Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LE JEUNE HOMME RICHE

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(MATTHIEU XIX, 16-26.)

Le jeune homme mis en scène dans l'Évangile peut, à juste titre, passer dans le monde pour le type du jeune homme modèle. Instruit et sérieux, il a une foi solide qui l'empêche de mettre en doute, comme bien des jeunes gens de son âge, la réalité de la vie éternelle. Aussi l'a-t-on choisi, malgré sa jeunesse, comme un des chefs de la synagogue. jeune et riche, il avait su se préserver des tentations qu'entraîne toujours avec elle la richesse, et des plaisirs grossiers dont les jeunes gens riches donnent trop souvent le déplorable et contagieux exemple.

Ce n'était pas un de ces jeunes gens blases, sans foi, sans enthousiasme et sans amour, ne sachant plus vouloir et n'ayant dès lors aucune force pour repousser le mal ou accomplir le bien. Sans respect pour un sexe à qui ils doivent leur mère ou leur soeur, ils sont portés à voir dans la femme un être inférieur, qui n'a ici-bas d'autre rôle que de plaire et d'obéir.

Le jeune homme riche de l'Évangile, dont la conduite honnête et pure n'a pas étouffé les hautes aspirations, sent cependant qu'il manque à son bonheur quelque chose qu'il ne peut encore définir, mais dont il ne saurait se passer. Aussi, dès qu'il entend parler de Jésus, il va vers lui et aspire à devenir son disciple. Il a déjà entrevu en Christ la réalisation de l'idéal moral et ne craint pas de lui accorder le titre de « bon » qu'on ne donnait qu'à Dieu.

Or un jour, comme il suivait le Christ, il assista à une scène bien touchante, qui acheva de bouleverser sa conscience de pharisien. Des mères pleines de respect et d'admiration pour le nouveau prophète étaient venues pour lui présenter leurs enfants. Les disciples les avaient repoussées. Alors le Maître les reprit sévèrement, Mettant au milieu d'eux un des enfants qu'on lui amenait, il déclara que s'ils ne devenaient comme des enfants ils n'entreraient point dans le royaume de Dieu.

Le jeune homme riche, muet spectateur de cette scène, tremblant pour son propre salut, fend aussitôt les rangs des spectateurs, et à la vue de tous, se jette aux pieds du Sauveur en s'écriant : « Bon Maître, que dois-je faire pour acquérir la vie éternelle? » Ce cri jaillit tout vibrant de son coeur, nous montrant à la fois son orgueil et ses préjugés.

Jésus va le délivrer de sa propre justice en lui montrant que, malgré sa pureté, sa droiture, son amour de la vérité qui ont déjà conquis son coeur au point qu'il lui a suffi de le voir pour l'aimer (Marc X, 21), il est foncièrement égoïste. Il se contente de lui prescrire la simple observation des commandements de la loi.

Ce jeune homme est surpris que Jésus exige si peu de lui et croit qu'il parle d'autres ordonnances que celles de Moïse.

Curieux de connaître les commandements que le Christ va lui prescrire et persuadé que, fidèle observateur des minutieuses et innombrables prescriptions pharisaïques, il sera certes capable de mettre en pratique les ordres les plus sévères, il s'écrie avec autant de curiosité que d'assurance : « Quels sont donc ces commandements? » Le Christ se contente d'énumérer lentement devant lui les commandements de la loi de Moïse. Alors, le jeune homme, humilié dans son zèle de pharisien, et impatient de proclamer ses mérites, ajoute aussitôt avec orgueil : « J'ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse. » Il ne se doutait pas qu'on pût être meurtrier par ses paroles, sa haine, sa dureté de coeur; adultère par un regard impur, par une imprudence coupable; faux témoin par une dissimulation, par un lâche silence : en un mot qu'on pût être pêcheur tout en se croyant parfait.

Jésus, qui a libéré la femme. adultère, met à une dure épreuve ce jeune homme honnête. Le condamnant par ses propres paroles, il lui dit : « Si tu veux être parfait, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, puis viens et suis-moi. »

Nous trouvons sans doute Jésus bien exigeant, mais nous oublions qu'il regarde au coeur et qu'il résiste aux orgueilleux pour faire grâce aux humbles. A ses yeux ce jeune homme est trop satisfait de lui-même pour devenir aussitôt son disciple et obtenir la vie éternelle. Du reste, il n'aspire pas tant au salut, dont il est sûr, qu'à la perfection qu'il prétend atteindre par ses propres forces. Aussi Jésus lui dit-il que s'il veut être parfait, il faut qu'il fasse par lui-même ce qu'il n'a jamais exige d'aucun de ses disciples. Eux, du moins, ne prétendaient pas à la perfection. La dureté apparente du Maître n'est ici que la révélation de son profond amour, le poussant à dévoiler à ce jeune homme l'interdit qui l'empêche d'entrer dans le royaume de Dieu.

Cette exigence du Christ est loin d'avoir un caractère général et permanent. Ce serait méconnaître la pensée du Seigneur que d'attribuer une valeur surérogatoire au dépouillement volontaire de nos biens ou de notre fortune. Jésus n'a pas exigé cela de ses disciples. Si le Christ le demande à ce jeune homme, c'est que l'attachement à ses biens était pour lui le seul obstacle au salut. Cette exigence du Christ lui révèle l'état de son coeur. Devenu plus circonspect et moins hardi, il reconnaît qu'il pourrait bien n'être pas parfait et s'écrie : « Que me manque-t-il encore? » A l'ouïe de cette question, les disciples eux-mêmes, troublés pour leur propre salut, demandent au Maître : « Qui peut donc être sauvé? »

Au jeune homme riche comme aux disciples ignorants, nous répondrons : Il vous manque tout, puisqu'il vous manque la seule chose nécessaire : la conviction du péché et l'assurance du salut par grâce. Et maintenant si vous me demandez à votre tour « qui peut donc être sauvé », je vous répondrai avec Jésus : Cela est impossible aux hommes, mais possible à Dieu.

Impossible aux hommes. Quant au passé, ils ont besoin de pardon et ils n'ont rien pour l'obtenir; quant au présent, il leur faut un changement et ils n'ont rien pour l'opérer; quant à l'avenir il leur faut la persévérance et ils n'ont rien pour l'assurer. Mais tout est possible à Dieu, quant au passé, car il pardonne; quant au présent, car il convertit; quant à l'avenir, car il sanctifie.

Le salut n'est pas une question de mérite mais de volonté. Nous ne devons pas dire : qui peut être sauvé, mais nous avons le droit de dire : qui veut être sauvé. Ce jeune homme n'obtint pas le pardon de Dieu parce qu'il ne voulut pas abandonner ses richesses; bien plus, dès ce moment il lui fut impossible d'en jouir en égoïste. Le récit nous apprend qu'il s'en alla tout triste. Tristesse bénie, « tristesse selon Dieu » qui sûrement dut un jour le ramener vers son Sauveur.

Ne serait-ce pas l'attachement à nos biens, à notre bien-être, à nous-mêmes qui nous tient éloignes de Christ et de son Évangile? S'il en est ainsi, allons à lui, il nous révélera l'idéal de la vie et les interdits de notre coeur. Nous n'aurons pas de peine après nous être reconnus pécheurs à accepter Jésus comme Sauveur.


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LE PUBLICAIN ZACHÉE

(Luc XIX, 1-9.)

Zachée n'était pas, comme on l'a dit souvent par erreur, un païen. Son nom indique clairement qu'il était juif, outre sa louable habitude de se conformer pour réparer ses torts à la loi de Moïse ( Ex. XXII, 4 et 7)

Chef des péagers, il portait le titre de publicain et occupait ainsi une position en vue qui lui procurait d'assez beaux revenus. Il savait être riche sans rester égoïste.

Ses concitoyens le haïssaient autant par jalousie de sa richesse que par mépris de son emploi. Et cependant combien ne valait-il pas mieux que la plupart d'entre eux! Affranchi de là crainte des hommes et des sots préjugés de sa race, il n'avait éprouvé aucun scrupule à entrer au service des Romains. Se moquant du qu'en dira-t-on, il se souciait fort peu des convenances.

Zachée, apprenant un jour, qu'aux approches de Pâques, Jésus allait entrer à Jéricho, interrompt brusquement ses affaires, abandonne son bureau, laissant seuls ses employés et court en hâte à la porte de la ville a la rencontre du prophète. Il parvient avec peine à fendre les flots de curieux qui remplissent les ruelles. Sa petite taille lui permettra-t-elle d'apercevoir Jésus dans la foule? Alors il prend une résolution héroïque. Il quitte le cortège, car il vient d'apercevoir un sycomore dont les branches penchent à terre. Il y monte et, caché sous ses larges feuilles, attend avec impatience l'arrivée du Nazaréen. Sans doute, Jésus ne le verra pas, mais lui pourra du moins le contempler à son aise.

Le projet de Zachée semble avoir réussi. Jésus arrive en tête du cortège entoure et suivi de ses disciples. Le publicain, tout en se dissimulant dans le feuillage, redouble d'attention. On l'a aperçu dans le sycomore et les regards de tous se dirigent vers lui.

La foule s'arrête un moment pour jouir de ce spectacle inaccoutumé. Les quolibets s'échangent, les lazzis se croisent de toutes parts.

Alors Jésus, autant pour mettre fin à l'embarras du publicain que pour couper court aux méchants propos des spectateurs, interpelle directement Zachée. Le Maître lui ordonne de descendre aussitôt du sycomore et de le recevoir dans sa maison. La foule entend une sévère leçon et Zachée est l'objet d'un témoignage public de reconnaissance et de considération. Celui qui hier, s'était contenté d'accepter l'invitation d'un pharisien s'invite aujourd'hui chez un publicain.

Jésus nous montre par là qu'il se fait trouver à celui qui le cherche et que tous ceux qui ne craignent pas, pour le voir, de s'élever au-dessus de la foule, en bravant le ridicule ou le blâme, sont sûrs de le rencontrer. L'âme capable de s'élever au-dessus du monde par ses aspirations et au-dessus d'elle-même par ses sacrifices est la seule qui soit assurée d'attirer les regards de Jésus et de jouir de sa présence. Les pécheurs pourront murmurer au spectacle d'une rencontre aussi inattendue, les puissances du mal pourront une fois de plus se coaliser contre elle, qu'importe à l'âme dont Jésus est devenu le Sauveur. Les railleries du monde laissent indifférente l'âme régénérée et meurent, impuissantes comme les vagues en furie expirant sur le rivage et comme les murmures des pharisiens s'arrêtant à la porte de la maison de Zachée.

Seul avec Jésus, Zachée renouvelle devant lui une résolution prise et tenue depuis longtemps. Mais elle prend cette fois une tout autre signification, car il promet de faire désormais par reconnaissance et par humilité ce qu'il a fait jusque-là par calcul et par orgueil : « je donne la moitié de mes biens aux pauvres et si j'ai fait tort à quelqu'un je lui rends quatre fois autant » selon les prescriptions de la Loi.

Obligé de se conformer aux ordres reçus des Romains, au service desquels il était entré, il ne pouvait pas percevoir moins que ce qui était porté sur les rôles, mais se souvenant des exhortations du Baptiste, qu'il avait été entendre sur les bords du Jourdain, il s'appliquait à ne percevoir jamais plus que ce qui lui avait été prescrit (Luc III, 13).

Cependant, s'il pouvait répondre de lui, il lui était impossible d'en faire autant pour ses subordonnés. Aussi avait-il pris la louable habitude en ce qui le concernait, sachant que les impôts étaient fixés d'une manière peu conforme à la justice et au droit, de donner tous les ans aux pauvres la moitié de ses revenus. Cela même ne lui suffisait pas. Quand il s'apercevait que quelqu'un avait été frustré par ses péagers, ne pouvant leur en faire le reproche, puisque c'était la coutume et que les Romains l'auraient sûrement congédié lui-même, il rendait sur ses propres deniers quatre fois autant.

Combien parmi nous auraient été portés à se glorifier de pareils sacrifices ! Zachée ne les révèle au Christ qu'avec humilité, convaincu qu'en dépit de ses bonnes oeuvres il n'a pas pu réussir à satisfaire sa conscience et à calmer les aspirations de son coeur. Il ne devait trouver qu'en Jésus-Christ la délivrance et le repos.

Quelle scène touchante que cette rencontre du Sauveur et du publicain! Ce récit de l'Évangile ne ressemble-t-il pas à ces roses de Jéricho qui restent des années dans un herbier et qui n'ont besoin pour retrouver leur fraîcheur que d'être retrempées un instant dans l'eau?

Après des siècles cette scène évangélique conserve pour nous toute sa beauté et il suffit de la replacer dans son milieu pour qu'elle nous donne tout son parfum.


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L'OFFICIER ROYAL

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(JEAN IV, 47-54.)

L'Écriture sainte nous enseigne qu'il vaut mieux aller dans une maison de deuil que dans une maison de festin (Eccl. VII, 2), et quand elle veut illustrer son enseignement, pour une fois qu'elle nous amène à des noces, elle nous conduit le reste du temps auprès de quelque malade ou de quelque funèbre convoi. Et cependant nous persistons à appeler ce livre « l'Évangile », parce qu'à l'encontre des récits profanes, si ceux-ci commencent par la tristesse et les larmes, ils finissent le plus souvent par l'espérance et la joie, témoin l'histoire de cet officier royal que l'épreuve conduisit au salut.

La maladie de son fils le pousse à aller trouver Jésus. A son école, sa foi intéressée, puisqu'il ne vient à lui que parce que son fils est malade; enfantine et grossière, puisqu'il réclamait un miracle pour croire, devient une foi filiale, car il en arrive à croire sur une simple parole du Sauveur, et se transforme enfin en une foi virile, basée sur l'expérience.

Cet officier royal, après avoir eu recours, en vain, à tous les moyens humains pour sauver son fils, pense tout à coup à Jésus de Nazareth, dont on s'était entretenu bien des fois à la cour d'Hérode depuis la mort tragique du Précurseur. Apprenant qu'il est en ce moment à Cana, il brave les railleries des grands, les sarcasmes du peuple et se décide à franchir seul la distance qui sépare Capernaüm de Cana, pour aller implorer le secours de Celui que tous regardaient alors comme un prophète puissant en oeuvres et en miracles, afin de le ramener auprès de son fils mourant.

Ce grand de la terre va s'incliner devant le fils du charpentier et de son coeur, brisé par la douleur, s'exhale le parfum de la prière. Ce soldat endurci au mal et qui, s'il eût été malade lui-même se serait stoïquement raidi dans sa souffrance, vient demander à Jésus un miracle en faveur de son fils. Aujourd'hui encore, l'épreuve est toujours le meilleur moyen pour que Dieu trouve le chemin des coeurs et que ses messagers pénètrent dans la maison du sceptique ou de l'incrédule.

Comment Jésus accueillera-t-il cet officier, qui espère que, flatte de sa démarche, il le suivra avec empressement? Tout d'abord, il va mettre sa foi à l'épreuve, en lui montrant par sa réponse que, loin d'être honoré de sa visite, il en est plutôt affligé. Sa démarche en effet est moins inspirée par sa foi en lui que par son désir d'obtenir et de voir un miracle. « Si vous ne voyez des signes et des miracles, vous ne croyez pas. »

Les juifs qui venaient vers Jésus n'étaient pas conduits vers lui par leur foi en sa parole, leur amour pour sa personne ou le sentiment de leurs péchés, mais par le désir de voir ses miracles. Bien différents de ces Samaritains que Jésus venait de quitter et qui avaient cru à sa parole (Jean IV, 41), les juifs exigeaient des miracles. L'officier royal ne demandait pas autre chose. Ne va-t-il pas même jusqu'à indiquer à Jésus comment il doit accomplir ce miracle? « Descends », lui dit-il, pensant que Jésus, bien que possédant un don extraordinaire, ne peut guérir son fils sans avoir recours à des moyens humains.

Que de fois n'agissons-nous pas ainsi dans nos prières! Nous ne tenons pas tant à l'exaucement qu'à la manière dont notre prière sera exaucée. Semblables à Naaman, nous voulons bien être guéris, mais nous tenons surtout à l'être au moment fixé par nous et avec les moyens que nous avons nous-mêmes choisis.

Jésus ne repousse pas la demande de l'officier royal, mais, par un reproche bien propre à le faire rentrer en lui-même, il lui fait comprendre qu'il peut, par sa seule présence, guérir son fils. Alors, ne croyant pas encore, dans sa foi imparfaite, qu'il pourrait le ressusciter, il s'écrie : Descends avant que mon enfant meure! Le Sauveur, faisant aussitôt appel à sa confiance, lui répond ces simples mots : « Va, ton fils vit! » Et ce père, croyant à la parole de Jésus, s'en alla, parcourant seul, mais consolé, la route qu'il venait de suivre pour se rendre à Cana.

Ayons, nous aussi, confiance. Si Dieu tarde à exaucer nos prières, c'est pour mettre notre foi à l'épreuve, et s'il nous exauce autrement que nous l'aurions désiré, c'est pour nous enseigner l'humilité. Que de prières que Dieu a exaucées sans que nous nous en soyons aperçus au moment de l'exaucement ! Mais à notre retour dans la maison du Père, comme les serviteurs allèrent à la rencontre de leur maître pour lui apprendre que sa prière était exaucée, les anges qui viendront au-devant de nous, nous apprendront que bien des prières que nous regardions comme restées sans réponses ont été exaucées par Dieu.

Mais pourquoi Jésus, qui descendra plus tard à Capernaüm pour guérir le serviteur du centurion (Luc VII, I-10), refuse-t-il d'entrer dans la maison d'un officier royal? C'est d'abord parce que le centurion se contente de sa parole et que l'officier croit sa présence nécessaire, et ensuite parce que le premier malade est un serviteur, un pauvre, tandis que le second est un maître, un riche. Aussi refuse-t-il d'entrer, malgré son insistance, dans la somptueuse demeure de l'officier royal, et entre-t-il avec empressement, bien qu'il l'en détourne, sous l'humble toit du centurion.

Joyeux et surpris de la guérison si prompte et si inattendue de l'enfant de leur maître, les serviteurs courent en hâte à sa rencontre pour abréger son attente et calmer son inquiétude, en lui annonçant l'heureuse guérison de son fils, désormais hors de danger. De loin, ils aperçoivent leur maître et sont tout surpris de le voir seul, marchant lentement, alors qu'ils s'attendaient à le voir presser le pas en compagnie du prophète, qu'il leur avait promis d'amener à Capernaüm. Ils se hâtent et à mesure qu'ils approchent, ils aperçoivent son visage comme illuminé de joie. Aurait-il donc devine l'heureuse nouvelle que nous venons lui annoncer? se disent-ils entre eux. Mais, pressés de lui communiquer leur message, ils s'écrient tous ensemble : « Ton fils vit. » Consolante nouvelle qui semble être pour ce père l'écho fidèle de la parole de Jésus, que les serviteurs semblent répéter. Aussi n'éprouve-t-il aucune surprise; son visage ne reflète aucune émotion et il se contente de leur demander, comme s'il voulait simplement préciser ou confirmer une certitude, à quelle heure la fièvre l'a quitté. Les serviteurs, essayant alors de lui répondre avec le même calme, sans bien comprendre l'importance d'une telle question, lui disent : « Hier, à sept heures. » Et, constatant alors devant eux que c'était à cette même heure que Jésus lui avait dit : « Ton fils vit », il leur raconta son entretien avec lui; et en leur montrant comment le Sauveur avait récompensé son obéissance et sa foi, il devint pour sa maison un prédicateur et un témoin du Christ.

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(1) Nous ne pouvons identifier ce récit avec celui que nous rapporte le premier évangile (Matth. VIII). Ici, c'est un officier royal, là un centurion; ici un juif, là un païen; ici, c'est un fils qui est malade, là un serviteur; l'un a la fièvre, l'autre est atteint d'une paralysie. La foi de l'officier est bien faible, comparée à celle du centurion: l'un presse Jésus, qui tarde, de se rendre chez lui; l'autre, se jugeant indigne de recevoir le Sauveur, résiste à Jésus qui veut le suivre; celui-là demande à entendre une seule parole, celui-là veut voir un acte; le premier est loué et reconnaît dans le Christ le fils de Dieu; le second est blâmé, pour n'avoir vu en lui qu'un prophète. 
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