Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE IV

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« Et maintenant, Israël, écoute les statuts et les ordonnances que je vous enseigne, pour les pratiquer : afin que vous viviez, et que vous entriez dans le pays que l'Éternel, le Dieu de vos pères, vous donne, et que vous le possédiez» (Chap. 4, 1).

Ici nous est présenté d'une manière très frappante le caractère particulier de tout le livre du Deutéronome. « Écoute », et « pratique », afin que vous « viviez » et que vous « possédiez ». - Ceci est un principe général et qui demeure. C'était vrai pour Israël, et cela est vrai pour nous. Le sentier de la vie et le secret pour posséder sont la simple obéissance aux saints commandements de Dieu. C'est ce que nous voyons à chaque page du volume inspiré. Dieu ne nous a pas donné sa Parole pour l'examiner ou la discuter, mais afin que nous y obéissions. Il faut que, par l'effet de la grâce, nos coeurs soient soumis avec joie aux statuts de notre Père céleste, pour que nous puissions marcher dans le sentier de la vie, et jouir réellement de toutes les richesses que nous possédons en Christ. « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui-là qui m'aime ; et celui qui m'aime, sera aimé de mon Père ; et moi je l'aimerai, et je me manifesterai à lui » (Jean 14, 21).

Quel privilège ! Chaque croyant n'en jouit pas, mais ceux-là seuls qui, soumis de coeur à notre Seigneur Jésus Christ, gardent ses commandements. Être enfant ou enfant obéissant sont deux choses ; comme aussi être racheté, ou aimer le Sauveur et prendre plaisir à garder ses paroles. Ainsi, dans une de nos familles, voici deux fils, dont l'un ne pense qu'à faire sa volonté et à satisfaire ses goûts ; il ne trouve pas de plaisir dans la société de son père ; connaissant à peine sa volonté et ses désirs, il ne cherche point à s'y conformer, tout en sachant bien profiter des avantages de sa relation de fils. Il accepte volontiers de son père vêtements, nourriture, etc., mais ne cherche jamais à réjouir son coeur par quelque aimable attention. L'autre fils, au contraire, aime la société de son père ; il en jouit, saisissant chaque occasion de prévenir ses désirs. Aimant son père, non à cause de ses dons, mais pour lui-même, sa plus grande jouissance est d'être auprès de lui et de faire sa volonté. Il n'est pas difficile de concevoir quelle sera la différence des sentiments du père à l'égard de ces deux fils, quoique tous deux soient ses enfants, aimés du même amour. Tous deux y ont également droit, au point de vue de la relation ; cependant le père éprouvera, sans doute, un sentiment particulier pour le fils obéissant, tandis que le fils égoïste, ne possédant pas sa confiance, sera pour lui un sujet d'angoisse, d'inquiétude et de prières.

 

Soyons assurés de ceci, que l'obéissance est agréable à Dieu, et « ses commandements ne sont pas pénibles », puisqu'ils sont la précieuse expression de son amour, le résultat de la relation dans laquelle nous sommes avec Lui. En outre, Dieu, dans sa grâce infinie, rémunère notre obéissance, en se manifestant plus pleinement à nos âmes, et en demeurant avec nous. C'est ce qui ressort d'une manière si frappante de la réponse de notre Seigneur à la question de Jude : « Seigneur, comment se fait-il que tu vas te manifester à nous et non pas au monde ? Jésus répondit, et lui dit : Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera ; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui » (Jean 14, 22, 23). Il ne s'agit pas ici de la différence entre « le monde » et « nous », le monde ne connaissant ni relation, ni obéissance envers Dieu. Le monde hait Christ, parce qu'il ne le connaît pas. Son langage est : Retire-toi de nous ; nous ne prenons pas plaisir à la connaissance de tes voies» (Job 21, 14). « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous ». (Luc 19, 14). Avec sa civilisation et sa profession de christianisme, tel est le monde. Sous ces brillantes apparences, sous ce vernis, on ne trouve qu'une haine profonde pour la personne et l'autorité de Christ. Son nom sacré est attaché à la religion du monde, - c'est-à-dire à la chrétienté, - et ce manteau de profession religieuse recouvre des coeurs pleins d'inimitié contre Dieu et contre son Christ.

Notre Seigneur ne parle donc pas du monde dans le chap. 14 de l'évangile de Jean. Il est entouré des « siens », et c'est d'eux dont il parle. S'il se manifestait lui-même au monde, ce ne pourrait être qu'en jugement et pour une destruction éternelle. Mais, béni soit son Nom, il se manifeste lui-même à ses rachetés obéissants ; à ceux qui ont ses commandements et qui les observent ; à ceux qui l'aiment et qui gardent ses paroles.

Il est important pour le lecteur de bien comprendre que lorsque notre Seigneur parle de ses commandements, de ses paroles et de ses préceptes, il n'entend pas les dix commandements ou la loi de Moïse. Sans doute, ces dix commandements font partie du canon des Ecritures, de la parole inspirée de Dieu ; mais, confondre la loi de Moïse avec les commandements de Christ, serait tout renverser et confondre le judaïsme avec la chrétienté, la loi avec la grâce.

 

L'enseignement du Nouveau Testament tout entier, tend à établir indubitablement que le chrétien n'est pas sous la loi ; qu'il n'est pas du monde, ni dans la chair ou dans ses péchés. Le solide fondement de tout ceci est la rédemption accomplie que nous possédons dans le Christ Jésus, en vertu de laquelle nous sommes scellés du Saint-Esprit et, ainsi, inséparablement unis et identifiés à un Christ ressuscité et glorifié ; en sorte que l'apôtre Jean peut dire, en parlant de tous les croyants, de tous les chers enfants de Dieu : « Comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde » (1 Jean 4, 17). Ceci résout toute la question pour ceux qui ne veulent être guidés que par les Saintes Écritures.

 

Le lecteur ne saurait se tenir assez en garde contre la tendance à confondre les commandements, dont il est parlé dans le 14 ème chapitre de Jean, avec les commandements de Moïse, prescrits en Exode 20. Et cependant, l'un de ces chapitres est aussi réellement inspiré que t'autre.

La différence entre le système légal et le christianisme est la même qu'entre la mort et la vie ; l'esclavage et la liberté ; la condamnation et la justice ; l'éloignement et la proximité ; le doute et la certitude. Quelle chose monstrueuse, que la tentative d'unir ces deux principes, d'en faire un seul système, comme si c'étaient deux branches issues du même tronc ; il n'en peut résulter qu'une confusion désespérante. En cherchant à placer ainsi les âmes à la fois sous l'influence de la loi et de la grâce, on ne peut obtenir que le plus triste résultat. Autant vaudrait l'essai de joindre les rayons du soleil de midi à la profonde obscurité de minuit.

Plusieurs âmes pieuses de l'église professante, croient sincèrement que le seul moyen possible de parvenir à l'obéissance, à la sainteté pratique, d'affermir sa marche, et de tenir la vieille nature en bride, est de se placer sous la loi. A leur point de vue, cesser d'avoir les dix commandements comme règle de conduite, c'est enlever ces grandes écluses morales placées par la main de Dieu pour arrêter le cours des dérèglements de l'humanité.

Mais que dit l'Ecriture ? Nous fait-elle retourner à Moïse pour apprendre de lui comment nous devons vivre ? Nous renvoie-t-elle à « la montagne qui peut être touchée» (Héb. 12, 18), pour produire une vie sainte ? Nous place-t-elle sous la loi, pour tenir la chair en bride ? Lisez les paroles suivantes de l'épître aux Romains, chap. 6, 14 : « Car le péché ne dominera pas sur vous, parce que vous n'êtes pas sous la loi, mais sous la grâce ».

Le Saint-Esprit déclare de la manière la plus simple et la plus emphatique, que les chrétiens ne sont pas sous la loi. Si nous étions sous la loi, le péché dominerait sur nous. En effet, nous trouvons dans l'Ecriture, que les mots « péché », « loi » et « chair », sont invariablement liés. Il est impossible qu'une âme sous la loi, jouisse d'une entière délivrance de la domination du péché ; c'est ce qui nous fait voir d'un coup d'oeil, la tromperie de tout système légal, et sa complète incapacité pour amener les âmes à une marche de sainteté. Placer les âmes sous la loi est le sûr moyen de les assujettir au péché, et de les tenir sous sa puissance absolue. Il est donc complètement impossible de produire la sainteté par la loi.

 

Prenons encore, à l'appui de cette vérité, le verset 4 du chap. 7 de l'épître aux Romains : « C'est pourquoi, mes frères, vous aussi », - ainsi que tous les vrais croyants, tout le peuple de Dieu, - « vous avez été mis à, mort à la loi par le corps du Christ, pour être à un autre, à celui qui est ressuscité d'entre les morts, afin que nous portions du fruit pour Dieu ».

Remarquons que l'apôtre ne dit pas ici que la loi est morte. En effet, la loi n'est pas morte, mais nous sommes morts à la loi. Par la mort de Christ, nous sommes sortis de la sphère à laquelle la loi s'appliquait. Christ a pris notre place ; il fut placé sous la loi ; et, sur la croix, il fut fait péché pour nous. Mais il est mort pour nous, et nous sommes morts en Lui ; il nous a sortis de la position dans laquelle nous étions assujettis au péché, et sous la loi, pour nous introduire dans une position entièrement nouvelle, dans une alliance et une union vivante avec lui-même ressuscité ; en sorte que nous pouvons dire : « Comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde » (1 Jean 4, 17). Christ dans la gloire est-il sous la loi ? Assurément non. Eh bien ! nous non plus. Le péché a-t-il quelque droit sur Lui ? Aucun droit quelconque ; ainsi donc, sur nous pas davantage. Comme Christ se tient en présence de Dieu, nous y sommes aussi quant à notre position ; c'est pourquoi nous replacer sous la loi, serait le bouleversement complet de notre position chrétienne ; une contradiction flagrante de la doctrine, si précise et si positive, que l'Écriture Sainte nous donne sur ce sujet.

 

Nous demanderons encore en toute simplicité, comment, en renversant le fondement même du christianisme, on pourrait progresser dans la sainteté pratique ? comment le péché qui habite en nous, pourrait être subjugué en adoptant le système même qui a donné au péché tout pouvoir sur nous ? comment la vraie obéissance chrétienne pourrait jamais être produite en se détournant de l'Écriture Sainte ? Ce serait impossible ; un but divin ne peut être atteint que par des moyens divins. Eh bien ! le moyen de Dieu pour nous soustraire à la domination du péché, a été de nous délivrer de la loi ; ainsi donc ceux qui enseignent que les chrétiens sont sous la loi, sont simplement en contradiction avec Dieu.

Placer les croyants dans une telle position est autant que saper à leur base les fondements du christianisme, abandonner la grâce, - renoncer à Christ, revenir à la chair, dans laquelle nous ne pouvons plaire à Dieu, enfin nous placer sous la malédiction. En un mot, je le répète, le légalisme des hommes est diamétralement opposé à l'enseignement du Nouveau Testament.

Il se peut que, malgré toutes les preuves si largement fournies par l'Écriture, tel chrétien en soit encore à demander : « Cette puissance de la loi ,étant ôtée, n'y a-t-il pas danger de relâchement et de légèreté profanes ? » A ceci nous répliquerons que Dieu est plus sage que nous. Il sait mieux comment remédier au relâchement et à la légèreté, et comment produire la vraie obéissance. Il a essayé de la loi, qu'en est-il résulté ? Elle produisit la colère ; elle fit abonder l'offense et développa les mouvements du péché ; elle fit régner la mort. Elle était la puissance du péché, privant le pécheur de tout pouvoir ; elle le tua et fut sa condamnation, maudissant tous ceux qui avaient affaire avec elle. « Car tous ceux qui sont sous le principe des oeuvres de loi sont sous malédiction ». Il en fut ainsi, non à cause de quelque défectuosité de la loi, mais à cause de la complète incapacité de l'homme à l'observer.

Il est donc nécessaire de placer sur sa vraie base pour le chrétien la doctrine présentée au premier verset de ce chapitre : si Israël était appelé « à écouter » et « à pratiquer », combien plus nous, qui sommes si richement « bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Eph. 1, 3). Nous sommes appelés à l'obéissance de Jésus Christ (1 Pierre 1, 2), à la même obéissance que celle qui a caractérisé la vie de notre bien-aimé Seigneur Jésus Christ. En Lui, cela va sans dire, il n'y avait point d'influence contraire, comme, hélas ! c'est le cas pour nous ; mais quant au caractère de l'obéissance, il est le même. Nous devons marcher sur les traces de Jésus : « Celui qui dit demeurer en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché » (1 Jean 2, 6). En considérant cette marche, nous trouvons un fait qui se lie d'une manière remarquable au livre du Deutéronome : c'est la place que Jésus a donnée constamment à la parole de Dieu. Ce fait tient une place capitale dans tout le livre que nous étudions et le distingue des trois livres précédents. La parole de Dieu y est partout signalée comme seule règle, seul modèle et seule autorité pour l'homme ; elle s'y applique à ses besoins, en toute position, en toute sphère d'activité, et à chaque phase de son histoire morale et spirituelle. Cette parole lui dit ce qu'il devrait faire, et ce qu'il ne doit pas faire ; elle lui donne des directions pour chaque difficulté, s'occupant même des moindres détails. Le Créateur et le conservateur du vaste univers condescend à donner une loi, même en faveur d'un nid d'oiseaux (Chap. 22, 6).

 

Ce qui donne au Deutéronome un charme particulier, c'est la manière dont la parole de Dieu y est exaltée, et dont le saint devoir de l'obéissance y est présenté. Quelle importance n'a pas cette exhortation à une obéissance implicite, de nos jours surtout, que l'apôtre appelle « les jours de l'homme », jours si tristement marqués par la tendance des chrétiens professants à faire prévaloir la raison, le jugement et la volonté de l'homme. N'entend-on pas de toute part prononcer des paroles hautaines sur la raison humaine, sur le droit qu'a tout homme de juger, de raisonner et de penser librement ? Quiconque confesse une humble croyance dans la divine inspiration, dans la pleine suffisance et l'autorité absolue de l'Ecriture, et se laisse entièrement guider par elle, est méprisé, traité d'ignorant, d'esprit borné, sinon de fou, par des milliers d'hommes qui prétendent être des guides et des docteurs de l'église professante. Dans nos universités et nos écoles, la gloire morale du Volume divin tend à s'effacer de plus en plus. Au lieu de s'en servir pour guider notre jeunesse, on lui enseigne à marcher d'après la lumière de la science et de la raison humaine. La parole de Dieu citée à la barre du jugement de l'homme est abaissée au niveau de l'intelligence humaine.

De cette manière, la parole de Dieu est mise de côté ; car si elle doit être soumise au jugement humain, elle cesse d'être la parole de Dieu. Soumettre une révélation divine, et par conséquent parfaite, à un tribunal quelconque, est une folie. Ou Dieu ne nous a pas donné de révélation, ou bien s'il nous en a donné une, elle est supérieure, parfaite, suprême, au-dessus et au delà de toute question ; absolument incontestable, infaillible et divine. Tout homme doit s'incliner et avoir la bouche fermée devant cette autorité. Supposer, pour un instant, que l'homme soit compétent pour juger la parole de Dieu, ou capable de prononcer sur ce qui est ou n'est pas digne de Dieu, c'est simplement mettre l'homme à la place de Dieu ; or, c'est précisément ce à quoi Satan vise, quoique plusieurs des instruments dont il se sert, ne se doutent pas qu'ils travaillent à l'accomplissement de ses desseins.

 

A la question qui nous est continuellement présentée : « Comment pouvons-nous être assurés que notre Bible contient la vraie révélation de Dieu ? » - nous répondrons que Dieu seul peut nous en donner la certitude. Si Lui ne le peut pas, nul ne le peut ; et s'il le fait, personne n'a à le faire.

Tel est notre terrain ; il est inattaquable. Sans cette certitude que donne la foi, de quel côté nous tournerions-nous ? Le moindre doute est une torture ; si je n'ai pas la certitude de posséder une révélation de la part de Dieu, me voilà plongé dans les ténèbres morales sans le moindre rayon de lumière pour éclairer mon sentier. Qu'ai-je à faire ? L'homme peut-il m'aider de sa sagesse, de sa science ou de sa raison ? Peut-il, par ses arguments, satisfaire mon âme, résoudre mes difficultés, dissiper mes doutes ? L'homme est-il plus capable que Dieu lui-même de me donner la certitude que Dieu a parlé ? L'idée seule est monstrueuse.

 

Si Dieu ne peut nous donner la certitude qu'il a parlé, nous sommes sans parole de Lui. S'il nous faut avoir recours à l'autorité humaine, quel que soit le nom qu'elle porte, comme garantie de la parole de Dieu pour nos âmes, nous accordons plus de confiance à cette autorité qu'à la parole qu'elle cautionne. Béni soit Dieu de ce qu'il n'en est pas ainsi ; il a parlé à nos coeurs, il nous a donné sa Parole, et cette Parole porte en elle-même ses propres lettres de crédit - elle n'a pas besoin de lettre de recommandation, écrite par une main d'homme. Quoi ? avoir recours à l'homme pour accréditer la parole du Dieu vivant ! En appeler à un ver de terre pour nous donner la certitude que notre Dieu nous a parlé ! Loin de nous cette pensée blasphématoire, et que toute la puissance de notre âme rachetée s'élève en louanges à Dieu, pour cette grâce qui ne nous a pas laissé errer dans les ténèbres de nos pensées, ni nous égarer par les opinions diverses des hommes, mais qui nous a donné sa divine lumière pour guider nos pas, éclairer notre intelligence, consoler nos coeurs, et nous garder de toute erreur de doctrine, de toute corruption morale ; pour nous introduire enfin dans le repos de son royaume céleste !

Pénétrons aussi nos âmes de ce fait que le privilège dont nous venons de parler comporte une solennelle responsabilité. S'il est vrai que Dieu nous a donné une parfaite révélation de ses pensées, quelle doit être notre attitude vis-à-vis de Lui ? Avons-nous à juger ses pensées ? La seule attitude, vraie, convenable à l'homme en présence de cette révélation de Dieu, est une entière et joyeuse obéissance ; c'est aussi la seule chose agréable à Dieu.

Si la parole de Dieu est gravée profondément dans nos coeurs, il y aura des progrès marqués dans notre carrière chrétienne, qui présentera de cette manière aux contradicteurs le témoignage le plus efficace à la vérité de Dieu.

 

Le chapitre placé devant nous abonde en exhortations, fondées sur le fait qu'Israël avait entendu la parole de Dieu ; il y en a une surtout, qui devrait être profondément gravée dans le coeur de chaque chrétien : « Vous n'ajouterez rien à la parole que je vous commande, et vous n'en retrancherez rien » (v. 2).

Ce verset renferme deux vérités importantes, savoir qu'il ne faut rien ajouter à cette Parole, par la simple raison qu'il n'y manque rien ; et rien y retrancher parce qu'elle ne contient rien de superflu. Tout ce dont nous avons besoin s'y trouve, et l'on ne saurait se passer de rien de ce qu'elle contient. Supposer que quoi que ce soit puisse y être ajouté, c'est nier qu'elle soit vraiment la parole de Dieu. D'un autre côté, si nous admettons la divine inspiration de cette Parole, tout nous est nécessaire, rien n'y est de trop.

« Entendez-vous donc que chaque ligne, du commencement de la Genèse à la fin de l'Apocalypse, est divinement inspirée ?» C'est, en effet, le terrain sur lequel nous nous plaçons avec l'apôtre Paul : « Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne oeuvre» (2 Tim. 3, 16-17).

Si la parole de Dieu n'était pas parfaite, si cette révélation qu'il nous a donnée n'était pas complète, où serait le fondement divin de notre foi ? Nous serions comme un vaisseau sans boussole et sans gouvernail, abandonné et jeté çà et là sur l'océan agité de l'incrédulité.

On pourrait encore nous demander : « Croyez-vous vraiment que la longue suite de généalogies, contenue dans les premiers chapitres du premier livre des Chroniques, soit divinement inspirée ? Ont-elles été écrites pour notre instruction ? Que peuvent-elles nous apprendre ? » Nous ne doutons pas que la valeur, l'intérêt et l'importance de cette généalogie seront pleinement prouvées par la suite dans l'histoire du peuple auquel elle se rapporte spécialement. Quant au profit à en retirer, pour nous, nous croyons qu'elle contient une leçon des plus précieuses concernant les soins fidèles de l'Éternel envers son peuple d'Israël, et l'intérêt plein d'amour qu'il porte à tout ce qui le concerne. Bien qu'à vue humaine, ce peuple soit déchu et dispersé, Dieu continue à veiller sur lui de génération en génération. Il connaît tout ce qui concerne les douze tribus ; il les manifestera au temps convenable, et les établira dans l'héritage qui leur est destiné au pays de Canaan, selon sa promesse à Abraham, Isaac et Jacob. N'est-ce pas une précieuse. instruction et une consolation pour nos âmes, de voir la vigilance et les soins de notre Père envers son peuple terrestre ?

Malgré cette précieuse instruction, nous n'entendons pas que ces chapitres des Chroniques offrent autant d'intérêt que, par exemple, le 17 ème chapitre de Jean ou le 8 ème aux Romains, mais nous pensons que chaque portion de la Parole étant divinement inspirée, a son utilité et qu'un chapitre ne peut remplir le but d'un autre.

Il est important par-dessus tout de se rappeler que nous ne sommes pas aptes à juger de ce qui est ou n'est pas digne d'avoir place dans le canon inspiré. Nous sommes ignorants et bornés, et la portion même qui pourrait nous sembler au-dessous de la dignité de l'inspiration, peut avoir une portée très importante dans l'histoire des voies de Dieu envers le monde en général, ou envers son peuple en particulier.

Ce que nous venons de dire se résume en ceci c'est que nous croyons en la divine inspiration de chaque ligne de l'Écriture, du commencement à la fin. Cette foi n'est basée sur aucune autorité humaine quelconque, car ce serait placer cette autorité au-dessus de la Bible, en tant que ce qui garantit a plus de valeur que la chose garantie. Nous ne devrions pas davantage recourir à l'autorité humaine pour confirmer la parole de Dieu, qu'à la faible flamme d'un lumignon pour prouver que le soleil brille.

 

L'inspiration plénière des Saintes Écritures doit être, pour ce qui concerne nos âmes, une vérité cardinale à laquelle nous tenions plus qu'à la vie même. De cette manière, nous aurons de quoi répondre à la froide audace du scepticisme moderne, du rationalisme et de l'incrédulité. Nous ne prétendons pas dire que nous convaincrons les incrédules ; Dieu agira à leur égard selon ses propres voies, et les convaincra en son propre temps. Discuter avec de tels hommes, c'est un temps et un travail perdus ; la réponse la plus digne et la plus effective à l'incrédule, se trouvera dans le calme d'un coeur qui se repose sur la certitude que : « Toute Écriture est inspirée de Dieu ». Il est encore écrit : « Toutes les choses qui ont été écrites auparavant , ont été écrites pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation des Écritures, nous ayons espérance » (Rom. 15, 4). Le premier de ces textes prouve que l'Écriture procède de Dieu ; le dernier, qu'elle est venue à nous. Les deux ensemble mettent en évidence que nous ne devons ni ajouter à la parole de Dieu, ni en retrancher ; rien n'y manque, et rien n'y est superflu.

 

Nous allons maintenant citer au lecteur quelques-uns des passages de ce 4 ème chapitre du Deutéronome, qui font ressortir d'une manière si remarquable la valeur, l'importance et l'autorité de la parole de Dieu. Nous y verrons, comme dans ce Livre tout entier, - qu'il n'est pas tant question d'ordonnances particulières , de rites ou de cérémonies, que du poids et de la dignité de la parole de Dieu elle-même, quoi que ce soit que cette Parole place devant nous.

« Regarde, je vous ai enseigné les statuts et les ordonnances, comme l'Éternel, mon Dieu, me l'a commandé, afin que vous fassiez ainsi au milieu du pays où vous allez entrer pour le posséder ». Leur conduite devait se régler en toutes choses d'après les commandements divins. Principe d'une immense portée pour eux, pour nous, et pour tous. « Et vous les garderez et les pratiquerez ; car ce sera là votre sagesse et votre intelligence aux yeux des peuples qui entendront tous ces statuts et diront : Quel peuple sage et intelligent que cette grande nation ! » (vers. 5-6).

Leur sagesse et leur intelligence devaient consister à garder et à pratiquer les statuts et les ordonnances divines. Ce n'était point par des discussions savantes ou des arguments, qu'elles devaient se montrer, mais par une obéissance enfantine et implicite. Toute la sagesse était renfermée dans ces statuts à leur sujet, non pas dans leurs pensées et leurs raisonnements. La sagesse merveilleuse de Dieu ressortait de sa Parole, et était ce que les nations devaient voir et admirer dans la conduite de son peuple.

Mais, hélas ! combien les actions d'Israël apprirent peu aux nations de la terre à connaître Dieu et sa Parole ! Combien son beau Nom fut souvent blasphémé par leurs voies, lorsque, au lieu de demeurer sur le terrain de l'obéissance aux commandements divins, ce peuple si privilégié, s'abaissant au niveau des nations qui l'entouraient, adopta leurs habitudes, et adora leurs dieux. Comment, en ne voyant que dégradation morale dans leurs voies, les nations auraient-elles pu reconnaître la sagesse et la gloire morale des statuts divins, dont Israël se vantait être le dépositaire, et qui le condamnaient ? (Rom. 2, 3).

Cependant, quoi qu'il en soit des manquements de son peuple, la parole de l'Éternel subsistera à, jamais, et si la puissance de cette Parole n'a pas été démontrée par la conduite d'Israël, elle a brillé par le jugement de son infidélité et continuera à être, d'âge en âge, la bénédiction de chaque âme individuellement, qui désire marcher dans le chemin de l'obéissance.

 

Tout en montrant les vrais effets de l'obéissance, Moïse avertit le peuple du danger de se détourner des saints commandements de Dieu : « Quelle est, dit-il, la grande nation, qui ait Dieu près d'elle, comme l'Éternel, notre Dieu, est près de nous dans tout ce pour quoi nous l'invoquons ? Et quelle est la grande nation qui ait des statuts et des ordonnances justes, comme toute cette loi que je mets aujourd'hui devant vous ? » (vers. 7-8). C'est la vraie grandeur morale, s'appliquant à tous les âges et en tous lieux à une nation, à un peuple, à la famille, à l'individu. Avoir le Dieu vivant près de soi, avec le précieux privilège de pouvoir l'invoquer en toutes choses, sachant que sa puissance et sa grâce s'exercent sans cesse en notre faveur ; avoir la lumière de sa face brillant avec son approbation sur nous et sur nos voies ; constater journellement l'effet moral de ses saints commandements, dans notre carrière pratique ; avoir la manifestation de Lui-même, et sa demeure en nous par l'Esprit ; quel langage humain est capable de démontrer, même en quelque mesure, la bénédiction de tels privilèges ? Et cependant, ils sont placés à la portée de tout enfant de Dieu sur la terre.

Nous n'entendons pas que chaque enfant de Dieu en puisse jouir ; loin de là. Comme nous l'avons déjà vu, ils sont réservés pour ceux qui, par grâce, sont rendus capables d'obéir à la parole divine. Il était vrai pour Israël, il est vrai pour l'Église et pour tout croyant, que la faveur divine est la récompense inestimable de l'obéissance.

Nous savons cependant que le pauvre coeur humain est sujet à errer et à subir les influences diverses qui travaillent autour de nous pour nous éloigner du sentier étroit de l'obéissance. Nous n'avons donc pas à nous étonner des exhortations si solennelles et si souvent répétées que Moïse adresse au coeur et à la conscience de ses auditeurs. Devant cette congrégation qui lui était si chère, il épanche son coeur en accents pleins d'ardeur, et bien propres à réveiller leurs âmes. « Seulement, dit-il, prends garde à toi et garde soigneusement ton âme, de peur que tu n'oublies les choses que tes yeux ont vues, et afin que tous les jours de ta vie, elles ne s'éloignent pas de ton coeur, mais que tu les fasses connaître à tes fils et aux fils de tes fils» (vers. 9).

 

Ces paroles placent devant nous deux choses d'une très grande importance, la responsabilité individuelle et le témoignage personnel, avec celui de la famille. Le peuple de Dieu était responsable de garder diligemment son coeur, de peur qu'il ne laissât échapper la précieuse parole de Dieu ; et, de plus, ils étaient responsables d'instruire leurs enfants et leurs petits-enfants. Et nous, avec toute la lumière et les privilèges que nous possédons, serions-nous moins responsables qu'Israël ? Nous sommes impérieusement appelés à étudier avec soin la parole de Dieu, à y appliquer nos coeurs. Il ne suffit pas de lire à la hâte chaque jour quelques versets ou un chapitre entier, comme par une espèce de routine religieuse, mais nous devons faire de la Bible une étude sérieuse et approfondie, pour y trouver notre plaisir et notre édification.

 

Il est à craindre que quelques-uns d'entre nous ne lisent la Bible que par devoir, trouvant plus de plaisir à un journal ou à un livre quelconque. Faut-il alors s'étonner de notre connaissance superficielle de l'Écriture ? Comment la profondeur de ce Livre divin et sa gloire morale, nous seront-elles révélées si, ne l'ouvrant que par devoir, nous en lisons avec indifférence quelques versets seulement ? On me dira peut-être : « Nous ne pouvons pas toujours lire la Bible ». La même personne dira-t-elle : « On ne peut pas toujours lire le journal ou un roman ? » Quel serait l'état d'âme d'une personne tenant ce langage ? Aime-t-elle réellement la parole de Dieu ? A-t-elle une vraie intelligence du prix de cette Parole, de son excellence, de sa gloire morale ? Impossible.

Que signifient les paroles suivantes, adressées à Israël ? « Mettez ces miennes paroles dans votre coeur et dans votre âme, et liez-les pour signe sur vos mains, et qu'elles soient comme des fronteaux entre vos yeux » (Chap. 11, 18). Le « coeur », « l'âme », « la main », « les yeux », tout est engagé au sujet de la précieuse parole de Dieu ; il s'agissait de réalité, non de formes vides, ni d'arides routines. L'homme devait se donner tout entier dans un saint dévouement aux statuts et aux ordonnances de Dieu.

« Et vous les enseignerez à vos fils, en leur en parlant, quand tu seras assis dans ta maison, et quand tu marcheras par le chemin, et quand tu te coucheras, et quand tu te lèveras. Et tu les écriras sur les poteaux de ta maison, et sur tes portes ». Sommes-nous, comme chrétiens, liés par ces paroles ? La parole de Dieu a-t-elle une telle place dans nos coeurs, nos maisons et nos habitudes ? Quiconque entre chez nous, ou se trouve en contact avec nous dans la vie journalière, peut-il voir la parole de Dieu tenue ainsi en honneur ? Ceux avec lesquels nous avons affaire voient-ils que nous sommes guidés par les préceptes des Saintes Écritures ? Nos serviteurs et nos enfants voient-ils que nous vivons dans l'atmosphère même de l'Ecriture, et que notre caractère et notre conduite sont gouvernés par elle ?

 

C'est ici une pierre de touche pour nos coeurs, bien-aimé lecteur chrétien ; ne laissons pas écouler ces paroles, mais soyons assurés qu'il ne peut y avoir d'indicateur plus exact de notre état moral et spirituel que la manière dont nous traitons la parole de Dieu. Si nous ne l'aimons pas, soupirant après l'heure tranquille que nous pouvons consacrer à lire ses pages sacrées dans le secret du cabinet, en famille et hors de la maison ; en un mot, si nous ne respirons pas habituellement sa sainte atmosphère, - si jamais il nous arrivait d'exprimer un sentiment comme celui sus-mentionné : « On ne peut pas continuellement lire la Bible », alors, en vérité, notre état spirituel serait tout à fait mauvais. La nouvelle nature aime la parole de Dieu, la désire avec ardeur ; comme nous lisons dans 1 Pierre 2, 2 : « Désirez ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel, afin que vous croissiez par lui ». En effet, si nous ne désirons pas ce lait pur, l'état de notre âme sera en déclin. Il se peut qu'il n'y ait encore rien d'extérieurement répréhensible dans notre conduite ; mais nous attristons son coeur par notre négligence de sa Parole, ce qui est autant que négliger sa personne. C'est une vraie folie dé parler de notre amour pour Christ, si nous n'aimons pas sa Parole et n'en vivons pas ; c'est une illusion de s'imaginer être dans un état prospère, lorsque la lecture de la Bible est négligée, en particulier ou en famille.

Il va sans dire que nous n'entendons pas qu'aucun autre livre que la Bible ne doive être lu, car nous n'écririons pas ces « Notes », mais rien ne demande plus de vigilance que le choix de nos lectures. Toutes choses doivent être faites au nom de Jésus, et à la gloire de Dieu ; or la lecture est du nombre de ce : « toutes choses ». Nous ne devrions lire aucun livre, dont la lecture ne tournerait pas à la gloire de Dieu.

 

Si la Parole a sa vraie place dans le coeur, elle l'aura aussi dans la maison. Les chefs de famille devraient y réfléchir sérieusement ; nous sommes persuadés que, dans chaque famille chrétienne, il devrait y avoir un témoignage journalier rendu à Dieu et à sa Parole. Quelqu'un considérera peut-être une lecture régulière en famille comme une routine religieuse, un esclavage, du légalisme. A de telles objections nous répliquerons à notre tour : Est-ce un esclavage pour la famille de se réunir pour les repas ? Cette réunion de tous les membres autour de la table de famille, a-t-elle jamais été considérée comme une triste routine ? Certainement non, si la famille est heureuse et qu'une bonne intelligence règne entre tous ses membres. Pourquoi alors serait-ce une chose pénible pour un chef de famille chrétien de réunir ses enfants et ses domestiques autour de lui chaque jour, pour lire quelques versets de l'Ecriture, et pour faire monter quelques paroles de prière et d'actions de grâces devant le trône de la grâce ? Cette habitude est en parfait accord avec l'Ancien et le Nouveau Testament, elle est sainte, édifiante et agréable au coeur de Dieu.

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