Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE III

NOTRE REPOS EST EN DIEU.

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Dent. XXXIII, 26,27, Job XXII, 21. Psaume lX, 10. Psaume XXXIV, 8. Jérémie lX, 24.

Jérémie XVII, 13. Nahum I, 3, 7. Michée VII, 18. Habacuc III, 17, 18. Luc II, 14.

Jean III, 16. Jean XVII, 3. Romains II. 4. Jacques I, 17. 1 Jean IV, 9, 10.



Nous avons vu que le pécheur ne peut trouver la paix ni en lui-même, ni dans la connaissance de lui-même, ni en pensant à ses oeuvres et à ses sentiments, ni en croyant à sa propre foi, ni par le sentiment d'aucune amélioration survenue en lui.

Cette paix, d'où lui vient-elle donc ? Comment y arrive-t-il?

Elle vient de Dieu seul, et elle s'obtient par la connaissance de Dieu. Dieu nous a donné un Livre par lequel Il se fait connaître à nous; et c'est dans cette révélation du caractère divin que le pécheur trouve le repos qu'il cherche. Dieu Lui-même est la source de notre paix; sa vérité révélée est le canal par lequel elle arrive jusqu'à nous; et son Saint-Esprit est pour nous le grand interprète de cette vérité. « Attache-toi donc à Dieu, et demeure en paix. » (Job XII, 31.) Oui, connaître Dieu, c'est la paix !

Si Dieu nous avait dit qu'il n'est point miséricordieux, qu'Il n'a point à coeur notre bien, qu'Il n'a pas l'intention de nous pardonner, nous ne pourrions avoir ni paix, ni espérance ! La connaissance que nous aurions de Lui dans ce cas ne ferait que nous rendre malheureux. Notre situation serait semblable à celle des démons qui « croient et tremblent » (Jacq. II, 19); et plus nous le connaîtrions, plus nous devrions trembler. Quelle pensée redoutable, d'avoir le Dieu puissant qui nous a faits, le Père des esprits, non pas pour nous, mais contre nous!

Chose étrange ! cet état d'inquiétude est précisément celui d'un grand nombre de personnes qui professent cependant de croire en un Dieu plein de grâce et de miséricorde! La Bible à la main et la croix devant les yeux, elles s'avancent comme à tâtons dans la crainte et dans les ténèbres, état qui ne serait justifié que si Dieu, au lieu de se révéler dans son amour, s'était révélé dans sa colère ! Elles semblent prendre ainsi le contre-pied de ce que la Bible nous enseigne sur Dieu, et attacher à la croix un sens inverse de celui que l'Evangile lui donne.

D'où cela peut-il venir ? Ces âmes ont-elles bien compris la Bible? Ne se sont-elles pas trompées en regardant Dieu comme « un homme dur et un maître sévère » ? Ne s'efforcent-elles pas d'ajouter par leur travail personnel quelque chose A la grâce de Dieu, comme si cette grâce était insuffisante pour elles, à moins qu'elles n'eussent su l'attirer par quelque mérite ou quelque observance personnelle ?

Dieu nous a déclaré qu'il est miséricordieux. « Dieu est amour. » Il a incarné sa miséricorde dans la personne et l'oeuvre de son Fils bien-aimé. Il nous assure que cette grâce est pour ceux qui sont impies, souillés, orgueilleux, morts dans leurs péchés. Plus donc nous connaîtrons ce Dieu et cette grâce; plus sa paix nous remplira. Et elle ne sera point troublée, ni par la grandeur de nos péchés, ni par la dureté de notre coeur, ni par la mobilité de nos sentiments, à quelque degré que ces choses puissent nous humilier et nous rendre mécontents de nous-mêmes.

Etudions donc le caractère de Dieu : saint, mais miséricordieux; son amour n'atténuant point sa sainteté, ni sa sainteté son amour; absolument souverain, mais infiniment bon, sans que sa souveraineté puisse porter atteinte à sa grâce, ni sa grâce à sa souveraineté ; vivifiant qui Il veut, mais ne prenant aucun plaisir à la mort du pécheur; contraignant les uns à entrer, mais offrant sa grâce à tous. Contemplons-le « dans la face de Jésus-Christ », l'image empreinte de sa personne, tellement que celui qui l'a vu a vu le Père. La connaissance de la miséricorde de Dieu, Manifestée 'par la croix de Christ, voilà le véritable remède à nos inquiétudes; tandis qu'une connaissance incomplète de Dieu est la racine de toutes nos craintes et de notre tristesse." Il est vrai que la chair et le sang ne peuvent pas nous révéler Dieu, et que le Saint-Esprit seul peut nous faire connaître et le Père et le Fils. Mais gardez-vous de penser un seul instant que le Saint-Esprit n'est pas disposé à faire son oeuvre en vous; surtout, je ne voudrais pas vous encourager dans cette affreuse pensée que vous voulez tandis qu'Il ne veut pas et que la souveraineté de Dieu puisse être un obstacle pour le pécheur ou un frein pour le Saint-Esprit. La Bible entière tient pour acquis que cela est impossible. La Bible entière est écrite par le Saint-Esprit, et l'Evangile fut prêché par les Apôtres de manière à ne jamais mettre en question la bienveillance de Dieu, ni à faire douter à aucun degré de sa promptitude à fournir au pécheur tout secours nécessaire. Aussi les grandes vérités de l'élection éternelle de Dieu, et de la rédemption de l'Eglise par Christ, telles qu'elles nous sont exposées dans l'Ecriture, sont une force et un encouragement pour les âmes, tandis qu'interprétées comme elles le sont par un grand nombre, ces grandes vérités semblent être comme des barrières de la part de Dieu, au lieu d'être des degrés pour franchir la barrière de la résistance de l'homme. Et bien des âmes angoissées se perdent dans une foule de questions de métaphysique et de recherche de propre justice, dont il n'y a qu'un moyen de sortir; c'est de croire Dieu sur parole.

Dieu donc s'est révélé dans la Bible, et surtout dans la personne de Christ, afin qu'il ne pût subsister pour l'homme aucun doute sur son véritable caractère.

La personne de Christ est une révélation de Dieu. L'oeuvre de Christ est une révélation de Dieu. Les paroles de Christ sont une révélation de Dieu. Il est dans le Père, et le Père est en Lui. Ses paroles et ses oeuvres sont les oeuvres et les paroles du Père. Il nous a montré Dieu dans la crèche de Bethléem; Il nous a montré Dieu dans la synagogue de Nazareth; Il nous a montré Dieu au puits de Jacob; Il nous a montré Dieu au tombeau de Lazare; Il nous a montré Dieu lorsqu'Il pleurait sur Jérusalem; Il nous a montré Dieu sur la croix; Il nous a montré Dieu dans son sépulcre; Il nous à montré Dieu dans sa résurrection. Si nous disons avec Philippe : « Montre-nous le Père, et cela nous suffit », Il nous répond . « Il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne m'as pas connu ! Celui qui m'a vu a vu mon Père » (Jean XIV, 8, 9). Ce Dieu, que Christ nous révèle comme le Dieu de la grâce juste et, de la juste miséricorde, est le Dieu auquel nous avons à faire.

Connaître ce Dieu, tel qu'Il s'est révélé à nous en Jésus et par sa croix, c'est avoir la paix ; c'est dans cette connaissance du Père que le Saint-Esprit fait pénétrer une âme, qu'Il fait passer par sa toute puissance des ténèbres à la lumière. Tout ce que nous savons de Dieu, nous le devons à ce docteur, cet interprète suprême. Mais que jamais le pécheur ne se croie plus disposé à apprendre que le Saint-Esprit ne l'est à enseigner ; que jamais il ne se dise à lui-même : je voudrais connaître Dieu, mais je ne le puis de moi-même, et le Saint-Esprit ne veut pas m'instruire.

Il ne nous suffit pas de dire à quelque esprit découragé. « C'est votre incrédulité qui fait votre malheur; croyez seulement, et tout ira bien ». Cela est vrai ; mais ce n'est cependant qu'une vérité générale qui, dans bien des cas particuliers, peut être inutile, faute de savoir l'appliquer. On risque de croire alors que la foi est quelque grande oeuvre à faire, à laquelle il faut travailler de toute sa force, en demandant à Dieu la force de l'accomplir, et que l'incrédulité est un principe mauvais qui doit être déraciné avant que l'Évangile puisse être utile.

Mais quel est le sens réel de cette foi et de cette incrédulité ? Dans toute incrédulité, il y a deux éléments : la bonne opinion de soi, et un jugement erroné sur Dieu. Aussi longtemps que ces deux sentiments subsistent, il est impossible de trouver la paix. La bonne opinion de soi fait croire au pécheur qu'il peut très-bien gagner la faveur de Dieu par ses propres efforts religieux, et la fausse idée qu'il se fait de Dieu l'empêche de s'en remettre entièrement à Lui. Le but de l'oeuvre du Saint-Esprit, lorsqu'il convainc l'homme de péché, est de le faire changer d'opinion sur lui-même, de le réduire à se voir comme Dieu le voit, et de lui arracher toute illusion de propre justice. Après quoi le Saint-Esprit redresse aussi l'idée qu'il se fait de Dieu, afin de lui faire voir que ce Dieu est vraiment le Dieu de toute grâce.

Cet homme cependant, qui cherche le salut, nie qu'il ait cette bonne opinion de lui-même, et s'avoue pécheur. Il est aisé de le dire, mais le savoir réellement, c'est autre chose. D'ailleurs, il peut être disposé à prendre ce titre de pécheur en commun avec tous les hommes, sans se croire cependant un pécheur au sens de Dieu Lui-même, un pécheur tel qu'il lui faut un Sauveur tout entier, un pécheur auquel il faut la croix, le sang et la justice du Fils de Dieu. Il en faut beaucoup pour détruire la bonne opinion qu'un homme petit avoir de lui-même; sa confiance qu'il perd en ses oeuvres, il la conserve encore dans les sentiments de son coeur, puis, dans ses devoirs religieux, et il espère encore par ses actes, ses sentiments et ses prières, s'assurer la faveur de Dieu.

Si l'homme se voyait comme Dieu le voit, il ne songerait pas plus à recourir à de tels moyens de salut qu'à escalader un rocher à pic. Mais qu'il est difficile de l'amener là ! Il ne faut pour cela rien moins que la toute puissance de l'Esprit divin.

Cependant, le pécheur déclare n'avoir pas une fausse idée de Dieu. Mais se fait-il de Dieu l'idée que la Bible nous en donne et que la croix nous révèle ? Éprouve-t-il une sécurité absolue en remettant son âme entre ses mains miséricordieuses, et en la lui donnant à garder éternellement? Certes, la connaissance de Dieu que donne la croix devrait dissiper tous les doutes et donner horreur d'une méfiance qui n'est qu'une injure à sa miséricorde.

L'incrédulité consiste donc à la fois à croire un mensonge et à rejeter une vérité. Elle efface de la croix le nom d'un Dieu de grâce pour y inscrire celui d'un Dieu inconnu, incapable de donner la paix au pécheur et le repos à ceux qui sont fatigués et chargés.

Acceptez donc le caractère de Dieu tel que vous le présente l'Évangile ; lisez ce Nom béni tel qu'il est inscrit sur la croix; et croyez les bonnes nouvelles de paix qu'il apporté aux pécheurs. N'en est-ce point assez? Si ce que Dieu vous fait connaître de Lui-même ne suffit pas à calmer vos terreurs, rien d'autre au monde n'y-réussira. C'est par la connaissance du vrai Dieu que le Saint-Esprit donne la paix. C'est l'amour du vrai Dieu qu'Il répand dans le coeur. La substance même de l'Évangile, c'est le nom de Jéhovah révélé en Jésus-Christ et par Lui, en qui nous avons « la vie, le mouvement et l'être,» le « Dieu juste et Sauveur » (Es. XLV, 21), qui justifie le pécheur.

Esprit inquiet, regardez à la croix, et voyez-y. ces deux choses, ceux qui crucifient et Celui qui est crucifié. Ceux qui crucifient, ce sont ceux qui haïssent Dieu et son Fils. C'est vous-même. Apprenez à vous voir en eux, et cessez de chercher en vous-même aucune paix. Voyez aussi le crucifié : c'est Dieu Lui-même, l'amour incarné. C'est Celui qui vous a faits, Dieu manifesté en chair, souffrant et mourant pour les impies. Pouvez-vous douter de sa grâce? Pouvez-vous demander plus, pour éveiller en vous la confiance la plus absolue, la plus illimitée? Et chercherez vous à diminuer cette agonie et cette mort en disant qu'elles ne sont pas l'expression de la grâce, ou que cette grâce n'est pas faite pour vous? Rappelez-vous ce qui est écrit : « Nous avons connu ce que c'est que l'amour, en ce qu'Il a mis sa vie pour nous. » (1 Jean III, 16.) « C'est en ceci que consiste cet amour, que ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu les premiers, mais que c'est Lui qui nous a aimés, et qui a envoyé son Fils pour faire la propitiation de nos péchés. » (1 Jean IV, 10.)

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