Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE PREMIER

La cause de notre insuccès

-------

«  Vos iniquités vous ont séparés de votre Dieu. » (Es.59, 2).

« O Eternel, sonde-moi et m'éprouve, examine mes reins et mon coeur. » (Ps. 26, 2).


Nous voulons être saints, mais notre premier devoir est de nous demander ce qui nous a empêché de l'être jusqu'ici. Nous admettons sans peine que nous ne sommes pas ce que nous devrions être. Nous avons fait la triste expérience que jusqu'à ce jour notre vie spirituelle n'a été qu'une série de mécomptes et de désappointements. Nous n'avons pas atteint le degré de sainteté que nous rêvions, lors de notre première rencontre avec Christ. Pourquoi cette déception ? Pourquoi toutes ces entraves à nos progrès spirituels ? C'est ce que nous allons rechercher.

A toute âme désireuse de sainteté, Dieu demande tout d'abord un examen sérieux et approfondi d'elle-même. Il faut que cet examen se fasse avec la plus absolue franchise et s'étende jusque dans ces coins et recoins où se cachent volontiers les choses défendues. N'appelons pas faiblesse ce que nous devons appeler péché. Ouvrons à Dieu tout notre coeur et que l'orgueil de nos expériences spirituelles antérieures n'atténue pas la sincérité de cet examen. Laissons Dieu nous révéler toute l'étendue de notre misère, et confessons lui avec honte et douleur les péchés qu'il nous aura fait découvrir dans notre coeur. Une chose fatale à la sainteté, c'est de se croire ce que l'on n'est pas. Une chose qui la favorise au contraire et qui la rend possible, c'est d'être avec Dieu d'une parfaite honnêteté et de ne rien lui cacher de notre état.

Aux temps de la Pâque juive, quand Dieu venait vers son peuple pour le bénir, il lui donnait cet ordre : « Otez le levain de vos maisons, qu'on n'y trouve pas de levain ! » Aussitôt les juifs s'empressaient d'obéir, car ils savaient que la bénédiction de l'Eternel ne pouvait pas descendre dans la maison où l'on cachait le moindre levain. Allumant une lampe, ils fouillaient attentivement les coins les plus obscurs de leurs demeures et jetaient dehors tout le levain qu'ils pouvaient trouver. Et même après cela, pour être en règle avec leur Dieu, ils prononçaient la formule suivante: « J'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour enlever le levain de ma maison; mais s'il en reste encore, je le maudis et le renie complètement! ».

 Voilà ce que nous devons faire. Si nous voulons que le Seigneur entre dans notre vie, il faut l'examiner, la fouiller avec un soin jaloux et en bannir tout ce qui pourrait l'offenser. Et même après avoir fait cela, ne nous croyons pas purs, car nous ne savons pas jusqu'où s'étend notre péché, mais reposons-nous avec confiance sur Celui qui nous connaît et qui peut nous purifier.

 Examinons d'abord notre vie intérieure. C'est la vie des pensées qui ne s'expriment jamais, des ambitions jamais réalisées, des décisions jamais exécutées. C'est une vie dont nos bien-aimés, ceux qui sont avec nous tous les jours, n'ont peut-être jamais soupçonné l'existence - vie intérieure, vie solitaire connue de nous et de Dieu seul. Que de péchés n'y voyons-nous pas ! Quand la lumière de Dieu pénètre dans cette obscurité, rien d'étonnant si nous nous sentons comme blessés au coeur, car nous nous trouvons en face :

 

1.      De nos pensées mauvaises: pensées mauvaises à l'égard de Dieu tout d'abord. Nous murmurons contre sa volonté, nous nous plaignons de la tâche qu'Il nous a donnée, de la place où il nous a mis; plaintes comprimées, qui, manifestées au dehors, s'exhaleraient en paroles de blasphème. Ah ! les pensées coupables que l'on ne dit à personne et que l'on chuchote dans le silence de l'âme! Ensuite, pensées mauvaises à l'égard du prochain : mouvements intérieurs de colère, d'envie, de mépris, de malice, qui exécutés au dehors se traduiraient tout simplement par des meurtres. Et s'il n'en est pas ainsi, nous ne le devons qu'à la seule grâce de Dieu.

 De nos désirs coupables, impurs, hélas ! désirs que nous caressons et chérissons souvent, désirs qui se manifestent parfois dans nos rêves avec une intensité terrible - désirs qui ne tarderaient pas à se transformer en actes, si notre éducation chrétienne n'était là pour nous retenir. 

 Voilà les deux formes sous lesquelles nous apparaît le levain du péché, quand nous descendons dans les profondeurs de notre vie intérieure. Lisons maintenant cette description du coeur naturel, faite par notre Seigneur et puissions-nous, en la lisant, dans un esprit d'humiliation, sentir se briser en nous la puissance de notre misérable orgueil ! « Ce qui sort de l'homme, voilà ce qui le rend impur !car c'est du dedans , c'est-à-dire du coeur des hommes que sortent les pensées mauvaises : fornication, vol, homicide, adultère, rapacité, méchanceté, tromperie, impudicité, calomnie, orgueil, démence. »(Marc 7,21.) Oh ! les affreuses découvertes que Dieu nous fait faire, quand sa sainteté brille sur nous !

Cher lecteur, il y a des péchés dans votre vie intérieure ; voilà ce qui a entravé votre marche vers la sainteté.

Jetons maintenant un coup d'oeil sur nos lectures. La lecture occupe une large place à notre époque et exerce sur nous une puissante influence, bonne ou mauvaise. Les livres que nous avons lus ! Ne serait-ce pas une des raisons du déclin de notre vie spirituelle ? Nous nous sentons moins de joie en Christ qu'auparavant, moins de zèle à son service, moins de liberté et de puissance dans la prière. C'est que nous avons lu certains ouvrages, qui faisaient passer sur notre âme comme un souffle d'incrédulité et nous éloignaient ainsi, à notre insu, du Dieu vivant ; et il est arrivé que, graduellement, les livres, livres de toutes sortes, bon et mauvais, utiles et nuisibles, ont fini par remplacer la Bible. Dès lors pourquoi s'étonner de nos chutes ? Notre âme demandait du pain, nous lui avons donné des pierres ; elle demandait le fruit, nous lui avons donné l'écorce.

Cher lecteur, examinez avec soin votre bibliothèque, et demandez à Dieu de vous montrer les livres qui lui déplaisent et dont vous devez vous débarrasser.

N'y a-t-il rien à dire sur notre manger, notre boire, notre vêtement ? Il peut sembler étrange d'en parler à propos de la sainteté. N'importe, notre examen doit être complet. Du reste, notre sauveur en a parlé et c'est lui qui nous a mis en garde contre les « que mangerions-nous ? que boirons-nous ? De quoi serons-nous vêtus ? » il savait que les questions matérielles allaient occuper une place énorme dans le coeur de son peuple. Comme il doit souffrir, de nos jours, en voyant les tables de ses enfants chargées d'un luxe inutile, quand des milliers de pauvres gens, qu'il a légué en héritage à l'Eglise, meurent parce qu'il n'ont pas de pain.

Que peut penser le Seigneur de ces prétendus disciples qui se permettent d'user de ce qui ruine le corps et l'âme de milliers de créatures humaines, de ce qui mènent au vice, au crime, à la misère ! que peut bien penser le Seigneur de ces professants de christianisme qui sacrifient à la vanité, à la mode en matière de vêtement, préférant se conformer au peuple frivole qui les entoure que d'écouter celui qui a dit : « Chargez-vous de mon joug et apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur ! » A mon avis, la moindre indulgence sur ce chapitre-là est une des plus graves entraves à la sainteté ! Si nous pénétrons dans notre vie de famille, là encore nous trouvons le levain qui empêche le Seigneur de nous bénir. Que de choses nous tolérons et qui nous scandaliseraient chez les autres : par exemple, la mauvaise humeur, ce grand trouble fête de la paix domestique, la mauvaise humeur qui fait tant de ravage dans nos foyers. C'est à elle qu'il faut attribuer ces paroles aigres échangées entre mari et femme ces accusations, ces récriminations entre personnes qui avaient fait le voeu, devant Dieu de s'aimer toujours ; ces querelles entre maîtresse et servante, qui rendent les unes continuellement irritées et les autres obstinément maussades ; ces disputes entre frère et soeur, qui empoisonne la vie de famille et détruisent la paix du foyer. La mauvaise humeur est parfois bien égoïste ! Voici un mari qui rentre du travail. Il commence à murmurer et à se fâcher parce que le dîner n'est pas prêt ou que la maison n'est pas tout à fait en ordre… il ne voit pas tout le chagrin qu'il cause à une femme aimante et dévouée qui a dû ce jour-là soigner des enfants malades et s'occuper en même temps du ménage.

Vous me direz : ce sont là de bien petites choses ! Il n'y a rien de trop petit devant Dieu et les plus petits péchés offensent Dieu. Si nous en sommes coupables c'est-à-dire si nous avons été dans nos maisons, irritables, insouciants, légers, alors ne nous étonnons pas de la médiocrité de notre vie chrétienne. Ces petites choses sont comme des mouches qui enlèvent aux parfums toutes leur vertu, ou encore comme de petit morceaux de levain que nous gardons chez nous et qui empêchent le Sauveur d'entrer.

Et maintenant quelle a été notre conduite dans nos rapports sociaux ? Il y a dans ce département de la vie bien des entraves à la sainteté. La société actuelle, prise dans son ensemble, est essentiellement mondaine ; et l'esprit qui l'anime est bien différent de celui du Christ. Ainsi Jésus nous ordonne de dédaigner les richesses; le monde nous dit de les rechercher. L'Evangile dit: ne mentez pas; le monde nous enseigne à cacher nos vrais sentiments sous de trompeuses expressions. L'Evangile interdit la médisance; dans le monde, c'est le thème principal des conversations. A nous de voir dans quelle mesure nous avons fait comme le monde à cet égard. Comme la fausseté et l'hypocrisie de la vie sociale doivent attrister notre Sauveur! Que peut-il penser de notre amour pour nos semblables quand cet amour n'est que de l'indifférence ou parfois de la haine ? Que peut-il penser de notre admiration pour eux, quand cette admiration n'est que de l'envie, ou de notre respect, quand ce respect n'est que du mépris? Il faut à tout prix enlever le masque et marcher dans cette sphère de la vie, comme dans les autres sur les traces de Jésus-Christ.

Enfin notre examen, pour être complet, doit porter sur notre état, notre commerce, nos affaires. Ne croyons pas que la religion n'a rien à voir dans ce domaine. S'il en était ainsi, il ne vaudrait pas la peine d'en avoir une. De quelle façon dirigeons-nous nos affaires? Peut-être en lisant ces lignes, quelques-uns verront tous les changements qu'il faut apporter à leurs idées, à ce point de vue, pour pouvoir prétendre à la sainteté. La préoccupation exagérée des recettes, le manque de franchise, l'avarice, l'esprit mercantile, les dettes, voilà autant de points sur lesquels nous devons nous examiner. Les dettes, en particulier, sont un rongement d'esprit et un obstacle insurmontable sur le chemin de la sainteté, et plus d'un chrétien, en payant ses dettes, a trouvé le secret de bénédictions nouvelles.

Ici, nous arrêterons notre examen. Mais quelles terribles découvertes nous avons faites, n'est-ce pas ? et quel abîme de péché nous avons trouvé en nous ! Dans notre vie secrète: absence de prières, incrédulité, pensées mauvaises, imagination coupable, désirs impurs; dans notre vie de famille : égoïsme, mauvaise humeur, luxe dans notre vie sociale: hypocrisie, envie, jalousie, médisance, paroles méchantes; dans nos affaires: amour du lucre, cruauté, avarice, fourberie, et derrière tout cela, notre coeur, source de tout le mal, un coeur rusé et désespérément malin.

Encore une fois, faut-il s'étonner de nos défaillances lorsque nous tolérons dans notre âme une telle somme de péché ?

Et maintenant je demande : que devons-nous faire face à ce péché ? Il faut d'abord le confesser. N'essayez pas de le cacher. N'essayez pas de l'excuser. Soyons honnêtes soyons sans fraude avec Dieu. Il faut ensuite y renoncer . Jetez-le dehors. Vous me direz : c'est précisément ce que je ne puis pas faire ! C'est que vous avez fait l'expérience de votre faiblesse dans cette oeuvre de purification et par conséquent un pas vers la délivrance. Levez-vous donc ! et conscient de votre culpabilité et de votre faiblesse, apportez maintenant vos péchés à Jésus-Christ. Abandonnez-vous à lui et dites-lui :

Je t'apporte ma souillure
Mes péchés, Sauveur puissant ;
Jésus, rends mon âme pure
En la lavant dans ton sang.

Et vous entendrez sa réponse : « Je répandrai sur vous des eaux pures et vous serez lavés ; je vous nettoierai de toutes vos souillures et toutes vos idoles. » (Ezéch.36,25) Ce que vous ne pouvez pas faire, Dieu peut le faire. Mais il faut se donner à Lui sans réserve et sans partage se mettre dans sa main.


Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant