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37. Ordres mendiants.

Dans plusieurs des formes du monachisme dont il vient d'être parlé on a pu constater une tendance à le rendre utile, en lui donnant une action sur le monde; cette tendance se manifeste chez les ordres charitables et chez les ordres militaires. Cluny et Citeaux exerçaient de l'influence par quelques chefs éminents, mais fort peu par leurs moines; aucune des deux congrégations n'avait reçu la mission de se mêler à la foule pour agir sur elle; elles étaient, d'ailleurs, trop riches pour devenir populaires, elles formaient en quelque sorte l'aristocratie du monachisme. D'autre part, la règle du silence imposée aux religieux des ordres d'ermites les privait de tout moyen d'entrer en communication avec les hommes du dehors. Les vaudois furent les premiers à concevoir l'idée d'une association, revenant à ce qu'on appelait la vie apostolique, c'est-à-dire une vie à la fois pauvre et consacrée à la prédication. Ils offrirent leurs services à l'église, qui les repoussa. En 1210 un des leurs, redevenu catholique,Durand d'Osca, fonda avec l'assentiment du pape une petite congrégation de pauvres catholiques, à l'effet de neutraliser l'influence des pauvres de Lyon; elle ne dura guère.

Innocent III, persuadé que tous les besoins monastiques étaient satisfaits, fit défendre par le concile du Latran de 1215 la fondation d'ordres nouveaux, « afin que la trop grande diversité n'introduise pas dans l'église une confusion dangereuse; quiconque veut entrer en religion, doit adopter une des règles établies ». Peu après pourtant furent créés deux ordres, destinés à répondre à des besoins qu'Innocent n'avait pas prévus, et à prendre une importance considérable; ce sont ceux des frères mineurs et des frères prêcheurs, tous les deux voués à la mendicité. Par leur intention de reproduire la vie des apôtres, ces ordres devinrent dans l'église une puissance nouvelle, l'appui le plus solide de la papauté, sa vraie milice pour la défense et pour la conquête : leur seule arme dut être la parole, leur seul moyen de subsistance la besace; mais ce fut cette simplicité même, aussi longtemps qu'ils ne s'en départirent point, qui fit le secret de leur force. Par eux le monachisme se rapprocha du peuple, il rentra dans le monde, non pour participer à ses intérêts ou a ses occupations, mais pour le diriger dans le sens du catholicisme. Au début de leur existence ils durent former le contraste le plus tranché avec les clergés séculier et régulier qui, par leurs moeurs mondaines, s'étaient aliéné beaucoup de laïques. Leur création fut un de ces nombreux essais de réforme tentés au moyen age dans le sein de l'église elle-même; remettre sous les yeux du monde le spectacle de la vie apostolique, d'une vie pauvre et austère, mais active, dévouée, compatissant à toutes, les misères, combattant tantôt l'erreur, tantôt le péché, tel fut le dessein des fondateurs; en prêchant «la Parole de Dieu», en appelant les hommes à la repentance, en les rafferinissant dans l'unité catholique, les moines mendiants durent consolider l'église, menacée par les sectes et compromise par les désordres du clergé au imoment même oit sous Innocent III la papat(é célébrait ses triomphes les plus éclatants.

François, le fondateur de l'ordre des frères mineurs, naquit en 1182 dans la ville d'Assise, sur le versant occidental des Apennins (39). il ne reçut pas d'autre instruction que celle qu'on donnait alors aux enfants laïques ; doué d'une vive imagination, il se livrait à toute sorte d'excentricités. Une maladie le fit rentrer en lui-même; à I'âge de 25 ans, pendant un séjour dans une grotte non loin d'Assise, les idées qui le préoccupaient prirent la forme de rêves, de visions, de voix célestes; il se crut appelé à renoncer au monde. S'étant brouillé avec son père, qui était un marchand riche, il quitta la maison paternelle sans rien emporter. Pendant quelque temps il mena une vie errante, mendiant sa subsistance ou rendant les services les plus méprisés. En 1209, ayant entendu dans la petite chapelle de Portiuncula, qu'il avait érigée au moyen de collectes, la lecture de la péricope Matthieu X, il crut avoir découvert le but de son existence : redevenir comme un apôtre, sans s'inquiéter du lendemain. Dès lors il prêcha la pénitence dans les rues d'Assise, raillé des uns, admiré par d'autres. Le 16 mai deux jeunes bourgeois imitèrent son exemple, donnèrent leurs biens aux pauvres et se joignirent à lui. Ce jour passe pour celui de la première fondation de l'ordre. Les trois frères, auxquels bientôt s'associèrent quelques autres, se bâtirent des cabanes près de la chapelle de Portiuncula; ils n'en sortaient que pour mendier et pour prêcher. Quand ils furent au nombre de huit, François les envoya deux par deux, pour se disperser en annonçant au peuple le pardon des péchés. Peu après ils se retrouvèrent auprès du maître. Jusque là ils avaient été prédicateurs laïques, comme les vaudois, sans mission de l'église. François leur donna alors une règle, composée en grande partie de passages du sermon de la montagne; il exigea les trois voeux monastiques, l'obéissance, la chasteté, la pauvreté, cette dernière dans le sens le plus littéral. Il se rendit à Rome, avec une recommandation de l'évêque d'Assise, pour solliciter d'Innocent III la confirmation de ce qu'il venait de fonder ; le pape lui permit de continuer à prêcher la repentance, en lui faisant espérer que, si Dieu bénissait son oeuvre, il lui accorderait peut-être davantage. François trouva de nouveaux disciples ; de différentes parties de l'Italie des jeunes gens enthousiastes accoururent à Portiuncula. L'association, qui s'augmentait tous les jours, ne pouvait plus subsister sans quelques possessions; on leur céda des terrains, sur lesquels ils bâtirent des couvents, dépourvus de meubles et d'ustensiles ; on mendiait la nourriture, on dormait par terre.

Primitivement les frères s'étaient appelés les pauvres pénitents d'Assise; à son retour de Rome en 1209 François leur donna le nom de minoritoe, frères mineurs, les moindres dans le royaume de Dieu.

De bonne heure il se manifesta deux tendances dans l'ordre; l'une était représentée par le frèreÉlie de Cortone, théologien instruit, plus sagace que rêveur, depuis 1221 vicaire général; il comprenait que, pour gouverner les âmes, il fallait introduire une rigueur moins absolue; à l'autre tendance appartenait le frèreAntoine de Padoue, ardent prédicateur de la pénitence et insistant sur l'observation la plus stricte de la pauvreté François lui-même était de ce dernier avis. Ce fut dans ce sens qu'il rédigea une règle nouvelle, adaptée à l'extension de l'ordre, sanctionnée par le chapitre général de 1223 et confirmée par Honoré IV.

Chaque couvent avait pour chef un frère gardien, chaque province un ministre provincial, la congrégation entière un ministre général, soumis immédiatement au pape. Chaque année tous les frères devaient se réunir en chapitre général à Portiuncula ; plus tard ces assemblées ne furent plus tenues que tous les trois ans, et il n'y vint plus que des délégués des couvents plus éloignés.

Déjà en 1212 il s'était formé un deuxième ordre mineur, pour des femmes. Clara Scifi, fille d'un chevalier d'Assise, ayant été engagée par François à renoncer au monde, et d'autres l'ayant suivie, on bâtit pour elles un couvent près de celui de Portiuncula; en 1224 François leur donna une règle conforme à celle des frères, avec la différence que les soeurs furent astreintes à la réclusion et au silence. Un troisième ordre de frères et de soeurs de la pénitence fut établi un peu plus tard ; ces tertiaires étaient des laïques, gardant leur fortune et leur position, mais s'engageant à observer les commandements de Dieu, à fuir le luxe et les plaisirs, à s'exercer aux bonnes oeuvres, sous la direction des franciscains.

Un des buts accessoires de ces derniers devait être la prédication de l'évangile aux païens et aux mahométans. François lui-même tenta cette mission, de laquelle il se promettait la gloire du martyre. En 1219 il passa en Égypte, où les chrétiens assiégeaient Damiette; il se présenta chez le sultan, qu'il ne convertit pas, mais qui lui témoigna des égards et lui permit de retourner à l'armée des croisés.

Il mourut le 4 octobre 1226 dans son couvent; deux années après, le pape Grégoire IX le canonisa en lui donnant le titre de père séraphique, et bientôt une belle église gothique remplaça celle de Portiuncula. Avant de mourir saint François avait encore vu son ordre, ainsi que celui des religieuses de Sainte-Claire, répandu dans toute l'Europe. Il avait à peine fermé les yeux que la légende s'empara de sa vie; déjà ses premiers biographes qui avaient encore été ses compagnons, lui attribuent des miracles, dont le principal est celui des stigmates de Jésus-Christ, appliqués sur son corps par un ange, un jour qu'il avait été en extase sur le mont Alverno. Si ces stigmates ont existé, ce n'est sans doute que sur le cadavre du saint, auquel a pu les imprimer un disciple, ambitieux d'exalter la gloire de son maître. Celui-ci est une des personnalités les plus intéressantes du moyen âge ; l'imagination et le sentiment ont suppléé chez lui au manque de connaissances; sa prédication a produit plus d'effets que celle de clercs beaucoup plus lettrés que lui; plutôt poète que théologien, il a voulu que ses moines parcourussent le monde, non seulement en prêchant, mais en chantant, comme jongleurs du Seigneur, joculatores domini Son hymne des créatures exprime, sous une forme naïve, une profonde sympathie pour tous les êtres, qui étaient pour lui des objets et des manifestations de l'amour divin; un jour, en passant par un champ, il prêcha à ses chers frères les oiseaux, les exhortant à ne pas se lasser de chanter les louanges de leur créateur.

A la même époque où François d'Assise fonda l'ordre des frères mineurs, l'Espagnol Dominique établit, dans un esprit tout différent, celui des frères prêcheurs (40).

Dominiquenaquit douze ans avant François, en 1170, au bourg de Calaruega près d'Osma, dans la Vieille-Castille. Élevé d'abord par un oncle, archiprêtre dans une ville voisine, il fit ensuite des études philosophiques et théologiques à l'université de Palencia (41). Il était savant, sévère pour lui-même et pour les autres, mais moins enthousiaste que pratique et dogmatiste; il avait plus de rigidité orthodoxe que de sentiment mystique et d'exaltation. A l'âge de 24 ans il devint chanoine régulier à Osma. En 1204 il accompagna l'évêque de cette ville, Diégo de Azevedo, que le roi de Castille avait chargé d'une mission en France; ce fut lui qui en remplit la principale part. En compagnie de l'évêque il visita aussi la ville de ]Rome; à leur retour, ils assistèrent à Montpellier à une conférence d'abbés cisterciens sur les moyens de convertir les albigeois. Les abbés s'étant plaints de l'insuccès de leurs efforts, Dominique leur fit observer qu'ils en étaient eux-mêmes la cause; ils étalaient un faste dont se raillaient les hérétiques et qui scandalisait les catholiques; s'ils voulaient réussir, ils devaient parcourir le pays pieds-nus et sans appareil. Ils suivirent ce conseil, l'évêque d'Osma lui-même se joignit à eux, Dominique fut leur directeur. Mais comme les cailloux et les ronces ne convenaient ni à Diégo ni aux abbés, le premier retourna en Espagne, les autres dans leurs monastères. Dominique, resté seul, continua de prêcher au peuple et de réfuter les hérétiques. Pour empêcher les familles moins aisées de faire élever leurs filles par les cathares, il établit le couvent de Notre-Dame de Prouille, au pied des Pyrénées, pour lequel l'évêque Foulques de Toulouse lui céda des biens et une église. Vers cette époque Innocent III le chargea officiellement d'être prédicateur de la foi dans les provinces méridionales de la

France. Élu évêque de Béziers en 1212, il refusa cette dignité pour rester fidèle à sa mission. Il s'adjoignit quelques frères; deux d'entre eux possédaient une maison à Toulouse, où ils vécurent alors, sans règle spéciale, mais en observant les coutumes monastiques. Le comte Simon de Montfort et l'évêque Foulques donnèrent à ce premier couvent des domaines enlevés aux albigeois. Le nombre des frères s'étant augmenté, Dominique songea à créer un ordre. En 1215, lors du concile du Latran, il se rendit à Rome; le concile venant de défendre l'établissement d'ordres nouveaux, le pape conseilla à Dominique de se rattacher à une congrégation déjà existante. Étant lui-même chanoine régulier, il adopta la règle dite de saint Augustin, en la renforçant par les statuts de Prémontré, mais sans exiger encore la mendicité. Après la mort d'Innocent III il vint de nouveau à Rome; cette fois-ci il obtint d'Honoré III la reconnaissance formelle de l'ordre des frères prêcheurs; le pape lui donna quelques privilèges et confirma ses possessions. Dès lors l'ordre se répandit avec la même rapidité que celui des franciscains; il attira de préférence les hommes instruits et les ennemis des hérétiques, tandis que les frères mineurs se recrutaient principalement parmi les natures enthousiastes. Dominique parcourut l'Italie, l'Espagne, la France, et fonda partout des couvents; Il s'en établit d'autres en Allemagne, en Hongrie, en Bohême, en Angleterre. En 1220 se réunit à Bologne le premier chapitre général; il introduisit la mendicité. Ce que François d'Assise avait institué pour obéir à un mouvement spontané de son coeur avide de Dieu, Dominique se l'appropria, dans l'intention d'affaiblir un des arguments les plus forts des hérétiques. Il obligea son ordre à restituer les biens dont il avait déjà fait l'acquisition. Au chapitre général de l'année suivante, les frères s'organisèrent à peu près comme les franciscains: l'ordre fut divisé en provinces, chacune sous un prieur provincial, et tout l'ensemble sous un maître général ne relevant que du pape; tous les trois ans devait

******* se tenir un chapitre général, et tous les deux ans des chapitres provinciaux.

Dominique mourut en 1221 ; enterré dans l'église du couvent de Bologne, il fut canonisé en 1233 par Grégoire IX. En 1238 le troisième général de l'ordre, le canoniste Raymond de Pennaforte, donna à la règle sa forme actuelle. De même que les franciscains, les dominicains eurent un ordre de femmes, ainsi qu'un tiers-ordre de pénitents laïques.

Les tiers-ordres, qui formaient la transition du monachisme à la société séculière, soumettaient à la direction des moines mendiants des hommes de toutes les classes, parfois même des prêtres. Un autre phénomène du même genre ce sont les associations de béguines et debeghards, qu'on rencontre vers la fin du douzième siècle dans plusieurs villes de la Belgique (42). Le plus souvent c'étaient des femmes pauvres qui s'unissaient pour habiter en commun une maison, appelée béguinage, afin de vivre du travail de leurs mains et de mener, sans voeux monastiques, une vie dévote. En beaucoup de villes, des personnes charitables, émues de la misère des veuves et des jeunes filles privées de ressources, fondèrent pour elles des béguinages ; dans ce sens primitif, ceux-ci ont été un bienfait rendu à une classe abandonnée. Lesbéguinesqui les habitaient ne devaient pas sortir pour demander l'aumône. Les beghards, au contraire, pouvaient mendier; ils parcouraient les villes et les villages par bandes, en criant: donnez au nom de Dieu du pain!

D'autres béguinages étaient destinés à recevoir des femmes nobles ou riches, qui s'associaient pour se vouer à la piété, en gardant la liberté de rentrer dans le monde. D'autres enfin étaient des asiles pour des pécheresses repentantes qu'on appelait soeurs de la pénitence, et qu'il faut distinguer des pénitentes de Sainte-Madeleine, soumises à la règle de saint Augustin. Au treizième et au quatorzième siècle les béguinages s'affilièrent à l'un ou à l'autre des ordres mendiants, les pauvres à celui des franciscains, les plus fortunés à celui des dominicains ; à ce dernier furent aussi incorporés tous les couvents de Sainte-Madeleine, ainsi que la plupart des nombreux ermitages ou cluses, inclusoria, dispersés dans les campagnes et habités par quelques recluses.


Table des matières

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39 Biographie de saint François: par Thomas de Célano, 1229, complétée en 1246 par les tres socii Leo, Angelus et Ruffinus ; Acta Sanct., octobre, T. 2, p. 683; par Bonaventure, o. c., p. 742. - S. Francisci opera. Paris 1641, in-f° Cologne 1849. - Chavan de Malan, Histoire de saint François. 4e éd. Paris 1855. - Hase, Franz von Assisi, ein Heiligenbild. Leipzig 1856; trad. par Berthoud, Paris 1864.

La règle de l'ordre, Holstenius T. 3, p. 30. - Bullarium franciscanum, cum supplemento. Rome 1759, 5 vol. in-f°. Wadding, Annales minorum. Lyon 1625, 8 vol. in-f° nouv. éd., continuée, Rome, 1731 à 1860, 25 vol. in-f° - Wadding, Scriptores ordinis minorum. Rome 1550, in-f°. - Sbaralea, Supplementum et castigatio ad Scriptores minorum Waddingi, Rome 1806, in-f°.

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40 Biographies de saint Dominique : par le frère Jourdain, 2e général de, l'ordre, Acta Sanct., août, T. 1 , p. 545; par Humbert de Saint-Romans, 5, général, o. c., p. 585. - Lacordaire, Vie de saint Dominique. Paris 1840.

La règle chez Holstenius, T. 4, p. 10. - Ripoll et Brémond, Bullarium ordinis proedicatorum. Rome 1729, 8 vol. in-f°. - Il n'existe pas encore d'édition complète des actes des chapitres généraux de l'ordre; Martène et Durand en ont publié une partie, jusqu'en 1316, dans le T. 4 de leur Thesaurus novus anecdotorum. - Fontana, Constitutiones capitulorum generalium ordinis fratrum proevdicat. Rome 1655, in-f°. - Mamachii aliorumque annales ordinis proedicat. Rome 1746, in-f°. - Quétif et Echard, Scriptores ord. proed. Paris 1749, 2 vol. in-f°. - Abbé Douais, Essai sur l'organisation des études dans l'ordre des frères prêcheurs au treizième et au quatorzième siècle. Paris 1884.

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41 Transférée depuis 1217 à Salamanque.

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42 Mosheim, De beghardis et beguinabus. Leipzig 1790. - Hallmann, Geschichte des Ursprungs der belgischen Beghinen. Berlin 1843. - L'étymologie des mots beghart et begyne est encore inexpliquée ; des germanistes, tels que les frères Grimm, Deutsches Würterbuch, T. 4, Col. 1295, et Schmeller, Bayerisches Würterbuch, éd. Frommann, Munich 1872 , T. 1 , p. 215, la laissent dans le doute.

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