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47. L'étude de la Bible.

L'explication de la Bible resta au même point que précédemment ; l'ignorance des langues hébraïque et grecque chez la plupart des théologiens les empêcha d'aller au delà de ce qu'ils savaient par les Pères.

Pour déterminer le sens des mots de la Vulgate, on fit des glossaires alphabétiques, tels que le Rudimentum de Papias (milieu du onzième siècle), la Somme du dominicain Guillaume le Breton, le Catholicon de Jean Balbi de Gênes, également dominicain, le Mammotrectus du franciscain Marchesino ; ce dernier livre fut, depuis le commencement du quatorzième siècle, le plus répandu de ces vocabulaires, qui abondent en étymologies bizarres (70).

L'ouvrage de Walafried Strabon dit Glossa ordinaria fut complété par une glose interlinéaire, dont l'auteur estAnselme de Laon, mort en 1117. On fit de nombreuses copies de cette bible, dont les annotations étaient d'un usage très commode (71). Le cardinalHugues de Saint-Cher, mort en 1263, recueillit des explications littérales, allégoriques, mystiques et morales de tous les livres de l'Écriture ; la théologie du moyen âge ne croyait pas pouvoir se passer de ce sens quadruple (72). Un travail plus important est la Postille du franciscainNicolas de Lyre, mort en 1351 ; Nicolas, qui a su l'hébreu et qui a employé sa connaissance de cette langue à l'interprétation de l'Ancien Testament, a fourni sous ce rapport ce que ces siècles ont produit de plus distingué la partie consacrée au Nouveau. Testament est plus faible, cependant il faut savoir gré à l'auteur de ses efforts pour déterminer le sens littéral avant d'aller à la recherche des trois autres sens; il est le premier qui ait essayé de faire de l'exégèse (73).

Un fait digne de remarque c'est qu'au treizième siècle on s'est occupé à Paris de la correction de la Vulgate, dont les copies, par suite de l'ignorance ou de l'incurie des scribes, différaient considérablement les unes des autres. Le travail fut entrepris simultanément par des auteurs divers, par le cardinal Hugues de Saint-Cher, par le dominicain Guillaume le Breton, par quelques théologiens de la Sorbonne ; tous se proposèrent de restituer le texte authentique de saint Jérôme ; mais comme on n'avait pour se guider ni des manuscrits très anciens ni des principes de critique et que, du reste, on ne savait ni l'hébreu ni le grec, ces corrections ne purent avoir d'autre résultat que d'augmenter la diversité (74).

Quelques docteurs ont laissé des commentaires sur plusieurs Parties de la Bible; ceux d'Abélard sur l'épître aux Romains et de Thomas d'Aquin sur les évangiles sont les seuls (lui méritent encore quelque attention. En général la Bible a été pour le moyen âge bien plutôt un recueil d'histoires merveilleuses qu'un livre de doctrine; la foi était fixée par l'église et appuyée sur la tradition. Au douzième siècleHerrade de Landsberg, abbesse du monastère de Hohenbourg en Alsace, rattacha, dans son Hortus deliciarunm, toute l'encyclopédie du savoir de son époque à l'histoire sainte de l'Ancien et du Nouveau Testament (75). Son contemporain,Pierre Comestor, d'abord doyen de Troyes, puis professeur à Paris, mort en 1178, écrivit une Historia scholastica, combinant l'histoire profane avec celle de la Bible, depuis la Genèse jusqu'à la fin des Actes des apôtres ; cet ouvrage, auquel sont mêlées des légendes et des allégories de toute sorte, eut un grand succès dans les écoles (76). Le Speculum historiale du dominicainVincent de Beauvais, mort en 1264, allie également les deux histoires, en continuant celle du monde jusqu'en 1944 (77). Du reste, la plupart des chroniques débutent par l'histoire sainte.


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70 S. Berger, De glosariis et compendiis exegeticis quibusdam medii aevi. Paris 1879.

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71 Biblia latina cum glossa ordinaria Walafridi Strabonis et interlincari Anselmi Laudunensis. S. 1. et a. (Strasb., Ad. Rusch, vers 1480). 4 vol. in-f°. Encore plusieurs fois imprimé.

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72 Postilla in universa biblia juxta quadruplicem sensum. Bâle 1487, 6 vol. in-f°, et encore plusieurs fois. Hugues de S. Cher est le premier qui ait divisé les livres de la Bible en chapitres. Il a aussi fait une concordance, dont il existe plusieurs éditions. - Hist. litt. de la France, T. 19, p. 38,

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73 opus totius biblioe continens glossam ordinariam cum expositione il Lyrae. Rome 1471, 5 vol. in-f°, et souvent.

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74 S. Berger, Des essais qui ont été faits à Paris au douzième siècle pour corriger le texte de la Vulgate. Revue de théologie et de philosophie. Lausanne 1883.

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75 Engelhardt, Herrad von Landsberg und ihr Hortus deliciarum Stuttgard 1818. - Le manuscrit original, orné de, miniatures, très importantes au point de vue du symbolisme religieux, a péri lors de l'incendie de la bibliothèque de Strasbourg en 1870.

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76 Reutlingen 1473, in-f°, et souvent.

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77 Le Speculum historiale forme une des trois parties d'une vaste encyclopédie, dont les deux autres sont le Speculum doctrinale et le Speculum naturale. Ce grand ouvrage est un des premiers livres qui furent imprimés ait XVe siècle; la meilleure édition est celle des bénédictins. Douai 1624, 4 vol. in-f-° - Schlosser, Vincenz von Beauvais. Francf. 1819, 2 vol.

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(La Bible: 1Thessaloniciens 5:21)

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