitre XXIV, 23.

- Le chapitre XXXI renferme des préceptes qui furent communiqués au roi Lémuel par sa mère; dans les neuf premiers versets, le sage dessine l'idéal d'un roi ; dans les derniers, celui d'une femme vertueuse. Quoi qu'il en soit de la personne de Lemuel, la forme de ce chapitre parait être, comme celle du précédent, une fiction poétique.

 

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- L'ECCLÉSIASTE.

- Le nom français de ce livre est emprunté des Septante; il signifie proprement en hébreu

le prédicateur, celui qui convoque et rassemble un auditoire pour lui adresser la parole. On a toujours regardé l'Ecclésiaste comme ayant été composé par Salomon.

Le grand roi , auteur de ce livre , bien qu'il eût reçu de Dieu une sagesse extraordinaire, avait fini, sous l'influence de l'empire des sens, par se détourner de Dieu et mettre son bonheur dans des jouissances sensuelles qui l'amenèrent à des pratiques idolâtres (1 Rois, XI, 1-13); mais il reconnut plus tard sa folie et son égarement, et l'on suppose que l'Ecclésiaste est le recueil de ses expériences passées.

Le grand objet de ce livre est évidemment de faire ressortir la complète insuffisance de toutes les choses terrestres , richesses, honneurs, sciences , affections, pour procurer à l'homme un bonheur solide , véritablement digne de ce nom. L'Ecclésiaste veut, en montrant la vanité des choses terrestres et qui n'ont que l'apparence , amener les hommes à rechercher le seul bien réel et permanent , la crainte de Dieu et la communion avec lui. Vanité des vanités, voilà sa première leçon. Crains Dieu et garde ses commandements, voilà sa dernière , la conclusion de son livre.

Le mot sagesse dans l'Ecclésiaste signifie science, tandis que dans les Proverbes il a plutôt le sens de piété.

La canonicité de l'Ecclésiaste a été reconnue par les plus anciens écrivains de l'Eglise chrétienne, et si ce livre n'a

pas été cité formellement par notre Seigneur ou par ses apôtres , il y est fait plusieurs fois allusion dans le Nouveau-Testament. - Les Juifs le comptaient parmi les livres poétiques du canon, bien qu'il soit écrit en prose, à l'exception de quelques fragments (III , 2-8; VII, 1 -14 ; XI, 17 ; XII, 7). Le livre de l'Ecclésiaste se divise en six paragraphes.


- 1° L'ÉNIGME.

- La vie humaine, ainsi que la nature, ne présente que travaux sans résultat, fatigues et misères. Et cependant l'homme a soif de bonheur. Où se trouve le bonheur (1, 2-11) ?


- 2° LES VANITÉS DE L'EXISTENCE HUMAINE.

- C'est l'Ecclésiaste qui se présente pour résoudre le problème (1, 12-15)

- Vanité de toute poursuite des biens terrestres (1, 16-II, 23).

- Vanité de la jouissance de ces biens (II, 21-III, 15). - Vanité et désordre de la société humaine (III , 16-IV , 16).


- 3° LES CONDITIONS HUMAINES DU BONHEUR.

- An milieu de toutes ces vanités, que doit faire l'homme pour arriver à la somme de bonheur qui lui est départie? Etre pieux (V, 1-8).

- Se contenter d'une fortune moyenne (V, 9-VI).

- Estimer à leur juste valeur les joies et les souffrances (VII, 1-10).

- Résumé (VII, 11 - 14).


- 4° LES CONDITIONS DIVINES DU BONHEUR.

- La morale du juste milieu (VII, 15-24).

- La vraie sagesse (VII, 25-VIII, 8).

- L'adversité des justes et la prospérité des méchants (VIII, 9-IX, 10).

- Avantages temporels de la sagesse (IX, 11-XI, 6).


- 5° CONCLUSION.

- La vie et la mort (XI, 7-XII , 10).


- 6° L'ENSEIGNEMENT INSPIRÉ.

- Crains Dieu et garde ses commandements; car c'est là le tout de l'homme (XII, 11-16).

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. LE CANTIQUE DE SALOMON (1001 avant Christ).

- Le témoignage unanime de l'antiquité fait de Salomon l'auteur du cantique qui porte en hébreu le nom de Cantique des cantiques, ce qui, dans les usages de la langue , signifie le plus excellent de tous.

Le Cantique a toujours été compté parmi les livres canoniques de l'Ancien-Testament. Il n'est cité nulle part dans le Nouveau, mais il faisait partie des saints écrits des Hébreux (Josèphe, Antiq. , VIII, 2-5. Cont. Ap. , 1 , 8). Il fut traduit par les Septante; il est nommé dans tous les anciens catalogues, et il possède le témoignage exprès et explicite de Méliton au deuxième siècle , d'Origène au troisième (en 253) , de Jérôme au quatrième , du Talmud juif et de Théodoret de Chypre au cinquième.

On ne saurait dire au juste à quelle occasion il a été composé peut-être fut-ce lors du mariage de Salomon, soit avec la fille de Pharaon (1 Rois, III , 1 ; VII, 8; IX), soit avec une femme de la Palestine qu'il aurait épousée plus tard (II, 1), d'une noble origine (VII, 1), quoique inférieure à celle de son époux (1, 6).

Quoi qu'il en soit de l'occasion du Cantique, on y distingue clairement deux personnages qui s'entretiennent ensemble et restent en scène jusqu'à la fin; l'un s'appelle Salomon le Pacifique; l'autre porte le même nom, mais avec une terminaison féminine : Salomith, Sulamith, Salomé (comme on dirait Jules et Julie) (I, 5; III, 11 ; VI, 13 ; VIII, 12). Il y a aussi un choeur composé de jeunes filles de Jérusalem (II, 7 ; III, 5; V, 8, 9). Vers la fin paraissent deux frères de Sulamith (VIII, 8, 9. Cf., I, 6). Comme dans les anciens poèmes, il n'y a point de coupures , ni rien qui indique un changement de scène ou l'entrée d'un nouvel interlocuteur. Voici , parmi les nombreux essais qui ont été faits, celui qui nous paraît le plus heureux et le mieux justifié.


1re SCENE.

- Discours de Sulamith (I, 4-5);

- dialogue avec Salomon; Sulamith (I , 6) ;

- Salomon (I, 7-10);

- Sulamith (11-13);

- Salomon (14);

- Sulamith (I, 15-II, 1) ;

- Salomon (II, 2) ;

- Sulamith (II, 3).

2e SCENE.

- Repos de Sulamith; elle dort, elle rêve. Salomon s'adresse aux filles de Jérusalem et leur recommande de ne pas la réveiller (II, 7; III, 5) (II, 4-6, 8-IlI , 4).

3e SCENE.

- Les filles de Jérusalem voient un cortège nuptial qui s'avance (III, 6-11).

4e SCENE.

- Dialogue entre Salomon et Sulamith ; Salomon parle (IV, 12- 16)

- Sulamith répond (IV, 16 fin).

5e SCENE (de nuit).

- Sulamith à la recherche de Salomon; elle rencontre les filles de Jérusalem et s'entretient avec elles. Sulamith (V, 2-8) ;

- les filles de Jérusalem ( V , 9) ;

- Sulamith ( V , 10-16) ;

- les filles de Jérusalem ( VI, 1 ) ;

- Sulamith ( VI, 2 , 3).

6e SCENE (du matin).

- Salomon visite ses jardins et rencontre Sulamith. Salomon (VI , 4-10 ) ;

- Sulamith (VI, 11 , 42

- le dialogue continue jusqu'à VIII, 8.

7e SCENE.

Les frères de Sulamith sont introduits , ils parlent (VIII, 8, 9) ;

- réponse de Sulamith (VIII, 10-12 ) ;

- paroles de Salomon (VIII, 13) ;

- réponse de Sulamith et fin (VIII, 14).

 

Pris dans le sens littéral , ce poème est une description de l'amour dans le sens ordinaire du mot ; de l'amour , l'une des plus nobles de nos affections, de l'amour d'un époux pour son épouse, dont notre Seigneur a fait en quelque sorte le type de son amour pour nous. Sous ce rapport, le Cantique est une admirable peinture des sentiments et des coutumes de la vie domestique et conjugale des Israélites. Mais il est évident qu'on doit y chercher aussi un sens plus élevé. Les noms des deux principaux personnages sont allégoriques. Depuis les temps les plus

anciens, du reste, les Juifs et les chrétiens ont rapporté toute cette allégorie à Dieu et au peuple de son adoption, interprétation qui est confirmée par le fait que, dans toute la Bible, l'union de Dieu et de son peuple, ou celle de Christ et de son Eglise , sont représentées sous la même figure et par la même image que dans le Cantique ( voyez

Ps. XLV. Esaïe, LIV, 5, 6; LXII, 5. Jér., II, 2; III, 1. Ezéch., XVI, 10, 13. Osée, II, 14-23. Matth. , IX, 15; XXII, 2. XXV, 1 -11. Jean, III , 29. 2 Cor., XI, 2. Ephés., V, 23-27. Apoc., XIX, 7-9; XXI, 2, 9; XXII, 17).

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