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61. Propagation du christianisme.

Les croisades, on vient de le voir, avaient peu servi la cause de l'église dans l'Orient mahométan; de tous les établissements chrétiens fondés par les Latins en Palestine, il n'en subsista aucun. Ce n'est qu'en Europe que la propagation du christianisme fit des progrès nouveaux.

Lesjuifs, dispersés dans tous les pays de l'Occident, étaient tolérés soit comme médecins, soit comme banquiers ou commerçants. On les détestait, on les raillait, mais on ne pouvait se passer d'eux. Ils étaient nombreux surtout en Espagne et dans le midi de la France; des juifs espagnols ont traduit en latin les versions arabes d'Aristote et des ouvrages de savants arabes; à la fin du douzième siècle et au commencement du treizième la Provence était remplie de philosophes et de poètes juifs, protégés par la liberté religieuse qui régnait alors dans ces contrées. Mais généralement ils étaient soumis à des conditions fort dures, obligés de porter un costume particulier, privés des droits civils et politiques, molestés de toute manière, souvent même expulsés, malgré les lois qui devaient garantir leur existence. Les massacres qui eurent lieu à différentes époques et dans différents pays, furent provoqués tantôt par le fanatisme des croisés, tantôt par des accidents servant de prétextes aux haines populaires. Des théologiens écrivirent des traités pour prouver aux juifs la supériorité du christianisme, mais on n'a que peu d'exemples de conversions.

Par les moyens employés pour la répression des hérésies, on peut juger de ceux dont on a fait usage contre les païens. Les essais d'évangélisation pacifique deviennent de plus en plus rares ; dans la plupart des cas, les missionnaires sont accompagnés de soldats, et ce que ne produit pas la parole est consommé par la violence. Pressée d'étendre sa domination, l'église n'a plus la patience d'attendre les effets plus lents, mais plus surs, de la simple prédication de l'Évangile; il lui faut des triomphes plus prompts. De même qu'à ses yeux les hérétiques sont des criminels, les païens sont des ennemis qu'il faut combattre, pour les exterminer, si on ne réussit pas à les convertir. Toutes les contrées que, dans cette période, l'église a ajoutées à son domaine, en y détruisant le paganisme, n'ont été conquises que par les armes (124).

La conversion desWendes, déjà commencée, fut continuée par la soumission de la Poméranie aux ducs de Pologne; par Albert, le premier margrave de la marche de Brandebourg, dès 1133, qui appela à son aide des templiers et des johannites ; enfin par les victoires du due de Saxe, Henri le Lion, sur les Obotrites, en 1162. Dans ces pays, ravagés et dépeuplés par une longue suite de guerres, on établit des colonies allemandes, qui assurèrent la durée du christianisme.

Le dernier asile du paganisme scandinave était l'île de Rügen ; elle fut conquise en 1168 par le roi danois Waldémar, qui fit détruire les sanctuaires païens et baptiser les habitants.

En 1157 Éric IX, roi de Suède, dit le Saint, força les Finlandais à accepter le christianisme et établit pour eux un évêché.

Depuis 1186 le chanoine de Brême Meinhard prêcha l'Évangile aux Livoniens, dont le pays fut constitué, pour lui en évêché. En 1200 Albert, le troisième évêque, bâtit la ville de Riga; en 1202 il fonda l'ordre des chevaliers porte-glaives, et réussit avec leur concours à soumettre le peuple; en 1211 il tourna ses armes contre les Esthoniens, qu'il obligea en 4219 à se faire baptiser.

Quelques moines polonais ayant commencé, vers 1207, à évangéliser les païens de laPrusse, les dues de Pologne voulurent en profiter pour s'arroger la domination du pays; les Prussiens résistèrent, massacrèrent les chrétiens et ravagèrent les provinces polonaises. Le duc Conrad fit alors prêcher la croix; en 1226 il s'adressa aux chevaliers del'ordre teutonique; après des guerres qui durèrent plus d'un demi-siècle. de 1230 a 1283, cet ordre acheva pour son propre compte la conquête de la Prusse, dont le souverain fut désormais le grand-maître desteutoniques; il résidait au château de Marienbourg, où se tenaient aussi les chapitres généraux.

 

A la fin du treizième siècle l'ancien paganisme germanique, scandinave et slave avaient disparu de l'Europe occidentale; il n'en resta que des coutumes et des superstitions.


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124 V. les ouvrages cités § 21 et 22.

 

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