Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE IV

Suite 2

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L'Écriture ne peut être ainsi tordue ; il faut la prendre comme elle est : claire et distincte ; tout ce que nous avons à faire est d'écouter et d'obéir. « Notre Dieu est un feu consumant », un Dieu jaloux, non pas de nous consumer, béni soit son saint Nom ! mais de consumer le mal en nous et dans nos voies. Il ne peut tolérer en nous quoi que ce soit de contraire à sa sainteté, et, par conséquent, à notre vrai bonheur, à notre bénédiction réelle. Comme « Père Saint », il nous maintient dans une voie digne de lui-même ; s'il nous châtie, c'est afin de nous rendre participants de sa sainteté. Il laisse le monde suivre ses voies, n'intervenant pas publiquement ; mais il juge sa maison, et il châtie ses enfants, afin qu'ils répondent mieux à ses pensées, et qu'ils soient l'expression de son image morale.

En vérité, c'est un immense privilège, découlant de la grâce infinie de notre Dieu qui condescend à s'intéresser lui-même à nous ; à s'occuper de nos infirmités, de nos manquements et de nos péchés, afin de nous en délivrer et de nous rendre participants de sa sainteté.

Il y a encore un passage remarquable relatif à ce sujet : « Mon fils, ne méprise pas la discipline du Seigneur, et ne perds pas courage quand tu es repris par lui ; car celui que le Seigneur aime, il le discipline, et il fouette tout fils qu'il agrée. Vous endurez des peines comme discipline : Dieu agit envers vous comme envers des fils, car qui est le fils que le père ne discipline pas ? Mais si vous êtes sans la discipline à laquelle tous participent, alors vous êtes des bâtards et non pas des fils. De plus, nous avons eu les pères de notre chair pour nous discipliner, et nous les avons respectés ; ne serons-nous pas beaucoup plutôt soumis au Père des esprits, et nous vivrons ? Car ceux-là disciplinaient pendant peu de jours, selon qu'ils le trouvaient bon ; mais celui-ci nous discipline pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté. Or aucune discipline, pour le présent, ne semble être un sujet de joie, mais de tristesse ; mais plus tard, elle rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle. C'est pour quoi, redressez les mains lassées et les genoux défaillants » (Héb. 12, 5-12).

 

Il y a trois manières de recevoir la discipline divine : nous pouvons la « mépriser », comme une chose ordinaire qui peut arriver à chacun ; nous n'y voyons pas la main de Dieu. Il peut nous arriver aussi de « perdre courage » sous son poids, comme trop lourd à porter. Nous ne reconnaissons pas le coeur du Père dans cette dispensation, ni son but miséricordieux, savoir de nous rendre participants de sa sainteté. En dernier lieu, nous pouvons être « exercés par elle », et c'est le moyen de recueillir ensuite « le fruit paisible de la justice ». Nous n'osons pas « mépriser » une chose dans laquelle nous reconnaissons la main de Dieu. Nous ne devons pas « perdre courage » sous une dispensation, dans laquelle nous discernons clairement le coeur du Père qui nous aime, et qui ne permettra pas que nous soyons tentés au delà de nos forces, mais qui donnera une issue à l'épreuve, afin que nous puissions la supporter ; il nous explique aussi son but dans la discipline, et nous assure que chaque coup de sa verge est une preuve de son .amour, et une réponse directe à la prière de Christ, dans Jean 17, 11, où il nous recommande aux soins du « Père Saint », pour qu'il nous garde en ce nom et en tout ce que ce nom implique.

 

Il y a, de plus, trois attitudes distinctes du coeur en rapport avec la discipline divine, savoir la sujétion, la soumission, et la joie. Quand la volonté est brisée, il y a sujétion. Lorsque l'intelligence est éclairée quant au but du châtiment, il en résulte une soumission calme. Et quand les affections sont engagées quant au coeur du Père, il y a joie, et nous pouvons aller en avant d'un coeur content, recueillant en abondance des fruits paisibles de justice à la louange de Celui qui, dans son amour diligent, s'occupe de ce qui nous concerne, et agit envers nous selon son saint gouvernement, concentrant ses soins sur chacun, comme s'il n'y en avait qu'un seul à soigner.

Combien cette pensée devrait nous aider dans toutes nos épreuves ! Nous sommes entre les mains de Celui dont l'amour est infini, la sagesse infaillible, dont le pouvoir est tout puissant, et les ressources inépuisables. Pourquoi alors serions-nous rejetés ? S'il nous châtie, c'est parce qu'il nous aime et cherche notre bien réel. Nous pouvons trouver le châtiment pénible, nous sentir portés à nous demander parfois comment l'amour peut nous infliger la souffrance et la maladie; mais souvenons-nous que l'amour divin est sage et fidèle, et ne dispense les peines, la maladie ou le deuil, que pour notre profit et notre bénédiction. Nous ne devons pas toujours juger de l'amour par la forme qu'il revêt. Regardez une bonne et tendre mère appliquant un vésicatoire à son enfant qu'elle aime comme son âme. . Elle sait parfaitement que ce remède le fera souffrir ; pourtant elle l'applique sans hésiter, sans écouter son coeur sensible, sachant que la chose est absolument nécessaire, et que, humainement parlant, la vie de son enfant en dépend. Elle sent, qu'avec la bénédiction de Dieu, quelques moments de souffrance rendront la santé à son enfant bien-aimé. Ainsi, tandis que l'enfant n'est occupé que de la douleur passagère, la mère pense au bien permanent ; et si l'enfant pouvait être en communion de pensées avec la mère, le remède ne lui semblerait pas si dur à supporter.

Ceci est une image de la manière dont notre Père agit dans ses dispensations disciplinaires envers nous, et si nous savions nous le rappeler, ce serait d'un grand secours pour supporter tout ce que sa main trouve bon de nous infliger. - On pourrait objecter qu'il n'y a pas de comparaison entre un remède appliqué pour quelques minutes, et des années de souffrances et de peines corporelles intenses. Sans doute, mais quelle différence entre le résultat obtenu dans chaque cas ! Ce n'est qu'avec le principe de la chose que nous avons affaire. Lorsque nous voyons un cher enfant de Dieu appelé à traverser des années de vives souffrances, nous sommes tentés de nous demander pourquoi ; lui-même peut aussi se faire la même question, et être parfois sur le point de perdre courage, d'être accablé sous le poids de sa longue épreuve. Il se peut même qu'il en vienne à s'écrier : « Pourquoi en est-il ainsi ? Cette épreuve peut-elle m'avoir été dispensée par amour, et être l'expression de la sollicitude d'un Père ? » -« Oui, certes », est la réponse claire et décidée de la foi. « C'est tout amour, et divinement juste. Je ne voudrais pas pour des mondes qu'il en fût autrement. Je sais que cette souffrance passagère opère une bénédiction éternelle, je sais que le Père qui m'aime m'a mis dans ce creuset pour me purifier des impuretés de la chair, et reproduire en moi sa propre image ; donc cette souffrance est la meilleure chose pour moi. Naturellement, je la sens, mais c'est l'intention de mon Père céleste que je la sente, comme la mère avec son remède, sans cela, il ne ferait aucun bien».

Telle est, lecteur chrétien, la disposition convenable pour traverser quelque épreuve que ce soit.

 

Reprenons maintenant les derniers versets de notre chapitre, qui renferment des appels si touchants au coeur et à la conscience de la congrégation au sujet de l'obéissance. Si Moïse leur parle de la fournaise de fer d'Égypte, de laquelle l'Éternel, dans sa souveraine grâce, les a délivrés ; s'il insiste sur les signes puissants et les miracles opérés en leur faveur ; s'il leur représente les gloires de ce pays où ils allaient entrer ; ou s'il raconte les voies merveilleuses de Dieu envers eux dans le désert ; - le tout a pour but d'affermir la base morale des droits de l'Éternel à leur obéissance. Le passé, le présent et l'avenir, tout est exposé, comme pour faire peser sur eux la responsabilité, pour fournir des arguments puissants en faveur de leur consécration entière au service de leur Libérateur.

En un mot, ils avaient toute raison pour obéir et pas une excuse possible pour la désobéissance. Tous les faits de leur histoire, du premier au dernier, étaient calculés pour donner de la force morale à l'exhortation et à l'avertissement du passage suivant : « Prenez garde que vous n'oubliiez l'alliance de l'Éternel, votre Dieu, qu'il a traitée avec vous, et que vous ne vous fassiez une image taillée, la forme d'une chose quelconque, ce que l'Éternel, ton Dieu, t'a commandé de ne pas faire. Car l'Éternel, ton Dieu, est un feu consumant, un Dieu jaloux.

« Quand tu auras engendré des fils et des petits-fils, et que vous aurez vécu longtemps dans le pays, et que vous vous serez corrompus, et que vous aurez fait une image taillée, la forme d'une chose quelconque, et que vous aurez fait ce qui est mauvais aux yeux de l'Éternel, ton Dieu, pour le provoquer à colère, j'appelle aujourd'hui à témoin contre vous les cieux et la terre, que vous périrez bientôt entièrement de dessus le pays où, en passant le Jourdain, vous entrez afin de le posséder ; vous n'y prolongerez pas vos jours, car vous serez entièrement détruits. Et l'Éternel vous dispersera parmi les peuples ; et vous resterez en petit nombre parmi les nations où l'Eternel vous mènera. Et vous servirez là des dieux, ouvrage de mains d'homme, du bois et de la pierre, qui ne voient, ni n'entendent, ni ne mangent, ni ne flairent » (vers. 23-28).

Le ciel et la terre sont appelés à témoigner de ces choses. Hélas ! comme tout ceci fut vite et complètement oublié ! Et comme toutes ces terribles prophéties ont été littéralement accomplies dans l'histoire de la nation !

Mais , béni soit Dieu, il y a miséricorde aussi bien que jugement ; notre Dieu est quelque chose de plus qu'un « feu consumant et qu'un Dieu jaloux ». Il est en vérité un feu consumant, parce qu'il est saint. De plus, il est jaloux, parce qu'il ne peut supporter un rival quelconque dans le coeur de ceux qu'il aime. Il lui faut avoir le coeur tout entier, parce que Lui seul en est digne, et peut le remplir et le satisfaire à jamais. Si ses enfants se détournent de Lui, et vont après des idoles de leur propre imagination, ils devront moissonner les fruits amers de leurs propres oeuvres, et prouveront par une triste et terrible expérience, la vérité, de ces paroles : « les misères de ceux qui courent, après un autre seront multipliées ».

(Vers. 29.) Remarquez de quelle manière touchante Moïse présente au peuple le côté brillant des choses - brillant d'une lumière provenant de la stabilité éternelle de sa grâce et de la pleine suffisance de cette grâce à tous les besoins de son peuple : « Et de là vous chercherez l'Éternel, ton Dieu et tu le trouveras, si tu le cherches de tout ton coeur et de toute ton âme. Dans ta détresse », - moment propice pour découvrir ce qu'est notre Dieu, - « et lorsque toutes ces choses t'auront atteint, à la fin des jours, tu retourneras à l'Eternel, ton Dieu, et tu écouteras sa voix ». - Sera-t-il alors un « feu consumant » ? Non : « L'Éternel, ton Dieu est un Dieu miséricordieux, il ne t'abandonnera pas et ne te détruira pas, et il n'oubliera pas l'alliance de tes pères, qu'il leur a jurée » (vers. 30-31).

Nous avons ici un remarquable coup d'oeil dans l'avenir d'Israël, leur séparation de Dieu, et leur dispersion parmi les nations ; la rupture complète de leur forme de gouvernement, et la perte de leur gloire nationale. Mais, béni soit le Dieu de toute grâce, il y a quelque chose au delà de tous ces manquements, de cette ruine et de ce jugement. En considérant la dernière phase de la triste histoire d'Israël, - histoire qui peut réellement se résumer dans cette courte phrase : « C'est ta destruction, Israël, que tu aies été contre moi, contre ton secours » (Osée 13, 9), nous voyons le déploiement de la grâce du Dieu de leurs pères quand il se révèle comme étant le secours d'Israël. Dans la première partie de cette phrase, nous avons la flèche aiguisée pour la conscience du peuple ; dans la dernière, le baume qui peut calmer son coeur brisé.

 

Il y a deux côtés de l'histoire d'Israël, la partie historique et la partie prophétique. La première rapporte leur complète ruine. L'autre révèle le remède de Dieu. Le passé d'Israël a été sombre et triste ; son avenir sera brillant et glorieux. Dans le premier, nous voyons les misérables actions des hommes ; dans le dernier, les voies bénies de Dieu. - Le passé nous donne l'illustration de ce qu'est l'homme ; l'avenir la brillante démonstration de ce que Dieu est. Il faut considérer les deux côtés, si nous voulons avoir une vraie intelligence de l'histoire de ce peuple remarquable. « Un peuple merveilleux dès ce temps » - et, nous pouvons ajouter, un peuple admirable jusqu'à la fin des temps.

Nous sentons l'obligation d'attirer l'attention du lecteur sur les précieux enseignements contenus dans le dernier passage cité. En peu de mots, il réunit toutes les vérités relatives au passé, au présent et à l'avenir d'Israël. Leur passé, par exemple, est vivement dépeint dans ces quelques mots : « Quand tu auras engendré des fils et des petits-fils, et que vous aurez vécu longtemps dans le pays, et que vous vous serez corrompus, et que vous aurez fait une image taillée, la forme d'une chose quelconque, et que vous aurez fait ce qui est mauvais aux yeux de l'Éternel, ton Dieu, pour le provoquer à colère... »

N'est-ce pas là précisément ce qu'ils ont fait ? Ils ont fait ce qui déplaît à l'Éternel, leur Dieu, afin de l'irriter. Ce seul mot : « ce qui est mauvais », comprend tout, depuis le veau en Horeb jusqu'à la croix du Calvaire. Tel est le passé d'Israël.

Quant à leur état présent, ne sont-ils pas un monument stable de la vérité impérissable de Dieu ? Est-il tombé un seul iota ou un trait de lettre de tout ce que Dieu a prononcé ? Écoutez ces paroles : « J'appelle aujourd'hui à témoin contre vous les cieux et la terre, que vous périrez bientôt entièrement de dessus le pays où, en passant le Jourdain, vous entrez afin de le posséder ; vous n'y prolongerez pas vos jours, car vous serez entièrement détruits. Et l'Éternel vous dispersera parmi les peuples ; et vous resterez en petit nombre parmi les nations où l'Éternel vous mènera ».

Tout ceci n'a-t-il pas été accompli à la lettre ? Qui pourrait mettre la chose en question ? Le passé et le présent d'Israël attestent tous deux la vérité de la parole de Dieu. Nous pouvons donc, en toute justice, déclarer que, comme le passé et le présent sont un accomplissement littéral de la vérité de Dieu, l'avenir le sera aussi assurément. Le même Esprit a dicté les pages de l'histoire, et celles de la prophétie ; c'est pourquoi elles sont aussi vraies l'une que l'autre, et de même que l'histoire nous rapporte le péché et la dispersion d'Israël, la prophétie nous prédit le repentir du peuple et son relèvement. Pour la foi, l'un est aussi vrai que l'autre. Aussi sûrement qu'Israël a péché dans le passé, et qu'il est dispersé actuellement, aussi sûrement se repentira-t-il et sera-t-il relevé dans l'avenir.

Tout ceci est au-dessus de tout raisonnement. Il n'y a pas un des prophètes, depuis Esaïe jusqu'à Malachie, qui ne publie en accents pleins de grâce les bénédictions futures, la prééminence et la gloire de la semence d'Abraham (1). Nous aimerions pouvoir citer quelques-uns des sublimes passages se rapportant à ce sujet si intéressant ; mais il nous faut laisser ce soin au lecteur, recommandant tout spécialement à son attention la précieuse portion de l'Écriture contenue dans les derniers chapitres d'Esaïe, dans laquelle il trouvera une pleine confirmation de cette vérité exprimée par l'apôtre : « Tout Israël sera sauvé » (Rom. 11, 26). Tous les prophètes, « depuis Samuel et ceux qui l'ont suivi » (Actes 3, 24), sont d'accord en ceci. Les enseignements du Nouveau Testament sont en harmonie avec la voix des prophètes ; ainsi, mettre en question la vérité concernant la restauration d'Israël dans son propre pays, et les bénédictions finales qui y seront leur partage, sous le règne de leur propre Messie, serait ignorer ou nier le témoignage des prophètes et des apôtres, parlant et écrivant sous l'inspiration directe de Dieu.

Il peut paraître étrange que ceux qui aiment Christ puissent ignorer ou nier ces témoignages ; cependant ils le font et l'ont fait, soit par suite de préjugés religieux, soit en vertu de certaines tendances théologiques. Mais, malgré tout, la vérité glorieuse du rétablissement d'Israël, et de sa prééminence sur la terre, brille avec une vive clarté dans les pages prophétiques, et tous ceux qui cherchent à la rejeter, ou à l'interpréter de quelque autre manière, se voient dans le cas, non seulement d'éviter la clarté des Saintes Ecritures, et de contredire la voix unanime des apôtres et des prophètes, mais encore de s'ingérer dans les conseils et les promesses du Seigneur, Dieu d'Israël, pour aboutir finalement à annuler son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob.

 

C'est une chose bien sérieuse de s'engager dans cette voie, et plusieurs, nous le croyons, l'ont fait sans le savoir, car il faut comprendre que quiconque applique à l'Eglise les promesses faites aux pères dans l'Ancien Testament, commet la faute grave dont nous parlons. Nous maintenons que personne n'a le moindre droit d'aliéner les promesses faites aux pères. Nous pouvons y prendre plaisir, retirer du bien et de l'encouragement de leur éternelle stabilité et de leur application directe et littérale ; mais lorsque, sous l'influence d'un système d'interprétation appelé « spiritualiste », on applique à l'Eglise, ou aux croyants du Nouveau Testament, des prophéties qui s'appliquent à Israël, nous considérons cela comme une chose très sérieuse et contraire à la pensée et au coeur de Dieu. Il aime Israël ; il l'aime à cause des pères, et nous pouvons être assurés qu'il n'approuve pas notre intervention dans leur position, leur lot, ou leurs espérances. Les paroles de Paul aux Romains, chap. 11, nous sont familières, mais il se peut que nous en ayons ignoré ou oublié le vrai sens et la force morale.

 

Parlant d'Israël, en rapport avec l'olivier de la promesse, l'apôtre dit : « Et eux aussi, s'ils ne persévèrent pas dans l'incrédulité, ils seront entés, car » - raison des plus simples et précieuses - « Dieu est puissant pour les enter de nouveau. Car si toi, tu as été coupé de l'olivier qui selon la nature, était sauvage, et as été enté contre nature sur l'olivier franc, combien plus ceux qui en sont selon la nature seront-ils entés sur leur propre olivier ? Car je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère-ci, afin que vous ne soyez pas sages à vos propres yeux : c'est qu'un endurcissement partiel est arrivé à Israël jusqu'à ce que la plénitude des nations soit entrée (2) ; et ainsi tout Israël sera sauvé, selon qu'il est écrit : « Le libérateur viendra de Sion ; il détournera de Jacob l'impiété. Et c'est là l'alliance de ma part pour eux, lorsque j'ôterai leurs péchés ». En ce qui concerne l'Évangile, ils sont ennemis à cause de vous ; mais en ce qui concerne l'élection, ils sont bien-aimés à cause des pères. Car les dons de grâce et l'appel de Dieu sont sans repentir. Car comme vous aussi vous avez été autrefois désobéissants à Dieu et que maintenant vous êtes devenus des objets de miséricorde par la désobéissance de ceux-ci, de même ceux-ci aussi ont été maintenant désobéissants à votre miséricorde, afin qu'eux aussi deviennent des objets de miséricorde ». C'est-à-dire qu'au lieu d'entrer sur le terrain de la loi, ou de leur descendance selon la chair, ils viendront simplement, tout comme les gentils, sur le terrain de l'élection selon la grâce souveraine. « Car Dieu a renfermé tous, Juifs et nations, dans la désobéissance, afin de faire miséricorde à tous » (Rom. 11, 23-32).

Nous ne pouvons nous empêcher de citer la doxologie, par laquelle l'apôtre termine la grande exposition des dispensations ou des économies selon le plan de Dieu « 0 profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont insondables, et ses voies introuvables ! Car qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller ? ou qui lui a donné le premier, et il lui sera rendu ? Car de lui », - comme la source, - « et par lui », - comme canal, - « et pour lui », - comme objet, - « sont toutes choses ! A lui soit la gloire éternellement ! Amen » (vers. 33-36).

Cette magnifique partie de l'épître aux Romains est en parfait accord avec l'enseignement du 4 ème chapitre de notre livre. La condition présente d'Israël est le fruit de sa désobéissance ; sa gloire future sera le fruit de la riche et souveraine miséricorde de Dieu. « Car l'Eternel, ton Dieu, est un Dieu miséricordieux, il ne t'abandonnera pas et ne te détruira pas ; et il n'oubliera pas l'alliance de tes pères qu'il leur a jurée. Car, enquiers-toi donc des premiers jours qui ont été avant toi, depuis le jour où Dieu a créé l'homme sur la terre, et d'un bout des cieux jusqu'à l'autre bout des cieux », - Dieu en appelait aux limites extrêmes du temps et de l'espace, pour voir - « si jamais il est rien arrivé comme cette grande chose, et s'il a été rien entendu de semblable. Est-ce qu'un peuple a entendu la voix de Dieu parlant du milieu du feu, comme toi tu l'as entendue, et est demeuré en vie ? Ou Dieu a-t-il essayé de venir prendre pour lui une nation du milieu d'une nation, par des épreuves, par des signes, et par des prodiges, et par la guerre, et à main forte, et à bras étendu, et par de grandes terreurs, selon tout ce que l'Eternel, votre Dieu, a fait pour vous en Égypte, sous tes yeux. Cela t'a été montré, afin que tu connusses que l'Éternel est Dieu, et qu'il n'y en a point d'autre que lui. Des cieux, Il t'a fait entendre sa voix pour t'instruire, et, sur la terre, il t'a fait voir son grand feu, et tu as entendu ses paroles du milieu du feu » (vers. 31-36).

 

Le grand objet de toutes les, voies divines relativement à Israël ressort de ces paroles avec une singulière puissance morale. C'était afin qu'ils pussent connaître que l'Éternel était le seul Dieu vivant et vrai, et qu'il n'y en avait, et ne pouvait y en avoir aucun autre, en dehors de Lui. En un mot, le dessein de Dieu était qu'Israël fût un témoin pour Lui sur la terre ; et, c'est assurément ce qu'il sera, quoiqu'il ait failli jusqu'à être la cause que son saint Nom a été blasphémé parmi les nations. Mais l'alliance de l'Éternel existera à toujours. Israël sera un témoin vivant de Dieu sur la terre, et le canal de riches bénédictions pour toutes les nations. L'Éternel a juré qu'il en serait ainsi ; et toutes les puissances réunies, de l'enfer, de l'homme et de Satan, ne pourront empêcher le plein accomplissement de tout ce qu'il a prononcé. Sa gloire est intéressée à l'avenir d'Israël, et si un seul iota de sa parole devait tomber, ce serait un déshonneur jeté sur son grand Nom, et un triomphe de l'ennemi, chose complètement impossible. L'anneau qui relie les futures bénédictions d'Israël, et la gloire de l'Éternel peut être brisé. Tant que ce fait n'a pas été pleinement saisi, on ne peut avoir l'intelligence du passé, ni de l'avenir d'Israël, et tout système d'interprétation prophétique est frappé de fausseté.

 

Une autre vérité est mise en avant dans notre chapitre : savoir, que non seulement la gloire de l'Éternel est intéressée au relèvement et aux bénédictions futures d'Israël, mais que son coeur y est engagé. C'est ce qui est révélé d'une manière touchante, dans les paroles suivantes : « Et parce qu'il a aimé tes pères, et qu'il a choisi leur semence après eux, il t'a fait sortir d'Égypte par sa face, par sa grande puissance, pour déposséder devant toi des nations plus grandes et plus fortes que toi, pour t'introduire dans leur pays, afin de te le donner en héritage, comme il paraît aujourd'hui » (vers. 37-38).

De cette manière, la vérité de la parole de Dieu, la gloire de son Nom, et l'amour de son coeur, sont compris dans ses dispensations envers la postérité d'Abraham, son ami ; aussi, bien que les Juifs aient transgressé la loi, déshonoré son Nom, méprisé sa grâce, rejeté ses prophètes, crucifié son Fils, et résisté à son Esprit, et soient en conséquence dispersés, et destinés à passer par une tribulation future sans exemple, - cependant le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, glorifiera son Nom, ratifiera sa parole, et manifestera l'amour immuable de son coeur, dans l'histoire à venir de son peuple terrestre. Rien ne change l'amour de Dieu ; qui que ce soit qu'il aime, il l'aime jusqu'à la fin.

Si nous nions cette vérité quant à Israël, nous n'avons pas un pouce de terrain solide sur lequel nous appuyer nous-mêmes - « Car autant il y a de promesses de Dieu, en lui est le oui et en lui l'amen, à la gloire de Dieu par nous» (2 Cor.1, 20). Dieu s'est engagé en faveur de la postérité d'Abraham. Il a promis de lui donner le pays de Canaan, à toujours. « Ses dons de grâce et son appel sont sans repentir » (Rom. 11, 29). C'est pourquoi toute tentative d'infirmer ses promesses et ses dons, ou d'intervenir d'une manière quelconque dans leur application à leur vrai objet, doit être une offense pour Lui. Cela entache l'intégrité de la vérité de Dieu, nous dépouille de toute certitude quant à l'interprétation des Saintes Écritures, et plonge l'âme dans les ténèbres du doute.

L'enseignement de l'Ecriture est clair. Le Saint-Esprit qui a dicté le Volume sacré, entend ce qu'il dit, et dit ce qu'il entend. S'il parle d'Israël, il entend Israël, - de Sion, il entend Sion, - de Jérusalem, Jérusalem. Appliquer quelqu'un de ces noms à l'Eglise du Nouveau Testament, c'est confondre des choses qui diffèrent, et introduire une méthode d'interpréter l'Ecriture qui, par son inconsistance, ne peut conduire qu'aux plus désastreuses conséquences. Si nous manions la parole de Dieu de cette manière irrespectueuse, nous ne pourrons en réaliser la divine autorité sur notre conscience, ou en manifester la puissance dans notre marche.

 

Considérons maintenant l'appel par lequel Moïse résume son discours dans notre chapitre : « Sache donc aujourd'hui, et médite en ton coeur, que l'Éternel est Dieu dans les cieux en haut, et sur la terre en bas : il n'y en a point d'autre. Et garde ses statuts et ses commandements que je te commande aujourd'hui, afin que tu prospères, toi et tes fils après toi, et que tu prolonges tes jours sur la terre que l'Eternel, ton Dieu, te donne, pour toujours » (vers. 39-40).

Nous voyons ici que le droit moral à leur obéissance est fondé sur le caractère révélé de Dieu, et sur ses voies merveilleuses à leur égard. En un mot, ils étaient tenus d'obéir, par tous les arguments susceptibles d'agir sur leur coeur, leur conscience et leur intelligence. Celui qui les avait retirés du pays d'Egypte à main forte et à bras étendu ; qui avait fait trembler ce pays par les coups redoublés de sa verge judiciaire ; celui qui avait fendu les eaux pour leur frayer un passage à travers la mer ; qui leur avait envoyé du pain du ciel, et leur avait fait sortir de l'eau du rocher, - le tout, pour la gloire de son grand Nom, et parce qu'il aimait leurs pères, - avait sûrement droit à leur entière obéissance.

Si les fils d'Israël étaient moralement tenus d'obéir, combien plus le sommes-nous ! Si leurs motifs et leur objet étaient puissants, combien plus le sont les nôtres ! En sentons-nous la puissance ? Les droits de Christ sur nous sont-ils le sujet de nos méditations ? Nous rappelons-nous que nous ne sommes plus à nous-mêmes, mais rachetés au prix infiniment précieux du sang de Christ ? Cherchons-nous à vivre pour Lui ? Sa gloire est-elle notre objet, son amour, notre mobile ? Ou bien, vivons-nous pour nous-mêmes ? Cherchons-nous nos aises dans le monde qui a crucifié notre Seigneur et Sauveur ? Cherchons-nous à amasser de l'argent ? L'aimons-nous soit pour lui-même, soit pour ce qu'il peut nous procurer ? L'argent nous gouverne-t-il ? Sommes-nous à la recherche d'une position dans ce monde, pour nous-mêmes, ou pour nos enfants ? Sondons notre coeur en toute honnêteté, à la lumière de sa présence, et recherchons quel est l'objet qui gouverne ou que chérit notre coeur.

Pesons ces questions à la lumière même du tribunal de Christ. Le temps où nous vivons est très solennel. On voit de tous côtés une fausseté effrayante, et nulle part elle n'est plus apparente que dans la soi-disant religion. Le temps même où nous sommes parvenus, a été décrit par une plume qui n'exagère jamais : « Or sache ceci, que dans les derniers jours il surviendra des temps fâcheux ; car les hommes seront égoïstes, avares, vantards, hautains, outrageux, désobéissants à leurs parents, ingrats, sans piété, sans affection naturelle, implacables, calomniateurs, incontinents, cruels, n'aimant pas le bien, traîtres, téméraires, enflés d'orgueil, amis des voluptés plutôt qu'amis de Dieu », - et l'apôtre couronne cet effrayant tableau par ces mots : « ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance » (2 Tim. 3, 1-5).

Ces quelques phrases nous dépeignent la chrétienté infidèle ; comme 1 Tim. 4 avait peint la chrétienté superstitieuse. Dans ce dernier passage, nous voyons le papisme ; dans le premier, l'incrédulité, deux éléments qui sont à l'oeuvre autour de nous, et dont le dernier aura bientôt la suprématie, vers laquelle il s'avance à grands pas. Les conducteurs mêmes et les docteurs de la chrétienté n'ont pas honte d'attaquer les fondements du christianisme. Un évêque soi-disant chrétien n'a pas honte, et ne craint pas de mettre en question l'authenticité des cinq livres de Moïse, et même celle de la Bible entière ; puisque, si Moïse n'est pas l'écrivain inspiré du Pentateuque, l'édifice entier de l'Écriture Sainte croule sous nos pieds. Les écrits de Moïse se lient si intimement avec toutes les autres grandes divisions du volume divin que, si on y touche, tout croule. Les colonnes mêmes du christianisme disparaîtraient, et nous aurions à chercher notre chemin en tâtonnant au milieu du conflit des opinions et des théories de docteurs infidèles, sans aucun rayon de la lampe divine de l'inspiration.

Ceci paraît-il trop fort à notre lecteur ? Croit-il qu'il soit possible d'accepter le désaveu de l'inspiration de Moïse, et puis de croire à l'inspiration des Psaumes, des Prophètes et du Nouveau Testament ? Celui qui croit cela est le jouet d'une fatale illusion. Qu'il lise avec attention le passage suivant, et qu'il se demande quelle en est la signification et la portée ? Notre Seigneur, en parlant aux Juifs, - qui n'auraient été d'accord avec aucun évêque chrétien pour nier l'authenticité de Moïse, - dit : « Ne pensez pas que moi, je vous accuserai devant le Père ; il y en a un qui vous accuse, Moïse en qui vous espérez. Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi ; car lui a écrit de moi. Mais si vous ne croyez pas ses écrits, comment croirez-vous mes paroles ? » (Jean 5, 45-47).

 

Un homme qui ne croit pas aux écrits de Moïse et ne les reçoit pas comme divinement inspirés, ne croit pas aux paroles de Christ, et, par conséquent, ne peut avoir une foi d'origine divine, en Christ lui-même ; il ne peut donc pas être un chrétien. C'est donc une chose bien sérieuse pour l'homme de nier la divine inspiration du Pentateuque. Il est tout aussi sérieux d'écouter un tel homme, ou de sympathiser avec lui. C'est très bien de parler de charité chrétienne et de libéralité d'esprit, mais nous avons à considérer si c'est avoir de la charité ou être libéral que de paraître approuver, en quelque manière que ce soit, un homme qui a l'audace de faire crouler sous nos pieds les fondements mêmes de notre foi. Qu'un tel homme soit un évêque ou un ministre de quelque dénomination que ce soit rend la chose mille fois pire. Nous pouvons comprendre un Voltaire ou un Paine attaquant la Bible on ne s'attend pas à autre chose de leur part mais, quand ceux qui prétendent être des ministres de la religion, gardiens reconnus et établis de la foi des élus de Dieu, se considérant comme ayant seuls le droit d'enseigner et de prêcher Jésus Christ, de garder et de paître l'Eglise de Dieu, - quand ceux-là mettent en question l'inspiration des cinq livres de Moïse, nous sommes forcés de demander : Jusqu'où l'église professante est-elle descendue ? Prenons encore un autre passage relatif à notre sujet ; le reproche du Sauveur ressuscité aux deux disciples d'Emmaüs : « 0 gens sans intelligence et lents de coeur à croire toutes les choses que les prophètes ont dites ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu'il entrât dans sa gloire ? Et commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliquait, dans toutes les Ecritures, les choses qui le regardent ». Puis encore, aux onze et aux autres avec eux, il dit : « Ce sont ici les paroles que je vous disais quand j'étais encore avec vous, qu'il fallait que toutes les choses qui sont écrites de moi dans la loi de Moïse, et dans les prophètes, et dans les psaumes, fussent accomplies » (Luc 24, 25-27, 44).

Ici nous trouvons que notre Seigneur reconnaît de la manière la plus positive, la loi de Moïse, comme faisant partie intégrante du canon inspiré, et qu'il la lie à toutes les divisions principales du volume divin, de telle sorte qu'il est complètement impossible de toucher à une seule, sans détruire l'intégralité du tout. Si on n'a pas confiance en Moïse, on ne peut pas davantage se fier aux Prophètes ou aux Psaumes ; ils se maintiennent ou tombent ensemble. Non seulement cela, mais nier la divine authenticité du Pentateuque, c'est comme si l'on affirmait que notre adorable Seigneur et Sauveur a donné la sanction de son autorité à une série de documents faux, en les citant comme des écrits de Moïse, tandis que Moïse ne les aurait pas écrits.

 

Prenez encore le passage qui termine la parabole de l'homme riche et de Lazare : « Mais Abraham lui dit : Ils ont Moïse et les prophètes ; qu'ils les écoutent. Mais il dit : Non, père Abraham ; mais si quelqu'un va des morts vers eux, ils se repentiront. Et il lui dit : S'ils n'écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne seront pas persuadés non plus si quelqu'un ressuscitait d'entre les morts » (Luc 16, 29-31).

Si, en dernier lieu, nous ajoutons à tout ceci, le fait que notre Seigneur, dans sa lutte avec Satan au désert, ne lui cite que les écrits de Moïse, nous aurons un nombre suffisant de preuves, non seulement pour établir, péremptoirement, la divine inspiration de Moïse, mais aussi pour prouver que l'homme qui met en question l'authenticité des cinq premiers livres de la Bible, ne possède, au fait, ni Bible, ni révélation divine, ni fondement solide pour sa foi. Il peut s'appeler, ou être appelé par d'autres un évêque ou un ministre chrétien ; mais en réalité, il est un sceptique, et devrait être traité comme tel par tous ceux qui croient et connaissent la vérité. Nous. ne saurions concevoir comment quiconque possède la moindre étincelle de vie divine dans son âme, puisse se rendre coupable du péché odieux de nier l'inspiration d'une grande partie de la parole de Dieu, ou maintenir que notre Seigneur Jésus Christ a pu citer de faux documents.

 

Nous pouvons avoir paru sévère dans ce qu'on vient de lire. De nos jours, il semble que ce soit chose reçue de reconnaître comme chrétiens, ceux qui nient les fondements mêmes du christianisme. C'est une opinion assez populaire que, pourvu qu'on soit moral, aimable, bienveillant, charitable et philanthrope, peu importent les croyances. On nous dit que la vie vaut mieux que des dogmes ou un credo ; le tout paraît plausible, mais le lecteur peut être assuré que cette manière de parler et de raisonner tend directement à se débarrasser de la Bible, - du Saint-Esprit, - de Christ, - de Dieu, - enfin de tout ce que la Bible révèle à nos âmes. Qu'il serre donc cette parole dans son coeur, et l'étudie toujours davantage, avec prière ; il sera ainsi gardé de l'influence délétère du scepticisme et de l'incrédulité ; son âme sera nourrie du lait pur de la Parole et tout son être moral sera à l'abri dans la présence divine.

 

Terminons maintenant notre méditation sur le chapitre qui vient d'attirer notre attention ; mais auparavant, prenons encore connaissance du remarquable passage concernant les trois villes de refuge. Cela peut paraître un peu abrupt à un lecteur superficiel ; mais cela relie notre sujet avec le parfait ordre moral qui règne dans l'Ecriture, où tout est divinement parfait.

« Alors Moïse sépara trois villes, en deçà du Jourdain, vers le soleil levant, afin que l'homicide qui aurait tué son prochain sans le savoir, et qui ne l'aurait pas haï auparavant, s'y enfuît, et que, s'enfuyant dans l'une de ces villes-là, il vécût : Bétser, dans le désert, sur le plateau, qui est aux Rubénites ; et Ramoth, en Galaad, qui est aux Gadites ; et Golan, en Basan, qui est aux Manassites » (vers. 41-43).

Ici nous avons un remarquable déploiement de la grâce de Dieu qui s'élève, comme toujours, au-dessus des faiblesses et des manquements humains. Les deux tribus et demie, en choisissant leur héritage en deçà du Jourdain, restaient séparées de la portion propre à Israël, au delà du fleuve de la mort. Mais, malgré leur manquement, Dieu ne voulait pas laisser le pauvre meurtrier, sans lieu de refuge, au jour de sa détresse. Si l'homme ne peut s'élever à la hauteur des pensées de Dieu, Lui peut descendre dans les profondeurs des besoins de l'homme, et dans ce cas, il le fait avec tant d'amour, que les deux tribus et demie devaient avoir autant de villes de refuge, en deçà du Jourdain, que les neuf tribus et demie, au pays de Canaan.

C'était une abondance de grâce ; une manière d'agir bien différente de celle de l'homme ! Quelle supériorité sur la loi ou sur la justice légale qui, dans ce cas, aurait pu dire aux deux tribus et demie - « Si vous choisissez votre héritage en dehors des limites divines, si vous vous contentez de moins que Canaan, le pays de la promesse, il ne faut pas vous attendre à jouir des privilèges et des bénédictions du pays. Les institutions de Canaan sont exclusives à Canaan et, par conséquent, chez vous, le meurtrier doit essayer (le traverser le Jourdain pour trouver un refuge ».

La loi peut tenir ce langage, mais la grâce parle différemment. Les pensées de Dieu ne sont pas les nôtres, ni ses voies nos voies. A notre point de vue, c'eût été déjà une grâce merveilleuse d'accorder une ville aux deux tribus et demie. Mais notre Dieu fait infiniment au delà de ce que nous savons demander ou penser ; c'est pourquoi le district comparativement petit en deçà du Jourdain était pourvu d'une aussi abondante provision de grâce que le pays tout entier de Canaan.

Cela prouve-t-il que les deux tribus et demie avaient raison ? Non, mais cela prouve que Dieu est bon, et qu'il agit toujours selon ce qu'il est, en dépit de toute notre faiblesse. Pouvait-il laisser un pauvre meurtrier sans lieu de refuge, au pays de Galaad, parce que Galaad n'était pas Canaan ? Sûrement non. Cela n'aurait pas été digne de Celui qui dit : « Ma justice est proche » (És. 51, 5). Il a pris soin de rapprocher la ville de refuge du meurtrier. Il voulait que sa grâce pût venir au-devant de celui qui en avait besoin. Telle est la manière d'agir de notre Dieu.

« Et c'est ici la loi que Moïse plaça devant les fils d'Israël ; ce sont ici les témoignages, et les statuts, et les ordonnances de Moïse exposa aux fils d'Israël, à leur sortie d'Égypte, en deçà du Jourdain, dans la vallée vis-à-vis de Beth-Péor, dans le pays de Sihon, roi des Amoréens, qui habitait à Hesbon, que Moïse et les fils d'Israël frappèrent à leur sortie d'Égypte ; et ils possédèrent son pays, et le pays d'Og, roi de Basan, deux rois des Amoréens, qui étaient en deçà du Jourdain, vers le soleil levant, depuis Aroër qui est sur le bord du torrent de l'Arnon, jusqu'à la montagne de Scion qui est l'Hermon, et toute la plaine en deçà du Jourdain, vers le levant et jusqu'à la mer de la plaine, sous les pentes du Pisga » (vers. 44-49).

Ici se termine ce merveilleux discours. L'Esprit de Dieu prend plaisir à tracer les limites du peuple, et à citer les plus petits détails, concernant son histoire. Il prend un vif intérêt à tout ce qui les concerne, à leurs luttes, à leurs victoires, à leurs possessions, à leurs frontières, et tout cela avec une grâce et une condescendance touchantes, qui remplissent le coeur d'admiration. L'homme, dans son orgueilleuse suffisance, trouve au-dessous de sa dignité d'entrer dans des détails minutieux ; mais notre Dieu compte les cheveux de nos têtes ; recueille nos larmes dans ses vaisseaux ; prend connaissance de tous nos besoins. Il n'y a rien de trop petit pour son amour, comme aussi rien de trop grand pour sa puissance. Il concentre ses soins d'amour sur chacun de ses enfants ; et il n'y a aucune des moindres circonstances journalières de notre histoire particulière., à laquelle il ne prenne intérêt.

Souvenons-nous de ceci pour notre sûreté, et puissions-nous apprendre à nous confier mieux en Lui, et à recevoir avec une foi simple, les soins paternels de son amour. Il nous dit de Lui remettre tous nos soucis, car il prend soin de nous. Il voudrait que nos coeurs fussent aussi libres de soucis, que notre conscience de culpabilité. «Ne vous Inquiétez de rien ; mais, en toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâces ; et la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera vos coeurs et vos pensées dans le Christ Jésus » (Phil. 4, 6, 7).

Il est à craindre que la grande majorité d'entre nous ne connaissent que bien peu la profondeur réelle de ces paroles. Nous les lisons et les entendons ; mais nous n'en jouissons pas comme étant pour nous. Nous ne les repassons pas dans nos coeurs pour les mettre en pratique. Combien peu nous réalisons cette vérité bénie, que nous pouvons Lui présenter toutes nos difficultés. Il ne faut pas nous imaginer que de telles choses soient indignes de l'attention du Tout-Puissant qui a son trône au-dessus de la terre ; cette idée nous priverait d'incalculables bénédictions journalières. Rien n'est trop grand ou trop petit pour notre Dieu, qui soutient le vaste univers par la parole de sa puissance, et prend garde à un passereau. Il est tout aussi facile pour lui de créer un monde que de donner un repas à une pauvre veuve. Que la grandeur de sa puissance, comme les soins minutieux de sa grâce, excitent également l'adoration de nos coeurs !

 

Lecteur chrétien ! Appropriez-vous toutes ces choses. Cherchez à vivre plus près de Dieu dans votre vie journalière ; appuyez-vous sur Lui. Profitez davantage de sa grâce. Allez constamment à Lui, et confiez à Lui seul tous vos besoins : « Mon Dieu suppléera à tous vos besoins, selon ses richesses en gloire, par le Christ Jésus » (Phil. 4, 19). Quel privilège de pouvoir placer tous nos besoins devant ses richesses, et de perdre de vue les premiers en présence des dernières. Le trésor inépuisable de la grâce de Dieu vous est ouvert avec tout l'amour dont son coeur est rempli. Allez-y puiser, en toute simplicité de foi, et vous n'aurez pas besoin de recourir aux faibles ressources de la créature.


1) Il est entendu que Jonas fait exception, sa mission était à Ninive. il est le seul prophète, dont la mission fut exclusivement relative aux Gentils.


2) Le lecteur doit saisir la différence entre «la plénitude des gentils », dans Rom. 11, et « le temps des nations», dans Luc 21. Le premier passage se rapporte à ceux qui forment maintenant l'Église. Le second. au contraire, a rapport au temps de la suprématie des nations, commençant avec Nébucadnetsar, et continuant jusqu'au temps où « la pierre coupée sans main » tombera avec puissance et écrasera la grande statue de Daniel 2.

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