Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LES LIVRES DE LA BIBLE.

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LES LIVRES HISTORIQUES DE L'ANCIEN-TESTAMENT.

 


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- Les livres historiques de l'Ecriture en général.

I. - Les livres historiques, depuis Josué jusqu'à Néhémie, contiennent l'histoire des Juifs considérés comme nation et comme Eglise , depuis leur premier établissement en Canaan jusqu'après la captivité de Babylone. D'après l'ordre suivi dans nos versions, il y en a douze. Les Juifs n'en comptaient que six, ils mettaient Ruth avec les Juges, Néhémie avec Esdras, et comptaient les deux livres de Samuel, des Rois et des Chroniques comme formant chacun un seul livre (Ester avait une place à part parmi les hagiographes). Ils furent tous d'abord rangés parmi les prophètes, et les Bibles hébraïques mettent encore dans cette classe Josué, les Juges, Samuel et les Rois.

Les livres historiques de l'Ecriture réclament, comme les autres, une autorité divine, et les preuves générales de leur inspiration sont les mêmes que pour le Pentateuque. Quelques-uns de ces livres portent le nom de grands prophètes , et les autres sont attribués à des écrivains revêtus du même caractère. Les annales des Hébreux étaient confiées à des hommes spéciaux, et ceux dont il est parlé dans l'Ecriture, comme les dépositaires et les écrivains de l'histoire sainte, sont expressément appelés prophètes ou voyants.

On est d'ailleurs frappé , quand on lit les livres historiques de l'Ecriture, de la profonde connaissance du coeur humain qu'on y découvre , et de l'intelligence parfaite des plans et des desseins de Dieu; ses miséricordes et ses jugements y sont révélés en prophéties claires et précises (voyez, par exemple, 1 Rois , XII, 26, 28. Ester, V et VI) ; partout on reconnaît une impartialité surhumaine; partout une sainteté qui ne peut venir que de Dieu. Les faits racontés par les historiens ont pour eux la sanction des autres livres de la Bible, qui les supposent, les confirment ou les développent.

Les livres historiques ont été reçus dans le canon des Hébreux; le recueil fait par Esdras les place au rang des livres prophétiques; notre Seigneur et les apôtres les citent comme autorités.

La Bible est, comme on l'a déjà dit, un choix, un extrait de l'histoire de l'Eglise, donnant exactement tout ce qui est nécessaire pour nous enseigner notre devoir, nous faire connaître le caractère de Dieu et nous préparer à la venue de son Fils. Elle est en outre l'histoire de l'Eglise seule, ou, si elle parle des nations païennes, ce n'est que dans leurs rapports avec les souffrances et les destinées de l'Eglise.

Cette particularité de la Bible n'est nulle part plus frappante que dans les livres dits historiques. Pendant les époques dont ils donnent l'histoire, bien des peuples ont vécu, célèbres par leur science ou par leurs conquêtes, bien des hommes se sont illustrés dans la guerre, les arts ou la littérature, bien des actions d'éclat ont été faites; néanmoins les écrivains sacrés les passent sous silence ou ne les mentionnent qu'en passant, tandis que l'histoire des Juifs , de ce peuple isolé et mis à part, à peine digne d'être compté parmi les nations, est soigneusement recueillie et conservée. Tel est l'intérêt que Dieu prend à son Eglise et à tout ce qui la concerne (cf. Deut., XXXII, 8, 9).

 

Il faut encore signaler une autre particularité de cette histoire. Des événements politiques d'une très grande importance sont complètement négligés ; de longs règnes sont racontés en quelques mots; des intérêts généraux et nationaux cèdent la place à des faits de la vie intime ; l'histoire est absorbée par une biographie ; un puissant monarque est dédaigné pour une pauvre veuve (2 Rois, III, 14). Ces omissions et ces digressions s'expliquent par le but même de l'Ecriture. Elle veut révéler la grâce et la providence de Dieu, montrer la faiblesse de la nature humaine , la bénédiction qu'il y a dans l'obéissance, et en même temps enseigner les vérités qui doivent préparer l'oeuvre et le règne du Messie.

 

II. - Les livres historiques ont , dans les limites qui viennent d'être indiquées, une perfection morale bien caractéristique et bien instructive. Ils expliquent la loi et les prophètes, les Psaumes et l'Evangile, l'avenir et le passé. Pour l'homme, pour les peuples, pour l'Eglise, chaque chapitre est un enseignement, et l'histoire étudiée à la lumière de la loi et des prophètes, appliquée dans l'esprit de l'Evangile, fait comprendre par des exemples ou par des contrastes la sainteté du devoir et la bénédiction qui accompagne la crainte de l'Eternel et l'obéissance à ses lois.

Au point de vue chronologique, on peut diviser en deux parties bien distinctes les livres historiques de l'Ancien-Testament. Les uns vont de l'établissement des Israélites en Canaan jusqu'à l'établissement de la monarchie; les autres vont jusqu'à la mort de Salomon. La première période contient l'histoire de la conquête et de la prise de possession du pays, le déclin de la foi et de l'obéissance après la mort de Josué , les chutes, les châtiments et les relèvements successifs du peuple. La seconde raconte le réveil de l'esprit religieux sous Samuel et David. Les livres de Josué, des Juges, de Ruth et 1 Sam. , I, 10, comprennent un intervalle de trois cent soixante-cinq ans. Les deux livres de Samuel , les deux des Rois, le premier livre des Chroniques et le second jusqu'au chapitre IX, comprennent la fin de cette période environ l'espace de cent vingt ans.

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- Les livres de Josué, des Juges et de Ruth.

JOSUE.

- On pense généralement que le livre qui porte le nom de Josué, a été composé par lui-même ou d'après des matériaux fournis par lui, à l'exception de deux ou trois fragments ajoutés par un écrivain postérieur. En tout cas, le premier fait qui frappe, c'est qu'il a été écrit par un contemporain , témoin oculaire des événements qu'il rapporte (V, 1 ; VI, 25).

La teneur générale du livre, le caractère de Josué comme chef du peuple et comme prophète, enfin la tradition unanime des Juifs , ne laissent aucun doute sur la personne de l'auteur (cf. Josué, VI, 26. 1 Rois, XVI, 34, et Ecclésiastique, XLVI, 1 ). Il ressort d'ailleurs de la comparaison de XV, 63 avec 2 Sam., V , 7-9, et de XVI, 10 avec 1 Rois, IX, 16, que le livre de Josué a dû être écrit avant l'époque de David et de Salomon. Les faits qu'il rapporte sont rappelés en divers autres livres (1 Chron., II, 7; XII, 1-8. Ps. XLIV et CXIV, 3, 5. Esaïe, XXVIII, 21. Habac., III, 2), et il contient plusieurs prophéties dont l'accomplissement est constaté ailleurs : I , 9 ; III, 43 (voyez IV , 18) ; VI, 26. Cf. 4 Rois, XVI, 34, etc.

On peut regarder, comme ayant été ajouté plus tard: XIX, 47 (Juges, XVIII, 27-29 ; XV, 14, 19. Cf. I, 11-16) , et XXIV, 29-33.

Josué était Ephraïmite ( 1536 ans avant Christ), l'un des douze espions qui visitèrent Canaan, et pendant de longues années il fut le fidèle serviteur et compagnon de Moïse. Il lui fut accordé de monter avec lui sur le Sinaï avant la promulgation de la loi. Il semble avoir été revêtu de la garde spéciale du tabernacle (Exode , XXXIII, 11 ). Après la mort de Moïse, il prit en main les rênes du gouvernement, ayant été depuis longtemps expressément désigné par Dieu même pour remplir ces difficiles fonctions. Son nom était primitivement Osée, sauveur; Moïse lui donna plus tard le nom de Josué, l'Eternel est le Sauveur, ou le salut est de l'Eternel, et ce nouveau nom, qui se rapportait à l'oeuvre dont il devait être l'instrument , en fait en même temps un type de notre Sauveur.

 

Le livre de Josué se divise en trois parties principales

- 1° Récit de la conquête. La circoncision est remise en vigueur. Camp de Guilgal. Guerre de Sept Ans ; destruction de trente et un rois (I-XII).

- 2° Le territoire partagé par le sort ; chaque tribu obtient un héritage en accord avec les prophéties de Jacob et de Moïse. Le tabernacle à Silo. Les deux tribus et demie. L'autel du témoignage (XIII et XXII).

- 3° Dernières paroles et mort de Josué (XXIII et XXIV).

- Vingt-cinq ans.

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LE LIVRE DES JUGES.

- La tradition juive attribue ce livre à Samuel ; mais elle ne saurait entièrement décider la question qui reste incertaine. On peut conclure de différents passages du livre même qu'il fut écrit depuis l'établissement de la monarchie (XIX, 1 ; XXI, 25) , et avant le règne de David (I , 21. 2 Sam., V , 6-8).

Le livre des Juges est cité directement ou indirectement par plusieurs des écrivains sacrés (1 Sam., XII, 9-11. 2 Sam., XI, 21. Ps. LXXXIII,-9-11 ; LXVIII, 12 ; LXXXIX, etc. Esaïe, IX, 3; X, 26).

 

Les juges, qui, pendant trois siècles environ , gouvernèrent le pays, ne se succédèrent pas régulièrement; ils étaient occasionnellement suscités de Dieu dans des circonstances extraordinaires pour délivrer Israël de ses oppresseurs et pour rendre la justice. Sans être revêtus de l'autorité royale, ils agissaient, pendant un temps indéterminé, comme les représentants de Dieu, le roi invisible. Quant au gouvernement proprement dit du peuple, c'était une espèce de république fédérative, les anciens ou chefs ayant toute autorité dans leurs tribus respectives.

Le livre des Juges raconte diverses conquêtes de détail imparfaitement achevées, aboutissant parfois à des mariages mixtes avec les Cananéens, et par conséquent à l'idolâtrie; l'histoire de sept servitudes et de treize juges, dont quelques-uns, Ehud et Samgar, Barak et Débora, furent peut-être contemporains. Les chapitres XVII-XXI appartiennent à la première partie de cette période. Trois cent neuf ans.

 

Si nous comparons les livres de Josué et des Juges avec le Pentateuque, avec lequel ils ont d'ailleurs beaucoup plus de rapport qu'avec Samuel, l'intelligence que nous en aurons ne fera que croître. On peut dire qu'il y a entre eux les mêmes rapports qu'entre les Evangiles et les Actes.

Le Pentateuque raconte les oeuvres du grand législateur et les lois sur lesquelles devait reposer toute l'ancienne économie. Josué nous donne l'histoire de l'établissement du peuple de Dieu, conformément aux promesses qui lui ont été faites. Le livre des Juges montre la corruption faisant de bonne heure irruption dans le sein de l'ancienne Eglise. Les Evangiles, de même, sont l'histoire du grand prophète et des principes sur lesquels devra reposer son Eglise.

Les Actes racontent l'établissement de cette Eglise, conformément aux promesses de son fondateur. Les Epîtres nous montrent, comme le livre des Juges, l'infidélité se faisant jour dans l'Eglise. En étudiant et en comparant ces différents livres à ce point de vue, les rapports des deux dispensations et les différences qui les séparent apparaîtront plus clairement. Qu'on étudie le rituel de la loi dans l'incarnation et dans la mort de Christ, que l'on compare les luttes et les victoires des Juifs avec celles de l'Eglise, ces dernières seront toujours relevées par le contraste. Le génie et l'esprit de l'Evangile, le caractère et la dignité du Sauveur apparaîtront plus glorieux.

Jésus réunit en sa personne les triples fonctions de législateur, de prêtre et de chef, qui furent remplies par Moïse, Aaron et Josué, chacun de ces hommes ayant été dans son temps, et pour sa part, un type de celui qui devait venir.

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LE LIVRE DE RUTH.

- On peut considérer ce livre comme un épisode de celui des Juges et comme une introduction à ceux qui vont suivre. Il contient des détails sur la famille d'Elimélec, et nous montre comment Ruth la Moabite, devenue Israélite par la foi, épousa Booz, et fut ainsi l'une des aïeules de David, et, par conséquent, de Christ. L'auteur est incertain; on pense généralement que ce fut Samuel. Le livre de Ruth donne à David une généalogie qui ne devait pas être flatteuse pour un si puissant monarque; c'est une preuve de plus de la sincérité du récit. Cette notice généalogique est reproduite Matth., 1, 5. LuC, III, 32.

Les événements auxquels se lie l'histoire de Ruth eurent lieu pendant la période des Juges (I, 1) ; mais le livre ne fut évidemment rédigé que beaucoup plus tard (IV, 7).

Il avait été annoncé aux Juifs que le Messie sortirait de la tribu de Juda; plus tard, il leur fut dit qu'il naîtrait de la famille de David. Il était donc nécessaire que l'histoire de cette famille fût écrite et conservée avant le jour où les promesses s'accompliraient.

Le contenu du livre se divise comme suit:

1° l' Histoire de Nahomi, son départ pour Moab, son retour en Canaan avec Ruth , sa belle-fille (I).

- 2° Entretiens de Booz avec Ruth; leur mariage (II, 1-IV, 12).

- 3° Naissance d'Obed et généalogie de David (IV, 43-22).

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- Samuel, les Rois et les Chroniques. 

I. LES DEUX LIVRES DE SAMUEL.

- On vient de voir que l'histoire de Ruth est une digression au milieu de l'histoire générale, mais une digression ayant son but spécial; c'est un fil conducteur qui relie les diverses parties de l'ensemble du récit. Les livres de SAMUEL nous donnent l'histoire des deux derniers juges Héli et Samuel (qui ne furent pas comme leurs prédécesseurs des hommes de guerre, mais des prêtres et des magistrats civils) , et des deux premiers rois Saül et David.

Les deux livres n'en formaient primitivement qu'un seul, la division actuelle ayant été introduite par les Septante et la Vulgate : ces deux versions leur donnent le nom de premier et second livre des Rois, parce qu'ils racontent en effet le commencement de l'histoire des rois d'Israël et de Juda.

On ne saurait trancher avec certitude la question relative à l'auteur de ces livres; mais les plus grandes probabilités sont en faveur de l'ancienne tradition qui attribue 1 Sam., I-XXIV, à Samuel lui-même, et le reste à Gad et à Nathan (1 Chron. , XXIX, 29). Ce fut probablement dans les dernières années de sa vie que Samuel écrivit son histoire (V, 5; VI, 18). Dans tous les cas, la place de ces livres dans le canon, les prophéties qu'ils renferment (1 Sam. ,II, 30. 2 Sam., XII, 10-12), les citations qui en sont faites dans les livres suivants et dans le Nouveau-Testament (1 Rois, XI, 26. 2 Rois, II, 4-11. 1 Chron. , XVII, 24, 25. Voyez Actes, XIII,22. Matth., XII 3) disent assez quelle est l'autorité dont ils jouissent.

Samuel était, comme son nom l'indique, une réponse de Dieu aux prières de sa mère; il fut consacré à Dieu dès son enfance. Revêtu du pouvoir suprême dans l'Etat, il gouverna sans ambition, il remplit ses fonctions avec une intégrité irréprochable, il les résigna sans hésitation ni résistance. Il était à la fois craint et respecté par Saül qui lui conserva le titre et les fonctions de juge jusqu'à sa mort (1 Sam. , VII, 15). Les révélations qu'il reçut, l'esprit qui l'animait, étaient tels que tout Israël, depuis Dan jusqu'à Béersébah, reconnaissait que Samuel avait été établi prophète par l'Eternel.

Les dix premiers chapitres du premier livre racontent la judicature d'Héli et celle de Samuel , ainsi que divers faits relatifs à la désignation de Saül comme roi. Vingt et un ans.

1 Sam., X-2 Sam. , I, 27 (et 1 Chron. , X-XII) racontent l'histoire de Saül, son règne, ses guerres, son infidélité, sa réjection. - Quarante ans.

2 Sam. , II, 1. 1 Rois, II, 11 (et 1 Chron. , XI, 1 - XXIX, 30), le règne de David, ses victoires, ses afflictions, la cause de ses épreuves, sa repentance et son pardon. - Quarante ans.

1 Rois, II, 12-XI, 43 (2 Chron. , I, 1-IX, 31), le règne de Salomon, sa gloire, la prospérité et l'extension du royaume. - Quarante ans.

 

Il est très important, quand on étudie Samuel et les livres historiques en général, de faire attention à l'ordre chronologique.

On renvoie fréquemment à des documents officiels, tels que les chroniques des rois de Juda et d'Israël, titre qui ne peut se rapporter qu'aux annales nationales (Ester, Il , 23 ; VI, 1). Enfin, l'égalité du style, la similitude d'expressions, là même où les mots n'ont aucune importance, démontre la révision du tout par une seule et même main.

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LES LIVRES DES Rois.

- Dans les anciens manuscrits des Bibles hébraïques les deux livres des Rois n'en formaient qu'un seul, ils renferment l'histoire d'Israël et de Juda depuis la fin du règne de David jusqu'à la captivité de Babylone. La division actuelle date des Septante et de la Vulgate, qui en font les troisième, et quatrième livres des Rois, les deux premiers étant les livres de Samuel.

On ne connaît rien de certain sur l'autour de ces deux livres ; l'opinion la plus probable, c'est que plusieurs des prophètes ayant écrit les mémoires de l'histoire contemporaine , ces mémoires auront été compilés et coordonnés par Jérémie ou par Esdras. La tradition juive est en faveur de Jérémie. - Les événements qui sont racontés vont jusqu'à la délivrance de Jéhojachin qui était en prison à Babylone, vingt-six ou vingt-huit ans seulement après la destruction de Jérusalem. A la simple lecture on reconnaît aisément d'une part des documents divers, contemporains des événements ; de l'autre un rédacteur unique. La vivacité de la narration trahit un témoin oculaire.

Les deux livres contiennent des prophéties et d'autres preuves intérieures de leur inspiration; l'un et l'autre sont cités comme authentiques et canoniques par notre Seigneur et ses apôtres (Luc, IV, 25, 27. Jacq. , V, 17).

Ces deux livres renferment plusieurs prédictions inspirées, et ils sont cités plus ou moins directement dans le Nouveau-Testament (2 Chron. , II, 5 , 6; cf. Actes, VII, ,48, 49. - 2 Chron. , XIX, 7 ; cf. 1 Pierre, I, 17). Il est digne de remarque que le cantique de bénédiction que David adresse à l'Eternel (1 Chron. , XXIX, 10 , 11) soit reproduit plus tard en substance par notre Seigneur Matth., VI, 13), et que Jean le place dans la bouche des esprits bienheureux qui louent Dieu dans le ciel (Apoc., V, 12, 13).

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LES DEUX LIVRES DES CHRONIQUES.

- Comme les précédents, ces deux livres n'en formaient qu'un dans l'ancien canon des Juifs, et ils portent le nom de paroles des jours , c'est-à-dire journal, par allusion probablement aux anciennes annales, d'après lesquelles on peut croire qu'ils ont été composés. Les Septante leur ont donné le titre de livre des choses omises (Paralipomènes) , les considérant comme une espèce de supplément aux livres qui précèdent, avec les indications et explications que pouvaient avoir rendues nécessaires les immenses changements amenés par la captivité. - Le nom actuel de ces livres leur vient de Jérôme.

On est généralement d'accord à considérer Esdras comme l'auteur ou le rédacteur des Chroniques. Ces livres sont relativement plus modernes que ceux des Rois; ils racontent la restauration qui eut lieu sous Cyrus (2 Chron., XXXVI, 21, 22) , et ils citent les écrits de Jérémie (2 Chron., XXXV, 25). Le style d'Esdras a d'ailleurs une ressemblance frappante avec celui des Chroniques, et le livre qui porte son nom s'unit de la manière la plus intime, comme s'il en était la suite, à celui que lui attribue la tradition (2 Chron. , XXXVI, 23. Esdras, I, 1-3). Si cette manière de voir est exacte, on doit regarder comme une addition postérieure le fragment 1 Chron, , III, 19-24, qui donne la généalogie de Zorobabel jusqu'au temps d'Alexandre.

 

Les livres de Samuel, des Rois et des Chroniques, avec beaucoup de traits communs, ont cependant des traits caractéristiques. Ils racontent à peu près la même histoire, et il est bon de les étudier et de les comparer. C'est ainsi seulement qu'on peut se faire une idée exacte de l'histoire juive, et expliquer souvent des expressions trop concises et obscures. Les différences dans leur plan sont aussi remarquables que leur accord et leur unité quant au fond.

Samuel raconte la fondation de la monarchie, et il donne la biographie plutôt que l'histoire des premiers rois.

Les livres des Rois racontent l'histoire de la théocratie sous le gouvernement royal ; ils sont riches en aperçus rapides sur le caractère, les péchés et les châtiments des chefs et du peuple.

Les Chroniques s'occupent davantage du culte public et de tout ce qui s'y rapporte, des cérémonies , des prêtres, des généalogies, des tribus, des familles et des questions de propriété qui ne doivent pas manquer de surgir au retour de la captivité. De là ces nombreuses chronologies, de là aussi le relief donné à ces rois, à David, Salomon, Ezéchias, Josias, qui ont relevé, restauré, agrandi le culte public.

 

Les tableaux généalogiques de ces livres, bien moins intéressants pour nous, étaient de la plus haute importance pour les Juifs, des promesses se rattachant pour plusieurs, et des propriétés pour tous, à la preuve de leur filiation. Ces tableaux poursuivent la généalogie de la famille à laquelle ont été faites les promesses , pendant l'espace de trois mille cinq cents ans : c'est un fait certainement sans exemple dans les annales de l'humanité.

Le trait le plus remarquable des livres' historiques de l'Ecriture, et spécialement des Rois et des Chroniques , c'est leur caractère religieux et théocratique. L'histoire profane raconte les changements officiels et publics qui se font dans la destinée des peuples, avec leurs causes et leurs effets. L'histoire de l'Eglise constate les développements de la foi, les progrès de la vie morale, tout ce qui concerne la société ecclésiastique. Mais ici le roi, le peuple, l'Eglise , tout est représenté comme placé sous la direction immédiate de Dieu.

Le caractère de chaque roi est déterminé par le degré de, sa fidélité dans l'accomplissement religieux de sa charge.

De Josaphat, il est dit - Il suivit la voie d'Asa son père, et ne s'en détourna point, faisant ce qui est droit devant l'Eternel.

D'Ezéchias - Il fit ce qui est bon, et droit et véritable, en la présence de l'Eternel son Dieu... ; et il prospéra.

Joraboam est dépeint en deux mots : Il a péché et fait pécher Israël. -

Ces livres racontent l'histoire de Dieu et de sa loi dans une nation, et cette nation est une monarchie; Josué et les Juges racontent la même histoire , Dieu et sa loi, dans la même nation, républicaine, tantôt aristocratique, tantôt démocratique; les livres de Moïse développaient la même pensée, mais la nation n'était encore qu'une grande famille. Partout on retrouve le même caractère; c'est le gouvernement de Dieu qui est mis en saillie. Dans les Prophètes et dans les Actes nous voyons, comme par une échappée, ce que doit être un jour , et pour le monde tout entier, l'histoire de Dieu et de sa loi. Ce n'est qu'à ce point de vue qu'on peut bien comprendre toute l'importance donnée dans l'Ecriture à l'érection du temple: les appels fréquents à la loi ancienne, surtout au moment où les deux royaumes touchaient à leur fin, comme si l'Esprit de Dieu voulait se dégager ostensiblement de toute responsabilité, en faisant retomber ce désastre national sur ceux qui l'avaient provoqué par leur désobéissance; l'intervention toujours plus active des prophètes qui tour à tour bravent la colère du peuple et celle du souverain; la déposition et la succession des rois; et le rapport intime %qui est toujours mis en évidence , entre les événements politiques et la fidélité ou l'idolâtrie; - voyez 2 Rois, V-VIII; X, 31 ; XVII, 13, 15, 37 ; XVIII, 4-6, et toute l'histoire d'Elie. 1 Rois, XV, 3-5. 2 Rois, XI , 17. Si les nations avaient la vraie sagesse, les récits de l'Ecriture seraient leurs meilleurs guides, car ils sont écrits de manière à instruire et le monde et l'Eglise.

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- La captivité. La restauration. Les livres d'Esdras, de Néhémie et d'Ester.

I. LA CAPTIVITÉ ET LA RESTAURATION.

- La captivité de Babylone fut une dispensation remarquable, et jusqu'alors sans exemple, des plans de la Providence. Le peuple d'Israël, à l'époque des juges, avait été plus d'une fois réduit en captivité par ses ennemis; et l'arche, symbole de la présence de l'Eternel, avait dû déserter une fois déjà le tabernacle de Silo, pour accompagner, dans le pays des Philistins, ses ennemis victorieux; mais jamais le désastre national n'avait atteint les proportions auxquelles il arriva sous le règne de Nébucadnetsar.

Tout le pays est plongé dans la désolation : l'arche est détruite ou perdue, le temple a été consumé jusqu'en ses fondements; la ville de Jérusalem n'est plus qu'un monceau de ruines; le corps de la nation a été livré entre les mains de barbares ennemis; les habitants des villes et des campagnes ont été emmenés en esclavage dans une contrée éloignée; il n'y a plus pour eux de patrie. On a de la peine à se représenter quels devaient être les sentiments et les pensées des Israélites pieux qui avaient eu le malheur de naître en ces temps d'orage.

Le livre des Lamentations de Jérémie, qui fut écrit à cette époque, est fait pour ces âmes éprouvées, et les prophètes, en s'occupant de relever leur confiance et de ranimer leur courage, font entrevoir les résultats bénis d'une visitation dont les causes ont été justes et légitimes.

En effet, quelque douloureux que fussent ces événements, ils étaient admirablement calculés pour amener le développement progressif des plans de Dieu et pour assurer le triomphe et les progrès de la vérité religieuse. La captivité des Juifs à Babylone eut pour résultat de les détourner à tout jamais de l'idolâtrie à laquelle ils avaient été si longtemps enclins, et dans laquelle ils étaient si souvent retombés depuis Moïse, malgré les avertissements de leurs prophètes, malgré les châtiments nombreux que Dieu leur avait envoyés à diverses reprises. Elle servit à répandre parmi les peuples païens la connaissance et la crainte de l'Eternel, et provoqua de la part de Cyrus, de Nébucadnetsar et de Darius , de solennelles déclarations de leur foi en Jéhovah le Dieu d'Israël. Elle prépara les voies à la venue du Messie et à la dispensation évangélique , en faisant disparaître quelques-unes des splendeurs du culte juif, quelques-unes de ses gloires terrestres, son temple, son arche sainte, son importance comme nation, sa foi en lui-même , et en dispersant les Juifs sur la plus grande partie de l'ancien monde connu. Ces Juifs dispersés emportaient avec eux les saintes Ecritures et les oracles concernant le Messie; ils devinrent ainsi, parmi tous les peuples, des témoins d'une vérité supérieure, et semèrent autour d'eux, en une certaine mesure, l'attente générale d'un grand libérateur.

Babylone est tombée, ainsi que les prophètes l'avaient annoncé. Daniel, on a tout lieu de le croire, jouit de la plus grande considération à la cour du conquérant Cyrus. Il fit lire probablement à ce monarque les oracles d'Esaïe qui le concernaient, et comme à la fin des soixante-dix années de la captivité Cyrus avait entre les mains le pouvoir souverain, il publia le célèbre décret par lequel, en proclamant la grandeur de Jéhovah, il autorisait tous les Juifs dispersés sur la surface de son immense empire à retourner dans leur patrie et à reconstruire le temple et la ville de Jérusalem. Les suites de ce décret et l'histoire des Juifs jusqu'à la fin du canon de l'Ancien-Testament, sont racontées dans les derniers livres historiques dont il nous reste à nous occuper. Il importe de faire attention à l'arrangement chronologique.

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ESDRAS

- ( 536-457 ans avant Jésus-Christ) Né probablement à Babylone, Esdras était fils ou plutôt petit-fils du souverain sacrificateur Séraja, qui fut tué lors de la prise de Jérusalem (2 Rois, XXV, 18-21). Il était lui-même sacrificateur, et l'Ecriture l'appelle un scribe bien exercé en la loi de Moïse (VII, 6). C'était un homme d'une profonde humilité (IX, 10-15), rempli d'un zèle ardent pour la cause de Dieu (VII, 40; VIII, 21-23), déplorant amèrement les péchés de son peuple et n'épargnant aucun travail pour les amener à la repentance (IX, 3; X, 6, 40). Il rejoignit les Juifs à Jérusalem , quelques années après leur retour, conduisant lui-même un second convoi, mais déjà moins nombreux que le premier, de Juifs retournant dans leur patrie.

Une partie de son livre est écrit en caldéen (IV, 8-VI, 19 ; VII, 1-27). C'est la reproduction de conversations ou de décrets formulés dans cette langue. - Esdras se donne lui-même comme l'auteur de ce livre (VII, 27, 28; VIII, 1 , 25-29; IX, 5). - La période racontée par Esdras comprend un espace de soixante-dix-neuf ans, et va de 536 à 457 avant Christ,

L'ouvrage se divise en deux parties bien distinctes, séparées par un intervalle de quarante-sept ans. La première (I-VI) raconte le retour des exilés et la reconstruction du temple, décrétée par Cyrus en 536 et achevée en 515 , sous le règne de Darius, fils d'Hystaspe.

La seconde (VII-X) contient l'histoire d'Esdras, son retour à Jérusalem, la mission qui lui fut donnée par Artaxerxès en 457 et le récit des travaux qu'il entreprit pour la réformation de son peuple.

1re PARTIE.

- Décret de Cyrus ordonnant la reconstruction de Jérusalem et du temple (II).

- Liste de ceux qui retournèrent avec Zorobabel, petit-fils de Jéhojakim, et avec Jésuah, petit-fils de Jotsadak ; énumération des richesses qu'ils emportèrent pour le temple (II).

- L'autel des holocaustes est reconstruit; on jette les fondations du temple (III).

- Opposition des Samaritains, interruption des travaux du temple (IV).

- Prophéties d'Aggée et de Zacharie ; on reprend les travaux du temple , lettre des Samaritains à Darius (V).

- Décret de Darius, achèvement et dédicace du temple (VI).

IIe PARTIE.

- Mission donnée à Esdras par Artaxerxès. Retour d'Esdras à Jérusalem avec ses compagnons (VII et VIII).

- Esdras mène deuil sur les péchés du peuple; confession des péchés et prière d'intercession (IX).

- Repentance et réformation du peuple (X).

 

Le livre d'Esdras doit être lu et médité à la lumière des prophéties d'Aggée et de Zacharie.

Différent en cela de Néhémie, Esdras paraît s'être fixé à Jérusalem. On raconte qu'il atteignit un âge fort avancé, l'âge de Moïse, cent vingt ans. Les Juifs l'estiment, comme restaurateur de leur culte, presque à l'égal de Moïse, leur législateur. Il exerça le pouvoir civil pendant environ douze ans. On voit, par le livre d'Aggée, qu'il remplissait avec zèle les fonctions sacrées de son ministère, et qu'il fut en beaucoup de choses, et notamment par la régénération du peuple, le collaborateur énergique de Néhémie , qui lui succéda comme gouverneur du pays.

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NEHEMIE

( 445-428 ). - Ce livre n'en formait primitivement qu'un seul avec celui d'Esdras, bien qu'il ait été écrit ou compilé par Néhémie. Le chapitre VII, 6-73, est probablement une compilation (verset 5) ; il en est de même de XII, 1-26 (verset 23). Quant au reste, il y a des preuves évidentes que c'est Néhémie qui l'a composé (I-VII; XII, 27-43; XIII, 6-31).

 

Le livre de Néhémie reprend l'histoire des Juifs environ douze ans après la fin du livre d'Esdras. Il raconte les améliorations qui ont été introduites dans la ville de Jérusalem, et les progrès de la réformation parmi le peuple sous son gouvernement.

Néhémie présente un des plus nobles exemples du vrai patriotisme fondé sur la crainte de Dieu (V, 15) et se préoccupant du bien-être spirituel de son peuple. Son respect pour la loi divine , son observation scrupuleuse du sabbat (XIII, 18) , sa pensée constamment dirigée vers Dieu en toutes choses (I, 11 ; II, 18) , son intelligence pratique du caractère de Dieu (IV, 14 ; IX , 6-33) , son esprit de vigilance et de prière (IV, 9, 20), son humilité en attribuant à la grâce de Dieu tout ce qu'il pouvait y avoir de bien en lui (II, 12 ; VII, 5), sont extrêmement remarquables. Au chapitre IX, nous lisons un abrégé très instructif de l'histoire des Juifs, qui nous montre, à la lumière de la révélation, ce qu'est Dieu et ce que sont les hommes. Peu de livres, même dans la Bible, contiennent de plus riches et de plus abondants exemples de philosophie religieuse, de religion appliquée.

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ESTER

(462-452). - Il n'y eut qu'un nombre, relativement très restreint, de Juifs qui profitèrent de la permission de retourner à Jérusalem. Le plus grand nombre de ceux qui vivaient étaient nés en Babylonie; ils avaient fait de ce pays leur patrie , ils s'y étaient établis, et s'étaient entourés d'une foule de jouissances, qu'ils étaient peu disposés à abandonner pour recommencer une vie de colonisation. On ne peut guère compter plus de cinquante mille personnes dans la première caravane qui se mit en route sous la conduite de Zorobabel; et le second convoi qui, plus de soixante-dix ans après, partit sous la conduite d'Esdras , ne comprenait guère plus de six mille personnes. Sans doute, que plus tard, quelques autres migrations eurent lieu; d'autres troupes partirent pour retrouver la ville sainte et le temple de Dieu, mais la masse de la nation demeura sur la terre d'exil.

Quelques auteurs supposent que le livre d'Ester a été écrit par Mardochée ; mais l'opinion la plus probable, la seule qui explique la complète absence du nom de Dieu dans ce document, est celle qui le considère comme un simple extrait des annales de la Perse.

Les événements racontés dans le livre d'Ester se placent entre le VIe et le VIIe chapitres d'Esdras. L'institution de la fête de Purim ou des Sorts, qui a continué d'être observée jusqu'à ce jour, est une preuve palpable et permanente de l'authenticité de ce récit. Le livre d'Ester a, du reste, toujours été considéré comme canonique par les Juifs, qui le tenaient en grande vénération.

Quant à son contenu, on peut le diviser comme suit:

- Festin donné par Assuérus , qui se termine par son divorce, et le renvoi de la reine Vasti (I).

- Elévation d'Ester au trône de Perse; service rendu au roi par Mardochée, qui découvre un complot tramé contre lui (II).

- Avènement de Haman ; son projet de détruire tous les Juifs (III).

- Consternation des Juifs ; mesures qu'ils prennent pour se soustraire au sort qui les menace (IV).

- Ester déjoue les machinations de Haman contre Mardochée ; honneurs accordés à Mardochée ; exécution de Haman (V-VII).

- Le complot de Haman contre les Juifs est réduit à néant ; institution de la fête de Purim en souvenir de cette délivrance; avancement de Mardochée.

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