Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE V

LE SANG DE L'ASPERSION.

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Genèse III, 15. Genèse IV, 4. Exode XII, 7-13.

Lévitique I, 3-5. Lévitique XVI, 15-19. Esaïe LIII, 5.

Daniel IX, 24 Jean I, 29. Galates III, 13.



Mais, demandera quelqu'un, quelle est la signification du SANG, si souvent mentionné? Comment parle-t-il de paix? Comment « nettoie-t-il la conscience des oeuvres mortes?» (Héb. IX, 14.), Que peut avoir à faire le sang avec la paix, la grâce et la justice dont nous venons de nous entretenir?

Dieu lui-même nous a expliqué l'importance capitale qu'Il attache au sang. Cela compris, nous touchons à ce qui fait pour ainsi dire le fond du fondement même de la paix du pécheur.

Les sacrifices de l'antiquité, en remontant jusqu'à Abel, nous donnent la clef de la signification du sang, dont l'effusion est nécessaire à la rémission des péchés. Le sacrificateur devait entrer dans le lieu saint « non sans y porter du sang » (Hébr. IX, 7) ; voilà la grande vérité proclamée dès le commencement, comme une inscription placée sur les portes du tabernacle et du temple. Pendant deux mille ans que dura l'économie des patriarches, un seul sacrifice était célébré, c'était un sacrifice par le feu. Sous la loi mosaïque, ce sacrifice fut divisé en plusieurs parties: sacrifice de prospérité, sacrifice pour le délit, sacrifice pour le péché, etc. Dans tous ces divers sacrifices, cependant, les parties essentielles du sacrifice primitif se retrouvent, communes à tous, le sang et le feu. Le sang, emblème de la substitution; le feu, symbole de la colère de Dieu frappant la victime, se retrouvent dans toutes les parties du service israélite, en particulier dans l'holocauste journalier du matin et du soir. C'est à ce sacrifice que Jean faisait allusion dans ces paroles : « Voilà l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. » (Jean, 1, 29.) L'holocauste était comme le centre et le coeur de tous les sacrifices de l'Ancien Testament; c'était par l'effusion du sang qu'il rappelait les sacrifices primitifs, et préfigurait ce « sang de L'aspersion » qui devait prononcer de meilleures choses que celui d'Abel. (Héb. XII, 24.)

L'effusion du sang, c'était la mort infligée. « Le sang, c'est la vie. » (Lév. XVII, 11, 14; Deut. XII, 23.) Le sang répandu était donc le prix de la peine due au péché, selon la menace qui en avait été faite dès le commencement. « Au jour que tu en mangeras, tu mourras de mort. » (Gen. II, 17.) Et il est écrit « L'âme qui péchera sera celle qui mourra. « (Ez. XVIII, 4.) Et ailleurs : «Le salaire du péché, c'est la mort. » (Rom. VI, 23.)

Mais le sang répandu dans les sacrifices israélites ne pouvait pas effacer les péchés; aussi étaient-ils plutôt une commémoration des péchés (Héb. X, 3) qu'une expiation. (Héb. X, 11.) Ces sacrifices rappelaient que, pour que le pardon des péchés pût être obtenu, il fallait donner vie pour vie; mais le fait seul qu'ils devaient se répéter chaque jour montrait qu'il fallait un sang plus efficace que celui qui coula jamais sur l'autel de Morija, et une vie plus précieuse que celle d'un homme.

Ce sacrifice suprême a été accompli, cette vie plus précieuse a été offerte, et la mort unique du Fils de Dieu a fait ce que toutes les morts des temps passés n'auraient pu faire. Cette seule vie suffisait; cette seule mort payait la dette, et Dieu ne demande pas deux vies, ni deux morts, ni deux satisfactions. «Christ a été offert une fois pour ôter les péchés de plusieurs. » (Héb. IX, 28.) , S'Il est mort, Il est mort une seule fois pour le péché. » (Rom. VI, 10.) « Ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, Il s'est assis pour toujours à la droite de Dieu. » (Héb. X, 12) L'aspersion du sang (Ex. XXIV, 8) était comme une marque de mort, placée sur certaines personnes ou certaines choses, en sorte que ces personnes ou ces choses étaient tenues pour mortes, c'est-à-dire pour avoir satisfait aux exigences de la loi. Aussi longtemps qu'elles n'avaient pas acquitté cette dette, elles étaient tenues pour souillées, et indignes du regard de Dieu. Mais la dette acquittée, elles étaient tenues pour pures, et propres au service de Dieu. En général, lorsqu'il est question de purifier ou de nettoyer, ces mots présentent à notre esprit une idée analogue à celle du procédé par lequel on enlève des taches avec de l'eau et du savon. Mais ce n'est pas là le sens de l'application du sacrifice. Le sang purifie, non pas, selon l'expression du prophète, comme «le nitre et beaucoup de savon » (Jér. II, 22), mais en nous faisant participants de la mort de notre représentant. En effet, qu'est-ce qui nous rend souillés devant Dieu? C'est notre transgression de la loi, la condamnation à laquelle nous a assujettis notre désobéissance. Nous avons fait non-seulement ce qui déplaît à ses yeux, mais nous nous sommes placés sous une sentence de mort, sentence qui nous sépare complètement de Dieu, tellement qu'Il ne pourrait nous bénir avec justice, et que nous ne pouvons nous présenter devant Lui avec assurance.

C'est au moment où nous sommes ainsi enveloppés du péché et de la mort qui en est le salaire, que le sang est apporté par le grand Souverain Sacrificateur. Ce sang qui, aux yeux de Dieu, représente la mort, est alors répandu sur nous, et par ce moyen la mort, salaire du péché, passe sur nous. Nous mourons, nous subissons la sentence, et notre culpabilité est écartée; nous sommes purifiés! Le péché était comme du vermillon, et il devient blanc comme la neige; il était comme du cramoisi, et il devient blanc comme la laine. Voilà comment le sang de Christ nous est appliqué par la foi. En croyant le témoignage que Dieu lui a rendu, nous devenons un avec Jésus dans sa mort; à partir de ce moment, nous sommes comptés devant la loi et traités par Dieu comme des hommes dont la dette entière est acquittée, et qui ont été « lavés de leurs péchés dans son sang. » (Apoc. I, 5.)

Telles sont les bonnes nouvelles de la vie, par Celui qui est mort, où nous voyons, non pas ce que nous avons à faire pour être sauvés, mais ce que Christ a fait. Et voilà ce qui peut seul apaiser les craintes du pécheur, purifier sa conscience, lui donner de se sentir pleinement pardonné. Connaître le vrai sens que Dieu attache à cette aspersion du sang, c'est la seule manière efficace de dissiper les angoisses d'une âme troublée, et de la faire entrer dans une paix parfaite.

L'Évangile n'est pas une simple révélation du coeur de Dieu en Jésus-Christ. Il est encore une manifestation de sa justice (Rom. I, 17) et c'est là ce qui en fait réellement «la Puissance de Dieu pour le salut. » (Rom. I, 16.) L'effusion du sang est la déclaration de la justice de l'amour qu'Il répand sur les enfants des hommes ; c'est la réconciliation de la loi et de l'amour, la condamnation du péché et la délivrance du pécheur. De même que l'Ecriture enseigne que « sans effusion de sang, il ne se fait point de rémission des péchés » (Héb. lX, 22), de même l'Évangile nous annonce que le sang qui nous apporte la rémission des péchés a été répandu, et nous savons maintenant que « le Fils de Dieu est venu » (1 Jean V, 20) et que « son sang purifie de tout péché. » (1 Jean I, 7.) La justice de la grâce, la sainteté de l'amour, voilà le repos du pécheur.

Ce n'est point par l'incarnation, mais par le sang répandu que nous sommes sauvés. Le Christ de Dieu n'est pas simplement un prédicateur de sa sagesse, ni un bienfaiteur ordinaire, et ceux qui pensent avoir exposé tout l'Évangile pour avoir parlé de Jésus révélant dans sa vie l'amour de Dieu sont dans une grande erreur, Si Christ n'est, pas notre représentant (substitut), Il n'est rien pour le pécheur. S'il n'est pas mort en portant les péchés, Il est mort en vain. Ne nous laissons pas séduire sur ce point, ni égarer par ceux qui pensent prêcher l'Évangile en annonçant le Christ Comme libérateur. Si je jette une corde à un homme qui se noie, je suis son libérateur. Mais Christ a fait infiniment plus. Si en me jetant à l'eau je risque ma vie pour sauver quelqu'un, je suis un libérateur; mais Christ a fait infiniment plus que risquer sa vie, l'essence même de la délivrance apportée par Christ, c'est qu'Il s'est substitué à nous ; Il a donné sa vie pour la nôtre. Il ne nous a pas rachetés par un sacrifice partiel, un travail partiel, une souffrance partielle ; « Il nous a rachetés à Dieu par son sang» (Apoc., V, 9), « le précieux sang de Christ.» (1 Pierre I, 18.) Il a donné pour nous tout ce qu'Il avait, jusqu'à sa propre vie. Voilà bien la délivrance que peut inspirer ce cantique des rachetés : « A celui qui nous a aimés, et qui nous a rachetés de nos péchés par son sang ! .» (Apoc. I, 5.)

La tendance de nos jours est de rejeter cette doctrine du sang, et de se glorifier dans un Évangile qui n'a pas besoin de sacrifice, ni de « l'Agneau immolé. » C'est ainsi qu' « ils suivent la voie de Caïn. » (Jude 11.) Caïn méprisa le sang et se présenta sans cela devant Dieu. Il ne voulait pas s'avouer pécheur et sujet à la mort, et ne pouvant se sauver que par la mort d'un autre. C'est ainsi que l'homme a rejeté le moyen que Dieu lui offrait d'avoir la vie. Au premier rang parmi les moqueurs qui rejettent ce moyen, nous voyons le premier meurtrier; et celui qui ne voulut pas tacher son autel du sang d'un agneau, souilla la terre du sang de son frère.

Les autels païens ont été rougis de sang et ils le sont encore jusqu'à ce jour. Mais ces adorateurs ne savent ce qu'ils font en apportant ce sang. Il est associé en eux à une idée de vengeance, et ils le répandent pour apaiser la vengeance de leurs dieux.

Qu'ils sont loin de la justice et de l'amour de Dieu! Ce sang qu'ils offrent est comme la négation de l'un et de l'autre.

Sur les autels israélites il y a du sang aussi, mais ceux qui le présentent connaissent le Dieu duquel ils s'approchent. Ils le présentent en reconnaissance à la fois de leur propre culpabilité et de son amour qui pardonne. Ils disent : j'ai mérité la mort, mais que la mort de cette victime me soit imputée, et que l'amour que mon péché empêchait de m'atteindre se répande maintenant sur moi.

Ame troublée ! garde-toi d'une part de l'erreur de Caïn qui s'approche de Dieu sans lui offrir de victime de l'autre, de celle des païens qui se méprennent sur le sens du sacrifice sanglant. Comprends le sens et la valeur que Dieu attache au « précieux sang» de son Fils; crois-en son propre témoignage; ce sera la paix de ta conscience, et le repos de ton âme.

C'est dans la mort de Christ que « nous sommes baptisés. » ( Rom. VI, 3.) Voilà pourquoi nous nous « glorifions » dans la croix, instrument de cette mort. (Gal. VI, 4.) Par elle, la dette du pécheur est acquittée, l'obligation qui était contre nous est effacée (Col. II, 14); et par la résurrection, Dieu nous montre qu'Il accepte ce sacrifice et nous tient pour quittes. Notre foi n'est pas un complément nécessaire pour acquitter la dette, mais une simple adhésion de notre part à l'oeuvre suffisante du Fils de Dieu. Par elle nous devenons un avec Celui qui est mort et ressuscité, tellement que nous sommes considérés comme ayant nous-mêmes payé la dette, et traités comme si nous étions morts nous-mêmes. Ainsi nous sommes « justifiés du péché » et faits participants de la justice de Celui qui a été non-seulement livré pour nos offenses, mais qui est ressuscité pour notre justification.

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