Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE IV

Suite 1

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 Que penserions-nous d'un chrétien professant qui ne prierait jamais, qui ne lirait jamais la parole de Dieu en particulier ? Serait-il possible de le considérer comme un vrai chrétien, heureux et vivant ? Ne mettrions-nous pas en doute l'existence de la vie de Dieu dans cette âme ? La prière et la parole de Dieu sont absolument essentielles à la prospérité de la vie chrétienne, en sorte que l'état spirituel d'un homme qui néglige habituellement ces deux choses doit être un état de mort.

 

Eh bien ! s'il résulte de cela de telles conséquences pour l'individu, qu'en sera-t-il d'une famille où il n'y a ni lecture, ni prière en commun, aucun témoignage rendu à Dieu ou à sa Parole ? Pouvons-nous imaginer une famille craignant Dieu, vivant du dimanche matin au samedi soir, sans se souvenir collectivement de Celui à qui nous devons toutes choses ? Quelle est la différence, demanderons-nous, entre une telle famille et quelque pauvre ménage païen ? N'est-il pas profondément triste de voir ceux qui font une profession publique de christianisme, qui prennent la Cène dans leurs églises, vivre dans une aussi grossière négligence de ce devoir et de ce privilège ?

 

Lecteur, chef de famille, quelles sont vos habitudes à ce sujet ? Faites-vous une lecture journalière de la Bible avec votre famille ? Si tel n'est pas le cas, voyez et recherchez quelle en est la cause réelle. Si vous lisez et priez en particulier, comment le négligez-vous dans votre cercle de famille ? Peut-être donnerez-vous comme excuse votre état nerveux, votre timidité ? Si c'est le cas, demandez au Seigneur de vous rendre capable de surmonter cette faiblesse. Comptez sur sa grâce ; réunissez votre famille autour de vous à une certaine heure, chaque jour ; lisez quelques versets de l'Écriture et adressez vos demandes à Dieu en commun ; ou bien, si vous ne pouvez le faire tout d'abord, faites agenouiller votre famille quelques moments en silence devant Dieu.

N'y eût-il que la plus faible confession, le plus petit témoignage rendu en famille, cela vaudrait cent fois mieux qu'une maison sans Dieu et sans prière. Commencez tout de suite, vous attendant à Dieu pour le secours nécessaire. Il vous l'accordera sûrement, car il ne fait jamais défaut à un coeur réellement confiant et dépendant.

Il n'est cependant pas nécessaire de prolonger ce service, de manière à le rendre fatigant ; soit à la maison, soit dans nos assemblées publiques, un exercice court, mais fervent, sera toujours le plus édifiant.

Ce n'est pas, assurément, que nous entendions qu'une simple lecture en famille réponde à tout ce que comprend cette importante parole : « Nous servirons l'Eternel ». Loin de là. Le service de Dieu en famille comprend tout ce qui est du domaine de notre vie privée, jusque dans ses plus petits détails, mais nous sommes certains que rien ne peut bien aller dans une famille où la lecture de la Bible et la prière sont négligées.

On pourrait objecter que, dans nombre de maisons où ce devoir est très régulièrement observé matin et soir, la vie intérieure, en famille, est en contradiction flagrante avec ce service soi-disant religieux. Le chef de famille, par exemple, au lieu d'être un modèle et une lumière pour tous, est, au contraire, d'une humeur morose, dur et impoli dans ses manières, rude et contrariant avec sa femme, sévère et arbitraire avec ses enfants, déraisonnable et exigeant avec les domestiques. Après avoir demandé la bénédiction de Dieu sur sa table, il paraît mécontent de ce qui y est placé, - en un mot, il fait le contraire de ce qu'enseigne la Parole qu'il a lue avec sa famille. Il en est souvent de même avec la femme, les enfants et les serviteurs ; il n'y a que désarroi dans toute l'administration domestique ; les repas sont irréguliers ; les rapports peu aimables entre tous les enfants sont grossiers, égoïstes, volontaires les domestiques négligents, prodigues et insubordonnés. Le ton et l'atmosphère morale de cet intérieur, sont, en un mot, antichrétiens.

 

Écoutez encore, en dehors du cercle domestique, le témoignage de ceux qui ont affaire avec le chef de famille, pour son commerce, pour sa manière de traiter les affaires ; on se plaint de ses marchandises ; il y a de l'avarice, de l'ambition et des artifices ; rien de Dieu, rien de Christ, rien qui le distingue d'avec les plus mondains. La conduite de ceux qui ignorent ce que c'est qu'un culte en famille devrait souvent le rendre confus.

Dans ces circonstances, ce service en famille n'est qu'une forme vide, une insulte à Dieu. Il semble que nous oubliions ces paroles si sérieuses de l'apôtre inspiré, en Rom. 14, 17 : « Le royaume de Dieu n'est pas manger et boire, mais justice, et paix, et joie dans l'Esprit Saint ». C'est de justice pratique qu'il s'agit ici. A quoi sert de terminer par un soi-disant culte de famille une journée qui a été du matin au soir marquée par toute sorte d'actes d'injustice et de vanité ?

Cela ne peut être en rapport avec le saint nom de Christ. Tout dans notre vie privée, l'économie de nos maisons, nos travaux journaliers, nos communications, toutes nos transactions quelles qu'elles soient, doit être mesuré à cette seule mesure : la gloire de Christ. A l'égard de tout ce qui se présente à nous, ou qui sollicite notre attention, la seule question devrait être : « Ceci est-il digne du saint Nom qui est invoqué sur moi ? » Si telle chose n'est pas digne de Dieu, ne la touchons pas. Ne prononçons pas cette question : « Quel mal 3, a-t-il à cela ? » Rien que du mal, si Christ n'y est pas.

Rappeler au coeur et à la conscience ces vérités pratiques est une chose essentielle dans nos jours de profession prétentieuse. Chacun de nous a besoin d'examiner l'état réel de son coeur quant à Christ ; car c'est là le secret de toute l'affaire. Si le coeur n'est pas vrai devant Lui, rien ne peut aller bien, ni dans la vie privée, ni dans la famille, ni en affaires, ni dans l'assemblée, ni où que ce soit.

 

Ne nous étonnons donc pas, si l'apôtre, en terminant la première épître aux Corinthiens, la résume par cette solennelle déclaration : « Si quelqu'un n'aime pas le Seigneur Jésus Christ, qu'il soit anathème ! Maranatha ! » (1 Cor. 16, 22). Dans le cours de l'épître, il avait combattu contre diverses formes d'erreurs de doctrine, ou de dépravation morale ; mais quand il en vient à la conclusion, au lieu de prononcer sa sentence sur quelque erreur ou quelque mal particulier, il la prononce contre quiconque n'aime pas le Seigneur Jésus Christ. L'amour pour Christ est la meilleure sauvegarde contre toute forme d'erreur et de mal.

Revenons à notre chapitre.

L'attention du peuple est appelée d'une manière spéciale sur les scènes solennelles du mont Horeb, scènes qui auraient dû faire sur leurs coeurs une impression profonde et durable. « Le jour où tu te tins devant l'Éternel, ton Dieu, à Horeb, quand l'Éternel me dit : Assemble-moi le peuple, et je leur ferai entendre mes paroles ». Le grand point est d'être mis en contact direct et vivant avec la parole du Dieu vivant : « mes paroles, qu'ils apprendront pour me craindre tous les jours qu'ils seront vivants sur la terre, et qu'ils enseigneront à leurs fils » (vers. 10).

Il est très beau de remarquer le rapport intime qui existe entre écouter la parole de Dieu, et craindre son Nom. Le coeur qui aime la Parole, révérera le Nom, et s'inclinera devant sa sainte autorité en toutes choses. « Celui qui ne m'aime pas, ne garde pas mes paroles » (Jean 14, 24). « Celui qui dit : Je le connais, et qui ne garde pas ses commandements, est menteur, et la vérité n'est pas en lui. Mais quiconque garde sa parole, - en lui l'amour de Dieu est véritablement consommé » (1 Jean 2, 4-5). Toute personne qui aime vraiment Dieu, gardera sa Parole dans son coeur et alors l'influence bénie de cette Parole se fera sentir dans toute sa vie, son caractère et sa conduite. Le but de Dieu en nous donnant sa Parole, est qu'elle serve à gouverner notre conduite. Si sa Parole n'a pas cet effet pratique, c'est en vain que nous parIons de notre amour pour Lui, ce n'est qu'une positive raillerie, qui attirera tôt ou tard son déplaisir.

Prêtons aussi une attention particulière à la solennelle responsabilité d'Israël à l'égard de leurs enfants. Ils ne devaient pas seulement « écouter » et « apprendre » eux-mêmes ; mais ils devaient aussi « enseigner leurs fils ». Ce devoir ne peut être négligé impunément. Dieu attache une très grande importance à cette question ; nous l'entendons dire d'Abraham : « Car je le connais, et je sais qu'il commandera à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l'Éternel, pour pratiquer ce qui est juste et droit, afin que l'Éternel fasse venir sur Abraham ce qu'il a dit à son égard» (Gen. 18, 19).

Ces paroles nous montrent le cas que Dieu fait de la vie domestique et de la piété exercée dans la famille. Sous toutes les dispensations, Dieu a donné son approbation à une éducation fidèle des enfants de son peuple, selon sa sainte Parole.

Il est vrai que nous ne pouvons faire des chrétiens de nos enfants, et que nous ne devons pas en faire des formalistes. Mais nous ne sommes pas appelés à faire d'eux quelque chose ; nous avons simplement à remplir nos devoirs envers eux et à en laisser les résultats à Dieu. Nous avons reçu le commandement d'élever nos enfants « dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur » (Eph. 6, 4). Quand cette « éducation » doit-elle commencer ? Au commencement, assurément. Du moment où nous entrons dans une relation quelconque, nous sommes introduits dans la responsabilité que cette relation comporte. Il se peut que nous la négligions ; alors nous aurons à moissonner les tristes conséquences de notre négligence. Il est vrai, Dieu en soit béni, que sa grâce est suffisante pour nous, dans cette position comme dans toute autre : « Si quelqu'un de vous manque de sagesse, qu'il demande à Dieu, qui donne à tous libéralement et qui ne fait pas de reproches ; et il lui sera donné » (Jacq. 1, 5). Non que nous soyons capables par nous-mêmes, en matière si importante, de penser ou de faire quelque chose comme de nous-mêmes, mais notre capacité vient de Dieu, et il répondra à tous nos besoins. Nous n'avons qu'à regarder à Lui, pour les besoins de chaque moment.

 

Nous avons chacun nos devoirs respectifs à remplir ; tous n'aiment pas ce simple mot « devoir » ; il leur paraît légal. Nous considérons comme moralement sain ce mot, que tout vrai chrétien doit aimer. Une chose en tout cas est certaine, c'est que nous ne pouvons compter sur Dieu que dans le sentier du devoir. Parler de se confier en Dieu, hors du chemin du devoir, est une illusion ; et quant à notre relation de parents, en négliger les devoirs, c'est attirer sur nous les plus désastreuses conséquences.

Nous croyons que toute la question de l'éducation chrétienne se résume dans ces deux choses, savoir « compter sur Dieu pour nos enfants, et les élever pour Dieu ». Adopter le premier de ces principes sans le second, est de l'antinomianisme ; adopter le second sans le premier, est du légalisme, tandis que les deux réunis forment un christianisme sain et pratique - la vraie religion aux yeux de Dieu et des hommes.

Relativement aux difficultés, nous n'avons qu'à recourir, d'heure en heure, au trésor inépuisable de notre Père céleste pour obtenir ce dont nous avons besoin : grâce, sagesse, puissance morale, tout ce qui nous rendra capables de bien remplir les devoirs sacrés de notre relation. « Il donne une plus grande grâce » (Jacq. 4, 6). Ceci est toujours vrai. Mais si, au lieu de recourir à cette force que Dieu donne, pour remplir nos devoirs, nous recherchons nos aises en les négligeant, un grand nombre de peines fondront sur nous tôt ou tard. « Ne soyez pas séduits ; on ne se moque pas de Dieu ; car ce qu'un homme sème, cela aussi il le moissonnera. Car celui qui sème pour sa propre chair moissonnera de la chair la corruption ; mais celui qui sème pour l'Esprit moissonnera de l'Esprit la vie éternelle » (Gal. 6, 7-8).

Ce passage est l'exposé d'un grand principe du gouvernement moral de Dieu qui s'applique d'une manière frappante à notre sujet : comme nous semons, en matière d'éducation pour nos enfants, ainsi, assurément, nous moissonnerons.

 

Que les chers parents chrétiens qui parcourent, ces lignes, ne se laissent cependant pas décourager ; ils ont toute raison pour se confier joyeusement en Dieu. Qu'ils marchent d'un pas ferme dans le sentier du devoir ; là ils peuvent compter sur Dieu pour les besoins de chaque jour et, ait temps convenable, ils moissonneront les fruits de leur travail.

Nous n'essayerons pas de donner des règles, ou une méthode d'éducation, car nous ne croyons pas qu'il y en ait ; les enfants ne peuvent être élevés au moyen de règles uniformes. Qui donc pourrait établir des règles au sujet de tout ce que renferme cette seule exhortation : « Élevez-les dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur » ?

Dans ce commandement par excellence, est compris tout ce qui concerne l'éducation, dès le berceau à l'âge mûr. Oui, « dès le berceau » ; car toute vraie éducation chrétienne commence dès l'âge le plus tendre. Peu de personnes se doutent combien vite les plus petits enfants commencent à observer et à tout comprendre ; combien vite aussi ils subissent l'influence morale qui les entoure ! Cette atmosphère même constitue le grand secret d'une bonne éducation. Nous ne devrions tolérer pour nos enfants qu'une atmosphère d'amour, de paix, de pureté, de sainteté et de justice pratique dans la vie journalière ; cela aurait une grande influence sur leur moral. Quelle chose importante, en effet, pour nos enfants de voir marcher leurs parents dans l'amour, en harmonie, pleins de sollicitude l'un pour l'autre, ayant des égards pour leurs serviteurs, de la charité envers les pauvres. On ne saurait croire, par exemple, le mauvais effet que peut produire sur un enfant, un regard courroucé ou une parole désobligeante échangés entre son père et sa mère. Dans les cas, trop fréquents, hélas ! où la vie journalière d'un ménage se passe en querelles, comment les enfants peuvent-ils se former avec un pareil exemple sous leurs yeux ?

 

Avant de laisser ce sujet d'administration domestique, nous désirons attirer l'attention des parents chrétiens sur un point d'une extrême importance, celui d'inculquer aux enfants le principe d'une obéissance implicite. L'ordre et le bien-être de l'intérieur d'une famille en dépendent, mais, ce qui est infiniment plus important, cela touche à la gloire de Dieu et à la manifestation de sa vérité. « Enfants, obéissez à vos parents en toutes choses, car cela est agréable dans le Seigneur » (Éph. 6, 1 ; Col. 3, 20).

L'enfant doit obéir dès sa plus tendre enfance il lui faut apprendre la soumission à une autorité, établie de Dieu, et, comme l'apôtre le dit, « en toutes choses ». Si l'on n'y prend pas garde dès le commencement, cela devient plus tard presque impossible. Lorsqu'on laisse agir la volonté, elle se renforce rapidement, et chaque année il est plus difficile de la gouverner. C'est pourquoi le père devrait tout d'abord établir son autorité sur une base de fermeté et de force morale : une fois sur ce pied, il peut être aussi doux et affectueux que le coeur d'un enfant aimant le demande. User de dureté, ou d'austérité, n'est pas chose nécessaire à l'éducation. Dieu a mis entre les mains du père les rênes du gouvernement, la verge de l'autorité ; mais en tirant continuellement les rênes, et se servant trop de la verge, il donnera une preuve certaine de faiblesse morale. Lorsque vous entendez un homme parler beaucoup de son autorité, vous pouvez être sûr que cette autorité n'est pas établie comme elle devrait l'être ; la vraie puissance morale donne une dignité calme, à laquelle il est impossible de se méprendre.

De plus, nous croyons que le père qui contrarie perpétuellement la volonté de son enfant, en des choses de peu d'importance, a tort ; ce procédé tend plutôt à briser l'énergie de l'enfant, tandis que briser la volonté est la base de toute bonne éducation. L'enfant devrait toujours se persuader que son père cherche uniquement son bien, et que s'il lui refuse quoi que ce soit, c'est par un vrai intérêt pour lui, et non pour lui retrancher des jouissances. Un point important aussi dans le gouvernement de la famille est de veiller à ce que chaque membre remplisse avec exactitude ses devoirs respectifs, et puisse aussi jouir de ses privilèges. Ainsi, le commandement de Dieu donné à l'enfant, étant d'obéir, les parents sont responsables de veiller à l'accomplissement de ce devoir, car, s'il est négligé, quelque autre membre de la famille en souffrira.

Que peut-il y avoir de plus nuisible à la paix d'un intérieur de famille, que la présence d'un enfant méchant et obstiné, et ne le sera-t-il pas, le plus souvent, par suite d'une mauvaise éducation ? Les enfants diffèrent, il est vrai, de caractère et de dispositions ; les uns ont une volonté particulièrement forte, un caractère raide et obstiné, qui rendra beaucoup plus difficile la tâche de les diriger ; mais cela ne change rien à la responsabilité que le père a d'exiger l'obéissance. Il peut compter sur Dieu pour la grâce et les facultés nécessaires. Une mère, laissée veuve, par exemple, comptant sur le Seigneur, sera rendue capable de diriger aussi bien ses enfants et sa maison, que le chef de famille l'aurait fait.

Il arrive aussi que, par une tendresse peu judicieuse, les parents sont tentés de céder à la volonté de l'enfant ; c'est, hélas ! semer à la chair, pour produire la corruption. Ce n'est pas du tout la vraie affection, que celle qui cède à la volonté de l'enfant. Témoignée de cette manière, il est impossible qu'elle contribue à son vrai bonheur ou même à des jouissances légitimes. Un enfant gâté, obstiné, est lui-même malheureux ; il sera une pénible charge pour ceux qui ont affaire à lui ; on devrait lui apprendre à penser aux autres, à chercher à contribuer de son mieux au bonheur et à l'agrément de chacun. - Qu'il est fréquent et peu convenable, par exemple, de voir un enfant rentrer bruyamment à la maison, monter l'escalier en sifflant, chantant, criant, sans aucun égard pour les autres membres de la famille, qu'il peut ainsi déranger ou inquiéter. Aucun enfant bien élevé n'aurait l'idée d'agir de cette manière ; en sorte que, là où une conduite pareille est tolérée, il doit y avoir de graves défectuosités dans l'administration de la maison.

Il est essentiel à la paix, à l'harmonie et au bien-être de la famille, que tous les membres aient des égards les uns pour les autres. Nous sommes responsables de chercher le bien et le bonheur de ceux qui nous entourent, et non pas seulement le nôtre propre. Si chacun s'appliquait à cela, quels intérieurs différents nous aurions, et quel meilleur témoignage serait rendu par chaque famille ! Chaque ménage chrétien devrait être un reflet du caractère divin ; l'atmosphère devrait en être celle du ciel. Comment cela peut-il se faire ?

Simplement par l'effort de chacun, père, mère, enfant, maître et serviteur, pour marcher sur les traces de Jésus, et pour manifester son esprit. Lui, ne cherchait ni à se plaire à lui-même, ni ses propres intérêts en quoi que ce soit. Il faisait toujours les choses qui plaisaient à son Père ; il vint pour servir et pour donner. Il allait de lieu en lieu, faisant du bien, et guérissant tous ceux qui étaient sous le pouvoir de Satan. Lui, l'ami suprême, exerçait sa grâce, son amour et sa sympathie envers les faibles, les nécessiteux et les affligés. Si seulement les divers membres de chaque famille chrétienne se conformaient à ce parfait modèle, nous réaliserions, au moins en quelque mesure, l'efficacité du christianisme individuel et domestique qui, béni soit Dieu ! peut toujours être maintenu et manifesté, malgré la ruine désespérée de l'église professante. « Toi et ta maison » est un principe de toute beauté, qui se retrouve à travers le volume de Dieu, du commencement à la fin. A toute époque, sous chaque dispensation, aux jours des patriarches, comme aux jours de la loi et au temps du christianisme, nous trouvons, à notre grand encouragement, que la piété individuelle et domestique a sa place comme quelque chose d'agréable au coeur de Dieu et contribuant à la gloire de son saint Nom.

Ceci est, à notre avis, des plus consolants en tout temps, mais particulièrement dans le moment actuel où l'église professante semble s'enfoncer si rapidement dans une grossière mondanité et dans une incrédulité manifeste, et où ceux même qui désirent marcher dans l'obéissance à la parole de Dieu et agir d'après la grande vérité fondamentale de l'unité du corps, rencontrent tant de difficultés pour maintenir un témoignage collectif. En considérant tout ceci, nous pouvons bénir Dieu de tout notre coeur, de ce que la piété individuelle et dans la famille peut, malgré et à travers tout, être maintenue, et de ce que des accents de louanges peuvent monter constamment au trône de Dieu, ainsi que les supplications de chaque chrétien, en faveur d'un monde plongé dans le péché, la douleur et la misère. Puisse-t-il en être ainsi de plus en plus par la puissante intervention du Saint-Esprit, afin qu'en toutes choses notre Dieu soit glorifié par chacun de ses enfants bien-aimés, individuellement et dans sa famille.

 

Considérons maintenant l'avertissement adressé à la congrégation d'Israël contre le terrible péché de l'idolâtrie, péché auquel, hélas ! le pauvre coeur humain est toujours enclin d'une manière ou d'une autre. Il est très possible de se rendre coupable de ce péché, sans fléchir le genou devant une image taillée ; c'est pourquoi il importe que nous pesions les paroles d'avertissement sortant de la bouche du législateur d'Israël ; elles aussi ont assurément été écrites pour notre instruction.

« Alors vous vous approchâtes et vous vous tîntes au bas de la montagne (et la montagne était brûlante de feu jusqu'au coeur des cieux... ténèbres, nuées, et profonde obscurité) ; et l'Eternel vous parla du milieu du feu : vous entendiez la voix de ses paroles, mais vous ne vîtes aucune forme, seulement vous entendiez une voix. Et il vous déclara son alliance, qu'il vous commanda de pratiquer, les dix paroles ; et il les écrivit sur deux tables de pierre. Et l'Eternel me commanda en ce temps-là, de vous enseigner des statuts et des ordonnances, pour que vous les pratiquiez dans le pays dans lequel vous allez passer pour le posséder » (vers. 11-14).

Nous avons ici la base réelle de l'appel contre l'idolâtrie. Les enfants d'Israël ne voyaient rien, Dieu ne se montrait pas lui-même à eux, il ne revêtait aucune forme corporelle dont ils pussent se faire une image. Il leur donnait sa Parole, ses commandements d'une manière si claire, qu'un enfant aurait pu les comprendre ; les Israélites, quelque bornés qu'ils pussent être, ne pouvaient s'y tromper. Il n'était donc pas nécessaire pour eux de s'imaginer à quoi Dieu était semblable, cette tentation eût été le péché même, contre lequel Moïse les avertissait. Ils étaient appelés à écouter la voix de Dieu, non à voir sa forme ; à obéir à ses commandements, et non à se créer de Lui une image. C'est en vain que la superstition cherche à honorer Dieu en faisant et en adorant des images la foi reçoit et garde ses saints commandements « Si quelqu'un m'aime », dit notre Seigneur, « il gardera ma parole ». « Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l'a fait connaître » (Jean 1, 18). « Car c'est le Dieu qui a dit que du sein des ténèbres la lumière resplendît, qui a relui dans nos coeurs pour faire luire la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Christ » (2 Cor. 4, 6).

Jésus est déclaré être le respIendissement de la gloire de Dieu, et l'empreinte de sa substance (Hébreux 1, 3). Il pouvait dire : « Celui qui m'a vu, a vu le Père » (Jean 14, 9). De cette manière, le Fils révèle le Père, et c'est par la Parole, par la puissance du Saint-Esprit, que nous connaissons quelque chose du Fils ; c'est pourquoi la tentative, par quelque effort que ce soit de l'esprit ou de l'imagination, de concevoir une image de Dieu ou de Christ autrement que par les Écritures, n'est que mysticisme ou idolâtrie ; plus que cela même, car c'est se mettre entre les mains de Satan, et nous laisser envelopper par lui d'illusions funestes et trompeuses.

C'est pourquoi, comme Israël, au mont Horeb, devait s'en tenir à la « voix » de Dieu, et qu'il était exhorté à s'abstenir de toute ressemblance, nous, de même, devons nous en tenir à sa Sainte Écriture, et nous mettre en garde contre tout ce qui pourrait nous éloigner, ne fût-ce que de l'épaisseur d'un cheveu, de ce modèle divin et parfait, n'écoutant ni les suggestions de notre propre esprit, ni aucune opinion humaine.

« Et vous prendrez bien garde à vos âmes (car vous n'avez vu aucune forme au jour où l'Éternel vous parla du milieu du feu à Horeb), de peur que vous ne vous corrompiez, et que vous ne vous fassiez quelque image taillée, la forme d'une image quelconque, la figure d'un mâle ou d'une femelle, la figure de quelque bête qui soit sur la terre, la figure de quelque oiseau ailé qui vole dans les cieux, la figure de quelque reptile du sol, la figure de quelque poisson qui soit dans les eaux, au-dessous de la terre ; et de peur que tu ne lèves tes yeux vers les cieux, et que tu ne voies le soleil, et la lune et les étoiles, toute l'armée des cieux, et que tu ne te laisses séduire et ne te prosternes devant eux, et ne les serves : lesquels l'Eternel, ton Dieu, a donnés en partage à tous les peuples, sous tous les cieux. Mais vous, l'Éternel vous a pris, et vous a fait sortir d'Égypte, de la fournaise de fer, afin que vous soyez le peuple de sa possession, comme vous l'êtes aujourd'hui » (v. 15-20).

Ces passages contiennent une vérité d'une grande importance pour nous aussi, montrant au peuple de Dieu que se faire une image quelconque et se prosterner devant elle, c'était, de fait, s'abaisser et se corrompre soi-même. Lorsque les enfants d'Israël firent le veau d'or, l'Éternel dit à Moïse : « Va, descends ; car ton peuple que tu as fait monter du pays d'Égypte, s'est corrompu » (Ex. 32, 7). Il ne pouvait en être autrement. L'adorateur doit être inférieur à l'objet de son adoration ; donc, en se prosternant devant un veau, ils s'abaissaient au-dessous encore du niveau de la bête qui périt.

Quel spectacle ! Toute une congrégation conduite par Aaron, le souverain sacrificateur, se prosternant devant une image taillée. Peut-on se représenter un nombre pareil d'êtres intelligents, un peuple doué de raison, de conscience, disant d'un veau de fonte : « C'est ici ton dieu, ô Israël, qui t'a fait monter du pays d'Égypte ! » C'était, à la lettre, destituer Dieu, le remplacer par une image taillée d'après l'invention de l'homme. Et ceux qui le firent étaient ce peuple, témoin des oeuvres merveilleuses de l'Éternel au pays d'Égypte !

Toutes ces choses s'étaient passées sous leurs yeux, et, néanmoins, ils purent si vite tout oublier et dire d'un veau de fonte : « C'est ici ton dieu, ô Israël, qui t'a fait monter du pays d'Égypte ». Croyaient-ils réellement qu'une image taillée pouvait avoir humilié, fait trembler un fier monarque, et les avoir fait sortir victorieusement d'Égypte ? Un veau d'or avait-il pu partager les eaux et les conduire à travers ses profondeurs ? Eh bien ! Israël le disait, car que n'est-on capable de dire lorsque l'oeil et le coeur se sont détournés de Dieu et de sa Parole !

« Mais », nous demandera-t-on peut-être, « tout ceci s'adresse-t-il à nous aussi ? Les chrétiens peuvent-ils retirer quelque instruction de cette histoire du veau d'or ? Ces exhortations adressées à Israël contre l'idolâtrie, trouvent-elles de l'écho aux oreilles de l'Eglise ? Court-elle quelque danger de se prosterner devant une image taillée ? Serait-il possible que, possédant le privilège de pouvoir marcher à la pleine lumière du christianisme révélé dans le Nouveau Testament, nous puissions jamais adorer un veau d'or ? »

Nous répondrons d'abord à ces objections, en citant les paroles de l'apôtre Paul aux Romains (15, 4) : « Toutes les choses qui ont été écrites auparavant », - y compris Ex. 32, et Deut. 4, - « ont été écrites pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation des Écritures, nous ayons espérance ». Ce court passage démontre nos justes droits à user du privilège de parcourir le vaste champ de l'Ancien Testament pour y recueillir les précieuses leçons qu'il renferme, pour profiter de ses solennels avertissements, et y puiser les encouragements et les consolations dont nos coeurs ont besoin pendant notre course ici-bas. La question de savoir si nous serions capables de commettre le péché grossier d'idolâtrie, trouve une solution frappante dans 1 Cor. 10, 1-13 où l'apôtre cite cette scène même du mont Horeb, comme avertissement à l'Eglise de Dieu ; nous ne saurions donc mieux faire (lue d'engager le lecteur à lire soigneusement le passage en entier.

Nous apprenons ici qu'il n'y a aucun péché, aucune folie, aucune forme de dépravation morale, dans laquelle nous ne serions sujets à nous plonger d'un moment à l'autre, si nous n'étions gardés par la toute puissance de Dieu ; il n'y a de vraie sécurité pour nous qu'à l'abri moral de la présence divine. Nous savons que l'Esprit de Dieu ne nous met pas en garde contre des choses auxquelles nous ne sommes pas enclins. Il ne nous dirait pas : « Ne soyez pas non plus idolâtres », si nous n'étions pas capables de le devenir. Ce n'est, par conséquent, pas de la forme extérieure de la chose dont il est question, mais de la chose elle-même, de sa racine ou de son principe. Nous lisons que « l'avarice est une idolâtrie », c'est-à-dire que l'homme désireux de posséder lui-même plus que ce que Dieu lui a donné, est coupable en réalité du péché d'Israël, lorsqu'il fit le veau d'or et l'adora. L'apôtre pouvait, avec raison, dire aux Corinthiens - nous dire : « C'est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l'idolâtrie » (1 Cor. 10, 14). Pourquoi être exhortés à fuir une chose à laquelle nous ne serions pas sujets ? Que signifient les paroles qui terminent la première épître de Jean : « Enfants, gardez-vous des idoles ? » Ne nous disent-elles pas que nous sommes en danger d'adorer des idoles ? Assurément. Nos coeurs perfides sont capables de se détourner du Dieu vivant, et de s'attacher à quelque autre objet en dehors de Lui ; et qu'est cela sinon de l'idolâtrie ? Tout ce qui gouverne le coeur, est l'idole du coeur : argent, plaisir, pouvoir, ou autre chose ; nous pouvons donc facilement saisir la nécessité des nombreuses exhortations que l'Esprit Saint nous adresse contre le péché d'idolâtrie.

 

Nous avons encore, au 4-11 chapitre des Galates, des paroles très remarquables, des accents propres à faire impression sur l'église professante. Les Galates, ainsi que tous les autres gentils, avaient adoré des idoles ; mais, après avoir reçu l'Evangile, ils s'étaient tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai. Cependant, des docteurs judaïsants étaient survenus, leur enseignant qu'à moins d'être circoncis et de garder la loi, ils ne pouvaient être sauvés.

C'est ceci justement que l'apôtre déclare sans hésitation être un retour à la grossière dégradation morale de leurs jours précédents, après avoir fait profession de recevoir l'évangile de Christ ; de là cette insistance de l'apôtre : « Mais alors, ne connaissant pas Dieu, vous étiez asservis à ceux qui, par leur nature, ne sont pas dieux : mais maintenant, ayant connu Dieu, mais plutôt ayant été connus de Dieu, comment retournez-vous de nouveau aux faibles et misérables éléments auxquels vous voulez encore derechef être asservis ? Vous observez des jours, et des mois, et des temps, et des années. Je crains quant à vous que peut-être je n'aie travaillé en vain pour vous » (Gal. 4, 8-11).

Les Galates ne retournaient pas extérieurement au culte des idoles ; il est même probable qu'ils auraient rejeté avec indignation une telle idée ; malgré cela, l'apôtre leur demande : « Comment retournez-vous ? » Qu'est-ce que cette question signifie, s'ils n'étaient pas retournés à l'idolâtrie ? et qu'avons-nous à apprendre du passage entier ? Simplement ceci, que la circoncision, le retour à la loi, l'observation des jours, des mois et des années, - que tout ceci, en apparence si différent de leur ancienne idolâtrie, n'était ni plus ni moins qu'y retourner. Observer les jours et rendre culte aux faux dieux, était autant que se détourner du Dieu vivant et vrai, de son Fils Jésus Christ, du Saint-Esprit, - de ce groupe brillant de dignités et de gloires appartenant au christianisme.

C'est un fait des plus solennels pour les chrétiens professants, et nous nous demandons si le sens et l'importance de Gal. 4, 8-10, est réellement saisi par la grande majorité de ceux qui professent croire à la Bible. Que chacun examine sa position, ses habitudes, ses voies et ses relations, pour voir si, de fait, il ne suit pas l'exemple des assemblées de Galatie, dans l'observance des jours fériés, ou en d'autres choses semblables, qui ne sont propres qu'à détourner les âmes de Christ et de son glorieux salut. Un jour vient où les yeux de milliers d'âmes s'ouvriront à la réalité de ces choses ; ils verront alors ce qu'ils refusent de voir, c'est que les erreurs les plus grossières et les plus sombres du paganisme peuvent se reproduire sous le nom dit christianisme, et en rapport avec les plus belles vérités qui aient jamais brillé aux yeux de l'intelligence humaine.

 

Prêtons maintenant notre attention au fait présenté au verset 21 de notre chapitre, savoir que Moïse, pour la troisième fois, rappelle à la congrégation les dispensations judiciaires de Dieu envers lui-même. Il en avait parlé, comme nous l'avons vu, au chap. 1, 37 ; et encore au chap. 3, 26 ; ici, de nouveau, il leur dit : « Et l'Éternel s'irrita contre moi, à cause de vous, et il jura que je ne passerais pas le Jourdain et que je n'entrerais pas dans le bon pays que l'Eternel, ton Dieu, te donne en héritage ; car, pour moi, je mourrai dans ce pays, je ne passerai pas le Jourdain ; mais vous allez le passer, et vous posséderez ce bon pays ».

Pourquoi répéter trois fois cette allusion au même fait ? - Et pourquoi, chaque fois, la mention spéciale de cette circonstance que l'Eternel a été irrité contre lui, à cause d'eux ? Une chose est certaine : il n'était nullement dans l'intention de Moïse de jeter du blâme sur le peuple, ou de se disculper ; un incrédule seul pourrait le supposer. Ce à quoi il visait, était de donner le plus possible de force morale et de solennité à son exhortation.

Si l'Éternel était irrité contre un homme tel que Moïse ; si, à cause de sa parole imprudente aux eaux de Mériba, il ne lui fut pas permis d'entrer au pays de la promesse, - quoiqu'il le désirât si vivement, - combien plus, eux, devaient-ils prendre garde ? C'est une chose sérieuse d'avoir affaire avec Dieu, une chose bénie, sans doute, mais des plus sérieuses, comme le législateur lui-même fut appelé à le prouver en sa personne. Les paroles suivantes viennent à l'appui de cette vérité : « Prenez garde à vous, de peur que vous n'oubliiez l'alliance de l'Éternel, votre Dieu, qu'il a traitée avec vous, et que vous ne vous fassiez une image taillée, la forme d'une chose quelconque, ce que l'Eternel, ton Dieu, t'a commandé de ne pas faire. Car l'Éternel, ton Dieu, est un feu consumant, nu Dieu jaloux » (vers. 23-24). Il nous faut laisser à cette vérité tout son poids moral sur nos âmes. On entend dire parfois : « Dieu est un feu consumant pour le monde ». Il le sera, dans la suite, sans doute, mais, maintenant, il agit en grâce, en patience et en longanimité envers le monde. N'oublions pas que l'apôtre Pierre nous dit : « Car le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu ; mais, s'il commence premièrement par nous, quelle sera la fin de ceux qui n'obéissent pas à l'évangile de Dieu ? » (1 Pierre 4, 17). Nous lisons aussi dans Héb. 12 : « Car aussi, notre Dieu est un feu consumant ». Il ne parle pas de ce que Dieu sera pour le monde, mais de ce qu'il est pour nous.

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