Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE V

Suite 2

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aaLe Seigneur Jésus allait faisant du bien le jour du sabbat tout comme les autres jours, et lorsque enfin il eut achevé l'oeuvre glorieuse de la rédemption, il passa le sabbat dans le tombeau et ressuscita le premier jour de la semaine, comme le premier-né d'entre les morts, la tête d'une nouvelle création dans laquelle tout est de Dieu, et où il ne saurait plus être question « de jours, de mois, de temps et d'années ». Si nous comprenons bien ce que signifient la mort et la résurrection, nous n'observerons plus les jours. La mort de Christ a mis fin à tout cet ordre de choses, et sa résurrection nous introduit dans une sphère entièrement différente, où nous avons le privilège de marcher à la lumière et dans la puissance de ces réalités éternelles qui sont nôtres en Christ, et en vivant contraste avec les observances superstitieuses d'une religiosité charnelle et mondaine.

 

Nous voici arrivés à un point fort intéressant de notre sujet, savoir, la différence qui existe entre le sabbat et « le jour du Seigneur, ou le premier jour de la semaine ». On confond souvent ces deux choses. Nous entendons fréquemment des personnes vraiment pieuses parler du « sabbat chrétien », expression qui ne se trouve nulle part dans toute la Bible. Or nous devons toujours chercher à nous exprimer d'une manière conforme à l'Écriture.

Nous sommes persuadés que l'ennemi de Dieu et de son Christ est beaucoup plus mêlé qu'on ne le croit aux formes et aux conventions de la chrétienté ; c'est là ce qui rend la chose si sérieuse. Le lecteur trouvera peut-être qu'il est ridicule de désapprouver l'expression de « sabbat chrétien », mais s'il examine la question à la lumière du Nouveau Testament, il verra qu'elle se développe d'une manière fort importante. On dit souvent que « le nom ne fait rien à la chose », mais dans le sujet qui nous occupe, le nom caractérise la chose.

Nous avons déjà remarqué que notre Seigneur passa le jour du sabbat dans le tombeau. Ce fait n'a-t-il pas une profonde signification ? Nous ne saurions en douter. Nous y lisons la mise de côté de l'ancien ordre de choses, et la complète impossibilité d'observer un sabbat dans un monde de péché et de mort. L'amour ne pouvait se reposer dans un monde tel que celui-ci ; il ne pouvait que travailler et mourir. C'est ce que nous lisons sur la tombe où le Seigneur du sabbat fut déposé.

Mais, dira-t-on, le premier jour de la semaine n'est-il pas le sabbat nouveau, le sabbat chrétien ? Il n'est jamais appelé ainsi dans le Nouveau Testament. Si nous étudions les Actes des Apôtres, nous verrons que ces deux jours sont mentionnés d'une manière tout à fait distincte. Le jour du sabbat, nous voyons les Juifs assemblés dans leurs synagogues pour la lecture de la loi et des prophètes. Le premier jour de la semaine, nous voyons les chrétiens assemblés pour rompre le pain. Ces deux jours étaient aussi distincts que le judaïsme et le christianisme, et rien, absolument rien, ne pourrait faire supposer que le sabbat se soit jamais confondu avec le premier jour de la semaine. Où nous est-il dit que le sabbat ait été transporté, du septième jour au huitième, ou au premier jour de la semaine ? Nulle part, assurément.

Qu'on se souvienne aussi que le sabbat n'est pas seulement un septième jour,. mais le septième jour. Quelques-uns croient que, pourvu qu'une septième partie du temps soit donnée au repos et aux devoirs publics de la religion, cela suffit, et que peu importe le nom dont on l'appelle. Il en résulte que différentes nations et divers systèmes religieux ont leur jour du sabbat. Mais cela ne saurait suffire aux âmes qui désirent s'en tenir uniquement à l'Écriture. Le repos d'Éden était le septième jour. Le repos pour Israël était le septième jour. Mais le huitième attire nos pensées vers l'éternité, et, dans le Nouveau Testament, il est appelé : « le premier jour de la semaine », comme marquant le commencement de ce nouvel ordre de choses, dont la croix est la. base impérissable, et un Christ. ressuscité la Tête glorieuse et le centre. Or, appeler ce jour-là le « sabbat chrétien », c'est simplement confondre les choses terrestres et les célestes. C'est faire descendre le chrétien de sa haute position, en tant qu'uni à une Tête glorifiée dans les cieux, et l'occuper d'ordonnances charnelles imposées jusqu'au temps de l'Evangile ; d'observances de jours, de mois, de temps et d'années, comme l'apôtre le reprochait aux assemblées de la Galatie.

 

Bref, plus nous réfléchissons à cette expression « sabbat chrétien », plus nous sommes convaincus qu'elle tend, ainsi que beaucoup d'autres termes usuels dans la chrétienté, à dérober au chrétien ces grandes vérités qui distinguent l'Église de Dieu de tout ce qui l'a précédée et de tout ce qui suivra. L'Église, bien que sur la terre, n'est pas de ce monde, tout comme Christ n'est pas de ce monde. Elle est céleste dans son origine, son caractère, ses principes, sa marche et ses espérances. Elle est placée entre la croix et la gloire. Les limites de son existence sur la terre sont le jour de la Pentecôte, lorsque le Saint-Esprit descendit polir la former, et la venue de Christ pour la prendre auprès de Lui.

Rien ne saurait être plus clair. C'est donc fausser la position du chrétien tout entière, que de vouloir forcer l'Eglise de Dieu à observer, soit légalement, soit superstitieusement, « les jours, les mois, les temps et les années » ; c'est attaquer la révélation divine, et priver le chrétien de la place qui lui appartient, par la grâce infinie de Dieu et par la rédemption accomplie par Christ.

 

Si le lecteur trouve que nous allons trop loin dans nos assertions, qu'il médite le passage suivant de l'épître de Paul aux Colossiens : « Comme donc vous avez reçu le Christ Jésus, le Seigneur, marchez en lui, enracinés et édifiés en lui, et affermis dans la foi, selon que vous avez été enseignés, abondant en elle avec des actions de grâces. Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par de vaines déceptions », - remarquez cette association peu flatteuse pour la philosophie ! - « selon l'enseignement des hommes, selon les éléments du monde, et non selon Christ ; car en lui habite toute la plénitude de la déité corporellement ; et vous êtes accomplis en lui, qui est le chef de toute principauté et autorité ». - Que nous faut-il de plus ? - « En qui aussi vous avez été circoncis d'une circoncision qui n'a pas été faite de main, dans le dépouillement du corps de la chair par la circoncision du Christ, étant ensevelis avec lui dans le baptême, dans lequel aussi vous avez été ressuscités ensemble par la foi en l'opération de Dieu qui l'a ressuscité d'entre les morts. Et vous, lorsque vous étiez morts dans vos fautes et dans l'incirconcision de votre chair, il vous a vivifiés ensemble avec lui, nous ayant pardonné toutes nos fautes, ayant effacé l'obligation qui était contre nous, laquelle consistait en ordonnances et qui nous était contraire, et il l'a ôtée en la clouant à la croix : ayant dépouillé les principautés et les autorités, il les a produites en publie, triomphant d'elles en la croix ».

Magnifique victoire remportée par Lui seul et pour nous ! Que reste-t-il encore ? « Que personne donc ne vous juge en ce qui concerne le manger ou le boire, ou à propos d'un jour de fête ou de nouvelle lune, ou de sabbats, qui sont une ombre des choses à venir ; mais le corps est du Christ ».

Que peut avoir à faire, au point de vue religieux, avec le manger, le boire, ou les jours de fête, un chrétien qui est complet et accepté en un Christ ressuscité et glorifié ? Que peuvent faire pour lui la philosophie, les traditions, ou la religion du monde ? Que sont les ombres pour celui qui a saisi, par la foi, la substance éternelle ? Rien absolument ; c'est pourquoi aussi l'apôtre continue : « Que personne ne vous frustre du prix du combat, faisant sa volonté propre dans l'humilité et dans le culte des anges, s'ingérant dans les choses qu'il n'a pas vues, enflé d'un vain orgueil par les pensées de sa chair, et ne tenant pas ferme le chef, duquel tout le corps, alimenté et bien uni ensemble par des jointures et des liens, croît de l'accroissement de Dieu. Si vous êtes morts avec Christ aux éléments du monde, pourquoi, comme si vous étiez encore en vie dans le monde, établissez-vous des ordonnances - ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas ! - (choses qui sont toutes destinées à périr par l'usage), selon les commandements et les enseignements des hommes (qui ont bien une apparence de sagesse en dévotion volontaire et en humilité, et en ce qu'elles n'épargnent pas le corps, ne lui rendant pas un certain honneur), pour la satisfaction de la chair ? » c'est-à-dire non pas en rendant au corps le degré d'honneur qui lui est dû en tant que vaisseau de Dieu, mais enflant la chair par un orgueil religieux alimenté par une vaine, creuse et prétendue sainteté (Col. 2, 6-23).

 

Si l'on comprend bien l'esprit de ce merveilleux passage, on sera au clair, non seulement sur la question du sabbat, mais encore sur tout un système de choses qui y a rapport. Le chrétien, qui a bien saisi quelle est sa position, en a fini pour toujours avec toute question religieuse, au sujet du manger, du boire, des jours, des mois, des temps et des années. Il n'a rien à faire avec les saintes époques, ni avec les saints lieux. Il est mort avec Christ aux éléments du monde, et comme tel, il est délivré de toutes les ordonnances d'une religion traditionnelle. Il est du ciel, où il n'y a ni nouvelles lunes, ni jours de fête, ni sabbats. Il appartient à la nouvelle création, où toutes choses sont de Dieu, et, par conséquent, il ne saurait voir aucune force morale dans des mots tels que ceux-ci : « ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas ». Ils ne s'appliquent en aucune façon à lui. Il vit dans une atmosphère où les nuages, les vapeurs et les brouillards du monachisme et de l'ascétisme ne se voient jamais. Il a mis de côté toutes les formes inutiles d'un piétisme charnel et a reçu, en échange, les sûres réalités de la vie chrétienne. Son oreille a été ouverte pour entendre et son coeur pour comprendre la puissante exhortation de l'apôtre inspiré : « Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ; pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre ; car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ qui est votre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire » (Col. 3, 1).

 

Nous avons ici le contraste frappant de quelques-unes des gloires du vrai christianisme avec les formes stériles et desséchantes d'une religiosité charnelle et mondaine. La vie chrétienne ne consiste point dans l'observation de certaines ordonnances, commandements ou traditions des hommes. Elle est une divine réalité. C'est Christ dans le coeur, et Christ reproduit dans la vie de chaque jour, par la puissance du Saint-Esprit. C'est l'homme nouveau, formé d'après le modèle de Christ lui-même, et se révélant dans les moindres détails de notre conduite et de notre marche au milieu du monde, de nos familles, dans nos transactions avec nos semblables, dans nos manières, notre humeur, en un mot dans tout ce qui est nous-mêmes. Ce n'est point une affaire de profession ou de dogme, d'opinion ou de sentiment, mais une réalité vivante et incontestable. C'est la dépendance de Dieu établie dans le coeur, étendant sa domination bénie sur tout l'être moral, et répandant sa douce influence sur toute la sphère où nous sommes appelés à vivre. C'est le chrétien marchant sur les traces bénies de Celui qui allait de lieu en lieu, faisant du bien ; cherchant, selon son pouvoir, à se rendre utile ; ne vivant pas pour soi-même, mais pour les autres ; trouvant son plaisir à donner et à servir ; toujours prêt à soulager et à sympathiser avec les coeurs affligés ou découragés.

 

Tel est le christianisme. Oh ! combien il diffère de toutes les formes que revêtent le légalisme et la superstition ! Quel contraste avec l'ignorante observance des jours, des mois, des temps et des années, l'abstention des viandes, la défense de se marier, et tant d'autres erreurs ! Quelle différence d'avec la sentimentalité du mystique, la mélancolie de l'ascète et les austérités du moine ! Oui, le vrai christianisme du Nouveau Testament est entièrement différent de tout cela, comme aussi de la triste union d'une profession sans pratique, qui, possédant par l'intelligence de grandes vérités, ne s'en associe pas moins à une vie de mondanité et de satisfactions égoïstes. Le vrai christianisme produit ce qui est divin, céleste et spirituel, au milieu de tout ce qui est naturel, humain et terrestre. Puissent l'auteur et le lecteur de ces lignes avoir le saint désir de posséder ce christianisme moralement glorieux révélé dans les pages du Nouveau Testament.

Il n'est pas nécessaire, croyons-nous, d'en dire davantage sur la question du sabbat. Si le lecteur a bien saisi le sens des passages qui ont été cités, il verra sans peine quelle est la place que le sabbat occupe dans les dispensations de Dieu. Il comprendra qu'il se rapporte directement à Israël et à la terre, qu'il est un signe de l'alliance entre l'Éternel et son peuple terrestre, et une importante pierre de touche de leur état spirituel.

En outre, le lecteur verra qu'Israël n'observa jamais réellement le sabbat, n'en comprit jamais la signification, n'en apprécia jamais la valeur. C'est ce qui fut rendu évident dans la vie, le ministère et la mort de notre Seigneur Jésus Christ, lequel accomplit nombre de ses oeuvres de miséricorde le jour du sabbat, et finalement passa cette journée dans le tombeau.

Le lecteur enfin comprendra quelle différence il y a entre le sabbat juif et le premier jour de la semaine ou le jour du Seigneur, lequel n'est pas une seule fois appelé sabbat dans le Nouveau Testament, mais est, au contraire, constamment mentionné distinctement. Ce n'est point le sabbat transformé et transféré à un autre jour, mais un jour entièrement nouveau, ayant sa propre identité et sa raison d'être, laissant le sabbat complètement de côté, comme une institution suspendue momentanément, pour être reprise par la suite, lorsque la postérité d'Abraham sera rentrée de nouveau dans la terre promise (voyez Ézéch. 46, 1, 12).

 

Nous ne pouvons quitter cet intéressant sujet, sans dire quelques mots de la place assignée dans le Nouveau Testament au jour du Seigneur, ou premier jour de la semaine. Bien qu'il ne soit pas le sabbat et qu'il n'ait rien à faire avec les fêtes, les nouvelles lunes, ou « les jours, les mois, les temps et les années », il a cependant une place qui lui est propre dans la chrétienté, comme le prouvent maints passages du Nouveau Testament.

Notre Seigneur est ressuscité d'entre les morts ce jour-là. Il a rencontré maintes et maintes fois ses disciples en ce jour. Les apôtres et les frères à Troas se réunissaient pour rompre le pain ce même jour (Actes 20, 7). L'apôtre ordonne aux Corinthiens et à tous ceux qui, en tous lieux, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, de déposer leurs offrandes ce jour-là. Le premier jour de la semaine était donc le jour spécial, où le peuple de Dieu devait se réunir pour prendre la cène du Seigneur ; le culte, la communion, et le ministère, se trouvant ainsi liés à cette précieuse institution. L'apôtre Jean nous dit aussi que ce fut en ce jour dominical qu'il fut en esprit et qu'il reçut la Révélation merveilleuse qui clôt le volume divin (1).

Nous avons donc des preuves évidentes que le jour du Seigneur ne doit pas être mis au même niveau que les jours ordinaires. Pour le vrai chrétien, ce n'est ni le sabbat juif, ni le dimanche des gentils, mais le jour du Seigneur, dans lequel ses rachetés se réunissent avec joie autour de sa table pour faire la fête par laquelle ils annoncent sa mort jusqu'à ce qu'il vienne.

Aucun légalisme, aucune superstition ne se rattachent au premier jour de la semaine. Le prétendre, serait renier toute la chaîne de vérités qui se lient à ce jour. Nous n'avons pas de commandements directs touchant l'observation de ce jour, mais les passages auxquels nous avons fait allusion suffiront à tout coeur spirituel ; et nous dirons, en outre, que les instincts de la nature divine pousseront tout vrai chrétien à honorer le jour du Seigneur, à l'aimer et à le mettre à part pour le culte et le service de Dieu. La seule pensée que quelqu'un, faisant profession d'aimer Christ, puisse s'occuper d'affaires ou voyager sans nécessité le jour du Seigneur répugne à tout coeur vraiment pieux. Nous croyons que c'est un saint privilège que de pouvoir se retirer, autant que possible, de toutes les distractions de la terre, pour consacrer les heures du jour du Seigneur à Lui-même et à son service.

On objectera, peut-être, que le chrétien doit consacrer chaque jour au Seigneur. Assurément ; nous Lui appartenons dans le sens le plus complet et le plus élevé. Tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes lui appartient ; nous en convenons avec bonheur. Nous sommes appelés à faire tout en son nom et pour sa gloire. C'est notre privilège d'acheter, de vendre, de manger, de boire, en un mot de tout faire comme étant devant ses yeux, dans la crainte et l'amour de son saint Nom.

Nous ne devrions jamais, quelque jour de la semaine que ce soit, mettre la main à une chose quelconque sur laquelle nous ne pouvons pas, en toute confiance, demander la bénédiction du Seigneur.

Tout cela est pleinement reconnu par tout vrai chrétien ; mais, en même temps, il nous semble impossible qu'on lise le Nouveau Testament sans voir que le jour du Seigneur y occupe une place unique ; qu'il est marqué pour nous, de la manière la plus distincte ; qu'il a une signification et une importance que ne peut s'approprier aucun autre jour de la semaine. Nous en sommes si convaincus, que lors même que les lois de divers pays n'ordonneraient point que le jour du Seigneur soit observé, nous considérerions comme un devoir sacré et comme un saint privilège de nous abstenir alors de toute transaction commerciale quelconque.

Grâces à Dieu, les lois de plusieurs contrées veulent que le jour du Seigneur soit observé. C'est là une bénédiction signalée pour tous ceux qui aiment ce jour par amour pour le Seigneur. Nous reconnaissons sa grande bonté en arrachant ce jour à l'étreinte envahissante du monde pour le donner à son peuple et à ses serviteurs, afin qu'ils le consacrent à son culte et à son service.

Quelle faveur que d'avoir le jour du Seigneur avec son oubli profond des choses de la terre. Que ferions-nous sans lui ? Quelle interruption bénie au travail de la semaine. Que ses exercices sont rafraîchissants pour l'âme. Qu'il est précieux de se réunir autour de la table du Seigneur pour se souvenir de Lui, pour annoncer sa mort, et célébrer ses louanges. Qu'ils sont doux les devoirs divers du jour du Seigneur, que ce soient ceux de l'évangéliste, du pasteur, du docteur, de celui qui enseigne à l'école du dimanche, ou de celui qui distribue des traités. Quel langage humain pourra exprimer la valeur et l'intérêt de toutes ces choses ? Il est vrai que le jour du Seigneur n'est rien moins qu'un jour de repos pour ses serviteurs ; ils sont souvent plus fatigués ce jour-là que tout autre de la semaine ; mais, c'est une fatigue qui recevra sa belle récompense dans le repos qui reste pour le peuple de Dieu.

Encore une fois, cher lecteur chrétien, élevons nos coeurs avec reconnaissance à Dieu, pour le précieux privilège du jour du Seigneur. Puisse-t-il le continuer à son Eglise jusqu'à ce qu'il vienne ! Puisse-t-il anéantir, par sa toute-puissance, tous les efforts des incrédules et des athées pour renverser les barrières que les ordonnances ont élevées autour du jour du Seigneur ! Ce serait réellement un triste jour que celui où ces barrières seraient renversées.

Quelques personnes diront peut-être que le sabbat est aboli et, par conséquent, qu'il ne nous lie plus. Un grand nombre de chrétiens de profession ont pris cette raison pour demander, en Angleterre, que les lieux publics de récréation fussent ouverts le dimanche. Hélas! il est facile de voir ce que l'on recherche et à quoi l'on voudrait en venir. On voudrait mettre de côté la loi, afin d'avoir toute liberté pour les plaisirs mondains. On ne comprend pas que le seul moyen d'être délivré de la loi, c'est d'être mort à la loi, et si nous sommes morts à la loi, nous sommes aussi nécessairement morts au péché et au monde.

C'est là toute la différence. Béni soit Dieu, le chrétien est affranchi de la loi, mais s'il en est ainsi, ce n'est point pour qu'il s'amuse et prenne ses aises le jour du Seigneur ou tel autre jour, mais afin qu'il vive pour Dieu. « Car moi, par la loi, je suis mort à la loi, afin que je vive à Dieu » (Gal. 2, 19). Voilà le terrain chrétien ; il ne peut être occupé que par ceux qui sont vraiment nés de Dieu. Le monde ne saurait le comprendre, non plus que les saints privilèges et exercices spirituels du jour du Seigneur.

 

Tout cela est vrai, mais en même temps nous sommes persuadés que si l'Angleterre enlevait les barrières qui entourent le jour du Seigneur, on verrait alors combien elle a abandonné cette profession de religion qui l'a si longtemps caractérisée comme nation, et avec quelle rapidité elle s'avance du côté de l'incrédulité et de l'athéisme. Nous ne devons pas perdre de vue le fait sérieux que l'Angleterre s'est donnée pour être une nation chrétienne,, faisant profession d'être gouvernée par la parole de Dieu. Elle est, par conséquent, beaucoup plus responsable que les nations qui sont enveloppées dans les ténèbres du paganisme. Nous croyons que les nations, tout comme les individus, auront à répondre de la profession qu'elles auront faite, et que, par conséquent, les nations qui s'appellent chrétiennes seront jugées, non seulement par la lumière de la création ou par la loi de Moïse, mais par la pleine et brillante lumière de ce christianisme qu'elles professent, - oui, par toute la vérité contenue dans le précieux volume qu'elles possèdent et dont elles font leur gloire. Les païens seront jugés sur le terrain de la création ; les Juifs sur celui de la loi, les chrétiens de nom sur le terrain de la vérité du christianisme.

Ce fait si sérieux rend la position de toutes les nations professantes, excessivement grave. Dieu les traitera, sans aucun doute, suivant la profession qu'elles auront faite. Il ne sert à rien de dire qu'elles ne comprennent pas ce qu'elles professent, car pourquoi professer ce qu'on ne comprend ni ne croit ? Le fait est qu'elles font profession de comprendre et de croire ; or c'est d'après ce fait qu'elles seront jugées. Elles se font gloire de cette phrase familière: « La Bible, et la Bible seule est la religion des protestants ».

S'il en est ainsi, combien solennelle est la pensée que l'Angleterre sera jugée d'après la Bible ! Quel sera son jugement ? quelle sera sa fin ? Que tous ceux que cela concerne y réfléchissent sérieusement.

 

Nous quitterons maintenant le sujet du sabbat et du jour du Seigneur, pour terminer cette partie de notre étude, en recommandant à nos lecteurs de lire attentivement les versets 22 à 23, fin de notre chapitre 5.

Après avoir présenté au peuple les dix commandements, Moïse leur rappelle les circonstances solennelles qui avaient accompagné la promulgation de la loi, de même que ce qu'ils avaient éprouvé et exprimé en cette occasion.

Le grand principe du livre du Deutéronome brille ici dans tout son éclat. Il est exprimé par ces touchantes paroles qui sont comme le noyau du passage que nous venons de citer : « Oh ! s'ils avaient toujours ce coeur-là pour me craindre et pour garder tous mes commandements, afin de prospérer, eux et leurs fils, à toujours ! »

Précieuses paroles ! Elles nous révèlent, d'une manière bénie, le secret de cette vie que, en tant que chrétiens, nous sommes appelés à vivre jour après jour, de cette vie d'obéissance simple et implicite, provenant d'un coeur qui. craint le Seigneur, non dans un esprit servile, mais avec cet amour vrai, respectueux, que le Saint-Esprit répand dans nos coeurs. C'est là ce qui réjouit notre Père. Il nous dit : « Mon fils, donne-moi ton coeur ». Quand le coeur est donné, tout vient ensuite, sans peine. Un coeur qui aime Dieu, trouve sa plus grande joie à obéir à tous ses commandements, et rien n'a de valeur pour Dieu que ce qui découle d'un coeur dévoué. C'est du coeur que procèdent les sources de la vie ; lors donc qu'il est gouverné par l'amour de Dieu, il éprouve le besoin et le désir d'obéir à tous ses commandements. Nous aimons ses commandements, parce que nous l'aimons, Lui. Chacune de ses paroles est précieuse au coeur qui l'aime. Chaque précepte, chaque statut, chaque ordonnance, en un mot sa loi tout entière, sont chéris, respectés et obéis, parce que son Nom et son autorité s'y rattachent.

 

Le lecteur trouvera au Psaume 119 l'illustration du sujet qui nous occupe, et l'exemple d'une âme qui est à l'unisson avec ces paroles : « Oh ! s'ils avaient toujours ce coeur-là pour me craindre et pour garder tous mes commandements ! » Ce sont les touchantes aspirations d'un coeur, qui trouvait ses constantes et profondes délices en la loi de Dieu. Il y a, dans ce Psaume admirable, non moins de cent soixante et dix allusions à cette précieuse loi ; semblables à des perles, elles enrichissent chacun de ces versets.

Sûrement, cela réjouit le coeur et restaure l'âme d'avoir sous les yeux des paroles telles que celles de ce Psaume, et dont plusieurs furent prononcées par notre Seigneur lui-même, dans les jours de sa chair. Il vivait de la Parole. Elle était la nourriture de son âme, l'instrument de son ministère, son autorité en toutes choses. C'est par elle qu'il était victorieux de Satan, qu'il réduisait au silence les sadducéens, les pharisiens et les hérodiaques. C'est par la Parole qu'il enseignait ses disciples, et c'est à elle qu'il recommanda ses serviteurs au moment de monter au ciel.

Quelle place cela donne à l'Ecriture Sainte, lorsque nous nous souvenons que le précieux volume inspiré est sous-entendu dans chacune des sentences de cet admirable Psaume ! Le Seigneur en appelle en toute occasion à la Parole, comme à une autorité divine et irrévocable. Quoiqu'il fût lui-même Dieu et l'Auteur du volume, cependant, ayant pris sa place comme homme sur la terre, il démontre constamment que c'est le devoir absolu et le privilège sacré de l'homme de vivre de la parole de Dieu, et de se soumettre à son autorité divine.

N'y a-t-il pas là une réponse bien claire à cette question si souvent faite par l'incrédulité : « Comment saurons-nous que la Bible est la parole de Dieu ? » Si nous croyons réellement en Christ, si nous le reconnaissons comme Fils de Dieu, Dieu manifesté en chair, vrai Dieu et vrai homme, nous ne pouvons ne pas admettre la force morale du fait que cette Personne divine en appelle constamment aux Écritures, - Moïse, les prophètes et les Psaumes, - comme à une loi divine. Ne savait-il pas que c'était la parole de Dieu ? En tant que Dieu, il l'avait dictée ; en tant qu'homme, il la recevait, il en vivait et en reconnaissait l'autorité supérieure en toutes choses.

Quelle leçon et quel reproche pour l'église professante et pour tous ces docteurs et écrivains soi-disant chrétiens, qui ont eu l'audace d'attaquer la grande vérité fondamentale de l'inspiration des Écritures en général, et celle des cinq livres de Moïse en particulier ! Qu'il est terrible d'entendre des hommes qui enseignent dans l'Église de Dieu, oser appeler apocryphes les pages que notre Seigneur et Maître recevait et reconnaissait comme étant divines !

Et pourtant on voudrait nous faire croire que tout va progressant ! Les absurdités dégradantes du ritualisme et les raisonnements blasphématoires de l'incrédulité se multiplient rapidement autour de nous. Là même où ces influences ne dominent pas directement, on ne voit que froide indifférence, amour de ses aises, égoïsme, mondanité, tout en un mot, sauf les preuves d'un progrès spirituel. Si les masses ne sont pas entraînées par l'incrédulité d'un côté, ou par le ritualisme de l'autre, c'est en grande partie parce qu'elles sont trop occupées de leurs plaisirs et de leurs gains pour penser à autre chose. Quant à la religion du jour, si vous en retranchez l'argent et la musique, il ne vous restera pas grand'chose.

L'observation et l'expérience montrent donc avec évidence que les choses sont loin de progresser ; les preuves du contraire sont en si grand nombre, que croire encore à cette théorie est le fait d'une étonnante crédulité.

Quelques-uns diront peut-être que nous ne devons pas juger d'après ce que nous voyons ; qu'il faut toujours espérer. Cela est vrai, pourvu que notre espoir soit fondé sur une parole divine. Si l'on peut nous montrer une seule ligne de l'Ecriture qui prouve que le système actuel sera marqué par une amélioration générale dans la religion, la politique, la morale ou la société, alors espérons, même contre espérance. Une seule parole inspirée est suffisante pour former la base d'une espérance qui élèvera le coeur au-dessus des circonstances les plus sombres et les plus décourageantes.

Mais où trouverons-nous cette parole ? Nulle part. Le témoignage de la Bible, du commencement à la fin, l'enseignement constant de la Sainte Ecriture, la voix des prophètes et des apôtres, tous à l'unisson s'accordent à prouver que l'état actuel des choses empirera rapidement jusqu'à ce que les brillants rayons de la gloire millénaire viennent réjouir la terre oppressée. Il faut, avant cela, que l'épée du jugement accomplisse son oeuvre terrible. Si nous voulions citer les passages à l'appui de cette assertion, nous remplirions un volume, car ils forment une large portion des écrits prophétiques de l'Ancien et du Nouveau Testament.

C'est ce que nous n'essaierons pas de faire. Le lecteur a sa Bible devant lui ; qu'il l'étudie, en mettant de côté toutes ses idées préconçues selon les enseignements généralement admis dans la chrétienté, ainsi que la phraséologie du monde religieux, avec tous les dogmes des écoles de théologie ; s'il vient avec la simplicité d'un petit enfant à la pure source de la Sainte Écriture, le résultat de ses recherches sera une conviction claire et certaine que le monde ne se convertira point par les moyens employés jusqu'ici ; enfin que ce ne sera pas l'Évangile de paix, mais la verge de la destruction qui préparera la terre pour la gloire millénaire.

Qu'on ne pense pas, néanmoins, que nous désapprouvons le bien qui se fait. Au contraire, nous en bénissons Dieu, et nous nous réjouissons du moindre effort tenté pour répandre le précieux Évangile de la grâce de Dieu ; nous rendons grâces pour chaque âme amenée dans le cercle béni du salut de Dieu. Nous sommes heureux à la pensée que quatre-vingt-cinq millions de Bibles sont répandues sur la terre. Qui pourrait calculer les effets qu'elles peuvent produire, ou même celui d'un seul exemplaire ? Nous accompagnons de nos meilleurs voeux tous les pieux missionnaires qui portent la bonne nouvelle du salut dans les ruelles de Londres, ou jusqu'aux confins les plus éloignés de la terre.

Cependant nous ne sommes pas de ceux qui croient à la conversion du monde par les moyens employés maintenant. L'Ecriture nous dit que ce sera lorsque les jugements de Dieu seront sur la terre, que les peuples apprendront la justice.

Ce seul texte inspiré devrait suffire pour prouver que ce n'est point par l'Évangile que le monde doit être converti ; des centaines d'autres tiennent le même langage et enseignent la même vérité. Ce n'est point par la grâce, mais par le jugement, que les habitants de la terre apprendront la justice (Esaïe 26, 8, 9).

Quel est donc le but de l'Evangile ? S'il ne doit pas convertir le monde, pourquoi donc le prêche-t-on ? L'apôtre Jacques, dans son discours au concile assemblé à Jérusalem, répond d'une manière directe à cette question. Il dit : « Siméon a raconté comment Dieu a premièrement visité les nations ». - Dans quel but ? Était-ce pour les convertir toutes ? Bien au contraire : « Pour en tirer un peuple pour son nom» (Actes 15, 13). Rien ne saurait être plus clair. Ces paroles nous montrent quel devrait être le but de tous les efforts missionnaires, savoir : « de tirer (d'entre les nations) un peuple pour Son nom».

Combien n'est-il pas important de se souvenir de cela, et d'avoir toujours un but utile et réel devant nous en tout ce que nous entreprenons. A quoi sert de travailler pour un faux but ? Ne vaut-il pas bien mieux agir d'accord avec Dieu ? Les efforts du missionnaire seront-ils arrêtés ou même ralentis, parce qu'il sait quelles sont les pensées de Dieu à l'égard de son oeuvre ? Assurément non. Supposons deux missionnaires partant pour quelque mission lointaine. L'un a pour but la conversion du monde ; l'autre celui d'en tirer un peuple pour Dieu. Ce dernier sera-t-il, à cause de son but, moins dévoué, moins énergique, moins enthousiaste que le premier ? Bien au contraire ; le fait même qu'il est dans le courant des pensées de Dieu, donnera de la puissance et de la stabilité à ses efforts, et fortifiera son coeur au milieu des difficultés et des obstacles qui l'entourent.

Il est parfaitement évident que les apôtres de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ n'avaient pas en vue la conversion du monde, lorsqu'ils partirent pour leur oeuvre d'évangélisation : « Allez dans tout le monde, et prêchez l'Évangile à toute la création. Celui qui aura cru, et qui aura été baptisé, sera sauvé ; et celui qui n'aura pas cru, sera condamné ».

Ces paroles s'adressaient aux douze. Le monde devait être leur sphère d'activité. Leur message s'adressait à toute la création, mais son application n'était que pour ceux qui avaient cru. C'était avant tout une affaire individuelle. La conversion du monde ne devait point être leur but ; elle sera opérée par des moyens entièrement différents, après que l'oeuvre actuelle de Dieu par l'Évangile aura eu pour résultat le rassemblement d'un peuple pour le ciel. Le Saint-Esprit descendit du ciel le jour de la Pentecôte, non pas pour convertir le monde, mais pour le « convaincre » (éléghxo), c'est-à-dire le convaincre du péché d'avoir rejeté le Fils de Dieu'. L'effet de sa présence était de montrer que le monde était coupable ; le grand but de sa mission était de former un corps

Appliquer le passage de Jean 16, 8-11, à l'oeuvre de l'Esprit dans les individus, est une grave erreur, à nos yeux. Il fait allusion à l'effet de sa présence et de toute son action sur la terre, par rapport au monde en général. Son oeuvre dans l'âme est une précieuse vérité mais ce n'est point cette vérité qui est enseignée dans ce passage composé de croyants tirés d'entre les Juifs et les gentils. Or, c'est de ceci qu'il s'occupe depuis plus de dix-huit cents ans. Tel est le « mystère » dont l'apôtre Paul fut fait ministre, et qu'il explique et développe d'une manière si bénie dans son épître aux Ephésiens. Si l'on comprend bien la vérité exposée dans cette épître, il est impossible de ne pas voir que la conversion du monde et la formation du corps de Christ sont deux choses totalement différentes, qui ne sauraient marcher de front.

 

Le lecteur verra par des passages tels que Eph. 3, 1-10 ; Col. 1, 23-29 et par d'autres encore, quel était le but spécial du ministère de Paul. Il n'avait assurément pas en vue la conversion du monde. Il est vrai qu'il prêchait l'Evangile dans toute sa puissance, soit « depuis Jérusalem, et tout alentour, jusqu'en Illyrie » (Rom. 15, 19), soit « parmi les nations » (Eph. 3, 8) ; mais ce n'était point dans le but de convertir le monde. Il savait et enseignait que le monde mûrissait rapidement pour le jugement, que « les hommes méchants et les imposteurs iraient de mal en pis » (2 Tim. 3, 13), que « aux derniers temps quelques-uns apostasieraient de la foi, s'attachant à des esprits séducteurs et à des enseignements de démons, disant des mensonges par hypocrisie, ayant leur propre conscience cautérisée, défendant de se marier, prescrivant de s'abstenir des viandes que Dieu a créées pour être prises avec actions de grâces par les fidèles et par ceux qui connaissent la vérité».

Plus loin il dit que « dans les derniers jours » - plus tard encore que « les derniers temps » - « il surviendra des temps fâcheux » (ou difficiles) - « car les hommes seront égoïstes, avares, vantards, hautains, outrageux, désobéissants à leurs parents, ingrats, sans piété, sans affection naturelle, implacables, calomniateurs, incontinents, cruels, n'aimant pas le bien, traîtres, téméraires, enflés d'orgueil, amis des voluptés, plutôt qu'amis de Dieu, ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance » (comparez 1 Tim. 4, 1-3, avec 2 Tim. 3, 1-5).

Ce tableau nous reporte à la fin du premier chapitre de l'épître aux Romains, où la même plume inspirée nous dépeint les moeurs du paganisme, mais avec cette différence terrible, que, dans la seconde épître à Timothée, il ne s'agit plus du paganisme, mais de la chrétienté qui a « une forme de piété ».

Telle sera la fin de l'état de choses actuel ! Serait-ce là le monde converti, dont on parle tant ? Hélas ! il s'élève de tous côtés des faux prophètes. On crie paix, paix ! quand il n'y a, point de paix. On essaie de raffermir les murs croulants de la chrétienté avec un mortier sans consistance.

Tout cela n'empêchera point le jugement qui est à la porte. L'église professante a honteusement failli ; elle s'est éloignée de la parole de Dieu et s'est rebellée contre l'autorité de son Seigneur. Il n'y a pas le moindre rayon d'espoir pour elle. De toutes les pages de l'histoire de la création de Dieu, c'est elle qui présente le plus sombre tableau.

Le même apôtre que nous avons déjà si souvent cité, nous dit que « le mystère d'iniquité opère déjà », par conséquent, il opère maintenant depuis plus de dix-huit siècles. « Seulement celui qui retient maintenant, le fera jusqu'à ce qu'il soit loin. Et alors sera révélé l'inique, que le Seigneur Jésus consumera par l'apparition de sa venue ; duquel la venue est selon l'opération de Satan en toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge, et en toute séduction d'injustice pour ceux qui périssent, parce qu'ils n'ont pas reçu l'amour de la vérité pour être sauvés. Et à cause de cela, Dieu leur envoie une énergie d'erreur pour qu'ils croient au mensonge, afin que tous ceux-là soient jugés qui n'ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l'injustice » (2 Thess. 2, 7-12).

Qu'il est terrible le sort de la chrétienté, en dépit des rêves de ces faux prophètes, qui parlent aux âmes du « beau côté des choses ». Grâce à Dieu, il y a un beau côté pour tous ceux qui appartiennent à Christ. L'apôtre peut s'adresser à ceux-là avec des paroles joyeuses et encourageantes : « Mais nous, nous devons toujours rendre grâces à Dieu pour vous, frères aimés du Seigneur, de ce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut, dans la sainteté de l'Esprit et la foi de la vérité, à quoi il vous a appelés par notre Évangile pour que vous obteniez la gloire de notre Seigneur Jésus Christ » (2 Thess. 2, 13, 14).

 

Voilà quelle est la vraie espérance de l'Église de Dieu, espérance qu'il voudrait toujours voir luire dans les coeurs de ses bien-aimés enfants avec une puissance purifiante et sanctifiante.

Satan a ravi à l'Église son espérance divine, et lui a donné à la place une illusion, un mensonge. Au lieu d'attendre « l'Étoile brillante du matin », il l'a conduite à espérer la conversion du monde - un millénium sans Christ. Il a réussi à jeter sur l'avenir un voile tel, que l'Église a complètement perdu sa route. Elle ne sait plus où elle en est. Semblable à un vaisseau ballotté sur l'océan en tourmente, n'ayant ni gouvernail, ni boussole, n'apercevant ni soleil, ni étoiles. Tout est ténèbres. et confusion !

D'où cela vient-il ? De ce que l'Église a perdu de vue les précieuses promesses de son Seigneur, et accepté à la place ces croyances et ces traditions humaines qui embrouillent et mutilent la vérité de Dieu, au point que les chrétiens ne savent plus quelle est leur vraie position ni leur espérance.

Et cependant, ils ont la Bible entre les mains. Cela est vrai, mais les Juifs l'avaient aussi, et néanmoins ils rejetèrent Celui qui est le grand sujet de la Bible, du commencement à la fin. C'était là l'inconséquence morale que notre Seigneur leur reprochait au chap. 5 de Jean, vers. 39 : « Sondez les Écritures, car vous, vous estimez avoir en elles la vie éternelle, et ce sont elles qui rendent témoignage de moi : - et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ».

Et pourquoi cela ? Simplement parce que leurs coeurs étaient aveuglés par des préjugés religieux. Ils étaient sous l'influence de doctrines et de commandements d'hommes. Par conséquent, bien qu'ils eussent les Écritures et s'en vantassent, ils en étaient aussi ignorants et se laissaient aussi peu diriger par elles, que les pauvres païens qui les entouraient. Une chose est d'avoir la Bible entre nos mains, dans nos demeures et dans nos assemblées, et autre chose d'avoir les vérités de la Bible agissant dans nos coeurs et nos consciences, et se montrant dans nos vies.

Prenons pour exemple le sujet qui vient de nous entraîner dans cette longue digression. Y a-t-il, dans le Nouveau Testament, rien de plus clairement démontré que ceci, savoir que la fin de l'état de choses actuel sera une terrible apostasie et une révolte complète contre Dieu et contre l'Agneau ? Les évangiles, les épîtres, l'Apocalypse, s'accordent à proclamer cette si solennelle vérité avec tant de clarté et de simplicité qu'un nouveau-né en Christ peut la saisir.

Et cependant, combien peu la reçoivent. La grande majorité croit exactement le contraire. On s'imagine que toutes les nations seront converties par le concours des divers moyens à l'oeuvre actuellement. Mais alors, comment interprète-t-on les paraboles de notre Seigneur en Matt. 13, l'ivraie, le levain et le grain de moutarde ? Comment s'accordent-elles avec l'idée d'un monde converti ? Si le monde entier doit être converti par la prédication de l'Évangile, comment l'ivraie sera-t-elle trouvée dans le champ à la fin ? Comment y aura-t-il autant de vierges folles que de sages, lorsque l'Epoux arrivera ? Si le monde entier doit être converti par l'Evangile, sur qui donc « le jour du Seigneur viendra-t-il comme un larron dans la nuit ? » Et que signifient ces terribles paroles : « Quand ils diront - paix et sûreté, une subite destruction viendra sur eux, comme les douleurs sur celle qui est enceinte, et ils n'échapperont point » ? Quelle serait l'application, quelle serait la force morale du chap. 1 de l'Apocalypse, si l'on espère la conversion du monde ? « Voici, il vient avec les nuées, et tout oeil le verra, et ceux qui l'ont percé ; et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui ». Où trouverait-on toutes ces tribus malheureuses, si la terre entière avait été convertie ?

 

Lecteur, n'est-il pas clair comme le jour, que les deux choses ne peuvent aller ensemble ? N'est-il pas évident que la théorie d'un monde converti par l'Evangile est diamétralement opposée à l'enseignement du Nouveau Testament tout entier ? Comment se fait-il donc que la grande majorité des chrétiens professants persistent à y croire ? Il n'y a qu'une réponse : c'est qu'ils ne se soumettent pas à l'autorité de l'Ecriture. Cela est fort triste à dire ; mais, hélas ! ce n'est que trop vrai.

La Bible est lue dans la chrétienté, mais loin de croire aux vérités de la Bible, on les repousse obstinément, malgré l'axiome si fréquemment répété: « La Bible, et la Bible seule est la religion des protestants ».

Là se trouve la cause réelle de toute la confusion, de toutes les erreurs, de tout le mal au milieu de nous. Nous nous sommes détournés de la parole du Seigneur et de Lui-même. Aussi longtemps que cela ne sera pas reconnu, senti et confessé, nous ne pourrons marcher droit. Le Seigneur exige et recherche une vraie repentance, une réelle contrition de coeur : « Je regarderai à l'affligé, et à celui qui a l'esprit contrit, et qui tremble à ma parole » (Es. 66, 2).

Cela est vrai en tout temps. Il n'y a pas de bornes à la bénédiction pour l'âme qui se trouve dans cette attitude bénie. Dieu veut des réalités. Il ne s'agit pas de dire, qu'on est « affligé et contrit », il faut l'être. C'est une chose individuelle. « Je regarderai à celui ».

Oh ! veuille le Seigneur, dans sa grâce infinie, amener chacun d'entre nous, à un vrai jugement de lui-même, à la lumière de sa Parole ! Puissent nos oreilles être ouvertes pour entendre sa voix ! Puissent nos coeurs se tourner en réalité vers Lui et vers sa Parole ! Puissions-nous, une fois pour toutes, nous détourner fermement de tout ce qui ne s'appuie pas sur l'Écriture ! C'est, nous n'en saurions douter, ce que notre Seigneur attend de ceux qui lui appartiennent au milieu des ruines de la chrétienté.


1) Quelques personnes croient que l'expression: « Jour dominical» devrait être rendue par: « le jour du Seigneur » ; elles pensent que l'apôtre était dans l'esprit de ce jour où notre Seigneur reprendra possession de sa puissance et de son royaume. Il y a deux graves objections à cette manière de voir. D'abord les mots rendus en Apoc. 1, 10, par « le jour dominical», sont différents de ceux traduits en 1 Thess. 5, 2; 2 Thess. 2, 2; 2 Pierre 3. 10, par: «le jour du Seigneur ».
Il nous semble que cela devrait trancher la question, mais nous ferons remarquer, en outre, que la plus grande partie du livre de l'Apocalypse traite non « du jour du Seigneur», mais d'événements qui lui sont antérieurs.
Nous sommes donc convaincus que, dans ce passage, l'expression « jour du Seigneur », ou « dominical », signifie : « le premier jour de la semaine », fait important, puisqu'il nous prouve que ce jour-là a une place toute spéciale dans la parole de Dieu, place que tout chrétien spirituel lui donnera avec reconnaissance.

 

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